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LE BTP DANS LE COTENTIN Octobre 2013 Sommaire Un secteur majeur de l’économie locale p3 Durement frappé par la crise p8 Pas d’embellie sur le marché p15 De nouvaux défis à relever p19 Méthodologie p24 Avec 4 331 salariés en 2012 et 10.1% des effectifs du secteur privé du Cotentin, le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP) est un des poids lourds de l’économie locale. Sa structure semble très étroitement liée à la présence d’une filière nucléaire de premier plan et de chantiers d’envergure ayant favorisé l’implantation des grands groupes du BTP. Comparés à d’autres territoires, les établissements locaux sont plus grands avec une prédominance des activités d’installation électrique. Durement frappé par la crise, le BTP dans le Cotentin a perdu 502 emplois entre 2007 et 2012 soit une chute de 10.4% des effectifs. Si la baisse est générale à toutes les zones observées (France, Basse-Normandie et ses départements) elle est néanmoins plus marquée sur la zone d’emploi de Cherbourg. En cause, la crise certes, mais aussi la fin de la phase des travaux liés au BTP et au génie civil sur le chantier de l’EPR de Flamanville avec des démobilisations nombreuses en 2012. En 2013, la conjoncture reste difficile dans la Manche. Le niveau d'activité des entreprises est au plus bas depuis le 1 er trimestre 2008 et les trésoreries se dégradent. Les chiffres de la construction neuve n’augurent guère d’une reprise rapide de l’activité. Ce marché demeure ancré dans une tendance baissière avec une nette diminution des logements autorisés et commencés en 2012 qui se poursuit en 2013 dans le Cotentin. En perspectives, les locaux non résidentiels et l’arrivée des EMR pourraient apporter une bouffée d’oxygène au secteur avec la construction des deux usines dédiées à la fabrication des pales et mâts d’éoliennes sur le port de Cherbourg. Dans ce contexte difficile, le BTP doit relever de nouveaux défis. L’efficacité énergétique des bâtiments est le principal vecteur de croissance du secteur à court, moyen et long terme. Un défi qui implique de nouveaux enjeux en matière d’organisation du travail, de qualification et de formation.

Le BTP dans le Cotentin

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Un secteur majeur de l’économie locale, durement frappé par la crise qui se trouve devant de nouveaux défis à relever pour rebondir sur un marché morose.

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Page 1: Le BTP dans le Cotentin

LE BTP DANS LE COTENTIN

Octobre 2013

Sommaire

Un secteur majeur de l’économie locale p3 Durement frappé par la crise p8 Pas d’embellie sur le marché p15 De nouvaux défis à relever p19

Méthodologie p24

Avec 4 331 salariés en 2012 et 10.1% des effectifs

du secteur privé du Cotentin, le secteur du

Bâtiment et des Travaux Publics (BTP) est un des

poids lourds de l’économie locale. Sa structure

semble très étroitement liée à la présence d’une

filière nucléaire de premier plan et de chantiers

d’envergure ayant favorisé l’implantation des

grands groupes du BTP. Comparés à d’autres

territoires, les établissements locaux sont plus

grands avec une prédominance des activités

d’installation électrique.

Durement frappé par la crise, le BTP dans le

Cotentin a perdu 502 emplois entre 2007 et 2012

soit une chute de 10.4% des effectifs. Si la baisse

est générale à toutes les zones observées

(France, Basse-Normandie et ses départements)

elle est néanmoins plus marquée sur la zone

d’emploi de Cherbourg. En cause, la crise certes,

mais aussi la fin de la phase des travaux liés au

BTP et au génie civil sur le chantier de l’EPR de

Flamanville avec des démobilisations

nombreuses en 2012. En 2013, la conjoncture

reste difficile dans la Manche.

Le niveau d'activité des entreprises est au plus

bas depuis le 1er

trimestre 2008 et les

trésoreries se dégradent.

Les chiffres de la construction neuve n’augurent

guère d’une reprise rapide de l’activité. Ce marché

demeure ancré dans une tendance baissière

avec une nette diminution des logements autorisés

et commencés en 2012 qui se poursuit en 2013

dans le Cotentin. En perspectives, les locaux non

résidentiels et l’arrivée des EMR pourraient

apporter une bouffée d’oxygène au secteur avec la

construction des deux usines dédiées à la

fabrication des pales et mâts d’éoliennes sur le

port de Cherbourg.

Dans ce contexte difficile, le BTP doit relever de

nouveaux défis. L’efficacité énergétique des

bâtiments est le principal vecteur de croissance du

secteur à court, moyen et long terme. Un défi qui

implique de nouveaux enjeux en matière

d’organisation du travail, de qualification et de

formation.

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Composition du secteur des bâtiments et travaux publics (BTP)

Avec le passage à la nomenclature NAF 2008 de l’Insee, la composition du secteur présentée ci-

dessus est désormais utilisée. Cependant, la classification habituelle en type de métiers (gros œuvre,

second œuvre et travaux publics) reste possible.

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UN SECTEUR MAJEUR DE L’ÉCONOMIE LOCALE

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14%Zone d'emploi de CherbourgMancheCalvadosOrneBasse-NormandieFrance

Part des emplois du BTP dans l'emploi salarié total en 2012 (secteur marchand)

En 2012, le bâtiment et les travaux publics

comptent 4 331 salariés et représentent 10.1%

des effectifs du secteur privé de la zone

d’emploi de Cherbourg. La part des effectifs du

BTP dans l’emploi salarié total est

comparativement plus importante dans le Cotentin

qu’en Basse-Normandie ou en France.

Néanmoins, la composition de la filière sur le

territoire diffère quelque peu des observations

faites en Basse-Normandie ou en France ; les

établissements sont plus grands avec une activité

prédominante, l’installation électrique.

Le secteur du bâtiment et des travaux publics

(BTP) regroupe les activités de construction et de

conception des bâtiments et des infrastructures.

Poids-lourd de l’économie française, il représente

en 2011 près d’1.5 millions de salariés et plus de

340 000 entreprises. Son chiffre d’affaires est

évalué à 170 milliards d’euros, 130 milliards

d’euros pour le bâtiment et 40 milliards pour les

travaux publics.

Dans le Cotentin, le BTP est également un secteur

majeur de l’économie locale.

Source : Urssaf, 2012

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50 salariés et plus 20 à 49 salariés 10 à 19 salariés 6 à 9 salariés

3 à 5 salariés 1 à 2 salariés Sans salarié

Répartition des établissements du BTP par tranche d'effectif salarié au 01/01/2011

GRANDES ENTREPRISES POUR GRANDS

CHANTIERS

13% des établissements du BTP de la zone

d’emploi de Cherbourg emploient 10 salariés

ou plus, un chiffre nettement supérieur à ceux

enregistrés dans les autres zones comparées ;

10.6% dans la Manche, 8% dans le Calvados,

7.7% dans l’Orne, 8.6% en Basse-Normandie et

6.6% en France.

La plupart des grands groupes industriels du BTP

(Vinci, Bouygues et Eiffage notamment) sont ainsi

représentés dans le Cotentin via des filiales ou des

établissements secondaires.

Autre particularité, la structure du secteur est

sensiblement différente de celle observée en

Basse-Normandie ou en France. Si comme partout

ailleurs le second œuvre emploie le plus de

salariés suivi du gros œuvre et des travaux

publics, les proportions ne sont pas les mêmes.

En effet, dans le Cotentin, les travaux publics ne

représentent que 9% des effectifs salariés contre

13 à 18% pour les autres territoires (Manche,

Calvados, Orne, Basse-Normandie et France).

Logiquement, la part du gros œuvre et plus

particulièrement du second œuvre est plus

importante sur la zone d’emploi de Cherbourg

qu’ailleurs.

Source : Insee, Sirene, démographie des entreprises et des établissements

ZE : Zone d’emploi

Page 5: Le BTP dans le Cotentin

CCI CHERBOURG COTENTIN – Octobre 2013 5

Répartition des effectifs du BTP en 2012 par activité détaillée

Activité détaillée Zone d'emploi de Cherbourg

Manche Basse-Normandie France

411-Promotion immobilière 0,4% 0,2% 0,8% 1,6%

412-Construction de bâtiments 7,5% 8,7% 8,2% 9,3%

421-Construction de routes et de voies ferrées

4,4% 7,8% 7,3% 8,1%

422-Construction de réseaux et de lignes

0,6% 2,2% 2,0% 2,1%

429-Construction d'autres ouvrages de génie civil

0,1% 0,2% 0,3% 1,3%

431-Démolition et préparation des sites 3,7% 5,3% 5,3% 5,9%

432-Travaux d'installation électrique plomberie et autres travaux d'installation

32,8% 23,1% 23,5% 25,7%

433-Travaux de finition 24,8% 27,4% 27,4% 22,9%

439-Autres travaux de construction spécialisés

25,7% 25% 25,3% 23,0%

26%

65%

9% Gros œuvre

Second œuvre

Travaux publics

Répartition des effectifs du BTP part type d'activité en 2012 sur la zone demploi de Cherbourg

La spécificité du territoire est de proposer une offre

importante au niveau des métiers de l’installation

électrique, plomberie et autres travaux

d’installation qui représentent 32.8% des effectifs

salariés du secteur. L’installation électrique seule

totalise près de 1 000 salariés, soit 22.8% des

emplois du BTP sur le Cotentin, un chiffre de 10

points supérieur à ce qui est observé sur les autres

zones.

Cette structuration du BTP dans le Cotentin

semble très étroitement liée à la présence d’une

filière nucléaire de premier plan et de chantiers

d’envergure ayant favorisé l’implantation des

grands groupes du BTP.

Source : Urssaf, 2012

Source : Urssaf, 2012

Page 6: Le BTP dans le Cotentin

CCI CHERBOURG COTENTIN – Octobre 2013 6

Principaux établissements du BTP dans le Cotentin

Raison sociale Effectifs Activité Groupe

SAS SPIE NUCLEAIRE 200 à 249 Travaux d'installation électrique Groupe Spie

SA SNEF 100 à 199 Travaux d'installation électrique Groupe SNEF

SAS TPC 100 à 199 Travaux de maçonnerie générale Vinci Construction

SAS CEGELEC BASSE NORMANDIE

100 à 199 Travaux d'installation électrique Vinci Énergies

SAS LEDUC 50 à 99 Construction d'autres bâtiments

SNC EIFFAGE CONSTRUCTION BASSE NORMANDIE

50 à 99 Construction d'autres bâtiments Eiffage Construction

SA COLAS ILE DE FRANCE NORMANDIE

50 à 99 Construction de routes et autoroutes

Groupe Colas>Bouygues

SARL TABARIN ET ENTZMANN 50 à 99 Travaux d'installation d'eau et de gaz

SAS ETABLISSEMENTS LE BARBANCHON

50 à 99 Travaux de peinture et vitrerie

SAS FORCLUM BASSE NORMANDIE

50 à 99 Travaux d'installation électrique Eiffage Énergie

SARL DELACOUR BATIMENT 50 à 99 Construction de maisons individuelles

SAS SOCIETE D'ELECTRICITE CONTROLE AUTOMATISME

50 à 99 Travaux d'installation électrique

SA MARC 50 à 99 Construction de réseaux pour fluides

SAS SARENS NORD OUEST 20 à 49 Location avec opérateur Groupe Sarens

SNC INEO RESEAUX NORD OUEST

20 à 49 Travaux d'installation électrique GDF Suez

DE NOMBREUX SOUS-TRAITANTS POUR LE

NUCLÉAIRE

La liste des principaux établissements du BTP

dans le Cotentin confirme une sous-traitance

marquée du secteur à la filière nucléaire.

En effet, les 4 établissements les plus importants

(Spie Nucléaire, SNEF, TPC et Cegelec) sont ainsi

des prestataires de premier rang pour les

donneurs d’ordre du nucléaire que sont Areva NC,

EDF ou DCNS.

Source : CCI Cherbourg Cotentin (CCICC), Fichier consulaire 2013, arrondissement de Cherbourg

De même, sur cette liste des 15 principales

entreprises du BTP, dix ont été identifiées comme

ayant une part de leur activité dans le nucléaire.

Enfin, il convient de noter la présence marquée

des branches « Énergies » des grands groupes

français du BTP ; Vinci Énergies, Eiffage Énergie

ou encore GDF Suez.

Page 7: Le BTP dans le Cotentin

CCI CHERBOURG COTENTIN – Octobre 2013 7

Les salariés du BTP sont implantés en majeure

partie sur la Communauté Urbaine de Cherbourg

(CUC), 33% des effectifs, et sur la communauté de

communes de la Hague, à proximité d’Areva NC,

19%.

Source : CCICC, Fichier consulaire 2013, Arr. Cherbourg

Répartition des effectifs du BTP par communauté de communes en 2013

Viennent ensuite la communauté de communes du

bocage valognais qui profite de ses zones

d’activité, 11% des salariés du secteur, et le

secteur Douve et Divette, avec Martinvast et

Tollevast, qui concentre près de 9% des effectifs

du BTP.

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DUREMENT FRAPPÉ PAR LA CRISE

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Zone d'emploi de Cherbourg

Manche

Calvados

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Basse-Normandie

France

Evolution de l'emploi salarié dans le BTP de 2007 à 2012 (Indice base 100 en 2007)

Entre 2007 et 2012, le secteur du BTP dans le

Cotentin a perdu 502 emplois soit une chute de

10.4% des effectifs sur cette période. Si la baisse

est générale à toutes les zones observées, elle

est néanmoins plus marquée sur la zone

d’emploi de Cherbourg. La Manche compte

environ 1 000 emplois en moins et une diminution

des effectifs de 7.1% entre 2007 et 2012, -7.2%

pour le Calvados, -12.1% pour l’Orne, -8.1% pour

la Basse-Normandie et -4.2% pour la France.

Dans un contexte où le Cotentin, tous secteurs

confondus, a été relativement épargné par la crise

sur cette période (seule hausse observée des

effectifs (1.8%) entre 2007 et 2012 parmi les zones

comparées), le secteur du BTP connaît lui

d’importantes difficultés.

Source : Urssaf, 2012

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5,0% Gros œuvre Second œuvre Travaux publics

Variation des effectifs du BTP en pourcentage entre 2007 et 2012 par activité et par zone

Ainsi, le gros œuvre enregistre une baisse des

effectifs de 16.5% entre 2007 et 2012, soit 224

emplois en moins. Avec le recul de la construction

immobilière, les activités de construction de

maisons et d’autres bâtiments ainsi que les

travaux de maçonnerie générale sont

particulièrement touchés.

Le second œuvre affiche une perte de 194

emplois entre 2007 et 2012, soit -6.5%, en grande

partie le fait d’une diminution significative des

effectifs dans les travaux d’installation électrique,

-12.6% et 138 emplois en moins.

Enfin, les travaux publics sont également à la

peine, 84 emplois perdus entre 2007 et 2012,

-17.9%. Les travaux de terrassement courants

participent pleinement à ce mauvais chiffre avec

une baisse de 36.2% des effectifs, soit une

différence de 67 salariés entre 2007 et 2012.

Comme partout ailleurs, le Cotentin subit de

plein fouet la crise et le repli des constructions de

logements neufs et de locaux d’activité qui est le

principal facteur de détérioration de l’activité dans

le bâtiment et les travaux publics.

Cependant, la baisse enregistrée sur le territoire

étant plus marquée, l’activité liée au grand

chantier l’EPR peut avoir eu une incidence sur

cette diminution des effectifs. En effet, la phase

des travaux liés au BTP et au génie civil touche à

sa fin sur le chantier de Flamanville. Les

démobilisations ont commencé pendant l’été 2011

avec une augmentation jusqu’en 2013 et un

nombre important de départs en 2012. Ce

phénomène a certainement accentué la baisse

d’activité du secteur localement.

Source : Urssaf, 2012

Page 10: Le BTP dans le Cotentin

CCI CHERBOURG COTENTIN – Octobre 2013 10

LES PETITS ÉTABLISSEMENTS À LA PEINE

À partir de 2008, le nombre de radiations

d’entreprises du BTP s’est envolé dans le

Cotentin. En 2009, ce sont les créations qui ont

lourdement chuté sous l’effet conjugué de la crise

et de l’arrivée du statut d’auto-entrepreneur qui a

reporté une partie des créations sous cette

nouvelle forme juridique.

Le solde entre créations et radiations apparaît

négatif dès 2009 (-1), se poursuit en 2010 (-10),

amorce une légère reprise en 2011 (+1) pour

finalement rechuter en 2012 (-10). Ces éléments

attestent des difficultés du secteur, au total, 260

établissements du BTP ont fermé (liquidation ou

fermeture hors reprise) entre 2007 et 2012.

95.3% des 260 radiations concernent des

établissements de moins de 10 salariés. Les

grandes entreprises apparaissent relativement

épargnées même si récemment, en 2013, la

liquidation judiciaire d’une entreprise d’une

cinquantaine de salariés a rappelé la fragilité

actuelle de cette branche d’activité.

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2007 2008 2009 2010 2011 2012

Créations Radiations

Créations et radiations d'établissements du BTP entre 2007 et 2012 dans le Cotentin

Source : CCICC, Fichier consulaire 2013, Arr. Cherbourg

Hors auto-entreprises

LE POIDS DES AUTO-ENTREPRENEURS

Les statistiques sur les auto-entrepreneurs du BTP à l’échelle du Cotentin ne sont pas disponibles.

Selon les chiffres de l’Agence Pour la Création d’Entreprise (APCE) qui s’appuient sur les données Sirene de

l’Insee ; en 2012, les auto-entrepreneurs ont représenté 44% des créations du BTP dans la Manche. Un chiffre

inférieur à la moyenne départementale tous secteurs d’activité confondus où 55.9% des créations sont le fait

d’auto-entreprises.

En ce qui concerne le chiffre d’affaires, l’Acoss (Agence Centrale des Organismes de Sécurité Sociale) a

estimé en 2011 à 847.5M€ le chiffre d’affaires des auto-entreprises du BTP au niveau national, ce qui

représente environ 0.6% du chiffre d’affaires total du secteur entreprises et auto-entreprises confondues.

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Solde d'opinions en % sur l'activité des entreprises du bâtiment de la Manche

CONJONCTURE MOROSE DANS LA MANCHE

La Fédération Française du Bâtiment (FFB) de

Basse-Normandie réalise chaque trimestre une

enquête auprès de ses adhérents (environ 1 100

entreprises ayant leur siège social en Basse-

Normandie et enregistrées sous les codes NAF 43

et 41 hors promotion immobilière). Les résultats et

graphiques présentés dans cette partie concernent

le département de la Manche.

Le solde d'opinion calcule la différence entre la

proportion de répondants ayant exprimé une

opinion positive ou négative. En juillet 2013, il

s’établit à -29.1% pour le département de la

Manche soit une large majorité d’opinions

négatives.

En Basse-Normandie, le niveau d’activité a ainsi

reculé de plus de 6% entre 2008 et 2011. Si

jusqu’en 2011 l’appareil de production avait été

plutôt épargné, le prolongement de la crise

conjugué à des trésoreries de plus en plus

dégradées a conduit certaines entreprises à moins

recruter, à réduire l’intérim ou dans certains cas à

arrêter leur activité.

Les entreprises artisanales et leurs dirigeants dans

la Manche n’échappent pas à ce contexte difficile.

Le solde de réponses concernant le niveau

d'activité est ainsi dans le rouge depuis le 1er

trimestre 2008.

Source : Fédération Française du Bâtiment de Basse-Normandie (FFB Basse-Normandie), 2013

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Pourcentage de répondants ayant déclaré des difficultés de trésorerie (Secteur du bâtiment - Manche)

Depuis 2008, les entreprises du bâtiment de la

Manche (comme l'ensemble du secteur en

général) ont vu leurs trésoreries se dégrader.

La visibilité sur les carnets de commandes est

en progression dans la Manche, 4.5 mois en

juillet 2013 contre 4.2 en avril 2013. Cependant, le

plan de charge se situe toujours en-dessous de sa

moyenne de long terme, 4.7 mois depuis 2001.

Les entreprises de moins de 10 salariés ont une

visibilité moindre avec un carnet de commandes

s’étalant sur 3.6 mois contre 4.7 mois pour les

entreprises de plus de 10 salariés.

En juillet 2013, plus de 47% des entreprises

déclarent rencontrer des difficultés, contre une

moyenne de long terme d'avant crise, de 27,5%.

Les entreprises artisanales sont davantage

exposées que les entreprises de dix salariés et

plus.

Source : Fédération Française du Bâtiment de Basse-Normandie (FFB Basse-Normandie), 2013

Il convient de noter qu’en janvier 2013 les chefs

d’entreprises bas-normands ont estimé leurs

carnets de commande insuffisants. Une

entreprise sur deux l’a ainsi considéré comme

étant « peu garni » pour cette période de l’année.

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Evolution des effectifs du bâtiment de la Manche

Source : Fédération Française du Bâtiment de Basse-Normandie (FFB Basse-Normandie), 2013

En 4 ans, les statistiques de la FFB Basse-

Normandie font état d’une diminution de plus de

15% des effectifs du bâtiment (hors apprentis) de

la Manche (-13% au niveau régional).

Selon les prévisions des chefs d'entreprise, cette

tendance devrait se maintenir en 2013 et plus

de 700 emplois seraient ainsi menacés en

région Basse-Normandie.

Source : Fédération Française du Bâtiment de Basse-Normandie (FFB Basse-Normandie), 2013

Page 14: Le BTP dans le Cotentin

CCI CHERBOURG COTENTIN – Octobre 2013 14

Dans les travaux publics, les résultats de la

dernière enquête trimestrielle d’activité de la

Fédération Régionale des Travaux Publics de

Normandie (FRTP) ne sont guère encourageants.

Sur l’ensemble du territoire normand, l’activité est

jugée très insuffisante dans le génie civil avec

des projets de l’État qui « ne sont pas maitrisés et

n'avancent pas et ceux des collectivités qui

pâtissent du manque de financement », selon la

FRTP. À l’échelle bas-normande, les travaux

réalisés sur le 1er

trimestre 2013 dans le domaine

des canalisations sont en forte chute. Même

constat pour les réseaux électriques perturbés

par les violentes intempéries du début d’année et

les travaux routiers dont « la baisse continue de

l'activité (…), le manque de visibilité et de projets,

très inhabituel en période préélectorale, est très

préoccupante ». La FRPT Normandie s’inquiète de

cette dégradation de l’activité qui s’accompagne

« de celle, lente mais continue, des effectifs

permanents ».

Des études au niveau régional :

La Fédération française du Bâtiment de Basse-

Normandie

http://www.bassenormandie.ffbatiment.fr

La Fédération Régionale des Travaux Publics de

Normandie

http://www.fntp.fr/normandie/travaux-

publics/pf_693691/accueil (Rubrique publication)

CRIEC Basse-Normandie

http://www.criec-bassenormandie.asso.fr

PEU DE RECRUTEMENTS ET D’INVESTISSEMENTS

Compte tenu d’une dégradation des effectifs, les projets de recrutement sont assez peu nombreux dans le

bâtiment. De ce fait, selon l’enquête de la FFB, la part des projets de recrutement jugés difficiles est en nette

baisse. En juillet 2013, 23.5% des entreprises bas-normandes rencontrent des difficultés de recrutement de

personnel contre une moyenne de long terme proche des 47%.

Les investissements sont également en diminution, seules 20.3% des entreprises du bâtiment de Basse-

Normandie ont investi au cours des 3 derniers mois. Les capacités de production sont sous utilisées, selon la

FFB : « une entreprise sur deux pourrait augmenter sa production tout en gardant les mêmes moyens

matériels et humains actuels ». Dans la Manche, cette proportion passe à plus de 60% pour les entreprises de

plus de 10 salariés « ce qui reflète la diminution d’activité dans le département ».

Page 15: Le BTP dans le Cotentin

CCI CHERBOURG COTENTIN – Octobre 2013 15

PAS D’EMBELLIE SUR LE MARCHÉ

Le marché du BTP est traditionnellement

segmenté en trois principales activités de

production : les travaux publics (génie civil,

construction de routes, de réseaux…), la

construction neuve et l’entretien-rénovation pour

les entreprises du bâtiment.

Sur les 130 milliards d’euros de chiffre d’affaires

générés en 2011 par les entreprises françaises du

bâtiment, la FFB estime les proportions suivantes :

Logement : 79mds€ dont 37mds€ dans le

neuf et 42mds€ dans l’entretien-rénovation

Hors logement (locaux d’activité,

bâtiments industriels…) : 51mds€ dont

22mds€ dans le neuf et 29mds€ dans

l’entretien rénovation

412 MILLIONS DANS LE COTENTIN

La Maison de l’Emploi et de la Formation (MEF) du

Cotentin et le Centre Régional d’Information

Économique et de Concertation de la Construction

et des travaux publics (CRIEC) de Bretagne ont

évalué en 2009 à 412 millions d’euros le chiffre

d’affaires des entreprises du bâtiment (hors

chantier EPR) du Pays du Cotentin.

Selon cette étude, De l’analyse des marchés de la

Construction Durable au diagnostic de la montée

en compétence dans les métiers du Bâtiment et

des EnR à l’horizon 2014, ce chiffre d’affaires

représente plus d’un tiers du CA total des

entreprises du bâtiment de la Manche et 13% de

celui en Basse-Normandie. Près de 60% du CA

est réalisé dans le logement, une part quasi

identique à celle enregistrée au niveau national.

Enfin, l’entretien-rénovation pèse plus de la moitié

du CA contre 49% au niveau départemental ou

régional.

30%

29%

20%

21%

Logement(entretien-rénovation)

Logement (Neuf)

Hors logement(entretien-rénovation)

Hors logement(Neuf)

Chiffre d'affaires des entreprises du bâtiment du Pays du Cotentin en 2009 par activité de

production

Source : CRIEC de Bretagne, 2009

UN DIAGNOSTIC SECTORIEL DE LA MEF

L’étude de la MEF et du CRIEC de Bretagne

propose une analyse complète du secteur et

évalue l’impact du marché des énergies

renouvelables dans le secteur du bâtiment à

l’horizon 2014. Ce diagnostic est téléchargeable

sur le site de la MEF du Cotentin (Diagnostic

bâtiment et énergies renouvelables) :

http://www.mef-cotentin.com/

Page 16: Le BTP dans le Cotentin

CCI CHERBOURG COTENTIN – Mars 2013 16

0

200

400

600

800

1000

1200

2009 2010 2011 2012 2013 2009 2010 2011 2012 2013

Logements autorisés Logements commencés

1er semestre 2ème semestre

Evolution du nombre de logements autorisés et commencés dans le Cotentin

PERSPECTIVES DÉLICATES DANS LA

CONSTRUCTION NEUVE

Avec près de 29% du chiffre d’affaires du secteur

réalisé dans cette activité en 2009, la construction

de logements neufs est un pilier essentiel du

marché du bâtiment.

Cependant, ce marché demeure ancré dans une

tendance baissière dans le Cotentin avec une

nette diminution des logements autorisés et

commencés en 2012 qui persiste en 2013.

En 2012 dans le Cotentin, les autorisations de

construire des logements (hors résidences) et

les mises en chantier sont en baisse de 16%

chacune par rapport à 2011. La dégradation la

plus significative se situe au niveau du nombre de

logements individuels mis en chantier qui chute de

25.5%. Seuls les logements collectifs commencés

enregistrent une hausse en 2012 par rapport à

2011 de 32.2%.

Cette baisse significative de l’activité

enregistrée en 2012 se poursuit sur le premier

semestre 2013. Avec un peu moins de 500

logements autorisés sur cette première moitié de

l’année 2013, le Cotentin enregistre une diminution

de 16.4% par rapport à la même période en 2012.

La baisse est plus marquée pour les logements

commencés qui chutent de 38.4% sur ce 1er

semestre 2013 par rapport au 1er

semestre 2012.

Les mises en chantier sont évidemment fortement

impactées par le repli des autorisations de

construire enregistrées en 2012. Compte tenu des

chiffres évoqués précédemment concernant les

autorisations en 2013, la tendance n’apparaît

guère à une reprise de l’activité.

Source : DREAL Basse-Normandie – Sitadel / Arrondissement de Cherbourg

Page 17: Le BTP dans le Cotentin

CCI CHERBOURG COTENTIN – Octobre 2013 17

Concernant la commercialisation des logements

neufs dans le Cotentin, le nombre de ventes de

logements collectifs affiche une baisse

importante, -75%, sur l’année 2012 par rapport

à 2011 et descend à un niveau particulièrement

bas. L’encours augmente en raison de la

hausse constatée sur les mises en vente sur

2012 par rapport à 2011 et gonfle les stocks

des promoteurs.

Sur ce début d’année 2013, l’activité est quasi

nulle que ce soit en termes de mises en vente

et de vente. L’encours reste donc stable avec

une centaine de logements.

0

50

100

150

200

250

Mises en ventes Ventes Encours

2010 2011 2012

Nombre de logements commercialisés Nombre de logements collectifs commercialisés

LUEUR D’ESPOIR DU CÔTÉ DU NEUF NON RÉSIDENTIEL ?

Pour les locaux non résidentiels, le passage de la Surface Hors Œuvre Nette (SHON) à la surface de plancher

pour les permis de construire déposés ou modifiés depuis le 1er mars 2012 introduit une rupture dans les

séries visible à partir des résultats de juin 2012. En conséquence, les comparaisons avec les données

antérieures à l’échelle locale ne sont plus possibles depuis le 3ème trimestre 2012.

Cependant, l’arrivée des EMR pourrait offrir quelques perspectives aux professionnels du BTP. La

construction des usines dédiées à la fabrication des pales et des mâts d’éoliennes offshore sur le port de

Cherbourg pourrait débuter dès 2014. Pour rappel, les deux usines de Saint-Nazaire, dont les travaux ont

débuté récemment occupent 25 000m².

Il convient également d’évoquer la filière agroalimentaire avec le projet Nutrifish pour lequel la construction

d’un bâtiment de 3 000m² est prévue et Les Maîtres Laitiers du Cotentin qui envisagent l’implantation d’une

nouvelle usine à Méautis près de Carentan.

En savoir plus :

L’immobilier d’entreprise dans le Cotentin, Février 2013

Source : DREAL Basse-Normandie – ECLN / Arrondissement

de Cherbourg

Page 18: Le BTP dans le Cotentin

CCI CHERBOURG COTENTIN – Octobre 2013 18

Chiffres-clés du logement dans le Cotentin

Nombre de maisons 75 420

Nombre d'appartements 24 366

Autres (Chambres d'hôtels, foyers…)

2 785

Résidences principales 83 198

Résidences secondaires et logements occasionnels

12 933

Logements vacants 6 440

L’ENTRETIEN-RÉNOVATION ÉGALEMENT À LA

PEINE

Le parc du Cotentin se compose d’un peu plus de

102 000 logements dont 73.5% de maisons et

23.7% d’appartements. Les résidences principales

représentent plus de 80% des logements et les

résidences secondaires 11.7%, soit une proportion

supérieure à la moyenne nationale en France

Métropolitaine, 9%, mais inférieure à la Basse-

Normandie, 14.9% ou la Manche. Avec 6 440

logements vacants en 2010, le Cotentin affiche un

taux de vacance de 6.3%, en-dessous des chiffres

nationaux, 7.1% ou régionaux, 6.7%.

La part des logements occasionnels (logements

ou pièces indépendantes utilisés

occasionnellement pour des raisons

professionnelles) est plus importante dans le

Cotentin qu’ailleurs, 0.9% contre 0.7% en France

Métropolitaine ou 0.5% en Basse-Normandie.

Le parc résidentiel du Cotentin se caractérise par

une forte représentation des logements HLM,

fruit d’une politique active des collectivités

territoriales notamment sur la Communauté

Urbaine de Cherbourg où 36% des résidences

principales appartiennent à cette catégorie.

Concernant la structure du parc de logements, le

diagnostic bâtiment énergie de la MEF indique

qu’en 2007, les constructions antérieures à

1949 représentent un tiers du parc de

résidences principales sur le Pays du Cotentin,

un chiffre dans la moyenne régionale.

30.6% des résidences font 100m² ou plus en 2010.

Les résidences de 40 à moins de 100m² sont les

plus nombreuses, 61.5% du parc de résidences

contre 60.1% en région et 59.8% en France

Métropolitaine.

Enfin, le CRIEC et la MEF ont estimé la surface

totale des locaux non résidentiels sur le Pays du

Cotentin à 2 641 000m² en 2008. Le parc tertiaire

public compte 826 000m² dont 46% dédiés à

l’enseignement et la recherche. Le parc tertiaire

privé totalise 1 815 000m² dont 36% pour les

commerces et 21% pour les bureaux.

Selon le Baromètre de l’entretien-rénovation publié

par le Club de l’Amélioration de l’Habitat (CAH), le

volume de travaux d’entretien-rénovation en

France s’inscrit en repli pour le 5ème

trimestre

consécutif. Sur le 1er

trimestre 2013, le recul des

travaux réalisés en termes de volumes est de

-1.5% par rapport au 1er

trimestre 2012. En

valeurs, l’indice se stabilise compte tenu d’une

hausse constatée des prix des travaux.

S’il n’existe aucune donnée à l’échelle locale, les

professionnels de la « Grande Région Nord »

(zone Normandie et Nord) font état d’une baisse

de l’activité plus marquée. En effet, le solde

d’opinions pour les travaux d’entretien-rénovation

des entreprises du Nord et de la Normandie est de

-19% contre -12% au niveau national.

D’après la dernière conjoncture de la FFB : « Le

marché de l’entretien amélioration est en moyenne

stable avec une forte dégradation constatée par

l’ensemble des entreprises artisanales de la

Manche ».

Source : Insee, RP 2010, exploitation principale

Page 19: Le BTP dans le Cotentin

CCI CHERBOURG COTENTIN – Octobre 2013 19

DE NOUVEAUX DÉFIS À RELEVER

Le BTP connaît une période difficile et les premiers

éléments de conjoncture au niveau national ne

voient pas poindre la reprise avant fin 2014. Avec

un marché de la construction de logements neufs

en repli, le Cotentin ne devrait pas échapper à la

règle. Quelques perspectives pourraient

néanmoins apparaître sur le secteur non

résidentiel et industriel.

Dans ce contexte, le BTP voit émerger de

nouveaux défis et enjeux ; l’efficacité

énergétique, l’engagement dans les processus de

normalisation, la nécessité de travailler de concert

et la formation en font partie.

PAS DE REPRISE AVANT 2015 ?

La note de conjoncture de juin 2013 de l’Insee

prédit que l’activité dans le bâtiment cesserait

de reculer au 4ème trimestre 2013 : « La reprise

des mises en chantier depuis le début de l’année

2013 se ferait progressivement sentir au niveau de

l’investissement dans la construction neuve ». En

outre, l’institut indique que les dépenses dans

l’entretien-rénovation pourraient « être

temporairement dopées par anticipation de la

hausse du taux de TVA au 1er

janvier 2014 ».

Du côté des professionnels, les mauvais résultats

de 2013 ne laissent pas présager une reprise

rapide. "Nous ne voyons pas une sortie de crise

avant la fin de l'année 2014", a notamment

affirmé Didier Ridoret, le président de la FFB.

Le cabinet BIPE, cabinet d’études économiques,

tend au même point de vue dans sa note de

prospective 2013-2017 sur le BTP. Les livraisons

dans la construction neuve ne dépasseraient pas

350 000 logements en moyenne par an sur les

prochaines années.

De plus, le BIPE estime que « l’amélioration des

bâtiments est le seul segment dont le niveau

d’activité dépassera probablement en 2017 le pic

de 2007-2008 ». Les autres segments du

secteur de la construction devraient connaître

plus de difficultés : « la construction de

logements neufs souffrira en début de période de

la réduction des aides publiques (défiscalisation de

l’investissement locatif des ménages) et de

l’attentisme engendré par la baisse probable des

prix. De même, la production de bâtiments non

résidentiels sera handicapée par la diminution des

besoins d’investissements de capacité dans

l’industrie liée aux délocalisations, par l’obligation

de réduction de la dette publique qui pèsera sur la

construction d’équipements collectifs, et par la

nécessité d’écouler les stocks de bureaux vacants

accumulés en 2009 et 2010 ».

Le Cotentin devrait suivre les évolutions nationales

même si quelques perspectives se dessinent au

niveau des locaux non résidentiels, comme

évoqué plus haut, avec l’arrivée des énergies

marines renouvelables et la construction de deux

usines pour les Maîtres Laitiers du Cotentin et

Nutrifish. Si le projet aboutit, la récente vente du

fort de Querqueville à un investisseur privé

devrait également profiter au secteur notamment

dans la rénovation.

Côté logements, la Communauté Urbaine de

Cherbourg a récemment présenté son

programme local de l’habitat 2013-2018. Celui-ci

prévoit la programmation de 2 110 logements sur

le territoire de la CUC soit un rythme de

construction pour les années à venir proche de

celui des années écoulées (300 à 350 logements).

Page 20: Le BTP dans le Cotentin

CCI CHERBOURG COTENTIN – Octobre 2013 20

LES ENJEUX DE L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE

Les lois du Grenelle de l’environnement ont fixé

les objectifs de la transition énergétique. Le

bâtiment est particulièrement concerné puisqu’il

génère 21% de gaz à effet de serre émis en

France. Il est également un secteur très

énergivore ; près de 44% de l’énergie finale

consommée en 2011.

Dans ce contexte, plusieurs cibles ont été définies

dans le cadre du Plan Bâtiment Durable :

Réduction de gaz à effet de serre par 4 en

2050 par rapport à 1990

Réduction des consommations

énergétiques de l’ensemble du parc de

bâtiments : -38% avant 2020

Rénovation énergétique : 500 000

rénovations lourdes par an d’ici à 2017

pour le secteur résidentiel et une

obligation de rénovation du parc tertiaire

public et privé avant 2020

Construction de bâtiments neufs :

généralisation du label Bâtiment Basse

Consommation (BBC) en 2012 et du

bâtiment à énergie positive (BEPOS) en

2020

Le secteur participe également au

développement des énergies

renouvelables et à la qualification des

professionnels

Différents dispositifs ont été mis en place pour

favoriser l’application du plan bâtiment

durable. La réglementation thermique 2012 (RT

2012) est désormais en vigueur pour la

construction neuve de logements. Concernant la

rénovation, des mesures incitatives comme le prêt

à taux zéro ou des crédits d’impôts ont été créées.

Les principaux éléments législatifs :

Plan bâtiment, site du MEEDAT

Site du Plan Bâtiment durable

Exigences réglementaires pour la construction des

bâtiments neufs, MEEDAT

Aides financières pour la rénovation énergétique

des bâtiments, MEEDAT

Autres incitations pour les bâtiments existants,

MEEDAT

Selon une étude de l’Agence de l’Environnement

et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME) en

partenariat avec l’alliance Villes Emploi, la part du

chiffre d’affaires du bâtiment liée à l’efficacité

énergétique et aux énergies renouvelables devrait

croître de 47% à 330% selon les territoires,

notamment avec l’introduction de la RT 2012. D’ici

2014, 69 000 professionnels supplémentaires,

soit 42% de plus, devront être mobilisés pour

répondre aux besoins en matière d’efficacité

énergétique.

Page 21: Le BTP dans le Cotentin

CCI CHERBOURG COTENTIN – Octobre 2013 21

Pour la Confédération de l'Artisanat et des Petites

Entreprises du Bâtiment (CAPEB), ce sont 600

milliards d’euros de travaux sur 40 ans qui

devront être réalisés pour atteindre les objectifs

du Grenelle de l’environnement.

En Basse-Normandie, plusieurs initiatives ont

comme intention de favoriser l’émergence de

projets et de travaux liés au domaine de l’énergie.

Défi’Bat propose des aides à la conception, à

l’investissement ou au suivi des performances

pour les opérations de réhabilitation de bâtiments

existants. Mis en place par l’ADEME et la région

Basse-Normandie, ce projet doit permettre de

doter la Basse-Normandie de bâtiments

exemplaires tant au niveau de l'efficacité

énergétique que de la qualité environnementale.

Le marché de l’efficacité énergétique est ainsi le

vecteur essentiel de croissance pour les

entreprises du BTP. Les points suivants

(normalisation, nécessité de travailler de concert et

formation) découlent directement de ce marché.

LA NORMALISATION COMME GAGE DE

QUALITÉ

Dans un environnement de plus en plus

concurrentiel, les professionnels du BTP prennent

conscience que la normalisation, la certification ou

la labellisation sont devenus des éléments de

différenciation importants.

L’Afnor a réalisé en 2009 une première étude sur

L’impact économique de la normalisation qui a

révélé que celle-ci contribuait à la croissance de

l'économie à hauteur de 0,81% soit 25% de la

croissance du PIB. 66% des entreprises

interrogées lors de cette enquête associent les

normes volontaires à un bénéfice pour leur

organisme plutôt qu’à un surcoût (34%). Elles sont

également 71.2% à penser qu’un engagement

dans un processus de normalisation permettrait de

mieux anticiper les futures règles du marché.

Ainsi, pour rester compétitives et se démarquer,

les entreprises du BTP sont vivement encouragées

à connaître et anticiper les évolutions

réglementaires et techniques.

Le programme d’accompagnement RAGE (Règles

de l'Art Grenelle Environnement 2012) « vise, en

particulier, à mettre à jour les règles de l’art en

vigueur aujourd’hui et à en proposer de nouvelles,

notamment pour ce qui concerne les travaux de

rénovation ». Les textes de référence issus du

programme sont destinés à alimenter les

nouveaux processus de normalisation et

serviront à l’élaboration de manuels de

formation.

http://www.reglesdelart-grenelle-environnement-2012.fr

Reconnaissances du savoir-faire de l’entreprise

souvent perçus comme un gage de qualité, les

labels et certifications sont de plus en plus prisés

des consommateurs. Ils peuvent s’appliquer aux

professionnels, aux bâtiments ou aux produits.

Récemment, le Plan Bâtiment Durable a engagé

un chantier dans ce domaine. Un observatoire des

signes de qualité a ainsi été mis en place ;

l’Agence Qualité Construction a été chargée de

son animation.

Page 22: Le BTP dans le Cotentin

CCI CHERBOURG COTENTIN – Octobre 2013 22

La mention Reconnu Grenelle de

l’Environnement a également été créée. Elle

regroupe plusieurs appellations, qualifications et

certifications : Quali’bois, Qauli’Sol, Quali’PV,

Quali’Pac (Qualit’EnR), Qualifelec, Qualibat, Eco

artisan et Les pros de la performance énergétique.

La CAPEB a également initié une démarche

similaire avec ECO Rénovation® qui propose de

la même façon une offre globale de travaux de

rénovation énergétique basée sur le principe de

cotraitance et pilotée par un interlocuteur principal.

DES FORMATIONS À ADAPTER

L’ADEME a réalisé en partenariat avec le CAFOC

(Centre Académique de Formation Continue) de

Nantes une étude intitulée Besoins de formation

des enseignants et formateurs de la filière

Bâtiment/EnR au regard des enjeux du Grenelle

de l'environnement. Ce document alerte sur

l’inadéquation des formations du bâtiment et

sur la pénurie de professionnels formés aux

nouveaux enjeux liés à l’efficacité énergétique.

Pour que les enseignants et formateurs puissent

préparer les professionnels du BTP à répondre

aux exigences du Grenelle de l’environnement, le

rapport identifie plusieurs axes :

Renforcer l’information sur le Grenelle de

l’environnement

Rendre opérationnelle l’approche globale

Développer les compétences techniques

propres à chaque métier

Renforcer les compétences pédagogiques

des formateurs

L’information sur le Grenelle, ses enjeux et ses

impacts est un préalable. L’établissement de ponts

entre les métiers dès la formation devient

également essentiel « afin de favoriser la

coopération et les interactions entre les différents

corps de métier ».

LA NÉCESSITÉ DE TRAVAILLER ENSEMBLE

Les attentes des clients ont évolué et ceux-ci

acceptent de moins en moins des offres atomisées

entre différents corps d’état. Si les grandes

entreprises du BTP ont mis en place des stratégies

d’offre globale, les petits artisans connaissent plus

de difficultés à répondre à cette tendance.

Les différents syndicats et fédérations du secteur

incitent leurs adhérents à travailler ensemble

pour répondre à la demande mais aussi atteindre

des niveaux de performance énergétique élevés.

En Seine et Marne, la FFB a lancé le programme

Batireco qui regroupe des professionnels de

différents corps de métiers spécialisés dans le

domaine de la construction et de la rénovation

durables. Pour le client, un seul interlocuteur qui

se charge de proposer les offres les plus adaptées

à la demande et de coordonner toutes les

démarches.

http://www.batireco.fr/

Page 23: Le BTP dans le Cotentin

CCI CHERBOURG COTENTIN – Octobre 2013 23

Le rapport pointe le fait « que ces mêmes

formateurs jugent l'offre de formation trop

parcellaire, souvent théorique et insuffisante. Ils

jugent aussi ne pas assez maîtriser les

orientations du Grenelle de l'environnement, ses

priorités pour le bâtiment et avoir une

connaissance partielle des questions de

performance énergétique ».

Pour répondre à ces problématiques, le dispositif

FEEBAT (Formation aux économies d’énergie

dans le bâtiment) a débuté en 2008. Co-

développées par diverses organisations

professionnelles, entreprises et instances de l’État,

ces formations doivent permettre aux

professionnels de réaliser des analyses

énergétiques globales et de proposer des

solutions intégrées d’amélioration énergétique.

Depuis 2008 jusqu’à juillet 2012, plus de 48 000

participants ont intégré le dispositif de formation

avec un taux de satisfaction de 93%. À l’issue des

formations, 56 % des participants souhaitent aller

vers la mise en place d’une approche globale.

http://www.feebat.org/

En Basse-Normandie et dans le Cotentin,

différentes actions ont été engagées en faveur de

la formation et de la promotion des métiers du

bâtiment.

Suite à son diagnostic sur la filière

bâtiment/énergie, la MEF du Cotentin a décliné 17

actions spécifiques pour « favoriser l’adaptation

des emplois et des compétences aux évolutions

induites par les mesures du Grenelle de

l’environnement ».

Ce programme a ainsi donné lieu à plusieurs

réalisations concrètes : journées d’informations sur

la RT2012, cycles de sensibilisation pour les

conseillers et médiateurs de l’emploi, étude de

faisabilité d’une Coopérative d’Activité et

d’Emploi (CAE) liée au développement durable,

brochures thématiques sur le groupement, la

construction durable…

Ouvert depuis 2010, le Pavillon des énergies

près de Saint-Lô est un centre de ressources,

d’information et de formation sur les thématiques

d’écoconstruction et d’énergies renouvelables.

Une dizaine de réunions d’information sont

organisées chaque année par les organisations

professionnelles ou des établissements de

formation. Le Pavillon des énergies est également

inscrit depuis 2012 dans le réseau régional

Praxibat qui a « pour ambition de mettre à

disposition des professionnels un outil complet de

formation aux techniques de l’efficacité

énergétique, en privilégiant l’opérationnel et en

favorisant l’apprentissage du geste juste lors de la

mise en œuvre sur le chantier ».

Des ressources au niveau local :

Les formations FEEBAT en Basse-Normandie

Les actions et brochures de la MEF

La boîte à outils de l’Ademe

Le Pavillon des énergies

http://www.btp50.fr/

http://50.capeb.fr/capeb-departementale/

http://www.frtpnormandie.fr

Page 24: Le BTP dans le Cotentin

CCI CHERBOURG COTENTIN – Octobre 2013 24

MÉTHODOLOGIE

Établissements et effectifs :

Le périmètre de l’étude sauf mention contraire est repris page 2 du présent document.

Pour les effectifs salariés, la source Urssaf est utilisée. Le champ couvre l’ensemble des cotisants du secteur

concurrentiel qui comprend tous les secteurs d’activité économique sauf les administrations publiques, l’éducation

non marchande (établissements d’enseignement relevant de l’État ou des collectivités locales), la santé non

marchande et l’emploi par les ménages de salariés à domicile.

Conjoncture :

La Fédération Française du Bâtiment (FFB) de Basse-Normandie réalise chaque trimestre une enquête auprès de

ses adhérents (environ 1 100 entreprises ayant leur siège social en Basse-Normandie et enregistrées sous les

codes NAF 43 et 41 hors promotion immobilière). Les résultats et graphiques présentés dans cette partie

concernent le département de la Manche.

« Le solde d'opinion est défini comme la différence entre la proportion de répondants ayant exprimé une opinion

positive et la proportion de répondants ayant exprimé une opinion négative. Les questions des enquêtes de

conjoncture appellent en effet le plus souvent une réponse à trois modalités : « en hausse », « stable » ou « en

baisse ». À partir de ces réponses, on calcule, pour chaque question, le pourcentage de répondants (ménages ou

entrepreneurs) ayant signalé une hausse (réponses positives), un statu quo (réponses stables), ou une baisse

(réponses négatives), en tenant compte dans le cas des entreprises de l'importance relative à la fois de

l'entreprise et du sous-secteur concerné. Un solde d'opinion est ensuite établi pour chaque question : différence

entre le pourcentage de répondants ayant répondu positivement et le pourcentage de répondants ayant répondu

négativement », Source Insee

Chiffres de la construction neuve :

Les chiffres publiés et fournis par la DREAL sont issus de la base de données Sit@del2 qui rassemble les

informations relatives aux autorisations de construire (permis délivrés) et aux mises en chantier transmises par

les directions départementales des territoires (DDT) et par les communes instructrices. Ils sont exprimés en date

de prise en compte, c'est-à-dire à la date à laquelle l'événement (autorisation, ouverture de chantier, etc.) est

enregistré dans la base de données Sit@del2. Ces chiffres distinguent construction neuve (bâtiment totalement

nouveau) et construction sur existant (bâtiment s’appuyant sur une partie existante comme des transformations

de locaux en logements ou la construction de logement attenant au bâtiment existant). Les chiffres portent sur le

nombre total de logements répartis en logements ordinaires et logements en résidence. Au sein des logements

ordinaires, on distingue les logements individuels (purs et groupés) et les logements collectifs. Les logements en

résidences (résidences pour personnes âgées, pour étudiants, pour touristes, etc.) se caractérisent par la

fourniture de services individualisés (de loisirs, de restauration, de soins ou autres) en sus du gîte. Les foyers et

les hôtels qui ne comportent que des chambres et des services communs ne sont pas classés dans les

logements mais dans les locaux d'hébergement. L’ensemble des logements comprend donc les logements

individuels, les logements collectifs et les logements en résidence. Les annulations (nombre de logements dont

les permis ont été annulés (par décision administrative ou volontairement) au cours du mois) sont prises en

compte dans les résultats.

Page 25: Le BTP dans le Cotentin

Analyse réalisée par Pierric Hourçourigaray (CCI Cherbourg Cotentin) en collaboration avec la Fédération

Française du Bâtiment (FFB) de Basse-Normandie, la Maison de l’Emploi et de la Formation (MEF) du

Cotentin et la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL) de

Basse-Normandie.

Pour toutes informations complémentaires sur cette étude, contactez Pierric Hourçourigaray :

02-33-23-32-15

[email protected]

Sources : URSSAF, Insee, CCI Cherbourg Cotentin, FFB Basse-Normandie, DREAL Basse-Normandie

Publication de la Chambre de commerce et d’industrie Cherbourg Cotentin, Hôtel Atlantique, boulevard Félix

Amiot, BP 839, 50108 Cherbourg-Octeville Cedex

Directeur de la publication : Jean-Claude Camus

Toutes nos études sont disponibles sur www.ecotentin.fr