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EHESS Le grand massacre des chats. Attitudes et croyances dans l'ancienne France by Robert Darnton Review by: Nicole Belmont Archives de sciences sociales des religions, 30e Année, No. 60.2 (Oct. - Dec., 1985), pp. 243-244 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30126654 . Accessed: 15/06/2014 04:45 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.2.32.109 on Sun, 15 Jun 2014 04:45:47 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Le grand massacre des chats. Attitudes et croyances dans l'ancienne Franceby Robert Darnton

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Le grand massacre des chats. Attitudes et croyances dans l'ancienne France by Robert DarntonReview by: Nicole BelmontArchives de sciences sociales des religions, 30e Année, No. 60.2 (Oct. - Dec., 1985), pp. 243-244Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30126654 .

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BULLETIN DES OUVRAGES

bermas, D6bert), de V. Drehsen sur cConti- nuite et changement de la religion. L'analyse structuralo-fonctionnelle dans la sociologie de la religion et de l'Eglise , de T. Schofthaler sur l'analyse systemique de Niklas Luhmann, de W. Fischer et W. Marhold sur l'interac- tionnisme symbolique et de I. Lukatis sur les recherches empiriques. Quelques remarques conclusives de Th. Luckmann et une biblio- graphie de V. Drehsen terminent cet ouvrage.

L'ensemble est tres riche et tres interessant et on peut feliciter les editeurs d'avoir pris l'initiative de publier ce volume. Nous avons en effet la un tableau assez complet et sans complaisance de la recherche allemande en sociologie de la religion. Les collegues d'outre-Rhin analysent de fagon critique leur production et ont conscience de certaihes li- mites de celle-ci. K.-F.D. s'interroge par exemple sur la marginalisation de la sociolo- gie de la religion par rapport aux sciences so- ciales. II deplore le fait que les religions non- chretiennes ne soient pas plus prises en compte et que la recherche empirique se foca- lise surtout sur des themes qui interessent les religions organisees. Cela apparait nettement dans la classification des recherches empiri- ques effectuee par Ingrid Lukatis; la majeure partie des recherches figurent dans la section ((Religions organiseess et l'on y trouve les themes de recherches suivants: l'appartenance ecclesiastique, la pratique religieuse, glise et la paroisse comme organisation sociale, les groupes religieux dans et a c6te des grandes Eglises, les r6les professionnels dans l'8glise (en particulier celui du pritre et du pasteur: nombreux sont les travaux sur le clerge), la collaboration des lai'cs dans l'eglise, les fonc- tions exercees par l'glise et ses champs de travail, les relations entre lglise et societe. L'autre section choisie par I. Lukatis pour classer les recherches empiriques concerne ( la religiosite generale et recouvre les recherches effectuees sur les systemes de sens et de va- leurs, les dimensions de la religiosite et ses dif- ferenciations sociales, les facteurs determi- nant les opinions et comportements religieux, les liens entre l'appartenance confessionnelle et la vie quotidienne.

Mais la sociologie de la religion en langue allemande, c'est aussi une importante produc- tion theorique marquee par I'apport de l'lcole de Francfort et par celui du structuralo- fonctionnalisme. Apropos de cette derniere

tendance, le sociologue frangais ne peut qu'&- tre frappe par la grande influence exercee par la sociologie americaine -ou plut6t par une certaine sociologie americaine- sur la socio- logie de la religion en Allemagne. La sociolo- gie frangaise est par contre pratiquement ignoree. La barriere linguistique est une rai- son mais elle n'est sfirement pas la seule: l'institutionnalisation differente de la recher- che, ses orientations fondamentales, l'insuffi- sance des echanges scientifiques franco- allemands dans le domaine de la sociologie en general et de la sociologie de la religion en particulier sont aussi des e1lments d'explica- tion.

Le present ouvrage, parce qu'il synthetise les multiples travaux theoriques et empiriques effectues dans les pays de langue allemande, rendra de grands services ai tous ceux qui sou- haiteraient avoir un panorama bien docu- mente de la sociologie de la religion d'expres- sion allemande. La redaction d'un ouvrage si- milaire sur la production frangaise serait bien- venue.

Jean-Paul Willaime.

60.262 DARNTON (Robert). Le grand massacre des chats. Attitudes et croyances dans I'ancienne France. Paris, Ro- bert Laffont, 1985 (Coll. (Les Hommes et l'histoire ,,).

Dans ce livre, R.D. s'est propose, de son aveu mime, de reconstituer les mondes sym- boliques qui ont disparu il y a plusieurs si- cles ~, sans se dissimuler toutes les difficultes de l'entreprise et la grande part d'aleatoire des resultats, puisqu'a la demonstration il man- quera toujours la preuve au sens scientifique du terme. Mais plus qu'a la theorie pure, I'au- teur est sensible au fait singulier, au cas con- cret, aux ecarts de la norme, voire au fait di- vers qui revele tout a coup le tissu social et ses accrocs.

Les differents chapitres sont autant d'essais ou de dossiers qui concernent la France du XVIIIP siecle, eclairee de cette maniere sous des angles differents. Le chapitre qui donne son titre au livre s'appuie sur les memoires d'un ouvrier typographe, Nicolas Contat, ma- nuscrit datant de 1762 et publie & Oxford en 1980. Employe dans une imprimerie de la rue

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

Saint Severin, Nicolas raconte la vie difficile des apprentis. Mal loges, mal nourris, acca- bles de travail et de mepris par le patron et les ouvriers, le heros et un de ses compagnons de misere se servent de l'amour que porte l'epouse du patron a sa chatte, la Grise, pour mettre sur pied une vengeance. Ils imitent sur le toit les miaulements et les hurlements des chats durant toute une nuit, afin d'&tre charges par les patrons de les debarrasser de ces im- portuns qui les empichent de dormir. Ils se li- vrent alors a un massacre genbral de chats, en y comprenant la Grise. Rassembl6es dans la cour, les malheureuses b&tes, mortes ou a demi, subissent un proces; par la suite, la scene sera complaisamment represent~e dans l'atelier. L'evenement, a peine un fait-divers, est instre par R.D. dans le contexte social, economique et culturel: organisation et fonc- tionnement du metier d'imprimeur au XVIIIe siecle, rites d'initiation des ouvriers d'impri- merie, r6le des chats dans les rituels populai- res de Carnaval-Carime, champ symbolique occupe par ces animaux dans les mentalites populaires (association avec la sorcellerie et le charivari). L'A. peut ainsi tirer un faisceau de significations de l'evenement qu'il interprete comme une insulte metonymique faite au patron, mais surtout a son epouse.

Ce ((massacre des chats)) est sans doute l'essai le plus reussi du volume, qui en com- prend cinq autres, temoignant d'un flair ofi le journaliste le dispute a l'historien. Etablis comme des dossiers -une description de la ville de Montpellier faite en 1768 et que l'A. lit comme une relation de procession, les ren- seignements riunis par un policier, Joseph d'Hemery, sur les ecrivains de son temps, I'ar- bre de la connaissance que represente l'Ency- clopddie de Diderot et d'Alembert-, ces do- cuments permettent a R.D. d'eclairer les atti- tudes et les mentalites dans ce qu'elles ont de plus opaque pour nous.

Je dirai en revanche mon scepticisme quant a la methode mise en oeuvre et aux resultats obtenus dans le premier chapitre: Contes paysans. Les significations de Ma Mere l'Oye ,.

Il s'agit d'une confrontation de quel- ques contes de Perrault et de leurs versions de tradition orale -Le Petit Chaperon rouge, le Petit Poucet, Cendrillon, le Chat Botte- ainsi que d'autres contes merveilleux. La lecture qu'il en fait est en quelque sorte directe. Il y voit des expressions du ginie frangais, fait

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d'ironie desabusfe devant les duret6s de la vie et d'indulgence envers les ruses, les debrouil- lards, voire les fripons. Cette lecture est re- ductrice. Pourquoi en effet aurait-on mis en oeuvre une machine narrative aussi complexe que celle des contes pour exprimer les idees simples que les proverbes disent de maniere plus succincte et plus directe? Si les contes sont un reflet de la realite sociale, ce n'est pas un reflet direct: une partie du travail de l'in- terpretation consiste a etablir la fagon dont la narration deforme cette realite.

Cette critique ne veut cependant rien retirer au plaisir du lecteur du Grand massacre des chats.

Nicole Belmont.

60.263 DARRAND (Tom Craig), SHUPE (Anson).

Metaphors of Social Control in a Pentecostal Sect. New York-Toronto, The Edwin Mellen Press, 1983, VII-223 p. (Studies in Religion and Society, 6).

Cet ouvrage se reclame de l' hermeneuti- que phenomenologique ; il se reffre abon- damment a Paul Ricoeur, plus qu'il n'en ap- pelle a H.G. Gadamer. De Garfinkel il appli- que quelques-unes des perspectives ethnome- thodologiques. Pour l'essentiel, il se propose de rendre compte de l'univers social d'un groupe religieux donne tel qu'il est pour ses membres, c'est-a-dire tel que ceux-ci le vivent.

Pour parvenir a cette fin, les AA. isolent dans le discours du groupe (litterature, ser- mons enregistres, interviews) la metaphore centrale a son experience collective, et A celle individuelle de ses membres. En l'occurrence c'est ici la metaphore du ( Tabernacle ) qui est retenue. Elle est pour les AA. I'element du dis- cours du groupe dans lequel s'exprime le mieux l'expbrience-matrice ((explicative) des attitudes sociales des membres du groupe en tant qu'ils interagissent les uns sur les autres, mais aussi de son organisation propre et, en particulier, du contr6le social qui s'y exerce.

Le groupement dont il s'agit peut Atre decrit comme tres proche du type-ideal webiro- troeltschien de la secte. Il appartient a la ten- dance ((Latter Rain)) du pentec6tisme nord- ambricain. L'ouvrage passe d'abord en revue les travaux qui ont etudie la mftaphore dans

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