418 Archives Iiilcrnetioniiles tie I’liysioloyie, 1933. Voi. XXX\ I, Fasc. 4.

[612.451 J Recu le 27 avril 1933.

LE DOSAGE CHIMIQUE DE L’ADRBNALINE DANS LE SANG E T DANS LES LIQUIDES ORGANIQUES

P A R

Gnetano VIAL^.

(Irrstitut d t Physrologir. Uiiiaersztr r. de Cines)

E dosage de I’adrenaline dans le sang et dans les liquides orga- L niquesest un probleme du plus haut inter& biologique. Les methodes chimiques sont en general trop peu sensibles et spkcifiques ; les methodes biologiques, celle de l’action vaso-constrictrice sur la preparation de grenouille d’apres TRENDELENBURG, celle de la mesure de la pression sanguine sur le chien narcotise celle de l’action inhibitrice sur le tonus et les mouvements peristaltiques de I’intestin isole de mammifere etc.. peuvent tres bien s’appliquerau titrage d’une solution d’adrenaline pure, mais non a celle d’un liquide complexe comme le sang, qui contient a cBtC de I’adrenaline, bien des substances a action antagoniste de cette hormone surrenale, telles que la choline, l’acetylcholine, I’histamine, les sels potassium, etc. Tout ‘au plus dosera-t-on la partie de l’adrenaline qui n’est pas neutralisee par les substances antagonistes.

Outre la variabilite et la complexite des methodes biologiques, rappelons encore qu’il existe un synergisme entre I’adrenaline et le serum. en vertu duquel l’activite de I’adrenaline se trouve exaltee en presence de serum. Une coloration rose signalee par moi ( I ) reaction assez sensible pour permettre de reveler la presence de l’adrenaline m@me d a m de faibles quantites de sang ou de serum a servi de base,a moi et a mon eleve CROCETTA. pour elaborer une nouvelle technique de dosage quantitatif de I’adrenaline.

Cette reaction repose sur la sensibilisation successive exercee par I’acide sulfanilique et le mercure sur la reaction de I’acide iodique avec I’adrenaline (chaine de sensibilisation).

CL.tte rkaction a ete contr6!ee et modifiee par BACQ (2).

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Cette reaction, que BACQ a voulu appeler Rimtion de Vide, n’est donnee par aucune autre substance presente dans les liquides orga- niques (par exemple elle est negative avec le liquide cephalorachi- dien). Seule la cystine peut simuler cette reaction (BAcQ). Mais dans le plasma, il n’y a pas de cystine libre. En outre, le procede dont nous usons pour traiter le sang (precipitation par le sublime acide) a pour effet de I’Climiner.

De plus, on peut, au moyen de la formaldehyde, differencier I’adre- naline de la cystine.

La reaction est due au groupe pyrocatechique qui constitue une partie de la molecule de l’adrenaline. En effet l’adrenaline est la I-met hylaminoethanolp yrocatechine .

La technique du dosage propose est fondee sur le fait que la for- maldehyde a chaud modifie I’adrenaline de telle sorte qu’elle ne donne plus la reac t ih de VIALE. (Par contre la reaction que donne la cystine n’est pas modifiee par le formol).

La proportion centesimale de formol necessaire pour dktruire une quantite determinee d’adrenaline est constante ; empirique- ment, nous avons trouve qu’une partie d’adrenaline est inactivee par 80 parties de formaldehyde.

Voici la technique du dosage :

On doit avoir les solutions suivantes :

I) Une solution de formaldehyde a titrer au moment de I’usage (soit par une methode iodometrique) soit au moyen d’une solution connue d’adrknaline .

\ I I ) Une solution saturee de sublime corrosif, acidifiee par HCI

111) Une solution saturke d’acide sulfanilique (de preparation

IV) Une solution saturee d’iodate de potassium,

A un petit nombre de cc. de serum ou de sang, on ajoute deux volumes de solution de sublime. On filtre ; on lave le precipite par deux fois avec cette solution, en quantite correspondant au tiers du volume du liquide total. On mesure le filtrat et on en prend une portion correspondant a 0.5 cc. de sang.On ajoute une quantite connue

(2 cc. d’acide chlorhydrique 33’7; pour 100 cc. de sublimb).

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de formaldehyde (par ex. d’une solution correspondant a 1 : 400.000 de I’adrenaline) ; on chauffe a 400 pendant IS ; on laisse refrdidir ; on ajoute une goutte d’acide sulfanilique et deux gouttes d’iodate : on porte a 70”pendant 3 comme le conseille BACQ. Si le liquide montre une coloration rouge, c’est qu’il contient une proportion d’adrenaline superieure a I : 400.000 ; s’il reste incolore, c’est ‘tin

signe qu’il y a moins d’adrenaline. Si on repete I’epreuve avec une quantite plus forte ou plus faible de formaldehyde, on peut etablir entre quelles limites se trouve la concentration de I’adrenaline : avec trois essais, on peut approcher de l’exactitude, mieux encore avec cinq essais.

En appliquant cette methode sur une centaine d’epreuves. nous avons trouve que la concentration nioyenne de I’adrenaline dans le sang entier est de 1 : 400.000 et dans le serum de 1 : 500.000 (chien).

Ces valeurs. $our les raisons susdites. sont supkrieures a celles trouvees par les chercheurs qui ont utilise pour le dosage la technique biologique.

Ainsi, TRENDELENB~JRG donne pour le sCrum sanguin de chien des valeurs allant de 1 : 2.000.000 a I : 2.500.000 et pour le lapin I : u n milliard.

ADLER pour le sang de femme 1 : 12.000.000 ; tandis que CROCETTA et DOGLIOTTI avec notre methode ont trouve environ 1 : 400.000.

Cette methode a permis de contrder des faits signales par une autre methode et a permis de constater des faits nouveaux.

Entre autres, j’ai constate que la sympathine de CANNON et BACQ provenant de I’humeur aqueuse de I’oeil se comporte au point de vue chimique comme I’adrenaline ; elle donne la reaction de WALE, mais cette reaction est emptchee par 1 ’addition prealable de formaldehyde ; fait qui confirme la supposition de BACQ de l’identitk de la sympa- thine et de I’adrenaline.

En outre, j’ai verifie ce que j’avais deja vu et qui m’avait rempli de surprise, c’est-a-dire que le sang de chien prive de surrenale con- tient cependant de I’adrenaline en quantite seulement un peu infe- rieure au sang de chiens normaux (Je rappelle entre parentheses que BACQ e t BROUHA (4) ont prouve chez des chats prives de fonction surrenale, la presence de sympathine).

Comme le sang est plus riche en adrenaline que le serum, i l etait a supposer que I’adrenaline est concentree dans les globules rouges.

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En effet, M.CROCETTA. dans mon laboratoire. a montre que lesglobules rouges mnt charges d’adrenaline.

L’hemolyse des hernaties apres lavage au chlorure sodique donne une rbct ion de VIALE trks nette ; cette solution hemolysee produit une Clevation de la pression sanguine si on l’injecte dans la jugulaire du chien ; elle provoque une vaso-constriction manifeste dans la preparation de grenouille a la TRENDELENBURG; elle abaisse et inhibe le tonus et les contractions pkristaltiques de ]’intestin isole de cobaye.

Les globules rouges sont donc porteurs d ’adrenaline. Cette adre- naline n’est pas combinee d’une faqon stable ; i l suffit de dialyser le liquide hemolyse pour lui faire perdre les proprietes adrenaliques.

Notre methode se prtte a de nombreuses applications pratiques. La premiere application a ete faite par CROCETTA et DOGLIOTTI

en obstetrique : ilS constaterent que I’adrenalinemie ne varie pas pendant la grossesse et I’etat puerperal ; elle augmente pendant la phase de travail.

J’ai fait une autre application a I’urine ; j’ai pu mettre en evidence une a d r h l i n u r i e physiologique ; i l est possible de demontrer la presence de l’adrenaline dans I ’urine de presque tous les individus. Au point de vue clinique, je rappellerai que si parfois la reaction est negative, cela peut arriver chez des individus qui ont habituellement une pression sanguine peu elevee (105-1 10 mm. Hg. au maximum) ; tandis que la reaction est toujours intensement positive chez les individus a forte pression sanguine. Pour le moment je n’insiste pas sur ces constatations qui peuvent avoir de I’inter&t pour la clinique.

Nous chercherons a determiner les conditions experimentales, dietetiques et therapeutiques qui pourront modifier I’adrenalinCmie et I’adrCnalinurie.

B IBLIOG R A F H I E

I . G. V I A L L . - Boll. Sol . (1. d l 8 i u l o y / a ,sfiev., 1 I ( , ; , io.;u. 2 . Z. M. BACQ. - C. R. SOC. Blol., CX, 564, 1932. j. Z. M. BACQ. - Arch. t i l t . d d Physiol., X X X V I , 167, 1033. 4. Z. M. BhCQ. e t L. B R O U H A . - h n a l c s dc Pliysrol., L‘I I I , jCG, 1032 r t Arch.

Int. Physzol., X X X V , 163, 1032.

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