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Société québécoise de science politique Le développement pétrolier au Mexique: une stratégie d'organisation du rapport de la population àl'espace Author(s): André Corten Source: Canadian Journal of Political Science / Revue canadienne de science politique, Vol. 21, No. 3 (Sep., 1988), pp. 495-511 Published by: Canadian Political Science Association and the Société québécoise de science politique Stable URL: http://www.jstor.org/stable/3228750 . Accessed: 18/06/2014 12:14 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Canadian Political Science Association and Société québécoise de science politique are collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Canadian Journal of Political Science / Revue canadienne de science politique. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.109.119 on Wed, 18 Jun 2014 12:14:25 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Le développement pétrolier au Mexique: une stratégie d'organisation du rapport de la population à l'espace

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Société québécoise de science politique

Le développement pétrolier au Mexique: une stratégie d'organisation du rapport de lapopulation àl'espaceAuthor(s): André CortenSource: Canadian Journal of Political Science / Revue canadienne de science politique, Vol. 21,No. 3 (Sep., 1988), pp. 495-511Published by: Canadian Political Science Association and the Société québécoise de science politiqueStable URL: http://www.jstor.org/stable/3228750 .

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Le developpement petrolier au Mexique: une strategie d'organisation du rapport de la population a l'espace*

ANDRE CORTEN Universited du Quebec a' Montreial

Le rapport de la population a l'espace s'etablit soit par la m6diation d'une activit6 6conomique, soit, plus directement, au niveau politique. Sur le plan economique, ce rapport est cens6 s'6tablir h travers la division du travail et l'6change. Le march6 est la forme habituelle de m6diation entre population et espace: il integre la population dans l'espace et la soci6t6 civile se forme sur cette base. La production p6troliere n'est pas une activit6 6conomique comme les autres, elle releve du ph6nomene de la rente. L'argent de la rente n'est pas la cristallisation d'une quantit6 de travail; il 6chappe, dans sa circulation, aux regles d'6quivalencel qui r6gissent plus ou moins imparfaitement le march6.

Au Mexique la rente petroliere apparait tardivement. Il est vrai que la rente agricole d6terminait depuis longtemps ce qu'il est convenu d'appeler la forme d'accumulation de l'6conomie mexicaine. Un changement s'opere n6anmoins, ne ffit-ce que par la soudainet6 du phenomene. Cette transformation concerne aussi la fagon dont les installations industrielles li6es au p6trole se r6partissent en dehors des lieux de concentration habituelle.

* Cet article est une version profondement remanice d'une communication present~e au

Colloque << Le Canada et le Mexique: autonomie et interdependance dans les annees 80 >, Universite du Quebec a Montreal, 30 avril-ler et 2 mai 1986.

1 Dans la litterature abondante sur la rente, signalons Jean-Pierre Angelier, La rente

petroliere (Paris: CNRS, 1976), Gilles Postel-Vinay, La rente foncikre dans le

capitalisme agricole (Paris: Maspero, 1974), et Christian Palloix, De la socialisation (Paris: Maspero, 1981, chapitre 4). Je developpe ailleurs (L'Etat faible, Haiti et republique Dominicaine [Montreal: Ed. du CIDIHCA, 1988], et avec Marie-Blanche

Tahon, L'Etat nourricier, Proletariat et population Mexique/Algirie [Paris: L'Harmattan, 1988]) une conception de la rente entendue comme contrepartie d'une

Andre Corten, Departement de science politique, Universite du Quebec a Montreal, Montreal, Quebec H3C 3P8

Canadian Journal of Political Science / Revue canadienne de science politique, XXI:3 (September/ septembre 1988). Printed in Canada / Imprime au Canada

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L'essor p6trolier remet a l'ordre du jour la question de la

d6localisation industrielle. Question d'autant plus urgente au Mexique que trois agglom6rations m6tropolitaines-et en particulier celle de Mexico-semblent vouloir tout absorber. II existe une abondante litt6rature sur les p6les de croissance,2 qui, face aux blocages 6conomiques oppos6s h la d6localisation et a l'int6gration r6gionale, tente d'introduire des 616ments d'explication socio-politiques. L'analyse suppose l'int6gration par le march6 mais tente d'en expliquer l'imperfection par des 616ments compl6mentaires, notamment par les comportements de la population.

L'impact r6gional des complexes industriels a fait l'objet, au Mexique, d'analyses remarquables. Il convient notamment de citer les 6tudes men6es, sous la direction de Francisco Zapata, dans le cadre du Colegio de Mexico,3 sur le complexe (non pas p6trolier mais sid6rurgique) Lazaro Cardenas implant6 en pleine campagne au bord du Pacifique dans l'Etat de Michoacan. II faut aussi mentionner le projet conjoint4 du Centre de recherches et de documentation de l'Amedrique latine (CREDAL) du CNRS et de 1' Institut de geographie de I'UNAM, qui porte sur < les impacts de grands foyers 6nerg6tiques et industriels nouveaux qui bouleversent leur environnement r6gional et local >--en ce qui concerne le CREDAL, ce projet deborde le Mexique pour s'6tendre au Br6sil et au V6n6zuela.

responsabilit6 non assumee, contrepartie de l'epuisement des ressources naturelles et de la degradation de l'environnement. Cette responsabilite n'est pas un travail au sens propre du mot, aussi la contre-valeur que repr6sente la rente ne se calcule-t-elle pas en termes de surtravail. Cette contre-valeur n'est pas ce que, en termes marxistes, on appelle de la plus-value.

2 Les travaux de Perroux et de Boudeville suivis par ceux de plusieurs auteurs anglo-saxons ont influence la conception qui s'elabore en Amerique latine dans les annees cinquante et soixante et qui va orienter la creation de plusieurs p6les nouveaux.

3 Francisco Zapata et al., La Truchas, Acero y Sociedad en Mexico (Mixico : El Colegio de Mexico, 1978). Ilan Bizberg, La accion obrera en las Truchas (Mexico: El Colegio de Mexico, 1982). Le p6le de Las Truchas avec le complexe siderurgique Lazaro Cardenas a ete ouvert en 1976. La decision de construire ce p6le, situe

, 700 kilometres de la ville de Mexico sur la c6te du Michoacain, a ete prise en 1971 par le President Luis Echeverria. Durant de nombreuses annees, le general Lazaro Cardenas, president de la Republique de 1934 a 1936 et figure charismatique du Mexique moderne, avait lutte pour son implantation. Dans une perspective plus generale voir aussi Gustavo Garza, Industrializacion en las principales ciudades de Mexico (Mexico: El Colegio de Mexico, 1980).

4 Voir notamment les Actes du colloque franco-mexicain de 1981 publies conjointement par l'Institut de Geographie de I'UNAM et le CREDAL, Los grandes complejos industriales y su impacto en el espacio latinoamericano (Mexico, 1982). Voir par ailleurs le No 26 des Cahiers des Amdriques latines (1982) ainsi que l'article de Jean Revel-Mouroz, << Petrole et mutation d'un espace geographique : le cas de la raffinerie de Cadareyta (Nuevo Leon) >>, Les Cahiers des Ameriques latines 24 (1981), 139-165.

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R6sum6. La d6couverte d'importants gisements de petrole au sud-est du Mexique en 1972 delocalise totalement l'activite petroliere. Cette delocalisation qui entre par ailleurs dans une politique generale de deconcentration industrielle induit une migration interurbaine considerable. L'objet de ce texte est de montrer la sp6cificit6 de cette migration et d'analyser le nouveau rapport de la population au territoire qui tente ainsi de s'instituer dans cette region tampon avec l'Amerique centrale. Ce rapport de la population au territoire est explique a partir du type de mobilisation sociale et politique constitutive du regime populiste mexicain. Ce rapport ne s'etablit cependant pas fermement. Le mouvement centripete de transfert de la rente se trouve renforce, 6clairant certains facteurs de crise du systeme mexicain.

Abstract. The discovery of important oil fields in the southeast of Mexico in 1972 transformed totally the petroleum industry. That transformation, which was a part of a more general policy of industrial decentralization, induced a considerable interurban population migration. The object of this article is to discuss the migration in detail and to analyze the new link between the population and the territory, the population trying to establish itself in a buffer region against Central America. This link can be understood from the kind of political and social mobilization that characterizes the populist political system of Mexico. However, the tie to that specific social mobilization was not so strong as the centripetal movement of rent-transfer was reinforced, throwing a light on some crisis components of Mexico's system.

Dans le pr6sent texte, la question est trait6e a partir d'une approche diff6rente, celle du bio-pouvoir : la population n'est pas consid6r6e comme un element sur lequel la politique peut avoir une certaine prise si l'on tient soigneusement compte de ses caracteristiques, elle est

consid6r6e comme proprement constitutive du politique. Le politique est l'expression d'une mobilisation de la population, il est gestion de la population. Plus particulierement ici, partant de l'hypothese que la

soci6te civile est faiblement integr6e au Mexique, on montre comment la relation de la population i l'espace s'etablit directement dans la mobilisation sociale qui definit le regime politique populiste. Cette mobilisation est etudi6e non seulement a travers diff6rents processus de proletarisation-notamment l'exode rural et les migrations interurbaines-mais elle oblige

' repenser la proletarisation comme

ph6nomene global: la proletarisation est un nouveau rapport global a l'espace.

On dispose pour cette analyse d'un materiel d'enquete original6 r6uni en 1983 et portant sur 617 travailleurs. L'echantillon (340 femmes et

5 Michel Foucault, Histoire de la sexualite, La volonte' de savoir (Paris: Gallimard, 1976), 177-91.

6 Ces donnees ont ete reunies dans le cadre d'une recherche subventionnee par le C.R.S.H., le F.C.A.R. et l'UQAM, co-dirigee avec Cary Hector. Elles ont ete presentees dans deux notes de recherche: Andre Corten, << Fonds des salaires et stock alimentaire, les processus de proletarisation au Mexique > (Montreal: UQAM, Departement de science politique, Note de recherche No 28, 1985), et Andre Corten et Marie-Blanche Tahon, << Proletarisation et formation des proces de travail, Mexique-Algerie > (Montreal:UQAM, Departement de science politique, Note de recherche No 31, 1985). Pour une analyse plus generale, voir Corten et Tahon, L'Etat nourricier.

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277 hommes) a et6 choisi dans trois regions diff6rentes : l'une petroliere (la zone de Villahermosa) et deux autres non petrolieres (Cordoba-Orizaba, d'industrialisation ancienne mais situee dans une r6gion agricole et Aguascalientes, plus urbaine et ayant connu une impulsion industrielle recente). D'autre part, nous avons interroge des travailleurs de diff6rentes categories. L'echantillonnage par quota a e6t elabore sur la base d'un recensement des diff6rents quartiers des zones populaires des trois ensembles urbains mentionnes. Les categories qui se distinguent le plus dans les comportements analyses ici sont au nombre de quatre (sur les six que comportait l'enquete), soit: (1) les travailleurs fixes ayant un emploi permanent et syndicalement prote6g dans une grande entreprise; (2) les travailleurs transitoires engages dans des contrats d'emploi de trois mois plus ou moins renouvelables; (3) des travailleurs ayant des emplois salaries plus instables encore et des revenus parfois complet6s par des activites informelles, appeles ici semi-proletaires (leur revenu familial se situe au niveau du minimum de subsistance); (4) des travailleuses occupees dans le secteur informel (celles-ci n'6tant pas, comme on va le voir, la replique f6minine de la categorie prec6dente).

La proletarisation est a la fois investissement et liberation par rapport a un territoire, parfois aussi fixation. L'analyse du comportement des travailleurs des diff6rentes categories permet de l'illustrer. Par suite de politiques de delocalisation qui ne correspondent pas seulement a des imperatifs techniques, ce territoire compte aussi des stocks de machines: des raffineries, des complexes petrochimiques. La juxtaposition sur un meme lieu de travailleurs et de stocks de machines n'induit pas necessairement la mise en place de rapports de production. Lorsqu'une population nombreuse se deplace et s'entasse et qu'elle s'assure des moyens de survie, on ne peut pas non plus parler de mecanismes de reproduction de la force de travail. Il s'agit d'une mobilisation sociale : d'une mobilisation dans le sens que l'initiative (de deplacement, d'education, etc.) re6vle ~ la fois la determination et la competence des gens, dans le sens aussi que le populisme du regime politique fournit une sorte de miroir-aux alouettes-a cette initiative. De meme que la population est mobile et se mobilise, et dans son mouvement meme etablit un rapport de la population a l'espace-rapport qui peut etre geopolitique-la rente est un rapport qui a ses propres parametres de mouvements centripetes et centrifuges, de retention et de fuite. Le lien entre les deux phenomenes est analyse ici sur le double plan de la mobilite et du fonds de revenus qu'ils sont amen6s a constituer. Apres avoir rapidement rappele l'importance du

p6trole dans la politique de developpement de p6les regionaux, qui fut mise en oeuvre au cours des ann6es soixante-dix, c'est ce double lien que nous examinerons.

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Politique regionale et petrole

Jusqu'en 1972, l'extraction du petrole dans le district de Comalcalco semblait impossible tant le gisement etait profondement enfoui. Cette annee-la, toutefois, les plans de la PEMEX, la societe petroliere d'Etat du Mexique, bouleverserent ce district proche de Villahermosa, aux confins des Etats de Tabasco et du Chiapas. Des 1978, les deux tiers du

petrole mexicain provenaient de ce perimetre assez reduit-on peut traverser la region en une heure de voiture. Le paysage est aujourd'hui herisse de derricks et de torcheres au milieu d'une vegetation completement devastee. A partir de 1981, le golfe de Campeche est devenu a son tour une zone tres importante. Plus de 90 pour cent du petrole brut sont extraits de ces deux regions.7

L'industrie petrochimique, par contre, ne s'y est developp~e que tardivement. Il est vrai que la region voisine de Minatitlan- Coatzacoalcos, au sud de l'Etat de Veracruz, avait ete choisie, des les annees soixante, comme foyer national de la petrochimie lourde parce qu'elle disposait d'une base petroliere et, disait-on, industrielle datant du debut du siecle alors que le Tabasco est un Etat agricole. Grand producteur de cacao, il se transforme en region d'elevage. Reforma (a la lisiere du Tabasco mais dans l'Itat du Chiapas) devient pourtant le site du deuxieme grand complexe mexicain: Cactus. En 1981, celui-ci produit un million de tonnes metriques, ce qui est encore loin des cinq millions de Minatitlan-Coatzacoalcos.8 Mais la

disparite est nettement moins sensible sur le plan de l'emploi: toujours en 1981, la grande region de Villahermosa (Tabasco et Chiapas compris) occupe 16114 travailleurs dans le secteur des hydrocarbures tandis que celle de Minatitlan-Coatzacoalcos en compte quelque 27 000.9

La politique de developpement de p6les r6gionaux est mise en oeuvre en 1971, des le debut du mandat presidentiel de Luis Echeverria. Elle precede donc l'essor de la rente petroliere, elle precede meme la

d6couverte de l'importance extraordinaire des gisements qui ne sera

7 Instituto de Estadistica, Geografia e Informatica/PEMEX, La industria petrolera en Mexico (1983). En 1968, le Mexique produisait 142 millions de barils de petrole brut; 40

pour cent provenaient de la zone de Poza Rica, 20 pour cent de la zone Nord et 40 pour cent de la zone Sud. En 1978, il en produit trois fois plus (441 millions) dont 83 pour cent sont extraits dans la region du Sud. En 1981, 884 millions. En dehors de Comalcalco et du golfe de Campeche, 48 millions de barils seulement proviennent encore de Poza Rica.

8 Le complexe de Cactus a Reforma produit 1038 182 tonnes metriques, celui de

Cosoleacaque pres de Minatitlan en produit 4 108 058 et celui de Minatitlan 508 296. Les complexes de Cangrejera et de Pajaritos, proches de Coatzacoalcos, en

produisent respectivement 286 236 et 870 587. Voir La industria petrolera. 9 Le 31 decembre 1981, dans l'tat de Tabasco, on comptait 5 272 travailleurs de planta

(<< fixes >>) et 9 353 travailleurs << transitoires >>. Au Chiapas, respectivement 271 et 1218 et dans l'tat de Veracruz, respectivement 21520 et 18 363. Voir La industria

petrolera. A Poza Rica (Veracruz), il y aurait au total 12000 travailleurs.

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connue, semble-t-il, qu'en 1972 et annoncee en 1974. Cette politique intervient

' un moment oii l'industrialisation se concentre dans les trois grandes villes-Mexico, Monterrey, Guadalajara: leurs revenus bruts industriels passent de 59,8 h 61,7 pour cent du total entre 1960 et 1970.10

Cette concentration s'opere dans un contexte de faible augmentation de l'emploi industriel alors que la production industrielle connait en revanche une expansion remarquable. L'age d'or de ce que l'on appelle le < developpement stabilisateur >> est ainsi marque par un profond changement de tendance dans le processus d'industrialisation mexicain caract6rise depuis 1940 par un gonflement de l'emploi industriel et de faibles accroissements de la productivite. De 1960 a 1970, la population industrielle croit deux fois moins rapidement que durant les deux d6cennies pr6c6dentes alors que l'indice de production atteint un niveau inegale.11

La politique de d6veloppement des p6les regionaux marque une reorganisation de la tendance au gonflement de l'emploi industriel, meme si la delocalisation ne se traduit pas immediatement par un changement de la r6partition geographique de l'emploi industriel sinon au profit des zones frontalieres des Etats-Unis.12 L'accroissement de l'emploi industriel-plus specifiquement dans l'industrie de la construction-n'attend effectivement pas la rente petroliere. De 1970

'

1975, I'accroissement est de 24 pour cent. Il s'6leve h 40 pour cent pendant la periode suivante.'3

Quel que soit le caractere sauvage de l'essor petrolier, il prend place, tant au niveau du gonflement de l'emploi industriel (au sens large) qu'a celui de la delocalisation spatiale, dans le d6veloppement de nouveaux rapports qui, sur le plan politique, prennent la forme du populisme.14 En renouant avec un certain discours card6niste, le

president Echeverria marque un retour ' une forme de d6veloppement axee sur la relation espace/population. Cardenas avait reussi

' engager

la population dans un rapport d'investissement au territoire, en ouvrant

10 En 1970, Ville de Mexico: 46,48 pour cent, Monterrey: 10,89 et Guadalajara: 4,28 pour cent. Voir Garza, Industrializacion, 58.

11 Les indices de croissance de la population industrielle sont pour 1940-1950, 1950-1960, 1960-1970, 1970-1980 respectivement de 177, 163, 139 et 174. Les indices de production industrielle, pour les memes periodes, sont de 122, 221, 217 et 199. Calculs effectues a partir des statistiques reprises par le BIT et les Nations-Unies.

12 De 1970 ' 1975, la proportion du personnel occupe dans l'industrie dans les Etats de Coahuila et Chihuala, frontaliers des

ltats-Unis, s'eleve par rapport au total national;

elle s'accroit de 1,2 pour cent. 13 La place de la construction dans l'emploi total augmente aussi. De 6,3 pour cent de la

population active en 1970, la construction passe a 7,5 pour cent en 1975 et h 9,0 pour cent en 1980.

14 Jorge Basurto, << The Late Populism of Luis Echevarria >, dans Michael Conniff (dir.), Latin American Populism in Comparative Perspective (Albuquer- que: University of New Mexico, 1982), 93-112.

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de nouvelles frontieres et en ramenant a l'agriculture une population flottante sur laquelle s'etaient appuyees les armees revolutionnaires. Echeverria est certes preoccupe par la degradation du rapport d'investissement au territoire rural et il prend des mesures pour y rem6dier mais son effort porte essentiellement sur la population urbaine. C'est sur la base d'une population plac6e dans un certain rapport d'investissement au territoire urbain que l'argent afflue au Mexique sous la forme d'emprunts ext6rieurs.15 Et ceci avant la rente p6troliere.

La rente p6troliere introduit pourtant une dimension qui contrarie au moins partiellement la delocalisation dans la mesure oii les flux de transfert sont centripetes.16 Comme l'6taient les flux provenant de la rente agricole. Elle ne suit pas pour autant la meme voie d'encadrement que celle-ci. La rente agricole avait certes aussi contribu6

" une forte concentration urbaine-la baisse de prix des produits de premiere n6cessit6 6tait surtout reelle dans les m6tropoles-mais elle avait au moins assur6 la reproduction d'unfonds de salaires17-entendu comme masse

pr6determin~e de revenus destinee au payement des salaires et plus g6n6ralement a l'achat de biens de subsistance. Les &conomistes classiques consid6raient ce fonds comme une << avance >> faite aux travailleurs pendant le periode d'accomplissement du travail et la voyaient comme une quantit6 de subsistances dont la nature d6terminait les bornes. Cette expression est reprise ici pour d6signer le caractere pr6d6termine d'une masse de revenus destinee a la subsistance mais pr6d6termin~e par les rapports de rente. Cette masse ne varie pas avec l'accroissement de la productivit---en cela elle fonctionne comme fonds-mais, en revanche, elle est index6e la croissance de la population (active): la nature ne fixe pas les << bornes fatales > de ce fonds.

15 La dette publique exterieure n'etait que de 3,2 milliards de dollars en 1970. En 1976, elle est de 19,6 et en 1982 de 50,4. La dette exterieure globale atteint 105 milliards fin 1987.

16 Ignacio Cabrera, << Las opciones del petroleo , Problemas del desarrollo, Revista latinoamericana de economia 56 (1983-1984), 131-32.

17 L'expression des economistes classiques surtout developp~e par John Stuart Mill et McCullock et critiquee par Marx (Le Capital, Livre 1, Chapitre 24, Section 5) est reprise ici pour designer cette situation intermediaire entre le fordisme des pays industrialises des annees cinquante a soixante-dix oui la masse des salaires augmentait dans une proportion au moins egale a la productivite et la situation de la < devalorisation absolue de la force de travail > observable dans les regimes militaires bresiliens et chiliens par exemple. La, les salaires reels diminuent durant une longue periode. Au Mexique, pendant la decennie 1970 les salaires reels ne baissent pas mais n'augmentent pas non plus substantiellement (1% par an), meme si le PIB per capita croit rapidement (3,4%). Pas plus que dans l'analyse des classiques, il n'est pas necessaire de tenir compte seulement de salaires au sens strict. Notons cependant que le Mexique se caracterise par le fait que les revenus salariaux sont majoritaires et que le secteur informel est moins developpe qu'ailleurs. Ce phenomene a ete note par Humberto Mufioz, Orlandina de Oliveira et Claudio Stern au terme de leur vaste etude

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Dans la p6riode r6cente au Mexique, la rente p6troliere a d6r6g16 le fonctionnement du fonds des salaires au point de le faire 6clater par la soudainet6 de son apparition et par son ampleur-encore grossie par une

acc616ration des emprunts exterieurs. D'une part, cette soudainet6 comme cette ampleur impriment un cours centripete aux flux de transfert, d'autre part, dans la mesure oui elle influe plus directement que la rente agricole sur le stock de machines, la rente p6troliere peut tres bien fonctionner dans le sens d'une d6localisation-ce qui ne signifie pas que celle-ci ne prenne pas la forme de cr6ation d'enclaves. Notons que, meme sous forme d'emprunt ext6rieur, les devises imm6diatement apportees par la vente des produits p6troliers sont siphon6es par des int6rets financiers tandis que les couches moyennes restent engourdies dans leur provisoire embourgeoisement.

Dans la suite de ce texte, il s'agit de cerner ces ph6nomenes au niveau des processus de prol6tarisation, de voir si-dans ces zones de

d6localisation et dans cette conjoncture de crise-des m6canismes de reproduction de la force de travail sont mis en place ou non. Si non, il s'agit encore d'6valuer quelles formes de socialit6 engendrent ou renforcent ces ph6nomenes et quelle est leur signification dans une analyse non orthodoxe de la formation du prol6tariat. II s'agit de montrer par exemple qu'il y a, dans la r6gion de Villahermosa, un v6ritable processus de d6localisation dans le sens d'un nouveau rapport population/espace et que n6anmoins, des m6canismes de reproduction de la force de travail ne sont pas mis en place ou ne le sont que tres imparfaitement. La mobilisation de la population connait des limites qui sont sans doute un effet de la crise. La multiplication des apports de revenus au niveau de la famille, qui permet de centrer cette mobilisation sur une production de la population, ne parvient pas a s'op6rer dans ces nouveaux << p6les > alors qu'elle prend de nouvelles formes ailleurs.

Une mobilisation interurbaine

Un article, d'ailleurs critique,18 sur les migrations dans l'Etat de Tabasco,19 remet en question la these selon laquelle les migrants, du fait

sur l'industrialisation et la migration a Mexico 1930-1970 (Mexico City: Industrialization, Migration and the Labor Force, 1930-1970, Report UNESCO, 570-391). I1 continue a se verifier au debut des annees quatre-vingt. I1 faut, concluent-ils, rejeter la proposition de la o surtertiarisation >. En cela le Mexique se distingue nettement de la Colombie et du Venezuela. Selon la Banque Mondiale, le Mexique compterait 37 pour cent de sa population dans le tertiaire tandis que ces deux pays en compteraient respectivement 52 et 54 pour cent.

18 Crescencio Ruiz Chiapetto, << Efectos de las implantaciones industriales en el crecimiento demografico: lecturas ... critica >, dans Los grandes complejos, 204-24.

19 Leopold Allub et Marco A. Michel, << Quatre theses erron6es sur les migrations internes en Amerique latine (le cas d'une region petroliere mexicaine: l' tat de Tabasco) >, Cahiers des Ameriques latines 26 (1982), 157-75.

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des difficult6s d'incorporation dans les rapports modernes, s'engouffreraient dans le secteur tertiaire, en particulier dans des activites commerciales et de service marginales, c'est-h-dire dans le secteur informel. Se basant principalement sur des enquetes r6alisees par des organismes gouvernementaux, Allub et Michel montrent que les migrants, qui composent 28 pour cent de la population occup6e non agricole, representent 42 pour cent du secteur secondaire (et 58 pour cent de l'industrie p6troliere qui constitue les deux tiers de ce secteur) alors qu'ils ne representent que 13 pour cent du secteur tertiaire.20 Nos propres enquetes ont apport6 des r6sultats analogues, quoique sur la base d'un 6chantillon 6videmment plus modeste. Les hommes semi-prol6taires (parfois occup6s dans le secteur informel) sont pour moitie n6s sur place alors que tel n'est le cas que de 15 pour cent des travailleurs fixes ou transitoires de la construction et du p6trole. Mais, contrairement h ce que pensent ces auteurs, le ph6nomene est relativement propre a la region petroliere : les proportions sont inversees dans les zones non petrolieres. La, quatre cinquiemes des travailleurs fixes ou transitoires sont nes sur place tandis que deux tiers seulement des semi-proletaires sont originaires de la r6gion.

Allub et Michel ne parviennent finalement pas a expliquer ces donn6es. Leur manquent en effet des 6l6ments plus precis relatifs a l'origine de la migration. En raison des sources dont disposent ces auteurs, ils ne considerent que les migrants qui viennent de l'ext6rieur de

l'Etat. Or, nos enquetes r6velent que ceux-ci sont plus souvent d'origine urbaine que ceux qui migrent a l'int6rieur de 1'Etat. Le trait distinctif entre travailleurs fixes et transitoires d'une part et semi-prol6taires de l'autre repose finalement sur le caractere interurbain de la migration: plus de la moitie des migrants totaux parmi les premiers proviennent d'autres villes, contre moins d'un quart pour les semi-prol6taires. Ajoutons que, lorsqu'ils sont n6s a la campagne, plus de la moiti6 des travailleurs fixes et transitoires migrent d'un autre Etat, fait exceptionnel pour les semi-prol6taires.

En regle generale, il ressort donc que, moins l'individu est fix6 a son territoire de naissance, plus il est entreprenant et mieux il parvient h trouver un emploi salarie meme s'il est provisoire. Cette constatation se verifie pour les trois villes etudices. La proportion de la population d'origine urbaine nee dans la ville meme est plus faible parmi les travailleurs fixes ou transitoires que parmi les semi-proletaires. II en est de meme de la proportion de la population d'origine rurale nee dans le meme Etat. Cette observation est generale pour les hommes semi-proletaires car les femmes qui exercent des activites informelles obeissent h des normes diff6rentes. Elles sont beaucoup plus

20 Allub et Michel, < Quatre theses erron6es >>, Tableau 1.

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nombreuses h avoir migre de fagon interurbaine.21 Elles n'ont pas non plus les memes caract6ristiques : elles sont, par exemple, moyennement instruites alors que les semi-prol6taires masculins ont un niveau d'instruction tres bas; elles sont inserees dans des structures familiales nettement moins nucleaires, dans des menages oii il y a plusieurs apports de revenu. Elles ont d'ailleurs, plus que d'autres femmes, participe h la d6cision de migrer en ville.

Si ces conditions sont generales, I'essor pdtrolier donne a ces initiatives un champ d'accomplissement otu la mobilisation interurbaine parvient particulierement a se ddvelopper. II est probable que ce champ differe de celui qui attire la population vers le district f6deral.22 Les semi-proletaires ont, en effet, autant que les salaries, des parents dans le district f6d6ral. Par ailleurs, il n'est pas certain que cette mobilisation interurbaine ne soit que le reflet des privileges dont profitent ceux qui sont integres dans la section syndicale du Syndicat des Travailleurs P6troliers (STPRM).

II existe, comme l'a observe Marie-France Prevft-Schapira23 une filiere de recrutement h partir des anciennes zones p6trolieres; mais cette filiere ne fait pas, entre les travailleurs de planta (fixes) et les travailleurs transitoires, ouvriers de la construction compris, une distinction aussi nette au niveau des autres caracteristiques que de la permanence de l'emploi.24 Ainsi, par exemple, dans la zone p6troliere de Villahermosa, les detenteurs d'un certificat d'6tudes primaires sont plus nombreux parmi les travailleurs transitoires (67,4%) que parmi les travailleurs fixes (46,6%). Quelle que soit la misere dans laquelle vivent ces travailleurs, il ne s'agit pas d'une population marginale qui serait charri6e par des mouvements migratoires dont ils ne seraient que l'6cume.

Les conditions de reproduction de la force de travail

La population de Villahermosa s'est fortement gonflee durant la derniere d6cennie, engendrant un phenomene de degradation urbaine souvent present6 comme catastrophique. Selon certains,25 la population aurait double entre 1973 et 1977, pour atteindre 200000 habitants. Le

21 Corten et Tahon, << Prol6tarisation >>. 22 Humberto Mufioz, Orlandina de Oliveira, Claudio Stern, Mexico City. 23 Marie-France Pr6v6t-Schapira, << P6trole et nouvel espace industriel au Mexique,

Coatzacoalcos-Minatitlan >> (these de 3e cycle, Paris III, 1981). Voir aussi Marie-France Schapira, << Travailleurs du p6trole et pouvoir syndical au Mexique >>, Cahiers des Ameriques latines 20 (1979), 65-91.

24 Notons que dans la r6gion de Villahermosa ., proportion des << transitoires >> ~ la PEMEX s'61~ve 'a 66 pour cent alors qu'elle est en moyenne de 48 pour cent.

25 Manlio Tirado, El problema del Petroleo: Tabasco, Chiapas y el Gasoduto (Mexico: Ediciones Quinto Sol, 1978), 17.

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cofit des loyers aurait lui aussi double durant la meme periode, y compris dans les bidonvilles qui n'ont cesse de se developper et oui fleurit la speculation immobiliere.

Cela etant, la situation semble avoir ete moins mal contrle~e a Villahermosa qu'h Coatzacoalcos.26 Selon les statistiques des recensements, la population aurait en fait augment6 de 55 pour cent de 1970 h 1980, soit moins que durant la d6cennie ant6rieure. Mais, il faut ajouter que la population attiree par l'activit6 petroliere s'est eparpill~e sur plusieurs centres de l'Ftat de Tabasco (Cardenas, Cd Pemex, Comalcalco, Huimanguillo, etc.), et h Reforma dans l' tat du Chiapas.

TABLEAU 1

EVOLUTION DE LA POPULATION URBAINE DE VILLAHERMOSA (TABASCO)

1930 ..................

18 676 1960 ........... 59027 1940

.................. 27980 1970

................ 107 912

1950 ..................

36453 1980 ............. 168652

Source: SPP (Secretaria de Programacion y Presupuesto), Manual de Estadisticas Basicas del Estado de Tabasco, 1980 et X Censo General de Poblacion y Vivienda 1980, Estado de Tabasco, 27 (1983).

Les conditions d'habitation sont les plus mauvaises sur les sites p6troliers et petrochimiques proprement dits. C'est justement le cas h Reforma, petit village sur lequel la PEMEX a d6cid6 de construire les grands complexes de Cactus. Des 1977, 6000 travailleurs y sont employes. Plus de la moitie, il est vrai, resident

' Villahermosa (3 000) ou

h Cardenas (1000).27 Ne comptant qu'une seule rue avant 1973, Reforma s'est << enrichie >> de quelques rues asphaltees, de quelques maisons en bloc, de quelques magasins et d'un h6tel; tout autour a perte de vue un immense bidonville.

Prise globalement (c'est-h-dire en incluant Reforma et Cardenas), et en comparaison des centres urbains non p6troliers etudies dans notre enquete, la zone de Villahermosa s'avere 6tre celle oui les conditions quotidiennes de reproduction de la force de travail sont les plus d6ficientes, si l'on se base sur les indicateurs du tableau 2. En tout cas, le niveau et la qualit6 de vie y sont les plus bas.

En meme temps, c'est dans cette zone que les revenus individuels en termes reels sont les plus eleves, meme pour les semi-prol6taires. Les revenus nominaux individuels sont en moyenne de 55 pour cent plus

26 La population de Coatzacoalcos, qui s'e'lve '

186129 personnes, a plus que double durant la decennie. Voir Angel Bassols Batalla, Geografia economica de Mexico (Mexico: Trillas, 1982), 149.

27 Ibid.

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eleves que dans les autres centres urbains de notre enquete. L'ecart est le plus grand pour les travailleurs fixes. Ainsi, ceux de la PEMEX gagnent le double des travailleurs fixes de la brasserie Moctezuma d'Orizaba. Pour les semi-proletaires, l'6cart est de l'ordre de 50 pour cent.28 Bien entendu, le cooit de la vie y est aussi plus 61ev6. Selon nos enquetes, les depenses journalieres individuelles sont de 40 pour cent plus elevees dans la zone petroliere.29

Le tableau 2 montre clairement que les conditions sont beaucoup moins bonnes au niveau de l'habitat et de l'alimentation. Nous n'avons retenu que l'indicateur du nombre de repas; les autres indicateurs de notre enquete relatifs au type d'alimentation-plus compliques a analyser rapidement-ne contredisent pas cette tendance.

TABLEAU 2

CONDITIONS D'HABITAT ET D'ALIMENTATION

Villa- Cordoba- Aguasca- hermosa Orizaba lientes

Proportion de logements loues 31,7 21,3 17,2

Proportion de logements sans electricite et/ou sans eau 31,8 17,6 7,7

Maisons en materiaux precairesa 39,1 23,2 7,3

Habitations a une seule chambre 28,4 8,4 0,8

Mangent moins de trois repas par jour 42,6 22,4 14,2

a Selon les statistiques du dernier recensement (1980), la proportion de maisons con- struites en mat6riaux precaires est de 40 pour cent

' Villahermosa et de 48 pour cent '

Cardenas.

Source: Les enquetes de l'auteur, 1983. L'6chantillon de 617 personnes est compos6 de 26

pour cent de travailleurs fixes, 26 pour cent de travailleurs transitoires, 11 pour cent de semi-prol6taires, 15 pour cent de travailleuses dans le secteur informel et 22 pour cent d'autres cat6gories.

28 Pour plus de details, voir Corten, << Fonds des salaires >, Tableau 2. Notons pourtant que le salaire minimum officiel n'est pas plus 61ev6

' Villahermosa qu'a Aguascalientes : 421 pesos parjour en 1983. Voir Annuario Estadistico de los Estados Unidos de Mexico (Mexico: S.P.P., 1983).

29 Ces donn6es ne comprennent pas le prix des loyers. Les locataires paient en moyenne 4400 pesos par mois

' Villahermosa (le peso mexicain vaut 1/120 de dollar

US-moyenne annuelle-et 1/55 en 1982, voir Anuario, 1983), 1500 pesos dans la r6gion de Cordoba-Orizaba et 2 300 ' Aguascalientes. Si tous les interview6s devaient payer un loyer, les d6penses familiales d6clar6es repr6senteraient 105 pour cent du revenu de l'interviewe a Villahermosa et 133 pour cent

' Aguascalientes.

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Le developpement petrolier au Mexique 507

Un fonds familial des salaires

Une population qui dispose de revenus plus importants mais qui simultanement assume moins bien sa survie dans le domaine de l'habitat et de l'alimentation ne contribue pas a renforcer le fonctionnement d'un fonds des salaires entendu comme masse de revenus indexee a la croissance de la population active. Le phenomene est un sympt6me de

d6reglement du fonctionnement de ce fonds, qui se traduit a un niveau

macro-6conomique par la crise. Cet ecart entre revenus et moyens de survie est contemporain d'une elevation soudaine des aspirations qui d6vie les classes moyennes de leur place dans le dispositif de regulation du fonds et va aboutir, avec le declenchement de la crise, a une baisse du salaire minimum reel. En fait, celui-ci commence a baisser des 1977.30 Cette baisse correspond a un mouvement centripete du transfert de surplus, qui fragilise les mecanismes de retention de la rente reposant precisement sur le fonds des salaires dans un <<? tat nourricier >>.31 L' tat nourricier est un Etat qui se fait instituer, a travers la formulation des demandes des categories << corporatistes >>, comme l'allocataire social unique. Il est symboliquement le gerant du stock d'aliments qu'il preserve en retenant la rente. Des lors que le fonds des salaires est

d6r6gl6, cette pretention de l'Ftat se trouve affaiblie.

L'6cart entre revenus et moyens non seulement gene la

reproduction de la force de travail mais encore desagrege le fonctionnement de ce que j'appelerai maintenant le << fonds familial des salaires >>: l'instance a travers laquelle opere, au niveau des processus de proletarisation, le fonds global des salaires. Le fonds familial designe ici la maniere dont les salaires, dans une famille, fonctionnent comme un tout. Ces salaires sont d'abord regl6s par des besoins resultant du nombre de personnes dans la famille avant de l'6tre par la place des individus sur le marche du travail. Il y a d'ailleurs souvent, dans ce fonds, agglomeration de revenus salariaux et non salariaux, meme si la

pluralite des revenus salariaux est une condition de son fonctionnement. Cette condition est ge6nralement remplie au Mexique, les revenus du secteur informel etant moins preponderants qu'ailleurs.32 La

d6sagregation du fonds familial limite en fin de compte les capacites de mobilisation de la population et les effets structurants de la

d6localisation pour 1' Ftat. Elle handicape la poursuite d'une politique de

30 Selon Gerardo Gonzalez Chavez (Salarios e Inflacion en Mexico :1970-1983 [Mexico: UNAM, Instituto de Investigaciones Economicas, 1984, cuadro 13]), le salaire r6el

journalier 6tait de 23,43 pesos (de 1968) en 1969, 26,54 en 1978, 29,18 en 1979, 27,20 en

1980, 27,83 en 1981, 24,38 en 1982 et 18,54 en Juin 1983. 31 Corten et Tahon, L'Etat nourricier. 32 Nous l'avons vu, le Mexique se distingue nettement d'autres pays latinoam6ricains

comme la Colombie par exemple. Voir Gilberto Mathias, Pierre Salama, L'Etat

surdiveloppd; Des mrtropoles au tiers monde (Paris : La D6couverte/Maspero, 1983), 61-66.

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d6veloppement regional sans pour autant entrainer une crise ge6nrale de

l'Etat nourricier lui-meme, dans la mesure oif l'existence du fonds familial des salaires restant intacte dans d'autres r6gions et pouvant meme avoir tendance a s'elargir par la multiplication des apports familiaux en reaction a la baisse ge6nrale des salaires,33 le fonctionnement du fonds global des salaires, comme fonds, n'est pas completement perturbe.34

Les zones petrolieres se caracterisent en effet par le fait que les apports sont peu nombreux et qu'un seul revenu couvre souvent la subsistance. Notre echantillon total donne respectivement 1,57, 1,98 et 1,87 apports pour les zones de Villahermosa, Orizaba-Cordoba et Aguascalientes et si l'on ne considere que l'6chantillon masculin, on a respectivement 1,31, 1,81 et 1,87 apports. Ces chiffres resultent d'un facteur macro et micro-social. D'une part, la faible diversification industrielle ne permet pas la multiplication des apports familiaux, de l'autre, la structure familiale de type nucleaire offre moins de pos- sibilites d'une telle multiplication.

La faiblesse de la diversification se traduit par le fait que deux industries, le petrole et la construction, d'ailleurs souvent liee au

p6trole, emploient 80 pour cent de la population active du secteur secondaire.35 La structure familiale est modelee en fonction d'un certain nombre de processus de proletarisation dont quelques indicateurs sont

r6unis dans le tableau 3. Cette situation se traduit par la faible proportion de femmes dans le

secteur manufacturier .a Villahermosa (11,4%) par rapport a la region d'Aguascalientes (32,2%),36 par exemple, ou au district f6deral (42,5%).37 Les femmes de Villahermosa sont surtout amenees ~ realiser de fagon remun6r6e une extension du travail domestique et ce

phenomene marque un rapport d'investissement au territoire urbain qui

33 Ainsi la population active continue d'augmenter, y compris dans l'industrie

manufacturiere, apris 1982, mime si le taux de ch6mage s'y accroit consid6rablement. En 1984, la population active a augment6 de 94 000 personnes par rapport

' 1982; par contre, la population occup6e a baiss6 de 346000 personnes

(Momento economico [Mexico: UNAM, Agosto, 1984]). 34 Les revenus des couches moyennes salari6es semblent avoir 6t6 plus comprim6s suite

a la crise que les revenus moyens ouvriers. 35 Allub et Michel, << Quatre theses erron6es >>. 36 Selon le recensement de l'Etat du Tabasco (1980), les femmes repr6sentent 28,6 pour

cent de la population active a Villahermosa. Elles sont surtout occup6es dans les services (48,3%). Selon le recensement de l'Etat d'Aguascalientes (1980), les femmes

repr6sentent 30,8 pour cent de la population active de la ville. Les donn6es pour Cordoba-Orizaba ne sont pas disponibles.

37 Soit 173099 femmes sur les 407001 personnes travaillant dans l'industrie manufacturiere. Voir Tableau 9 de X Censo General de Poblacion y Vivienda, 1980, Resumen General Abreviado (Mexico: Instituto de Estadistica Geografia e

Informatica, 1984). Dans le district f6d6ral, les femmes repr6sentent 36,3 pour cent de la population active et 60,4 pour cent de la population active des services.

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Le ddveloppement pdtrolier au Mexique 509

TABLEAU 3

INDICATEURS RELATIFS AU FONDS FAMILIAL DES SALAIRES

Villa- Cordoba- Aguasca- hermosa Orizaba lientes

Revenu net moyen de l'interviewe 22067 14 495 13 119

Proportion de l'apport de l'interviewe par rapport au total des revenus familiaux 76,4 70,8 60,5

Proportion de familles nucleaires avec enfants en bas Age 61,6 44,7 51,7

Proportion de menages oif le nombre total de personnes est de 5 et + 40,0 69,5 64,8

Source: Les enquetes de l'auteur, Mexique 1983.

compense partiellement la desagregation du fonds familial en l'externalisant. Mais, alors que, dans les autres regions, seuls les semi-proletaires echappent a un fonctionnement en termes de fonds familial, a Villahermosa, cela touche egalement les salaries.

Se manifestent ici les limites de la politique de delocalisation comme composante du populisme. Elle n'institue que partiellement un nouveau rapport au territoire, meme si elle repose sur une mobilisation qui manifeste une liberation vis-a-vis du territoire lignager, a laquelle participent aussi les femmes du secteur informel qui-contrairement aux semi-proletaires-sont tres souvent migrantes (dans les deux tiers des cas et quelles que soient les regions). Ce nouveau rapport se cristallise dans la figure du travailleur transitoire masculin: un migrant, d'une trentaine d'annees, relativement instruit, provenant souvent d'un milieu urbain et dont l'6pouse travaille rarement comme salari6e.

La politique de delocalisation contribue en fait surtout '

une masculinisation du salariat8--qui va en sens inverse de la tendance

g6n6rale.39 Cette masculinisation contribue, quant "

elle, '

renforcer la

38 La masculinisation de l'emploi semble 6tre un trait g6n6ral d'une politique volontariste de l'Etat. Voir, a ce sujet, le developpement du secteur public en Alg6rie tel qu'analys6 dans Andr6 Corten, Marie-Blanche Tahon, << La formation acc616r6e de la classe ouvriere: l'exp6rience alg6rienne >, Capital, travail et socidtd 15 (1982), 40-57.

39 En 1970, les femmes repr6sentaient 19,0 pour cent de la population active de l'ensemble du Mexique et 20,6 pour cent dans les industries de transformation (IX

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reduction des besoins b un seul besoin : celui de la reproduction de la force de travail.40 En ce sens, elle contribue a la mise en place d'un

m6canisme de reproduction de la force de travail. Ce mecanisme est pourtant immediatement limite par l'apparition

d'une autre figure: celle du semi-proletaire. Le semi-proletaire est celui qui ne peut pas satisfaire, de fagon meme el6mentaire, le besoin de

reproduire sa force de travail. Cette situation l'emprisonne dans une << conscience malheureuse >>-en l'occurence machiste-qui le pousse, selon nos enquetes, a vouloir seul assumer la << responsabilit6 e de nourrir sa famille et a empecher sa femme ou ses enfants d'y contribuer, meme sous forme d'activit6s informelles. Le semi-prol6taire d6pourvu d'instruction, d'initiative et de mobilit6 se trouve enferme dans une condition qui echappe a la fois aux mecanismes classiques de reproduction de la force de travail et a ceux qui sont associes au fonctionnement d'un fonds des salaires.

Selon nos enquetes, l'impasse des semi-prol6taires pousse paradoxalement ces milieux a identifier la delinquance comme probleme principal du quartier. Cette attitude 6tait beaucoup plus prononcee que lh oui fonctionne le fonds familial ou encore parmi les ouvrieres d'usine des zones non petrolieres. Une batterie de questions permettait de cerner cette perception des << classes dangereuses > pour reprendre la formulation de Louis Chevalier."4 Certes, des reactions semblables sont aussi tres repandues parmi les travailleurs fixes, chez les << ouvriers incorpores > vivant parfois dans de coquettes maisons de quartiers cloisonnes. Mais, la peur des << classes dangereuses > s'installe aussi parmi les habitants des quartiers a habitat d6grad6. Dans son int6riorisation, elle fait partie de l'enfermement de la condition semi-proletarienne.

Dans la mesure oui elle echoue a 6tablir un nouveau rapport au territoire, la politique de delocalisation contribue h l'6mergence des << classes dangereuses > dans la conscience meme des travailleurs. En ce sens, elle affaiblit les bases d'une interpellation populiste et explique l'alternance des discours politiques et notamment l'apparition, avec Miguel de la Madrid, d'un discours de renovation morale.

Censo General de Poblacion 1970, Resumen General Abreviado [Mexico: Direccion General de Estadistica, 1972], Tableau 27). En 1980, 27,8 et 26,3 pour cent des industries manufacturieres (X Censo). Depuis, le gonflement de l'emploi, surtout f6minin, dans les < maquiladoras > laisse penser que le pourcentage s'est encore sensiblement accru.

40 Voir a ce sujet la remarquable analyse d'Agnes Heller, La thdorie des besoins chez Marx (Paris, 10/18, 1978). Plus particulierement a propos des enclaves dans lesquelles cette r6ductions s'opere de maniere plus visible, voir Francisco Zapata et Ilan

Bizberg, << Enclave industrial y demandas obreras >, dans Los grandes complejos, 359-85.

41 Louis Chevalier, Classes laborieuses et classes dangereuses (Paris: Librairie g6n6rale frangaise, 1978).

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Le dkveloppement pdtrolier au Mexique 511

Conclusion

Lors de la conquete espagnole,42 l'isthme de Tehuantepec (Coatzacoalcos-Salina Cruz) a e6t vide de sa population amerindienne. Quant au Chiapas, il a longtemps fait partie de la capitainerie du Guatemala et lui est culturellement tres proche. Se pose done dans cette

r6gion un probleme geopolitique de rapport entre la population et l'espace, probleme renforce depuis une dizaine d'annees par la forte pression des populations centramericaines et en particulier guatemalteques, dont on estime le nombre de ressortissants a 150 000 au Mexique,43 parmi lesquels 30 000 au Chiapas.

Les decouvertes petrolieres ont evidemment encourage le

d6veloppement d'un p6le dans la region de Villahermosa mais techniquement on aurait pu se limiter a mobiliser un personnel specialise et peu nombreux pour la perforation et l'extraction. Le developpement

p6trolier, et surtout petrochimique, de la zone de Villahermosa releve d'un choix; il r6pond a une politique strategique d'organisation de l'espace. Un peu plus au nord, celle-ci avait entraine, au 19e siecle, la construction du chemin de fer transisthmique, au debut du 20e siecle (des 1908), la construction d'une raffinerie a vocation exportatrice a Minatitlan et, dans les annees soixante, I'implantation de la petro- chimie de base du pays44 qui s'6tend jusqu'a Coatzacoalcos. Probleme d'amenagement regional mais surtout probleme national, constitutif de

l'Ptat mexicain qui avait, comme on sait, e6t ampute au milieu du 19e siecle d'une vaste partie de son territoire du Nord (Californie, Nouveau Mexique, Texas).

Cette situation rend compte des ambiguit6s d'une politique de

d6localisation industrielle qui se justifie economiquement par l'objectif de constituer une solide force de travail mais politiquement par la

d6termination d'un nouveau rapport strategique au territoire, les deux themes etant mle6s au debut dans un discours populiste. Ces ambiguit6s sont en partie responsables de la crise actuelle parce qu'elles ont renforce les tendances centripetes de l'Ptat mexicain.

42 Frangois Chevalier et Louis Huguet, Peuplement et mise en valeur du tropique mexicain (Mexico: Miscellanea Paul Rivert, 1958).

43 Marie-Chantal Barre, << Les nouveaux mouvements de population centram6ricaine >>,

Amerique latine 20 (1984), 73. Il y aurait egalement 120000 Salvadoriens. 44 Prev6t-Schapira, << Petrole et nouvel espace industriel >>, 176-77.

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