Le jour dans la poésie française au temps de la Renaissance. (Etudes littéraires françaises) byYvonne BellengerReview by: Françoise JoukovskyBibliothèque d'Humanisme et Renaissance, T. 42, No. 1 (1980), pp. 284-285Published by: Librairie DrozStable URL: http://www.jstor.org/stable/20676099 .

Accessed: 24/06/2014 23:27

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284 comptes rendus

celui-ci, la lacune ne pardonne pas. Au d?but du si?cle, Burdach, puis Rehm, ont totalement renouvel? rapproche de ces probl?mes et, plus r?cemment, les travaux moins brillants de Cosacchi et de Rosenfeld ont rendu accessible un immense mat?riau, en grande partie fran?ais.

Ces lectures auraient permis de mettre en question le ronronne

ment des certitudes toutes faites et de mieux exploiter une riche documentation. On aurait aim?, par exemple, que Mme Martineau

G?nieys remarqu?t dans ces milliers de vers absence d'allusion ? la peste.

Nous disions qu'id?alisme et ?conomisme sommaire vont de pair. Une situation ?conomique est cens?e d?terminer ce que pense la com munaut? ? l'unisson, de m?me une catastrophe naturelle et, pourquoi pas? l'?volution du climat. Il n'est donc plus n?cessaire de s'interroger sur le rapport entre un type de discours et la politique d'un groupe social. C'est ainsi que les pompes fun?bres somptueuses des ducs de Bourgogne sont expliqu?es par ? le sentiment primitif d'une survie larvaire ? (p. 434). Ce sentiment existe peut-?tre, mais comment

s?parer les pompes fun?bres bourguignonnes des autres f?tes excen triques de ce duch?, et ces activit?s somptuaires de l'affirmation d'une souverainet? contest?e ?

En tant qu'historienne, l'auteur ?choue pr?cis?ment l? o? ont ?chou? les historiens qui l'ont inspir?e. Mais ce qu'elle offre n'est pas n?gligeable. Les analyses litt?raires ont belle allure et sont men?es avec beaucoup de m?tier. Elle n'a pas son ?gale pour r?habiliter les grands rh?toriqueurs, pour mettre en ?vidence le contenu humain de leur

uvre et pour faire partager au lecteur son plaisir ? les lire. De nom breux r?sum?s et de longues citations permettent de se faire une id?e des textes encore in?dits. L'analyse minutieuse des repr?sentations de la mort de Chastelain ? Marot est une contribution consid?rable ? l'histoire litt?raire, et donc ? l'histoire.

Urbana. Jean Wirth.

Yvonne Bellenger, Le jour dans la po?sie fran?aise au temps de la Renaissance. T?bingen, Gunter Narr Verlag

? Paris, ?dition

Jean-Michel Place, 1979, in-8, 255 p. (Etudes litt?raires fran?aises).

Ce volume dense et alerte contient essentiel d'une th?se de doc torat soutenue en 1975, et dont nous avons eu l'occasion de dire ici

m?me les nombreux m?rites x. Il en suit le plan dans les grandes lignes. Mme Bellenger a sauv? la substance du volume original, notam

ment le chapitre final sur les po?tes et les jours, auquel il ?tait impos sible de rien ?ter. Mais elle a all?g? l'ensemble en publiant ? part des articles auxquels elle peut ainsi se r?f?rer 2, en condensant cer taines analyses, par exemple pour les tropes, et aussi en pratiquant une approche plus directe du sujet. L'examen des instruments lexico graphiques a en effet disparu, et de fa?on g?n?rale une bonne partie de l'appareil de notes et de la bibliographie. Ainsi d?graiss?, le texte

1 La journ?e et ses moments dans la po?sie fran?aise du XVIe si?cle (atelier reproduc tion des th?ses, Universit? de Lille, 1975, in-8, 731 p.). Cf. Biblioth?que d'Humanisme et Renaissance, 1976, pp. 570-572.

2 Le vocabulaire de la journ?e..., Revue belge de philologie et d'histoire, 1977, fase. 3 ; La p?riphrase dans la po?sie du XVIe si?cle, uvres et critiques, 1976, I, pp. 133 ss.

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comptes rendus 285

fait appara?tre plus vigoureusement certains tableaux quotidiens, en particulier, dans la deuxi?me partie, la dur?e et le d?coupage de la journ?e. Ce que Ton perd quelquefois pour appr?ciation litt?raire des textes, dans leur complexit? po?tique, on le regagne en nettet? pour l'histoire des mentalit?s. Encore Mme Bellenger a-t-elle con

serv? l'?tude d?taill?e des textes majeurs, telle la fameuse journ?e de Ronsard dans la R?ponse aux injures.

Mais quand m?me, quatre ann?es d'attente et d'efforts pour faire para?tre

? gr?ce ? la compr?hension de nos coll?gues allemands ?

cette ?tude dont la diffusion s'imposait... Et tandis que les th?ses sortent difficilement de l'ombre, les centres de recherche impos?s ? nos facult?s des lettres sur le mod?le scientifique ont les moyens de publier des volumes d'articles, de valeur pourtant in?gale, et moins approfondis qu'une r?flexion de quelque quinze ann?es. Ce syst?me inintelligent finira bien par dissuader les inconscients qui s'obstinent dans la voie du doctorat ? flou?s ? tous les coups, et bient?t sans lecteurs.

Fran?oise Joukovsky.

Gis?le Mathieu-Castellani, Eros baroque. Anthologie th?matique de la po?sie amoureuse baroque, 1570-1620. Paris, U.G.E., 1979 (Coll. 10/18).

Apr?s les anthologies g?n?rales de la po?sie baroque (de Rousset, de Dubois, etc.), apr?s celle de la po?sie religieuse de T. Cave et M. Jeanneret, voici un choix abondant de po?mes amoureux. Il est d? ? l'auteur d'une th?se importante sur les th?mes dans la po?sie amou reuse ? la fin du XVP si?cle (Lille, 1976).

Les po?tes repr?sent?s, une bonne quarantaine au total, sont en grande partie totalement inconnus aujourd'hui. Ils n'en sont pas moins de vrais po?tes: nouvelle preuve de la richesse incroyable d'une p?riode qu'on n'a jamais fini d'explorer. Les limites chronolo

giques sont peut-?tre ?troites, voire discutables lorsqu'on introduit la notion de mani?risme, mais elles assurent la coh?rence incontes table du recueil. L'essentiel, c'est d'ailleurs les textes r?v?l?s, non

l'?tiquette. L'organisation du recueil est th?matique : ? Les plaisirs et les

jeux ?, ? Portraits ?, ? Paysages baroques ?, ? L'espace de la nuit ?, ? Figures mythiques ? sont les titres des parties successives. Une longue introduction explique l'itin?raire propos?, en commente les ?tapes avec bonheur. La nouveaut? des po?tes baroques est nette ment d?finie par rapport ? leurs pr?d?cesseurs, p?trarquistes ou autres.

Une telle anthologie ?tait n?cessaire, ne f?t-ce que pour servir de contrepoids ? l'abondance des r??ditions et des ?tudes de po?tes religieux. Dans l'ensemble, c'est la face nocturne du baroque que l'on

d?couvre ici, au moins aussi fascinante que l'autre. De ce que l'an

thologie paraisse dans une collection ? grand tirage et que tout ait ?t? fait pour rendre les textes lisibles pour un grand public, on ne peut qu'en remercier l'auteur.

Gand. Fernand Hallyn.

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