Le Livre de l'Arpenteur

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Edition spciale Commmorative a tirage limit

LE LIVRE DE LARPENTEUR

Introduction pratique aux techniques des voies initiatiques Suivi de LInitiation Fig - 1

Pierre Manoury

Mauritius 1999

- Editions Manoury-communication Mauritius Pierre & Savitree Manoury 99 Droits rservs pour tout pays Copie mme partielle interdite

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Introduction Le LIVRE DE LARPENTEUR est un trait dsotrisme pratique qui renoue avec un ancien usage, celui des ouvrages didactiques sadressant un public damateurs soucieux de qualit et souhaitant possder un manuel complet se suffisant lui-mme. Cest dans cet esprit que lauteur a trait le prsent ouvrage. Le chercheur peut ainsi disposer dun manuel totalement original dtaillant les phases de lentranement et de la progression ainsi que les lments de la pratique sotrique. La plupart des sujets abords sont issus des enseignements de la tradition orale et forment un corpus dont les lments sont pour la plupart ignors par les amateurs, voire mme par les spcialistes. Pour la premire fois dans la littrature spcialise est expos le concept de modelage de symboles associs aux vocables daction, technique originale ouvrant un champ daction quasi illimit. Les procdures de marelles de lettres, vritables abrgs de programmes psychiques, lutilisation des charges, la pratique des Portes douverture, autant de concepts traditionnels souvent mconnus. Lensemble de louvrage constitue un livre prcieux destin servir de base la bibliothque dun initi. Le titre mme Le livre de larpenteur mrite quelques remarques. Larpenteur est celui qui mesure le monde, celui qui explore systmatiquement lespace compt aux hommes, le futur adepte doit mesurer et valuer lespace quil devra un jour matriser. Comme le disent les textes sacrs, le monde est construit avec poids et mesures...

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Avant propos Sengager sur une voie de progression, ce que certains nomment initiation, ne fait pas seulement appel une ducation purement livresque, pas plus quelle implique obligatoirement la prsence constante dun initiateur. Cette prsence ne simposant qu partir du moment o le nophyte a atteint une certaine maturit. La fonction de linitiateur tant de guider et de conseiller pendant une courte priode (gnralement deux ou trois annes) dapprentissage, et non pas denseigner les rudiments de lart. La plupart des adeptes considrent que le mode dassimilation des rudiments doit tre le fait de llve, de ce point de vue la forme la plus simple pour acqurir de linformation passe par le livre. Cest la vocation du prsent ouvrage. Un certain nombre dlments supposs connus ne seront pas abords dans le prsent texte, le lecteur y rencontrera par contre des enseignements plus discrets faisant partie de lindispensable culture de ceux qui souhaitent obtenir des rsultats tangibles utiles dans le cadre dune progression effective.

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Chapitre 1 Le terme dsotrisme soppose directement celui dexotrisme. Le premier signifiant une connaissance cache, ou du moins voile, le second au contraire exprime ce qui est dvoil, accessible tous. Lsotrisme en soi est la comprhension et lapprentissage de concepts symboliques, mtaphysiques, religieux ou philosophique, ainsi que de leurs implications dans les aspects de la cration en relation avec dautres sphres dactivits plus subtiles. En tant que connaissance lsotrisme ne se limite pas seulement des spculations abstraites, il intervient galement dans le domaine du monde matriel, en ce sens que certains de ses dveloppements sont susceptibles dtre appliqus directement tant sur les squences dvnements qui rgissent la vie, que sur des actions physiques ponctuelles. On dsigne ce mode dutilisation par le terme gnrique dsotrisme pratique. Il convient cependant de se mfier de cette appellation, employe souvent de manire abusive et qui confine souvent avec plusieurs dveloppements de la vulgaire magie. Science considre comme illicite par les adeptes volus ainsi que par la plupart des grands courants religieux. Lsotrisme pratique se dmarque des courants magiques traditionnels dans la mesure o ses applications concernent essentiellement des procdures de dveloppement spirituel ou nergtique lesquelles sont destines aider la progression spirituelle dun individu. Il convient cependant de souligner que ces applications dbouchent rapidement sur des pratiques relevant du monde des pouvoirs, ce qui explique la confusion avec les arts magiques. Il est important de savoir que le mode daction des disciplines relevant de lsotrisme soit fondamentalement diffrent de ceux utiliss dans les magies et les sciences connexes. Ces disciplines ayant une dimension de type chamanique en ce sens quelles sappuient essentiellement sur des qualits acquises ou dveloppes par loprateur ou utilisant des forces naturelles ( ltat brute ou accumules par des procds spciaux). Il sagit de manipulations relevant de domaines proches de ceux de la physique, au sens moderne donn ce terme. Au moyen ge on aurait qualifi cette discipline de magie naturelle, par opposition la magie crmonielle faisant appel la pneumatologie, ou science des esprits. Il serait raisonnable de dfinir ces pratiques comme relevant du domaine de lnergtique individuelle. La plupart des techniques utilises dans le cadre de lsotrisme pratique lont t, consciemment ou inconsciemment, par la majeure partie des grands courants religieux. Ces traditions initiatiques tayant la fonction sacerdotale, bien que souvent dsavoues par les hirarchies religieuses, sont issues de ces enseignements. Une grande part des pratiques du monachisme, des techniques de prire et les procdures de miracle en sont des manations peine retouches. Cet ensemble constitue un fond commun aux diffrentes coles mystiques en ce sens quil participe la formation de base de la quasi totalit des techniques dveil. Il est paradoxale de constater que lenseignement de lsotrisme pratique nait pas fait lobjet dune utilisation systmatique dans les procdures employes par les grandes coles initiatiques, mais quil se soit littralement confin des cercles rduits, voire mme un enseignement individuel de matre lve. Les seules exceptions, qui confirment cette rgle, concernent de rares enseignements collectifs de haut niveau dans les traditions indiennes et tibtaines, o il semblerait que plusieurs techniques furent intgres dans le corpus dapprentissage. On notera au passage luniversalit de ces procdures (tant du point de vue individuel que collectif) que lon retrouve aussi bien dans le celtisme que dans lhindouisme, le christianisme , le bouddhisme et dans une moindre

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mesure dans lislamisme. On peut affirmer, sans risque derreur, que ces techniques sont une mergence du fond commun de lhumanit. On peut citer, titre dexemple, la gnose chrtienne gnralement mprise par lglise romaine, lglise officielle, qui considre plusieurs niveaux denseignements dans la rvlation Christique, le premier niveau exotrique tant constitu par lglise des fidles (lglise romaine) ou glise de Pierre. Le second niveau, celui des rvlations (sotriques) tant lapanage de lglise de Jean (auteur dun vangile et de lApocalypse) et le troisime et dernier niveau, celui de lveil mystique est constitu par lglise de Melchitsedeck, roi de Salem le Roi du monde pour reprendre une ide chre au philosophe Ren Gunon. Ces trois niveaux correspondant aux structures classiques de la plupart des dmarches de progression spirituelle en conformit avec lensemble des traditions initiatiques.

2La nature des enseignements de lsotrisme pratique est rarement dcrite dans la littrature. Certaines procdures tant soigneusement gardes secrtes par leurs dpositaires et dautres semblent trop relever des mthodologie psychiques, mentales ou chamaniques. Ces affirmations, souvent gratuites, ntant voques quen raison de la gne quelles causent la dogmatique rigide de certains enseignements. Dun point de vue plus universel on ne peut entrer dans ces querelles sectaires et chtrer un enseignement pour des prtextes aussi mesquins. Les chrtiens se hrissant quand on expose les techniques de miracles, les islamistes se rvulsant lexpos du principe grgorique, les bouddhistes indiffrents se rfugient dans un no-mans land philosophique en voquant le principe de lillusion et les techniciens de lveil hurlent au scandale quand on expose trop rationnellement la procdure quils considrent comme une grce ou une alchimie pniblement labore. Cette dernire affirmation tant en partie vraie, puisquil sagit dune alchimie, mais nous rcusons le ct pnible de la chose en ce sens quil existe certains raccourcis. Lsotrisme pratique recouvre dans sa ralit plusieurs techniques plus ou moins complmentaires dont la synthse forme un puissant outil dvolution et de progression. Ces diffrents lments, font pour la plupart, partie dun enseignement oral, ce qui explique leur absence quasi totale dans les littratures spcialises. Techniques spcifiques lsotrisme pratique Les outils du praticien Accumules au cours des sicles, ces mthodes sont souvent mles par fragments des enseignements spirituels ou initiatiques. Elles se prsentent selon plusieurs courants ou modes opratoires dans des domaines parfois loigns les uns des autres mais dont la convergence gnre des rsultats profitables pour loprateur. 1er groupe : Les techniques de prparation du mental et du psychisme. Il sagit de mthodes permettant une mise en condition prparatoire, conforment lapprentissage et lutilisation de certaines forces, attitudes mentales ou nergie. Cette phase liminaire est indispensable et se retrouve dans la totalit des traditions. Ceux ou celles qui croient pouvoir se passer de cet entranement prparatoire commettent une erreur grossire, mme si, comme certains le croient, ils possdent un don ou une prdisposition.

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Aucun, parmi les initis authentiques na fait limpasse sur cette tape prliminaire. Affirmer le contraire est un pch dorgueil qui se paie par un chec dautant plus cuisant que celui qui laura commis sacharnera sur des fausses pistes laspect prometteur. Cette tape constitue en un vritable dcapage culturel social et affectif. Celui qui aura franchi ce cap dcisif pourra envisager la suite avec beaucoup plus de quitude. 2 me groupe : Les techniques daccumulation et de circulation dnergie. Infods aux prcdentes, ces pratiques permettent une gestion consciente des nergies et de leur accumulation. Dans ce genre de procdures seule une certaine persvrance est indispensable, il sagit la plupart du temps de techniques purement physiques, mcaniques, ne demandant pas daptitudes particulires. Faisant appel une connaissance des circuits nergtiques du corps et la comprhension de certaines lois relativement simples, ces techniques font souvent partie intgrante de diverses disciplines qui les ont phagocytes et rendue mconnaissables. Etudies dans leur simplicit native elles sont de ce fait plus facilement accessibles et surtout comprhensibles par tous. Associes aux pratiques du premier groupe, elles permettent dobtenir une action dj remarquable au niveau du corps et des possibilits de celui-ci. 3 me groupe : Les procdures de programmation de lesprit. Dans cette troisime phase, ltudiant pntre de plein pied dans le contexte initiatique. Il est question ds lors de crer, au niveau de son psychisme, des rflexes conditionns par les ncessits de la voie laquelle il se destine. Les pratiques utilises offrent une certaine analogie avec certaines mthodes psychologiques dites dancrage, bien que les procdures employes soient beaucoup plus subtiles. 4 me groupe : Ltude du pouvoir des sons et des symboles archtypes. Arrives ce niveau les choses deviennent presque simples, puisquil sagit dun apprentissage plus classique dassimilation de concepts qui, une fois lis entre eux, peuvent produire des effets parfois surprenant. Beaucoup seront tents de brler les tapes pour parvenir ce niveau qui les charmera par ces possibilits. Malheureusement pour ces fous, les rsultats obtenus seront directement proportionnels la qualit des efforts quils auront fait lors des tapes prcdentes, et non leur quantit. Il sagit dans ce cas de manipulations nergtiques caractre physique, exploitant les ressources acquises progressivement lors des phases prcdentes. 5 me groupe : Les accessoires nergtiques et lemploi des substances. Constituant un complment du groupe prcdant, cet apprentissage est galement dordre physique, puisquil sagit de lutilisation pratique des certains matriaux naturels, peu ou pas modifis et de leurs proprits en association avec les connaissances prcdentes. 6 me groupe : La connaissance des lois de cration des entits et de leurs manipulation. Structure des grgores.

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Dans un premier temps, il ne peut tre question que dune initiation aux lois de cette science dfendue. Cette introduction est cependant suffisamment efficace pour tre considre par les spcialistes initis de la plupart des religions comme constituant un sommet. Nous rentrons de plein pied dans la ralisation des effets spciaux de la haute pratique chamanique, utilisant des forces totalement naturelles, issues pour la plupart de phnomnes psychiques et non dorigine spirituelle, pour produire des rsultats qui le sont beaucoup moins. 7 me groupe : Thorie et pratique, utilisations et applications des potentialits acquises. Aprs avoir appris le solfge et fait lapprentissage dun instrument, les musiciens dbutants doivent se confronter la ralit musicale en sentranant. Il en est de mme pour liniti, qui, sil na pas atteint la matrise des potentialits nouvellement acquises, ne tardera pas oublier partiellement ses connaissances. Bien que critiqu par les puristes, cette phase est semble-t-il indispensable, premirement en raison de ces qualits exprimentales, mais aussi pour purger ltre en profondeur de ses refoulements et de ses passions. Layant expriment il dpassera plus facilement ce stade que sil devait simplement latteindre pour devoir loublier. Cette phase est dangereuse de plusieurs point de vue, en ce sens quelle est une porte de tentation, voire de damnation, la porte des pouvoirs. Limit au monde matriel, certes, mais nanmoins, des actions tangibles intervenant dans le monde qui nous entoure. Sans doute une bonne partie de ceux qui auront poursuivi ce cursus introductif ne souhaiteront pas aller au del, quelques uns cultivant sagement les potentialits acquises, dautres bifurquant dans une voie de magie oprative ou poursuivant une vocation de thrapeute. Que ces derniers sachent quil est un peu attristant de gcher des potentialits acquises de cette manire et que le vritable chemin commence o ils se sont arrts. Il convient nanmoins de reconnatre quils seront susceptibles dobtenir des rsultats parfois tonnants sils appliquent ces lments de la connaissance la voie quils auront choisi. Ceux qui choisiront une voie mystique ne trouveront que peu de diffrence dans la manire, simplement dans la forme, ceux-l pourront progresser avec plus de facilit dans cette voie de haute spiritualit, sans tre la dupe des systmes. Ayant achev ce parcours ltudiant devenu initi , cest--dire possdant quelques lments dintroduction la connaissance, devra ds lors chercher un guide, ou suivre un enseignement de qualit, lui servant de bquilles encore quelques temps. Pour dautres cest justement cette partie introductive qui ncessitera la prsence dun frre an , ceux-l devront tre plus attentifs encore pour viter les piges et les pseudo adeptes suseptibles de les entraner dans des voies sans issues.

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Lorsqu'un homme lev entend la voie, Il l'embrasse avec zle. Lorsqu'un homme mdiocre entend la voie, Il l'coute et l'oublie. Lorsqu'un homme grossier entend la voie, Il clate de rire. La voie, s'il ne riait pas ne serait plus la voie. Lao Tseu. Chapitre 2 Sengager dans une voie spiritualiste ou initiatique implique de comprendre la nature profonde de ltre, ou du moins de lapprocher. Se connatre soi-mme et parvenir une certaine matrise motionnelle, non par refoulement mais par vacuit. Une telle dmarche passe, dans un premier temps par le mental, lintellect, avant datteindre un niveau de comprhension cardiaque 1. Il sagit dune ducation complter, parfaire ou plus prcisment construire. Cette construction ne pouvant stablir sur des bases non adaptes. Il convient de remettre en cause lacquis culturel constitu par les connaissances issues de lducation et du monde social. A ce niveau, il convient de procder un dcapage culturel liminaire, ce qui ne signifie pas quil faille tout oublier. Il ne faut pas confondre remise en question et radication systmatique, sous peine de ressembler au hros de Jean-Jacques Rousseau en se rfugiant dans une innocence frisant limbcillit ou un tat de navet infantile. Il convient de trier et de sauvegarder les moyens intellectuels indispensables la poursuite dune qualit normale dexistence, sans tre la dupe des structures carcrales que constitue le monde dans lequel sagitent les hommes de la civilisation prsente. Cest plutt un travail sur soi quil faut matriser, un travail sur les rflexes conditionns qui contiennent et emprisonnent les expressions authentiques qui sous-tendent notre personnalit relle. Il sagit dharmoniser des habitudes de type gotique, de dissoudre les passions et dadmettre dautres structures danalyse, non de procder un lavage de cerveau. Cest une tche ardue, passionnante, aride et salvatrice ... Un travail lucide, pour trouver la voie juste. Cette tape est longue, elle peut durer 40 jours, 40 mois ou 40 ans2, selon les traditions. Plusieurs ny parviennent pas en raison dun refus ou dune incapacit objectiver leurs insuffisances, leur systme de dfense vis--vis du social ou de remettre en cause leur image, leur Persona , pour reprendre la dfinition de C.G Jung. Les causes dchecs tant le reflet de ce niveau dincomptence, selon le principe de Peter3. La procdure initiatique, commune celle de lapprentissage aux voies dveil dans le cadre de la mystique, est lexpression dune modification du niveau de conscience dans le sens de llvation, par abandon des dsirs, des passions et la dissolution des tensions intrieures. Ce niveau de conscience est une recherche de la transcendance, cache la1

Ces notions seront dtailles un peu plus avant dans le texte, le fait de matriser les motions doit tre opr par leffacement de celles-ci et non par le refoulement, comme malheureusement le comprennent les adeptes des arts martiaux. Ces pratiques dvies ne permettent pas une progression spirituelle mais sexpriment le plus souvent par des pulsions inconscientes dauto-destruction, voire des somatisations. La comprhension cardiaque, ou intllligence du cur exprime que lindividu est parvenu au stade des voies dharmonie. 2 40 jours est le nombre minimum pour accomplir une uvre. On se souvient des 40 jours passs au dsert par le Christ, le sjour de Mose sur le Sina, celui de Bouddha dans le dsert etc... 3 Le principe de Peter, dfini un niveau maximun de comprhension pour un individu dtermin. Ce niveau ou point dincomptence est celui partir duquel le sujet est dpass par la tche qui lui est propos.

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connaissance, chappant la sagacit du mental. Cette transcendance peut tre perue comme une force inexprimable, une certitude absolue, portant en elle-mme les rponses aux questions qui la suscite. La recherche de cet tat se rvle de plus en plus prsent dans notre civilisation. Il est la cause dune qute de spiritualit laquelle les religions et lducation ne sont plus en mesure dapporter des rponses. Les connaissances proposes limitent leurs enseignements ce qui est directement accessible par les sens et lanalyse matrialiste. Les enseignements religieux autrefois porteurs de rponses tant vids depuis longtemps de la ralit quils sont supposs prserver. La consquence directe de ces carences sexprime par la crise inluctable que traverse notre monde. La prise de conscience de la ncessit dune recherche de la transcendance, constitue une rupture par rapport au continuum social, un appel. Celui qui lentend ne peut loublier, car il correspond une vrit profonde participant de la nature de lhomme. Ds lors quil la envisag, lhomme devient un Noble Voyageur , comme se plat le nommer MaryMadeleine Davy4, qui a pour devoir de poursuivre la qute jusqu la limite de ses forces. Il est devenu responsable, ne pas poursuivre, se drober devient ce niveau blasphmatoire, cest l le vritable pch contre lEsprit. Cette voie est solitaire, car celui qui lenvisage se soustrait de linconscient collectif, il assume un combat contre lui-mme, un duel sans tmoin, pour retrouver ce quil sait dj de tout ternit mais quil est incapable dentendre. Tu ne me chercherais pas, si tu ne mavais dj trouv Lhomme primitif et lenfant ne sont nullement conscients de cette obligation inhrente la nature profonde de lespce humaine, ils ne peroivent pas la double appartenance divine et humaine de lhomme. Pour eux tout est simple et vident, ils participent du tout sans ambigut. Lhomme moderne est beaucoup moins innocent, install dans ses certitudes, il vite ce genre de question drangeante pour son confort moral, il prfre compter ses avantages sociaux jouir de sa retraite et dcliner doucement devant sa tlvision. Cette modernit vieillissante est dpasse par ceux qui osent se lancer dans la vritable qute qui mne par del la vie et la mort la Vie authentique . En un point de la Terre il y a un homme do mane cette clart; en un point de la Terre existe lhomme qui est pareil cette clart. Mir Bahadur Ali The approach of Al Mutasim . Bombay 1932 Les prliminaires de la progression. Il y a plusieurs manires denvisager le problme de la conscience humaine, lune dentre elle est assez peu familire lhomme moderne habitu au vocabulaire de la psychanalyse et son structuralisme, il sagit de la dfinition traditionnelle. Dans la ralit les deux aspects (moderne et traditionnel) ne sont pas contradictoires, ils sont mme complmentaires. La tradition considre lhomme comme un lien entre les forces manes du cosmos et la terre, de fait son esprit incarn dans la matire participe de celle-ci en mme temps quelle est lexpression de lesprit, entendez par-l le divin, le Crateur. Selon le degr dvolution de chacune des espces, la part de lesprit est plus ou moins importante et atteint chez lhomme une proportion qui le relie au divin. Le mythe de la chute adamique rsolument plong lhumanit dans le monde de la matire et cest lui4

Mary-Madeleine Davy, Philosophe et crivain est lauteur de nombreux ouvrages sur la spiritualit, notamment du livre Le dsert intrieur .

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que revient le devoir de se rehauss pour recouvrer sa nature divine. Tel est grossirement la mission symbolique laquelle nous devons satisfaire pour retrouver notre vritable nature, cest ce parcours que propose les coles mystiques et les procdures initiatiques. La part de Dieu qui est en nous est latente, prsente, mais voile par notre nature matrielle, ses passions, ses dsirs, en un mot notre ego , le Moi dont Blaise Pascal disait, quil tait dtestable. Nous sommes donc des fragments dun Dieu parpill (mais cependant entier en chaque tre), dans lespce et le monde qui nous entoure. Retrouver notre nature divine implique un travail qui se situe la fois au niveau individuel, mais aussi au niveau collectif dans la mesure o lexemple de la sagesse, de la connaissance et de lveil un rle dducation qui se rpercute dans linconscient collectif. Cest limage des 144 Justes de la tradition judaque. Le propre dune progression spirituelle tant, par diffrents processus, de dissoudre un aspect de ce Moi, cet ego perturbateur (la Personna, selon la terminologie de C.G Jung), de lcher prise pour faire clore le Moi suprieur qualifi de Je ou de Soi par les analystes modernes. Laboutissement ultime de cette pratique tant qualifie dveil dans le vocabulaire initiatique et les courants mystiques des religions asiatiques. Parmi les mthodes employes on trouve plusieurs courants, les uns sappuyant sur la pratique religieuse, dautres faisant appel diffrents systmes plus laciss, mais aboutissant la dissolution de lego au profit du Soi . Une des mthodes les plus populaires tant le Yoga, qui nest malheureusement pas une des techniques les plus efficaces (car trop contraignante et souvent insuffisante du point de vue de la spiritualit). Pour employer une terminologie plus moderne il sagit de procdures de dcration de lego, permettant une dissolution des passions et des dsirs favorisant ainsi la rsolution des tensions et des refoulements, librant de ce fait lnergtique corporelle. Parvenu ce stade lhomme acquire une matrise physiologique et peut atteindre des niveaux de conscience suprieurs. Cette ralit nest pas seulement symbolique, mais correspond des rsultats parfaitement contrlables. Certains individus (dailleurs plus nombreux quon ne le crot) sont parvenus cette qualit spirituelle qui se rpercute de manire spectaculaire au niveau des potentialits physiques et psychiques, bien que ces rsultats ne correspondent pas lobjectif de cette dmarche. Les voies dvolution spirituelles sont souvent catalogues selon plusieurs critres dapproche. On trouve au premier degr les voies sociales correspondant un dgrossissement de lindividu. Cette premire approche est surtout le fait de la civilisation occidentale qui dfinit les diffrentes options selon des critres sociaux ou des vocations spcifiques. 1) La voie du guerrier - Cest lancienne voie chevaleresque, une dmarche relativement primaire adapte aux poques hroques du haut moyen-ge. Elle permettait des individus trs physiques, soutenus ou terroriss par un endoctrinement religieux, daffiner leur mental et de valoriser la gnrosit et la compassion menant une attitude plus cardiaque , en rvlant lintelligence du cur. Cette voie faite dentranement lautodiscipline, au sens de lhonneur, de la justice, au mpris de la peur, conditionnait peu peu le chevalier, lui servant de base de rfrence, de fil conducteur. Le chevalier idal se combat lui-mme, matrisant ses pulsions, dsagrgeant ses dsirs, dompte ses passions par une vie consacre labngation, au renoncement et au courage. Cest un des nombreux aspects de la qute du Graal qui a servi de modle aux gnrations tourmentes de la Gaule chevelue. Ce genre de procdure nest plus adapt notre poque o les mystres initiatiques ne se dissimulent plus dans les bois magiques et les fontaines perfides. On retrouve les archtypes de cette mentalit dans la pratique de certains arts martiaux. Le

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grave dfaut de cette approche est, comme nous le verrons par la suite, d la mthode dducation base sur le refoulement des dsirs et non sur leur dissolution, ce qui gnre souvent des tensions intrieures crant un tat desprit peu propice un panouissement de ltre essentiel et lveil de celui-ci. 2) La voie du chasseur (ou voie chamanique) - Autre aspect des orientations primitives, cette voie est une voie de renoncement au monde social, une fusion avec le milieu naturel, une communion avec lenvironnement sauvage. Un retour la vie sauvage solitaire avec de rares contacts avec la communaut humaine. Cest une voie de hors la loi, dans le sens noble du terme, dont laboutissement ne peut-tre ralis que si lindividu sest dabord imprgn dun idal, dune ligne de conduite spirituelle lui dfinissant un objectif ( ermite, chaman, druide... sorcier !). Dans cette hypothse le dcapage culturel et social est rapidement dsagrg, mais le travail sur lego ne progresse pas pour autant. Cest une voie de solitude et de renoncement. Il est assez rare, sauf pour des personnalits dexception (gnralement associales) daboutir une qualit dvolution suffisante. 3) La voie du Clerc (ou voie Mystique) - Bien que trs ancienne cette option demeure une des rares solutions compatibles avec la vie moderne, la condition de ne pas confondre religiosit et mysticisme. Le monachisme tant une possibilit de ralisation de cette voie. Le cadre religieux servant de moule , de modle, de garde fou. Il est accept dans sa forme rituelle (liturgie, rites etc.) dans la mesure o celui-ci propose une discipline et une rgularit facilitant la dcration des sollicitations du monde social. Il possde limmense avantage doffrir des modles et des propositions mtaphysiques de qualit. Cest une des voies royales de progression pour une dmarche initiale, sachant que la procdure dveil doit tre poursuivie en solitairel, il nest donc pas question desprer un aboutissement dans un cadre communautaire. Les grands mystiques ayant le plus souvent choisi de vivre en ermite, parvenu un certain stade de leur volution. Ces trois voies formant les lignes directrices des possibilits de ralisation dans le monde occidental, bien quil existe des modes de progression secondaires, dont les formes se rapprochent plus ou moins de ces modles archtypiques. Les voies de progression caractre initiatiques ou thrapeutique se rapprochant du modle mystique ou monastique, les voies magiques procdant la fois des voies mystiques, plus ou moins teintes de chamanisme, quant aux voies dites noires, elles sont calques sur le modle mystique mais en inversant la dimension thique. Il est important de prciser que les voies magiques, bien que considres comme initiatiques, ne sont pas proprement parl des voies dveil. Elles utilisent une partie de lentranement prliminaire pour amliorer leur efficacit. La poursuite dune voie dveil ayant une vocation de progression spirituelle dpassera ce stade des pouvoirs . Ceux qui nanmoins souhaiteraient interrompre leur progression pour se limiter ce niveau, doivent tre conscients que le renoncement aux pouvoirs constituera une preuve dautant plus difficile quils auront utilis cette facult : tout se paie. A un niveau plus universel, ces diffrentes procdures doivent tre rattaches aux propositions de base des traditions indiennes qui expriment que la voie peut tre le fait de trois dmarches primordiales : La voie du Sage, la voie du Matre et la voie du Pandit . Ces trois archtypes pouvant se dfinir comme tant une voie de simplicit et de bienveillance en communion avec la nature dans lamour des autres,, pour la premire une voie de renoncement proche de la voie mystique, infode la formation par un matre

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instructeur et pour la dernire, ou voie du Pandit (ou savant), une approche de la dmarche sotrique et de certaines voies magiques occidentales. La finalit tant la dissolution de lego et lveil de ltre essentiel pour finalement se fondre dans le Soi . Les structures de la conscience La double appartenance de ltre humain, ce mdium en relation avec les forces cosmiques et telluriques, entre le monde divin et le monde matriel implique une hirarchie structurelle de la conscience dune grande complexit. Lvolution du systme crbrale tmoigne de cette progression dans lchelle de lvolution. Le cerveau primitif ou paloencphale est un organe purement instinctif contrlant essentiellement les rflexes de survie et de reproduction. Les divers autres strates obissent aux ncessits de lvolution qui mena le saurien primitif issu de la mer la forme plus achev de lhomo sapiens, avant de parvenir celle de lhomo maximus, lhomme veill. Anatomie sommaire de l'encphale : Il n'est pas question ici de dvelopper un cours d'anatomie crbrale, mais de fournir quelques points de repre au non spcialiste, pour mieux grer la cartographie de la conscience. Le cerveau (cerebrum en latin) est un des plus gros organes du corps, il pse en moyenne 1370 grs (entre 1100 grs et 1680 grs), chez l'homme, et 1250 grs (entre 1000 et 1560) chez la femme. Le cerveau consomme environ 20% de la consommation d'oxygne du corps, au repos. Il se prsente comme une masse ovode grosse extrmit postrieure, il prsente un ple antrieur frontal et un ple postrieur occipital. Sa couleur est blanc gristre, il mesure environ 16 cm de longueur, 14 cm de largeur et 12 cm de hauteur, sa densit est voisine de 1.03. Le cerveau prsente une fente antropostrieure longitudinale qui le partage en deux hmisphres, droit et gauche, relis entre eux par un plancher, le corps calleux. La surface du cerveau est irrgulire, elle prsente des sillons nombreux et tourments dlimitant les circonvolutions. C'est la richesse et le nombre des circonvolutions, ou gyrus, qui dtermine le degr d'volution d'un mammifre. Plus on monte dans l'chelle de l'volution, plus les circonvolutions sont nombreuses. Chaque hmisphre est subdivis en six parties : les lobes frontal, parital, occipital, temporal, insulaire, et le gyrus du cingulum. Chaque hmisphre crbral prsente une couche priphrique de substance grise, le cortex crbral (du latin corce) ; une substance blanche centrale, le centre semi-ovale les capsules internes et externes ; des amas de substance grise centrale, les noyaux basaux : le corps stri, le noyau caud, le noyau lenticulaire, le claustrum , le corps amygdalode et une cavit centrale, le ventricule latral. Chaque hmisphre prsente une spcificit propre : 1) L'hmisphre gauche contrle : la motricit de la partie droite du corps, le langage, il est le sige de la pense logique, analytique, mathmatique et rationnelle. 2) L'hmisphre droit commande : la motricit de la partie gauche du corps, la crativit, la pense non verbale, l'analyse smantique des mots, la synthse des ides, l'approche globale des sensations ; il est le sige des perceptions spatiales et de l'angoisse. Le cervelet : Situ en arrire du tronc crbral et en dessous du cerveau, le cervelet assure la rgulation du tonus musculaire, de l'quilibre et de la coordination des mouvements. Du point de vue phylogntique on distingue dans le cervelet trois parties qui correspondent

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chacune un stade de son volution : l'archocrbellum, prpondrant chez les poissons ; le palocrbellum assez marqu chez les amphibiens, les reptiles et les oiseaux; et le nocrbellum trs dvelopp chez les mamifres, en particulier dans lespce humaine. Le cervelet pse en moyenne 130 140 gr. Les circuits de la conscience : L'anatomie devenue une science de grande prcision, ne nous renseigne que fort peu sur les spcialisations de chaque partie du cerveau. Il est loin le temps o les mdecins cherchaient du bout de leurs scalpels le gte secret de l'me humaine. Les tudes rcentes des physiologistes, nous permettent nanmoins de cerner les lieux spcifiques de certaines activits. Ces renseignements sont d'un grand intrt pour celui qui souhaite comprendre la nature du principal support matriel de la conscience en lui permettant de localiser avec une bonne approximation les secteurs o peut voluer celle-ci, et comprendre quelles sont les qualits de ceux-ci. Du point de vue de l'histologie, voici ce qu'crit le Dr Miguel Guirao dans son excellent ouvrage : Anatomie de la conscience - Anatomie sophrologique - p.10 et 11. d. Maloine 1979. Les particularits du systme nerveux humain, lies la richesse et la complexit de ses circuits, rsultent d'une lente et difficile conqute volutive, ce que confirme l'analyse fonctionnelle lorsqu'elle fait apparatre le rle important de nombreuses structures archaques places au sein de structures rcentes fonction leve trs labore. A travers l'tude des grands stades de l'volution, on dcouvre les changements qu'ils ont impos et qui demeurent. C'est chez les Coelentrs que nous voyons apparatre ce que l'on peut appeler un systme nerveux rudimentaire, form d'une srie d'lments qui assurent l'quilibre de leur milieu et leur permet de s'adapter au milieu ambiant. Puis du fait de la complexit grandissante, on voit s'organiser une hirarchie des fonctions qui se caractrise chez les Echinodermes par l'apparition de ganglions nerveux, vritables centres qui rgissent la coordination des fonctions. Il faut attendre les poissons pour voir apparatre une structure corticale double d'un comportement plus autonome. L'organisation fonctionnelle de structures sous-corticales dtermines dont l'importance est incontestable et qui, chez l'homme, semblent domines par le cortex, apparat rellement chez les oiseaux o des groupements de neurones, comme le thalamus et le corps stri reprsentent un vritable niveau de conscience, le premier analysant et intgrant les stimuli, le second assumant la responsabilit d'un comportement dj complexe et vari. Chez lhomme, ces structures conservent des rminiscences de leur fonction primitive : le thalamus interprte l'information de nature intime affective, le corps stri labore un type de conduite motrice accompagnatrice ou complmentaire de celle qui s'engendre dans le cortex humain parvenu un niveau de dveloppement lev. Chez les mammifres, la complexit du cerveau s'accrot et nous arrivons lhomme o la corticalisation avec frontalisation reprsente le fait capital. Le lobe pr frontal organise et dirige le comportement l'aide de la rflexion et de la prvision qui constituent les constantes directives des conduites. Lhomme se connat lui-mme, dirige ses pas et prvoit les consquences de ses conduites. Du point de vue pratique, on peut affirmer que la conscience reprsente le champ d'intgration des processus mentaux , et dans le complexe crbral, tout instant les circuits conscients (c'est dire la totalit) peuvent devenir prsents et entrer dans le domaine de la connaissance, ou rester latents et subconscients mais disponibles et proche de l'mergence. Ils peuvent enfin demeurer sous-jacents, c'est dire indisponibles car

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appartenir au domaine de l'inconscient, bien qu'ils existent et agissent sur la conduite et interfrent ou s'expriment par des moyens qui leurs sont propres. Il est important de faire la diffrence entre connaissance et conscience car mme s'il est difficile d'apprhender les circuits inconscients d'un point de vue physiologique, ils n'chappent pas au "totum" de la conscience qui est le champ d'intgration de tous les processus mentaux. La gographie des divers circuits de la conscience peut s'tablir comme suit : - Le lobe frontal correspond aux aires de la dlibration et de la prvision. C'est ce niveau que s'exerce la rflexion aprs analyse de l'ensemble de la situation. - Les zones de mmoires se trouvent dans les rgions latrales basses des paritaux. -L'hypothalamus est le sige de l'motivit et de l'ensemble des ractions affectives primaires (affectivit corporalise). C'est au niveau de l'hypothalamus que se produisent les ractions au stress. Dans un contexte d'volution spirituelle ou de progression initiatique, un des objectifs primordiaux est la matrise motionnelle. Cette action de contrle devra essentiellement oprer au niveau de cette partie du cerveau, laquelle est dpendante du systme neurovgtatif. L'hypothalamus constitue le cerveau primitif dans lequel s'labore les ractions animales de dfense et d'attaque. L'aspect purement physiologique tant sommairement dfini, nous allons aborder maintenant les divers aspects de la conscience, ou :phnomnes de conscience, subconscient et inconscient, ainsi que les divers niveaux qu'ils peuvent atteindre ou revtir. C'est partir de la connaissance de ces processus que l'on pourra tayer une progression et effectuer validement une dcration absolument indispensable. La comprhension de ces mcanismes, apparemment loigns de l'ide qu'on peut se faire d'un cheminement initiatique, est fondamentale. Si l'on n'a pas une connaissance suffisante de ces divers processus, il devient difficile d'agir sur eux et de les contrler. Nous insistons sur ce point, car la comprhension de ces "circuits", facilitera grandement la pratique de la concentration, du calme mental des techniques de visualisation et de mditation.

1Dans le contexte naturel, la structure de la conscience sorganise selon une loi universelle : la loi du moindre effort, correspondant une stabilit fonctionnelle permettant ladaptation et la survie dans le contexte social. A un niveau suprieur, lhomme est un animal religieux qui sinterroge sur ses origines et son devenir, la fameuse question : do venons-nous, qui sommes-nous, o allons-nous. Les adeptes de tous temps ont rpondu partiellement ces questions dont les rponses compltes impliquent une capacit de globalisation et un niveau de conscience hors de porte des humains non prpars. Le Moi naturel , ou instinctif est celui que lon constate chez le primitif et lenfant. Il ne possde pas ou peu de duplicit, il sadapte aux circonstances et nest pas conscient de la double appartenance au monde divin et au monde de la matire. Ce Moi naturel, confront aux difficults de lorganisation sociale, va peu peu intgrer de nouvelles informations qui formeront un tissus de concepts devenant un vritable corpus correspondant ce que lon nomme lducation. Les vieux archtypes de conservation animale sadaptant cette situation constitueront des systmes de rfrence mentaux, rflexes de ruse et de domination, de possession et de satit, de jeu et de duplicit. Les dsirs rsultants des divers sollicitations seront assouvis ou censurs par la programmation de lducation ou les interdits sociaux, ces vnements non satisfais seront alors refouls.

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La plupart seront oublis, mais certains plus violents o plus souvent rappels par les circonstances ou des tendances enregistres dans linconscient formeront des tats de tension non rsolue. Ne pouvant sexprimer, ils causeront des perturbations caractrielles, des phnomnes obsessionnels ou des ractions somatiques. Lensemble de ces manifestations crant des situations de contraintes nergtiques empchant un panouissement du physique et du psychique. Lego se construit partir du cumul des situations vcues et interprtes au travers du filtre de la censure personnelle constitue par le Surmoi , la rsultante forme un complexe de programmation qui masque la personnalit relle au profit dune personnalit dapparence, formant carapace de protection. Le Moi social, ou ego est ainsi constitu dune mosaque de petits Moi egotiques correspondants aux diffrentes facettes de ladaptation. Ces personnalits multiples sont grossirement intgres dans un contexte gnral moyen donnant une apparence de cohsion. La ralit dveil est de transformer en les dissolvant ces structures dadaptation factices pour retrouver lunit de ltre essentiel. Hirarchie de la progression Lapproche dune procdure dveil varie dun individu lautre, dun contexte social, dune poque, ou dune civilisation lautre. Il est cependant possible de tracer les grandes lignes de ce type particulier dvolution qui se droule en phases successives. Voici un essai de synthse de ces diffrentes phases adaptes notre poque : 1- Une premire priode correspondant linterrogation et la prise de conscience de la ncessit dune progression. Cette phase est une rflexion sur la validit et le bien fond de ladaptation possible cet engagement, fonction des qualits propres de lindividu. 2- Les prliminaires la progression, constituent une approche du travail sur soi qui passe ncessairement par le mental. Un travail dauto-analyse consacr la comprhension des procdures de la voie. Lectures de textes classiques, portant si possible sur des rcits ou biographies dinitis ou de personnages ayant atteint ou du moins approchs le stade de lveil. On vitera soigneusement les rvlations fantaisistes de pseudo-gourou et autres ouvrages sensation. De la mme manire on ne se cantonnera pas une seule tradition, il est possible que la sensibilit ou lintelligence soit en rsonance avec un courant diffrent. Il convient cependant de se mfier de dmarches exotiques dont les implications sont loignes de nos racines culturelles ou ethniques. Parmi ces textes on lira avec profit La Bible , la vie de Mose, en particulier dans les livres de Philon dAlexandrie, Les Evangiles , LApocalypse et tout particulirement les uvres de St Jean. La vie de Bouddha, y compris le roman de Herman Hesse Siddharta . Le Ramayana , la Bagavad Gita , La vie de Milarpa, Tao-TeKing , Les Confessions de Jacob Bheme, Les Exercices spirituelles de St Ignace de Loyola, les rcits dun plerin russe , les sermons de Matre Eckart, la petite philocalie du cur , La vie dAppolonios de Thyane , par Philostrate de Lemnos etc. Cette liste ntant pas limitative pas plus quelle ne constitue un impratif, elle correspond seulement un exemple douvrages types. Cette phase de lecture ne devra pas tre abrge, car sil est possible de parcourir ces ouvrages en quelques semaines, cela nimplique pas que la priode dassimilation soit de mme dure. Certains livres doivent tre lus plusieurs fois afin de faciliter la maturation. Peu peu se dgagera une ligne de conduite, une communion avec lattitude juste, do la ncessit de varier les lectures, de confronter les traditions pour viter de dgager un mode de conduite partial ou sectaire. Celui qui se spcialiserait dans une voie spcifiquement chrtienne se trouverait en possession dun bagage

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essentiellement religieux, qui, sil correspond une thique de qualit exceptionnelle, nen est pas moins assez diffrente de luniversalit implique par une procdure dveil, laquelle se doit dtre universelle. Les exercices ou les pratiques danalyse, les techniques de rgression, le Rebirth etc. ne sont pas favorables une progression juste, car trop infodes la structure egotique du Moi , mme si les propositions paraissent acceptables en premire analyse. Les procdures impliques, sont bases presque exclusivement sur une acception (adaptation du Moi) du monde matriel, une harmonisation des tensions intrieures et lapplication de techniques de rgression, ce qui est antinomique avec les dmarches initiatiques. En admettant que ces pratiques puissent replacer rellement lindividu son niveau naturel de dpart, cest--dire dans lintgralit de son tre naturel - un retour la case dpart, en quelque sorte - le problme reste entier, car la potentialit de cet tre de dpart ne permet pas dapprhender la connaissance suffisante pour cheminer vers lveil, ltre essentiel ; mme si comme quelques uns laffirment, cet tat est propice au dveloppement de certaines intuitions ou potentialits. Quand aux systmes modernes de dcration et de progression spirituelle proposs par quelques coles initiatiques sous forme de sminaires, il sagit de vritables pige gogos. Pour ne citer que les plus connues : la formation propos par lglise de scientologie, et sa cadette, issue du mme tonneau, la technique Avatar . Ces procdures sont constitues de montages artificiels forms dlments disparates nayant pas toujours de relations entre-eux. Certaines de ces mthodes sont mme assez destructrice et confinent aux techniques de programmation utiliss par certaines sectes. La conscience naturelle est incapable de concevoir la vraie lumire. Comme le dit trs clairement C.G. Durckheim, Avoir une illumination est autre chose que dtre veill La voie est sans point darrive, une voie qui est elle-mme le but. La Voie est la Voie. Il faut savoir aussi que la vritable progression nest pas favorable la vie communautaire, pas plus quelle ne favorise la notion de couple, sauf si les deux participent. Le dcapage et labandon impratif de la sentimentalit ntant pas propice un quilibre affectif, sauf si les deux partenaires ont une grande lvation spirituelle. La Voie est solitaire et ne peut accepter de compromis. 3 - Aprs une priode dassimilation variant entre deux et trois ans, on atteint les prmices de la mise en pratique. Le travail sur soi. A ce stade, lintress devrait tre en mesure de savoir sil est prt envisager rellement la progression et sengager sur la voie. Vient alors le dbut du travail. Celui-ci seffectuera sur plusieurs plans : Le physique, le psychique et le psychologique. Le plan physique - Trop souvent nglig, le physique participe activement la progression vers dautres plans de conscience. Sil est vrai quil existe une interaction entre le psychique et le physique (action psychosomatique), celle-ci est bilatrale dans une certaine mesure. Les attitudes du corps refltent en partie les blocages et les tensions que subit la nature profonde de ltre essentiel, refoul par la programmation du Moi social . Le travail sur le physique est donc une des priorits afin de corriger les imperfections les plus grossires en agissant sur les qualits nergtiques circulant dans le corps. A un niveau plus subtile, on pourra optimiser ces nergies dans le cadre dune approche thrapeutique que lon nomme voie des substances (voire chapitres suivants). Paralllement, il sera impratif de dvelopper lnergtique individuelle. Ce travail dune grande efficacit permettra en outre dacclrer les procdures de correction et surtout17

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conforteront celles-ci en les renforant. Laugmentation du potentiel nergtique vitant, entre autre, le phnomne de rgression. Il permettra enfin la construction dun corps dnergie et ralentira considrablement les phnomnes de vieillissement. Le plan psychique - Le plan psychique est plus complexe apprhender mais reste nanmoins dans les limites de comprhension de la pense analytique matrialiste. La mise en condition du psychique, ds lors quil est dbarrass des tensions, des passions et des dsirs, est relativement facilite par lexercice mthodique de certaines techniques : calme mental, concentration, mditation, dplacement de conscience. Ces diffrentes pratiques pouvant mme tre utilises en tant que techniques de travail en parallle des exercices visant le plan physique. Les deux procdures sappuyant mutuellement. Il est certain quau fur et mesure de la progression et de lvolution, ces techniques seront de plus en plus efficaces. Limportant est de les pratiquer rgulirement (par un exercice journalier) ds le dbut de la progression de manire en acqurir une parfaite matrise. Le plan psychologique (mental et mental suprieur) - Ce niveau constitue la pierre dachoppement de la procdure. Il constitue la part la plus importante du travail, la dcration du Moi. Celle-ci seffectuera par tapes successives. Voici ce quen dit K.G Durckheim dans son excellent ouvrage Le matre intrieur , pages 148 et 149. Reconnatre les tapes parcourir pour arriver la transformation fait aussi partie de la prparation au chemin. La rgle fondamentale, le commencement et le but de tout travail, est de faire sentir ce qui se trouve dessentiel sous les dformations ou dans linconscient dun homme. Aprs la prise de conscience et la destruction des formes caduques, on peut toujours sattendre voire les forces vitales cratrices profondes reprendre sur un arrire plan nouveau. La mtanoia qui importe ici passe par une rupture et par la destruction des vieux systmes. Sans lanantissement de lancien tat de sujet, la mort du moi et labandon des formes primes, sans sacrifices, enfin, il nexiste pas de transformation et sans cet esprit de sacrifice lhomme ne parvient pas son centre. La transformation est un mcanisme multiples chanons. Lhomme y est le thtre de luttes entre les grandes forces. Il les vit comme lumire et tnbres, masculin et fminin, richesse et pauvret. Il faut quil les prouve, en souffre, et vive leurs oppositions pour quensuite, par la transformation proprement dite, ils disparaissent dans la cocidentia oppositorum et renaissent de la Lumire qui est au-del de la lumire et des tnbres. Cette exprience insigne est la premire rencontre, bouleversante, avec notre vrai centre. Le chemin continue pourtant aprs avoir vcu cet au-del des contraires. LEtre exige, en un mouvement de mtamorphose sans fin, une disposition desprit par laquelle lhomme parvenu sa vraie maturit, un avec son centre et vivant par lui, ne sarrte jamais sur la Voie. Car il sagit dune voie sans point darrive, une voie qui est elle-mme le but. Lhomme a dj atteint son centre quand il est dfinitivement sur le chemin vers lui. Cet tre-dans-son-centre une fois rejoint, une vie libre de souffrance na nullement commenc. Au contraire. Dans la mesure o lhomme laisse lautre dimension steindre et renatre en lui, que, trouvant en elle la racine indestructible de lui-mme, il reconnat son engagement son gard et ladmet sans restriction, il est justement en tat daccepter la souffrance. Quil sache souffrir5 - et non quil ne souffre plus - est la preuve quil est parvenu son centre.

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Il ne sagit pas de renoncement ou de fatalisme impos, mais dune acception libre (NDLA).

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Aprs lveil de ltre essentiel, commence le vritable chemin, lhomme doit se diriger vers le Soi o commence vraiment lexprience...

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Lhomme est comparable un arbre sa vocation est de crotre en dpit des obstacles, lui dviter les difformits extrieures et intrieures, reflets de son me ? Chapitre 3 Le physique est le rsultat de lincarnation de lindividu dans le monde matriel. Comprendre notre tat dtre incarn dans le monde de la cration peut se faire selon plusieurs critres. Le plus simple, pour ne pas dire le plus simpliste, consiste ladmettre du point de vue de la logique cartsienne. Dans ce cas, il ny a pas grand chose comprendre, mises part les hypothses plus ou moins sophistiques des thoriciens de la cration. Du point de vue traditionnel les choses se compliquent un peu, car il est indispensable de connatre les implications mtaphysiques qui sous-tendent luvre du Crateur . Il convient de noter au passage que ces enseignements tendent tre confirms par les thoriciens de la physique moderne dont les certitudes convergent de plus en plus avec la tradition. Lapproche de cette connaissance implique la comprhension des lments qui forment le monde de la cration, lequel nest que la rsultante des diffrentes tapes du principe crateur. Les traditions Occidentales, sont assez confuses de ce point de vue, seule la tradition hbraque fournis un modle acceptable une bonne intelligence du processus. Traditionnellement, limage archtype de lorigine de lhomme passe par le mythe du premier maillon : Adam (quelque soit le nom quon lui donne). Approcher dans un contexte symbolique le principe de la cration permet de mieux comprendre la smantique et les signifiants employs dans cet univers mtaphysique. Lhomme est incarn dans lunivers matriel constitu par les lments. Dans la tradition occidentale, le nombre de ces lments est de 4 (eau, terre, air, feu plus un cinquime, nomm ether). Ce systme assez complexe est remplac avantageusement par le systme asiatique des cinq lments (Bois, Feu, Terre, Mtal, Eau) qui sintgre plus harmonieusement dans lensemble de lexplication mtaphysique. Comprendre le principe dvolution de lhomme, cest comprendre lunivers qui lentoure et les lments qui le constituent.

1Laspect physique du corps est un vnement transitoire en volution constante. Nous ne mourrons pas avec les cellules qui constituaient notre corps la naissance ( quelques exceptions prs, encore que ces mmes cellules sont formes datomes se renouvelant constamment et dlments chimiques qui se renouvellent sans cesse), cellesci sont priodiquement remplaces selon des frquences variables avec leur nature. Seul perdure durant une priode plus longue le message nergtique constitu par les corps subtils. Ce message nergtique est susceptible dvolution. Il peut tre modifi, enrichi, pur, voire programm. Ce qui permet de comprendre les relations de cause effet, et plus prcisment la manire dagir sur les origines des drglements : les maladies. Cette analyse offre en outre la possibilit dune approche plus universelle de lunivers et la prise de conscience dun phnomne commun lensemble du cosmos : Limpermanence .

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Limpermanence est une notion fondamentale indissociable de toute volution spirituelle, et indispensable ceux qui souhaitent progresser dans une connaissance mdicale complte. Limpermanence, ou non durabilit des corps physiques, des possessions matrielles, des motions (mais non des sentiments), de laffect et des certitudes constituent une des clefs menant des niveaux de conscience plus levs et en particulier lhyperconscience (prsageant lveil). Lassimilation vcue de cette notion est un puissant dissolvant de lego, nous reviendrons sur cette notion et ses procdures dapplications. On comprend quune des principales applications de cette vidence permet denvisager quune action exerce sur des plans subtils modifiables puisse affecter le corps physique en constante reconstruction. Cette notion constitue une des clefs de la tradition initiatique. Gense de la thorie des cinq lments Les orientaux qui avaient analyss depuis trs longtemps les rapports entre lunivers, lhomme et son environnement (la Terre) avaient mis en vidence un dcoupage des diffrentes fonctions de lhomme en harmonie avec la nature, mle et femelle en relation avec les cycles naturels cosmiques, saisonniers et lmentaires. De cette tude et de lexprience accumule sur plusieurs millnaires est ne la thorie des cinq lments. La plupart des traditions ont effectu ce type de classification, lEurope occidentale a pour sa part dfini une hirarchie des lments dcoups en 4 : Air, Feu, Eau, Terre plus un cinquime, lEther. LInde et la Chine ont dfini un dcoupage similaire, quelques variantes prs (la diffrence ntant en faite quapparente), puisque ces traditions constatent la prsence de cinq lments : le Bois, lEau, le Mtal, le Feu et la Terre. Chacun de ces lments a t judicieusement choisi, car il correspond aux principales qualits lmentaires que lon rencontre dans notre biosphre et se rpercutent sur les trois rgnes - animal, vgtal et minral, ainsi que dans la nature humaine. Dans le cadre dune tude traditionnelle, le choix du systme asiatique des cinq lments, plus souple, plus subtil et de ce fait plus prcis, simpose comme systme de rfrence. Le systme occidental des 4 lments plus 1 (lEther) est moins pratique, car plus symbolique. Il est plus adapt aux dmarches philosophiques et symboliques comme lalchimie ou la spagyrie, mais plus difficile demploi dans un contexte danalyse. Pour mieux comprendre cette notion dlment il est indispensable den connatre la gense, qui plonge ses racines dans les temps mythologiques et sappuie sur des notions de nature archtypique appartenant au fond commun de lhumanit. Le Yin et le Yang Un des aspects les plus vidents du monde animal consiste dans la diffrentiation sexuelle entre mle et femelle. Cette complmentarit, dualit ou opposition, peut tre tendue plusieurs phnomnes. Cest ainsi que lon constate, en les diffrenciant, les notions de froid et chaud, de haut et bas, de jour et de nuit et par extension de Lune et de Soleil, de solide et de liquide, de droite et de gauche etc. Le binaire dcoule naturellement de lunit. Le : UN, lUnique, le nombre racine de lui-mme. La notion de nombre repose entirement sur le concept de lunit, un nombre quelconque se dfinissant comme une collection dunit. Chaque nombre est un aspect

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particulier de lunit absolue. Le Tai Ki dans la Chine se traduit par le grand Un, commencement et fin dernire. Lunit figure par le chiffre 1 possde des proprits exceptionnelles : Il ne peut se multiplier ni se diviser par lui-mme, 1 x 1 = 1 de mme, 1 : 1 = 1 Il est le diviseur de tous les autres nombres. Il est le seul qui saugmente uniquement par laddition et non par la multiplication. Il nest prcd par aucun autre. Un est le tout, puisquil comporte en lui le double aspect quantitatif (tre lunit), et qualitatif de contenir potentiellement la totalit des autres nombres : 1 + 1 = 2, 1 + 1 + 1 = 3, etc. La diagonale dun carr est gale la racine de la somme de deux de ses cts - Si lon considre un carr dont chaque ct a comme valeur lunit : 1 + 1 = 2, la diagonale aura donc pour valeur v2 (racine de deux). Soit 1,41421356... v2 peut donc se concevoir comme tant la fonction, instrument du devenir, jouant le rle symbolique du passage de un deux. v2 ne peut tre considre que comme une fonction permettant de concevoir le passage de lunit au duel, mais ne lexpliquant pas. Le binaire, issu de lun absolu implique que lunit pour prendre conscience dellemme doit se diffrencier. La Monade se transforme en conscience. Nous savons que si le 2 = 1 + 1 (quantitatif), du point de vue qualitatif le 2 est une division de lunit, une duplication. Le Yin/Yang ne pouvant se concevoir qu travers une relation vidente : - de relativit - dopposition - de complmentarit. Le 2 archtype de la dualit est la base de toutes les oprations de rflexion. Il est la symtrie, lorigine de la distinction du pair et de limpair, de la droite et de la gauche, symbole de la sparation, le nombre qui permet de construire une droite (entre 2 points) etc. Considr comme rythme, il est la base de loscillation, de la notion de pulsation, de frquence. Cest le premier des nombres pairs et le seul qui donne la mme valeur quand on le multiplie par lui mme ou quon ladditionne avec lui-mme (2 x 2 = 4 , 2 + 2 = 4). Lacte crateur saccomplit par le 1 et par le 2. Mystre de la partition divine, dynamisme primordial. Cette notion fondamentale constitue une base des concepts de la mdecine nergtique. Le symbolisme du Yin Yang en dcoule directement. LAsie a une vocation agricole millnaire. Pour le paysan Chinois les cycles naturels ont une importance vitale. Lalternance des jours et des nuits, la succession des saisons, imposait la cration de repres fiables. Horloges et calendriers devinrent autant de priorits. La solution la plus simple, celle du cadran solaire, fut rapidement adopte. A lorigine un simple bton plant dans le sol rempli cet office. Le gnomon marque le midi alors que le soleil est au znith. Le milieu du jour sexprime par lombre la plus courte, tandis que les heures successives sallongent en dcrivant une courbe rgulire. Le matin au lev, le Soleil au ras de lhorizon projette une ombre allonge, comme le soir au couch. Lensemble forme une courbe harmonieuse quil est facile de conserver en marquant des repres. Lheure de la culmination marque, le midi repr, du mme coup la direction du sud tait repre.

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Lhorloge se transforma vite en calendrier car pour une mme heure et une mme orientation, la hauteur du Soleil et la longueur de lombre varient en fonction des mois et des saisons. En t lombre est plus courte quen hiver, au printemps et lautomne la distance par rapport laxe du bton est la mme, cest lquilibre, caractristique des quinoxes. Cette dmarche trs simple dapparence dtermine un des modes de pense les plus fconds de lhistoire de lhumanit. Le raisonnement analogique et les qualits de synthse des peuples dAsie firent le reste. Lanalogie entre les variations de la longueur de lombre en une journe et celles constates au cours de lanne soulignrent la similitude des cycles. Une journe de 12 heures (en Chine les heures traditionnelles valent 2 heures doccident6), et une anne de 12 mois sont en correspondance - lun tant le modle rduit de lautre. Le matin est donc le printemps de la journe, le midi lheure la plus chaude, lt, le coucher est lautomne et la nuit lhiver. Limage est saisissante et lanalogie, nous le verrons, est remarquable. Lhomme tant un animal diurne, son activit sexerce durant cette priode, tandis quil se repose la nuit. Lanalogie avec les rythmes saisonniers et les ractions de la nature (en particulier les vgtaux) accentue encore la justesse de cette observation. Le rythme binaire de lalternance des jours et des nuits, ponctu de priodes dveil et dassoupissement, marqurent profondment la pense chinoise. Pour dsigner ces deux temps opposs et complmentaires, ils utilisrent deux termes difficiles traduire - le Yin, qui signifie le passif, linerte, et le Yang lactif, le dynamisme. Yin/Yang devinrent : Yang - Jour Lumire Et Chaleur Sec Externe Homme Travail Activit Yin - Nuit Obscurit Hiver Froid Humide Interne Femme Repos Inertie

Ces deux termes ne sont pas proprement parl des contraires, la pense chinoise est plus nuance. La notion Yin Yang nest pas rellement dualiste, car lorsque lun deux est prsent, lautre est obligatoirement concern, impliqu, compris. On ne peut donc dire Yin et Yang, mais Yin Yang. La variation du jour et de la nuit tant progressive comme les saisons, le matin et le printemps, lautomne et lhiver, le passage du Yin au Yang se fait en se fondant, squilibrant, se succdant lun lautre dans une densification subtile et nuance. Ce sont donc une horloge et un calendrier de nuances qui se manifestent dans le ciel, sur la terre et dans lactivit humaine.

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Ce concept mrite dtre soulign, notamment dans le cadre de lacupuncture, o les traitements doivent tre ordonns dans le respect des cycles horaires vitaux. Bien peu dacupuncteurs occidentaux semblent connatre ce dcalage entre les heures chinoises traditionnelles (celles utilises en acupuncture) et celles dEurope. Il convient de prciser que, dans ce contexte, il sagit des heures solaires du mridien local et non de lheure officielle . Les praticiens travaillant sur la technique des points ouverts pourront, et devront mditer sur cet aspect.

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A midi le Soleil culmine dans le ciel, celui-ci est donc de nature Yang, tandis que la terre froide et sombre est de nature Yin. Le ciel est une coupole, il est circulaire, la terre est plate, son symbole devient le carr. Les pices chinoises anciennes symbolisent cette association. Fig 2 La priphrie circulaire de la pice correspond au ciel tandis que le centre perc selon une forme carr symbolise la terre. Lhomme nchappa pas cette nomenclature. Lunique crature verticale possde une tte ronde donc de nature Yang (la vote cleste) tandis que ses pieds sont carrs, de nature terrestre. Le Tao rsume ces appartenances en affirmant: Le ciel est Yang, la terre est Yin ; entre ciel et terre apparurent les hommes. Mais lanalogie ne sarrte pas l, lhomme est un animal sexu, il se reproduit et vit en couple, ralisant ainsi une nouvelle association Yin Yang. La femme Yin, la terre, le carr est symbolis par une querre, tandis que lhomme Yang, le ciel est symbolis par un compas. On retrouve ici la symbolique maonnique provenant sans doute de ce lointain apport asiatique. En Inde le Dieu Shiva est un dieu ouranien, il est le ciel et fconde la terre, sa pardre, la Desse Kali de couleur noire, de l, les Phallus de Shiva fichs dans la terre de certains lieux privilgis, Menhirs phalliques dresss sur des points telluriques. Lquerre en dpit de son symbolisme Yin est un instrument de travail, donc Yang. Ce travail Yang permet de tracer des angles droits, des carrs et de gnrer des uvres Yin. Comme le Yin engendre le Yang, le carr engendre le cercle (cercle inscrit), lquerre reprend ainsi un autre aspect Yang. Le Yang gnre le Yin qui gnre le Yang. Cest partir du cercle, et plus prcisment du centre de ce dernier que lon construit le carr en traant deux diamtres perpendiculaires (les diagonales). Comme la femme est issue de lhomme dans les traditions bibliques. Le paysan chinois face son gnomon (cadran solaire), regarde au sud (le Soleil), son ct gauche est dans le sens de lactivit (croissance solaire), son ct droit dirig vers le soir tend vers le Yin. Pourtant, dans la plupart des cas les hommes sont droitiers et cest le ct droit qui effectue les tches (laction), donc Yang... Lhomme est donc un microcosme o les rythmes Yin Yang se succdent comme dans lunivers. Les variations dheure en heure, de saison en saison se perptuent selon un processus continu, le Tao ajoute quil y a toujours du Yin dans le Yang et du Yang dans le Yin. Fig 3 Ce symbolisme subtil est remarquablement exprim dans le graphisme traditionnel suivant, malheureusement un peu galvaud dans notre civilisation o il devient (en Inde par exemple le symbole dune marque de cigarettes, privilge partag avec lutilisation de leffigie du Dieu Ganesh pour le mme type de produit !). Dans ce symbole apparat une loi universelle qui prouve linanit de la notion dabsolu qui complte celle dimpermanence. Lalternance du Yin Yang se rpercute dans le cosmos, dans la nature, dans la vie. Le cur bat, la systole contraction (Yang) et la diastole, le repos (Yin). La respiration obit la mme loi, de mme que les temps de veille et de sommeil. Lexistence humaine suit un processus quivalent au cours de son existence, de sa naissance sa mort, de ce point de vue le droulement de la vie est comparable au cycle annuel du printemps lhiver. Tous ces rythmes sont rductibles une activit binaire, ds lors que ce principe est admis. Les Chinois affinrent encore leur analyse, comme le prcise le professeur Lavier,

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un des matres de lacupuncture occidentale, de qui nous dtenons une partie de cet enseignement. Ces considrations nous permettent de comprendre que lorsque Yin et Yang se succdent en tant que principes opposs et alternants, ils reprsentent un dynamisme binaire. En revanche lorsquils sont prsents en mme temps - et cela ne peut exister que grce un moyen terme - apparat le ternaire essentiellement structural. En dautres termes, lalternance Yin Yang reprsente un mouvement, alors que : ciel-homme-terre symbolise une architecture. Les chinois ont mis au point une extraordinaire mathmatique o interfrent les structures ternaires et leur dynamisme binaire, domins par les notions de relation et dorientation ; et les mdecins, ds la protohistoire, en utilisrent les principes. Ils posrent le postulat encore valable de nos jours, que toutes les maladies proviennent dune dysharmonie entre les rythmes (binaires) et les structures (ternaires) de lorganisme et leurs rpondants dans le milieu. De ces concepts sont ns les prmices de la mdecine nergtique. Les fivres sont des expressions Yang, les insuffisances organiques des symptmes Yin. Lensemble des mthodes de thrapie peut tre intgr dans ce mode de pense et danalyse, tant du point de vue dune mdecine de rparation que dans le cadre dune pratique prventive, ou une progression caractre initiatique. La notion de Yin Yang a t magnifie dans un de ses dveloppements les plus fconds de la pense humaine sous la forme des Koua, lesquels nous intressent au plus haut point, puisquils participent la comprhension de lnergtique des cinq lments et procdent dune des bases philosophiques majeures qui connatra sans doute un grand dveloppement dans la pense scientifique de lavenir : le YI-KING. Dans un souci de clart, dlgance et avec lconomie de moyens qui caractrisent les civilisations asiatiques, les Chinois de la priode protohistorique ont symbolis le Yin Yang dune manire simple et prcise. Fig 4 Le Yang est reprsent par un trait continu, le Yin par une succession de deux traits plus petits, illustrant parfaitement la binarit, symbole femelle de partition et de fcondit. La plnitude de ces deux lments tant reprsente comme ci-dessus par la superposition du mme graphisme. On obtient la notion de Grand Yang et de Grand Yin. Pour dmontrer les variations Yin Yang, on peut dcliner par le truchement de ces symboles les divers aspects qualitatifs de lnergie. Partant du trait de base (qui peut tre Yang ou Yin) on constate la croissance, la plnitude, ou la dcroissance de lnergie concerne. On obtient ds lors le tableau suivant : Fig - 5 Qui se lit de gauche droite : Grand Yang, Petit Yin, Petit Yang, Grand Yin. Le grand Yang, Ouranien, solaire, mle, caractrise la plnitude Yang. Dans le petit Yin, le yang commence crotre, ces deux idogrammes appartiennent la catgorie Yang. Le petit Yang dmontre la croissance du Yin qui atteint sa plnitude dans le grand Yin (les deux idogrammes appartiennent la catgorie Yin).

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On notera que le trait signifiant se trouve toujours la base, le petit Yin commence toujours par un trait Yang (le Yang croissant), alors que le petit Yang commence par un trait Yin (Yin croissant). Ces idogrammes et leurs variations prfigurent la numrotation binaire, base du concept de linformatique. Cet outil vieux de 5.000 ans est un des fondements du systme danalyse nergtique le plus sophistiqu connu actuellement. Il exprime lui seul la thorie des cinq lments Dans un contexte diffrent, il est important de savoir que la physique moderne et en particulier la physique des particules, dans son double aspects corpusculaire et ondulatoire, se rapproche considrablement de ce concept. Les briques lmentaires , les atomes et leurs constituants ultimes ne sont pas conformes ce que la science de ce dbut de sicle avait envisag. La matire constitutive de notre univers nest pas forme datomes fluctuants changeant quelques particules pour maintenir leur cohsion, il sagit plus vraisemblablement de champs nergtiques variables en qualit et en quantit qui maintiennent une structure qui nest quapparente dans un moment fig par lobservation et dpendant du niveau de conscience de lobservateur. La nature de cette observation et celle de lobservant (appareil ou individu) modifiant les caractristiques de lobjet observ. Ce concept un peu ardu pour le lecteur non averti se rvle prodigieusement important pour le chercheur qui souhaite progresser au-del des seules limites fixes par le rationalisme. La notion dimpermanence est le lot commun de la plus grande part sinon de la totalit de lunivers. Voici ce quen dit Jean-Marie Pelt dans un livre rcent - Dieu de lunivers, science et foi. ditions Fayard 1995. La physique quantique va plus loin et na pas fini de drouter ses adeptes. Elle nonce que toute mesure apparat comme une interaction entre lobjet mesur et lappareil de mesure : il existe entre les deux un couplage minimum qui nest jamais nul. Une telle conception du rle de lobservation tait tout fait trangre la physique traditionnelle et brouille la belle dialectique conceptuelle de lobjet et du sujet. Cest ensuite le beau schma de latome en forme de systme solaire qui seffondre son tour : avec Eisengberg, on apprend dsormais quil nest plus possible de connatre simultanment la position dun lectron autour du noyau et son impulsion, ou, plus simplement, sa quantit de mouvement - Nous nous retrouvons, dit Bernard Klein, dans la situation maintes fois cite du naturaliste qui voudrait tudier le comportement dun oiseau qui ne chante que dans lobscurit. Sil lcoute, il ne peut le voir ; sil le voit, il ne peut lentendre. Cest trs frustrant, surtout si lanimal est beau quand il chante !.. Les principes fondamentaux de la physique quantique restent parfaitement trangers nos contemporains. Comment pourraient-ils comprendre, par exemple, la mtaphore avance par Ortoli et Pharabold (dans leur livre le Cantique des quantiques, le monde existe-t-il ? 1987), du Poisson soluble ? Pour se reprsenter une particule, il convient dimaginer un poisson dans leau dune rivire : comme llectron, il noccupe aucun point particulier de la rivire, et, pas plus que lui, il ne circule sous forme matrielle ; pourtant, quand on pche le poisson, il devient bel et bien localis au bout de la ligne. De mme, llectron devient ponctuel ds quon lobserve... Ces deux exemples qui ressemblent des fables Taostes sont une approche de la ralit nergtique qui soutend notre univers, elles expriment la variation incessante en intensit et en nature du substrat nergtique et limpermanence absolue qui en est le fondement. On comprend mieux pourquoi lapproche taoste de lnergtique (sous la

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forme exprime par les bigrammes et les trigrammes traditionnels) a plus de chance dtre, que les approches grossirement matrialistes des systmes classiques, y compris les systmes philosophiques bass sur les quatre lments. Il convient de choisir, en dpit des appartenances, si lon souhaite une progression relle et faire sienne toutes les thories, mme les plus trangres notre mode de pense. Ce mode de rflexion doit devenir pour vous une seconde nature. Tout ce qui peut vous aider progresser doit tre utilis, en dpit des appartenances, des modes, de votre base de culture ou de votre ego ! Face au cadran solaire, lobservateur regarde le midi (le sud) qui correspond au grand Yang, par opposition naturelle le grand Yin est minuit, tandis que le petit Yin ( lEst) devient le matin son lev et le petit Yang se trouve tre le couch (lOuest). Le grand Yang correspond donc la tte de lobservateur, le grand Yin ses pieds, le ct gauche est le petit Yin et le droit au petit Yang. Le premier quart Est-Midi est en priode Yang croissant, tandis que le second Midi-Ouest est en phase Yin croissant. Cette affirmation est conforme une variation nergtique telle quaborde prcdemment. Elle permet de situer ces mmes qualits en fonction dune orientation gographique, dun dveloppement horaire et par extension aux saisons de lanne. Les bigrammes (Yin Yang) symbolisent les quatre saisons principales : 1) Naissance, printemps, Est, lev du Soleil : Petit Yin 2) Et, culmination, sud : Grand Yang 3) Automne, quilibre, Ouest, couch du Soleil : Petit Yang 4) Hiver, vide, nord : Grand Yin. Correspondant au schma ci-aprs : Fig - 5

A ces quatre reprsentations de base du systme nergtique, la tradition chinoise a adjoint un troisime terme, crant la notion de trigramme qui offre une qualit dextension dune grande prcision. Ces trigrammes forment le systme des Koua, dune grande subtilit, qui sexprime dans une philosophie acheve participant au concept du YI-KING, le livre des transformations. Le livre des transformations est, sans doute une des uvres les plus prcieuses du patrimoine culturel de lhumanit7. Son origine remonte, au minimum au XX me sicle avant notre re. Il propose un systme associant les huit trigrammes deux deux pour former une thorie de 64 hexagrammes. Le titre mme de livre des transformations , ou des mutations, dmontre magistralement la philosophie de limpermanence indissociable de la pratique dvolution spirituelle. Ltude du Yi-King qui possde des qualits indiscutables du point de vu oraculaire, a fascin le philosophe C.G. Jung qui a largement puis dans cet enseignement pour dfinir la notion de synchronicit, o corrlation de squences dvnements se produisant spontanment sans avoir de relations entre elles.7

Il en existe deux traductions crdibles et compltes : 1) Le Yi-King, le livre des transformations de Richard Wilhem aux ditions de Mdicis 1973. 2) Le Yi-King , de P.L.F. Philastre, ditions annales du Muse Guimet (2 volumes ) 1982.

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Les cinq lments symboliques Les deux bissectrices gnres par les axes Nord/Sud et Est/Ouest de la figure prcdente dterminent des points correspondants des tats nergtiques nuancs sur le cercle passant par les points cardinaux dorigine. Il convient de souligner que ces inclinaisons (45) reprsentent symboliquement linclinaison de la terre sur son axe, que les chinois avaient dcouvert il y a plus de 4.000 ans et quils connaissaient avec une prcision remarquable pour lpoque (2230 au lieu de 2327). Les quatre situations de base constituent les ples dtats nergtique parfaitement dfinis : les saisons. Il convient de souligner quen reliant les quatre saisons, reprsentes par les bigrammes cardinaux, on obtient une figure carr, correspondant symboliquement la terre. Cet argument supplmentaire souligne le fait que les saisons concernes sont bien celles qui concernent un lieu dobservation terrestre et non une localisation symbolique quelconque. Les bissectrices des axes verticaux et horizontaux deviennent de ce fait les diagonales du carr, point important quil convient de mmoriser. Les saisons disposes sur le cercle cardinal sengendrent lune lautre. Le printemps engendre lt, qui engendre lautomne, qui engendre lhiver. Ce cycle saisonnier, ainsi que le cycle horaire journalier varie qualitativement et quantitativement chaque instant comme lexprime la figure prcdente. Fig 6 . Cette reprsentation demeure cependant assez relative puisquune figure circulaire ne peut exister sans un centre. Labsence de celui-ci, dans le cadre de lobservation des points cardinaux relve de labsurde. Les Chinois dfinirent le centre de rfrence comme tant la Terre, croise de lhorizontal et du vertical, qui reoit et participe ces nergies. Le centre est le point neutre de rfrence, le centre de lanne - Une saison dans lespace, comme lindiquait le grand vulgarisateur de lacupuncture Lopold de Saussure. Cet lment neutre constitue donc un point remarquable supplmentaire, synthse des quatre autres du point de vue symbolique, quintessence, pour reprendre la dfinition employe par lalchimie occidentale. Les quatre nergies cardinales et la cinquime constituent cinq potentiels que les chinois identifirent aux lments symboliques :

Le Bois (Hou) Le Feu (Houo) Le Mtal (Tching) LEau (Choue) La Terre (Tou) Ces lments correspondent, selon les critres Occidentaux du symbolisme (que lon retrouve dans la mdecine Paracelsienne, lalchimie et lastrologie) aux lments suivants : Le Bois correspond llment Terre, Le Feu llment Feu, le Mtal llment Air, lEau llment Eau et la Terre la synthse des quatre lments traditionnels de lOccident. Llment terre occupe le centre, puisque cest par rapport la terre que se prcisent les positions du Soleil, dont on dduit les saisons.

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En tant qulment intervenant, la terre doit avoir un rapport directe avec les quatre autres, tant la synthse, elle les contient tous ! Cette analyse peut sembler abstraite, paradoxalement, pour ceux dentre nous qui ont perdu la notion primordiale du bon sens paysan. Il ne sagit pas dune thorie fumeuse mais dune ralit due lobservation. La Terre renferme le Feu (activit volcanique), elle comporte de leau (Mers et rivires), elle recle du mtal (minerais) et enfin fait pousser le bois (Les forts). Le systme des cinq lments est de ce fait plus simple, plus complet, plus rationnel que les hypothses savantes, parfois acrobatiques de la pense occidentale. La Terre occupe le centre de lunivers perceptible, pour un observateur se tenant sa surface. Fig - 7

Comme lindique la figure ci-dessus : La Terre participant la thorie des lments, trouve tout naturellement une place privilgie, du fait de ses qualits, une priode du cycle annuel qui semble runir les principaux atouts saisonniers : lt Indien, qui se situe la fin de lt traditionnel et avant lautomne. Cet emplacement royal devient une intersaison. De ce fait, llment terre prend place dans le cycle saisonnier entre le feu et le mtal. Fig - 8

Cet emplacement se justifie dune autre manire, du fait que la terre se trouvant place sur une des bissectrices de langle forme par les axes verticaux et horizontaux, elle occupe la position correspondant linclinaison de son axe sur lcliptique. Pour des raisons de pratique, sinon desthtisme les chinois inclurent llment terre dans une figure rgulire pentagonale o se trouvrent runis les cinq lments. Cette disposition, qui peut sembler arbitraire, du point de vue rationnel savre trs efficace pour la comprhension gnrale de la tradition. Utilise couramment dans la pratique de lacupuncture, cette figure doit tre parfaitement assimile par les chercheurs. Fig - 9

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ROUE DES CINQ ELEMENTS La reprsentation des cinq lments selon la figure pentagonale classique prend le nom de cycle Cheng, (ou cycle de production). Le sens de rotation de ce cycle est indiqu par les flches la priphrie (sens des aiguilles dune montre). Le Bois engendre le Feu Le Feu engendre la Terre La Terre engendre le Mtal Le Mtal engendre lEau LEau engendre le Bois Le cycle complmentaire appel Ken est un cycle de soumission (cycle de destruction ou de compensation). Il est reprsent par le pentagramme (flches intrieures). Il est exprim dans les dfinitions suivantes : Le Bois soumet la Terre - Il sen nourrit et la recouvre. La Terre soumet lEau - Elle la canalise et labsorbe. LEau soumet le Feu - Elle lteint. Le Feu soumet le Mtal - Il le rend mallable et le fond. Le Mtal soumet le Bois - Il le fend, le taille et le coupe. Description des cinq lments Chacun de ces lments traditionnels possde plusieurs aspects et contient diverses tonalits. Il convient de souligner que cette proposition nappartient pas seulement la pense asiatique, mais quelle est universellement applique dans la plupart des traditions. 1) Les aspects lmentaires : A) Aspect symbolique. Cest laspect dont la description est le plus proche du modle archtypique. B) Aspect physique. Li directement lobservation de la nature, cest une analyse pragmatique justifie par lanalogie naturelle. C) Laspect nergtique, dcoule directement du principe, il dfinit la qualit nergtique dcoulant de celui-ci. 2) Les tonalits : Dans les traditions asiatiques, rien nest jamais fixe, de mme que dans la nature rien nest parfaitement pure ou homogne. Chacun des lments possde des qualits qui drivent quantitativement et qualitativement des autres. Ces variations sexpriment dans la notion de tonalit , cest ainsi quune eau peut tre : eau/bois, eau/mtal, eau/eau, eau/feu etc. Le Bois.

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Le Bois est symboliquement reprsentatif de lOrient (le lev du Soleil). Il correspond au printemps, au matin, la prime enfance. Ax sur la matire vivante, le corps physique. Les chinois nomment cette qualit nergtique lveilleur . Llment bois correspond llment Terre des traditions occidentales, ainsi quen astrologie, ce qui explique certaines confusions dans les essais de rapprochement des deux traditions. LEau. LEau est symboliquement reprsentative du nord (le septentrion). Cet lment correspond lhiver, au Nadir, aux liquides. Cest lnergie de la nuit, nergie de descente, au Yin. Leau est en correspondance avec lmotionnel, le corps astral. Le Mtal (air). Le Mtal est symboliquement reprsentatif de loccident, lOuest. Il correspond lautomne, lair, aux vents (la matire invisible par rapport au Bois). Cest lnergie du couchant, le crpuscule. Le Mtal est en correspondance avec le corps mental, la pense. Le Feu. Le Feu est symboliquement reprsentatif du sud, le midi. Il correspond lt, au Znith, la chaleur. Cest lnergie de monte Yang. Le Feu est en correspondance avec le corps affectif, les sentiments (et non les motions). La Terre (quintessence). La Terre cest lt Indien (intersaison). La chaleur douce aprs le feu de lt. Cest lnergie humide. La Terre correspond au corps thrique (synthse nergtique harmonieuse). La Terre est le centre cardinal, le centre et le tout. LES ETHERS. Le principe nergtique fondamental qui gnre ces nergies prend le nom dther. Lther, cest lnergie universelle non diffrencie, champ caractre nergtique non manifest. Cause productrice, source ultime de lnergie manifeste dans les lments. Cette substance originelle, nature primordiale, se spcialise dans les diffrents aspects lmentaires. Les principes nergtiques ainsi gnrs prenant le nom de lther correspondant llment considr. Les tempraments lmentaires Le principe des lments stend la quasi totalit de lunivers cr, tant au niveau terrestre quau niveau du cosmos (le macrocosme et le microcosme). On retrouve ces qualits dans les trois rgnes : minral, vgtal, animal et fortiori dans les comportements humains o ces distinctions atteignent une grande subtilit, tant au niveau du corps physique que dans ceux des corps subtils. Du point de vue de lobservation lmentaire, les mains sont trs rvlatrices de la dominante dun lment chez un individu. Il convient nanmoins de prcisez quun temprament peu tre mixte, cest--dire exprimer deux, voire trois lments qui dominent les autres, on a de ce fait une structure anatomique qui harmonise ces diverses dominantes. Le temprament dans ce cas est une synthse plus ou moins harmonieuse de ces qualits lmentaires.

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A titre indicatif, voici une premire approche des divers tempraments accompagne des formes de mains que lon observe habituellement. Il est noter que ces divers tempraments connaissent des variantes selon que llment considr est dominante Yin ou Yang. 1) LE TEMPRAMENT BOIS : Les sujets de temprament bois sont assez favoriss. Ils sont travailleurs, toniques, Jupitriens. Intrpides ou timides, ils sont colreux et possdent une grande imagination. Fig 10 Correspondant aux signes de terre de lastrologie occidentale, leur temprament est versatile et changeant. Une certaine instabilit dhumeur et la larme facile renforce leur charme (pour ceux qui y sont sensible). Sducteurs impnitents, ils se rfugient parfois dans les excs de nourriture ou dalcool. Ils aiment se coucher tard. Ils sont souvent patraque mais rarement malade, leur point faible rside en une certaine sensibilit certaines priodes saisonnires, en particulier au printemps, ainsi quune certaine instabilit nerveuse. Le systme hpatique est chez eux parfois source de tracas, ce qui les empchent davoir une totale confiance en eux. Ils sont quelques fois allergiques aux fraises ou aux coquillages et sujet certaines intolrances alimentaires. La conduite dominante : se prouver quils sont toujours jeunes. Leur rve : limmortalit. Ce sont des actifs, souvent rcompenss par leur courage, possdant un certain charme en dpit de leur susceptibilit passagre. La main Bois est nettement jupitrienne, cest une main proportionne, avec des sillons nombreux sur la paume, les monts et les doigts. Les ongles sont carrs durs ou mous, parfois rongs. 2) LE TEMPRAMENT FEU : Fig - 11 Les sujets de temprament Feu, ainsi que le laisse penser les caractristiques de leur lment dominant, brlent tout : eux-mmes et les autres ... Ils ont un regard dominateur, voire condescendant. Ils dbordent dnergie, ce qui les rend lestes, actifs et trs lgants. Hypermotifs mme agits, par dfaut de rs