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COMMERCE DURABLE ? FAIR TRADE ET ENVIRONEMENT

Le commerce équitable, un commerce durable ?

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Le commerce équitable, vecteur de la solidarité entre les peuples, doit-il être remis en question pour le bien-être de la planète ? Cette question, qui paraissait saugrenue avant les années nonante, prend de plus en plus de consistance avec l’émergence des défis environnementaux que doit relever l’Humanité. Cette brochure, publiée par le Trade for Development Centre, propose une analyse des rapports entre l’environnement et le commerce équitable.

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COMMERCE DURABLE ?

F A I R T R A D E E T E N V I R O N E M E N T

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FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT Avant-propos

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Rédaction : Olivier Bailly Coordination : Samuel Poos Editeur responsable : Carl Michiels

© CTB, Agence belge de Développement, Août 2009. Tous droits réservés. Les opinions exprimées dans cette publication sont celles de son auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de la CTB ou de la Coopération belge au Développement. Des extraits de cette publication peuvent être utilisés dans un but non commercial à condition d’en citer l’origine et l’auteur.

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FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT Avant-propos

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Avant-Propos 4

Introduction : 5

Equitable et environnement, un couple tendu ?

Commerce équitable…

…et environnement

Première tension : 7

Le transport du produit

1. Prise en compte de tous les facteurs polluants 7

2. Un kilomètre n’est pas l’autre 9

3. La pollution générée par le commerce équitable, enjeu de taille ? 11

4. Ne pas fuir ses responsabilités 12

5. Des solutions pour les déplacements équitables ? 13 5.1 Réduire la pollution/km 13 5.2 Réduire les kilomètres 14

Deuxième tension : 15

La production agricole et son impact sur l’environnement

1. Mécanisation 16

2. Bio, pesticides et OGM 16

3. Ressources naturelles et biodiversité 19

Troisième tension : 21

Les déchets de la production

1. Modes de fabrication générant le moins de déchets possibles 21

2. Produits et emballages recyclables 22

3. Déchets valorisés 22

Pour en finir Environnement, le chaînon manquant d’une équité soutenable ? 24

Glossaire : quelques concepts et quelques institutions 27

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FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT Avant-propos

4

© CTB

AAVV AANNTT--PPRROOPPOOSS

Le commerce équitable*, vecteur de la solidarité entre les peuples, constitue-t-il une initiative à abandonner au plus vite, pour le bien-être de la planète ? Cette question, qui paraissait saugrenue avant les années nonante, prend de plus en plus de consistance avec l’émergence des défis environnementaux que doit relever l’Humanité. Le commerce équitable amène des produits du Sud au Nord. Cette transhumance de produits a un coût écologique. Peut-on l’éviter ? N’y a-t-il pas lieu de privilégier les produits locaux et de saison ? Au-delà de la question du transport, le commerce équitable peut également mettre à sac notre planète à coup de pesticides, d’emballages, ou de déchets non recyclables. Quels engagements pour la planète a pris ce commerce solidaire ? En voulant améliorer l’existence de paysans, ne détruit-on pas leurs lieux de vie et le nôtre ? Cette brochure, publiée par le Trade for Development Centre, propose une analyse des rapports entre l’environnement et le commerce équitable. Elle ne représente ni l’avis officiel de la CTB*, ni le tour exhaustif des positions sur la question. Elle constitue une réflexion à glisser dans l’épais dossier d’un commerce juste au XXIe siècle, en phase avec les nouveaux enjeux du monde.

Les termes marqués d’une * sont définis dans le glossaire

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FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT Introduction : commerce équitable et environnement, un couple tendu ?

5

© Simon Rawles 2007 – Fairtrade Foundation

IINNTTRROODDUUCCTTIIOONN ::

CCOOMMMMEERRCCEE EEQQUUIITTAABBLLEE EETT EENNVVIIRROONNNNEEMMEENNTT,, UUNN

CCOOUUPPLLEE TTEENNDDUU ??

COMMERCE EQUI TT AABB LLEE……

Le commerce, l’acquisition des biens ou services en échange de monnaie, existe depuis que

l’homme est homme.

Le commerce équitable* ajoute une dimension à cet échange. Il se fonde sur l’idée que ‘quiconque

travaille a droit à une rémunération équitable lui assurant, ainsi qu’à sa famille, une existence

conforme à la dignité humaine’ (art. 23 de la Déclaration universelle des droits de l’homme).

L’organisation en coopératives1, le partenariat Nord-Sud et des perspectives de contrats à long

terme sont aussi des caractéristiques du commerce équitable. Ce type de relations économiques

implique donc un prix permettant de couvrir, outre les coûts de la production, un niveau de vie

décent pour le travailleur ainsi qu’une marge pour des investissements en biens collectifs et une

épargne personnelle. Par ailleurs, la gestion du travail en coopératives doit être démocratique.

Enfin, les conventions de base de l’OIT (Organisation internationale du travail), dont la liberté

d’association, doivent être d’application tout au long de la chaîne de production du produit

équitable.

Aussi, le commerce équitable est

bien plus qu’un échange matériel.

Sa raison d’être dépasse la volonté

d’enrichissement. Il vise, à travers

une solidarité le plus souvent

intercontinentale à créer des

conditions de bien-être pour les

travailleurs les plus démunis de la

planète.

….ET ENVIRONNEMENT

Avec l’exploitation massive des

ressources minières et forestières, avec l’augmentation des niveaux de vie et l’accès à de plus en

plus de biens et services de consommations pour une partie de l’Humanité (de plus en plus

nombreuse), la pression de l’espèce humaine sur l’environnement naturel est devenue

insoutenable. L’ère industrielle a engendré une destruction sans commune mesure dans l’histoire

de l’humanité. Et aujourd’hui, au début du XXIe siècle, la situation est catastrophique. Elle touche

directement les principaux acteurs du commerce équitable : les petits agriculteurs du Sud.

Conséquence parmi d’autres : des études évoquent 25 millions de réfugiés climatiques d’ici à 2010

tandis que d’autres avancent le chiffre de…700 millions d’ici 2050. Choisissant la voie médiane,

l’IOM* (l’Organisation internationale pour les migrations) estime à 200 millions le nombre de

personnes qui migreront pour des raisons climatiques d’ici 20502.

1 La majorité des petits producteurs du commerce équitable travaille en coopératives. Cependant, d’importantes plantations

produisent également des aliments équitables. Les représentants des ouvriers et de la direction forment alors des comités paritaires qui décident de l’affectation de la prime du commerce équitable. 2 “In Search of Shelter - Mapping the Effects of Climate Change on Human Migration and Displacement”, mai 2009,

(http://www.ciesin.columbia.edu/documents/clim-migr-report-june09_media.pdf

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FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT Introduction : commerce équitable et environnement, un couple tendu ?

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Pour la Fairtrade Foundation (Angleterre), les conséquences climatiques pour les producteurs du

Sud ont remis à l’avant-plan un problème plus ancien et plus profond : Les inégalités.

Les pays développés, historiquement responsables du changement climatique, font payer aux

pays plus pauvres les conséquences écologiques de leur industrialisation débridée. Ainsi est né le

terme « Justice écologique » (Fédération Artisans du Monde). En effet, 20% de la population

consomme 80% des richesses de notre planète, pourquoi dès lors les pays du Sud devraient-ils

payer le coût des actes de ceux du Nord ?

Autres chiffres de la Fédération Artisans du Monde : les émissions de CO2 sont de 8.4T par

Européen, 20T pour un Américain, et à peine moins de 500kg pour un Africain de l’Ouest.

La Fédération Artisans du Monde suggère d’ajouter la notion d’un droit pour les pays les plus

pauvres à émettre des gaz à effet de serre au débat sur le commerce équitable et l’environnement.

Mais comment calculer ce droit ? Et pour quels pays ? Se pose également la question du suivi,

accorder ainsi un « droit à polluer » suggère que ces pays le pensent bien, sans tomber dans la

dérive paternaliste.

La Fairtrade Foundation insiste sur le fait que consommer équitable aide à réduire ces impacts

climatiques, en promouvant un système plus durable et équitable. Producteurs américains,

africains et asiatiques subissent de lourdes pertes dans leurs récoltes à cause du changement

climatique. La productivité a baissé jusqu’à 40%.

La solution à long terme est un changement radical de notre mode de consommation.

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FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT Introduction : commerce équitable et environnement, un couple tendu ?

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Commerce équitable et protection de l’environnement se rejoignent donc dans un même souci :

améliorer (ou préserver) les conditions de vie des populations au Sud du globe. Pourtant, ces alliés

objectifs d’un développement durable* au Nord comme au Sud sont souvent présentés comme

mus par des logiques antinomiques. En cause, la pollution engendrée par le commerce équitable.

Réponse en trois tensions.

(SCHEMA EXPLICATIF DU RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE)

Fonctionnement général simplifié de l'atmosphère. Les chiffres représentant la valeur moyenne, temporelle (sur

l'année) et géographique (sur la surface de la planète) en Watts par mètre carré, de chaque flux d'énergie représenté.

Le "réchauffement climatique" peut, en première approximation, être résumé de la manière

suivante :

quand on augmente la concentration de gaz à effet de serre dans l'atmosphère,

cela augmente son opacité au rayonnement terrestre, et donc le terme B (le rayonnement

infrarouge terrestre qui parvient à s'échapper directement vers l'espace) diminue.

Corrélativement le terme C augmente, ce qui conduit l'atmosphère à recevoir plus d'énergie.

Elle rayonne donc plus, et le terme D augmente aussi.

Le sol va donc recevoir une énergie accrue et sa température moyenne va monter.

Source: http://www.manicore.com/documentation/serre/physique.htm

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FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT Première tension : le transport du produit

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© Alter Eco

PPRREEMMIIEERREE TTEENNSSIIOONN ::

LLEE TTRRAANNSSPPOORRTT DDUU PPRROODDUUIITT

Le commerce équitable est très

largement un commerce entre des

producteurs du Sud et des

consommateurs au Nord. Il implique

donc de longs déplacements de

produits et génère pour ce faire une

pollution, que le fret soit effectué en

avion, en bateau et/ou en camion.

Ce constat amène la question

suivante : faut-il prendre ses

distances avec ces produits qui

proviennent de loin et abîment la

planète ?

1. PRISE EN COMPTE DE TOUS LES FACTEURS POLLUANTS

La réponse est nuancée. De toute évidence, à paramètres environnementaux, sociaux et

économiques identiques, il sera toujours préférable de favoriser les trajets courts et l’économie

locale.

Cependant, prendre le seul facteur « transport » pour déterminer l’impact écologique réel d’un

produit ne permet pas d’avoir une vision précise de la pollution générée par le processus de

fabrication du produit en question.

Des analyses ont démontré qu’en prenant de plus amples données sur la méthode de production,

les conclusions pouvaient s’inverser. Une étude de l'Université britannique de Cranfield a ainsi

calculé qu’il est cinq fois moins nuisible à l’environnement de produire des roses au Kenya et de

les exporter ensuite par avion vers le Royaume-Uni, plutôt que d’opter pour les fleurs cultivées

sous serres chauffées au Pays-Bas.3

Cependant, l’étude des roses suscite tout de même quelques questions : pourquoi comparer deux

modes polluants de production sans évoquer une troisième voie locale et bio ? Pourquoi ne pas

prendre en compte tous les facteurs polluants de production (pesticides, pollution de ressources

naturelles, etc.) afin de donner une idée plus précise de l’impact environnemental ? Enfin et de

manière plus fondamentale, le commerce équitable ne doit-il pas se questionner sur le fait

d’expédier à des milliers de kilomètres des fleurs par avion, ceci dans un contexte d’urgence

écologique ? Une relocalisation de l’économie doit-elle effrayer les acteurs d’un commerce juste ?

Pas tous visiblement, puisque cette relocalisation est d’ores et déjà un des critères d’un référentiel

du commerce équitable, l’ESR* (d’ECOCERT*).

3 “Comparative Study of Cut Roses for the British Market Produced in Kenya and the Netherlands”, Précis Report for World

Flowers, Dr Adrian Williams, 12 February 2007, Cranfield University. http://www.fairflowers.de/fileadmin/flp.de/Redaktion/Dokumente/Studien/Comparative_Study_of_Cut_Roses_Feb_2007.pdf Etude citée par Samuel Poos, « Le commerce équitable en 2009 », Trade for Development Centre, document de travail - Mars 2009

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FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT Première tension : le transport du produit

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Etude comparative de 12.000 roses coupées pour le marché britannique produits au Kenya et aux Pays-Bas

Roses en provenance du Kenya Énergie primaire : 53000 MJ (dont 15% en énergie fossile) Emissions de GES : 2200 kg CO2. Roses en provenance des Pays-Bas Énergie primaire : 550000 MJ (dont 99% en énergie fossile) Emissions de GES : 35000 kg CO2.

Source : http://www.fairflowers.de/fileadmin/flp.de/Redaktion/Dokumente/Studien/Comparative_Study_of_Cut_Roses_Feb_2007.pdf

Dans une étude récente, Oxfam-Magasins du monde interroge également la pertinence de certains

types d’exportations4 : ne faut-il pas se demander si le transport de fleurs par avion est compatible

avec un mode de développement durable* ? En bref, le commerce équitable doit-il vendre tout type

de produit au Nord ? Doit-il prendre en compte la présence de produits locaux, comme le miel, le

vin ou l’huile, pour évaluer l’impact de son action et la présence de ces produits sur les marchés du

Nord ? Selon Stéphane Leborgne, Président de la Fédération Artisans du Monde en France (et par

ailleurs agréé pour la réalisation de Bilan Carbone* ®), « privilégier la production locale permettrait

de supprimer l’étape du transport à longue distance. Mais ces produits (NDLR : comme le miel ou

le vin) sont distribués d’abord pour des raisons politiques et parce que la production française n’est

pas suffisante pour couvrir les besoins. (…) Dans tous les cas, ce sont bien les bénéfices

économiques et sociaux du commerce équitable qui sont particulièrement recherchés, le revenu

généré par la vente de ces produits est vital pour leurs producteurs dans l’immédiat »5.

Même si elle ne doit pas dédouaner le commerce équitable de ses responsabilités

environnementales, l’importance d’échanges économiques justes dans la survie des petits

agriculteurs constitue un autre facteur à prendre en compte.

4 « Commerce équitable et environnement : une relation durable », étude de François Graas publiée le 18 Mars 2009 sur le

site des Magasins du Monde-Oxfam 5 Argumentation développée dans « Les impacts environnementaux du commerce équitable », dossier de presse

présentant le thème 2009 de la Semaine Equitable en France (mai) : « commerce équitable et environnement », pp. 6 à 8

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FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT Première tension : le transport du produit

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2. UN KILOMÈTRE N ’EST PAS L ’AUTRE

Le concept « kilomètre alimentaire » comporte le danger d’un raccourci populaire : plus le produit

vient de loin, plus il pollue. Or, les « kilomètres » ne sont pas tous égaux devant le bitume (ou les

flots). Les chercheurs6

du Department for Environment, Food and Rural Affairs (DEFRA) ont

développé une modélisation du concept afin de prendre en considération les multiples paramètres

(poids de la production, remplissage, ratio tonne-kms en route sur tonne-kms total, etc.)

Dans le cadre de ce modèle, complexe, deux paramètres paraissent déterminants sur la pollution

émise par kilomètre : le moyen de transport pour véhiculer le produit, et la notion de distance entre

point de production et point de consommation.

Concernant les moyens de transports, les kilomètres en bateau sont préférables à ceux en camion

qui sont eux-mêmes préférables aux déplacements en avion. Selon l’ADEME (Agence de

l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie, France), « le transport routier (camions) est 4 fois

plus émetteur que le transport ferroviaire et 6 fois plus que le transport fluvial ». Sur cette seule

base, une orange à Bruxelles en provenance de Grenade (Espagne - 1600 km) par camion serait

aussi polluante qu’une orange venue du Brésil par bateau.

6 https://statistics.defra.gov.uk/esg/reports/foodmiles/annex2.pdf

BELGIQUE – ET H I C S T O R E Lauréat du BE Fair Awards 2007, Ethicstore.be est un magasin en ligne qui ne vend que de l’équitable ou de l’éthique. Quatre cents produits en tout, « à prix avantageux ». Dans sa "Charte pour un Commerce Durable", Ethicstore avance plusieurs principes dont celui-ci « Tous nos partenaires fournissent les efforts nécessaires pour respecter la planète dans leurs modes de production, de transport et de distribution des marchandises » et surtout celui-ci « s’interdire de vendre des produits qui peuvent être produits localement ». Cet engagement est décliné dans une vue restrictive. Des produits issus du Sud sont vendus sur Ethicstore alors qu’il existe des produits d’un même type (peignoir, jouet pour enfant) mais pas identiques aux produits d’Ethicstore.

BELGIQUE – Befre, les sacs réutilisables compensés L’alternative aux sacs plastiques jetables et polluants.

Société belge labellisée Max Havelaar et Bioéquitable, Befre propose des sacs, des housses,

des cabas, des emballages durables de matières recyclés et recyclables, biodégradables,

équitables et bio (GOTS et Ecocert) et fabriqués sur mesure.

« 1 sac BeFre remplace environs 330 sacs plastiques jetables par an par ménage »

Befre calcule et compense ensuite toutes ses émissions de GES via la société CO2logic. Elle

participe ainsi aux programmes de réduction de CO2 certifiés par les Nations Unies.

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FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT Première tension : le transport du produit

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0 500 1000 1500 2000 2500

bateau

train

voiture

camion

avion

émission (grammes) des gaz à effet de serre à

distance égale (1 km)

Pour une (1) tonne de denrées déplacée, la pollution en CO2 rejetée est de

Bateau: 15 à 30 g/km

Train: 30 g/km

Voiture: 168 à 186 g/km

Camion: 210 à 1.430 g/km (Les valeurs varient fortement selon le type de camion. Généralement, un grand camion émet

plus de CO2 qu'un petit camion; les camions frigorifiques émettent jusqu'à 800g CO2/tonne km en plus qu'un camion non réfrigéré).

Avion: 570 à 1.580 g/km (E. Millstone & Tim Lang -2003-. The atlas of food: who eats what, where and why.)

Source : Observatoire Bruxellois de la Consommation Durable http://fr.observ.be/article/4144-combien_de_kilometres_contient_une_assiette_.html

Guayapi Tropical, une entreprise française qui vend des compléments alimentaires, a réalisé une

étude sur l’impact carbone d’un de ses produits. Les conclusions sur le transport sont…

déroutantes.

Ainsi les 9000 kilomètres que parcourent en bateau 16098 boites de warana (une plante

énergisante) de 70g, de Belem (Brésil) au Havre (France), émettent l’équivalant de 0,1456 tonnes

équivalent CO2. Les mêmes kilomètres en avion représentent 10,4241 tonnes de CO2, environ 70

fois plus de pollution atmosphérique. Mais pour autant, le produit n’est pas encore arrivé au

consommateur. A ce stade, il reste bloqué au port de Havre. Pour une vision la plus complète d’un

kilomètre alimentaire, il faut prendre en considération les kilomètres utilisés pour acheminer le

produit vers les détaillants7. Or dans l’étude des boites de warana, l’essentiel de la pollution

engendrée par le transport est dû aux trajets entre le centre de distribution et les détaillants : à

savoir 31,279 tonnes de CO2. Environ trois fois le déplacement « avion » et 210 fois le

déplacement « bateau » !8 Si la « qualité environnementale » du déplacement est donc un critère à

prendre en compte, l’origine du produit n’est pas représentative de la totalité des kilomètres

parcourus par le produit9.

7 Pour une vision complète et amusante des gaz à effets de serre engendrés lors d’un cycle complet de production d’un

aliment, la brochure de l’ADEME « des GES dans mon assiette ? » : http://www2.ademe.fr/servlet/KBaseShow?sort=-1&cid=20713&m=3&catid=20714 8 « Commerce équitable et environnement, une alliance pour un développement durable », Plate-Forme pour le Commerce

Equitable, Paris, 2009 9 Au mieux l’origine donne une idée des kilomètres minimum parcourus par le produit.

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FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT Première tension : le transport du produit

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BELGIQUE – AL T E R V O YA G E (R É )C O MP E N SÉ AlterVoyages est une agence qui développe des voyages sur base du tourisme équitable. Au niveau de la mobilité, la coopérative souligne qu’elle utilise des déplacements moins polluants, des énergies renouvelables. Surtout, elle encourage la compensation* CO2 de « ses » touristes et a reçu pour cette initiative le « Prix belge 2009 de l’Energie et l’Environnement ». L’agence propose de soutenir le projet « Frontière de vie » afin de compenser les émissions de GES causées par le déplacement du touriste. L’action de « Frontière de vie » se trouve en Amazonie équatoriale, une région visitée par Altervoyage. Le projet vise à résister de manière pacifique aux compagnies pétrolières qui convoitent Sarayaku, le territoire de la communauté Kichwa au sud-est de Quito. Face aux menaces grandissantes, les populations indigènes ont décidé de créer une vaste ligne de clairières d'arbres de couleurs de plus de 300 km de long sur le pourtour de leur territoire ! La « Frontière de Vie ».

La distance à prendre en compte est le trajet effectivement parcouru par le produit. Et à ce calcul, il

n’est pas évident que le commerce équitable soit plus pénalisé qu’un autre. Il suffit pour s’en

convaincre de penser aux crevettes pêchées à la Mer du Nord, et dégustées sur la côte belge

après… un aller/retour Belgique-Maroc pour être décortiquées à la main10

.

Enfin, la pollution contre laquelle chacun devrait lutter est celle dégagée par…le

consommateur final ! Selon Joël Pain, directeur de Up&Up Développement, une entreprise qui vise

entre autres à aider des producteurs du Sud à accéder à nos marchés et à se développer, « les

études montrent que le coût environnemental est environ 10 fois plus élevé pour le segment “point

de vente - domicile” que pour le segment “pays d’origine - point de vente”. (…) Le vrai souci

provient donc essentiellement de la façon dont le consommateur agit pour satisfaire son appétit de

consommation (…) »11

L’avis est d’autant plus pratique et confortable qu’il dédouane tous les autres acteurs de la chaîne

de consommation… le commerce équitable ne peut pas se permettre cette désinvolture.

3 LA POLLUTION DE L ’ÉQUITABLE , ENJEU DE TAILLE ?

Une mise en perspective permet de cerner l’ampleur de l’enjeu « commerce

équitable/environnement » au niveau planétaire. Le commerce équitable représente, en 2008, un

chiffre d’affaires de 2.9 milliards d’euros12

. La même année, les exportations mondiales de

marchandises étaient de 10707 milliards euro13

. Le commerce équitable représente donc 0,27%

des exportations mondiales. Est-ce vraiment le levier idéal pour influer sur les paramètres

écologiques ?

10

De l’aveu même de la société Heiploeg, « le plus grand fournisseur de crevettes en Europe », lire http://www.heiploeg.nl/noordzee-garnalen.fr_FR.html 11

Blog ‘C’est beau un monde qui change’, http://upandup.blog.lemonde.fr/2007/03/30/reponse-a-une-des-objections-au-commerce-equitable 12

Communiqué de FLO du 4 juin 2009 : « Global Fairtrade sales increase by 22% » 13

Conversion le 7 juillet via le site http://www.mataf.net/fr/conversion/monnaie

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FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT Première tension : le transport du produit

13

4. NE PAS FUIR SES RESPONSABILITES

Pour autant, le commerce équitable, comme un autre, doit prendre

en compte son impact écologique et tout faire pour le

réduire. D’autant plus que les petits producteurs du Sud

sont les premiers exposés au changement climatique.

Même si les paysans du Sud perçoivent les nouvelles

exigences écologiques du Nord comme du

« protectionnisme vert », même s’ils ne se sentent

pas concernés par les enjeux environnementaux

(notamment parce que l’éducation ou la santé sont à

court terme des priorités plus importantes), les acteurs

du commerce équitable ne peuvent pas faire l’impasse de

leur examen de conscience verte. Et s’ils ne le font pas, d’autres,

dont les consommateurs avertis, le feront pour eux.

Pour y parvenir et lier la réflexion à l’action, plusieurs pistes s’ouvrent à eux.

© Alter Eco

BELGIQUE - T O HI , D U C H O C O L AT P U R (F )A I R ? Le chocolat Tohi est bio, et labellisé commerce équitable. Mieux, sa société productrice

(qui ne fait pas que de l’équitable et du bio), Dolfin, se présente comme « la première

chocolaterie en Belgique neutre en CO2 ».

Comment y est-elle parvenue ? Dans un premier temps, elle a demandé à l’entreprise

CO2logic de réaliser un Bilan Carbone®, audit des émissions CO2 provenant de ses

activités directes.

Une fois le résultat connu, le chocolatier s’est donné comme objectif de réduire ses

émissions de 15%. Une charte sociale et environnementale a donc été établie. Elle contient

déjà les éléments suivants : l’utilisation d’ingrédients exclusivement naturels et l'emploi

d'emballages carton sont issus de forêts bien gérées. Les déchets sont soigneusement

triés. La chocolaterie collabore avec un atelier protégé pour la plupart de ses travaux

logistiques. Petit à petit, le parc automobile est renouvelé par des voitures plus

écologiques. Dolfin est par ailleurs passé à l’électricité verte et un système de minuterie

automatique a été installé pour une meilleure gestion de la lumière et du chauffage. La

température des locaux est réduite de 1°C, ce qui provoque une diminution de +/-7% des

émissions. Enfin, l’éclairage est remplacé par des ampoules à faible consommation

d’énergie.

Afin de compenser ses émissions restantes de CO2, la société participe à un projet au

Rajasthan en Inde. Il consiste à réutiliser les déchets agricoles des fermiers locaux afin de

produire de l’électricité verte. Ce projet a été validé par les Nations Unies et par le groupe

SGS (Société Générale de Surveillance)*.

http://www.tohi.be/Fr/home2.php

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FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT Première tension : le transport du produit

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5. DES SOLUTIONS POUR LES DÉPLACEMENTS ÉQUITABLES ?

Pour appréhender la réduction de pollution de la fabrication d’un produit, une approche holistique

est préférable. Sur base des études actuelles d’ACV* ou d’écobilan, l’action écologique la plus

efficace du commerce équitable semblerait de travailler sur le réseau de distribution (magasins et

transport) au Nord. Cependant, la pression sociale et publique obligera sans doute le secteur à

réfléchir et répondre en priorité à la question des déplacements de ses productions du Sud vers le

Nord.

A ce niveau, chaque organisation peut réfléchir à réduire l’impact de son action de deux manières :

réduire la pollution par kilomètre et réduire les kilomètres. Les deux démarches peuvent s’inscrire

au Nord comme au Sud.

5.1 RÉ DUIRE LA POLLUTION /KM

Pour les trajets Sud-Nord, l’avion est évidemment à proscrire.

La certification ECOCERT a intégré la dimension du transport en décourageant l’usage du fret

aérien. Il demande à l’opérateur d’étudier « toutes les alternatives terrestres ou maritimes

réalistes ». Si malgré tout l’avion restait le moyen de transport choisi par l’opérateur, celui-ci doit le

justifier14

.

Mais le choix du bateau aura des conséquences sur l’organisation des stocks. Ainsi, l’entreprise

« Peau Ethique » qui importe des vêtements en coton bio estime que le temps « perdu » pour ses

frets en bateau (plutôt qu’en avion) est en moyenne de 45 jours pour des produits venant du Laos,

Inde ou Pérou15

. Cette durée implique inévitablement une meilleure prévision des commandes.

Elle peut aussi constituer un allié précieux pour lutter contre les effets de mode et pour amortir les

pressions du marché.

14 Critères relatifs au transport (ESR-T-32) dans « critères du référentiel « Echanges équitables, solidaires, responsables » », version du 29 octobre 2007 15

« Commerce équitable et environnement, une alliance pour un développement durable », Plate-Forme pour le Commerce Equitable, Paris, 2009

BELGIQUE - T O U T L 'OR D U MO N D E E N VE L O

Situé au centre de Bruxelles, « Tout l’Or du Monde » se présente à la fois comme une

épicerie et un café équitable. Ce magasin vend des produits équitables ou bio, issus

d'Amérique du Sud, d'Asie, d'Afrique et des Caraïbes, mais aussi des productions locales en

provenance de Belgique ou d'autres pays européens.

Le lieu est géré de manière écologiquement responsable : ampoules basse consommation

partout, produits de nettoyage bio-dégradables, papier et matériel du bureau recyclables, tri

des déchets...

Par ailleurs, « Tout l’Or du Monde » met en place un système de livraison de produits en vélo

avec la nouvelle organisation Dioxyde de Gambettes.

(www.dioxyde-de-gambettes.com)

www.toutlordumonde.be

Page 15: Le commerce équitable, un commerce durable ?

FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT Première tension : le transport du produit

15

BELGIQUE - M I S E A U VE R T D ES « W E R E L DW I NK E LS »

En 2005, Oxfam-Wereldwinkels a réalisé son écobilan et sur base de cette évaluation de son

empreinte écologique, a décidé de mettre sur pied un plan d’action concret basé sur quatre

domaines : la production de produits, le siège national, les 205 magasins, et le flux des

marchandises.

Ce plan durable d’Oxfam-Wereldwinkels présente des objectifs ambitieux. A savoir pour

2010, réduction de 50% pour les émissions CO2 et de 20% pour impacts négatifs sur

l’environnement.

Au niveau des produits, une analyse complète des chaînes de production du café, chocolat,

vin et jus de fruit est en cours. La priorité sera donnée aux productions de masse pour

réduire les coûts environnementaux. Pour 2010, les émissions de CO2 des partenaires du

Sud avec les WW devra avoir chuté de 40%.

Concernant le siège national, Oxfam-Wereldwinkels est installé dans un bâtiment

écologique, construit avec des matériaux respectueux de l’environnement, avec des

économies d’énergie et de la gestion de déchets (notamment au niveau de l’eau). En 2010,

80% des émissions de gaz à effets de serre auront été supprimés et les employés

consommeront un quart de matériel et d’énergie en moins. Pour y parvenir, des systèmes

économes en énergie, mais également la promotion de l’éco efficience et d’une attitude

écologique quotidienne seront promus.

Concernant les 205 magasins, une soixantaine a opté pour l’électricité verte. Concernant

enfin le dernier défi, à savoir le transport des marchandises, aucun engagement n’est

avancé par Oxfam-Wereldwinkels.

Ultime solution : opter pour une compensation volontaire* des gaz à effets de serre émis lors de la

production d’un produit ou d’un déplacement. Cette option est à considérer en dernier ressort,

lorsque des efforts ont déjà été effectués pour réduire les émissions au minimum.

Si la compensation rappelle avec à propos que la pollution a un coût, elle pourrait aussi devenir, si

les organisations n’y prennent garde, une conscience verte à peu de frais. Pire, la compensation

pourrait provoquer un « effet rebond » de l’organisation, à savoir l'annulation du bénéfice

écologique par la surconsommation du bien compensé.

5.2. RÉ DUIRE LES KILOMÈ TRES

Au Nord, pour le consommateur, le plus simple et efficace est de privilégier des produits locaux.

Toujours au Nord pour les fabricants de l’équitable, il s’agit d’optimiser les déplacements, les

chargements de véhicules et leurs fréquences afin de minimiser les kilomètres parcourus.

Au Sud et de manière plus globale, en ne se centrant pas sur les seuls déplacements, le standard

FairForLife développe une approche particulière sur la gestion de l’énergie et le changement

climatique. FairForLife, comme pour ses autres critères sociaux et environnementaux, prône avant

tout une connaissance et évaluation des consommations en électricité et carburants. Ensuite, il

liste en trois ans les efforts à mener pour réduire ces consommations et favoriser les énergies

renouvelables* 16

.

16

IMO Social & Fairtrade certification programme, version February 2008, Bio Foundation, Switzerland

Page 16: Le commerce équitable, un commerce durable ?

FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT Deuxième tension : la production agricole et son impact sur l’environnement

16

DDEEUUXXIIEEMMEE TTEENNSSIIOONN ::

LLAA PPRROODDUUCCTTIIOONN AAGGRRIICCOOLLEE EETT SSOONN IIMMPPAACCTT SSUURR

LL ’’EENNVVIIRROONNNNEEMMEENNTT

C’est paradoxal mais le métier le plus proche de la terre, agriculteur, représente souvent une menace pour les sols.

Suite à de mauvaises gestions culturales, à la mécanisation à outrance, à la sur-utilisation de

pesticides, voire d’OGM, l’agriculture met une pression considérable sur les ressources naturelles et plus globalement la biodiversité. Le défi de l’agriculture de demain sera de nourrir à la fois l’Homme et la Terre. Le commerce équitable réussira-t-il la gageure? Pour certains, il y est déjà parvenu. Et d’avancer

que 50% des produits alimentaires sont issus de l’agriculture biologique* (certifiée ou non), que les

OGM sont bannis, que l’agroforesterie est souvent pratiquée et l’artisanat est réalisé à partir de produits

recyclés. Le commerce équitable serait 35 ans de succès et de respect de l’environnement

17. Le constat semble forcé.

D’abord, un paysan acculé par la faim ou les dettes, tentera logiquement de rentabiliser au maximum sa terre, avec produits chimiques s’il le faut. Qu’il soit ou non dans le réseau équitable. Ensuite, rien ne prouve qu’en 1970, en pleine révolution verte*

18 (avec usage irraisonné de

pesticides et une perte importante de biodiversité), le commerce équitable ait développé des pratiques respectueuses de l’environnement. Ce n’était ni dans le contrat « équitable », ni dans l’air du temps. Il est cependant indéniable qu’en bâtissant le commerce équitable sur l’agriculture paysanne*, les pratiques agricoles auront été plus diversifiées (agriculture vivrière entre autres, pas de monoculture à large échelle), et moins polluantes (moins ou pas d’impact sur les écosystèmes environnants). Une agriculture raisonnée* avant la lettre.

L’ AG R I C U L T U R E R AI S O N N É E E N Q UE L Q U ES M O TS E T Q U E L Q UE S F LÈ C H E S

Sources : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Agriculture_raisonn%C3%A9e.svg

17

« Le commerce équitable résistera-t-il à la menace carbone ? », Stéphane Le Borgne, Président de la fédération Artisans du Monde, http://artisansdumonde.over-blog.com/pages/Le_commerce_equitable_resisteratil_a_la_menace_carbone_-1381879.html 18

« Révolution verte » sur Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_verte#La_biodiversit.C3.A9

© Simon Rawles 2006, Fairtrade Foundation

Page 17: Le commerce équitable, un commerce durable ?

FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT Deuxième tension : la production agricole et son impact sur l’environnement

17

1. MÉCANISATION Au départ, le commerce équitable, tourné vers l’agriculteur marginalisé du Sud, a favorisé un modèle agricole familial, où l’exploitation des champs se déroule à « dimension humaine », à force de bêtes de somme ou d’huile de bras. La difficulté de ce travail mériterait une mécanisation. Cependant, au niveau environnemental, l’impact de la production en termes de pollution est moindre. Très loin des gigantesques exploitations agricoles américaines ou européennes ultramécanisées. Ce constat n’est pas négligeable : dans le cadre d’une étude du cycle de vie* de diverses pommes néo-zélandaises (non exportées), les chercheurs concluent que « la majorité des impacts est due aux émissions liées à l’énergie », notamment celle résultant de la mécanisation de la récolte. Les opérations dans les champs contribuent à plus de 60% de la consommation d’énergie, principalement au moment de la cueillette, loin devant l’utilisation des machines, des engrais, des pesticides et des herbicides. Dans son contrôle de performance environnemental des pratiques agricoles d’une coopérative de taille importante, le standard FairforLife porte aussi l’attention sur la pollution due à la mécanisation des récoltes. Les coopératives doivent ainsi tendre vers une consommation minimale de carburant. Les énergies renouvelables*, le biogaz* et le biodiesel* sont encouragés, ainsi que la rationalisation des déplacements des tracteurs et camions lors des opérations de récolte

19.

Tout en prenant en compte la mécanisation de la récolte, il ne faut cependant pas minimiser l’impact des engrais et pesticides sur la production agricole. L’étude sur les pommes néo-zélandaises observe que « pour certains champs, le premier contributeur au pouvoir de réchauffement climatique n’est pas la mécanisation et donc la consommation d’énergie, mais les engrais »

20.

2. B IO, PESTICIDES ET OGM

Dans l’extrême majorité des produits équitables issus de l’agriculture, une attention est portée sur l’utilisation des engrais et des pesticides lors de productions agricoles. Les intrants chimiques sont notamment réglementés par les divers labels et certifications du commerce équitable.

19

IMO Social & Fairtrade certification programme, version February 2008, Bio Foundation, Switzerland 20

http://www.symphonyplastics.fr/article%20presse/pesticides%20en%20agriculture.pdf

BELGIQUE -

DU C A F É Q U I R EP L A N TE

Le groupe Miko est actif dans le service café et dans les emballages plastiques. Il a

développé une marque de café, baptisée Puro Fairtrade Coffee. Labellisé ‘Max Havelaar', ce

café finance par sa vente le World Land Trust.

Cette organisation achète des parcelles de forêt tropicale en Equateur afin de les protéger

durablement. Outre la gestion durable et la conservation des parties menacées de la forêt

équatoriale, le WLT estime vital de pouvoir améliorer les conditions de vie des populations

locales, sans altérer leurs sources naturelles.

Puro a déjà acheté 940 hectares de forêt tropicale en Equateur, soit une superficie égale à

plus de 1875 terrains de football.

http://www.purocoffee.com/francais/index.html

http://www.worldlandtrust.org/

Page 18: Le commerce équitable, un commerce durable ?

FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT Deuxième tension : la production agricole et son impact sur l’environnement

18

© Alter Eco

BELGIQUE - DE S V ÊT E ME N TS C HI C S E T P R O P RE S ; ET H I C W E A R Ethic Wear est une société qui utilise des matériaux écologiques et naturels : coton bio (100%

du coton utilisé est certifié produit en agriculture biologique*), chanvre, lin, recyclage... plutôt

que des matières synthétiques issus du pétrole (polyester, nylon...) ou artificiels (viscose,

bambou, soja...). Par ailleurs, les teintures et autres procédés sont sans métaux lourds et

sans composés azoïques.

Le plus connu et répandu d’entre eux, FLO*-Max Havelaar, demande aux agriculteurs de « ne pas utiliser une liste de produits chimiques,

dont les pesticides qui appartiennent à la classe 1 a+b de l’OMS, les pesticides portés sur la liste des « douze salopards* » du

réseau d’action pesticides et les pesticides qui figurent sur la liste de la procédure de consentement informé préalable de la FAO/PNUE ainsi que les mises à jour de ces listes. » Ces interdictions sont au minimum reprises par les autres certificats et labels de commerce équitable. Par rapport aux OGM, le commerce équitable les proscrit. Pour FLO-Max Havelaar, les producteurs sont tenus « de ne pas utiliser, intentionnellement, des produits qui contiennent des organismes génétiquement modifiés

(OGM)» 21

. La position de FLO-Max Havelaar sur les organismes génétiquement modifiées, bien que ferme dans

les principes, était apparue ambiguë quand en 2005, pour développer le coton équitable, Max Havelaar avait développé un

partenariat avec la société Dagris, la plus importante société cotonnière française en Afrique de l’Ouest et soutien de la recherche

pour le développement du coton OGM en Afrique.22

FLO-Max Havelaar ne développe pas outre mesure ses critères environnementaux, mais propose des critères de progression en gestion environnementale. Dans les critères spécifiques en fonction des produits, et à l’exception de la production de fleurs

23, le chapitre « développement

environnemental » se résume dans tous les cas à une phrase : « Il n'y a pas de standards environnementaux spécifiques supplémentaires pour le produit étudié ». « La politique du label est d’avant tout se concentrer sur son métier premier, une approche de développement économique et sociale. Il est difficile de sensibiliser des populations à l’environnement lorsqu’elles sont dans une situation d’extrême pauvreté » explique Louise Luttikolt, responsable du département Stratégie de FLO. Plutôt que d’analyser ses émissions de GES, FLO entend donner la priorité à l’empowerment* des producteurs, leur permettant de rendre les pratiques culturales moins vulnérables aux changements climatiques, de développer un système plus résilient.

21

Fair Trade, « Document explicatif sur la norme Fairtrade appliquée aux organisations de petits agriculteurs », mars 2006 22

Lire « Max Havelaar dérape sur le coton OGM », l’Humanité, 29 avril 2005 23

Si le traitement des fleurs en post-récolte passe par l’usage de produits chimiques, ceux-ci doivent être minimisés, utilisés en cas de nécessité (à prouver par l’entreprise) et dans des conditions de sécurité avancées. Un plan pour trouver les substances et/ou techniques les moins nocives doit être mis sur pied. Si une alternative est trouvée, elle doit être immédiatement appliquée. Par ailleurs, la compagnie doit protéger l’environnement et les habitants des environs contre les effets nocifs de la production

Page 19: Le commerce équitable, un commerce durable ?

FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT Deuxième tension : la production agricole et son impact sur l’environnement

19

BELGIQUE - SA T Y A « P U RE E L EM E NT S », DE S T E I N T U R ES VÉ G É TA L ES

Les vêtements SATYA, filière bio et équitable depuis le fil jusqu’au vêtement fini, veillent à

préserver l’environnement à différents niveaux de production. L’usine de teinture des

mailles (jersey et autres) Satya est certifiée Skal*, une fondation hollandaise qui inspecte

et certifie le caractère biologique de produits finis. Outre les eaux usées qui sont épurées

puis recyclées dans le circuit de teinture, cette usine utilise le procédé de teinture « AZO-

free », à savoir un procédé industriel sans utilisation de métaux lourds dans les colorants.

D’autre part, la teinture végétale pour le fil avant le tissage s’est imposé à la démarche de

Satya depuis ses débuts. Son processus est maîtrisé par le partenaire indien de

l’entreprise, basé dans le Tamil Nadu. Ce processus utilise des bains de teintures à base

de plantes.

Par ailleurs, les producteurs seraient déjà proches d’un modèle biologique par leurs pratiques. Johan Declercq de Max-Havelaar Belgique est sur le terrain depuis 18 ans. Selon lui, les producteurs ‘équitables’ ne doivent plus réaliser qu’un très léger effort pour obtenir un label écologique comme celui de la Rainforest Alliance* par exemple. Ecocert, un certificat plus poussé en termes environnementaux, ajoute une clause pour le cas du coton. « Dans le cas particulier de la production ou de transformation du coton, la mise en conversion vers la culture biologique est exigée dès la seconde année, du fait de l’impact environnemental et social particulièrement négatif de cette culture en conventionnel »

24. La même exigence bio est

également posée pour les bananes et les fleurs. Le fait est assez rare. Hormis ce cas, l’agriculture biologique n’est jamais imposée par un label équitable. Si 50 des 170 produits alimentaires distribués par Oxfam-Magasins du monde sont labellisés bio, les exigences d’Oxfam-Magasins du monde au niveau environnemental pour développer un partenariat (tant pour l’alimentaire que l’artisanat) sont minimales. Elles se limitent à demander à l’organisation « d’appliquer la législation nationale et internationale en ce qui concerne l'emploi et l'usage de pesticides, la protection des cours d'eaux naturels, la forêt vierge et les autres écosystèmes à haute valeur écologique, la lutte contre l'érosion et la gestion des déchets »

25. Bref,

à respecter la loi en vigueur. Une des raisons invoquées pour expliquer cette faible exigence est la nécessité d’adopter une approche progressive dans l’évolution des pratiques culturales des paysans, de respecter un rythme raisonnable d’amélioration des cultures. « Autrement dit, Oxfam-Magasins du monde n’exige pas que ses partenaires de commerce équitable atteignent du jour au lendemain un haut niveau dans le domaine environnemental. Par contre, les initiatives des partenaires du Sud pour la préservation de l’environnement sont évaluées positivement, de manière à encourager les efforts allant dans le sens d’un développement durable »

26.

Que ce soit par son histoire, par opportunité économique ou par convictions, il n’en reste pas moins que le commerce équitable épouse très régulièrement les valeurs et de plus en plus souvent le label de l’agriculture biologique

27.

24

Critère du référentiel « Echanges Equitables, solidaires, responsables », version du 239 octobre 2007 25

« Collaboration avec nos partenaires, une approche renouvelée », OXFAM-Wereldwinkels et « Les partenariats Made in dignity d’Oxfam-Magasins du monde », document approuvé par l’Assemblée générale du 20 mai 2006. 26

« Commerce équitable et environnement : une relation durable », étude de François Graas publiée le 18 Mars 2009 sur le site des Magasins du Monde-Oxfam 27

Même si les obstacles administratifs sont nombreux et laborieux pour l’obtention d’un tel label.

Page 20: Le commerce équitable, un commerce durable ?

FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT Deuxième tension : la production agricole et son impact sur l’environnement

20

Gestion des ressources

Législations et politiques

Codes de conduite volontaires

Certification

3 RESSOURCES NATURELLES ET BIODIVERSITE L’absence de production industrielle de masse dans le commerce équitable rend moindre le risque de destruction ou d’épuisement de ressources naturelles. On imagine mal l’Amazonie ou la forêt congolaise disparaître suite à la production de jouets en bois équitables. Pourtant, tout type de production, agricole, artisanale ou autre peut mettre une pression importante sur les ressources aquatiques, forestières et/ou génétiques des écosystèmes exploités. Même à taille réduite, un maillon spécifique d’une chaîne alimentaire ou un écosystème local remarquable peut disparaître par l’action humaine. Une des manières de préserver l’environnement est de refuser, comme le référentiel ESR d’ECORCERT « les produits toxiques ou dangereux par leur nature, produits de l’industrie ou de l’extraction minière, produits contribuant au pillage des ressources naturelles ou à l’appauvrissement de la biodiversité »

28.

Par ailleurs, ce référentiel met en place un suivi d’impact environnemental qui comporte des mesures concrètes et un échéancier. Au niveau de la biodiversité, il couvre tous les aspects de la production, de la récolte agricole aux modes de cueillettes. La cueillette concerne notamment les plantes médicinales traditionnelles. Selon l’OMS, la majorité de la population mondiale, particulièrement dans les pays en développement, dépendent de la médecine traditionnelle qui se base sur les plantes aromatiques et médicinales (PAM). Entre 50000 et 70000 espèces sont reconnues comme d’usage dans la médecine traditionnelle et moderne

29. Cependant, suite à l’exploitation de plus en plus importante des écosystèmes

forestiers, 150 000 espèces sont menacées d’extinction. Une large majorité d’entre elles sont toujours cueillies à l’état sauvage. Aussi et afin d’encourager des pratiques de cueillettes soutenables, le « FairWild* », a récemment été mis sur pied par l’IMO* (Institute for Marketecology). Ce standard (se reposant entre autre sur l’ISSC-MAP*

30) représente une norme

internationale couplant à la fois les exigences du commerce équitable avec les principes de durabilité

31.

28

Critères d’éligibilité des filières, http://www.ecocert.com/Criteres-d-eligibilite-des.html 29

International Standard for Sustainable Wild Collection of Medicinal and Aromatic Plants (ISSC-MAP), Version 1.0, 2007 30

Pour “International Standard for Sustainable Wild Collection of Medecinal and Aromatic Plants” 31

« Une norme internationale relative à la collecte sauvage soutenable de plantes médicinales et aromatiques (ISSC-MAP) », http://www.floraweb.de/map-pro/flyer_french.pdf

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Page 21: Le commerce équitable, un commerce durable ?

FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT Deuxième tension : la production agricole et son impact sur l’environnement

21

Pour l’exploitation du bois, FLO interdit toute nouvelle plantation dans des zones de forêts vierges, ESR interdit l’exploitation des forêts primaires et encourage le bois de plantation. « A défaut, un label FGP, FSC*, RFA ou PEFC est requis. » Le milieu halieutique n’est pas oublié : les filières pêche doivent aussi montrer nageoire blanche avec soit le label MSC, soit une politique locale de pêche durable offrant des garanties équivalentes. Toujours concernant l’or bleu, une attention est portée sur la gestion de l’eau respectueuse de l’environnement et adaptée aux conditions locales. La certification « Fairforlife* », en plus de se baser sur les standards FLO-MAX HAVELAAR ou équivalant, prône un usage rationnel et économe de l’eau, avec notamment des techniques d’irrigation qui évitent le gaspillage. Le traitement des eaux doit également être pris en compte avec comme exigence minimale le fait que les eaux usées ne portent pas préjudice à l’environnement et/ou la population. Autre exigence : toute eau contaminée diffusée dans la nature doit avoir des caractéristiques physiques et biochimiques qui ne dégradent pas l’écosystème. Par ailleurs, « Fairforlife » développe une attention particulière à la préservation des écosystèmes et de la biodiversité. Parmi les quatre critères environnementaux développés par ce standard, l’un est consacré à la gestion des écosystèmes, autant pour les plantations que pour les manufactures. Le minimum requis par Fairforlife (critère M comme « must », une obligation), est d’avoir une connaissance adéquate de l’écosystème dans lequel évolue la plantation ou l’entreprise. Ce savoir doit porter également sur les habitats rares et les espèces en danger de la faune et la flore. En aucun cas, la production ne peut porter atteinte à ces derniers. Par ailleurs, l’entreprise ou la plantation ne doit pas s’engager dans la destruction ou la reconversion de ces écosystèmes (ou alors prendre des mesures de conservation compensatoires suffisantes). Ces interdictions, assez nombreuses alors que FairForLife s’inscrit plutôt dans une logique de progrès sur trois ans, sont également valables pour les écosystèmes aquatiques.

BELGIQUE -

DU MI E L ME XI C A I N , S E S U C R E R S U R L E D O S D E L A NA T U R E ?(1)

Miel Maya Honing est une ONG qui soutient plus de 500 apiculteurs et leurs familles au

Chiapas (Mexique). Cette association applique les principes du commerce équitable et les

producteurs sont agréés par Max Havelaar.

Miel Maya s’est interrogée sur l’impact environnemental de ses produits. Car consommer du

miel produit en Belgique est, bien sûr, ce qui présente le moins d’impact sur le climat. Mais

la production belge est loin de satisfaire la demande. En effet, la Belgique produit moins de

20 % de sa consommation de miel. Une importante partie du miel en grande surface provient

donc de l’étranger (Mexique, Argentine et Chine principalement).

Parmi ce choix de miels importés, les miels équitables et bio ont le plus faible impact

environnemental. En ce qui concerne le miel Maya, il est transporté en bateau d’un continent

à l’autre et l’utilisation de pesticides et d’antibiotiques est interdite. Certains producteurs sont

certifiés bio et d’autres sont en train de s’y convertir.

Enfin, Miel Maya Honing privilégie pour le déplacement de ses employés l’usage du bus et

du train dans la mesure du possible. Exemple : une responsable belge en visite de terrain a

pris le bus pour se rendre de Mexico à Campeche, au lieu de prendre l’avion. Cette décision

n’a pas été bien comprise par certains Mexicains. En effet, le voyage a duré 18h au lieu de

2h en avion.

Page 22: Le commerce équitable, un commerce durable ?
Page 23: Le commerce équitable, un commerce durable ?

FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT Troisième tension : les déchets de la production

23

TTRROOIISSIIEMMEE TTEENNSSIIOONN ::

LLEESS DDEECCHHEETTSS DDEE LLAA PPRROODDUUCCTTIIOONN L’émergence de la question du respect de l’environnement a entraîné dans son sillage la question de la production de déchets. Avec un constat : trop. Il y a trop de déchets au moment de la fabrication, et trop de déchets en fin de vie du produit. De plus, énormément de produits deviennent rapidement des déchets, sous l’effet de mode ou des fabrications trop fragiles. Avec pour ce dernier cas un chiffre effarant : 1% seulement des matières produites et transformées sont encore en usage dans les six mois qui suivent leur vente, en Amérique du Nord, soit un taux de déchet de 99%

32.

Pour lutter contre ces pollutions, le commerce équitable développe plusieurs réponses : des modes de fabrication générant le moins de déchets possibles, des produits et des emballages recyclables, des déchets valorisés.

1. MODES DE FABRICATION GÉ NÉRANT LE MOINS DE DÉ CHETS POSSIBLES

La question des déchets est présente à divers degrés dans les

certifications.

De manière très générale dans son « Requirements for the

Sustainable Fair Trade Management System » (SFTMS)33

, la WFTO*

évoque l’évaluation des pratiques des producteurs selon, entre autres,

des engagements environnementaux comme le stockage et la gestion

des déchets.

Dans la même lignée et en termes de contrôle, FLO-Max Havelaar

demande la « traçabilité par la documentation » de plusieurs

éléments, dont les déchets produits. Le label suggère aussi à ses

producteurs d’utiliser la prime Fairtrade à la « protection et

aménagement de l’environnement : plantation d’arbres, collecte des

ordures, recyclage des déchets »34

.

La certification ESR d’ECOCERT mentionne également la gestion des

déchets et insiste sur les « solutions de compostage et de

méthanisation (en cas de production de déchets fermentescibles) ».

Mais le meilleur déchet reste celui qui n’est pas produit. Le constat est connu et la philosophie est

épousée par FairforLife. Un des quatre critères environnementaux de ce standard est la « gestion

des déchets ». L’intégration de la gestion des déchets dans la politique de production vise à la

performance de compostage, de recyclage et de réduction des déchets. Pour ce dernier point,

FairforLife vise à créer des lieux de déchets performants, avec entre autres l’absence d’incinération

à l’air libre de matériaux nocifs à l’homme et/ou l’environnement (comme le plastique par

exemple)35

.

32

Le chiffre est repris du film « Natural Capitalism » par Paul Hawken, Amory et Hunter Lovins, cité par Emilie Delouvrier et Julien Dossier, « Croissance verte : vers un monde sans déchets ? », sur le site Rue 89, http://www.rue89.com/innovation/2009/06/28/croissance-verte-vers-un-monde-sans-dechets 33

“Managing and communicating Fair Trade and its independent certification”, second Draft of the SFTMS Standard Framework - © WFTO March 2009 34

Fair Trade, « Document explicatif sur la norme Fairtrade appliquée aux organisations de petits agriculteurs », mars 2006 35

IMO Social & Fairtrade certification programme, version February 2008, Bio Foundation, Switzerland

© Alter Eco

Page 24: Le commerce équitable, un commerce durable ?

FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT Troisième tension : les déchets de la production

24

BELGIQUE - DU M I E L ME XI C A I N , C ’ES T D U P R OP R E ? (2 )

Maya Fair Trade est attentif à développer des emballages respectueux de l’environnement.

Récemment, les trays (plateaux en carton revêtus d’un emballage plastique) ont été

remplacés par des boîtes en carton. Le nougat vient d’être décliné sous forme de barre, avec

un présentoir en carton qui sert également pour le transport. Des tests sont également en

cours pour remplacer les emballages plastiques des barres de nougat et des bonbons par un

emballage biodégradable.

Source : « Dossier Commerce Equitable et Environnement », Magazine Miel Maya septembre 2009

2. PRODUITS ET EMBALLAGES RECYCLABLES

La pollution générée par les emballages n’est pas anecdotique. La société française Alter Eco a

constaté, lors de son Bilan Carbone réalisé en 2005, que les emballages représentaient 37% de

ses émissions de CO2. Soit le poste le plus important, loin devant le transport des produits,

l’énergie utilisée par les coopératives, ou le déplacement des personnes (salariés et visiteurs)36

.

Près de la moitié (45%) des émissions de CO2 des emballages est causé par le verre (qui emballe

la gamme des jus d’Alter Eco). Aussi, la coopérative française envisage « l’intégration de

l’emballage en brick, quatre fois moins polluant que le verre » (selon une étude ACV menée par la

société Tetrapack).

Malgré cet impact environnemental important, l’ESR est la seule certification à citer explicitement

l’enjeu de l’emballage en son ‘critère ESR-P-38. Il proscrit le PVC, le polystyrène et les plastiques

dits « bio fragmentables ».

La certification cite ensuite des contraintes à appliquer dans les limites de possibilités techniques.

Parmi elles, l’utilisation de matériaux biodégradables, renouvelables et recyclés ou encore la

minimisation des emballages individuels dans les limites du possible.

3. DÉCHETS VALORISÉS

Tant au Nord qu’au Sud, les déchets sont devenus des éléments monnayables et valorisables.

Transformés ou non, ils peuvent redevenir matière première pour un deuxième (voire troisième)

cycle de production. En prolongeant l’usage du produit devenu déchet, cette nouvelle vie amortit

l’impact de la production initiale. Ainsi, de nombreux fabricants de vêtements équitables font appel

à des matériaux recyclés.

Des sacs en tétra pack37

aux verres recyclés38

en passant par les objets décoratifs en fil de fer,

l’artisanat équitable a sans doute été un des premiers commerces à comprendre la valeur des

déchets et à ostensiblement mettre en évidence leur récupération pour la création d’objets.

Le volet environnemental d’Oxfam-Magasins du monde a formalisé cette tendance en incluant

dans leurs critères début 2000 « un travail au niveau des matières premières et de l'emballage ; et

la limitation des impacts environnementaux au niveau de l'énergie et des pollutions et déchets »39

.

36

« Commerce équitable et environnement, une alliance pour un développement durable », Plate-Forme pour le Commerce Equitable, Paris, 2009 37

La fondation PREDA http://www.omdm.be/general/preda-quand-le-commerce-equitable-repond-a-lexploitation-des-enfant.html 38

http://metiss.be/Public/Page.php?ID=158 39

« Commerce équitable et environnement : une relation durable », étude de François Graas publiée le 18 Mars 2009 sur le site des Magasins du Monde-Oxfam

Page 25: Le commerce équitable, un commerce durable ?

FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT Troisième tension : les déchets de la production

25

DE C H E T S U R BA I N S PO U R O R A N G ES E Q U IT AB L ES - Dans l’Etat de São Paulo (Brésil), l’entreprise Coagrosol produit du jus d’orange. Près de

70% des volumes exportés par l’organisation sont commercialisés dans des conditions

équitables, et la production biologique n’y est pas négligeable.

Bien que bénéficiant d'une longue expérience pratique, Coagrosol est confronté à un

problème de taille : il est impossible, dans la région, de trouver des matières organiques en

suffisance pour produire le compost quasi indispensable à une culture biologique rentable.

De plus, les sols sont très pauvres et dégradés.

Pour palier ces obstacles à une production bio, Coagrosol va transformer les déchets

organiques agro-industriels en compost et utiliser les déchets organiques urbains pour

l'entretien des parcs et autres espaces verts.

Pour y parvenir, trois unités de compostage intercommunales de haute qualité, en

construction, collecteront les déchets urbains et industriels de la région. Cette initiative

permettra à la fois aux petits producteurs de disposer de matière organique peu coûteuse et

de réduire l'impact environnemental. Elle est soutenue par le Trade for Development Centre

de la CTB à hauteur de 35.000 euros.

MANGUES SÉCHÉES, DÉCHETS EN ENGRAIS -

Sur les étalages des Oxfam-Magasins du monde, les mangues séchées bio du Cercle des

Sécheurs (CDS) du Burkina Faso ont depuis longtemps trouvé leur place. La plupart des

quarante producteurs de mangues fraîches séchées par le CDS est certifiée bio (label

ECOCERT). Les quelques mangues fraîches non certifiées n’utilisent pas non plus d’intrants

chimiques.

Les mangues sont pratiquement toutes séchées sans le moindre additif chimique. Les

déchets de séchage (peau et noix de mangues) sont conservés dans des fosses isolées afin

de ne pas indisposer le voisinage. Ils sont conservés pour en fin de parcours être vendus

aux éleveurs qui les utilisent pour nourrir leurs bêtes. Ces déchets sont parfois aussi utilisés

comme engrais.

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FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT Pour en finir : environnement, le chaînon manquant d’une équité durable ?

26

PPOOUURR EENN FFIINNIIRR

EENNVVIIRROONNNNEEMMEENNTT,, LLEE CCHHAAîNNOONN MMAANNQQUUAANNTT

DD ’’UUNNEE EEQQUUIITTEE DDUURRAABBLLEE ??

Le commerce équitable est-il compatible avec un souci de l’environnement ?

A la lecture des trois tensions, plusieurs constats peuvent être avancés, dont deux paradoxes.

D’abord, le commerce équitable n’a pas encore suffisamment intégré les enjeux du développement

durable (le label FLO-Max Havelaar en est la preuve) et pourtant, il s’en sort mieux que le

commerce de masse, conventionnel, sur des questions liées à la qualité environnementale de la

production, voire sur l’impact de ses déplacements.

Ensuite, les principaux efforts liés à l’environnement se focalisent au Sud (agriculture bio ou

raisonnée, teinture végétale, etc.) tandis que de nombreux facteurs de pollution du commerce

équitable (surtout en termes de GES) se trouvent au Nord.

Les conclusions pourraient elles aussi être doubles.

Premièrement, le commerce équitable doit prendre en compte structurellement et de manière

holistique les enjeux de l’environnement. Si les acteurs du commerce équitable rappellent

justement que leur raison d’être est avant tout le soutien économique de petits producteurs, il n’en

est pas moins pertinent de travailler le pôle environnemental du fair trade.

Deuxièment, le commerce équitable ne doit pas craindre les approches évoquant l’internalisation

des coûts écologiques – le fameux « coût vérité ». Le défi environnemental représente en fait, pour

le commerce équitable une formidable opportunité : celle de devenir un produit encore plus

complet dans son respect des valeurs. L’écologie offre aux échanges Nord-Sud justes son Graal

manquant pour atteindre un réel « développement durable40

». De fait, le développement durable

est constitué de trois piliers : économique, social et environnemental. Les engagements du

commerce équitable sont à la pointe sur le social et l’économique. Si ce type de commerce

parvient à hausser son pilier environnemental au niveau des deux autres, s’il parvient à développer

une approche de « durabilité forte »41

, la qualité sociétale de ses produits sera remarquable.

Aussi, l’enseignement principal à retenir de cette brochure est peut-être simplement que le défi est

possible, que commerce équitable et environnement ne sont pas antinomiques. La distance

parcourue par des produits venus du Sud semblait définitivement condamner le commerce

équitable à gommer vaille que vaille ses pollutions, rédhibitoires, éternelles. Il n’en est rien. Il y a

bien pollution, et il faut la minimiser, en supprimant et compensant ce qui ne peut pas être éliminé.

A ce jour, et quoi qu’en disent ses acteurs, l’équitable n’a pas pris suffisamment le train de

l’engagement écologique, surtout au Nord. Il a repoussé les bonnes questions et les méthodes

d’évaluation. Mais rares sont les secteurs d’activités économiques qui ont pris la juste mesure du

défi environnemental et le commerce équitable a des atouts pour réduire son empreinte

écologique. Il a notamment une longueur d’avance sur ses concurrents du commerce traditionnel :

il « trace » ses produits, connaît la filière. Et ce savoir est la première étape pour agir de manière

intégrée sur l’impact environnemental du produit, sur son cycle de production, son cycle de vie.

41

Conception du développement durable, selon laquelle aucune des trois dimensions (ou capitaux) du développement durable (économique, environnemental, et social) ne doit diminuer.

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FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT Pour en finir : environnement, le chaînon manquant d’une équité durable ?

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Une des voies à emprunter sera peut-être la combinaison de différentes logiques comme la

relocalisation de l’économie, le commerce équitable, le développement durable. Un commerce

équitable Nord-Nord et Sud-Sud pourraient prendre encore plus d’ampleur et se développer dans

les prochaines années. Cette relocalisation n’est pas sans danger. La différence de législation

risquerait de développer un commerce au Sud avec peu de garde-fous (sur les peintures contenant

des métaux lourds par exemple, ou l’usage de pesticide comme le DDT, interdit en Europe).

Mais aujourd’hui et dans sa forme actuelle, condamner le commerce équitable parce qu’il ne

remplit que deux des priorités du développement durable sur trois serait injuste, tout comme il

serait inique de ne pas lui réclamer une attention de son empreinte écologique, au Sud mais

surtout au Nord.

En s’investissant dans le défi écologique, un danger guette cependant le commerce équitable.

Sous pression d’une opinion publique, de décideurs et d’acheteurs de plus en plus soucieux de

l’environnement, ce thème pourrait devenir le référent unique pour jauger de l’impact d’un produit

sur nos vies. Le volet de l’engagement social se retrouverait délaissé. L’idée qu’en se souciant des

conditions environnementales, le travailleur bénéficie forcément de meilleures conditions de vie. Le

raccourci est pernicieux. Il abaisse les exigences syndicales et salariales, il laisse le marché

reporter la pression sur les plus faibles. Il est important de ne pas galvauder le « métier » du

commerce équitable. Son but historique et ultime est de permettre aux maillons les plus faibles de

la chaine de production d’exister, il soutient les organisations de producteurs, les renforce dans ce

qui reste, qu’on le veuille ou non, une lutte de pauvres. Pour se prévaloir du développement

durable, le commerce équitable devra renforcer son pilier environnement tout en maintenant (et si

possible améliorant) l’économie et l’aspect social de la démarche.

Il est possible que cette prise en compte écologique transforme le commerce équitable. La

situation est suffisamment urgente pour que chacun remette ses engagements en question. Peut-

être certains produits n’y auront plus leur place. Peut-être certaines pratiques non plus. Peu

importe. L’environnement ne menace pas le commerce équitable. Il le réinvente.

Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Sch%C3%A9ma_du_d%C3%A9veloppement_durable.svg

Vivable

Durable

Viable

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FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT glossaire

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GGLLOOSSSSAAIIRREE

QQuuee llqquueess ccoonncceeppttss ee tt qquuee llqquueess ii nnss tt ii ttuu tt ii oonnss

Agriculture biologique/ Agriculture paysanne/ ACV/ Bilan Carbone ®/ Biodiesel/ Biodiversité/ Bioéthanol/ Biogaz/ Commerce équitable/ Compensation volontaire/ CTB (Coopération Technique Belge)/ Développement durable/ Douze salopards/ Écosystème/ Effet de serre/ Empreinte écologique/ (Source d’)énergies renouvelables/ EcoCert/ ESR/ FairforLife/ FairWild/ IOM/ IMO/ ISSC-Map/ FLO-Max Havelaar/ FSC/ GIEC/ Kilomètre alimentaire/ Rainforest/ Révolution verte/ Société Générale de Surveillance (SGS)/ Skal/ WFTO

AAggrriiccuullttuurree bbiioollooggiiqquuee

Système de production agricole spécifique qui exclut l'usage d’engrais et de pesticides de synthèse, et d'organismes génétiquement modifiés. Ce système gère de façon globale la production en favorisant l’agrosystème mais aussi la biodiversité, les activités biologiques des sols et les cycles biologiques. Source : Wikipedia

AAggrriiccuullttuurree ppaayyssaannnnee

Agriculture inscrite dans les critères de durabilité, de respect de l'environnement et de conservation du tissu social. C'est une vision qui affirme que l'agriculture n'a pas qu'un rôle de production de denrées alimentaires, mais a aussi un rôle social, environnemental et de maintien de la qualité des produits. Source : Wikipedia

AACCVV -- ccyyccllee ddee vviiee

Approches multi-critères (consommation de matières et d’énergies, émissions dans l’air et dans l’eau, déchets), prenant en compte l’ensemble des étapes du cycle de vie des produits, de leur fabrication à leur élimination finale en passant par leur phase d’utilisation. L’ACV permet de quantifier les impacts d’un « produit » (qu’il s’agisse d’un bien, d’un service voire d’un procédé), depuis l’extraction des matières premières qui le composent jusqu’à son élimination en fin de vie, en passant par les phases de distribution et d’utilisation, soit « du berceau à la tombe ». Source : ADEME, http://www2.ademe.fr/servlet/getBin?name=CC14518E88C0E1A15DA50E5C0602DF171115650388946.pdf

BBiillaann CCaarrbboonnee ®®

Outil de comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre développé par l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME, France). Son objet est de permettre, à partir de données facilement disponibles, une évaluation des émissions directes ou induites par une activité (économique ou non) ou un territoire. Source : Wikipedia

BBiiooddiieesseell ((oouu eesstteerr mméétthhyylliiqquuee dd’’hhuuiillee vvééggééttaallee))

Biocarburant pour moteur diesel issu d’une réaction chimique de transformation d'huile végétale en ester méthylique. Source : Groupe One - InfoDurable

BBiiooddiivveerrssiittéé

Diversité des êtres vivants qui peuplent la planète. Lors de la Conférence de Rio en 1992, la Convention sur la Diversité biologique fut signée. Elle vise à protéger la faune et la flore sauvages ainsi que leurs habitats naturels, mais aussi le monde vivant, à l'exclusion de l'humain. Source : Groupe One - InfoDurable

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FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT glossaire

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BBiiooéétthhaannooll

Biocarburant pour moteur à essence (et dans certains cas particuliers pour moteur diesel) produit par fermentation de sucre issu de cultures amylacées ou sucrées. Source : Groupe One - InfoDurable

BBiiooggaazz

Gaz produits à partir de la biomasse, soit un ensemble des matières organiques d’origine végétale ou animale permettant la production d’énergie. En Belgique, la biomasse peut provenir de plantes et de cultures variées : bois, maïs, sorgho, colza, betterave, etc. Elle peut également résulter de déchets industriels, agricoles ou ménagers solides (paille, copeaux, bûches), liquides (eaux usées, déjections animales), ou gazeux (biogaz de décharge). Source : Groupe One – InfoDurable

CCoommmmeerrccee ééqquuiittaabbllee

Partenariat commercial, fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Le commerce équitable contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au Sud. Les organisations du commerce équitable (soutenues par les consommateurs) s’engagent activement à soutenir les producteurs, à sensibiliser l’opinion et à mener campagne en faveur de changements dans les règles et pratiques du commerce international conventionnel. Source : FINE et Trade for Development Centre – Samuel Poos 2009

CCoommppeennssaattiioonn vvoolloonnttaaiirree

Mécanisme de financement par lequel une entité (administration, entreprise, particulier) substitue, de manière partielle ou totale, une réduction à la source de ses propres émissions de gaz à effets de serre une quantité équivalente de « crédits carbone ». La compensation consiste à mesurer les émissions de gaz à effet de serre générées par une activité puis à financer un projet de réduction des émissions de gaz à effet de serre ou de séquestration du carbone. Ce projet permettra de réduire, dans un autre lieu, un même volume de gaz à effet de serre. Le principe sous-jacent étant qu’une quantité donnée de CO2émise dans un endroit peut être « compensée » par la réduction ou la séquestration d’une quantité équivalente de CO2 en un autre lieu. La compensation volontaire s’inscrit dans une logique de neutralité carbone : elle doit toujours accompagner ou suivre la mise en œuvre de solutions énergétiques alternatives ou d’efforts de réduction des émissions. Source : ADEME, http://www.compensationco2.fr/servlet/KBaseShow?sort=-1&cid=21238&m=3&catid=21248

CCTTBB ((CCooooppéérraattiioonn TTeecchhnniiqquuee BBeellggee))

La CTB est l’agence belge de coopération au développement. Elle soutient, pour le gouvernement belge, les pays en développement dans leur lutte contre la pauvreté. Outre cette mission de service public, la CTB exécute également des prestations pour le compte d’autres organisations nationales et internationales contribuant à un développement humain durable. Pour soutenir le commerce équitable, la CTB lançait, en 2005, un programme de promotion générique du commerce équitable, dénommé « Fair Trade Centre ». Ce centre a depuis lors changé de dénomination pour s’appeler le Trade for Development Centre et s’occuper également de commerce durable et d’aide au commerce dans les pays en développement.

DDéévveellooppppeemmeenntt dduurraabbllee

Développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs (selon la Commission Brundtland) Source : Groupe One - InfoDurable

DDoouuzzee ssaallooppaarrddss ((lleess PPoolllluuaannttss OOrrggaanniiqquueess PPeerrssiissttaannttss))

Polluants Organiques Persistants, dans les textes officiels. Mais en coulisses, les experts préfèrent les appeler les « douze salopards ». Et pour cause, les POP sont de dangereux prédateurs pour l’homme. Où qu’il soit. Les Polluants Organiques Persistants regroupent douze produits chimiques ayant quatre points communs : ils sont très toxiques pour l’homme et l’environnement, ils restent intacts dans l’environnement pendant des années, ils s’accumulent dans les tissus adipeux des organismes vivants et enfin, ils se propagent par l’air et

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l’eau sur de longues distances. Ces caractéristiques donnent une dimension réellement planétaire à la lutte contre ces produits. Source : Groupe One – InfoDurable (article)

ÉÉccoossyyssttèèmmee

Unité écologique de base formée par le milieu (=biotope) et les organismes végétaux, animaux et bactériens (=biocénose). Source : Groupe One - InfoDurable

EEffffeett ddee sseerrrree

Le rayonnement solaire traverse l’atmosphère et réchauffe notre planète. La Terre renvoie l’énergie sous forme de rayons infrarouges porteurs de chaleur. Une infime proportion de ces radiations s’échappe dans l’espace. La majeure partie est retenue par les gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane, vapeur d’eau…) qui piègent le rayonnement infrarouge comme les vitres d’une serre. D’où un réchauffement de l’atmosphère. Plus il y a de CO2, plus la température sur la Terre augmente. Source : Groupe One - InfoDurable

EEmmpprreeiinnttee ééccoollooggiiqquuee

L’impact sur l’environnement d’une personne, d’une ville ou d’un pays, exprimé en surface de terre fertile nécessaire pour produire et traiter les biens de consommation et les déchets. Source : Groupe One - InfoDurable

((SSoouurrccee dd’’))éénneerrggiieess rreennoouuvveellaabblleess

Toute source d’énergie, autre que les combustibles fossiles et la fission nucléaire, dont la consommation ne limite pas son utilisation future. Selon la définition adoptée au Parlement européen en 2001, il s’agit de l’énergie éolienne, solaire, géothermique, houlomotrice, marémotrice et hydroélectrique, de la biomasse, des gaz de décharge, des gaz des stations d’épuration d’eaux usées et du biogaz. Source : Groupe One - InfoDurable

EEccooCCeerrtt

Organisme français de certification biologique internationale. Cette entreprise a été fondée en 1991 sur des valeurs éthiques fortes, héritées du mouvement associatif agrobiologique des années 1970. Son métier consiste à donner une garantie sur le respect rigoureux de cahiers des charges publics ou privés, applicables à des produits, des systèmes ou des services. Référence de la certification bio dans le monde, Ecocert est l’organisme de contrôle et de certification AB, intervient dans plus de 80 pays. Source : Trade for Development Centre – Samuel Poos 2009

EESSRR ((EEqquuiittaabblleess SSoolliiddaaiirreess RReessppoonnssaabblleess))

Référentiel privé d’EOCERT déclinant en critères objectifs une conception haute du commerce équitable. ESR (échanges Equitables, Solidaires, Responsables) s'applique aux filières agroalimentaires, aux cosmétiques, aux textiles. Ce cahier des charges a été élaboré en concertation avec un groupe de professionnels du secteur (producteurs, importateurs, distributeurs, associations de consommateurs). Il prévoit des prix minima garantis, et impose des bonnes pratiques agricoles strictes (par exemple, une certification bio est exigée pour les bananes, le coton et les fleurs). Source : Trade for Development Centre – Samuel Poos 2009

FFaaiirrffoorrLLiiffee

Programme de certification pour le commerce équitable et la responsabilité sociale, que ce soit au niveau d'activités de production agricole, de transformation ou de commercialisation. Développé par la Bio-Foundation suisse pour IMO (Institute for Marketecology), « FairforLife » combine les normes sociales et de commerce équitable avec les conditions locales. Elle garantit le respect de droits de l’homme à chaque étape de production, des conditions de travail correctes et justes pour les travailleurs et une rétribution équitable pour les petits agriculteurs. Source : IMO et Trade for Development Centre – Samuel Poos 2009

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FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT glossaire

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FFaaiirrWWiilldd

Certification qui contrôle les relations équitables entre les enterprises de cueilette et les collecteurs. A nouveau mis sur pied par l’IMO, FairWild vise a améliorer les conditions de vie des communautés de cueilleurs. Elle combine des principes de commerce équitable (FLO-MAX HAVELAAR), de conditions de travail (ILO) et de durabilité (ISSC-Map) Source : http://www.fairwild.org/

IIOOMM ((IInntteerrnnaattiioonnaall OOrrggaanniizzaattiioonn ffoorr MMiiggrraattiioonn))

L’Organisation internationale pour les migrations est une organisation intergouvernementale présente sur chaque continent Elle promeut une politique à visage humain vis-à-vis des mouvement de population à travers les frontières, les aidant dans divers domaines : assurance-santé, retour forcé, trafic d’êtres humains, etc. Possédant bureaux et opérations sur chaque continent, l’IOM aide les gouvernements ainsi que les sociétés civiles à répondre aux problèmes liés aux migrations. Source: http://www.iom.int

IIMMOO ((IInnssttiittuuttee ooff MMaarrkkeetteeccoollooggyy))

Agence internationale d’inspection, certification et d’assurance qualité de produits respectueux de l’environnement. Fondé en 1990, l’institut de Marchécologie (IMO) est actif dans la certification organique et bio. L’institut se présente également comme expert dans les secteurs du textile naturel, l’écosystème forestier durable, et de la responsabilité sociale. Source : http://www.imo.ch/index.php?seite=imo_index_en

IISSSSCC--MMaapp

Norme internationale relative à la collecte sauvage soutenable de plantes médicinales et aromatiques (International Standard for Sustainable Wild Collection of Medicinal and Aromatic Plants). La plupart des plantes médicinales aromatiques proviennent du milieu naturel. Malheureusement, 15000 espèces seraient en danger, pour la plupart en conséquence directe de pratiques de cueillettes non soutenables. L’ISSC-Map formule des principes, critères, indicateurs et vérificateurs pour évaluer et surveiller la durabilité des ressources sauvages et la viabilité des pratiques de cueillettes. Source : http://www.floraweb.de/map-pro/flyer_french.pdf

FFLLOO--MMaaxx HHaavveellaaaarr

Fairtrade Labelling Organizations International. Créé en 1997, FLO-MAX HAVELAAR est une association de 20initiatives de labellisation équitables situées dans plus de 21 pays. En janvier 2004, pour assurer l’indépendance du processus de certification, Fairtrade Labelling Organizations International a été divisée en deux organisations distinctes : FLO International e.V. et FLO-CERT GmbH. FLO International e.V. établit des critères, standards du commerce équitable. Elle assiste les producteurs à

travers le processus de certification et dans la recherche de marchés pour leurs produits. FLO-CERT GmbH inspecte et certifie les producteurs et les importateurs sur base des standards développés

par FLO International. Source : IMO et Trade for Development Centre – Samuel Poos 2009

FFSSCC

Forest Stewardship Council (FSC ou Conseil de bonne Gestion Forestière). Ce label permet aux consommateurs d'identifier le bois - et les produits à base de bois - provenant de forêts bien gérées, c'est à dire selon une gestion durable qui permet de maintenir, actuellement et dans le futur, la diversité biologique, la productivité et la capacité de régénération des forêts. Source : Groupe One - InfoDurable

GGIIEECC

Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Créé en 1988, ce large panel de scientifiques internationaux, dont peuvent faire partie tous les membres de l’ONU et de l’OMM (l’Organisation météorologique mondiale), a pour mission d’évaluer, sans parti pris et de façon méthodique, claire et objective, les informations d’ordre scientifique, technique et socio-économique qui nous sont nécessaires pour mieux comprendre les fondements scientifiques des risques liés au changement climatique d’origine humaine, ainsi que cerner les conséquences possibles de ce changement et envisager d’éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation.

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FAIR TRADE & ENVIRONNEMENT glossaire

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Les publications du GIEC sont préparées par trois groupes de travail (GT I, II et III), composés d'une centaine de scientifiques de diverses nationalités. Ces publications sont généralement reconnues comme réunissant le consensus scientifique le plus large sur le changement climatique. Source : GIEC (http://www.ipcc.ch/about/index.htm)

et GreenFacts (http://www.greenfacts.org/fr/dossiers/changement-climatique/liens/giec.htm)

KKiilloommèèttrree aalliimmeennttaaiirree

Concept né en Angleterre en 1990. le “Food mile” fait référence à la distance parcourue par un aliment, à partir de sa production jusqu’à ce qu’elle atteigne le consommateur. Cette mesure est une dimension pour évaluer l’impact environnemental d’un aliment. Selon ce concept, la nourriture voyagerait en moyenne entre 2400 à 4000 km avant d’arriver au consommateur. Source : http://en.wikipedia.org/wiki/Food_miles

RRaaiinnffoorreesstt AAlllliiaannccee

Fondée à New York en 1987, Rainforest Alliance est une ONG qui s’est initialement consacrée à la protection des forêts tropicales. Elle a ainsi créé le « Forest Stewardship Council » (FSC). Avec le label « Rainforest Alliance Certified Seal of Approval », l’ONG présente un label environnemental qui « a pour vocation de préserver la biodiversité et d'assurer des moyens de subsistance durables en transformant les pratiques agricoles, les pratiques commerciales et le comportement des consommateurs ». Source : http://www.rainforest-alliance.org

RRéévvoolluuttiioonn vveerrttee

Système agricole qui s'est développé dans certaines régions du tiers monde (Inde, Mexique, Sud-Est asiatique) à partir des années 60. Il fait appel à l'utilisation de variétés de céréales, légumineuses et tubercules à haut potentiel génétique de rendement. Concrètement, cela suppose la sélection minutieuse, le recours massif aux engrais et pesticides, une irrigation bien maîtrisée. Source : Groupe One - InfoDurable

SSoocciiééttéé GGéénnéérraallee ddee SSuurrvveeiillllaannccee ((SSGGSS))

Société suisse spécialisée dans la certification et la vérification. Elle présente chiffre d’affaires 2008 de 4,8 milliards CHF, opère dans plus de140 pays et emploie 55 000 collaborateurs Sources : http://www.sgs.com/sgs-annual-report-fr-08.pdf http://fr.wikipedia.org/wiki/Soci%C3%A9t%C3%A9_g%C3%A9n%C3%A9rale_de_surveillance

SSkkaall

Organisme néerlandais de certification biologique tous secteurs. Sa version internationale, la « SKAL International Foundation », surveille et examine dans le monde entier la production biologique/organique. Cette fondation donne le certificat de qualité ” EKO “, par le biais d’inspection et de certification. Source : Ecolopop, SKAL

WWFFTTOO

World Fair Trade Organisation, Organisation mondiale du commerce équitable. Elle a été créée en 1989 sous le nom d’IFAT (International Federation for Alternative Trade). Elle rassemble 220 organisations dans 59 pays : des groupes de producteurs, des organisations de commerce alternatif et d'autres opérateurs du commerce équitable d'Afrique, d'Asie, d'Australie, d'Europe, du Japon, d'Amérique du Nord et du Sud. En 2004, la WFTO lançait son label d’organisation (Fair Trade Organisation Mark – FTO-Mark) applicable non pas aux produits mais bien aux organisations de commerce équitable. Source : Trade for Development Centre – Samuel Poos 2009

© Alter Eco & Fairtrade Foundation

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TTrraaddee ffoorr DDeevveellooppmmeenntt CCeennttrree

CENTRE D’EXPERTISE

C’est le centre d’expertise sur les thématiques d’aide au commerce, commerce équitable

et commerce durable.

- Collecte, analyse et production d’information (enquêtes d’opinion auprès des

consommateurs, études de marchés…)

- Animation d’un groupe de travail au sein de la plate-forme d’appui au secteur privé

« Entreprendre pour le développement ».

APPUI AUX PRODUCTEURS

Le Trade for Development Centre est un outil d’appui aux organisations de producteurs. Il

soutient les producteurs marginalisés, les micros et petites entreprises ainsi que les projets

d’économie sociale inscrits dans des dynamiques de commerce équitable et durable.

- Renforcement des capacités organisationnelles, techniques et productives

- Transmission d’informations pertinentes (sur les marchés, les certifications

disponibles,…).

SENSIBILISATION

Le Centre met en place des campagnes de sensibilisation à destination des

consommateurs, des acteurs économiques et des pouvoirs publics belges.

- Semaine du commerce équitable

- Présence à différents salons, foires

- Site Internet www.befair.be

WWW.BEFAIR.BE

Trade For Development Centre

Coopération Technique Belge (CTB) Rue Haute, 147

1000 Bruxelles 02 / 505 37 74