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prononcer sur les teneurs maximales en micronutriments autorisées dans ces produits. Or pour plusieurs nutriments, le manque de données scientifiques, notamment épidémiologiques, n’a pas permis à l’AESA de déterminer une limite de sécurité, alors que des risques potentiels ont été identifiés. C’est le cas du bêtacarotène, pour lequel une interaction délétère avec le tabac a été mise en évidence par rapport au risque de certains cancers, sans pour autant que soit fixée une limite de sécurité, par manque de données doseeffet, principalement. L’acide folique entre couramment dans la composition de compléments et les demandes d’avis adressées à l’Afssa sur des produits en contenant sont nombreuses. Or des récentes études épidémiologiques suggèrent des effets délétères. Par ailleurs, il serait stratégique de multiplier les études épidémiologiques portant spécifiquement sur les interactions entre les nutriments et d’autres facteurs (environnementaux, génétiques...). En effet, en termes d’évaluation, puis de gestion du risque, il est primordial de savoir si un même nutriment a des effets différents, voire inverses selon les groupes de population (fumeurs/non- fumeurs, par exemple). Enfin, les données étiologiques sont encore insuffisantes, concernant les modulations éventuelles d’effets d’un nutriment selon sa forme chimique et son environnement (isolé ou au sein d’une matrice alimentaire complexe), ceux-ci variant selon la source d’apport (aliment enrichi ou non ou complément alimentaire). doi: 10.1016/j.respe.2008.06.010 SYMPOSIUM II ÉPIDÉMIOLOGIE ET BASES DE DONNÉES MÉDICO- ADMINISTRATIVES AVEC LE SOUTIEN DE L INSTITUT DES DONNÉES DE SANTÉ (IDS) Bases de données médicoadministratives et épidémiologie : intérêt, limites C. Quantin Inserm U866, De ´partement de biostatistique et informatique me ´dicale, CHU de Dijon, Dijon, France L’utilisation à des fins épidémiologiques des bases de données médicoadminis- tratives offre en théorie des avantages très importants, en termes méthodo- logiques et opérationnels. Si l’on prend l’exemple du cancer, les registres du cancer se distinguent pour la qualité (sensibilité, spécificité), mais la population couverte par les registres est limitée (13 % de la population). La population couverte par les statistiques des causes médicales de décès est nationale, mais les défauts de sensibilité et de spécificité de cette source ne permettent pas de l’utiliser directement pour estimer l’incidence. L’utilisation des bases de données médicoadministratives suppose des moyens spécifiques pour l’identification des sujets présentant des épisodes morbides et la validation des données. Les deux principales bases de données utiles à l’épidémiologie sont le PMSI, qui offre une couverture nationale des hospitalisations et les données de l’Assurance maladie. La principale difficulté vient du fait que les données PMSI sont relatives à des séjours : pour identifier les cas incidents d’une pathologie, il faudrait pouvoir repérer le premier séjour pour cette pathologie. Cela suppose de définir les cas et de chaîner l’ensemble des séjours d’un même patient. Sur le plan de l’exhaustivité, le PMSI est efficace pour les personnes atteintes d’une maladie grave ou chronique car elles sont hospitalisées, mais est insuffisant en cas de prise en charge importante en ambulatoire. L’intérêt du SNIIR AM est qu’il regroupe les données de remboursement avec le détail du codage des actes et des médicaments pour tous les évènements de santé pris en charge par l’Assurance maladie. Mais, il ne comprend pas les diagnostics, sauf pour les patients en affection de longue durée (30 ALD), accident du travail et maladie professionnelle. Le chaînage entre les données du PMSI et celles de l’Assurance maladie, qui est prévu dans le cadre du SNIIR AM, est donc potentiellement extrêmement précieux. L’intérêt et les difficultés que présente l’utilisation de ces différentes bases seront discutés à partir de deux exemples (cancer, périnatalité). doi: 10.1016/j.respe.2008.06.011 L’appariement de l’enquête décennale santé avec le SNIIR AM J.-L. Lanoe ´ Inserm unite ´ 687, Villejuif, France Introduction.L’enquête décennale santé réalisée par l’Insee en 2002 à 2003, fut la première enquête en population générale à rapprocher les données collectées auprès des individus et les données administratives de consommation des assurés sociaux disponibles dans le SNIIR AM. S’inscrivant dans un contexte général d’amélioration de la productivité des enquêtes Insee par un recours accru aux données administratives, l’appariement avait deux objectifs principaux : tester l’acceptabilité de la demande de numéro de Sécurité sociale auprès des personnes enquêtées ainsi que l’opérationnalité de la génération et du cryptage de l’identifiant SNIIR AM ; disposer des données exhaustives de consommations remboursées, tant sur la période d’enquête des participants que sur leur consommation annuelle. Me ´thode.La demande de numéro de Sécurité sociale a été faite auprès de toutes les personnes, aptes à répondre individuellement, ayant participé aux trois visites que comportait l’enquête. En cas de réponse positive, le numéro était relevé par l’enquêteur, puis concaténé automatiquement, d’une part, à la date de naissance et au genre de la personne et, d’autre part, aux dates de naissance et genres de ceux qui avaient été précédemment déclarés ayants droit de cette personne. Ces identifiants étaient cryptés par le logiciel FOIN, puis transmis à la CnamTS pour recherche des consommations de soins correspondantes dans le SNIIR AM. Re ´sultats.Les deux tiers des personnes sollicitées (15 427) ont accepté de donner leur numéro de Sécurité sociale, permettant de disposer au total, avec leurs ayants droit, d’un fichier de 22 982 identifiants SNIIR AM cryptés appariables. Les analyses multivariées mettent en évidence que l’âge, le genre, le niveau d’instruction, la catégorie sociale tout comme la région habitée influent, significativement, toutes chose égales, sur une réponse positive ou négative à la demande de numéro de Sécurité sociale. Enfin, pour 20 545 des ces identifiants, la CnamTS fut en mesure de calculer leurs consommation de soins sur les périodes retenue, soit 90 % de la population appariable. Discussion.Si sur le plan technique, depuis la collecte du numéro de Sécurité sociale jusqu’à l’obtention des données individuelles de consommation dans SNIIR AM, la faisabilité de l’appariement apparaît totalement acquise, il convient de souligner que l’acceptabilité de la demande de numéro de Sécurité sociale reste médiocre et inégalement partagée selon les caractéristiques socioéconomiques des personnes. Par ailleurs, on notera que les ayant droits d’une personne hors ménage ne peuvent évidemment pas être intégrés dans les fichiers. Rappelons, enfin, que du côté des données SNIIR AM, la présence d’un individu est conditionnée à sa consommation de soins sur une période de trois ans et que seules les dépenses remboursées par l’Assurance maladie sont prises en compte : ce qui est remboursé par les complémentaires, le reste à charge comme ce qui n’est pas porté au remboursement n’y figurent pas. Conclusion.Sous condition d’une sensible amélioration dans la participation des personnes enquêtées, ce que la nature fort diverse des caractéristiques de ceux qui refusent l’appariement devrait rendre délicat et du maintien de questionnements ad hoc relatifs aux débours (ou de l’usage complémentaires d’autres bases de données appariables), les enquêtes santé menées en population générale peuvent largement bénéficier de l’apport des données SNIIR AM. doi: 10.1016/j.respe.2008.06.012 Estimation de l’incidence départementale du cancer du sein à partir des données médicoadministratives : deux modèles d’analyse complémentaires C.-M. Couris a , L. Remontet c,d,e,f , S. Polazzi a , N. Bossard c,c,d,e,f , F. Olive b , N. Mitton g , F. Gomez h , A.-M. Schott a , B. Trombert j , M. Colonna g,i a EA 4129 sante ´ individu socie ´te ´, po ˆle information me ´dicale e ´valuation recherche ´, hospices civils de Lyon, universite ´ de Lyon, Lyon, France b Service de biostatistique, hospices civils de Lyon, universite ´ de Lyon, Lyon, France c Universite ´ Lyon-I, Villeurbanne, France d CNRS, France Symposiums / Revue d’E ´ pide ´miologie et de Sante ´ Publique 56S (2008) S253S257 S254

L’appariement de l’enquête décennale santé avec le SNIIR AM

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Symposiums / Revue d’Epidemiologie et de Sante Publique 56S (2008) S253–S257S254

prononcer sur les teneurs maximales en micronutriments autorisées dans cesproduits. Or pour plusieurs nutriments, le manque de données scientifiques,notamment épidémiologiques, n’a pas permis à l’AESA de déterminer unelimite de sécurité, alors que des risques potentiels ont été identifiés. C’est le casdu bêtacarotène, pour lequel une interaction délétère avec le tabac a été mise enévidence par rapport au risque de certains cancers, sans pour autant que soitfixée une limite de sécurité, par manque de données dose–effet, principalement.L’acide folique entre couramment dans la composition de compléments et lesdemandes d’avis adressées à l’Afssa sur des produits en contenant sontnombreuses. Or des récentes études épidémiologiques suggèrent des effetsdélétères.Par ailleurs, il serait stratégique de multiplier les études épidémiologiquesportant spécifiquement sur les interactions entre les nutriments et d’autresfacteurs (environnementaux, génétiques. . .). En effet, en termes d’évaluation,puis de gestion du risque, il est primordial de savoir si un même nutriment a deseffets différents, voire inverses selon les groupes de population (fumeurs/non-fumeurs, par exemple).Enfin, les données étiologiques sont encore insuffisantes, concernant lesmodulations éventuelles d’effets d’un nutriment selon sa forme chimique et sonenvironnement (isolé ou au sein d’une matrice alimentaire complexe), ceux-civariant selon la source d’apport (aliment enrichi ou non ou complémentalimentaire).

doi: 10.1016/j.respe.2008.06.010

SYMPOSIUM II – ÉPIDÉMIOLOGIE ET BASES DE DONNÉES MÉDICO-ADMINISTRATIVES

AVEC LE SOUTIEN DE L’INSTITUT DES DONNÉES DE SANTÉ (IDS)

Bases de données médicoadministratives et épidémiologie :intérêt, limitesC. Quantin

Inserm U866, Departement de biostatistique et informatique medicale, CHU

de Dijon, Dijon, France

L’utilisation à des fins épidémiologiques des bases de données médicoadminis-tratives offre en théorie des avantages très importants, en termes méthodo-logiques et opérationnels.Si l’on prend l’exemple du cancer, les registres du cancer se distinguent pour laqualité (sensibilité, spécificité), mais la population couverte par les registres estlimitée (13 % de la population). La population couverte par les statistiques descauses médicales de décès est nationale, mais les défauts de sensibilité et despécificité de cette source ne permettent pas de l’utiliser directement pourestimer l’incidence.L’utilisation des bases de données médicoadministratives suppose des moyensspécifiques pour l’identification des sujets présentant des épisodes morbides etla validation des données. Les deux principales bases de données utiles àl’épidémiologie sont le PMSI, qui offre une couverture nationale deshospitalisations et les données de l’Assurance maladie. La principale difficultévient du fait que les données PMSI sont relatives à des séjours : pour identifierles cas incidents d’une pathologie, il faudrait pouvoir repérer le premier séjourpour cette pathologie. Cela suppose de définir les cas et de chaîner l’ensembledes séjours d’un même patient. Sur le plan de l’exhaustivité, le PMSI estefficace pour les personnes atteintes d’une maladie grave ou chronique car ellessont hospitalisées, mais est insuffisant en cas de prise en charge importante enambulatoire.L’intérêt du SNIIR AM est qu’il regroupe les données de remboursement avec ledétail du codage des actes et des médicaments pour tous les évènements de santépris en charge par l’Assurance maladie. Mais, il ne comprend pas lesdiagnostics, sauf pour les patients en affection de longue durée (30 ALD),accident du travail et maladie professionnelle.Le chaînage entre les données du PMSI et celles de l’Assurance maladie, qui estprévu dans le cadre du SNIIR AM, est donc potentiellement extrêmementprécieux.L’intérêt et les difficultés que présente l’utilisation de ces différentes basesseront discutés à partir de deux exemples (cancer, périnatalité).

doi: 10.1016/j.respe.2008.06.011

L’appariement de l’enquête décennale santé avec le SNIIRAMJ.-L. Lanoe

Inserm unite 687, Villejuif, France

Introduction.– L’enquête décennale santé réalisée par l’Insee en 2002 à 2003, futla première enquête en population générale à rapprocher les données collectéesauprès des individus et les données administratives de consommation des assuréssociaux disponibles dans le SNIIR AM. S’inscrivant dans un contexte générald’amélioration de la productivité des enquêtes Insee par un recours accru auxdonnées administratives, l’appariement avait deux objectifs principaux :— tester l’acceptabilité de la demande de numéro de Sécurité sociale auprès despersonnes enquêtées ainsi que l’opérationnalité de la génération et du cryptagede l’identifiant SNIIR AM ;— disposer des données exhaustives de consommations remboursées, tant sur lapériode d’enquête des participants que sur leur consommation annuelle.Methode.– La demande de numéro de Sécurité sociale a été faite auprès detoutes les personnes, aptes à répondre individuellement, ayant participé auxtrois visites que comportait l’enquête. En cas de réponse positive, le numéroétait relevé par l’enquêteur, puis concaténé automatiquement, d’une part, à ladate de naissance et au genre de la personne et, d’autre part, aux dates denaissance et genres de ceux qui avaient été précédemment déclarés ayants droitde cette personne. Ces identifiants étaient cryptés par le logiciel FOIN, puistransmis à la CnamTS pour recherche des consommations de soinscorrespondantes dans le SNIIR AM.Resultats.– Les deux tiers des personnes sollicitées (15 427) ont accepté dedonner leur numéro de Sécurité sociale, permettant de disposer au total, avecleurs ayants droit, d’un fichier de 22 982 identifiants SNIIR AM cryptésappariables. Les analyses multivariées mettent en évidence que l’âge, le genre,le niveau d’instruction, la catégorie sociale tout comme la région habitéeinfluent, significativement, toutes chose égales, sur une réponse positive ounégative à la demande de numéro de Sécurité sociale. Enfin, pour 20 545 des cesidentifiants, la CnamTS fut en mesure de calculer leurs consommation de soinssur les périodes retenue, soit 90 % de la population appariable.Discussion.– Si sur le plan technique, depuis la collecte du numéro de Sécuritésociale jusqu’à l’obtention des données individuelles de consommation dansSNIIR AM, la faisabilité de l’appariement apparaît totalement acquise, ilconvient de souligner que l’acceptabilité de la demande de numéro de Sécuritésociale reste médiocre et inégalement partagée selon les caractéristiquessocioéconomiques des personnes. Par ailleurs, on notera que les ayant droitsd’une personne hors ménage ne peuvent évidemment pas être intégrés dans lesfichiers. Rappelons, enfin, que du côté des données SNIIR AM, la présence d’unindividu est conditionnée à sa consommation de soins sur une période de troisans et que seules les dépenses remboursées par l’Assurance maladie sont prisesen compte : ce qui est remboursé par les complémentaires, le reste à chargecomme ce qui n’est pas porté au remboursement n’y figurent pas.Conclusion.– Sous condition d’une sensible amélioration dans la participationdes personnes enquêtées, ce que la nature fort diverse des caractéristiques deceux qui refusent l’appariement devrait rendre délicat et du maintien dequestionnements ad hoc relatifs aux débours (ou de l’usage complémentairesd’autres bases de données appariables), les enquêtes santé menées en populationgénérale peuvent largement bénéficier de l’apport des données SNIIR AM.

doi: 10.1016/j.respe.2008.06.012

Estimation de l’incidence départementale du cancer dusein à partir des données médicoadministratives : deuxmodèles d’analyse complémentairesC.-M. Couris a, L. Remontet c,d,e,f, S. Polazzi a, N. Bossard c,c,d,e,f, F. Olive b,

N. Mitton g, F. Gomez h, A.-M. Schott a, B. Trombert j, M. Colonna g,i

a EA 4129 sante individu societe, pole information medicale evaluation

recherche, hospices civils de Lyon, universite de Lyon, Lyon, Franceb Service de biostatistique, hospices civils de Lyon, universite de Lyon, Lyon,

Francec Universite Lyon-I, Villeurbanne, Franced CNRS, France