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Le grand livre de la langue française by Marina Yaguello Review by: Maria Rosaria Ansalone La Linguistique, Vol. 40, Fasc. 2 (2004), pp. 126-130 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40605044 . Accessed: 16/06/2014 09:38 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to La Linguistique. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.34.78.61 on Mon, 16 Jun 2014 09:38:45 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Le grand livre de la langue françaiseby Marina Yaguello

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Le grand livre de la langue française by Marina YaguelloReview by: Maria Rosaria AnsaloneLa Linguistique, Vol. 40, Fasc. 2 (2004), pp. 126-130Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/40605044 .

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la fois abordés selon leur positionnement au sein du courant étudié et selon les convergences ou les divergences observées parmi eux.

Bien que ce livre scientifique ne soit pas volumineux, il réussit à recouvrir avec intelligence et pertinence les théories les plus représentatives parues pendant les deux derniers siècles en Occident. Le lecteur pourra pourtant s'étonner de l'absence de la théorie des trois points de vue (morphosyntaxique, sémantico- référentiel, énonciatif-hiérarchique), d'Hagège dont l'ouverture scientifique n'apparaît guère.

En concluant, nous soulignons le caractère vulgarisant de ce livre. Ainsi, les étudiants et les enseignants des sciences du langage peuvent sans difficulté s'en servir. Son langage simple mais pas simpliste intègre enfin une lignée fortement explicative, ce qui rend cette recherche utile pour ceux qui souhaiteraient une introduction pointue à la science du langage.

Marina Yaguello (dir.), L· grand livre de la langue fiançaise, Paris, Le Seuil, 2003, 564 p.

Compte rendu par Maria Rosaria Ansalone, Université de Naples - Federico II.

La « grandeur » est une notion - d'abord et surtout politique, mais aussi scientifique, artistique, culturelle au sens large - qui a accompagné l'histoire de la France moderne dans toutes ses manifestations et jusqu'à nos jours. Il nous plaît ainsi spécialement de voir intitulé « grand livre » ce riche volume qui fait le point sur Y « état de santé » du français, sans prétendre se poser en médecin au chevet du malade, mais dans un but de description raisonnée, en photographiant la réalité et sans cacher son intérêt et - si j'ose dire - son amour pour la matière ! Nous ne saurions donner compte dans le détail d'un sujet si vaste, mais, avant de nous essayer à en offrir quand même un modeste avant-goût, il nous tient à cœur de souligner la limpidité de l'exposition (la dernière page de couver- ture parle - et à bon escient - du « souci constant de la clarté et de la lisibi- lité ») : adressé aux apprenants spécialistes et aux enseignants, l'ouvrage ne man- quera pas d'attirer le large public des amateurs ! Caractères clairs et très élégants ; mise en page soignée, même là où le recours fréquent à des encadrés sur trame grise rend la tâche bien difficile ; possibilité de mener, justement, une lecture multiple, sautant ces encadrés, ne lisant que ceux-ci, lisant le tout in extenso ; recours mesuré, mais efficace, aux formidables aide-mémoire offerts par les particularités typographiques (italiques, gras, points d'ordre...) ; présence d'un index des notions, d'une table des matières extrêmement bien détaillée, et - pourquoi pas ? - photos avec brève biographie des différents auteurs... tout concourt à attirer l'attention du lecteur, à la maintenir, bref à le passionner !

Tout d'abord Marina Yaguello, directrice de l'ouvrage, signe l'Introduction et une contribution (le péritexte ne parle jamais de « chapitre » : autant d'essais autonomes convergent ainsi à dresser un tableau d'ensemble bien exhaustif) sur La grammaire (p. 153-258), tâche ingrate s'il en est! «Qu'est-ce que la gram- maire ? » se demande- t-elle. « Savoir inconscient » chez tout locuteur natif ; « description [...] assortie ou non d'hypothèses explicatives » de la part des lin-

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guistes ; « ensemble de règles prescriptives » pour ce qui est de la grammaire sco- laire : c'est la deuxième acception à être retenue et appliquée à une « variété centrale [...] une plate-forme commune ». Les trois niveaux d'analyse annoncés (syntaxique, sémantique et pragmatique) subissent - après un opportun aperçu sur « linguistique et informatique » - un précieux renversement, par lequel « Le composant pragmatique » est présenté le premier (actes de langage et visée com- municative), suivi par « Le composant sémantique » (le temps, l'aspect, la moda- lité, la détermination, le genre, le nombre...) et « Le composant syntaxique » (grammaire de la phrase), peut-être le moins développé, pour aboutir à d'intéressantes interactions entre les trois et terminer sur un bref aperçu, essentiel mais utile, sur la morphologie. « La grammaire du texte » (cohérence et cohé- sion, intentionnalité, informativité, intertextualité, deixis, anaphore et coréfé- rence, cataphore : rien n'est oublié !) conclut ce développement, rigoureux et exhaustif, mais toujours accessible et agréable à lire.

À Christiane Marchello-Nizia, auteur d'excellents ouvrages sur la diachronie du français, revient Γ « ouverture », L· français dans Vhistoire (p. 11-90), dont le titre inverse déjà l'approche traditionnelle. Elle évite ainsi, grâce à une sorte d'anthologie commentée, l'énième « histoire de la langue » parue en France et à l'étranger, depuis les années 1980, une fois dépassé l'inégalable « grand Brunot » avec ses 16 volumes ! De très belles reproductions de documents authentiques d'époque, ainsi qu'une carte des langues romanes actuelles, ou de très utiles tra- ductions de textes anciens embellissent le paysage d'un passionnant voyage à tra- vers l'évolution de la langue des Gaules, depuis ses origines, et jusqu'au XXe siècle.

De l'évolution à la variation, le voyage de diachronique se mue en syn- chronique et Françoise Gadet (citons pour mémoire son ouvrage de 1989, L· fiançais ordinaire) s'occupe ici de La variation : le fiançais dans l'espace social, régional et international (p. 91-152), discutant de l'ambiguïté de notions telles que les « niveaux de langue » ou les « registres » : utiles dans les années de l'essor de la didactique des langues étrangères, ces notions «pâlissent» devant les variétés diatopiques (spatiale et régionale) ou diastratiques (sociale et démographique), phoniques, morphologiques ou syntaxiques ou, encore plus, lexicales ! Standar- disation, norme... jusqu'au purisme, voilà autant de concepts flous, que les lin- guistes ont appris à nuancer, jusqu'à prendre en compte la variation indivi- duelle (diaphasique) elle-même. Quant aux langues régionales et aux usages régionaux du français et de ce qui reste des dialectes et des patois, ils nous font percevoir la différence qui persiste entre le français et l'italien, ce dernier parlé désormais presque par toute la population, sans que les dialectes aient perdu leur valeur culturelle et anthropologique forte (je pense bien sûr au napolitain, qui produit encore une cinematographic, un théâtre et une chanson, mais aussi au toscan, au vénitien, au dialecte de Gênes, etc.). La diffusion du français dans le monde offre, enfin, l'occasion de dresser un « état des lieux » lucide et sans triomphalismes ni catastrophismes, si répandus chez ceux qui craignent « la mort des langues » !

Bernard Tranel, spécialiste en phonologie, avec un titre à l'apparence modeste, L·s sons du fiançais (p. 259-315) - la référence choisie étant la «moitié nord de la France » et en particulier bien sûr Paris - dresse un inventaire qui, pour être descriptif et traditionnel, ne manque pas d'apporter d'intéressants aperçus sur les données plus récentes de l'évolution du système phonétique

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(l'assimilation, la liaison et Pélision...). Professeur de linguistique à l'Université de la Californie, l'auteur apparaît attentif surtout aux réactions et besoins d'apprentissage des non-francophones. Une seule remarque : dans son ensemble le système phonétique du français se trouve réduit de 36 à 35 sons par élimina- tion du son [a] , définitivement « aplati » sur le timbre semi-fermé de la voyelle antérieure labialisée [œ], élimination ni annoncée par Bernard Tranel, ni évoquée dans les pages consacrées à ces problèmes. Or, s'il est évident que la différence de prononciation entre «je » et «jeu » ou entre « ce » et « ceux » est non seulement presque imperceptible, mais aussi inintéressante au niveau pho- nologique et distributionnel, il est tout aussi vrai, en revanche, que l'opposition pertinente [θ/e] dans des paires minimales à forte composante morphologique (comme le souligne aussi Claire Blanche-Benveniste à propos de la grammaire de la langue parlée, p. 326 et s.), telles que « le/les ; ce/ces ; de/des ; me/mes ; te/tes... », ou encore des phénomènes comme la « Chute de e entre conson- nes », ou Γ « Insertion de e entre consonnes », problèmes auxquels sont consa- crés deux paragraphes spécifiques, souffrent de l'élimination du «schwa», voyelle qui, pour avoir « en fait reçu plusieurs appellations spéciales (par exemple, e muet, e caduc, e instable) », montre son importance dans diverses langues (l'anglais entre autres !).

Claire Blanche-Benveniste « prend la parole » et signe La langue parlée (p. 317-344) et L'orthographe (p. 345-389), sujet dont elle s'était occupée dès 1969, mais que l'on aurait probablement laissé à Nina Catach, si elle avait encore été parmi nous... La langue parlée, dépréciée de longue date en tant qu'in- contournable source de fautes contre le bon usage ; surestimée comme prioritaire dans les années 1980 par les linguistes structuralistes ; étudiée, enfin, d'une manière scientifiquement correcte à travers les transcriptions écrites et les trans- positions de la matière sonore, grâce à de nouveaux instruments - le magnéto- phone avant tout autre -, la langue parlée est décrite dans sa propre grammaire (le genre, le nombre, les conjugaisons...), ainsi que dans sa syntaxe (constructions clivées, dislocations, constructions plus spécifiques...) pour laquelle l'auteur insiste, en conclusion, surtout sur le fait que « il y a plus de personnes douées pour parler que de personnes douées pour écrire » et « écrire est plus lent que parler et cette lenteur fait que, si l'on n'y est pas entraîné, on perd de vue la pla- nification de ses énoncés » (ce qui serait à discuter, par exemple, dans un pays comme l'Italie, où l'habitude de lire les communications scientifiques et/ou les discours politiques est très répandue, parce qu'on estime que la rhétorique de l'écrit est plus facile à maîtriser que celle de l'oral).

Orthographe/orthodoxie riment aux yeux de la plupart des gens de culture en France, pays qui - véritable particularité par rapport à tous les autres qui parlent des langues d'origine latine - légifère sur la matière. Claire Blanche- Benveniste fait remonter le plus grand nombre des difficultés (26 lettres, auxquel- les il faut ajouter les diacritiques - accents, trémas, cédilles - ainsi que de nom- breux groupements de lettres, que ce soit pour les voyelles ou pour les conson- nes...) à la fidélité à l'alphabet latin (20 lettres), insuffisant à représenter tous les sons du français. Et pourtant l'italien - auquel l'auteur fait souvent référence, spécialiste qu'elle est avec Raffaele Simone du projet pour l'intercompréhension entre les langues latines (EuRom4) - a su avec beaucoup plus d'aisance « braver » les lois de l'étymologie et pratiquer une écriture phonographique, sans besoin de réformes ni de rectifications de l'orthographe ! La présentation du sujet donne

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parfois l'impression de privilégier l'évocation des difficultés, des « exceptions », plutôt que des régularités, si nécessaires à déceler pour Penseignement/apprentis- sage du FLE. Face aux etymologies fausses et populaires, aux traces de l'orthographe du grec ancien, aux nombreux homonymes et aux besoins de l'orthographe grammaticale, le seul point de repère semble rester l'orthographe lexicale « qui tient une place fondamentale dans la conscience des locuteurs » et qui gagne toujours, même contre l'Histoire !

Après l'exposition des éléments de base de la langue, Jean-Paul Colin - lin- guiste qui conjugue ces compétences avec l'investigation de la littérature, même dans ses formes marginales (roman policier, roman populaire...) - introduit L· lexique (p. 391-456) et ses problèmes de définition. La triade paraît obligatoire, sans que les limites entre les notions soient pour autant nettes et évidentes : mot/terme /vocable, monème/morphème/lexie, lexicologie/ lexicographie /dic- tionnairique... Rien n'échappe à l'analyse visant la « vie » des mots et débou- chant donc sur le néologisme (voir aussi, J. Pruvost, J.-F. Sablayrolles, L·s néologis- meSj Paris, PUF, « Que sais-je » ?, juin 2003), l'étymologie (brièvement), l'emprunt (très à fond : « C'est un problème interlinguistique et interculturel majeur de notre temps, qui se joue à l'échelle de la planète »), le changement lexical, l'archaïsme, les mots désuets... Et, sur l'axe synchronique, la richesse de la créa- tion lexicale (la dérivation), les mots composés et les locutions, sans oublier les synonymes et les paronymes, les sigles, les acronymes et la troncation, les regis- tres (quelque peu hâtivement) et l'immanquable argot (mais pas les autres jar- gons, verlan, largonji ou autres).

L'approche lexicographique est confiée - bien sûr - à Jean Pruvost, avec L·s dictionnaires fiançais : histoire et méthodes (p. 457-489), excursus rigoureusement diachronique sur la « spécificité française » représenté par la richesse et la variété de la production de dictionnaires, le « livre par excellence », mais aussi « le livre de tout le monde », avec la Bible, depuis l'Antiquité. Naissance du monolingue, différenciation entre dictionnaire de langue et dictionnaire ency- clopédique, développement des dictionnaires de spécialité et spécialisés, histoire des grands lexicographes et éditeurs (de Richelet à Paul Robert, en passant par Iittré et, bien sûr, par Pierre Larousse), essor des nouvelles technologies (dic- tionnaires informatisés, électroniques, sur CD-ROM, sur DVD, en ligne), réflexions méthodologiques sur les principaux aspects théoriques (définition de lexico- graphie /dictionnairique/métalexicographie), l'auteur nous surprend encore une fois avec une approche originale et riche en nouveautés, même pour ceux qui - comme nous - ont l'habitude de suivre régulièrement son travail de recherche.

L'intérêt franco-centriste se manifeste, enfin, dans l'attention à Enseigner la langue française maternelL· (Emile Genouvrier, p. 491-541) - choix toutefois inévi- table devant l'impossibilité de présenter en quelques pages le foisonnement méthodologique et pédagogique de l'enseignement du FLE ! Parler, lire, écrire, connaître la langue, l'orthographe, la grammaire, le lexique, voilà le grand tra- vail de l'institution scolaire vis-à-vis du jeune élève (dans la scolarité obligatoire de 4 à 15 ans) visant l'enseignement de la langue française (de France) mater- nelle : disciplines concernées (linguistique, sociologie, psychologie) et profonde réflexion didactique ne cessent de s'y développer, là où la didactique du FLE, ces toutes dernières années, marque une perte d'envergure : si, d'après Fernand Braudel, « la France, c'est la langue française », les pourcentages d'échec sco-

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laire, qui culpabilisent parfois le monde enseignant, sont à confronter au chiffre de 60 % d'élèves qui en 1965 terminaient leurs études à 14 ans !

Ce beau livre, intense, mais accessible, constitue, au début du troisième mil- lénaire, un témoignage majeur de la réflexion sur la langue française.

Furetière, Animaux de la Terre, présenté par Jacques Vallet, Zulma, 2003, coll. « Grain d'orage », 159 p.

Furetière, Animaux de lAvr et de lEau, présenté par Jacques Vallet, Zulma, 2003, coll. «Grain d'orage»), 159 p.

Compte rendu par Christine Jacquet-Pfau, Collège de France.

Le Dictionnaire universel, Contenant généralement tous les Mots François tant vieux que modernes, & les Termes de toutes les Sciences & des Arts [...] en trois tomes valut à son auteur Antoine Furetière (1619-1688) son exclusion de l'Académie française, alors qu'il y siégeait depuis vingt ans. D sera publié en 1690 en Hollande, préfacé par Pierre Bayle, qui illustre merveilleusement bien cette particularité qui justifie pleinement aujourd'hui que l'on s'intéresse à ce monument de notre patrimoine dictionnairique : « On y ramasse cent belles curiosités de l'histoire universelle, de la physique expérimentale, et de la pratique des arts. Ce ne sont pas des mots qu'on nous enseigne, mais une infinité de choses. » Contrairement au Dictionnaire de l'Académie qui avait pour but de réglementer la langue, le dictionnaire de Furetière se présentait comme un témoignage de son époque, laissant entrer tous les mots, les plus nouveaux comme les plus populaires. Il annonce une vision du monde tout à fait novatrice, un savoir encyclopédique, annonçant L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert. Les Éditions Zulma avaient déjà revisité ce patrimoine en publiant, sous forme de petits livres au format de poche très élégants et à la couverture bleu nuit éclairée par le seul regard de Furetière : Les couleurs, pré- senté par Cécile Wajsbrot (1997), Les péchés capitaux, présenté par Jean-Luc Hen- nig (1997), L·s mots obsolètes, choisis et présentés par Jean-Marc Mandosio (1998), L·s émotions, présenté par Philippe Brenot (1998). Plus récemment, ce sont aux animaux que ces éditions ont consacré deux nouveaux recueils thématiques tou- jours extraits du dictionnaire de Furetière, un premier aux Animaux de la Terre, un deuxième aux Animaux de l'Air et de l'Eau.

L'intérêt de Furetière pour les animaux doit être évidemment rapproché des liens très forts qui l'ont uni pour un temps à La Fontaine - de deux ans son cadet - et de l'intérêt, à cette époque, porté aux fables mettant en scène le monde animal. Ils se sont rencontrés vers 1636 à Paris et leurs relations ont été excellentes jusqu'à ce que La Fontaine publie ses Fables en 1668 et que Furetière, tentant alors de rivaliser avec lui, publie ses propres Fables trois ans plus tard. La Fontaine lui en tient rigueur et, alors qu'il viendra d'entrer à l'Académie, il ira jusqu'à voter son exclusion. Le rapprochement que fait Vallet entre ces deux auteurs est intéressant, chacun abordant le monde des animaux sous des aspects différents. En effet, si La Fontaine utilise les animaux comme miroir du monde des humains, Furetière les analyse d'un point de vue plus scientifique, cherchant à retenir leurs caractéristiques physiques, la place qu'ils occupent dans les aires

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