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N° 1165 du 28 février au 6 mars 2013 courrierinternational.com Belgique : 3,90 € La cyberguerre est déclarée Les plombiers de l’extrême FRANCE— POURQUOI LE PATRON DE TITAN SE TROMPE BELGIQUE— 20 POMMES DE TERRE , 6 MOIS DE PRISON TUNISIE— ET L’ÉCONOMIE DANS TOUT ÇA? SALVADOR— LA LÉGION DES DÉPLACÉS 360°— LES PLOMBIERS DU GRAND BLEU Comment les Etats ripostent aux attaques informatiques des puissances étrangères !4BD64F-eabacj!:k;T noir Belgique 3,90€ - Luxembourg 3,90€

Le Courrier International du 28 février 2013

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La cyberguerre est déclarée

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  • N 1165 du 28 fvrier au 6 mars 2013courrierinternational.comBelgique : 3,90

    La cyberguerreest dclare

    Les plombiers de lextrme

    FRANCE POURQUOI LE PATRON DE TITAN SE TROMPEBELGIQUE 20 POMMES DE TERRE , 6 MOIS DE PRISONTUNISIE ET LCONOMIE DANS TOUT A?SALVADOR LA LGION DES DPLACS360 LES PLOMBIERS DU GRAND BLEU

    Comment les Etats ripostent aux attaques

    informatiques des puissances

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    3,90

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  • FOCUS

    www.courrierinternational.com

    DITORIALRIC CHOL

    Le blitzkrieg du XXIe sicle

    Il se passe des choses trangesdans le cyberespace. A mi-chemin entre luniversdespionnage de John Le Carr etlambiance geek-avant-lheure dulm WarGames (1983!), la cyberguerrea t dclenche, certes sans tambourni trompette, mais grand renfort decourriers lectroniques et de piratageinformatique. Cest une nouvelleguerre froide qui se joue entre lessuperpuissances. Un conit invisiblemais prvisible, et donc prvu,puisque, lUnion sovitique peinedisloque, John Arquilla, un spcialisteamricain des aaires militaires,prvenait en1993: Cyberwar iscoming. Et de poursuivre, dans un petit essai publi dans une revue de stratgie: Elle sera au XXIe sicle ce que le blitzkrieg a t au XXe sicle.Certains crient au gadget, destin semer la paranoa pour nourrir leMoloch militaro-industriel, tandis queles Etats prennent la menace trs ausrieux. Au fait, combien de divisions,les armes de la cyberguerre? Djtrop, si lon en croit ce rcent rapportde la Maison-Blanche, qui dnoncelespionnage dorigine chinoise au moment o lArme populaire de libration se retrouve elle-mmeaccuse de tlcommander un rseaude hackers. Un scoop? Pas vraiment:en dcembre2011, un autre rapportamricain, cette fois rdig par le service du contre-espionnage,sintressait ces espions trangers qui drobent les secrets de lconomieamricaine dans le cyberespace.Et pour ceux qui nauraient pas biencompris do viennent ces fameuxespions, la couverture du documentmontrait des billets de monnaiechinoise ainsi quune mystrieuse main tenant une clef USB. Alors oui, la cyberguerre a bien t dclare.

    ITALIE Aprs le vote, le chaos? Suivez lestractations pour la formation dun gouvernement.(En photo : Pier Luigi Bersani)SINGAPOUR A lire ou relire: lenqute du Financial Times, intgralement traduite, sur la mort mystrieuse dun ingnieur amricain.VIDO Lhomme qui tua Oussama Ben Laden.Pour la premire fois, dans un entretien avec le magazine Esquire, le soldat qui a abattu Ben Laden en2011 tmoigne. Nous avons traduitde larges extraits de son interview.SPORT Amricains et Iraniens unis pour sauverla lutte grco-romaine

    Retrouvez-nous aussi sur Facebook, Twitter, Google+et Pinterest.

    En couverture : Dessin de Henning Wagenbreth,Allemagne (NYTNS).Photo AFP.

    Retrouvez Eric Chol chaque matin 6 h 55,

    dans la chronique O va le monde

    sur 101.1 FM

    Sommaire

    Courrier international no 1165 du 28 fvrier au 6 mars 2013

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    Les plombiers du grandbleu

    360

    p.4

    LItalie sans gouvernailLe rsultat des lections gnrales, marques par une forte perce du vote protestataire, laisse prsager des dicults venir pour gouverner le pays.

    7 jours dansle monde.

    p.16

    Salvador La lgion des dplacs

    p.4

    Attention, la tl vous regardeAu Royaume-Uni, les campagnes de pub vont bientt cibler les tlspectateurs en fonction de la rue o ils habitent, de leur niveau de vie et mme de leurs missions prfres.

    p.46

    Dans les banlieues du Salvador, on compte des centaines de maisonsabandonnes. Depuis des annes, la violence des gangs a fait fuir des familles entires.

    LA UNE p.32

    LA CYBERGUERRE EST DCLAREFace aux attaques contrecertains de leurs sitessensibles, les Etats prparentla riposte en fourbissantleurs cyberarmes. Accusedtre derrire les derniresintrusions informatiques aux Etats-Unis, la Chine crie au complot.

    SUR NOTRESITE

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    4 MDIAS

  • Edit par Courrier international SA, socit anonymeavec directoire et conseil de surveillance au capital de 106 400 . Actionnaire La Socit Editrice du Monde. Directoire Antoine Laporte, prsident et directeur de la publication ; Eric Chol. Conseil de surveillance Louis Dreyfus, prsident.Dpt lgal Fvrier 2013. Commission paritaire n 0712c82101. ISSN n1154-516XImprim en France/Printed in France

    Les journalistes de Courrier international slectionnent et traduisent plus de 1 500 sourcesdu monde entier : journaux, sites, blogs. Ils alimentent lhebdomadaire et son site courrierinternational.com. Voici la liste exhaustive des sources que nous avons utilises cette semaine :African Arguments Londres, en ligne. HaAretz Tel-Aviv, quotidien. Asahi Shimbun Tokyo, quotidien. Business Today NewDelhi, bimensuel. The Daily Telegraph Londres, quotidien. Discover New York, mensuel. The Economist Londres,hebdomadaire. El Faro (elfaro.net), San Salvador, en ligne. Financial Times Londres, quotidien. Foreign Policy Washington,bimestriel. Gazeta Wyborcza Varsovie, quotidien. Geek Magazine Irvine, bimestriel. Georgia Times (georgiatimes.info)Tbilissi, en ligne. The Guardian Londres, quotidien. Harvard Business Review Boston, mensuel. Al-Hayat Londres, quotidien.Huanqiu Shibao (Global Times) Chine, quotidien. Hrriyet Istanbul, quotidien. Izvestia Moscou, quotidien Kheshab.comThran, en ligne. Kultura Soa, hebdomadaire. The New York Review of Books Etats-Unis, mensuel. Now.(https://now.mmedia.me/lb/en ; anciennement Now Lebanon) Beyrouth, en ligne. El Pas Madrid, quotidien. The Phnom PenhPost Cambodge, quotidien. La Stampa Turin, quotidien. Sddeutsche Zeitung Munich, quotidien. Die Tageszeitung Berlin,quotidien. Troud Soa, quotidien. Tunisia Live (tunisia-live.net) Tunis, en ligne. The Wall Street Journal New York, quotidien.The Washington Post Etats-Unis, quotidien. Welt am Sonntag Berlin, hebdomadaire. Wired San Francisco, mensuel. Yes! Bainbridge Island (Etat de Washington), trimestriel. Your Middle East (yourmiddleeast.com) Stockholm, en ligne.

    Sommaire

    Toutes nos sources Chaque fois que vous rencontrez cette vignette, scannez-la et accdez un contenu multimdia sur notre site courrierinternational.com (ici, la rubrique Nos sources).

    7 jours dans le monde4. Italie. Et Beppe Grillosortit des urnes8. Portrait. AmirMohammad Estakhri,interprte9. Controverse. Zone de librechange USA-UE ?

    Dun continent lautreAFRIQUE10. Tunisie. Et lconomiedans tout a ?12. Kenya. Le syndrome de la guerre civile

    MOYEN-ORIENT14. Syrie. La destruction de ltre humain14. Turquie. Dmocratieillibrale15. Liban. Riche et heureuxcomme un chef religieux

    AMRIQUES16. Salvador. Ceux qui fuientles gangs

    Transversales40. Economie. La nanceparie sur les sans-abri41. Etats-Unis. Le vlo, cest bon pour les aaires42. Sciences et innovation.Luf accouche de mdicaments44. Mdias. La tl vousregarde45. Signaux. Lindice du bien-natre

    36046. Reportage. Lesplombiers du grand bleu50. Plein cran. Un mutantamricain trs innovant52. Culture. Au Mexique, dukitsch dans un monde de brutes54. Tendances. Illuminer le ciel politique libanais56. Histoire. Le visiteurcleste de la Toungouska

    Courrier international no 1165 du 28 fvrier au 6 mars 2013 3

    Rdaction 6-8, rue Jean-Antoine-de-Baf, 75212 Paris Cedex 13Accueil 33 (0)1 46 46 16 00 Fax gnral 33 (0)1 46 46 16 01 Faxrdaction 33 (0)1 46 46 16 02 Site web www.courrierinternational.com courriel [email protected] Directeur dela rdactionEric Chol Rdacteurs en chef Jean-Hbert Armengaud(16 57), Claire Carrard (dition, 16 58), Odile Conseil (web, 16 27)Rdacteurs en chef adjoints Catherine Andr (16 78), RaymondClarinard (16 77), Isabelle Lauze (16 54). Assistante Dalila Bounekta(16 16) Rdactrice en chef technique Nathalie Pingaud (16 25)Direction artistique Sophie-Anne Delhomme (16 31) Direc-teur de la communication et du dveloppement AlexandreScher (16 15) Conception graphique Javier Errea Comunicacin

    Europe Catherine Andr (coordination gnrale, 16 78), DanileRenon (chef de service adjointe Europe, Allemagne, Autriche,Suisse almanique, 16 22), Gerry Feehily (Royaume-Uni, Irlande,16 95), Lucie Geroy (Italie, 16 86), Daniel Matias (Portugal, 16 34),Iwona Ostapkowicz (Pologne, 16 74), Marie Bloeil (chef de rubriqueFrance, 17 32), Iulia Badea-Gurite (Roumanie, Moldavie, 19 76),Wineke de Boer (Pays-Bas), Solveig Gram Jensen (Danemark, Nor-vge), Alexia Kefalas (Grce, Chypre), Mehmet Koksal (Belgique),Kristina Rnnqvist (Sude), Alexandre Lvy (Bulgarie, coordinationBalkans), Agns Jarfas (Hongrie), Mandi Gueguen (Albanie, Kosovo),Miro Miceski (Macdoine), Martina Bulakova (Rpublique tchque,Slovaquie), Kika Curovic (Serbie, Montngro, Croatie, Bosnie-Herzgovine), Marielle Vitureau (Lituanie), Katerina Kesa (Estonie),Russie, est de lEurope Laurence Habay (chef de service, 16 36), AldaEngoian (Caucase, Asie centrale), Larissa Kotelevets (Ukraine)Amriques Brangre Cagnat (chef de service, Amrique du Nord,16 14), Eric Pape (Etats-Unis, 16 95), Anne Proenza (chef de rubrique,Amrique latine, 16 76), Paul Jurgens (Brsil) Asie Agns Gaudu(chef de service, Chine, Singapour, Tawan, 16 39), Christine Chau-meau (Asie du Sud-Est, 16 24), Ingrid Therwath (Asie du Sud, 16 51),Ysana Takino (Japon, 16 38), Zhang Zhulin (Chine, 17 47), Elisa-beth D. Inandiak (Indonsie), Jeong Eun-jin (Cores), KazuhikoYatabe (Japon) Moyen-Orient Marc Saghi (chef de service, 16 69),Hamdam Mostafavi (Iran, 17 33), Hoda Saliby (16 35), PascalFenaux (Isral), Philippe Mischkowsky (pays du Golfe), Pierre Vanrie(Turquie) Afrique Ousmane Ndiaye (chef de rubrique, 16 29), HodaSaliby (Maghreb, 16 35), Chawki Amari (Algrie), Sophie Bouillon(Afrique du Sud) Economie Pascale Boyen (chef de service, 16 47)Sciences Anh Ho Truong (chef de rubrique, 16 40) Mdias GerryFeehily (16 95) Magazine Isabelle Lauze (16 54) Insolites ClaireMaupas (chef de rubrique, 16 60) Ils et elles ont dit IwonaOstapkowicz (chef de rubrique, 16 74)

    Site Internet Hamdam Mostafavi (chef des informations, 17 33),Catherine Guichard (rdactrice, 16 04), Carole Lyon (rdactricemultimdia, 17 36), Pierrick Van-Th (webmestre, 16 82), MathildeMelot, Patricia Fernndez Perez (marketing) Agence CourrierSabine Grandadam (chef de service, 16 97) Traduction RaymondClarinard (rdacteur en chef adjoint, 1677), Natalie Amargier(russe), Catherine Baron (anglais, espagnol), Isabelle Boudon(anglais, allemand), Franoise Escande-Boggino (japonais, anglais),Caroline Lee (anglais, allemand, coren), Franoise Lemoine-Minaudier (chinois), Julie Marcot (anglais, espagnol, portugais),Daniel Matias (portugais), Marie-Franoise Monthiers ( japonais),Mikage Nagahama (japonais), Ngoc-Dung Phan (anglais, italien,vietnamien), Olivier Ragasol (anglais, espagnol), Danile Renon(allemand), Mlanie Sinou (anglais, espagnol), Leslie TalagaRvision Jean-Luc Majouret (chef de service, 16 42), MarianneBonneau, Philippe Czerepak, Fabienne Grard, Franoise Picon,Philippe Planche, Emmanuel Tronquart (site Internet) Photo- graphies, illustrations Pascal Philippe (chef de service, 16 41),Lidwine Kervella (16 10), Stphanie Saindon (16 53) MaquetteBernadette Dremire (chef de service), Catherine Doutey, NathalieLe Drau, Gilles de Obaldia, Josiane Petricca, Denis Scudeller,Jonnathan Renaud-Badet, Alexandre Errichiello, Cline Merrien(colorisation) Cartographie Thierry Gauth (16 70) InfographieCatherine Doutey (16 66) Calligraphie Hlne Ho (Chine), AbdollahKiaie (Inde), Kyoko Mori (Japon) Informatique Denis Scudeller (16 84)Directeur de la production Olivier Moll Fabrication NathalieCommuneau (direc trice adjointe), Sarah Trhin (responsable defabrication). Impression, brochage Maury, 45330 Malesherbes.

    Ont particip ce numro Lna Bauer, Gilles Berton, Jean-Bap-tiste Bor, Isabelle Bryskier, Anas Demont, Gabriel Derrida, Jus-tine Fall, Zadig Faraday, Sarah Garzella, Salom Giron, Ghazal Gol-shiri, Paul Grisot, Marion Gronier, Mlanie Guret, Gabriel Has-san, Nathalie Kantt, Vlada Khvatov, Laurent Laget, Virginie Lepetit,Aude-Axelle Mainguy, Caroline Marcelin, Jasmine Merdji-Larue,Valentine Morizot, Dborah Rgnier, Laura Rodriguez, Nicole Thi-rion, Oktay Tuncer, Florencia Valdes Andino.

    Secrtaire gnral Paul Chaine (17 46). Assistantes : NatachaScheubel (16 52), Sophie Nzet (partenariats, 16 99), Sophie Jan.Gestion : Bndicte Menault-Lenne (responsable, 16 13). Comptabilit : 01 48 88 45 02. Responsable des droits DalilaBounekta (16 16). Ventes au numro Responsable publica-tions : Brigitte Billiard. Direction des ventes au numro : Herv Bonnaud. Chef de produit : Jrme Pons (0 805 05 01 47, fax :01 57 28 21 40). Diffusion inter nationale : Franck-Olivier Torro(01 57 28 32 22). Promotion Christiane Montillet Marketing Sophie Gerbaud (directrice, 16 18), VroniqueLallemand (16 91), Lucie Torres (17 39), Romassa Cherbal (16 89).

    GEIE COURRIER INTERNATIONAL EBLCOURRIER INTERNATIONAL pour la Belgique et le Grand Duch de Luxembourg est commercialis par le GEIE COURRIER INTERNATIONAL EBLqui est une association entre la socit anonyme de droitfranais COURRIER INTERNATIONALet la socit anonyme de droit belge IPM qui est lditeur de La Libre Belgique et de La Dernire Heure Les Sports. Co-grant Antoine LaporteCo-grant et diteur responsable Franois le HodeyDirecteur gnral IPM Denis PierrardDirection logistique IPM Christian De CosterCoordination rdactionnelle Pierre Gilissen

    + 32 2 744 44 33Ouvert les jours ouvrables de 8h 14h.Rue des Francs, 79 1040 BruxellesPublicit RGP Luc Dumoulin [email protected] + 32 2 211 29 54Services [email protected] + 32 2 744 44 33 / Fax + 32 2 744 45 55Libraires + 32 2 744 44 77Impression Sodimco SADirecteur Eric Bouko + 32 2 793 36 70

    19. Etats-Unis. Obamasnobe la grande presse

    ASIE20. Cambodge. Expulss :lart de protester autrement21. Japon. Le mystre Aumplane toujours

    EUROPE22. Bulgarie. Et maintenantla rvolution des gueux24. Gorgie. Saakachvili a-t-il perdu la guerre contreStaline ?25. Espagne. La descente aux enfers du favori du roi

    FRANCE26. Un dnigrement ctde la plaque27. Un vieux fantasme anglo-saxon

    BELGIQUE28. Activisme. 20 pommes de terrearraches, 6 mois de prison

    A la une32. La cyberguerre estdclare

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    0 novembre 2012.

    85 145 165

  • Courrier international no 1165 du 28 fvrier au 6 mars 2013

    7 jours dansle monde.

    La Stampa (extraits) Turin

    La seule certitude des lections[des 24 et 25fvrier] est la vic-toire de BeppeGrillo*. Et parlerde victoire est presque un euph-misme. Les urnes ont traduit un sou-lvement de masse contre llite. Aumoins un lecteur sur quatre a votpour la liste du trublion barbu, souventsans mme avoir eu lobligeance de lan-noncer dans les sondages qui ma-nent eux aussi de llite. On ne peutpas toujours tout ramener au ventre,dautant que celui-ci gronde, sur-tout lorsquil a faim. Ici, il estquestion de sentiments et passeulement de ressentiments.Il y a lespoir dsesprque les lus 5toiles [ceux du partide Grillo] soient dirents, quils nevolent pas et quils coutent. Les autresne le font plus.

    Cest comme si le cri de millesoli-tudes stait lev de millemaisonsrelies par des cbles dordinateurs. Unemotion virtuelle qui sest peu peumatrialise. Elle rassemble des indi-vidus qui sestiment incompris, mena-cs par lombre sourde des nombreuxgroupuscules: la caste des politiques,des journalistes, des banquiers, des pis-tonns. Ce nest pas la politique quilsont en horreur, mais ceux qui font cemtier depuis trop longtemps sans enavoir ni les comptences ni lautoritmorale. Autour de ces solitudes dso-les, il existait un vide dattention queBeppeGrillo est venu combler avec despropositions concrtes et une bonnedose dutopie. La composition socialede son mouvement est semblable unefranchise: on trouve Turin des centrisociali [sortes despaces culturels auto-grs, essentiellement frquents pardes jeunes] qui veulent abattre le capi-talisme; Bergame, des chefs de petitesentreprises qui luttent contre Equita-lia [organisme public charg de perce-voir les impts et taxes]; Palerme, desallergiques toute forme doppressionpublique et prive. L o il y a malaise,Grillo a mis disposition un format etun visage. Le sien.

    Les hommes politiques profession-nels nont pas su, ou peut-tre pas pu,proposer de solution. Ils ont balancdes chires, parl dAngelaMerkel etnonc des mtaphores inintelligibles,perdus dans leur univers. Ils ne sontque deux tre rests les pieds sur terre

    pour livrer bataille:un vieil entrepreneur

    aux poches pleines debillets et un comique de bas

    tage qui a tellement tudi lestechniques de sduction de Berlus-

    coni quil a russi les sublimer. Grilloa choisi le langage du spectacle, le seulque les Italiens semblent comprendredepuis deux dcennies de nant, maisil sen sert pour parler de choses srieuses.Sa popularit, son nergie et mme sesdfauts lont aid. Mme le choix decandidats inconnus et peu reprsenta-tifs sest rvl tre un avantage. Si,parmi les nouvelles formations poli-tiques qui foisonnent, la sienne est laseule avoir perc, cest aussi parce quilne sest pas encombr de pseudo-VIP,de technocrates froids et de notablespoussireux contrairement MarioMonti, par exemple.

    On trouve de tout parmi les discipleshistoriques de BeppeGrillo, du rveurpragmatique la victime chronique.Mais, parmi les lecteurs de la dernireheure, jai limpression que cest lasso-ciation de deux sentiments, premirevue opposs, qui domine. Dun ct, ledsir passionnel de provoquer la chutedu systme, dans lespoir que desdcombres fumants des castes surgiraune nouvelle classe dirigeante. Et, delautre, le calcul rationnel denvoyer auParlement un contingent daliens extra-lucides qui sempareront des rnes dupouvoir. Un ami qui a vot pour le M5S

    ma dit: Je pense que je ne choisirai jamaisun partisan de Grillo pour diriger ma copro-

    prit, mais, quand il sagit de chercher despoux un dirigeant, il ny a pas plus

    able.Et maintenant? Grillo est-il le

    chef de famille ou seulement lar-bitre qui veille au respect des rgleset distribue les cartons rouges? Lesparlementaires [lus de son parti]

    recevront-ils leurs ordres de Grilloou bien, comme ils lassurent en chur,

    seulement du peuple Internet, qui ilssoumettront toutes leurs propositions,

    depuis celle dun accord improbable pourle gouvernement jusquau choix du pro-

    chain prsident de la Rpublique? Sily a bien une question bte, cest desavoir si le M5S est de droite ou de

    gauche. Grillo na pas vol les voix desautres partis. Il sest content de ramas-

    ser celles quils ont perdues en route. Et,la prochaine fois, elles pourraient treencore plus nombreuses.

    Massimo Gramellini

    * LES RSULTATSPier Luigi Bersani (Parti dmocrate)Assemble: 340 siges (sur 630)Snat: 119 siges (sur 315)Silvio Berlusconi (Peuple de la libert +Ligue du Nord)A: 124siges ; S: 116 siges.Beppe Grillo (Mouvement 5 toiles)A: 108 siges ; S: 54siges.Mario Monti (Avec Monti pour lItalie) A: 45 siges ; S: 18 siges.Taux de participation: 75,1%.

    LA STAMPATurin, Italie315000 ex.Prioprit du groupe Fiat, cest lun des grandsquotidiens nationaux, dorientation pluttconservatrice. Le titre a t cr en 1895 ; il est le troisime quotidien en Italie, aprs le Corrieredella Sera et La Repubblica.

    SOURCE

    Une lgre embellieAFGHANISTAN Le nombre de civilstus dans le conit en Afghanistan adiminu pour la premire fois depuissix ans: on a dnombr 2754 morts en2012, alors quon en avait enregistr3131 lanne prcdente. Ces chires,issus dun rapport des Nations unies,ne doivent cependant pas donner lieu un optimisme dmesur: les forcesde scurit afghanes possdent moinsdarmes mortelles que les troupes tran-gres quelles remplacent peu peu,explique The Wall Street Journal. Enoutre, un hiver particulirement rigou-reux a amoindri la capacit des talibans lancer des attaques.

    SOURCES : THE WALL STREET JOURNAL, ONU

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    Civils afghans tus dans le conit

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    2007 2008 2009 2010 2011 2012

    Le charbon se prend un ventNERGIE Selon la revue New Scien-tist, llectricit produite par un parcolien est devenue moins chre que celleprovenant dune centrale au charbondans certains pays. En Australie, parexemple, le kilowattheure revient 62euros pour lolien contre 136eurospour le charbon. Cette tendance sex-pliquerait notamment par les progrsraliss dans linstallation des parcs: lesentreprises utilisent ainsi la dynamiquedes uides pour orienter plus ecace-ment leurs turbines par rapport au vent.SUR LE WEB

    presseurop.eu

    Retrouvez cet article et un dossier sur les lctions italiennes en dix langues surle site partenaire de Courrier international.

    MAY

    K, S

    YDSV

    ENSK

    AN, M

    ALM

    ITALIE

    Et Beppe Grillo diable ou gnie ? sortit des urnes Ce personnage inclassable apparat comme le grand vainqueur des lections. Selon La Stampa, on aurait tort de ne voir dans son incroyable perce que le triomphe du populisme.

    Dessin de Vauro paru dans Il Manifesto, Rome.

    4.

  • gnrale des actionnaires. Au grand damdeconomiesuisse cest le nom de la fd-ration des entreprises suisses qui namnag ni sa peine ni ses fonds pour tenterde contrer ce projet, Thomas Mindersavance vers une victoire clatante et la fd-ration des entreprises suisses, fer de lance deses opposants, vers un chec rare et dautantplus cuisant, pronostique la Neue ZrcherZeitung.

    Un sondage publi le 20fvrier donne64% de oui ou plutt oui contre 27%de non ou plutt non.

    Les partisans de linitiative ont t, sansle vouloir, aids par lactualit rcente:le 18fvrier, le groupe pharmaceutiquesuisse Novartis annonait quil allait verser72millions de francs (59millions deu-ros) au prsident sortant, Daniel Vasella,au titre dindemnits de non-concurrence.

    Si linitiative Minder recueille une majo-rit de oui, elle devra obligatoirement treintgre la Constitution.

    7 JOURS.7 JOURS.Courrier international no 1165 du 28 fvrier au 6 mars 2013

    L initiative contre les rmunra-tions abusives a t propose parun petit entrepreneur, ThomasMinder, qui a dbut sa croisade en2007lorsque la compagnie Swissair a fait unpont dor un PDG venu de Nestl, maisimpuissant au final sauver la compagniearienne dun crash humiliant, rappelle LeTemps. Puis, comme une maldiction, se sontensuivis dinnombrables maladresses et scan-dales dans les salaires exorbitants accords certains patrons, ou loctroi de bonus desbanquiers dont on apprendra plus tard quilsont aid leur clients frauder sans retenuele fisc amricain.

    Le texte de linitiative soumise au rf-rendum des citoyens suisses prvoit enparticulier, en vue de protger lconomie,la proprit prive et les actionnaires ainsique dassurer une gestion dentreprise durable,que le montant des rmunrations des res-ponsables des entreprises cotes en Boursesera x chaque anne par lassemble

    SUISSE

    En nir avec les hauts salairesLes Suisses sapprtent voter le 3 mars en faveur de linitiative contre les rmunrations abusives. Un geste largement anti-patrons.

    Une ache contre linitiative Minder. Hans Hess, prsident de la fdration des entreprises suisses : Linitiative met en danger les emplois dans les grandes et les petites entreprises.

    Nate Silver @vethirtyeightCe statisticien amricain met en quation les matchs de base-ballet anticipe les rsultats des Oscars grce ses savants calculs. Il tient aussi un blog sur le site du New York Times (en anglais).

    Journalistes, experts, militants, groupes ou responsablespolitiques : ils sont sur les rseaux sociaux. A suivre !

    -LESSUIVEZ

    Le visagede laprs-Castro

    CUBA Rlud i m a n c h e25fvrier pourcinq ans laprsidence duConseil dEtat,Ral Castro,82 ans, a cr

    la surprise en nommant comme vice-prsident lingnieur Miguel Daz-Canel,52 ans, qui fait ainsi gure de succes-seur dsign. N aprs la rvolution,Daz-Canel se retrouve dans la positiondlicate dtre le numro deux dun gou-vernement qui sest conform pendant cin-quante ans aux desseins totalitaires de Ralet Fidel Castro, analyse le site CafFuerte, qui dcrit le nouveau venu commeun homme aable et ouvert, la meilleuregure politique que peut prsenter le rgimesur la scne internationale.

    du lundi au vendredi 16h15 et 21h50

    franceinfo.fr

    LACTUALITINTERNATIONALEUN MONDE DINFO

    Les sans-papiersdans le viseurSUDE Pour identier les immigrantsillgaux, la police de Stockholm utilisedepuis peu une pratique habituelle dansde nombreux pays, mais qui soulve l-bas un vritable toll: des contrles aufacis. Le quotidien Svenska Dagbla-det rappelle que la loi sudoise ne permetpas la police de faire des contrlesdidentit fonds sur lapparence. DaprsHenrik Bergquist, un expert des droitsde lhomme interrog par le journal,cette pratique de contrles sans soup-on de crime nest pas conforme laConvention europenne des droits delhomme et la Sude serait sans doutejuge coupable si une des personnes quia subi ce genre de traitement porteplainte auprs la Cour europenne desdroits de lhomme.

    1 000jours. Ctait, au 23fvrier, le tempspass en prison par Bradley Manningsans que son procs se soit tenu,note le mensuel amricain The Atlantic, revenant sur le cas du soldat arrt en 2010 pour avoirtransmis des centaines de milliers derapports diplomatiques et militairesau site WikiLeaks. Il a t accus duntas de choses, aussi bien davoir jetle discrdit sur larme que davoiraid lennemi. [] 1000jours sous les verrous pour un dlit non violent,sans procs: cest le gouvernementamricain qui rvle la pire vrit sur lui-mme quon puisse imaginer.

    1 000

    Des Sahraouis la peineMAROC Cest dans un tribunal mili-taire de Rabat une juridiction dex-ception qui na pas juger des civils,souligne TelQuel qua eu lieu entre les8 et 16fvrier le procs de 24civils sah-raouis. Laaire remonte au 8novembre2010, quand les forces de lordre maro-cainessont intervenues pour dmantelerle camp install Gdeim Izik, 12 kilo-mtres de Layoune [sur la cte atlantique,dans le nord du Sahara-Occidental]. Selonla version ocielle, des occupants de cecamp sen sont violemment pris aux poli-ciers et en ont tu dix ainsi quun sapeur-pompier, rappelle lhebdomadairemarocain. Poursuivis et jugs pourmeurtre, les accuss ont insist sur lecaractre pacique du campement etmis en avant la dimension politique duprocs et des charges retenues contreeux. Ils ont presque tous cop de lourdespeines allant de vingt ans la prison vie. Leurs avocats se sont pourvus encassation.

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    AFP

    Kevin Kal Kallaugher @kaltoonsLe compte de lexcellent dessinateur du Baltimore Sun et de The Economist, o il uvre depuis trente-cinq ans. Pour ne rateraucun de ses dessins (en anglais).

    Boukary Konat @FasokanProfesseur malien danglais et de franais vivant Bamako, cest galement un excellent blogueur en franais et en bambara(fasokan.com). Pour suivre lactualit du Mali.

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  • 7 JOURS Courrier international no 1165 du 28 fvrier au 6 mars 2013

    SOLVEIG GRAM JENSEN,correspondante du quotidiendanois Jyllands-Posten,sur les rythmes scolaires.

    Les bonnesrformes de PeillonLe ministre de lEducationsouhaite rduire les vacancesdt six semaines. Cest unebonne ide?

    Oui, pour plusieurs rai-sons. Dabord par rapport

    la qualit de lensei-gnement: il est plus pro-ductif de faire un eortquotidien rgulier que

    davoir des priodes pluscourtes mais plus intenses.

    Ensuite, il y a le ct social: lesvacances cotent cher. Si lon nepart pas, il faut que quelquun sur-veille les enfants. Je comprendsles enjeux en ce qui concerne lin-dustrie du tourisme franais, mmesi ce secteur nest pas trs dve-lopp au Danemark et ne jouedonc pas de rle majeur (voirepas de rle du tout) dans le dbatscolaire. Nanmoins il ne seraitpas srieux de prendre en compteles intrts dun secteur indus-triel si lobjectif tait de crer demeilleures conditions densei-gnement pour les enfants.

    En primaire, la question de revenir 4,5 jours au lieu de 4suscite dbats et querelles. Quelregard portez-vous sur le sujet? Encore une fois, je suis daccordavec le ministre de lEducation:pour les enfants, il est prfrablede rpartir la semaine dcole sur5jours plutt que sur 4 jours plusdenses. Et cest moins cher de fairegarder un enfant un aprs-midiquune journe entire. Ce chan-gement pourrait galement ren-forcer lgalit hommes-femmes,puisque cest presque toujours lamre qui travaille temps partielpour soccuper des enfants.

    Les querelles au sujet de lcole, cest un sujettypiquement franais? Non, le mme dbat resurgitrgulirement au Danemark. Ence moment mme, dailleurs: legouvernement va faire passer unerforme qui aura comme eetdaugmenter les heures de cours, la fois pour renforcer certainesmatires et pour que les enfantspassent plus de temps lcole,an dviter que trop denfantssoient seuls chez eux laprs-midien attendant que leurs parents ren-trent du travail. Nanmoins, leursjournes resteront courtes par rap-port celles des petits Franais.

    DE NOUS

    JYLL

    ANDS

    -PO

    STEN

    ILS PARLENT

    Mugabe dit lincrevableDE LA SEMAINELE DESSIN

    Le prsident du Zimbabwe, qui dirige le pays depuis trente-troisans, a eu 89 ans le 21fvrier. La clbrationde son anniversaire, un rituel annuel dans le calendrier politique du pays, est xe au 2mars et donne lieu de fastueuses festivits.Mugabe ne compte passen tenir l: les citoyenssont appels aux urnes le 16mars pour se prononcer sur unenouvelle Constitution, qui lui permettrait derester la tte du payspour dix annessupplmentaires.Joyeux anniversaire Plus fort! Dessin de Gado paru dans The Nation, Nairobi.

    Les FEMEN

    Allo Nova !

    NORD-SUDAbidjan, Cte dIvoireQuotidien, 18000 ex.www.nordsudquotidien.netGbagbo quitte ou doubleLaudience de conrmation des charges pesant sur lancienprsident ivoirien sest ouvertele 19fvrier La Haye (Pays-Bas). Elle a pour but dedterminer sil y a lieu de tenirun procs devant la Cour pnaleinternationale. Le procureurcharge Laurent Gbagbo,responsable [selon lui] des meurtres, viols et autresviolences, titre le quotidienNord-Sud. Laudience doit se conclure ce 28fvrier par unedclaration de Gbagbo, dtenudepuis n 2011 La Haye. Il estsouponn dtre le coauteurindirect de crimes contrelhumanit commis lors des violences postlectoralesqui ont eu lieu entredcembre2010 et avril2011,faisant environ 3000 morts.

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  • 7 JOURS

    POSITIFNous avons une jeune socitcivile et une jeune dmocratieen dveloppement, avec ses dfauts. Mais dire que la Russie est une sortedautocratie o les droits de lhomme sont bafous, ce nest pas srieux, estime le Premier ministre russe, DmitriMedvedev, dans une interviewaccorde la presse brsilienne. (O Globo, Rio de Janeiro)

    SCANDALISCe serait moralementinconvenant quil y soit avec

    tout ce quon sait sur lamanire dont le cardinalsest tu pendant desannes sur les abussexuels de ses prtres!

    Labb belge Rik Devill,responsable du groupe Droits

    de lhomme dans lEglise, qui reprsente des victimes de pdocurs, veut empcher que Godfried Danneels, cardinal et archevque mrite de Malines-Bruxelles, participe au prochainconclave. (La Libre Belgique, Bruxelles)

    APPROXIMATIFIls combattent la corruptionau Nigeria, soutiennent lEtatde droit en Birmanie et latransition dmocratique auKyrzakhstan et en GorgieRendant hommage aux diplomatesamricains, John Kerry, le nouveausecrtaire dEtat des Etats-Unis, a cit dans son premier granddiscours, prononc luniversit de Virginie, un pays qui nexistait pas,confondant Kirghizistan et Kazakhstan, ce dernier ayant t immortalis par Borat.(Global Post, Boston)

    CONSOLJe midentiais AbrahamLincoln, mais cest Daniel Day-Lewis qui a obtenu le rle.Alors, je vais jouer GeorgeWashington. Rponse de lacteuramricain Robert De Niro, extraitedu questionnaire de Proust, sur le personnage historique dont il se sent le plus proche. (Vanity Fair, New York)

    OBSERVATEURLes Philippines doivent tre moiti vides, vous tes tousl faire tourner le systme desant. Gaeur impnitent, le prince Philip, 91ans, a rcidiv avec une blague sur les inrmiers philippinslors de linauguration dune clinique cardiologique prs de Londres. (The Independent,Londres)

    ILS/ELLESONT DIT

    Amir Mohammad EstakhriTraduire oui, trahir non

    Amricain dorigine iranienne, cet interprte qui matrise lefarsi et le dari travaille la fois pour le prsident Ahmadinejadet pour de hauts fonctionnaires ou ministres amricains. Sansque cela pose problme.

    ILS FONTLACTUALIT

    The Wall StreetJournal (extraits) New York

    En septembre dernier, unCalifornien du nom dAmirMohammad Estakhri a int-gr lquipe du prsident de lIran,Mahmoud Ahmadinejad, auxNations unies pour servir dinter-prte ce dernier lors de ses inter-views tlvises et de ses entretiensavec des diplomates trangers.Quelques jours plus tard, cet hommede 41ans a traduit les propos dunacteur de la scne internationaletrs dirent le ministre de laDfense amricain [ lpoque, LeonPanetta], lors dune conversationtlphonique avec son homologueafghan. En acceptant de tellesmissions, ce linguiste origi-naire de Thran se placedans une position trsparticulire, car il tra-vaille ouvertement lafois pour les Etats-Uniset pour lIran.

    Amricain dorigineiranienne, Estakhri estsouvent apparu depuis2005 aux cts du prsi-dent Ahmadinejad lors deses visites aux Etats-Unis.Son aisance sexprimer enfarsi, le persan parl en Iran,et en dari, sa forme afghane,en a galement fait un presta-taire utile aux yeux du dparte-ment dEtat et du Pentagone. Mesantcdents me permettent de passerfacilement dun monde lautre,explique Estakhri lors dune inter-view ralise dans un centre com-mercial proche de son domicile, San Diego. LIran et les Etats-Unissont beaucoup moins dirents quonne limagine.

    Un haut responsable du dpar-tement dEtat dment que les activits de linterprte puissentreprsenter un risque pour la scu-rit du pays. Il explique que lint-ress a sign un contrat standarddans lequel il sengage ne pasdivulguer dinformations con-dentielles dont il pourrait avoirconnaissance dans le cadre de sontravail et que, de toute faon, ilne peut traduire que des informa-tions non condentielles car il napas accs aux autres. Cest un pres-tataire extrieur, pas un employ

    permanent du dpartement dEtat,prcise-t-il.

    Dans un album, Estakhri conservedes photos de lui en compagnie duprsident Ahmadinejad, du ministredes Aaires trangres iranien, AliAkbar Salehi, et du porte-parole dugouvernement iranien, RaminMehmanparast. Un porte-paroledune mission de lIran aux Nationsunies sest refus tout commen-taire son sujet.

    Amir Mohammad Estakhri viten Californie depuis lge de 15ans.Son pre tait un thologien etun conseiller du dernier monarque

    iranien, Mohammad Reza ChahPahlavi; aprs la rvolution isla-mique, son frre an a t brive-ment incarcr avant de se rfugieren Europe, puis de rejoindre safamille en Californie. Lui-mme amen une vie relativement tran-quille jusqu ce que les guerres enAfghanistan et en Irak se rvlentune aubaine pour la socit de ser-vices linguistiques quil dirige avecson frre. Depuis quil a t agrpar le Bureau des services de languesdu dpartement dEtat, il est trsdemand.

    Il a notamment accompagn desdlgations militaires et judiciairesafghanes, ainsi que des groupesmdicaux et sportifs iraniens lorsde visites eectues aux Etats-Unis,sous lgide du dpartement dEtat,en vue de mieux comprendre laculture amricaine. En mme temps,il a commenc travailler pour legouvernement islamiste iranienaprs llection dAhmadinejad,en2005. Quand le prsident fra-chement lu a eectu sa premirevisite New York, le gouvernementiranien navait pas dinterprte pourtraduire en simultan sa premireinterview internationale avec lajournaliste de CNN ChristianeAmanpour. Depuis, il est rguli-rement aux cts dAhmadinejadet dautres hauts responsables ira-niens lorsquils se rendent NewYork pour siger lONU, y com-pris lors de dners avec des uni-versitaires dorigine iranienne ou

    de haltes dans un magasin Apple. En septembre dernier, lors

    dune confrence de presse,Ahmadinejad a rpondu, parlentremise de son traduc-teur, une question sur lafatwa mise contre SalmanRushdie en disant quilvalait mieux garder secrteladresse du clbre cri-vain New York, poursa propre scurit. Ungrand nombre de jour-nalistes prsents ont vudans cette dclarationcomme une menacepeu subtile. Il plai-

    santait, corrige linter-prte. Beaucoup dtrangers

    ne comprennent pas la personna-lit ni la culture dAhmadinejad.

    Jay Solomon

    AmirMohammadEstakhri.Dessin de MikelCasal, Espagne,pour Courrierinternational.

    Courrier international no 1165 du 28 fvrier au 6 mars 2013

    DR

    DR

    8.

  • 7 JOURS.

    Elle xerait desnormes pour la plante entireSddeutsche Zeitung (extraits)Munich

    Un nouveau projet, un grand projetpolitique, est n: il sagit de runirlEurope et les Etats-Unis dans ungrand bloc conomique. Sujet sotriquejusquici rserv aux experts et aux indus-triels, la zone de libre-change transatlan-tique vient de se muer en projet concret.Ainsi dans son discours sur ltat de lUnionle prsident Obama a-t-il annonc louver-ture de ngociations pour un partenariattransatlantique global pour le commerce et lin-vestissement. Quelque temps auparavant,une commission amricano-europenneavait tabli une liste de points ngocier.Les discussions devraient bientt commencer.

    Le projet est particulirement ambi-tieux. Certains spcialistes transatlan-tiques parlent dj dune Otan conomique.Ils nont pas forcment tort. Le premierobjectif de lorganisation militaire tait eneet de parer la menace que reprsen-tait lURSS. Aujourdhui, lide dune nou-velle alliance cette fois conomiquetrouve de nombreux partisans dans lesvieux pays industrialiss, qui craignentdtre dpasss par la Chine.

    Les conomies europennes et amri-caines sont dj troitement lies. Ensemble,elles reprsentent la moiti du produit natio-nal de la plante. Les barrires commercialessont minimes et prs de 15millions dem-plois dpendent du commerce transatlan-tique. Llimination des dernires barrirescommerciales pourrait pourtant apporter

    1,5% de croissance supplmentaire. Cettedcision ne manquera toutefois pas de sus-citer les protestations de divers groupes din-trts et demandera normment de couragepolitique. La cohsion europenne sera ga-lement mise lpreuve tandis que le lib-ralisme prvaut instinctivement dans la classepolitique Londres et Berlin, Paris cestle rexe protectionniste qui prdomine.

    Le vritable problme ne rside toute-fois pas dans les dernires barrires com-merciales appliques environ 3% duvolume des changes, mais plutt dans ceque les spcialistes appellent les obstaclescommerciaux intracommunautaires: normesindustrielles, sanitaires et environnemen-tales, etc.

    Pour russir, il faudra que les partenairesse montrent ouverts au compromis. Toutlenjeu est dj rsum dans le rapport dela commission dexperts: les parties pre-nantes doivent prendre les mesures nces-saires pour viter les cots inutiles et leslourdeurs bureaucratiques lies certaines rgle-mentations, tout en veillant respecter les exi-gences sanitaires, scuritaires et environnementalesde leurs partenaires. Autrement dit, chaquepays peut maintenir ses normes et stan-dards du moment quil le justie. Lexpriencemontre que cela donne lieu dintermi-nables disputes. Dans le meilleur des cas,les questions litigieuses se rglent par desaccords pragmatiques, dans le pire des cas,les ngociations chouent.

    Quelle que soit lissue de ces discussions,les Europens ont un avantage inestimable en tirer. Ils ont entre les mains un nou-veau projet davenir et peuvent se proc-cuper dautre chose que de leurs propresproblmes. La cration dune zone de libre-change transatlantique inciterait peut-tre les Amricains et les Europens sefaire plus souvent conance et pourraitfaire merger de nouvelles normes de rf-rence dans le reste du monde. Il y a toutintrt sinvestir pleinement dans lOtanconomique.

    Nikolaus Piper

    blocs commerciaux les plus puissants duglobe montreraient un mauvais exempleaux autres zones de libre-change, met engarde Rolf Langhammer, de lInstitut pourlconomie mondiale de Kiel, en Allemagne.2Les autres pays seront dsavantags. SilEurope et les Etats-Unis se mettent dac-cord sur une libralisation de leurs changescommerciaux, tous les autres pays serontautomatiquement discrimins. Le risquemajeur est de voir non pas lapparition denouveaux ux commerciaux, mais un simpledplacement des ux existants. 3Le coup de grce pour Doha. Le cyclede Doha senlise et lon se demande silaboutira un jour. Lalliance entre lUnioneuropenne et les Etats-Unis pourraitenfin donner le signal de dpart de lredes accords commerciaux bilatraux.Chaque nouvel accord conclu ne rendrapas le commerce mondial plus libre, maisplus complexe.4Un projet ax sur les mauvais parte-naires commerciaux. Ces dernires annes,le commerce transatlantique a ach unecroissance spectaculaire, poussant les fd-rations industrielles des deux cts delAtlantique faire pression sur la classepolitique pour faire avancer le dossier.Pourtant, cest ailleurs, en Amrique latineet en Asie, que battra dans lavenir le curdu commerce mondial.

    Rolf Langhammer redoute mme quunealliance transatlantique ne soit en n decompte dommageable lEurope, en nui-sant aux relations commerciales avec lespays mergents.

    Un avis partag par Jagdish Bhagwati,professeur dorigine indienne luniversitColumbia de New York et lun des plusgrands spcialistes mondiaux des changescommerciaux. Considr du point de vueeuropen, le projet nest, selon lui, pas unebonne ide. LUE devrait donc enterrer ce projetqui laaiblirait. Et les pays en dveloppementse porteront de toute faon mieux sans lui.

    Olaf Gersemannet Martin Greive

    Une zone de libre-change USAUE, cest bien ?CONTROVERSE

    OUI

    NON

    De nombreux projets dune Otan de lconomie ont dj euri au cours des dernires annes. Barack Obama et ses alter egoeuropens viennent de relancer cette initiative, qui pourrait voir le jour dici deux ans. La presse allemande est divise.

    Elle ne serviraitpas la croissanceWelt am Sonntag (extraits)Berlin

    Sur le papier, le libre-change est unebonne chose. Il y a pourtant tout lieudaccueillir la nouvelle avec un pro-fond scepticisme.1Un mauvais exemple pour le reste dumonde. La suppression de droits de douanenaura pas deet macroconomique sur lacroissance. Pour ce faire, il faudrait accom-plir des avances majeures sur la questiondes entraves commerciales, qui sont consi-drables. Or cest prcisment dans cedomaine que la marge de manuvre estlimite parce que des groupes dintrtspuissants, comme le lobby agroalimentaire,savent se dfendre et parce que lopinionpublique ne devrait pas suivre non plus.

    Ainsi, la lgislation amricaine empcheune harmonisation plus pousse de la misedes mdicaments sur le march ; lesEuropens refusent dimporter de la viandecontenant des hormones ou du masOGMen provenance des Etats-Unis ; de leurct, les Amricains ont peur des bact-ries que pourraient contenir le buf dim-portation ou le camembert franais. Lesngociations sur une libralisation accruedes changes multilatraux, qui progres-sent cahin-caha depuis2001 sous le nomde cycle de Doha, ont montr lampleurdes divergences de vues.

    Si jamais il devait voir le jour, laccordde libre-change transatlantique seraitdonc ncessairement lacunaire et celapose un problme. Car, en cas daccordbancal entre lUE et les Etats-Unis, les deux

    Courrier international no 1165 du 28 fvrier au 6 mars 2013

    OUI

    NON

    PARTOUT

    AILLEURS

    ERIC VALMIR

    LE VENDREDI

    19H20

    LA VOIXEST

    LIBRE

    en partenariat avec

    Vous aimez ? Dessin de Hachfeldparu dans Neues Deutschland, Berlin.

    9

  • la bannire daucun parti, a tociellement rejete. Jusqualors,deux scnarios faisaient lobjet devifs dbats: lide de Jebali et celledun nouveau gouvernement decoalition. Les experts conomiquesavaient salu la proposition duPremier ministre en attendantlapprobation de lAssemble natio-nale constituante.

    Un gouvernement technocrateaurait t une bonne solution, car lescoalitions politiques posent problmePar exemple, nous avons pass touteune anne sans ministre des Financesparce que Ettakatol [parti membrede la coalition au pouvoir] ne trou-vait aucune personne qualie, noteMoncef Cheikhrouhou, cono-miste et membre de lAssembleconstituante.

    En rendant sa dmissionpublique, le 19fvrier, HamadiJebali sest dit fermement convaincuque la mise en place dun gouver-

    nement de technocrates permet-trait de mettre n aux tensionspolitiques et la crise qui secouele pays. Cest une solution sense,reconnat M. Laabidi. Mais, si lap-pliquer signie aller lencontre dela volont de lAssemble constituante,mieux vaut ne pas y recourir pour nepas envenimer la crise. Car lAssembleconstituante reprsente la lgitimit.

    En outre, il explique quungouvernement de coalition pour-rait fonctionner si le processusdlaboration dune Constitutionsacclre. Les retards ne fontquemplir les Tunisiens de doutes,et la russite du prochain gou-vernement risque bien de dpendrede sa capacit gagner la conancedu peuple.

    Mme si plusieurs facteurscontribuent la crise, le gouver-nement est considr comme res-ponsable de lchec conomiquedu pays, souligne M.Laabidi.Lorsquon sest aperu que des hautsfonctionnaires du gouvernement pla-aient leurs proches des postes gou-vernementaux, les Tunisiens moyensont commenc demander des aug-mentations de salaire, rappelle-t-il.

    Consquence directe, dans lesecteur priv, les hommes daairesont cd la pression des syndicatset accord des augmentations, enchange de hausses des prix desproduits et services. Rsultat: lination elle aussi a grimp.

    Dans le secteur public, lesTunisiens ont galement obtenudes augmentations. Et lEtat a toblig daugmenter les taxes touten faisant des compromis. Ce quia pour consquence de gnrer

    Moyen-Orient ....14Amriques .......16Asie ............2Europe ..........22France ..........26

    Tunisie. Et lconomiedans tout a?Les investissements sont larrt ; les touristesdsertent le pays ; la dette publique se creuse Le pays subit les consquences de la crise politique.

    duncontinent lautre.afrique

    Courrier international no 1165 du 28 fvrier au 6 mars 2013

    Tunisia Live Tunis

    Si la crise politique, attisepar lassassinat du leader delopposition Chokri Belad[le 6fvrier], naecte pas encoredirectement lconomie du pays,ses consquences indirectes se fontdj sentir. Avant lexacerbationdes tensions sur la scne politique,lconomie tunisienne, ageolante,se heurtait de srieuses di cults.Selon lconomiste Radhi Meddeb,la dgradation de la note nanciredu pays fait partie des dommages col-latraux immdiats. Elle limite lac-cs de la Tunisie aux marchs decapitaux et entrave la uidit des acti-vits et les exportations des PME,explique-t-il lors dun entretienavec Tunisia Live.

    Dans un rapport publi le19fvrier, lagence de notationStandard and Poors a encore abaissdun cran la note de la Tunisie, quiest passe de BB BB, ce qui laplace au niveau des investissementspourris [S &P avait dj abaissla note souveraine de la Tunisie enmai2012, suivi par Moodys enjuillet2012]. Cette dgradation aeu lieu avant la dmission duPremier ministre Hamadi Jebali[du parti islamiste Ennahda, annon-ce le soir du 19fvrier], certes,mais, pour les investisseurs inter-nationaux, linstabilit politiquedonne de la Tunisie limage dunpays haut risque. Le secteur dutourisme est le premier touch,avec un niveau sans prcdent dan-nulations de rservations, souligneRadhi Meddeb.

    Lconomiste Moez Laabidi,pour sa part, est plus optimiste.Je ne pense pas que la situation co-nomique soit ce point catastro-phique. Et de prciser: La machineconomique nest pas casse; ce nestquune panne temporaire. Il recon-nat toutefois que les troubles politiques polluent le climatconomique et risquent davoirun impact dsastreux sur lco-nomie si le gouvernement ne par-vient pas prendre rapidementdes dcisions.

    Gagner la confiance. Fruitdes soulvements populaires de janvier2011, les lections pourlAssemble constituante doc-tobre2011 ont restaur la conancedes Tunisiens dans le processuspolitique. Les gens qui avaient peurdinvestir aprs la rvolution ont trassurs au vu du scrutin par lamaturit politique de la TunisieMais, prsent, en labsence dunevision claire pour lavenir du pays,les Tunisiens perdent foi en leursdirigeants, commente M.Laabidi.

    Le 18fvrier, la propositiondHamadi Jebali, qui souhaitaitformer un gouvernement de techno crates sans se placer sous

    Avec le temps, le poids de la dette publique deviendra norme

    Dessin de Beppe Giacobbe, Italie.

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    10.

  • davantage de dette publique. Nousne nous rendons pas encore comptedu poids de la dette, mais, avec letemps, il deviendra norme, pr-vient M.Laabidi.

    Dveloppement durable. Le20fvrier, lagence Reuters a rap-port que la Tunisie essayait derassurer le Fonds montaire inter-national en adoptant des strat-gies budgtaires plus ecaces, etce dans le but dobtenir un prtde 1,78milliard de dollars [1,35mil-liard deuros]. Mais la mission estdevenue beaucoup plus incertainedepuis lassassinat de Belad, quia exacerb les tensions politiquesentre les partis tunisiens.

    Moez Laabidi et Radhi Meddebsaccordent dire que la Tunisiedoit adopter des mesures draco-niennes pour mettre n la criseconomique. Mais de telles rformesncessitent un dbat et un consen-sus national. Selon M.Meddeb,labsence de modle conomiquefond sur un dveloppementdurable et protable tous estlun des lments majeurs qui adclench la rvolution.

    Il faut dnir et mettre en uvredes moyens de faire des avancesrapides, avant tout dans les domainesde la cration demplois, de lducation,des infrastructures et du social. Ilfaut une meilleure gouvernance etun plan de dveloppement rgionalclair Mais cest faisable! assureM.Meddeb.

    Les tensions politiques ne sontpas la cause de la crise conomique,tranche pour sa part MoncefCheikhrouhou. Mais il est imp-ratif que le monde politiqueregagne la conance des Tunisiens.

    Farah Samti

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    Ni islamistes ni lacs!

    A en croire les mdias et notre classe politique, les Tunisiens seraientmarqus par des divisions dordreidologique. Pourtant, si lon peut constater une polarisation idologique qui se manifeste par des tiraillements sur la scne politique, la situation estdirente au sein de la socit tunisienne.Les lections doctobre2011 ont donnnaissance une Assemble constituantetrs polarise. Mais les rsultats de cescrutin ne retent pas ncessairement laralit de la socit tunisienne, et cela pourdeux raisons. Tout dabord, 42% des lecteursne se sont pas dplacs pour aller voter.Certains dentre eux navaient sans douteaucune culture politique. Et dautres ne sontpas alls voter parce quils ne se sentaientreprsents par aucun de la centaine de partis qui ont particip aux lections.Ensuite, le choix de nombreux votantsntait pas dict par une idologie, mais par la sympathie quils prouvaient lgard de partis durement perscutssous la dictature de Bourguiba [prsidentde1957 1987] et de Ben Ali [prsident de novembre1987 au 14janvier 2011]. Et la grande majorit a gliss un bulletindans lurne en esprant que ce scrutinramnerait la stabilit et la croissance.Avec lassassinat du leader de loppositionChokri Belad, le 6fvrier dernier, la Tunisiea de nouveau fait la une des journaux. Lesmdias ont choisi daborder cet assassinatsous langle de la fracture idologique, et laTunisie a t abondamment dcrite commeun pays profondment polaris. Cette visionest errone: ce sont les hommes politiquesqui sont diviss, non les citoyens tunisiens.La plupart des Tunisiens ne sont ni dardentsdfenseurs de la lacit ni des islamistes.Plus que le respect de la lacit, cestlamlioration de la situation socio-conomiquedu pays qui leur tient cur. Leur prioritnest pas dinstaurer la charia, mais bien de pouvoir vivre dignement et paisiblement.Les mdias locaux, rgionaux etinternationaux ne donnent gure la paroleaux Tunisiens. Pourtant, ce sont eux qui incarnent lesprit de cette rvolution,qui a mis n aux vingt-trois annes du rgnede Ben Ali. La rvolution tunisienne rclamaitplus de justice sociale et de dignit, et ellesest exprime travers des manifestationscontre la corruption, les disparitsrgionales et les ingalits sociales. Pour linstant, la classe politique et lesmdias ont malheureusement russi fairepasser au second plan ces revendications.Afef Abrougui Your Middle East(extraits) Stockholm

    TUNISIA LIVETunis, Tunisie Site Internet www.tunisia-live.netLanc en avril2011 par ZiedMhirsi, un mdecin de 33ansreconverti dans les mdias, avec Youssef Gaiji et Ramla Jaber,Tunisia Live ore une couverturede lactualit tunisienne en anglais.Une premire en Tunisie, pays arabe traditionnellementfrancophone. Il a dmarr avecune quipe de jeunes journalistesqui proposaient un service de traduction, de logistique et de conseil aux reporterstrangers. Ce travail a permisaux rdacteurs de se formerauprs de journalisteschevronns, tout en rassemblantdes fonds pour permettre Tunisia Live de devenir un sitedinformation indpendant.

    SOURCE

    SUR NOTRE SITEcourrierinternational.com

    A lire galement: Les prix ne fontquaugmenter!, le reportage du site tunisien Nawaat. Dessin de Sondron

    paru dans LAvenir, Namur.

  • African ArgumentsLondres

    Tous les passagers ont atta-ch leur ceinture, et le bolidedes lections knyane estprt se lancer sur le grand huit.Le moindre mdia claironne sapropagande lectorale, dans unecacophonie gnrale. Les parrainspolitiques sillonnent le pays pourmobiliser leurs partisans, rameu-tant les lecteurs circonscriptionpar circonscription et promettantle paradis pour le lendemain duscrutin du 4mars. Le Kenya setrouve au dpart dune course follequi pourrait bien faire violem-ment drailler le pays et lexp-dier droit en enfer comme celasest pass lissue des lectionsde dcembre2007. A moins quellene le propulse dans une nouvellere, une transformation qui pour-rait en faire lun des pays les plusdmocratiques de la plante. Lenouveau monde est dj l, alors quelordre ancien nest pas encore mort,analyse John Githongo, un militantde la socit civile.

    Depuis la dernire lection, dsas-treuse, la nouvelle Constitution en

    vigueur a scind le Kenya en 47nou-veaux comts. Chacun aura sonpropre gouverneur et son propreparlement, qui dcideront de lafaon dont le budget sera dpens.Mais le transfert de pouvoir vaencore plus loin. Le CountyGovernment Act encourage la par-ticipation dmocratique tous lesniveaux du processus de dcision:communication et consultationmassive sur les projets de dve-loppement et les programmes ddu-cation civique, dbats tous leschelons, du niveau du village celui du Parlement national, droitdu public demander et obtenir une information compltesur les projets et les politiques etdroit de dposer des ptitionsdevant les tribunaux. Lidologiequi sous-tend lensemble, cest quele peuple dcidera.

    Corruption. Le problme est quecette Constitution idaliste et soi-gneusement labore est mise enapplication par des politiciens qui,pour la plupart, sont des parrainstribaux. Uhuru Kenyatta, le leaderkikuyu [groupe ethnique majori-taire, 22%], est le ls du pre de la

    Mme Odinga a t oblige de se reti-rer. Ailleurs, pourtant, de bons can-didats ont t mis sur la touche pardes candidats manuvriers ou car-rment tricheurs, appuys par lesbarons des partis.

    Pourtant, il semble bien quauniveau local des citoyens ordinairessouhaitent dsormais avoir voix auchapitre, mais, en juger par lesnoms nalement retenus sur leslistes au niveau national, les mmessempiternels visages et les mmesvieux partis continuent prdo-miner. M. Odinga est en tte dudernier sondage portant sur llec-tion prsidentielle, avec 46% desvoix contre 40% Kenyatta. Cequi veut dire que llection pour-rait donner lieu une course lis-sue incertaine, car M. Odinga a plusdennemis que M. Kenyatta, qui ne

    sest lanc que rcem-ment dans la com-ptition suprme.Mais il y a surtout lesentiment largementpartag que lesKikuyus, le principalgroupe ethnique duKenya, qui a dj fourni

    les premier et troisime prsidentsde lhistoire du pays, disposentdun trop grand pouvoir politiqueet conomique. Cela pourrait portertort M. Kenyatta. Le vainqueursera celui qui a les poches les mieuxgarnies pour arriver construirela plus grosse coalition avec les14% restants.

    Mais un autre facteur extrme-ment dangereux pse sur ces lec-tions. M. Kenyatta et son colistier,William Ruto, lhomme politiquele plus inuent du groupe ethniquedes Kalenjins, est sous le coup duneinculpation de la Cour pnale inter-nationale (CPI). Son audition estprvue juste avant le second tourde llection prsidentielle. Les vio-lences conscutives aux lectionsde 2007, qui ont caus la mort deplus dun millier de personnes etprofondment divis le pays, serpteront-elles cette anne? Unscrutin dans lequel un des candi-dats na plus rien perdre pourraitdboucher sur une guerre civile.Barricades et combats de rue sesont multiplis lors de la phasedenregistrement des candidatures.

    Tout le monde ou presque estdaccord pour dire que, lors du net-toyage ethnique criminel et dessanglants combats de rue de 2008,le Kenya sest avanc lextrmebord du prcipice. Si les parrainsnavaient pas nalement dcid derappeler leurs chiens de guerre, leKenya serait aujourdhui en ruine.Emmens par Ko Annan, les ngo-ciateurs internationaux ont accouruet conclu un march dont lundes volets consistait en llabora-tion dune liste soigneusementpese des personnes sur lesquelles

    la CPI allait enquter. Cette inter-vention, qui a permis la formationdun gouvernement de coalitionentre partis rivaux, sest galementaccompagne de citations com-paratre adresses plusieurs per-sonnalits des deux camps.

    Beaucoup au Kenya pensent quela CPI ngociera un accord qui per-mettra dajourner les accusationspesant sur les politiciens lus oude modier le calendrier des audi-tions an de ne pas gner le pro-cessus lectoral. Lorsquils serendront compte que les choses nese drouleront pas ainsi et que laCour procdera son proprerythme, ceux qui sont inculpspourraient avoir le sentiment quilsnont plus rien perdre et que leurmeilleure chance est de se fairelire par nimporte quel stratagme,dans lespoir que les Knyans etdautres responsables africains exi-geront quils restent leur posteen dant la CPI ou obtiendrontque les auditions aient lieu sur lecontinent africain.

    Pressions. Dans tout autre paysafricain, lexception peut-tre delAfrique du Sud, du Nigeria et delEgypte, cette stratgie serait pro-bablement voue lchec, mais,le Kenya revtant une importancestratgique pour les intrts co-nomiques, scuritaires et politiquesoccidentaux dans la rgion, ses poli-ticiens, mme inculps, pourraienttrouver le moyen de sen sortir.

    Depuis cinquante ans, les poli-ticiens knyans ont pu der demultiples reprises les pressionsdiplomatiques occidentales, car ilssavent que Washington et Londresont plus besoin du Kenya que leKenya na besoin deux. A prsentque la Chine est un alli et un trsgros partenaire commercial, et quede nombreux responsables afri-cains ressentent un certain malaise lgard de la CPI, ils pourraientbien en conclure quils ont aujour-dhui plus datouts en main encore.

    Richard Dowden

    nation knyane, le prsident JomoKenyatta. Raila Odinga, le Premierministre, est un chef luo [13%] etle ls dOginga Odinga, le princi-pal rival et critique de JomoKenyatta.

    Alors que la Constitution promeutla dmocratie, la transparence, labonne gouvernance et lidalisme,la prochaine lection ne fait en ra-lit appel quaux loyauts person-nelles et tribales. Pourtant, aucunparti base ethnique ne pouvantesprer lemporter seul, on a vu lesformations politiques se livrer une interminable danse visant former des coalitions susceptiblesde gagner llection. Il existe parailleurs un nombre impressionnantde partis sur le papier, mais la plu-part appartiennent en ralit des alliances reprsentant ouservant de paraventaux principaux partiset candidats.

    Lenregistrementdes petits candidatsa t perturb dansde nombreuses cir-conscriptions cls parun chaos et une vio-lence en grande partie organiss etrmunrs au sein des principauxpartis. En vertu de la loi, si le pro-cessus denregistrement est per-turb, cest la direction du parti quichoisit le candidat. Cela permetaux patrons du parti de garder lecontrle des listes et dexclure lescandidats locaux populaires.

    Au Kenya, la politique est exces-sivement lucrative. En comptantles primes, les parlementairesknyans sont pays 30% de plusque leurs homologues britanniques;le prsident peroit un salaire de10% suprieur celui du prsidentdes Etats-Unis; les parlementairesknyans ont rcemment tent desaccorder une norme augmenta-tion de leur pension de retraite,mais la mesure a t annule inextremis par le veto du prsidentsortant, Mwai Kibaki, lequel staitpourtant fait attribuer peu avantune prime de dpart rondelette de150000euros. Cest pourquoi sefaire nommer au niveau local (pre-mier niveau de lchelle menant la gloire et la fortune) est trsimportant. Tout ce quil vous faut,cest de largent, lappui dun par-rain et le bon pedigree ethnique.Les problmes du jour et les poli-tiques adopter ne sont qu peinementionns. Au Kenya, obtenir unsige au Parlement, cest un peucomme gagner la loterie.

    Pourtant, le peuple commence se faire entendre. Ainsi, quandM.Odinga a essay de faire gurersa sur et son frre sur la liste descandidats de sa propre circons-cription, les habitants du coin, quiavaient dautres ides, ont massi-vement vot pour dautres noms.

    KENYA

    Le syndrome de la guerrecivileLe souvenir des violences de 2007hante le scrutin prsidentiel du 4 mars. Deux clans, deux ethniessarontent.

    DCRYPTAGE

    AFRICAN ARGUMENTS Londres, Royaume-Uni Site Internet anglophonehttp://africanarguments.org/Cette revue en ligne est consacre lanalyse des enjeux de lAfrique contemporaine. Lance en 2007 et dite par la Royal African Society, une fondation britannique qui promeut le continent, elle est lune des plateformes de dbat sur lAfrique les plusbouillonnantes.

    SOURCE

    Dessin de Kap, Espagne.

    Courrier international no 1165 du 28 fvrier au 6 mars 2013AFRIQUE12.

  • AVEC MOVE FOR AFRICA,de jeunes tudiants se bougent pour lAfrique.

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    Administration gnrale de lEnseignement et de la Recherche scientique

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  • Hrriyet Istanbul

    En 1997, [le journaliste indo-amricain] FareedZakariaa publi dans la revue ForeignAairs un article qui a fait beau-coup de bruit, The Rise of IlliberalDemocracy [traduit sous le titreDe la dmocratie illibrale, in LeDbat, Gallimard]. Bien avant leprintemps arabe, il redoutait lap-parition de dmocraties nayantpas de pratiques politiques lib-rales ni la culture du libralisme,en particulier dans le mondemusulman. Il crivait que dansbeaucoup de pays de ce monde, telsque la Tunisie, le Maroc, lEgypteet certains Etats du Golfe, sil devaity avoir des lections, les rgimesqui en rsulteraient seraient trscertainement plus illibraux queceux qui taient en place alors.

    Le prtendu printemps arabea conrm ses prdictions. Maisce nest pas seulement le mondemusulman qui menace lavenir dela dmocratie librale. Au lende-main de la guerre froide, nous avonsassist un autre paradoxe: lamonte dun libralisme cono-mique antidmocratique. Le capi-talisme chinois en est le meilleur

    exemple, de mme que les miraclesconomiques de petits pays commeSingapour et Duba. Lessor de lapuissance conomique et politiquede la Russie nous a galementmontr que le cas dcole de ladmocratie librale capitalistetait quasiment caduc. Lide quela prminence du capitalisme dansle monde encouragerait lappari-tion dune politique et dune cul-ture librales dmocratiques taitpure illusion. Dune part, la montedu libralisme conomique na rien voir avec celle de la dmocratieet dune politique librale, et, delautre, lusage de procdures dmo-cratiques ne garantit pas ncessai-

    de fond en comble. Cela, loin dediminuer la culpabilit du rgime,laggrave. Car, ce faisant, il a divisles Syriens et les a monts les unscontre les autres, tout en lesdpouillant tous de leur humanitet de leur sens dappartenance une patrie commune. Aussi, le malva au-del des 70000personnesqui ont t tues et des villes et vil-lages entiers qui ont t dtruits.

    Depuis que les Amricains ontinscrit le Front Al-Nosra sur leurliste dorganisations terroristes, lastratgie mdiatique du rgimeconsiste ramener la rvolution cette faction minoritaire. En rdui-sant ce qui se passe une luttecontre des terroristes (quilssoient salastes ou voyous), lergime, l encore, dtruit la socit.Car cela revient dire que la vie deces rebelles ne vaut rien et quonpeut les liminer sans remords,conformment une jurisprudenceque les Amricains en particulieret les Occidentaux en gnral nepeuvent dsavouer puisque ce sonteux-mmes qui lont cre.

    Lalibi du terrorisme. Plus las-sassin devient barbare, plus il res-sent le besoin de prsenter sesvictimes comme des barbares. Ilcherche ainsi cacher la barbariebien relle quil exerce tous les joursderrire la barbarie suppose deses victimes, qui porte le nom deterrorisme, une sorte de marqueinternationalement reconnue. Ilest aid en cela par des intellec-tuels qui situent les problmes dansles ttes, et non pas dans les pra-tiques concrtes.

    On naurait donc pas aaire une socit syrienne o les hommesaspirent vivre dans des logementsdcents, avoir un salaire conve-nable, envoyer leurs enfants dansde bonnes coles et avoir accsaux facilits du monde moderne.Non, on aurait aaire une espceparticulire dtres humains, incu-rables, et dont on ferait mieux dese dbarrasser. La violence qui sabatsans relche sur les Syriens est enquelque sorte lapplication pratiquedune telle vision des choses.

    Il y a une continuit entre dunct lintellectuel qui est davan-tage indispos par le nombre desvictimes que par la prsence dubourreau et, de lautre, un rgimequi a pour politique dinfuser uneculture de miliciens, une politiquequi dtruit le sentiment dappar-tenance une patrie commune etappelle la vengeance aveugle.Tout cela aboutit mettre totale-ment nu la socit syrienne et en rvler une destruction dpas-sant toutes les bornes. Cette des-truction ne date pas daujourdhui.Elle est le fruit dun demi-sicle dergime baasiste.

    Yassine Al-Haj Saleh

    Le rgime dispose dune confor-table avance dans lusage de la vio-lence, grce une lecture criminellede lidologie nationaliste et dunmarxisme dgnr. Cela le dis-pense de la ncessit davoir descomptences et de disposer dunebonne organisation. Pour lidaltype du combattant pro-Assad, savoir le chabiha [milicien pror-gime], il sut davoir de lapp-tence pour les armes.

    Cest cette barbarie-l que lesmilieux prorgime ont chapp. Lepouvoir ne leur jette pas de ton-neaux dexplosifs, ne les vise pasavec des roquettes Scud, ne lesarrose pas de bombes fragmen-tation, ne viole pas leurs femmes,ne retient pas leurs enfants auxpostes, ne tue pas leurs mdecins,ne spolie pas leurs biens, nassas-sine pas leurs jeunes dune balledans la tte avant de les jeter dansune rivire ou de brler leurs corpspour les faire disparatre, ne dtruitpas leurs villes, quartiers et villages

    dans la rue. Et lon parle de plus enplus de la prostitution qui se rpand,certaines femmes y tant rduitesan de nourrir leurs familles.

    Double archasme. Du ct durgime, il y a galement des vic-times. Elles comptent probable-ment pour plus dun tiers du total.Toutefois, la destruction de leurenvironnement matriel et socialest trs limite. Cest aux foyers dela rvolution que le rgime rserveses mthodes faites de ce mlangesi particulier darchasme techniqueet darchasme moral. Cet archasmeest parfaitement rsum par unsoldat dans un hlicoptre volantau-dessus dune zone dhabitations.Il se sert de sa cigarette pour allu-mer la mche dun tonneau bourrdexplosifs, quil va pousser avecson pied par-dessus bord. Cettescne mriterait le grand prix de labarbarie, barbarie que lon peut justement dnir par ce doublearchasme, matriel et moral.

    Al-Hayat (extraits) Londres

    Les seuls chires des morts,des prisonniers, des dpla-cs et des rfugis ne su-sent pas donner la mesure de ladestruction qui aige la socitsyrienne. Il y aurait 42000morts,selon les estimations les plus basses[daprs lONU, ils seraient prsde70000], un nombre incalculablede prisonniers, prs de 700000rfu-gis et plus de 2,5millions de dpla-cs. Et on ne sait pas combien il ya eu de femmes violes et denfants retenus dans les postes de police.A cela sajoutent dinnombrablesdestructions de biens, de logements,dateliers dartisans, de lieux com-merants et de champs agricoles.

    Un nombre de personnes impos-sible chirer a perdu ses moyensde subsistance, au point que, dslautomne dernier, on a vu desfamilles camper dans les parcs. Enpermanence, on voit des mresavec leurs enfants qui mendient

    moyen-orient

    DUN CONTINENT LAUTRE Courrier international no 1165 du 28 fvrier au 6 mars 2013SUR NOTRE SITE

    courrierinternational.com

    Pas dexcuses pour les assassins, un article de Al-Hayat dnonant, en contrepoint, les attentats aveugles commis par les groupes rebelles.

    Dessin de Stavroparu dans The Daily Star, Beyrouth.

    TURQUIE

    DmocratieillibraleLe conservatismeislamique signieladoption des valeurs des pays autoritaires,comme la Russie ou la Chine.

    Syrie. La destruction de ltre humainLacharnement du rgime contre son peuple a dpouill les Syriens de leur humanit et du sentiment dappartenance un mme pays.

    Le Premier ministreturc a choqu en parlant dadhrer des alliances non occidentales

    14.

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    rement lapplication dune poli-tique librale fonde sur le respectdes droits et des liberts.

    Au dbut des annes 2000, laTurquie tait considre commeun test de dmocratie non occi-dentale et prsente comme unpays modle. Ce phnomne taitessentiellement le fait de paysmusulmans o danciens islamistestaient arrivs au pouvoir par lebiais dlections et avaient russi passer dune modernit laque etautoritaire une modernit conser-vatrice mais dmocrate, tout enenregistrant une croissance co-nomique prodigieuse.

    Cependant, aprs stre empa-rs de tous les pouvoirs politiques,les dmocrates conservateurs turcsont commenc rver dune auto-rit politique et conomique abso-lue sur la scne tant nationalequinternationale et ont peu peutourn le dos la dmocratisation.

    Rcemment, le Premier ministreturc, M.Erdogan, a caus un vifmoi en exprimant son dsir dad-hrer des alliances non occiden-tales comme lOrganisation decoopration de Shanghai (OCS)plutt qu lUnion europenne.En fait, la nouvelle nest surpre-nante que parce que la Turquie estun membre important dalliancesoccidentales comme lOtan. Pourle reste, M.Erdogan semble sin-cre quand il dclare: Nous avonsdavantage de valeurs en commun avecles membres de lOCS.

    Les valeurs politiques chres augouvernement en place sont trsproches de labsolutisme de la Russiede Poutine et du modle chinoisqui sacrie les droits et les liber-ts dmocratiques sur lautel de lacroissance conomique. Le pro-blme nest pas tant la monte devaleurs islamiques conservatricesque celle des valeurs de pays capi-talistes autoritaires. Le conserva-tisme islamique est un facteurimportant de lidologie du pou-voir, mais seulement sil contribue rprimer les cultures dmocra-tiques et librales fondes sur desdroits et des liberts.

    En dernier ressort, la Turquiemontre, plus que tout autre pays,lintrt den nir avec les grandesillusions de la thorie sociale etpolitique postmoderne, car cestnon seulement une conomie capi-taliste en devenir et une dmocra-tie sur le dclin, mais aussi un paysmusulman qui na pas russi sedmocratiser. Elle va donc devenirun bon exemple du manque de per-tinence de la thse de lconomiede march comme librateur cono-mique, dune part, et des paradoxesde thories sociologiques dans lairdu temps telles que les moderni-ts non occidentales, ou la dmo-cratie islamique, dautre part.

    Nuray Mert

    Courrier international no 1165 du 28 fvrier au 6 mars 2013 MOYEN-ORIENT.

    LIBAN

    NOW.Beyrouth, LibanSite Internet en arabe et en anglais https://now.mmedia.me/lb/enN en 2007, dans la mouvance de larvolution du Cdre, qui avait russi fairepartir larme syrienne du Liban, NowLebanon se voulait un site dinformationen arabe et en anglais largement consacrau Liban. Fin 2012, Now Lebanon devientNow., avec le souci dlargir son public etde souvrir sur la rgion du Moyen-Orient,prise dans le tourbillon des rvolutionsarabes. En 2012, le site revendiquait390000 visiteurs uniques par mois.

    SOURCE

    Dessin de Walenta,Pologne.

    Now. (extraits) Beyrouth

    Quelle que soit leur confession, leshommes de religion jouissent au Libande pouvoirs religieux, politiques, co-nomiques et sociaux considrables. Ce quileur confre un prestige et une aura qui fontque personne nose les interroger sur leurssalaires, appointements et privilges. Dovient leur argent? Qui paie leurs factures?Qui pourvoit leurs services de scurit? Ily a au Liban dix-huit groupes confessionnels.Nous nous sommes penchs sur les repr-sentants de trois grands groupes, savoirles maronites, les sunnites et les chiites.

    Parmi ces trois personnalits, le patriarchemaronite est le seul ne pas tre fonction-naire de lEtat. Il ne reoit donc pas de salairede la part du gouvernement. Ses revenusproviennent des proprits et biens en main-morte du patriarcat, cest--dire des reve-nus des terres et btiments quil met en bail,en plus de la qute du dimanche collectedans chaque glise et dont un dixime luiest revers. Le chef de lEglise maronite bn-cie de nombreux autres revenus, tels queceux des terres agricoles, mais aussi de donsde la part de personnalits aises, ainsi quede revenus spciques pour les frais destournes pastorales, les banquets, les aideset autres. Cela tant dit, le budget de lEtatsubventionne les groupes confessionnelschrtiens hauteur de plus de 3 milliards delivres libanaises par an [1,5million deuros].Cet argent est distribu au prorata du nombrede dles par confession. Une partie va aupalais de Bkerk [sige du patriarcat maro-nite], mais sert aussi nancer les tribunauxpropres la communaut. Or, tant donnque le patriarche est le chef de ces tribunaux,

    dune escorte et, exceptionnellement, dunchaueur priv pour le transport des membresde sa famille. Son ls dispose par ailleursdune escorte de gendarmes qui laccom pagnelors de ses visites prives. Il a droit plus desept cents plaques dimmatriculation, ainsiqu lusage de vitres fumes sur sa voiture.

    Selon nos informations, la socit Toyotaoccupe un tage au Haut Conseil, en contre-partie de vingt voitures oertes Ali Qabalan,le ls dAbdel Amir Qabalan. Les appoin-tements du Haut Conseil chiite slvent

    200 mill ions de l ivres[100000euros], y compris pourle sige, Hazmieh. Selon cer-taines sources, Qabalan reoit40 000 euros par mois de lam-bassade dIran, en plus de 25000 dollars [19 000 euros] parmois de la part dAli Sistani [auto-rit de rfrence des chiites en

    Irak]. A cela sajoute largent quil reoit deschefs de la communaut, des partis chiiteset dautres ressources religieuses. Il faut ga-lement rappeler que tous les biens impor-ts au nom du Haut Conseil sont exemptsde douane et de taxes. Qabalan possde samaison prive, ainsi quune seconde maison, ct, o habitent tous ses enfants. Quantaux factures dlectricit et deau, ainsi quauximpts, ils sont pris en charge par le gou-vernement libanais.

    Viviane Al-Khawly

    une partie de ces sommes-l lui revientencore. En plus, on lui reverse une part descollectes faites auprs des dles par lesprtres lors des ftes. Le Vatican nintervientpas dans la gestion nancire des maronites[lEglise maronite sest rattache au Vaticanau XIIe sicle].

    Venons-en maintenant au mufti de laRpublique [musulman sunnite]. Il est fonc-tionnaire de lEtat et reoit ce titre unsalaire mensuel de 4,2millions de livres[2 000 euros]. A cela sajoutent des privilgeset des indemnits supplmen-taires. Les dpenses du Dar Al-Fatwa [bureau des avis religieux]sont galement couvertes parle budget de lEtat. Quant larsidence du mufti, elle a tconstruite par lancien Premierministre Rac Hariri [assassinen 2005] et elle est exempte decharges (lectricit, eau, taxes,etc.).

    LEtat verse 25 millions de livres [envi-ron 12000 euros] pour frais de fonctionne-ment de ladministration. Rac Hariri payaitde sa poche 5 000 dollars [3 800 euros] sup-plmentaires par mois au mufti, quoi sajou-tent des aides estimes plusieurs millionsde dollars verses par des pays musulmanstels que lArabie Saoudite, le Qatar et lesEmirats arabes unis.

    Le rglement de la communaut sunnitene permet pas au mufti doccuper une autrefonction. Cest pourquoi il reoit des donsde la part de leaders [politiques de la com-munaut] et dhommes daaires aiss pourses dpenses personnelles. Quant aux dnersorganiss dans sa rsidence, ils sont nan-cs par des aides venues dautres pays arabes.Sa voiture prive est gnralement oertepar des hommes daaires, tandis que les-corte, de six huit hommes, est assure parla scurit dEtat, ce nombre pouvant treaugment en cas de ncessit.

    Pour ce qui est dAbdel Amir Qabalan,vice-prsident du Haut Conseil islamique chiite,il reoit lui aussi un salaire mensuel de 4,2mil-lions de livres. En plus, le Dar Al-Ifta Al-Jaafari[chiite] a un budget de 2 milliards de livres[1 million deuros]. Un demi-milliard va auxsalaires des juges et 1,5 milliard couvre lesfrais de fonctionnement. La scurit du sigede ce Haut Conseil est assure par six huithommes. Le vice-prsident dispose galement

    ENQUTERiche et heureuxcomme un chefreligieuxLes leaders des principauxgroupes confessionnels du paysvivent sur un grand pied.

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  • El Faro San Salvador

    Ily a des maisons qui parlent. Elles crient,elles racontent des fragments de grandeshistoires. Nous pntrons dans lunedentre elles. Au vu de certaines nitions quiont survcu sol en cramique, briquesrouges des faades, portail grillag , on diraitque la famille qui y a vcu a apport beau-coup de soin et daection cette maison.Mais daprs les mises en garde peintes surles murs on comprend que la famille en ques-tion a d prendre la fuite en laissant toutderrire elle.

    Lancienne vie de Sabine Moreno a prisn le jour o sa famille a rassembl le peuquelle pouvait pour quitter le quartier, sansdirection prcise. Lassassinat de son grand-pre Mauricio a ni par activer ces centresnerveux qui depuis le cerveau ordonnentaux pieds de courir. Ces mmes individussouponns dtre les auteurs du crimeavaient dj abattu six autres membres dela famille de Sabine la mme anne. Cettecollgienne de 16ans avait alors plein derves. On pourrait se demander: pourquoicette famille na-t-elle pas fui quand la pre-mire victime est tombe? Pourquoi sup-porter tant de morts avant de se dcider plier bagage?

    Mauricio tait un vanglique engag,convaincu que Dieu rsoudrait tous les pro-blmes dans lesquels ils staient fourrs parle simple fait dhabiter cet endroit. Il disaitque si Dieu voulait quils quittent ce monde,il ny avait pas de raison de sy opposer. Unenuit, au bord dun chemin qui traverse le

    quartier, titubant et extatique, Mauricio aoubli Dieu et a dit quil ferait justice de sespropres mains [pour venger la mort desmembres de sa famille]. Quelques jours aprscette beuverie et ces menaces, on lui a tenduune embuscade pour le cribler de balles. Safamille a retrouv son cadavre ensanglant,avec trois balles dans la poitrine et une dansla face. Ceux quil avait oenss naimentpas recevoir de menaces.

    Tout quitter. A une poque, ils ont d treheureux. Cest ce que dit, tout dabord, cepaysage qui apparat travers une fentresans vitres ni barreaux, avec en toile de fondle volcan de San Salvador. Le paysage estsuperbe. Ceux qui ont vcu ici y ont laissbeaucoup de souvenirs. Cest ce que disentaussi les manguiers et les mandariniers quiinondent la cour de leurs senteurs. A en jugerpar leur taille le mandarinier fait 8mtresde haut, le manguier, 15mtres, ces arbresdonnent des fruits depuis de nombreusesannes.

    Une fois le grand-pre mort, il ny avaitplus personne pour sopposer au dpart dela famille Moreno. Une petite femme bruneet rsolue a dcid pour tous les autres.Amelia, la grand-mre de Sabine, veuve dujour au lendemain, a pris sous son aile toutela famille, compose de vingt personnes. Laseptime mort dans la famille les a fait partir.

    Il nest pas facile de quitter un lieu o ona toujours vcu. Sabine la compris quandelle a cherch ses aaires pour les mettredans une valise. Elle a ressenti un vide dansla poitrine. Elle a pens quil tait dicile

    Mara Salvatrucha. Dans un rayon de deuxkilomtres, les deux bandes les plus puis-santes du Salvador senvoient des messagessous forme de gratis sur les murs de mai-sons abandonnes. Dans cet ensemble desoixante-dix maisons, vingt-cinq sont aban-donnes. Quest-il arriv ces familles?Pourquoi ont-elles fui? Qui achte ou loueune maison pour ensuite labandonner?

    Personne ici nose rpondre ces ques-tions. Les gens remuent la tte ngative-ment, et parmi les silences et les regards endessous, on arrive percevoir quelque chosequi pourrait bien tre de la peur. La peur dedire une chose quil faut taire. La peur quonles voie parler avec la police. Mais Houston,qui a pass vingt-trois ans dans la police, seme. Il dit que les gens qui sont rests icine rpondent pas parce quils sont de lafamille des garons. On ne sait pas sil fautle croire ou se dire que ceux qui sont restsont simplement peur. Allez savoir.

    Houston demande que nousacclrions le pas. Car deux gar-ons sont passs devant nous bicyclette pour la troisime fois.Ce sont les oreilles de la bande.Ils veulent savoir ce quon fait,poursuit Houston sans drama-tiser. Ces enfants devraient tre lcole cette heure de la mati-ne, ou alors peut-tre nont-ils

    cours que lapr