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les affaires 15 27 / 01 / 2018 ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ Dossier Concilier travail, famille et MBA : comment survivre ? Nathalie Vallerand [email protected] Vous souhaitez faire un MBA ? Attachez votre tuque, car vous devrez y consacrer environ 20 heures par semaine. « J’investis plus de temps encore, car je veux tirer le maximum du programme en allant au fond des sujets », dit Hind Caidi Osmane, inscrite à l’EMBA McGill-HEC Montréal et copropriétaire de quelques restaurants McDonald’s. Même expérience pour Vincent Émond, qui vient de terminer un MBA pour cadres à l’ESG UQAM. « Je pensais m’en tirer avec deux ou trois soirées d’études par semaine et un week-end sur deux, témoigne ce directeur du développement des affaires chez Bell Canada. Finalement, mes soirées et mes week-ends y sont presque tous passés. » Quand on s’engage dans une aventure aussi exigeante que le MBA, il faut renoncer à un certain idéal, selon Christine Smilga, psycho- logue à HEC Montréal. « Vous ne pouvez pas être à la fois un super parent, un cadre ultra performant et un étudiant hors pair. Il vous faudra peut-être tourner certains coins ronds, comme vous investir un peu moins dans les cours moins importants pour vous. Dosez aussi vos efforts. Au-delà d’un certain point, passer plus de temps sur un travail ne procure plus de rendement de l’investissement. » L’entrepreneure Hind Caidi Osmane a pour sa part choisi de lever le pied au bureau. « Mon MBA, c’est un projet d’affaires pour mon mari et moi, car mes apprentissages servent à amé- liorer des aspects stratégiques de notre entre- prise. Nous avons donc embauché quelqu’un pour s’occuper de certaines tâches que je faisais auparavant, comme la comptabilité. Déléguer, c’est le maître mot ! » Pour M. Émond, un em- ployeur compréhensif est essentiel, car vous aurez besoin d’assouplir votre horaire de travail. « Le vendredi mensuel où il y avait cours, je pouvais m’absenter sans piger dans ma banque de vacances, mais des collègues de classe de- vaient, eux, se déclarer malades. » Pour convaincre votre employeur, pourquoi ne pas profiter du MBA pour consacrer vos travaux sur l’entreprise ? C’est ce qu’a fait Philippe Vallières, commissaire industriel d’Innovation et développement économique de Trois-Rivières, qui a profité de sa session intensive au Vietnam dans le cadre de son MBA à l’UQTR pour rencontrer des investisseurs potentiels. Lors d’un voyage en France, toujours pour son MBA, il a aussi réalisé une étude comparative sur le projet d’incubateur en tech- nologies environnementales de Bécancour. Papa ou maman va à l’école Le MBA n’influe pas toujours seulement sur le travail, car il est également dur sur la vie per- sonnelle et la vie de famille. Quand Jason Taylor a commencé le EMBA McGill-HEC, il a fait le choix de faire appel aux services d’un traiteur et d’une femme de ménage. « Il y a un coût à cela, mais ça enlève beaucoup de stress, dit ce directeur adjoint de Services bancaires et mar- chés mondiaux de la Banque Scotia. Le peu de temps libre que j’ai, je préfère le passer à jouer avec mes fils de 2 et 3 ans, plutôt que de faire des corvées domestiques. » Ses lectures de MBA, il les fait quand ses enfants dorment, à l’aube et en milieu de soirée. Une fin de session ou une semaine qui s’an- nonce occupée au travail ? « Faites-vous un plan pour les périodes plus intenses », recommande M me Smilga. C’est ainsi que Pierre Drapeau, qui étudie au MBA de l’Université de Sherbrooke et qui est veuf, retient à l’occasion les services d’une gardienne après le retour de la garderie de sa fille de 3 ans. Quand les week-ends sont surchargés, ce sont les grands-parents des deux côtés qui viennent à sa rescousse. Chéri(e), je suis occupé(e) Malgré toute l’aide qu’on peut se procurer, le partenaire de vie d’un étudiant au MBA assume forcément une plus grande part de la logistique familiale. Avant de plonger, Vincent Emond, qui a quatre enfants de 9 à 19 ans, s’est donc assuré d’avoir l’appui de sa conjointe. « Nous avons discuté de ce que serait notre vie pendant le MBA, du fait que je serais moins présent à la maison, que je ne pourrais plus, par exemple, aller aux pratiques de soccer ni aux rencontres de parents. » Il est catégorique : jamais il ne se serait embarqué dans un MBA sans l’accord de sa compagne. « Je suis conscient que c’est beaucoup demander à ma conjointe d’en prendre plus sur ses épaules, surtout qu’elle est sur le marché du travail, renchérit Jason Taylor. Mais le fait que mon MBA est intensif a pesé dans la balance. S’il avait été plus long, j’aurais attendu que mes garçons grandissent. » Effectivement, le MBA met le couple à l’épreuve. M. Vallières en sait quelque chose, lui qui s’est séparé pendant son MBA. « Avec mon emploi et mes études, il me restait peu de temps pour ma partenaire », résume-t-il. D’autres, comme lui, voient leur couple se briser. Christine Smilga conseille de reconnaître l’apport du conjoint. « Il rame, lui aussi. C’est important de le remercier et de ne pas tenir son aide pour acquise. » Elle suggère également de se ménager des moments à deux, comme un souper au restaurant. M. Émond et son amou- reuse, eux, s’offraient une journée au spa tous les deux mois. « Nous avons commencé cela en cours de MBA, mais l’effet a été très bénéfique. Avoir su, nous l’aurions fait avant. » Recharger ses batteries Pour survivre au MBA, il faut aussi une bonne hygiène de vie. « Peut-être vous sera-t-il diffi- cile de bouger autant qu’avant, mais essayez au moins de maintenir de l’activité physique à votre horaire », conseille M me Smilga. M. Drapeau, par exemple, se lève à 5 h pour s’activer sur son appareil elliptique pendant que sa fille dort. « C’est une bonne idée égale- ment de s’accorder des pauses à l’occasion pour des activités qui nous font du bien, comme regarder un film ou s’offrir un massage, ajoute la psychologue. Tout comme un athlète olympique, l’étudiant au MBA a besoin de périodes de récupération. » Le MBA exige des sacrifices, c’est vrai. « Mes garçons s’initient au ski cet hiver et je ne suis pas là pour les voir », déplore M. Taylor. « La vie sociale, ce sont les collègues de MBA, lance M. Drapeau. Le vendredi, je me couche en même temps que ma fille, à 20 h, parce que je suis brûlé ! » En cas de découragement, rappelez-vous pourquoi vous avez entrepris ce parcours. Après une carrière en ventes, Pierre Drapeau aimerait maintenant enseigner à l’université. Jason Taylor, lui, souhaite approfondir la ques- tion de la finance socialement responsable et devenir administrateur du conseil d’un orga- nisme philanthropique. Et vous ? la dossier MBA cadres et dirigeants Le jeu en vaut-il la chandelle ? Toutes les personnes qui sont passées par un MBA s’entendent pour dire que oui ! Pourtant, ce ne sont pas les contraintes qui manquent : contenu ardu, coûts des études, emploi à plein temps et vie de famille. Certains ajoutent même un séjour à l’étranger. Dans cette aventure, discipline et motivation demeurent les mots d’ordre. Le MBA est dur sur la vie personnelle et la vie de famille. Pour gagner du temps, certains n’hésitent pas à faire appel aux services d’un traiteur ou d’une femme de ménage.

Le jeu en vaut-il la chandelle ? Toutes les personnes …content.transcontinentalmedia.com/promo/Dossiers/2018/MBA-cadres... · Anik Girard (EMBA 2014) ... Mike Allen (EMBA 2016)

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les affaires 15 27 / 01 / 2018 ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ Dossier

Concilier travail, famille et MBA : comment survivre ?

Nathalie [email protected]

Vous souhaitez faire un MBA ? Attachez votre tuque, car vous devrez y consacrer environ 20 heures par semaine. « J’investis plus de temps encore, car je veux tirer le maximum du programme en allant au fond des sujets », dit Hind Caidi Osmane, inscrite à l’EMBA McGill-HEC Montréal et copropriétaire de quelques restaurants McDonald’s.

Même expérience pour Vincent Émond, qui vient de terminer un MBA pour cadres à l’ESG UQAM. « Je pensais m’en tirer avec deux ou trois soirées d’études par semaine et un week-end sur deux, témoigne ce directeur du développement des affaires chez Bell Canada. Finalement, mes soirées et mes week-ends y sont presque tous passés. »

Quand on s’engage dans une aventure aussi exigeante que le MBA, il faut renoncer à un

certain idéal, selon Christine Smilga, psycho-logue à HEC Montréal. « Vous ne pouvez pas être à la fois un super parent, un cadre ultra performant et un étudiant hors pair. Il vous faudra peut-être tourner certains coins ronds, comme vous investir un peu moins dans les cours moins importants pour vous. Dosez aussi vos efforts. Au-delà d’un certain point, passer plus de temps sur un travail ne procure plus de rendement de l’investissement. »

L’entrepreneure Hind Caidi Osmane a pour sa part choisi de lever le pied au bureau. « Mon MBA, c’est un projet d’affaires pour mon mari et moi, car mes apprentissages servent à amé-liorer des aspects stratégiques de notre entre-prise. Nous avons donc embauché quelqu’un pour s’occuper de certaines tâches que je faisais auparavant, comme la comptabilité. Déléguer, c’est le maître mot ! » Pour M. Émond, un em-ployeur compréhensif est essentiel, car vous aurez besoin d’assouplir votre horaire de travail.

« Le vendredi mensuel où il y avait cours, je pouvais m’absenter sans piger dans ma banque de vacances, mais des collègues de classe de-vaient, eux, se déclarer malades. »

Pour convaincre votre employeur, pourquoi ne pas profiter du MBA pour consacrer vos travaux sur l’entreprise ? C’est ce qu’a fait Philippe Vallières, commissaire industriel d’Innovation et développement économique de Trois-Rivières, qui a profité de sa session intensive au Vietnam dans le cadre de son MBA à l’UQTR pour rencontrer des investisseurs potentiels. Lors d’un voyage en France, toujours pour son MBA, il a aussi réalisé une étude comparative sur le projet d’incubateur en tech-nologies environnementales de Bécancour.

Papa ou maman va à l’écoleLe MBA n’influe pas toujours seulement sur le travail, car il est également dur sur la vie per-sonnelle et la vie de famille. Quand Jason Taylor a commencé le EMBA McGill-HEC, il a fait le choix de faire appel aux services d’un traiteur et d’une femme de ménage. « Il y a un coût à cela, mais ça enlève beaucoup de stress, dit ce directeur adjoint de Services bancaires et mar-chés mondiaux de la Banque Scotia. Le peu de temps libre que j’ai, je préfère le passer à jouer avec mes fils de 2 et 3 ans, plutôt que de faire des corvées domestiques. » Ses lectures de MBA, il les fait quand ses enfants dorment, à l’aube et en milieu de soirée.

Une fin de session ou une semaine qui s’an-nonce occupée au travail ? « Faites-vous un plan pour les périodes plus intenses », recommande Mme Smilga. C’est ainsi que Pierre Drapeau, qui étudie au MBA de l’Université de Sherbrooke et qui est veuf, retient à l’occasion les services d’une gardienne après le retour de la garderie de sa fille de 3 ans. Quand les week-ends sont surchargés, ce sont les grands-parents des deux côtés qui viennent à sa rescousse.

Chéri(e), je suis occupé(e)Malgré toute l’aide qu’on peut se procurer, le partenaire de vie d’un étudiant au MBA assume forcément une plus grande part de la logistique familiale. Avant de plonger, Vincent Emond, qui a quatre enfants de 9 à 19 ans, s’est donc assuré d’avoir l’appui de sa conjointe. « Nous avons discuté de ce que serait notre vie pendant le MBA, du fait que je serais moins présent à la maison, que je ne pourrais plus, par exemple, aller aux pratiques de soccer ni aux rencontres de parents. » Il est catégorique : jamais il ne se

serait embarqué dans un MBA sans l’accord de sa compagne. « Je suis conscient que c’est beaucoup demander à ma conjointe d’en prendre plus sur ses épaules, surtout qu’elle est sur le marché du travail, renchérit Jason Taylor. Mais le fait que mon MBA est intensif a pesé dans la balance. S’il avait été plus long, j’aurais attendu que mes garçons grandissent. »

Effectivement, le MBA met le couple à l’épreuve. M. Vallières en sait quelque chose, lui qui s’est séparé pendant son MBA. « Avec mon emploi et mes études, il me restait peu de temps pour ma partenaire », résume-t-il. D’autres, comme lui, voient leur couple se briser.

Christine Smilga conseille de reconnaître l’apport du conjoint. « Il rame, lui aussi. C’est important de le remercier et de ne pas tenir son aide pour acquise. » Elle suggère également de se ménager des moments à deux, comme un souper au restaurant. M. Émond et son amou-reuse, eux, s’offraient une journée au spa tous les deux mois. « Nous avons commencé cela en cours de MBA, mais l’effet a été très bénéfique. Avoir su, nous l’aurions fait avant. »

Recharger ses batteriesPour survivre au MBA, il faut aussi une bonne hygiène de vie. « Peut-être vous sera-t-il diffi-cile de bouger autant qu’avant, mais essayez au moins de maintenir de l’activité physique à votre horaire », conseille Mme Smilga. M. Drapeau, par exemple, se lève à 5 h pour s’activer sur son appareil elliptique pendant que sa fille dort. « C’est une bonne idée égale-ment de s’accorder des pauses à l’occasion pour des activités qui nous font du bien, comme regarder un film ou s’offrir un massage, ajoute la psychologue. Tout comme un athlète olympique, l’étudiant au MBA a besoin de périodes de récupération. »

Le MBA exige des sacrifices, c’est vrai. « Mes garçons s’initient au ski cet hiver et je ne suis pas là pour les voir », déplore M. Taylor. « La vie sociale, ce sont les collègues de MBA, lance M. Drapeau. Le vendredi, je me couche en même temps que ma fille, à 20 h, parce que je suis brûlé ! »

En cas de découragement, rappelez-vous pourquoi vous avez entrepris ce parcours. Après une carrière en ventes, Pierre Drapeau aimerait maintenant enseigner à l’université. Jason Taylor, lui, souhaite approfondir la ques-tion de la finance socialement responsable et devenir administrateur du conseil d’un orga-nisme philanthropique. Et vous ? •la

dossier MBA cadres et dirigeantsLe jeu en vaut-il la chandelle ? Toutes les personnes qui sont passées par un MBA s’entendent pour dire que oui ! Pourtant, ce ne sont pas les contraintes qui manquent : contenu ardu, coûts des études, emploi à plein temps et vie de famille. Certains ajoutent même un séjour à l’étranger. Dans cette aventure, discipline et motivation demeurent les mots d’ordre.

Le MBA est dur sur la vie personnelle et la vie de famille. Pour gagner du temps, certains n’hésitent pas à faire appel aux services d’un traiteur ou d’une femme de ménage.

COMMENT DEVENIR UN MEILLEUR LEADER ?

> Sortir de sa zone de confort pendant 15 mois, du jeudi au dimanche, une fois par mois

> Retourner sur les bancs d’école avec d’autres leaders comme collègues de classe

> Apprendre des professeurs réputés de l’Université McGill et de HEC Montréal

Continuer d’apprendreÊtre suffisamment humble pour reconnaître qu’on ne sait pas tout et rester ouvert aux opportunités d’apprentissage.

Caroline Morin (EMBA 2016)Directrice principale, Communications

et marketing corporatifIvanhoé Cambridge

ÉcouterÉcouter les membres de son équipe, les impliquer et tenir compte de leurs points de vue dans ses prises de décisions.

Anik Girard (EMBA 2014)Directrice générale,

Groupe Constructo, TC Media

Stéphane de Meurville (EMBA 2017)Directeur général

Moët Hennessy Inde

Poser les bonnes questionsRéfléchir davantage et poser les bonnes questions pour mieux comprendre. Un leader n’a pas à avoir réponse à tout.

Lai-Ling Lee Rodriguez (EMBA 2017)Chef de région, Amériques

Croix-Rouge canadienne

Être plus ouvertS’intéresser davantage aux façons de faire des autres industries et aux idées de leaders différents.

Mike Allen (EMBA 2016)Vice-président

Est et centre du CanadaApplied Industrial Technologies LP

RalentirS’accorder le recul et le temps nécessaire pour prendre de bonnes décisions. Savoir s’arrêter au bon moment, pour ensuite aller plus vite.

Comprendre son rôle Reconnaître que le rôle d’un leader n’est pas d’être un spécialiste, mais d’être celui qui intègre toutes les différentes spécialités.

Boris Jacouty (EMBA 2016)Directeur principal, Gouvernance locale

et développement économiqueCowater

Revoir ses façons de faireÊtre un vecteur de changement. Repenser ses modèles d’affaires et son leadership. Se remettre en question pour continuer d’évoluer.

Martin Lafrance (EMBA 2015)Président

UeatEntrepreneur en série

Steve Larocque (EMBA 2017)Directeur principal, Applications d’affaires

Uni-Sélect

Jouer en équipe Savoir quand et comment être un bon coach, un supporteur ou un coéquipier pour ses employés, son équipe.

Mieux se connaîtreConnaître ses forces, ses faiblesses et ses biais. Accepter de ne pas pouvoir tout faire soi-même.

Michael Rogers (EMBA 2017)Vice-président, Développement des affaires

Desjardins

Annie Fredette (EMBA 2015)Chef de groupe,

Services partagés mondiauxFinastra

Se mettre de l’avantApprendre à mettre de l’avant ses idées, les partager, afin d’ouvrir des portes pour soi, et pour ses collègues.

Nous aidons les leaders à devenir meilleurs.embamcgillhec.ca

les affaires 17 27 / 01 / 2018 ________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ MBA cadres et dirigeants

S’exiler pour faire son MBA

Nathalie [email protected]

Il faut être déterminé pour se lancer dans un MBA. Certains audacieux poussent encore plus loin en quittant leur emploi et en vidant leur compte de banque pour étudier à l’étranger.

Comme Josée Carignan, 28 ans, et François Savage-Fournier, 35 ans, respectivement diplômés de l’INSEAD, en France, et de l’Université de Hong Kong–London Business School. Après avoir tra-vaillé pour Exportation et développement Canada, Mme Carignan voyait le MBA comme un moyen de prendre de l’expérience à l’internatio-nal et d’accélérer sa carrière.

De son côté, M. Savage-Fournier, alors direc-teur principal à la Banque de développement du Canada, voulait se réorienter vers le conseil en management. Il souhaitait aussi s’exposer à

un environnement d’affaires différent et se bâtir un réseau à l’international. « Comme je tenais à sortir de ma zone de confort, j’ai déci-dé de faire mon MBA en Asie », dit-il. Mais dans quelle école ? Les deux ont épluché les grands classements des programmes de MBA. « J’ai choisi celui de l’Université de Hong Kong parce que The Economist le classe premier en Asie depuis huit ans, mais surtout pour son parte-nariat avec la London Business School, explique M. Savage-Fournier. J’ai pu ainsi étudier neuf mois à Hong Kong et huit à Londres et obtenir un double diplôme. » En plus d’occuper le premier rang du classement du Financial Times, l’« INSEAD est l’école la plus internationale, affichant une moyenne de 90 nationalités par cohorte et des campus en France, à Singapour et à Abu Dhabi, indique pour sa part Mme Carignan. J’aimais aussi le fait que la

connaissance d’une troisième langue est exigée pour obtenir le diplôme. »

Bain multiculturelEn matière de diversité culturelle, les deux diplômés n’ont pas été déçus. « Faire des tra-vaux d’équipe avec des Japonais, des Chinois, des Indiens, des Argentins, des Canadiens, c’est à la fois motivant et compliqué, constate M. Savage-Fournier. Il y a la barrière de la langue, car tous n’ont pas le même niveau d’anglais, et il y a les différences culturelles. Si, en Amérique du Nord, chacun fait sa part du travail pour atteindre un résultat, dans d’autres cultures, il faut négocier davantage. La perception du temps n’est pas la même non plus. J’ai beaucoup amélioré ma capacité d’adaptation culturelle. »

À ce contexte s’ajoute une charge de travail énorme. Le MBA d’INSEAD est condensé sur dix mois, à raison de six cours par période de deux mois. « J’étudiais presque sept jours par semaine, raconte Mme Carignan, qui a suivi le programme au campus de Fontainebleau, près de Paris. Dans un cours sur la restructuration d’entreprises en difficulté, je recevais même des appels la nuit pour simuler des urgences. »

Les activités connexes sont aussi très pre-nantes, note celle dont le conjoint a décidé de l’accompagner en France. « J’ai assisté à des conférences, visité des start-up à Berlin, parti-cipé à un comité pour stimuler les candidatures féminines au MBA. Ça demande vraiment beau-coup de temps. » Pour cette même raison, M. Savage-Fournier a préféré vivre l’expérience sans son amoureuse. « J’ai une conjointe extraordi-naire qui m’a permis de me concentrer sur mes études. » Une chance que Skype existe, toutefois !

Investir dans sa carrièreLe MBA de l’Université de Hong Kong coûte 552 000 dollars de Hong Kong (environ 91 000 $) et celui de l’INSEAD, 82 000 euros (environ 124 000 $). Sans compter le logement et les autres frais de subsistance.

M. Savage-Fournier a obtenu une bourse de l’Université, qui a couvert environ 20 % des frais de scolarité. Il a financé le reste avec ses économies personnelles et une marge de crédit. Tous frais inclus, il estime son MBA à 180 000 $. Quant à Mme Carignan, elle a décro-ché deux bourses : 15 000 € du fonds des diplô-més de l’INSEAD, destiné aux femmes, et 6 000 $ de Desjardins. Elle a payé le reste avec ses économies, un prêt étudiant du Québec et un emprunt bancaire.

Avec des montants pareils, il est évident que les diplômés espèrent un rendement de l’investisse-ment, tant sur le plan financier qu’en matière de défis professionnels. « On fait un MBA à l’étranger pour être meilleur, pas plus riche », souligne toutefois M. Fournier qui a terminé le sien en novembre 2016. Selon lui, il faut de trois à cinq ans pour mesurer les retombées de ce diplôme. Néanmoins, il a déjà atteint son objectif de faire de la consultation en management, lui qui travaille pour une grande firme comptable.

Diplômée en 2015, Mme Carignan est au-jourd’hui responsable de la stratégie et du déve-loppement des affaires chez Exonetik, une jeune pousse de Sherbrooke en haute technologie. Elle est convaincue que les compétences en gestion d’équipe et de la diversité acquises lors de son MBA la propulseront plus rapidement vers un poste de haut niveau. •la

« J’ai choisi le programme de MBA de l’Université de Hong Kong parce que The Economist le classe premier en Asie depuis huit ans, mais surtout pour son partenariat avec la London Business School », explique François Savage-Fournier.

« J’étudiais presque sept jours par semaine. Dans un cours sur la restructuration d’entreprises en difficulté, je recevais même des appels la nuit pour simuler des urgences. »

– Josée Carignan, diplômée de l’INSEAD, en France

Josée Carignan, 28 ans, mentionne que l’«INSEAD est l’école la plus internationale, affichant une moyenne de 90 nationalités par cohorte et des campus en France», notamment à Fontainebleau, près de Paris. L’école occupe le premier rang du classement du Financial Times.

les affaires 1827 / 01 / 2018MBA cadres et dirigeants _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Tendances MBA : intelligence artificielle, entrepreneuriat, voyagesNathalie [email protected]

Les universités peaufinent sans cesse leurs programmes de MBA pour enrichir l’expérience des étudiants et leur fournir des compétences

recherchées sur le marché de l’emploi. Voici quelques exemples.

IA et mégadonnéesAider les start-up du secteur de la science des données à créer de la valeur financière : voilà le

nouveau défi que peuvent désormais relever les étudiants au MBA de HEC Montréal. Deux cours optionnels leur permettent en effet d’accompa-gner dans leur développement les 25 jeunes pousses sélectionnées pour faire partie de la première cohorte du Creative Destruction Lab

Montréal, créé en collaboration avec l’école de gestion Rotman de l’Université de Toronto. « Cet accélérateur est une occasion unique pour les étudiants de travailler de près avec des start-up en intelligence artificielle et des anges investis-seurs, dit Louis Hébert, directeur du programme

«L’expérience internationale est très prisée par nos étudiants au MBA, souligne André Gascon, directeur des programmes de MBA de l’Université Laval. Toutefois, 60 % de nos étudiants sont à temps partiel et ne peuvent pas partir longtemps.»

Le MBA John–MolsonChoissisez un MBA à la hauteur de vos ambitions

Portes Ouvertes le samedi 10 février de 10h à 16h1450 rue Guy, Montréal (6e étage)

concordia.ca/mba

Le MBA à temps plein et à temps partiel

Raffi Zaroukian, MBA

Stagiaire diplômé − Commercial Banking

Global Graduate Programme, HSBC

Le MBA en gestion de placements avec formation complète préparant au titre de CFAMD Offert à Montréal et Toronto

Alice Sany

Candidate au MBA en 2019 et au 2e examen menant au titre de CFA

en 2018

Chef d’équipe adjointe, HSBC

Le MBA exécutif

Stephanie Hart

Candidate au EMBA en 2018

Directrice Sénior Immobilier,

Groupe Aldo

les affaires 19 27 / 01 / 2018 ________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ MBA cadres et dirigeants

de MBA de HEC Montréal. Ceux qui le sou-haitent peuvent aussi faire partie de notre nou-velle communauté de pratique sur les mégadon-nées. Aujourd’hui, les gestionnaires se doivent de comprendre les enjeux organisationnels, stratégiques et sociaux des mégadonnées. »

Pas d’idée pour entreprendre ?À la suite du succès de l’an dernier, l’École des sciences de la gestion de l’UQAM reconduit sa collaboration avec l’École de technologie supé-rieure, où des étudiants au MBA pour cadres s’allient à des ingénieurs pour travailler sur un projet entrepreneurial.

« Certains souhaitent créer une entreprise, mais n’ont pas d’idée d’affaires, explique Guy Cucumel, directeur du MBA pour cadres de l’UQAM. Le parcours optionnel “Entreprendre sans idée” mise sur la complémentarité entre les gestionnaires et les ingénieurs pour d’abord faire émerger des idées, puis pour travailler concrètement à la réalisation de l’une d’elles. Les équipes testent aussi leur innovation auprès d’investisseurs, un peu comme dans l’émission Dans l’œil du dragon. »

Vincent Émond est l’un de ceux qui ont par-ticipé au projet pilote. « Ça a été le clou de mon MBA », lance celui qui verra peut-être naître une entreprise d’Internet des objets de son association avec les ingénieurs Rachid Bekhti et Alexandre Bernier. Le trio a utilisé la méthode basée sur la résolution de problèmes pour

« Cet accélérateur [le Creative Destruction Lab Montréal] est une occasion unique pour les étudiants de travailler de près avec des start-up en intelligence artificielle et des anges investisseurs. »

– Louis Hébert, directeur du programme de MBA, HEC Montréal

imaginer diverses applications à une puce qui détecte les mouvements, conçue par les deux ingénieurs. « On travaille sur une brosse à dents intelligente qui permettrait aux enfants de progresser dans un jeu virtuel quand ils se brossent bien les dents », résume M. Émond.

Immersion à l’étrangerGrâce à son partenariat avec cinq universités françaises, l’Université Laval offre certains MBA qui permettent d’obtenir un double diplôme.

Avec l’ajout prochain de deux autres universités européennes, l’une en Angleterre et l’autre en Pologne, ce cheminement sera aussi offert com-plètement en anglais aux étudiants des MBA en finance et en gestion internationale.

Dans d’autres MBA, il est possible d’étudier une session ou plus dans des universités partout dans le monde avec lesquelles l’Université Laval a des ententes. Des sessions d’été de deux à six semaines sont aussi proposées, en Chine, en Norvège ou ailleurs.

À l’avenir, l’établissement d’enseignement entend toutefois miser davantage sur la formule des courts séjours. « L’expérience internationale est très prisée par nos étudiants au MBA, sou-ligne André Gascon, directeur des programmes de MBA. Toutefois, 60 % de nos étudiants sont à temps partiel et ne peuvent pas partir long-temps. Pour le profil Finance, nous venons donc de lancer une immersion d’une semaine aux Pays-Bas qui procure trois crédits. D’autres séjours semblables sont en préparation. » •la

MBA

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• MBA sciences et génie : 14 mars• MBA sciences comptables : 27 mars• MBA conseil en management : 28 mars

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