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22 mars 2013
A la Une · Politique
La démission de Paul Salen, une pierre dans le jardin socialiste Avant l’arrivée du projet de loi sur la limitation du cumul des mandats, promis « avant l’été » par Jean-‐Marc Ayrault, le député UMP ligérien Paul Salen prend les devants et abandonne son poste de conseiller général.
Paul Salen, Bernard Bonne et Michèle Maras. (photo CG 42)
Le 8 avril 2013, le conseil général de la Loire sera réuni en session. Ce sera la première fois que Paul Salen manquera une séance de l’assemblée départementale. Sa lettre de démission a été envoyée à son ami, Bernard Bonne depuis plusieurs jours. Ce jour-‐là, c’est d’ailleurs sa suppléante, Michèle Maras, qui fera son entrée au conseil général. Son arrivée renforcera le mince effectif féminin du Département. Cette Saint-‐Chamonaise de naissance réside à Andrézieux-‐Bouthéon depuis 1979 où elle s’est engagée dans la vie associative et sociale avant de devenir conseillère municipale déléguée à la vie sociale en 1995, puis première adjointe de 1998 à 2008. Le départ du premier vice-‐président du Département entrainera un jeu de chaises musicales, mais pas de bouleversement. Elle sera la première suppléante à accéder au poste de conseiller général dans la Loire. Régulièrement informée des sessions, elle recevra, le 8 avril « une délégation importante » selon les termes mêmes de Bernard Bonne. Le départ du premier vice-‐président, Paul Salen, entrainera un jeu de chaises musicales, mais pas de bouleversement. Les compétences exercées par Paul Salen seront réparties entre plusieurs vice-‐présidents. En décembre, on parlait beaucoup de Georges Ziegler pour la première vice-‐présidence.
UN NON CUMULARD CONVAINCU Lors de la campagne législative du printemps 2012 qui a amené Paul Salen à succéder à Jean-‐François Chossy sur les bancs de l’Assemblée nationale, le candidat UMP avait clairement dit à ses électeurs qu’il s’appliquerait le non cumul des mandats. Son départ de l’assemblée départementale était programmé pour fin décembre 2012. En novembre de cette même année, Bernard Bonne est victime d’un malaise qui nécessite un triple pontage coronarien. Le départ de cet ami proche du président du conseil général est différé de quelques mois. Si Bernard Bonne approuve le respect d’un engagement électoral, il regrette le départ d’un fidèle.
Aujourd’hui comme hier, Paul Salen fustige les cumulards. Pour lui, il est impossible d’exercer simultanément deux responsabilités importantes. « Il y a des gens mieux organisés et plus intelligents
que moi, mais je constate qu’ils sont souvent absents et que ce sont les techniciens qui dirigent. » L’argument du local comme complément du national ne tient pas non plus aux yeux du député. En revanche, lui qui a été adjoint au maire, vice-‐président d’une intercommunalité, conseiller général, estime que ce sont de bonnes étapes avant de devenir un élu national.
« Au bout de trois mandats successifs, on devrait s’arrêter. » Demain, alors qu’il sera simple député, il estime qu’il aura plus de temps pour visiter les 126 communes de sa circonscription. Pierre dans le jardin de Régis Juanico. Il aurait aimé le voir démissionner du conseil général après la signature d’une tribune dans le Monde réclamant le non cumul tout de suite. Le même Paul Salen estime que le non cumul favorise la parité, le renouvellement. Il ajoute même un argument personnel. « Ma femme connait mieux que moi le nombre d’heures où je travaille. Un élu a aussi droit à une vie personnelle. »
Autant il estime légitime que les mandats soient indemnisés, autant il pense que si les cumulards ne percevait qu’une indemnité « on verrait la baisse des vocations et ces gens-‐là ne parleraient pas de complémentarité ». L’homme est même contre le cumul vertical. « Au bout de trois mandats successifs, on devrait s’arrêter. » Avant de conclure sur ce chapitre : « 80% de nos concitoyens sont contre le cumul. Cumuler, c’est ne pas respecter les électeurs. »
UNE REFORME CRITIQUÉE La conférence de presse du 22 mars, au cours de laquelle a été présentée Michèle Mars, a permis aussi de faire le point sur la réforme territoriale en cours de discussion au Parlement. Les sénateurs ont commencé à l’examiner en débutant par le nouveau mode de scrutin des élections départementales, ex-‐cantonales. Bernard Bonne est inquiet sur le redécoupage. « Ils vont massacrer les territoires ruraux. »
Avant la fin de l’année, le président Bonne devrait recevoir une carte des 21 super cantons que comptera demain la Loire.Avant la fin de l’année, le président Bonne devrait recevoir une carte des 21 super cantons que comptera demain la Loire. Les deux élus craignent aussi les effets pervers des binômes hommes-‐femmes dans les super-‐cantons. Pour eux, les électeurs s’adresseront de préférence à celui qui fera partie de l’exécutif. « Ce sera hyperpolitisé » estime Paul Salen, craignant aussi que l’abaissement du seuil communal à 500 habitants avec liste paritaire obligatoire n’entraîne une atonie de la vie communale avec des listes uniques, voire pas de listes. Le débat va prochainement venir devant l’Assemblée nationale et Paul Salen entend bien y participer. Même s’il quitte le conseil général avec un peu de nostalgie.
Le départ de Paul Salen, sans que la loi actuelle ne lui soit applicable, va-‐t-‐il relancer le débat sur le cumul ? Rien n’est moins sûr. En France, on trouve toujours de bonnes excuses pour repousser ce genre de mesures. Ce sera sans doute encore le cas. On verra ça après 2017.
PATRICK FRANÇON