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Mercredi 27 avril 2011 - e Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,50 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,50 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,00 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA, E n Syrie, la répression tourne au « massacre », pour repren- dre l’expression utilisée par l’organisation Human Rights Watch. Les morts se comptent par centaines, les blessés par milliers. Confronté depuis un mois et demi au grand mouvement de révolte arabe, le régime du prési- dent Bachar Al-Assad répond par la violence. Et bénéficie d’une impunité internationale dont n’ont disposé, avant lui, ni l’Egyp- tien Hosni Moubarak ni le Libyen Mouammar Kadhafi, pas plus que le Tunisien Ben Ali… Il y a une étrange exception syrienne. Lundi 25 avril, « couronne- ment » de quatre jours de répres- sion sanglante dans tout le pays, le régime a envoyé les chars et l’in- fanterie infliger une terrible puni- tion à la petite ville de Deraa. Elle est située à l’extrême sud de la Syrie ; elle « paye » parce qu’elle a été la première à défier le pouvoir. Les rares témoignages parve- nus d’un pays fermé à la presse font état de scènes de terreur. L’électricité et le téléphone ont été coupés. D’épais nuages de fumée planaient au-dessus du centre-ville, où étaient entendues de lourdes détonations. Bachar Al-Assad a peut-être décidé de casser la rébellion en fai- sant un « exemple » à Deraa, com- me son père avait martyrisé la vil- le de Hama en février 1982 – plu- sieurs milliers de morts – pour enrayer une précédente révolte. L’assaut sur Deraa survient après le bain de sang du vendredi 22 avril. Ce jour-là, à la sortie de la prière, des manifestations ont réuni des dizaines de milliers de protestataires pacifiques dans la plupart des villes du pays. Sans sommation, miliciens et militai- res ont ouvert le feu : plus d’une centaines de personnes ont été tuées. Cela porte à près de 400 le nombre de Syriens tombés sous les balles du régime depuis un mois et demi. La répression n’avait pas fait tant de morts en Egypte, voire en Libye, avant que la « communau- té internationale » ne se mobilise. Deux poids, deux mesures ? Oui. Parce que Damas « pèse plus » sur l’équilibre stratégique de la région que Le Caire ou Tripoli. Au pouvoir depuis quarante ans, la famille Al-Assad – Bachar a succédé à son père, Hafez, en 2000 – appartient à la minorité alaouite (une dissidence de l’is- lam chiite) du pays ; elle gouverne avec l’appui des autres minorités, chrétienne et druze, notamment. Elle a tissé des liens étroits avec la République islamique d’Iran. Elle est l’alliée du Hezbol- lah chiite libanais. Elle a noué des relations économiques importantes avec la Turquie. Elle tient le pays d’une main de fer, s’imposant à la majorité sunnite par la terreur, l’arbitraire et la corruption. Mais elle est garante d’une manière de statu quo régional auquel tout le monde est attaché – d’Ankara à Washington, de Riyad à Jérusalem. Sa disparition laisserait la voie, dit-on, aux Frères musulmans, actifs chez les sunnites. Alors, on tolère à Damas ce que l’on a condamné au Caire et à Tripoli. Cette complaisance n’est plus possible. A l’heure du martyre de Deraa, il faut isoler et sanctionner le régime de Bachar Al-Assad. p Lire nos informations page 6 Economie Aubervilliers inaugure un complexe de 56 000 m 2 . Un concept désormais discuté. Page 12 Politique Une enquête de Pierre Péan sur l’homme d’affaires agite la rédaction de « Paris Match ». Page 10 D ans la famille Cody, c’est « Smurf » qui règne. Cette grand-mère, reine du cri- me à Melbourne, entretient avec ses fils une relation quasi inces- tueuse. Et a la larme aussi facile que la sentence de mort. Avec Ani- mal Kingdom, David Michôd offre une plongée singulière dans l’un- derworld australien, ses familles de gangsters et ses policiers cor- rompus. Ce brillant premier film prend le contre-pied des séries télé australiennes, où le monde du cri- me se teinte de glamour. Dans le pavillon des Cody, la vie tourne au cauchemar éveillé. p Lire page 22 Les centres commerciaux doivent changer de modèle Ce livre sur Alexandre Djouhri qui inquiète le pouvoir Editorial La contestation grandit contre les fermetures de classes Cinéma Plongée dans l’Australie des gangsters Le régime syrien envoie ses chars pour tenter d’écraser la rébellion t La ville de Deraa, foyer de la révolte, est prise d’assaut par l’armée. Page 6 www.artbrussels.be 29 contemporary art fair Jeu 28 avril - Dim 1 mai Brussels Expo, palais 1 & 3 – Heures d’ouverture : 12h – 19h Découvrez… 170 galeries d’art contemporain … venant de 27 pays … représentant plus de 1500 artistes … sous un seul toit. Durant 4 jours, Art Brussels sera LE rendez-vous international de l’art contemporain L’insupportable exception syrienne L es actions se multiplient, un peu par- tout en France, pour dénoncer les sup- pressions de classes dans les écoles maternelles et élémentaires. La rentrée de septembre 2011 s’annonce particulière- ment délicate, notamment dans le monde rural : avec 8 967 postes de professeurs des écoles supprimés dans le cadre du budget 2011, l’enseignement primaire est dure- ment touché. Le solde des ouvertures et des fermetures de classes devrait être large- ment négatif : 1 500 classes vont être fer- mées dans les écoles, a confirmé le ministre de l’éducation, Luc Chatel, mardi 26 avril. Les élus ruraux, les syndicats de profes- seurs et même l’enseignement privé, égale- ment touché par les réductions de postes, s’alarment face à l’ampleur des suppres- sions annoncées. Les associations de parents d’élèves, de droite comme de gau- che, se joignent à la contestation. « L’évolu- tion sera pour la première fois perceptible par les parents », avertit l’historien de l’édu- cation Claude Lelièvre. La situation est aus- si tendue dans les collèges et lycées, où 7 033 suppressions de postes d’enseignants sont prévues à la rentrée. p Lire page 9 t 8 967 postes d’enseignants vont être supprimés dans le primaire à la rentrée. L’austérité budgétaire se traduit par de nombreuses fermetures de classes t Les actions locales se multiplient, soutenues par les élus ruraux. Luc Chatel relativise l’ampleur des coupes Le regard de Plantu Des manifestants pris sous le feu, à Damas, le 23 avril. REUTERS upbybg

Le Monde - Mercredi 27 avril 2011

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Le Monde - Mercredi 27 avril 2011

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Page 1: Le Monde - Mercredi 27 avril 2011

Mercredi 27 avril 2011 - e

Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,50 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,50 ¤, Malte 2,50 ¤,Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,00 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA,

E n Syrie, la répression tourneau « massacre», pour repren-dre l’expression utilisée par

l’organisation Human RightsWatch. Les morts se comptent parcentaines, les blessés par milliers.Confronté depuis un mois etdemi au grand mouvement derévolte arabe, le régime du prési-dent Bachar Al-Assad répond parla violence. Et bénéficie d’uneimpunité internationale dontn’ont disposé, avant lui, ni l’Egyp-tien Hosni Moubarak ni le LibyenMouammar Kadhafi, pas plus quele Tunisien Ben Ali… Il y a uneétrange exception syrienne.

Lundi 25 avril, « couronne-ment» de quatre jours de répres-sion sanglante dans tout le pays,le régime a envoyé les chars et l’in-fanterie infliger une terrible puni-tion à la petite ville de Deraa. Elleest située à l’extrême sud de laSyrie ; elle « paye » parce qu’elle a

été la première à défier le pouvoir.Les rares témoignages parve-

nus d’un pays fermé à la pressefont état de scènes de terreur.L’électricité et le téléphone ontété coupés. D’épais nuages defumée planaient au-dessus ducentre-ville, où étaient entenduesde lourdes détonations.

Bachar Al-Assad a peut-êtredécidé de casser la rébellion en fai-sant un « exemple » à Deraa, com-me son père avait martyrisé la vil-le de Hama en février 1982 – plu-sieurs milliers de morts – pourenrayer une précédente révolte.

L’assaut sur Deraa survientaprès le bain de sang du vendredi22avril. Ce jour-là, à la sortie de laprière, des manifestations ontréuni des dizaines de milliers de

protestataires pacifiques dans laplupart des villes du pays. Sanssommation, miliciens et militai-res ont ouvert le feu : plus d’unecentaines de personnes ont ététuées. Cela porte à près de 400 lenombre de Syriens tombés sousles balles du régime depuis unmois et demi.

La répression n’avait pas faittant de morts en Egypte, voire enLibye, avant que la « communau-té internationale » ne se mobilise.Deux poids, deux mesures ? Oui.Parce que Damas « pèse plus » surl’équilibre stratégique de larégion que Le Caire ou Tripoli.

Au pouvoir depuis quaranteans, la famille Al-Assad – Bachar asuccédé à son père, Hafez, en2000 – appartient à la minoritéalaouite (une dissidence de l’is-lam chiite) du pays ; elle gouverneavec l’appui des autres minorités,chrétienne et druze, notamment.

Elle a tissé des liens étroitsavec la République islamiqued’Iran. Elle est l’alliée du Hezbol-lah chiite libanais. Elle a nouédes relations économiquesimportantes avec la Turquie.Elle tient le pays d’une main defer, s’imposant à la majoritésunnite par la terreur, l’arbitraireet la corruption.

Mais elle est garante d’unemanière de statu quo régionalauquel tout le monde est attaché– d’Ankara à Washington, deRiyad à Jérusalem. Sa disparitionlaisserait la voie, dit-on, auxFrères musulmans, actifs chez lessunnites. Alors, on tolère à Damasce que l’on a condamné au Caireet à Tripoli.

Cette complaisance n’est pluspossible. A l’heure du martyre deDeraa, il faut isoler et sanctionnerle régime de Bachar Al-Assad. p

Lire nos informations page6

Economie Aubervilliers inaugure un complexede 56 000m2. Un concept désormais discuté. Page12

Politique Une enquête de Pierre Péan sur l’hommed’affaires agite la rédaction de « Paris Match ». Page10

D ans la famille Cody, c’est« Smurf » qui règne. Cettegrand-mère, reine du cri-

me à Melbourne, entretient avecses fils une relation quasi inces-tueuse. Et a la larme aussi facileque la sentence de mort. Avec Ani-mal Kingdom, David Michôd offreune plongée singulière dans l’un-derworld australien, ses famillesde gangsters et ses policiers cor-rompus. Ce brillant premier filmprend le contre-pied des séries téléaustraliennes, où le monde du cri-me se teinte de glamour. Dans lepavillon des Cody, la vie tourne aucauchemar éveillé.p Lire page22

Lescentrescommerciauxdoiventchangerdemodèle

CelivresurAlexandreDjouhriquiinquiètelepouvoir

Editorial

Lacontestationgrandit contrelesfermeturesde classes

CinémaPlongéedans l’Australiedesgangsters

Lerégime syrien envoieses charspourtenterd’écraser larébelliont La ville de Deraa, foyer de la révolte, est prise d’assaut par l’armée. Page6

www.artbrussels.be

29 contemporary art fairJeu 28 avril - Dim 1 maiBrussels Expo, palais 1 & 3 – Heures d’ouverture : 12h – 19h

Découvrez…… 170 galeries d’art contemporain… venant de 27 pays… représentant plus de 1500 artistes… sous un seul toit.

Durant 4 jours, Art Brussels sera LE rendez-vousinternational de l’art contemporain

L’insupportable exception syrienne

Les actions se multiplient, un peu par-touten France,pourdénoncerlessup-pressions de classes dans les écoles

maternelles et élémentaires. La rentrée deseptembre 2011 s’annonce particulière-ment délicate, notamment dans le monderural : avec 8967 postes de professeurs desécoles supprimés dans le cadre du budget2011, l’enseignement primaire est dure-menttouché.Lesoldedesouverturesetdesfermetures de classes devrait être large-ment négatif : 1 500 classes vont être fer-méesdanslesécoles,aconfirméleministrede l’éducation, Luc Chatel, mardi 26 avril.

Les élus ruraux, les syndicats de profes-seurset mêmel’enseignementprivé,égale-ment touché par les réductions de postes,s’alarment face à l’ampleur des suppres-sions annoncées. Les associations deparents d’élèves, de droite comme de gau-che, se joignent à la contestation. «L’évolu-tion sera pour la première fois perceptiblepar les parents», avertit l’historien de l’édu-cation Claude Lelièvre. La situation est aus-si tendue dans les collèges et lycées, où7033suppressions de postes d’enseignantssont prévues à la rentrée.p

Lire page9

t 8 967 postes d’enseignants vont être supprimésdans le primaire à la rentrée. L’austérité budgétairese traduit par de nombreuses fermetures de classest Les actions locales se multiplient, soutenues par lesélus ruraux. Luc Chatel relativise l’ampleur des coupes

Leregard dePlantu

Des manifestantspris sous le feu,

à Damas, le 23 avril.REUTERS

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Page 2: Le Monde - Mercredi 27 avril 2011

La Tchétchénie vole au secours du foot suisse

Les faits

L’histoire Agathe Duparc(Genève, correspondance)

Syrie Des centaines de soldatssyriens, appuyés par des chars,sont intervenus, lundi 25avril, àDeraa, pour mater la contesta-tion contre le régime du prési-dent Bachar Al-Assad, apparue le15mars, dans cette ville du Sud.Au moins 25 personnes auraientété tuées. D’après des témoigna-ges transmis par Twitter, les for-ces armées ont fait feu autour dela grande mosquée Omari, deve-nue l’un des principaux lieux deralliement des manifestants.

Les Etats-Unis, qui réfléchissent àdes «sanctions ciblées » contre lerégime, ont ordonné au person-nel non essentiel de leur ambassa-de de Damas de quitter la Syrie. Al’ONU, Londres, Paris, Berlin et Lis-bonne préparent un projet decondamnation de cette répres-sion en vue de son adoption parle Conseil de sécurité.Lire page6

Libye Des rebelles libyens ontaffirmé, lundi 25avril, avoir chas-

sé de Misrata les forces pro-Kad-hafi qui les assiégeaient depuisdeux mois. Après de violentscombats et bombardements quiont fait au moins 55 morts et plusde 200 blessés, samedi et diman-che, cette ville côtière, à 200 km àl’est de Tripoli, connaît une accal-mie depuis lundi matin. L’OTANa effectué de nouvelles frappes àTripoli dans la nuit de lundi àmardi, où le régime assure que lecolonel Kadhafi est en « lieu sûret dirige la bataille». L’Italie se dit

prête à des «actions ciblées» enLibye.

Yémen Deux personnes ont ététuées par balles et des dizainesblessées, lundi 25 avril, lors denouvelles manifestations pourréclamer le départ immédiat duprésident Saleh. L’opposition adonné son accord final au plan desortie de crise des pays du Golfe.

n Sur Lemonde.fr : le blog« Printemps arabe », vu de la Toile

aInternationalHaïtimodifie la publication desrésultatscontestés aux législativesLe Conseil électoral provisoire (CEP) a publié, lundi 25 avril, une nouvelleliste expurgée de 19 parlementaires (17 députés et deux sénateurs), dontla victoire aux législatives du 20 mars était contestée. La divulgation, le21 avril, des premiers résultats avait relancé les violences et les accusa-tions de fraude au profit de l’Inité (« unité » en créole), le parti du prési-dent sortant René Préval. Le gouvernement haïtien a approuvé les déci-sions du CEP, qui a, par ailleurs, validé la victoire de Michel Martelly à laprésidentielle avec67,7 %des voix.La session inauguraledu nouveau Par-lement, qui devait se tenir lundi, a été reportée. Lire page7

Lesimmigréstunisiens aucœurdusommetfranco-italienNicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi devaient se rencontrer, mardi26 avril, à Rome, pour tenter d’apaiser les tensions nées entre la France etl’Italie sur le dossier des immigrés tunisiens, la Libye et les acquisitionsd’entreprises françaises dans la Péninsule. L’immigration et le réexamendu traité de libre circulation de Schengen sont les points les plus sensi-bles de ce sommet. L’Elysée a fait savoir, vendredi 22 avril, qu’il voulaitobtenir de l’Union européenne une modification des « clauses de sauve-garde» permettant à un Etat de suspendre provisoirement la libre circu-lation à ses frontières dans « des situations particulières ».

AuNigeria, troisième scrutinenun moissur fond deviolencesLes bureaux de vote ont ouvert, mardi 26 avril au Nigeria, pour l’électiondes gouverneurs, dans 24 des 36 Etats du pays, sur fond de violence inin-terrompue depuis la présidentielle du 16avril. Dans la nuit de dimancheà lundi, des attentats à la bombe ont fait trois morts et quinze blessés à

Maiduguri, la capitale de l’Etat de Borno, au nord-est du pays. Depuis lescrutin présidentiel, remporté par le président sortant Goodluck Jona-than, 500 personnes ont été tuées selon les ONG.

aFranceDes milliersdemanifestantspourla sortie dunucléaireA la veille de la commémoration des vingt-cinq ans de la catastrophe deTchernobyl, plusieurs milliers de personnes ont manifesté en France, enAlsace, Aquitaine, Bretagne et Lorraine pour réclamer la fin du nucléaire.En Alsace, 6 000 à 9 000 manifestants, pour la plupart allemands,avaient choisi d’occuper une demi-douzaine de ponts sur le Rhin poursignifier que « la radioactivité ne connaît pas de frontière ». En Lorraine,aux abords de la centrale nucléaire de Cattenom (Moselle), la manifesta-tion a rassemblé environ 2000 personnes dont de nombreux Allemandset Luxembourgeois. Lire page4Sur Lemonde.fr : Tchernobyl, Web-documentaire sur la zone inter-dite; Portfolio sonore avec Ulysse Gosset

aEconomieLescentres commerciauxtententdeserenouveler poursurvivreUn nouveau méga-centre commercial de 56 000 mètres carrés, Le Millé-naire,ouvre ses portes, mercredi 27avril, à Aubervilliers, au nord de Paris.Leprojet, néen 1995, réalisé par l’architecte AntoineGrumbach, représen-te un investissement de 400 millions d’euros. Un million de visiteurspar mois sont attendus, dont 60 % viendraient des arrondissements dunord de Paris. La fréquentation des 800 plus gros centres commerciauxfrançais a baissé de 7 % depuis 2007. Les promoteurs du Millénaire onttenté de faire évoluer le concept hérité des années 1960. Lire page12

L a transaction doit être conclue aux alen-

tours du 12 mai et elle met en émoi les

milieux du football helvétique. A cette

date, comme l’a révélé Le Matin du 16 avril, le

Neuchâtel Xamax, club de première division

fortement endetté, devrait passer dans des

mains tchétchènes, racheté par Bulat Cha-

gaev, un businessman proche du président-

dictateur de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov.

Personne ne sait rien ou presque de

M.Chagaev, en dehors de son amour pour le

football et de sa qualité d’ancien gendre de

Doku Zavgaev, le dernier leader soviétique

de Tchétchénie. L’homme, d’une cinquantai-

ne d’années, s’est installé à Genève il y a quel-

ques années d’où il gère ses affaires.

Au registre du commerce, on trouve trace

de deux sociétés enregistrées à l’été 2008: la

Dagmara Trading – d’abord spécialisée dans

le commerce de gaz et de pétrole, puis dans la

finance et l’immobilier – et l’Envergure Hol-

ding SA, une société financière. Il est aussi

censé avoir fondé la SovAmericanTrade –

une mystérieuse entité dont on ne trouve le

nom que sur Internet – qui, depuis novem-

bre2010, finance le Terek de Grozny, un club

russe de première division.

Nommé vice-président de ce club, Bulat

Chagaev a promis d’y injecter des millions et

d’engager des stars du football. Avec la béné-

diction de l’homme fort du pays RamzamKadyrov, lui-même président du Terek.

En quête de respectabilitéDans une vidéo postée sur YouTube, on

voit M. Kadyrov, en survêtement, passer ses

troupes en revue au stade de Grozny et faire

l’éloge de Bulat Chagaev qu’il tient par le

bras. « Il a fait beaucoup de choses pour notreRépublique et pour notre peuple, déclare-t-il,

et maintenant il prend sur lui de financer leclub, de tout faire pour que l’équipe s’amélio-re et joue en Ligue des champions. »

L’autre vice-directeur du Terek, Khaïdar

Alkhanov, ministre des sports, ne tarit pas

non plus d’éloges sur le nouveau venu : « Il

nous a promis une aide financière colossale »assure-t-il. En 2011, cette aide a permis d’em-

baucher l’entraîneur Ruud Gullit, ancienne

étoile du foot néerlandais qui roule désor-

mais en Mercedes 500 dans les rues de Groz-

ny. Ronaldo, la star brésilienne, a, pour sa

part, refusé un contrat d’un an et demi pour

huit millions de dollars (5,5 millions d’euros).

Bulat Chagaev sera-t-il aussi généreux

avec le Xamax ? Le bienfaiteur tchétchène est

injoignable. Mais les médias suisses affir-

ment qu’il a promis une prime de victoire

aux joueurs jusqu’à la fin de la saison et

compte, à coup de millions, faire du club de

Neuchâtel une machine à gagner qui ira en

Ligue des champions.

Il y aurait aussi une autre raison pour lui

d’investir en Suisse : la volonté de se rappro-

cher de Joseph Blatter, le président de la FIFA,

basée à Zurich. Le président tchétchène Kady-

rov, en quête de respectabilité, l’a invité, le

9mai à Grozny, pour l’inauguration d’un

nouveau stade de 35 000 places.p

Société éditrice du « Monde » SAPrésident du directoire, directeurde la publication : Louis DreyfusSecrétaire général du directoire :Pierre-Yves RomainDirecteur du «Monde»,membre du directoire : Erik IzraelewiczDirecteur adjoint : Laurent GreilsamerEditeur : Michel SfeirDirectrice de la rédaction : Sylvie KauffmannDirecteurs éditoriaux : Gérard Courtoiset Alain Frachon.Rédacteurs en chef : Jean-Jacques Bozonnet,Michel Kajman, Franck Nouchi, Isabelle Talès,Didier Pourquery (« Le Monde Magazine »).Chef d’édition : Françoise Tovo.Directrice artistique : Sara Deux.Veille de l’information : Eric Azan.Secrétaire général : Jean-Pierre GiovencoMédiatrice : Véronique MaurusConseil de surveillance : Pierre Bergé, prési-dent. Gilles van Kote, vice-présidentLe Monde est édité par la Société éditrice du « Monde » SADurée de la société : 99 ans à compter du 15 décembre 2000.Capital social : 149 017 497 ¤. Actionnaire principal : Le Monde SA.

Rédaction :80,boulevard Auguste-Blanqui,75707ParisCedex13 Tél. :01-57-28-20-00 ;télécopieur :01-57-28-21-21Abonnements :partéléphone:deFrance32-89(0,34¤ TTC/min) ;del’étranger:(33)1-76-26-32-89oupar internet :www.lemonde.fr/abojournal

Les scores

Les gens Les chiffrest NicolasHulotconvertiàla«sortiedunucléaire»Le candidat écologiste à l’électionprésidentielle, Nicolas Hulot, adéclaré, lundi 25 avril, à Stras-bourg, où des militants écologis-tes s’étaient réunis pour réclamerla fermeture de la centrale de Fes-senheim (Haut-Rhin) que la sortiedu nucléaire était désormais un« objectif prioritaire ». Il a ajoutéque la catastrophe de Fukushima« avait achevé de [le] convaincre ».

t DominiqueVersinidéploreles«reculs»delaprotectiondel’enfance

La Défenseure des enfants, Domi-nique Versini, dont la mission relè-ve désormais du futur Défenseurdes droits, déplore les « reculs» etles « insuffisances » de la politiquede protection de l’enfance du gou-vernement, dans le bilan d’activi-té qu’elle rendra public, mardi26 avril. Elle souligne les reculs enmatière de justice des mineurs etde prise en charge des enfantsétrangers isolés. Concernant la jus-tice des mineurs, Mme Versini notedes « reculs successifs» depuiscinq ans, conduisant à une sévéri-té accrue « alors que, tant leConseil constitutionnel que laConvention internationale desdroits de l’enfant imposent que pri-me l’éducatif sur la réponse répres-sive». (PHOTO : AFP)

t AndréS.LabartheauCentrePompidouLa centaine de films consacrésaux « Cinéastes de notre temps »,pour la plupart réalisés par AndréS. Labarthe, 70 ans, critique auxCahiers du cinéma à partir de1964, et diffusés à la télévision jus-qu’en 1972, est présentée en rétros-pective intégrale au Centre Pompi-dou, à Paris, du 27avril au 9juillet.De Murnau à Jacques Rivette, ellepermet de redécouvrir de nom-breux monstres sacrés du cinéma.Lire page24

tFootballLigue2: Ajaccio se hisse àla 2e place du championnatAjaccio s’est hissé à la deuxièmeplace du classement de Ligue2,lundi 25 avril, après avoir obtenule match nul à Dijon (1-1), en ren-contre de clôture de la 32e journéedu championnat de L2.Le club insulaire a gagné une pla-ce et revient à deux points du lea-der Evian-Thonon, à six journéesde la fin.

Royal Emirates rachètele club espagnol de GetafeAngel Torres, le président de Geta-fe (14e du classement de 1re divisionespagnole) a annoncé, lundi25 avril, le rachat du club par legroupe Royal Emirates. La sociétéde Dubaï, présidée par un mem-bre de la famille régnante Al-Mak-toum, a déclaré avoir racheté100 % des parts du club pour unesomme « comprise entre 70 et90 millions d’euros ».

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aLesrévoltesdanslemondearabe

tRussie

Onzeréacteursnucléairesrusses du typedeceuxdeTchernobyldevraientêtrearrêtésVladimir Kouznetsov, membred’un conseil d’experts auprès deRosatom, le monopole russe dunucléaire, a déclaré, lundi 25 avril,lors d’une conférence de presse,que onze réacteurs nucléairesRBMK, du type de ceux de la cen-trale de Tchernobyl, étaient vétus-tes et devaient être arrêtés. « Aulieu d’arrêter ces vieux réacteursou de les exploiter à 60-70 %, onles surexploite, en Russie, en les fai-sant fonctionner à 104%, parcequ’on ne construit presque pas denouveaux réacteurs », a poursuiviM.Kouznetsov, dénonçant uncomportement « criminel ».Ces réacteurs, construits dans lesannées 1970, ne devaient êtreexploités que pendant trente ans,selon la même source. M.Kouznet-sov faisait partie des 600000«liquidateurs » déployés parl’Union soviétique pour nettoyeret sécuriser le site de la catastro-phe de Tchernobyl.

tMexique

51personnesséquestréesont été libérées,dont24étrangersLa police mexicaine a libéré, lundi25 avril, 51 personnes, dont6Chinois et 18 ressortissantsd’Amérique centrale, qui avaientété séquestrées à Reynosa, aunord-est, une ville frontalièreavec les Etats-Unis. Ces personnesretenues prisonnières dans unimmeuble ont déclaré qu’ellesavaient été enlevées par des mem-bres présumés du cartel du Golfe,alors qu’elles voyageaient en auto-bus. L’Etat de Tamaulipas où ellesétaient séquestrées est le lieu d’af-frontements sanglants entredeux cartels de narcotrafiquants,le cartel du Golfe et ses anciensalliés des «Zetas ». La police avaitdéjà libéré, à Reynosa, il y a unesemaine, 68 autres personnes.

0123 est édité par la Société Editrice duMonde (SA).La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’adminis-tration. Commission paritaire des publications et agences de pressen° 0712 C 81975 ISSN 0395-2037

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Président : Louis DreyfusDirectrice générale :Corinne Mrejen

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Page 3: Le Monde - Mercredi 27 avril 2011

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Les images de Cristiano Ronaldo, Lionel Messi et Xavi Fernandez sur un trottoir de San Salvador (République du Salvador), avant la finalede la Coupe du roi disputée entre le FC Barcelone et le Real Madrid, le 20avril, en Espagne. JOSE CABEZAS/AFP

Quatre « clasicos » –confrontations entre leRealMadridet leFCBar-celone qui passionnentet divisent les amou-reux du ballon rond –

en moins de trois semaines. Demémoirede supporteur, un tel scé-nario ne s’était pas produitdepuis… 1916. Car, en plus de domi-ner le championnat d’élite espa-gnol, la Liga, les deux équipesjouent cette saison les premiersrôles dans la plus prestigieuse descompétitions européennes, laLigue des champions. Résultat : unpremier duel en championnat le16 avril (soldé par un match nul) ;un nouveau choc quatre jours plustard, cette fois en finale de la Coupedu roi (victoire de Madrid) ; une

demi-finale aller de Ligue deschampions en terre madrilène,mercredi 27 avril, et un matchretour, le 3mai, en Catalogne.

A en juger par les résultatsd’audience des deux premiersvoletsde ce«super clasico», la sagane lasse pas. Samedi 16 avril, plusde 11millions d’Espagnols ont suivil’opposition Real-Barça diffusée enclairparLaSexta.«C’estleprogram-me le plus regardé de toute l’histoi-re de la chaîne, commente JavierGomez, le présentateur du journaldes sports de 21 heures de la chaîneprivée.Lasemainesuivante, lafina-le de la Coupe du roi [retransmisepar la TVE] a capté 73 % des audien-ces, ce qui en a fait la cinquièmeémission la plus suivie depuis ledébut des mesures d’audience.»

Et le journaliste, chroniqueurpar ailleurs à Canal+, de détailler letop 5 des records d’audience enEspagne : la finale du Mondial2010, le quart de finale de l’Euro2008 face à l’Italie, la finale de cemême Euro, un concours de l’Euro-vision et la finale de la Coupe duroi. Cherchez l’intrus !

« Près de 140 pays ont diffusé endirect la finale de la Coupe du roi»,se félicite José Luis Astiazaran, pré-sident de la Ligue professionnelleespagnole. En France, Canal+ Sporta convaincu 700 000 abonnésd’opter pour le choc hispano-ibéri-que et non pour la Coupe de Fran-ce,àl’affichesurunechaîneconcur-rente. « Real-Barça est le seul matchétranger qui tient la dragée hauteaux rencontres du championnat deFrance de Ligue 1 », admet-on à

Canal+. Selon une étude dont JoséLuis Astiazaran confirme l’existen-ce, la saga Real-Barça en quatre épi-sodes pourrait atteindre uneaudience cumulée de 400 millionsde téléspectateurs.

Des stars de premier plan, dususpense et beaucoup beaucoupd’argent: ces ingrédients indispen-sables à toute superproductioncinématographiquefondentlesuc-cès des clasicos. Les Catalans comp-tent dans leurs rangs l’Argentin de23 ans Lionel Messi, sacré Ballond’or2009 et 2010, premier aussi auclassement des rémunérations defootballeurs (10 millions d’eurosde salaire annuel et le double enrevenus publicitaires).

Dans le vestiaire madrilène, lasuperstar se nomme CristianoRonaldo, 26 ans, Ballon d’or 2008et deuxième joueur le mieux payéde la planète (13 millions de salaireannuel et 14 millions de contratsdivers). Un duel d’autant plus effi-cace que les deux attaquants culti-vent une image diamétralement

opposée, Messi dans le rôle du chictype,petit (1,70m)etdiscret,Ronal-do dans celui du beau gosse stylé, àl’ego surdimensionné.

En matière de suspense, le scé-nario est là encore idéal puisque,pour la première fois depuis plu-sieurs saisons, aucun des deuxclubs ne surclasse l’autre. Lematch du 16 avril s’est conclu surun score nul (1-1) et l’issue de lafinale de la Coupe du roi ne s’estdessinée qu’en toute fin des pro-longations (1-0).

Fortement endettées, les deuxlocomotives du football ibériquesont aussi les deux clubs les plusriches de la planète. « La batailleéconomique au sommet continue-ra à se jouer, dans les années àvenir, entre les deux poids lourdsd’Espagne », conclut le rapport ducabinet Deloitte, publié en février,qui place le Real Madrid à la pre-mière place de son classement(439 millions d’euros de revenuspour la saison 2009-2010) et sonrival barcelonais à la deuxième

(398 millions d’euros). Avec de telsniveaux de recettes commercialeset de droits audiovisuels, tous lesprojets de blockbuster semblentpermis. Dans ce pays fou de foot,les matches se regardentd’ailleurs aussi, depuis un an etdemi, en haute définition surgrand écran. Plusieurs cinémas deMadrid et de Barcelone diffusenten effet chaque week-end dans lessalles obscures les grandes rencon-tres du championnat de Liga.

La dynamique des clasicos estportée également par le feuilletonquotidien narré par les médias.Cela va du décryptage tactique deJosé Mourinho, l’entraîneur desMerengue, aux récits les plus ano-dins. Celui par exemple du tro-phée de la Coupe du roi, brisé enplusieurs morceaux après une ter-rible chute du bus à impérialedans lequel paradaient les joueursdu Real après leur victoire ! « Dèsque l’on évite de parler du Real oudu Barça à l’antenne, l’audienceplonge. Il faut alimenter le feuille-

ton en permanence », confirmeJavier Gomez.

Pourtant, le championnat espa-gnol s’exporte peu comparé à laPremier League anglaise. « L’Espa-gne n’a pas encore compris que sonfootball a une plus grande capacitéà l’étranger qu’à l’intérieur de sesfrontières », pointe le présentateur

de La Sexta. Les clubs de la Liga sou-haitent aujourd’hui s’affranchir delaloide1997,qui,aunomdel’«inté-rêtgénéral», imposeun matchgra-tuit par journée de championnat,limitantd’autantlacommercialisa-tion des retransmissions sur lesmarchés étrangers. p

Simon Roger

Quatremillions d’auditeurschaquesamedi soir

Pagetrois

Enmatièredesuspense,lescénarioest idéalpuisqu’aucundesdeux clubsnesurclassel’autre

Lesdeux clubs espagnolsse retrouvent,mercredi 27avril,en demi-finale delaLigue des champions. Uneopposition de styles et de carnetsde chèques

Realcontre Barça, le football global

MadridCorrespondance

«Gooooooaaaal », le célèbre crifêtant chaque but sur les ondes his-panophones résonne avec une for-ce décuplée en Espagne, où le foot-ball revêt une importance stratégi-que pour les médias. Au moins4millions d’auditeurs ont suivi,samedi 16avril, les plus de septheures d’émission en continu queleur offrait chacune des grandesradios pour la rencontre de cham-pionnat entre le Real Madrid et leFC Barcelone.

Et il ne s’agit pas d’un picd’audience ni d’une programma-tion spéciale, mais bien des scoresmoyens enregistrés chaque same-di soir dans la Péninsule. En plus

des émissions fleuves du week-end, près de 2millions d’auditeurssuivent, chaque soir de semaine,les débats enflammés et souventcolorés des chroniqueurs vedettesqui viennent compléter les retrans-missions de matchs en direct.

Guerre sans pitiéVéritables étendards, les émis-

sions «sportives», synonymes enEspagne de football, influencentau moins autant le succès d’uneradio généraliste que les célèbresmatinales d’information.

«Le football mobilise énormé-ment d’audience, d’argent et depouvoir d’influence», résume JuanVarela, journaliste et consultantspécialiste des médias, qui faitremonter la passion de ses conci-

toyens pour les retransmissionssportives aux années 1940.

L’enjeu est tel que les grandsgroupes de communication selivrent une guerre autour du bal-lon rond. L’un des coups les plusspectaculaires vient récemmentd’être asséné par la Cadena Cope,une radio généraliste privée dontl’Eglise est le premier actionnaire.

Faisant face à une audience endéclin et engagés dans un doulou-reux plan de restructuration, lesresponsables de la station ontdéboursé des millions, l’été 2010,pour débaucher les voix mythi-ques qui animaient, depuis deuxdécennies, «Carrusel Deportivo»,l’émission de football star dessamedis soirs de la concurrenteCadena Ser, la radio leader en Espa-

gne (propriété du groupe Prisa).Ce transfert vaut des poursuites

judiciaires à la «radio des Evê-ques» mais aussi une hausse dunombre d’annonceurs. La Cope seréjouissait, dès décembre2010,d’avoir constaté une hausse de20% de ses revenus publicitairespar rapport aux prévisions, endépit de « la profonde crise écono-mique dont souffre l’Espagne.»

Malgré le fossé idéologique quisépare les deux antennes et alorsque les auditeurs espagnols sontd’ordinaires fidèles à leur radio, lanouvelle émission de la Cope,«Tiempo de Juego», a déjà plusque doublé son audience. Elle talon-ne désormais «Carrusel deporti-vo» et son 1,7million d’auditeurs lesamedi soir. – (Intérim.) p

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LA RUSSIE va proposer au Som-met du G8, prévu les 26 et 27mai àDeauville (Calvados), des mesurespour améliorer la sûreté nucléai-re, a indiqué le président DmitriMedvedev, mardi 26 avril, jouranniversaire de la catastrophe dela centrale de Tchernobyl, en1986. Ces mesures viseront à« accroître la responsabilité despays utilisant l’énergie atomi-que», a indiqué le président russedans un texte publié par leKremlin.

Dmitri Medvedev et son homo-

logue ukrainien, Viktor Ianouko-vitch, devaient se retrouver sym-boliquement sur les lieux de l’acci-dent, mardi, et discuter des mesu-res à prendre pour améliorer lasûreté nucléaire et revaloriser lasituation des « liquidateurs » quiont nettoyé le site après l’explo-sion, au péril de leur vie.

La veille, à l’occasion d’uneremise de récompenses à certainsde ces sacrifiés, Dmitri Medvedeva déclaré qu’« il faut le reconnaîtreavec honnêteté que l’Etat[soviétique] n’a pas eu tout de sui-

te le courage d’admettre les consé-quences de ce qui s’est passé » àTchernobyl. « La principale leçonest la nécessité de dire la vérité auxgens, car le monde est tellementfragile, et nous sommes tellementinterdépendants, que toute tentati-ve de cacher la vérité, de ne pastout dire (…) se termine en tragé-die», a-t-il ajouté, faisant égale-ment référence à la catastrophede Fukushima, au Japon.

De nombreuses manifesta-tions antinucléaires ont eu lieu àtravers le monde, lundi 25 avril, à

la veille de l’anniversaire de Tcher-nobyl. La mobilisation la plus for-te a été enregistrée en Allemagne,où plus de 100 000 personnes ontmanifesté pour réclamer l’aban-don de l’atome dans le cadre destraditionnelles Marches dePâques, selon le chiffre fourni parles organisateurs.

Des militants allemandsétaient également présents à desrassemblements organisés enFrance, près des centrales de Catte-nom (Moselle) et de Fessenheim(Haut-Rhin). En Alsace, des mani-

festations ont été organisées sursix ponts traversant le Rhin, afinde rappeler symboliquement que« la radioactivité ne connaît pas defrontières ». Quelques milliers demilitants, en majorité des Alle-mands, étaient présents.

Des rassemblements ont aussiété organisés aux abords de la cen-trale du Blayais (Gironde), dontles manifestants ont réclamé lafermeture, et de celle de Brennilis(Finistère), arrêtée depuis vingt-cinq ans mais toujours en voie dedémantèlement. – (AFP.) p

LaRussie fera des propositionssur lasûreté nucléaire auG8 de Deauville

Reportage

Ratnagiri(Etat du Maharashtra, Inde)Envoyé spécial

U ne camionnette cramoisiepar le feu, épave couchéesurle flancen bordde route.

Des vitres d’un logis brisées, lais-sant entrevoir à l’intérieur de groscailloux et une douille. Et ce sloganpeint sur un muret: «No nuclear».

Les cicatrices sont toujours à vifà Nate, village de pêcheurs du dis-trict de Ratnagiri, dans le sud duMaharashtra, une semaine aprèsles affrontements du 18 avril quiont coûté la vie à un villageois.

En une journée, Nate s’est trans-formé en un champ de batailleopposant la police aux habitantshostiles au projet d’une centralenucléaire à Jaitapur, situé surl’autre berge de l’estuaire où larivière Kodavli se jette dans la merd’Arabie. La mobilisation de lapopulation contre ce projet de sixréacteurs nucléaires de type EPR(1650 mégawatts chacun), confié àAreva, n’est pas nouvelle. Maisc’est la première fois qu’elle prendun tour aussi violent.

Sur la place du village, les rive-rains n’en finissent pas de com-menter l’événement à l’ombre desmanguiers et des cocotiers. Nateest majoritairement composé demusulmans. Les hommes portentle calot et la barbe, et beaucoup defemmes sont voilées du niqab. Lamosquée vert pastel émerge desfrondaisons tropicales, dresséeface à la masse d’eau où mouilleune petite armada de chalutiers. Labise charrie des odeurs de poissonset d’algues.

Derrière la sérénité apparentedu lieu, la colère n’en finit pas decouver.Lapopulationfustigelavio-lence de la police, qui a tiré à ballesréelles, le 18 avril. La police, elle,assure avoir riposté aux assautsviolents des manifestants.

Mansour Solkar, turban blancnoué sur la tête, retrousse son pan-talon et dévoile un tibia légère-ment frôlé par une balle. « Ils noustirent dessus, mais on ne reculerajamais! », lance-t-il.

L’avis est partagé par la petiteassembléedevillageoisquis’agglo-

mèrentautourduvisiteurdepassa-ge.Ensaqualitédedirigeantdel’as-sociation des pêcheurs, Riaz Solkarparle avec aplomb. Il exprime lescraintes de sa communauté qu’aenflamméesl’accident àla centralede Fukushima, au Japon. «Le Japonest un exemple, dit-il. Les consé-quences de Fukushima touchentnon seulement le Japon mais aussises pays voisins. Ce sera la mêmechoseici.Un accidentdétruirait l’In-de et d’autres régions du monde. »

A court terme, c’est l’impactd’une telle centrale sur l’économie

locale de la pêche, relativementprospère, qui inquiète. « Les rejetsd’eau chaude dans la mer vontavoir des incidences négatives surlafaune marine,etdoncsurlespois-sons dont on vit», ajoute-t-il.

Déterminéàdéfendresonactivi-té, Riaz Solkar n’a pas l’intention derelâcher la pression sur le gouver-nementduMaharashtrapourobte-nir l’abandon du projet. « Même siles gens sont tués ou emprisonnés,on continuera à lutter », assène-t-il.A ses côtés, Sadiq Isaq, calot et bar-beteinteenroux,abonded’unefor-

mule lapidaire : « Cette centralenucléaire, c’est le Jugement dernierpour nous. »

A une cinquantaine de kilomè-tres de Nate, le docteur Vivek Bhidereçoit dans son cabinet du villagede Malgund. Ce médecin généralis-te est surtout un militant du déve-loppement local, animateur duComité pour la conscience du peu-ple. Il n’a pas de mots assez flat-teurs pour vanter les acquis del’économie locale depuis une cin-quantaine d’années, riche du tou-risme (la côte est frangée de cri-

ques et de plages), de la pêche, desnoix de cajou et surtout des man-gues, qui s’exportent vers les Etats-Unis, l’Europe ou le Japon.

« Cette région est écologique-ment très fragile, explique M. Bhi-de. Ce n’est pas le bon endroit pourinstaller une centrale. Le gouverne-ment n’a pas mené d’études sérieu-ses sur l’impact environnemental.»A ses yeux, l’affaire ne fait aucundoute : « C’est une escroquerieautour de contrats nucléaires entrele gouvernement indien et les puis-sances vendant leurs technologieset équipements. »

M.Bhide ne comprend toujourspas comment les autorités indien-nes ont pu sous-évaluer le risqued’accident, alors que le district deRatnagiri, situé sur une zone sismi-que « modérée », est proche d’unezoneclassée« à risque élevé». L’em-barras évident du gouvernement,l’absence de pédagogie auprès despopulations locales, abandonnéesau seul discours catastrophiste, ali-mentent peurs et hostilité.

Il s’y ajoute bien sûr une exploi-tation politique. Les manifesta-tions de Nate, qui ont dégénéré,ont été fomentées par le Shiv Sena,un parti régionaliste hindou d’ex-trême droite qui prétend défendreles intérêts du Maharashtra contreles périls extérieurs. A l’évidence,le Shiv Sena est entré en action afinde mettre en difficulté le Parti duCongrès, au pouvoir tant au Maha-rashtra (dont Bombay est le chef-lieu) qu’à New Delhi.

Interrogé sur ce soutien pou-vant devenir compromettant,Vivek Bhide répond avec sérénité:« Les écologistes de gauche noussoutiennent aussi. Le Shiv Sena afait son apparition il y a deux mois,alorsque lamobilisationavaitcom-mencé bien avant. L’agitation vientdupeupleet nond’un partien parti-culier.» p

Frédéric Bobin

Rhinocérosau NépalLes efforts de protection des rhinocéros duNépal ont porté leurs fruits : leur nombreest passé de 435 en 2008 à 534 en 2010.Le rhinocéros indien avait été presque anéantipendant les dix années de conflit entrerebelles maoïstes et troupes gouvernementales.

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SydneyCorrespondance

E n Australie, la taxe carboneproposée par le gouverne-ment travailliste a du mal à

être acceptée. Pas une semaine nepasse sans qu’un nouveau lobbyindustriel ne s’oppose au projet.

Des manifestations antitaxe,sont organisées à travers le pays,menées par des shock jock, des ani-mateurs radio réputés pour leurpopulisme:ilsn’hésitent pas àtrai-ter la premier ministre, JuliaGillard, de tous les noms. La cotede popularité de Mme Gillard estd’ailleurs en baisse régulièredepuis l’annonce du projet, enfévrier.

Depuis 2007, le gouvernementaustralien tente d’accentuer sonaction de limitation des émissionsde gaz carbonique. L’Australie estcertes un petit pollueur à l’échelleinternationale, mais c’est l’un desplus gros émetteurs de CO2 parhabitant au monde. La nation pro-duit près de 80 % de son énergie àpartir du charbon, très polluant.

En 2009, un premier projet demarché d’émissions avait échoué,rejeté au Parlement, où il n’avaitpas reçu le soutien des Verts.Deux ans plus tard, le gouverne-ment semble avoir, cette fois, l’ap-pui des écologistes. Il veut donctaxer chaque tonne de CO2 produi-te à partir de mi-2012. Durant lestrois à cinq premières années, le

prix sera fixe, puis la taxe carbonedevrait être transformée en méca-nisme de cap and trade. Princi-paux secteurs visés : les produc-teurs d’énergie, le secteur minieret les transports. Canberra s’estdonné comme objectif une réduc-tion de 5 % à 25 % des émissionsd’ici à 2020, par rapport au niveaude 2000.

«Nouvel impôt»Mais la mesure déplaît à une

partie de la population. L’opposi-tion libérale est rapidement mon-tée au créneau, son leader, TonyAbbott,effectuant mêmeunetour-née à travers le pays pour protes-ter contre la création d’un « nouvelimpôt ». Principale crainte affi-

chée: la hausse desprixde l’électri-cité.«Le secteurdesressourceséner-gétiques se porte bien. Mais pourles Australiens moyens, les chosesne sont pas si faciles. Les retraitésauront toujours la même retraite,mais des factures plus importan-tes », déplore Chris Johnson, prési-dent de l’Association australiennedes contribuables et des consom-mateurs, à l’origine d’une campa-gne féroce contre la taxe.

Le gouvernement a pourtantpromis des aides aux ménages lesplus défavorisés. « Plus de 50% desrevenus générés seront utiliséspour aider les ménages. Des mil-lions d’Australiens seront plusriches grâce aux retombées de lataxe carbone », a rassuré Julia

Gillard. Le reste des revenus tirésde cette taxe devrait être investidans des énergies renouvelables.

Autre crainte brandie par lesopposants : une perte de compéti-tivité au niveau international,entraînant des licenciements dansles industries polluantes, commedans le secteur minier. Les produc-teurs de charbon, particulière-ment concernés, réclament doncdes compensations financières.

« Cela représentera un coût de18 milliards de dollars [13,2 mil-liards d’euros] pour l’industrie ducharbon en dix ans, estime RalphHillman, directeur de l’Associa-tion australienne du charbon. Uncoût que les pays concurrents, com-me l’Afrique du Sud, n’auront pas à

supporter. Cela signifie que desinvestissements qui devaient êtreeffectués ici ne se feront pas.»

Le géant pétrolier Woodside alui aussi prévenu que la mesureserait répercutée sur les prix dugaz, et des enseignes de l’industrieagroalimentaire ont dénoncé lesurcoût provoqué par la taxe.

Le gouvernement risque doncgros. S’attaquer au secteur minier,qui connaît une croissance écono-mique importante depuis le débutdes années 2000, peut être dange-reux en Australie. En 2010, un pro-jet de taxe sur les profits miniersavait fortement contribué à fairetomber le premier ministre del’époque, Kevin Rudd. p

Marie-Morgane Le Moël

EnAustralie, la frondede l’oppositionet des lobbiesindustriels contre unetaxe carboneDes manifestations sont organisées à travers le pays pour dénoncer la menace qui pèserait sur les prix de l’électricité et sur le secteur minier

«Cette centralenucléaire,c’est leJugementdernierpournous »

Sadiq Isaqun habitant de Nate

500 km

New DelhiCalcutta

Jaitapur

CHINEAFGH.

NÉPALBHOUTAN

BANGL.

SRI LANKA

PAKISTAN

I N D E

Golfedu Bengale

Bombay

La révolte de villageois indiens contre un projetd’EPRAvant même Fukushima, les habitants étaient déjà hostiles à la construction de six réacteurs nucléaires par Areva

Langoustineau plastiqueDes fibres plastiques ont été trouvées dans 83%des langoustines pêchées dans l’estuaire deClyde en Ecosse. Méduses et oiseaux de mer sontégalement victimes de ces déchets quiproviennent soit de sacs en plastique, soit desrejets des bateaux, essentiellement des chalutiers.

Planète

Mercredi 20avril, à Nate, dans l’Etat du Maharashtra, en Inde: des villageois portent le cercueildu manifestant tué le 18avril, au cours d’affrontements avec la police. RAFIQ MAQBOOL/AP

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Page 5: Le Monde - Mercredi 27 avril 2011

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Des hommes de la police nationale afghane avec un soldat américain au camp Castle,à Khanashin, dans la province du Helmand, le 23 avril. BAY ISMOYO/AFP

KaboulEnvoyé spécial

E n novembre 2010, l’OTAN etle gouvernement afghanavaient fixé le terme d’un

retrait des troupes étrangèresd’Afghanistan en 2014, voire en2016.Sixmoisplustard,l’insécuritéest telle que cette perspective doitdéjà être révisée. Il s’agit d’éviterque le régime du président HamidKarzaï ne connaisse le même sortque celui de Mohammed Najibul-lah, tombé en 1992, trois ans aprèsle départ des Soviétiques.

Selon les informationsrecueillies par Le Monde auprèsdesprincipales autoritésmilitairesde l’OTAN et diplomatiques, àKaboul, la coalition internationaleprépare un plan de soutien àl’Afghanistan au moins jusqu’en2020. Elle entend corriger l’effetdésastreux produit par l’annonced’une échéance pour le retrait dessoldats de l’OTAN, qui a résonnécomme une victoire annoncéepour les talibans.

Il s’agit de montrer maintenantque le président Karzaï pourracompter à très long terme sur uneaide civile et militaire étrangère.« Voilà dix ans que nous sommeslà, il est tout simplement impossi-ble de voir revenir les talibans aupouvoir par la force, ne serait-ceque vis-à-vis de nos opinions publi-ques », résume-t-on au quartiergénéral de l’OTAN à Kaboul.

Dans cet esprit, le président desEtats-Unis, Barack Obama, devraitannoncer, fin juin ou début juillet,le début du retrait de « moins de5000 des 30 000 » renforts améri-cains déployés fin 2009, début2010, assure-t-on au plus haut deniveau de l’OTAN en Afghanistan.La même source assure : « Nouspourrions retirer le même nombrede soldats britanniques sans quecela affecte les opérations. »

Si les négociations sont ache-vées à temps, M. Obama devraitégalement préciser les termes del’accord afghano-américain surl’installation de bases militairespermanentes. Des localités ontdéjà été retenues, comme à Kanda-har ou dans la province du Hel-mand, où une piste d’atterrissageest en voie de construction aucamp de Bastion.

Plusieurs dizaines de bases,dont certaines secrètes apparte-nant à la CIA, figurent dans cetaccord.AKaboul,ungrandcomple-xe est en construction en face del’ambassade des Etats-Unis pouraccueillir les futurs conseillers dugouvernement afghan.

En décembre, la conférence deBonnsurl’Afghanistandevraitper-mettre d’annoncer les grandeslignes de ce partenariat à très longterme. Cet accord ne devrait êtreparachevé qu’en 2012. L’OTANdevraitprendreenchargelaforma-tion et le soutien matériel de l’ar-mée afghane. L’Union européenne

pourrait, elle, se charger de la poli-ce. Enfin, la Banque mondiale et laBanque asiatique de développe-ment devraient aider l’Etat afghan.

Le coût de ce partenariat faitencore l’objet de discussions. L’Etatafghan n’a pas les moyens de payerson armée ni sa police. Selon diffé-rentes sources occidentales, lefinancement des forces afghanes,policecomprise,reviendraità1mil-liard de dollars par mois (687 mil-lions d’euros). Au ministère desfinances afghan, on estime que lecoût des forces de sécurité pourraitêtre réduit : «Une partie de l’argentversé par les Etats-Unis retournedans les poches de sociétés privéesaméricaines.»Pourréduirelafactu-re, le président Karzaï a égalementsuggéré d’instaurer un système deconscription dans le pays.

Cette volonté d’inscrire la pré-sence étrangère sur un terme aus-si long ne s’est pas imposée sansdifficulté. Le président afghan amultiplié les déclarations conflic-tuelles contre la présence étrangè-re, souhaitant son départ au plusvite. Depuis sa réélection, il campesur une ligne très nationaliste ets’efforce de réunifier le mondepachtoune, auquel il appartient etqui compose l’essentiel des trou-pes talibanes.

Au quartier général de l’OTAN, àKaboul, la lassitude à l’égard duprésident afghan est palpable,mais faute d’autre interlocuteur iln’ya pas d’autre issue que de dialo-guer avec lui. « Notre relation aveclui doit être plus mature », déclarepudiquement l’un des plus hautsgradés de l’OTAN à Kaboul.

Le partenariat avec HamidKarzaï semble d’autant plus inévi-table qu’une sortie politique duconflit paraît au point mort. Unecertaine confusion règne même àpropos du processus de paix avecles talibans, dissocié en deux par-ties par les Américains, la réinté-gration avec les troupes de base etla réconciliation avec les chefs.

AlorsqueleHautConseilpourlapaix, dirigé par les Afghans, estchargé des discussions avec les tali-bans, des pays présents en Afgha-nistan mènent leurs propres négo-ciations. Les Britanniques ontnoué un contact avec un membredu Haut Conseil taliban établi dansla ville pakistanaise de Quetta. LesAllemandsetlesAméricainsaction-nent leurs propres réseaux.

Au mois d’octobre, une confé-

rence régionale à Istanbul devrait,selon le souhait d’Ankara, tenterde réaffirmer cette option politi-que, mais les Etats-Unis ne sem-blent pas pressés de confier unrôle central à la Turquie en lamatière. En revanche, ils parais-sent compter sur l’envoyé spécialde l’ONU, Steffan de Mistura, pourjouer un rôle de « facilitateur ».

La transition, qui doit laisserd’ici à 2014 l’ensemble du solafghan sous la responsabilité desseules forces afghanes, laisse àdésirer.Unpremier groupe deloca-lités doit être transféré le 1er juillet.Selon l’ONU, à Kaboul, « le gouver-nement Karzaï et son armée ne

sont pas en mesure d’affronterseuls les talibans, et si l’OTAN part,il tombera ». « Nous avons la quan-tité de policiers, mais pas la quali-té », confirme le colonel Fraser Rea,commandant britannique chargé

de la formation des policiers dansla province du Helmand.

Enfin, la situation paraît blo-quée tant que le Pakistan voisin,qui apporte un soutien logistiqueaux talibans, reste hors du jeu poli-

tique. Pour tenter de faire avancerla paix, M. Karzaï vient de nommerl’unde ses plus proches conseillers,Omar Daoudzaï, ambassadeur auPakistan.p

Jacques Follorou

Selonl’ONU, àKaboul,«legouvernementKarzaïetsonarméenesontpasen mesured’affronterseulslestalibans,etsi l’OTAN part,il tombera»

International

IRAN

TADJIK .TURKMÉNISTAN

PAKISTAN

INDE

CHINEOUZB.

AFGHANISTAN Kaboul

HeratBAMIYAN

PANCHIR

LachkargahCamp Castle

Kandahar

lll

Mazar-e-Charif

Metarlam

200 kmASIE

HELMAND

Zones rendues par l’OTAN aux forces afghanes à partir de juillet 2011Installation possible de bases militaires américaines permanentes

Zones de peuplement pachtoune

Quetta

Camp Bastion

L’insécuritécontraintl’OTAN àréviser son plande retraitd’AfghanistanLe terme du retour des troupes, fixé à 2014ou 2016, devrait être repoussé

50123Mercredi 27 avril 2011

Page 6: Le Monde - Mercredi 27 avril 2011

Rencontre

I mpossible de prendre endéfaut Rached Ghannouchi. Lefondateur du parti islamiste

tunisien Ennahda, interdit pen-dant les années Ben Ali, avanceméthodiquement les argumentsqui font mouche : « démocratie »,« égalité des sexes », « liberté deconscience et d’expression », « jus-tice pour tous », « préservation del’environnement »… A ceux quidoutent, il assène avec un largesourire, laissant pantois ses inter-locuteurs : « Celui qui n’évolue pasdisparaît, c’est la loi de Darwin. »

Pour la première fois depuisplus de vingt ans, Rached Ghan-nouchi,69 ans,étaiten Francepourassister à la 28e rencontre annuelledes musulmans de France, organi-sée du 22 au 25 avril au Bourget,dans la banlieue de Paris, parl’Union des organisations islami-ques de France (UOIF). Heureux defaire entendre sa voix dans lecontexte d’un «printemps arabe »où la Tunisie tient la première pla-ce. «Il n’y a pas un pays arabe quineserapastouchéparleventdelarévo-lution, assure-t-il ce lundi 25 avril,parce que les situations se ressem-blent:absence d’Etatde droit, trans-formation de l’Etat en mafia, chô-mage, grand écart entre l’Etat et lasociété. » Mais sa visite a aussi unsens : toucher une partie des500000 Tunisiens qui résident enFrance, à l’aube d’une campagneélectoralemajeureenTunisiedesti-née à élire, le 24juillet, l’Assembléeconstituante. Ennhada s’y prépare.

Hier banni, ses membres diri-

geants en prison ou en exil, com-me M. Ghannouchi réfugié pen-dant dix-huit ans à Londres, le par-ti islamiste refait ses forces : unenouvelle direction a pris les com-mandes, son journal, interdit pen-dant vingt-trois ans reparaît enTunisie et plus de 170 locaux ontété ouverts à travers tout le paysdepuis la chute de l’ancien régime.

En quête de reconnaissance, ilaccueille avec satisfaction l’offrede dialogue avec les« courants isla-miques» lancée récemment par leministre des affaires étrangèresFrançais, Alain Juppé. « C’est unebonne nouvelle, venue un peutard, mais c’est très bien, juge-t-il.La France est un pays important

pour nous et cela aura des consé-quences positives sur les relationsfranco-tunisiennes, c’est pour celaque nous valorisons ces déclara-tions. » « Les problèmes d’immigra-tion trouveront dans ce cadre unesolution », ajoute M. Ghannouchi.Des contacts, bientôt, serontnoués. « J’ai un visa pour cinq ans,glisse-t-il, et nous pouvons multi-plier les visites. » Prudent, il éludecependant la question de l’inter-vention de la France et de ses alliésen Libye : « C’est aux Libyens dedécider. »

Laviolence du début des années1990 en Tunisie, où des attentats

avaient été commis par des mili-tants d’Ennahda, est pour lui du« passé ». « Ces actions se sontdéroulées en réaction à la violencedu pouvoir alors que la direction denotre mouvement était en prison,et nous les avons condamnées »,affirme-t-il.

Aujourd’hui, Ennhada tient undiscours aux antipodes des cou-rants salafistes dont il se distingue– notamment du parti Hizbut-Tahrir présent en Tunisie –approuvant la parité pour les listeslors du vote de la future Assembléeconstituantetunisienneetpromet-tant même des « femmes têtes deliste ». La charia ? « L’Etat tunisienest un Etat islamique selon l’actuel-le Constitution, sa législation estinspirée de la charia, elle-mêmeinfluencée par les lois françaises deNapoléon, elles-mêmes influencéespar le malékisme, répond M.Ghan-nouchi. Quand Napoléon est reve-nu d’Egypte, il a ramené deux cho-ses : l’obélisque et le livre de Khalil,l’un des grands livres de jurispru-dence malékite. Vous voyez, il y ades points communs entre la légis-lation française et tunisienne. »

Intervenant, lundi, devant unesalle bondée sur le thème « Lemusulman face à ses défis », lechefd’Ennahda alonguementplai-dé contre « l’extrémisme qu’il fautcombattre ». « Ce n’est pas uneconviction de l’islam mais unemaladie qui a traversé toutes lescivilisations, a déclaré M. Ghan-nouchi. Il a été produit dans les pri-sons d’Egypte, il prend racine dansun environnement qui est mala-de. » « L’image de l’islam, a-t-il

poursuivi, a été profondémentdénaturée, l’islam est devenu lesymbole de l’anti-démocratie, de laviolence et du terrorisme, il seraitcontre l’art, la beauté, le droit desfemmes, aujourd’hui, on le présen-te comme un fléau. »

Prônant un monde « qui prenden compte la diversité religieuse »,il cite en exemple les révoltes ara-bes contemporaines où l’actionconjuguée de laïcs et d’islamistesont permis « de faire partir lestyrans ». « Ces mouvements, a-t-ilconclu, appellent à la cohésionnationale et sociale. » Une leçonapprise en Tunisie, où le soulève-ment, conduit d’abord par des jeu-nes et les régions défavorisées, aété soigneusement analysé par leparti qui a rejoint, bien plus tard, lemouvement. p

Isabelle Mandraud

Rached Ghannouchi au Bourget, le 23avril, invité par l’Union des organisations islamiques de France. LAHCÈNE ABIB POUR « LE MONDE »

LeTunisien Rached Ghannouchi exposesaconception de l’islam politiqueA Paris, le chef du parti islamiste déplore que «l’islam soit devenu le symbole de l’anti-démocratie»

Par l’exploit du 26 avril 2011, j’ai, G.J.M. Wouters, huissier de Justice établi àLeyde, Pays-Bas, à la demande d’Ecofinance Nederland B.V., établie à Nieuwegein,Pays-Bas, assigné les autres détenteurs d’actions ordinaires dans le capital de lasociété anonyme Econocom Interntional N.V., établie à Nieuwegein, Pays-Bas(conjointment dénommés les “Actionnaires minoritaires”), dont les Actionnairesminoritaires suivants n’ayant ni domicile, ni résidence, ni adresse professionnelle nilieu d’établissement connus : Madame Jacqueline Calzaroni, la société de droitfrançais Cie Financiere de la Part Dieu, l’ensemble des héritiers de Monsieur MauriceConil, Madame Lucien Coulon, Madame A. Davis, Monsieur et Madame FrançoisGaimard, l’ensemble des héritiers de Madame Marie Huot de Saint-Albin, l’ensembledes héritiers de Loiseau Georges, Madame Maillet, Monsieur Paul-Louis Reibell,Madame Patrice Sevez, Monsieur Jean Michel Spilmont et la société de droit françaisdissoute Société Financière de Négociations et de Participations, à comparaître lemardi 30 août deux mille onze (30-8-2011) à dix heures du matin (10h00), non pas enpersonne mais représentés par un avocat, à l’audience publique devant la Courd’appel d’Amsterdam, Pays-Bas, première chambre à juge unique (aux fins de renvoidevant la Chambre commerciale), qui se tiendra au palais de justice sis à Amsterdam,Pays-Bas, à l’adresse Prinsengracht 436, pour répondre à la demande de rachat desparts des actionnaires minoritaires en vertu de l’article 2:92a du Code civilnéerlandais, laquelle est mentionnée dans l’exploit. Une copie dudit exploit peut êtreobtenue auprès de : Me J. van der Beek

De Brauw BlackstoneWestbroek N.V.Claude Debussylaan 80, 1082 MDAmsterdam, Pays-Bas

COMMUNIQUÉ01.49.04.01.85 - [email protected]

«Celuiqui n’évoluepasdisparaît,c’estlaloide Darwin »

Rached Ghannouchi

Dissensions au seindu parti Ennahda

Retourà la case prison pourun écrivainpalestinien

BeyrouthCorrespondance

A vec l’intervention de l’ar-mée, lundi 25 avril à Deraa,dans le sud du pays, la

répression en Syrie a franchi unenouvelle étape. Des centaines desoldats, appuyés par huit chars,ont investi la ville vers 4h 30, selondes habitants de Deraa. Tous lessystèmes de communicationayant été coupés, seuls quelquesrares témoignages, invérifiables,sont parvenus à des agences depresse, via des téléphones satelli-tes. Selon leurs récits, cette opéra-tion militaire aurait fait 25 mortset de nombreux blessés. Les autresinformations disponibles, notam-ment des vidéos amateurs filméespar des téléphones portables, ontcirculé par la frontière jordanien-ne proche de Deraa.

Parmi ces images, on peut voirdes quartiers de la ville disparais-sant sous d’épais nuages de fuméetandis que résonnent des bruits detirs intensifs. « Deraa, 25avril, nousassistons à une boucherie », ditl’homme en train de filmer. « Nousn’avons pas le droit à la liberté,nous n’avons même plus le droit derespirer », chuchote un autre, surune vidéo montrant des soldats etdeschars roulant sur les barricadesde fortune installées au travers dela route. Selon d’autres témoigna-ges, transmis sur Twitter, les forcesarmées ont fait feu autour de lagrande mosquée Omari, devenuel’un des principaux lieux de rallie-ment des manifestants, laissantdes « rues jonchées de blessés ».

Deraa avait été la première villesyrienne à manifester contre lerégime de Bachar Al-Assad, le16 mars. La colère y avait été provo-quée par l’arrestation et la tortured’une quinzaine d’enfants (le plusâgé aurait 14 ans) qui avaient écritsurunmur :« Le peuple veutla chu-te du régime », slogan rendu célè-bre par les révoltes tunisienne etégyptienne. Les chefs de tribus quiavaient tenté de négocier leur libé-ration avaient ensuite été humi-liés par les responsables sécuritai-res, selon le récit d’habitants.

La répression à Deraa avait pro-voqué des manifestations dansd’autres villes du pays, en soutienaux « martyrs » de Deraa, avantd’être à leur tour réprimées. Dejour en jour, les slogans qui récla-maient des réformes et davantagede libertés se sont radicalisés endes appels à la chute du régimeBaas, au pouvoir depuis 1963.

Cette vague de révolte sans pré-cédent, dans ce pays tenu d’unemain d’acier par les services de

sécurité et par la peur qu’ils inspi-raient a, depuis, atteint les fau-bourgs de Damas. La mobilisationde vendredi 22 avril, pourtant pla-cée sous les promesses de la levéede l’état d’urgence et du « droit à lamanifestation pacifique», a donnélieu à une répression sanglante quia fait plus de 100 morts, selon ledécompte des organisationssyriennes des droits de l’homme.

Les images filmées par télépho-nes portables, vendredi, à Deraa,montrent des scènes cauchemar-desques: des hommes blessés parballes, hurlant de douleur et appe-lant des ambulances qui ne vien-nent pas, des morts qui se videntde leur sang sur la chaussée et desenfants à la tête à moitié arrachée.

«Instigateurs étrangers»Dans un geste inédit, deux

députés originaires de Deraa ainsique l’imam de la mosquée Omariont annoncé, dimanche, leurdémission. Ils appartenaient à ladélégation de la ville que le prési-dent Assad avait rencontrée lasemaine précédente. « Nous avonsatteint un point de non-retouraprès le meurtre de nos fils par lesforces de sécurité, a dit l’imam à lachaîne qatarie Al-Jazira. Il n’y aplus d’espace possible pour la dis-cussion. » Lundi après-midi, dessources officielles jordaniennesont indiqué que la Syrie avait « fer-mé ses frontières terrestres ». Infor-mation démentie par Damas.

L’agence de presse officiellesyrienne SANA, qui avait décrit,vendredi, « des manifestations defaible ampleur», est restée muettesur l’opération militaire en cours àDeraa. Seule une « source militai-re», citée par l’Agence France-Pres-se, a évoqué l’entrée de l’arméepourpourchasserdes«groupester-roristesextrémistes».D’autresopé-rations d’envergure ont eu lieu àNawa (proche de Deraa), à Douma(banlieue de Damas) et à Jableh(sur la côte méditerranéenne).

En manière de mise en gardeofficielle aux manifestants,l’imam de la grande mosquéeomeyyade àDamas (nommé par lerégime), Mohammed Saïd Rama-dan Al-Boutti, a donné un entre-tien à la télévision nationale. « Lesrassemblements sont et resterontdes fenêtres d’infiltration pour lesmalfaiteurs, a-t-il déclaré. Les insti-gateurs en sont des étrangers quivivent chez eux en toute quiétudeet nous observent tel un divertisse-ment. (…) La seule solution est d’ymettre fin. » – (Intérim.) p

n Sur le Webprintempsarabe.blog.lemonde.fr

International

Abdelfatah Morou, cofondateurd’Ennhada, était lui aussi pré-sent aux journées organisées parles Musulmans de France. Esti-mant avoir été «éloigné» contreson gré de la nouvelle directiondu parti, il prend ses distances,condamne la violence passée etmultiplie les déclarations provo-catrices, «Les islamistes, com-me les autres, sont tentés d’acca-parer le pouvoir», affirme cetavocat populaire en Tunisie, quin’exclut pas de se présenter surune liste indépendante.

L ’Histoire bégaie pour l’écri-vain palestinien AhmedQatamesh. Celui qui fut

dans les années 1990 l’un desplus célèbres prisonniers d’opi-nion en Israël a été arrêté de nou-veau par des soldats israéliens,jeudi 21avril, en Cisjordanie.

Incarcéré entre1992 et 1998 autitre de la détention administrati-ve, considéré à cette époque com-me l’un des leaders du Front popu-laire de libération de la Palestine(FPLP, gauche radicale), il risquede faire à nouveau les frais de cet-te procédure arbitraire, héritée dumandat britannique, qui permetd’emprisonner un individu pourune durée indéfinie sans avoir àprononcer la moindre accusation.

«C’est encore et toujours lamême histoire, soupire Lea Tse-mel, l’avocate d’Ahmed Qata-mesh, infatigable défenseure desdroits des Palestiniens. Mon clientqui a 60 ans ne fait rien d’autrequ’écrire et donner des conféren-ces. Je suppose que son arrestationest liée aux manifestations qui sepréparent pour le 15mai, date anni-versaire de la Nakba [l’exode forcédes Palestiniens en 1948]. C’est dela répression politique.»

Les soldats sont arrivés un peuaprès minuit au domicile fami-lial, une belle maison en lisièred’Al-Bireh, la ville jumelle deRamallah. Après avoir regroupéles occupants de la maison etconstatant que leur proie ne s’y

trouvait pas, les militaires ont for-cé son épouse, Souha, à l’appelersur son portable. « Ils lui ont ditque s’il ne se rendait pas, ils met-traient la maison en pièces etnous feraient des choses qu’il estpréférable de ne pas imaginer »,ajoute-t-elle. Deux heures plustard, les soldats repartaient, lamission accomplie, non sansavoir mis à sac l’appartement del’étage supérieur.

Dans les années 1990, Amnes-ty International s’était mobiliséepour obtenir la libération d’Ah-med Qatamesh, qui détient lerecord de durée de détentionadministrative. Des figures ducamp de la paix israélien s’étaientjointes à cet effort qui avait fini

par payer, les services de sécuritéétant incapables de lui imputer lemoindre délit.

Meurtri, Ahmed Qatameshs’était éloigné du militantismepolitique pour s’investir dansl’écriture. Treize ans plus tard,c’est le retour à la case prison,dans les mêmes conditions. «C’estune torture psychologique, dit sonépouse. Entre 1992 et 1998, notrefille, Haneen, n’avait pas cessé deme demander quand elle pourraitrevoir son père et je n’avais rien pului répondre.» Sur les 5 700 Pales-tiniens actuellement emprison-nés en Israël, 214 sont des détenusadministratifs. p

Benjamin Barthe

(Jérusalem, envoyé spécial)

LaSyrie déploiel’arméepourtenter d’écraserlacontestationLes soldats ont isolé Deraa, d’où était partiela contestation. L’opération aurait fait 25morts

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Page 7: Le Monde - Mercredi 27 avril 2011

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Saint-DomingueCorrespondant

C inq mois après le premiertour de scrutin, la crise pos-télectorale a rebondi en Haï-

ti. La victoire du chanteur MichelMartelly à la présidentielle n’estpas remise en cause. Mais les résul-tats du second tour des législativesontrelancélesviolences et lesaccu-sations de fraude au profit de l’Ini-té (« unité » en créole), le parti duprésident sortant René Préval.

Au moins trois personnes ontété tuées lors d’affrontementsentre sympathisants de partisrivaux. Les forces des Nationsunies ont renforcé leur dispositifdans plusieurs régions. La sessioninaugurale du nouveau Parle-ment, qui devait se tenir lundi25avril,dansunbâtimentpréfabri-quéconstruitàlahâtepourrempla-cer l’édifice détruit lors du séismedu 12 janvier 2010, a été reportée.

Après la levée de boucliers pro-voquée par la divulgation, le21 avril, des résultats des législati-ves, le Conseil électoral provisoire(CEP) a publié lundi une nouvelleliste expurgée de dix-neuf siègescontestés. Le CEP dit avoir pris cet-te décision « par sagesse, dans unsouci de transparence ».

Elu avec 67 % des suffrages ausecond tour, le président Martellyademandé àla communautéinter-nationale « de ne pas reconnaîtreles résultats des législatives ». « Cesrésultats sont inadmissibles et ne

reflètent pas la volonté populaire »,a déclaré le chanteur, surnommé« Sweet Micky ». Il a demandé une« mission internationale de vérifi-cation».

L’ONU et les principauxbailleurs de fonds d’Haïti (Brésil,Canada, Espagne, Etats-Unis, Fran-ce et Union européenne) ont expri-mé « des doutes sérieux par rapportà la transparence et la légitimité »des résultats des législatives. « Tou-tes les modifications [par rapportaux résultats préliminaires], àdeuxexceptionsprès,sontenfaveurdu parti au pouvoir», notent-ils.

Selon le CEP, l’Inité a obtenu46 députés, dont 33 au secondtour, sur un total de 99 sièges à laChambre basse. Le parti du prési-dent Préval s’est assuré la majoritéabsolue au Sénat avec 17 élus sur30.Repons peyisan («réponse pay-sanne»), la formationdeM.Martel-ly, n’a remporté que trois sièges àla Chambre des députés. Le prési-dent élu, qui prêtera serment le14 mai, doit choisir le premierministre de concert avec les prési-dentsdesdeuxchambres. Etle gou-vernement peut être renversé parune motion de censure.

Le premier ministre copréside,

avec l’ancien président américainBill Clinton, la commission intéri-maire pour la reconstructiond’Haïti.Cet organismejoueunrôle-clé dans l’affectation des sommes,10 milliards de dollars (6,8 mil-liards d’euros), promises après leséisme. Le maintien de l’actuelchef de gouvernement Jean-MaxBellerive à la primature, évoquéces dernières semaines, risqued’être compromis par le rebondis-sement de la crise politique.

Le climat semblait pourtants’être détendu. Le président Prévalavait reçu à déjeuner son succes-seur pour préparer la transition.Des ténors de l’Inité, dont son coor-donnateur,lesénateurJosephLam-bert, évoquaient « une cohabita-tion constructive » avec le prési-dent élu. M. Martelly, qui a reçu lesoutien« enthousiaste »de lasecré-taired’EtataméricaineHillaryClin-tonlorsd’unerécentevisiteàWash-ington, avait souhaité « la collabo-ration» de toutes les forces politi-ques pour reconstruire Haïti.

« Beaucoup de rumeurs circu-laient avant la publication desrésultats, sur des magouilles en pré-paration ou des distributions d’ar-gentàdesmembres duCEP», racon-teundiplomatecaribéen àPort-au-Prince. « La modification des résul-tats préliminaires, qui semblaientbienacceptés,aouvertunecrisegra-ve dont la solution, politique, estentre lesmains des deuxprésidents,sortant et élu », ajoute-t-il. p

Jean-Michel Caroit

WashingtonCorrespondante

K arl Rove l’a dit, et tous lesrépublicainsavec lui : la can-didature de Donald Trump

est absolument « fantaisiste ».Jamais le Parti républicain n’adou-bera un candidat comme lemagnat de l’immobilier, mariétrois fois et pourvu d’une mèchede cheveux qui ressemble à unetoque de fourrure et fait les délicesdes humoristes.

Mais Donald Trump, 64 ans, esten train d’installer l’idée d’uneéventuellecandidaturedanslepay-sagepolitico-médiatique. Ilestpar-tout. En l’absence de candidatsdéclarés contre Barack Obama en2012, ilaremplil’espace, et,commeilsaityfaire, questioncommunica-tion, les médias suivent le mouve-ment. Résultat : dans les dernierssondages CNN et NBC, DonaldTrump est pris au sérieux par de17% à 19 % des républicains. Il arri-ve en deuxième position derrièrel’ex-gouverneur Mitt Romney, lar-gement devant Sarah Palin.

DonaldTrumpauncertainnom-bred’atouts.Sa notoriété,déjà,assi-se grâce à son émission de télévi-sion « Celebrity Apprentice », où iljoue les patrons de choc et terminesur un licenciement. Son « Vousêtes viré! » est aussi emblématiqueque sa coiffure, laquelle a suscitéuneinfographie entière dans Time.

Et sa fortune : « Je vaux beau-coup beaucoup beaucoup plus queMitt Romney », a-t-il fanfaronné.Lesjournalistesquiontmisendou-te la réalité de ses avoirs, frappéspar une banqueroute dans les casi-nos, ont reçu un appel en direct de«The Donald » (le surnom qu’utili-saitsapremière femme,la TchèqueIvana Zelnickova). Il a promis dedire« oùsontlesbanqueset cequ’el-

les recèlent » en même temps qu’ilannoncera formellement sa candi-dature, s’il s’y décide. Le magazineForbes lui a attribué une fortune de2,7milliards de dollars, « très très endessous» de la réalité, a-t-il assuré.

«Arnaque»…Côté idées, Donald Trump surfe

sur le poujadisme ambiant. Ildénonce la Chine, qui nous « arna-que », la Ligue arabe, qui « nousdemande d’aller en Libye sans ver-ser un centime », et le « désastre »qu’est la réforme de la santé deBarack Obama…

Surtout, en homme de marke-ting qu’il est, Donald Trump a sus’emparer du thème qui rallie leTea Party : la légitimité de BarackObama à occuper le Bureau ovale.L’Etat d’Hawaï a beau avoir publiépendant la campagne électorale2008 l’extrait de naissance quiindique que le candidat à la prési-dence est né à Honolulu le 4 août1961, les interrogations persistent.Le fantasme de sa naissance « àl’étranger » est régulièrement rap-

peléparles républicainsqui courti-sent le Tea Party, une attitudejugée suicidaire par les caciques.

Sur un ton très « matter of fact»,Donald Trump a redonné vie à lacontroverse. Dès qu’il évoque le44e président, il ne manque pas delancer:«Apropos, jeveuxvoir lecer-tificatdenaissance! » Selonun son-dage CBS/New York Times, publiémi-avril, 57 % des Américains pen-sent que Barack Obama est né auxEtats-Unis, contre 25 % qui croientle contraire. Mais si on interrogeles seuls républicains, 45 % sontconvaincus qu’il est né hors dupays (contre 33 % seulement quicroient à sa naissance à Hawaï).

Les birthers, selon le nom quileur a été attribué, ont réussi à pro-pulser dans une douzaine d’Etatsdes projets de loi exigeant que toutcandidat à une fonction publiqueprésente l’intégral de son certificatde naissance. Mi-avril, la gouver-neure de l’Arizona, Jan Brewer,moins radicale depuis son électionen novembre 2010, a mis son vetoà un texte en ce sens, à la surprisegénérale. Mais, dans l’Oklahoma,le projet a des chances d’être adop-té : dans cet Etat où Barack Obaman’a conquis qu’un tiers des voix en2008, même des démocrates ontvoté pour.

Donald Trump devrait annon-cer s’il se présente lors de sa derniè-re émission de la saison, en juin. Ilavait déjà caressé l’idée en 2000, àl’époque comme candidat du Partide la réforme fondé par le milliar-daire Ross Perot. Sachant qu’il nesera pas le candidat républicain, ilpourraitêtretentéparunecandida-ture indépendante, qui ferait de luile Ross Perot de l’élection 2012. Uneperspective qui ferait les affairesdes démocrates, comme elle avaitfait celles de Bill Clinton en 1992. p

Corine Lesnes

Lacroisadeanti-ObamatrèsmédiatiquedeDonaldTrumpLe magnat de l’immobilier envisage d’être candidat à la présidence en 2012

«Ces résultatsnereflètent paslavolonté populaire»

Le président Martelly

International

Des républicainsdiscrets

Prétendants Aucun candidatn’est encore déclaré officiellementcôté républicain, sinon un inconnu,Gary Johnson, un «libertarien» duTexas. Avec le retrait, lundi25avril, du gouverneur du Missis-sippi, Haley Barbour, ils ne sontplus que 17 possibles prétendants.

Fonds Un seul comité exploratoi-re: celui de Mitt Romney. C’est lapremière étape vers la candidaturequi permet de récolter des fonds.

Débat Le premier débat des candi-dats à l’investiture devait avoir lieule 2mai en Californie. Il a été repor-té à l’automne.

Donald Trump, le 16 avril, à Boca Raton, en Floride. GARY CORONADO/AP

Regain de«blagues» racistes surInternet

LacontestationdeslégislativesrelancelacriseenHaïtiDes soupçons de fraude compromettent la cohabitation entre le présidentélu, Michel Martelly, et le parti du chef de l’Etat sortant, René Préval

M arilyn Davenport sedéfend de tout racisme.Pour qu’il y ait racisme,

assure-t-elle, «il faut qu’il y ait l’in-tention». C’est donc sans l’ombred’un soupçon de racisme quel’élue républicaine a répercuté àses amis de la région de Los Ange-les un courriel qu’elle avait reçud’un membre du Tea Party et quil’avait bien fait rire.

On y voit une photo de troischimpanzés, assis face à l’objectifcomme pour une photo defamille: le père, vêtu d’une chemi-se bleue, la mère, d’un chandailrouge. Sur ses genoux, le bébé sin-ge a la tête de Barack Obama.«Maintenant, vous comprenezpourquoi il n’y a pas de certificat denaissance!», précise le message.

Marilyn Davenport, qui s’occu-pait de publications chrétiennesavant de prendre sa retraite, fait

partie des birthers, les Américainsqui sont persuadés que BarackObama a menti sur sa naissance,ce qui le disqualifie pour occuperla Maison Blanche.

Les responsables du Parti répu-blicain de Californie lui ontdemandé de démissionner, esti-mant qu’elle fait du tort au mou-vement. Elle a refusé. Pour elle, ilne s’agissait que d’une «satire poli-tique», car elle «ne pense pas entermes de races ». Et elle «ne voitpas Barack Obama comme unepersonne de couleur». Devant letollé, elle s’est quand même excu-sée, mais a reporté la faute sur letraître républicain qui avait faitsuivre son message aux médias.

Scott Moxley, le journaliste quia, le premier, publié le cliché tru-qué, le 15avril, estime que le com-té d’Orange est un véritable «incu-bateur» de ce genre de sorties

racistes à prétexte humoristique.Dans sa liste des hilarious

haters figure l’étudiante de UCLAqui a diffusé une vidéo YouTubedénonçant – mimiques à l’appui –les «hordes d’Asiatiques» qui trou-blent le calme de la bibliothèqueavec leurs coups de fil sur le tsuna-mi; la boutique de surf qui a pro-duit une photo de Martin LutherKing en combinaison de plongéeen proposant des soldes sur tousles vêtements noirs.

Ou encore la carte de vœuxenvoyée par le maire de Los Alami-tos, Dean Grose, montrant les jar-dins de la Maison Blanche plantésde pastèques, une symbolique rap-pelant l’esclavage. C’était au débutde la présidence Obama. Il avaitdû démissionner.p

C. Ls

(Washington,

correspondante)

Page 8: Le Monde - Mercredi 27 avril 2011

Reportage

Riace (Italie)Envoyé spécial

O n l’appelle « le village desmigrants ». En arrivant surla petite place de Riace, ce

village du fin fond de la Calabreperché sur une colline, non loin dela côte, on comprend vite pour-quoi. Les fillettes qui courent encriant, en cet après-midi presqueestival, sont éthiopiennes,érythréennes ou somaliennes.Comme leurs mères qui veillentsur elles depuis l’atelier de coutu-re, un peu plus loin. Ce n’est paspour rien qu’à l’entrée de Riace, lepanneau indique « ville d’accueil »et qu’il y a quelques jours, L’Osser-vatore Romano, le quotidien duVatican, a cité cette bourgade com-me un exemple à suivre vis-à-visdes immigrés.

Alors que d’un bout à l’autre del’Italie, les Tunisiens arrivés cesdernières semaines à Lampedusasont rejetés, le maire de Riace,Domenico Lucano, a fait savoir augouvernement que sa communeétait prête à en accueillir une par-tie. Une quarantaine de commu-nes des alentours aussi se disentdisponibles à emboîter le pas deRiace sur le chemin de la solidaritéchoisi un jour de juillet1998.

Ce jour-là, une embarcationavec 300 Kurdes à bord échouesur la côte. Les habitants ne réflé-chissent pas à deux fois etouvrent leurs portes. C’est ledéclic. Ces étrangers arrivés de lamer constituent une aubainepour un village en voie de dépeu-plement. Riace comme tantd’autres communes calabraisesest déserté par ses habitants, par-tis chercher fortune ailleurs.

Alors que le bourg comptaitplus de 2 500 personnes dans lepassé, il n’en abrite plus que quel-ques centaines. La découverte, en1972, au large, des Bronzes de Riace,deuxsculptures grecques du Ve siè-cle avant J.-C., a été la énièmedéception. Les statues sont partiesau musée de Reggio de Calabre.Avec les touristes qui devaientaffluer ici et contribuer à stopperl’émigration.

Riace comprend alors que sarichesse réside dans l’accueil desétrangers. Le village allait remplirle vide laissé par ses émigrés partisau Canada ou en Australie avec cesimmigrés venus, eux aussi, deloin. « Un avenir était possible,avec une nouvelle cohésion sociale.Les gens s’en allaient, l’école avait

fermé, les services de base commen-çaient à manquer. On se deman-dait à quoi bon programmer enco-re des travaux publics, et mêmetenir en vie un bourg qui se vidaitpetit à petit. Or, avec ces nouveauxarrivés, l’espoir pouvait renaître »,explique le maire.

Assis au café ou sur les marchesde l’église, les habitants semblenthabitués à une situation qui leurapparaît désormais comme nor-male.« Nous nous sommes pas malrepeuplés, mais je peux vous direque le village était littéralementmort », lance, satisfait, l’un d’entreeux. Un autre villageois acquiesceen regardant les enfants courirdans les ruelles : « Pour nous, cesont tous des petits-fils. »

Une association se charge derepérer les logements vides et deles remettre en état pour l’accueildes réfugiés. Ceux-ci ne sont paslaissés seuls. En attendant les sub-ventions pour les demandeursd’asile qui tardent systématique-ment, des bons sous la forme

d’une sorte de monnaie locale, àl’effigie de Gandhi, Luther Kingou Che Guevara, circulent libre-ment dans le village. Au momentoù l’argent arrivera, les magasinsdemanderont à être réglés directe-ment à la commune.

En attendant la définition deleur statut, les réfugiés occupentleur temps avec profit. Le silencedes ruelles est rompu par des ate-liers de couture, de menuiserie, decéramique, de verrerie qui ont étéouverts en vertu d’un plan régio-nal pour l’insertion des migrants.L’idée est de transmettre auximmigrés les vieux métiers du cru.

Employée à la verrerie, Lubabaest arrivée d’Ethiopie il y a troisans, au terme d’un long périple.En Libye, elle s’est embarquéepour Lampedusa, avant de com-mencer un autre voyage dans lescentres d’accueil italiens, cettefois. Jusqu’à Riace où elle a décidé,enfin, de s’arrêter. « J’ai un loge-ment, j’ai de quoi vivre, j’apprendsun métier et ma fille est née ici »,explique-t-elle.

Six mille réfugiés sont passéspar le village au fil des années. Sibeaucoup repartent, certains res-tent et tentent de créer leur propreatelier ou commerce. Un choix quin’est pas facile, comme a pu leconstater cette Afghane qui aouvert Les Tricots d’Herat (villeafghane) après avoir fui son paysavec ses deux enfants à la suite dela mort de son mari. « Nous avonsdequoimangergrâce à ceque j’arri-ve à vendre, mais c’est dur. L’hiver,c’est mieux, mais l’été, j’ai plus demal avec les tricots en laine », expli-que-t-elle en travaillant sous leregard de sa fille Faeze.

Cette dernière n’a pas de doute.Son avenir est ici. Dans son italienau fort accent calabrais, elle dit sesentir « comme les autres à l’éco-le ». Plus de 200 réfugiés commeelle et les membres de sa familleont fait le choix d’être les nou-veaux citoyens de Riace.p

Salvatore Aloïse

LondresCorrespondant

A première vue, le mariage, le29 avril, du prince Williamet de Catherine Middleton

devrait être rentable. Les nocesont provoqué un vrai boom pro-motionnel. La fête devrait rappor-ter 480 millions de livres(543,4 millions d’euros) en dépen-ses supplémentaires de nourritu-re, alcool et vente de cadeaux sou-venirs ainsi que de produits déri-vés en tous genres.

Les groupes de distribution pré-disent une hausse des ventes deproduits symboles d’un certain artde vie britannique, concombrespour le Pimm’s et les sandwichs,fraises et crème fraîche, bière,chips et saucisses.

Depuis plusieurs semaines, lesactions des firmes britanniquesd’agroalimentaire, des grandsmagasins, des chaînes hôtelièreset de restauration, des fabricantsde céramique et des experts de la

sécurité ont grimpé. Les fabricantsdes boissons favorites de la futuremariée – Coca-Cola et le whiskyJack Daniel’s – devraient en tirerprofit ainsi que ses magasins favo-ris,Peter Jones (chaîne John Lewis),Harvey Nichols et le prêt-à-porterJigsaw où elle a brièvement tra-vaillé. VisitBritain, l’organisme depromotion du pays, estime que lesquelque600000touristes supplé-mentaires attendus dépenserontentre 40 millions et 50millions delivres.

Ce pactole devrait permettre decompenser en partie la baisse desventes de détail provoquée par lescoupes draconiennes dans les ser-vices publics, la hausse de la TVA etde la contraction des bonus versésen février-mars, estime le cabinetde recherche Verdict.

L’événement est d’autant plusprofitable que l’investissementpour le contribuable est relative-ment modéré, essentiellement lesfrais de l’impressionnant disposi-tif de sécurité estimés à 5 millions

de livres. Le coût du mariage pro-prement dit est réglé par la reine etle prince de Galles. La contributiondes Middleton – notamment larobe de la mariée et celles desdemoiselles d’honneur et une par-tie du coût du transport des invi-tés personnels à l’abbaye de West-minster – est modeste pour unefamille riche : de l’ordre de100 000 livres.

Onze jours de vacancesBuckingham Palace s’est refusé

à préciser le montant exact de lafacture totale, se bornant à direqu’on avait veillé à dépenser leminimum en ces temps d’austéri-té d’une ampleur sans précédent.

Reste que sur le plan macroéco-nomique, ce mariage entraîneune lourde perte de productivité.Le choix du 29 avril, déclaré férié,entre deux longs week-ends chô-més prolongés (les fameux bankholidays), a permis à de nom-breux employés, en prenant troisjours de congé, d’avoir onze jours

de vacances d’affilée. Des usinestournent au ralenti ou ont décidéd’arrêter la production tandisque de nombreux bureaux sontdésertés.

D’après une étude de la RoyalBank of Scotland, cet absentéismedevrait coûter entre 0,1 % et 0,2 %de croissance du PIB au cours dudeuxième trimestre 2011 alors quela reprise économique n’est tou-jours pas au rendez-vous. La pro-duction manufacturière pourraittomber de 5 % à 10 % !

Cette douce dérive à laquelle lessujets de Sa Majesté se laissentaller, sans donner l’impression des’enpréoccuper exagérément,pro-voque les commentaires attristésdes milieux patronaux qui secroient revenus aux pires heuresde la société industrielle scléroséedes années 1970, quand le prési-dent du syndicat des mineursdéclarait en toute candeur : « LesBritanniques ne sont pas nés pourtravailler.» p

Marc Roche

Dans lesud de l’Italie, un village désertéreprendvie en accueillantdes immigrésEn 1998, la bourgade de Riace a ouvert ses portes. Les migrants y ont pris racine

SydneyCorrespondance

L ’Australie fait face à une nou-velle polémique sur le traite-ment des demandeurs d’asi-

le. Alors que le pays commémo-rait, lundi 25 avril, l’Anzac Day, lajournée des anciens combat-tants, quelques centaines demanifestants protestaientdevant le centre de rétention deVillawood, à Sydney, en signe desolidarité avec les réfugiés. Vil-lawood vient d’être le théâtred’émeutes médiatisées.

Une centaine de détenus ontincendié des bâtiments il y a quel-ques jours. Trois demandeursd’asile ont pris position sur untoit du centre et refusaient tou-jours d’en redescendre, mardi. Lemouvement s’étend. A des mil-liers de kilomètres de là, dans lecentre de rétention de Curtin (Aus-tralie-Occidentale), des deman-deurs d’asile poursuivent une grè-ve de la faim. Sur l’île de Christ-mas, dans l’océan Indien, où sontmaintenus quelque 2 000 boatpeople, l’un d’eux s’est même cou-su les lèvres.

Ces protestations succèdent àdes émeutes qui avaient eu lieucourant mars. En cause, les délaisde traitement des demandes d’asi-le. L’Australie accepte quelque13 000 réfugiés chaque année.Dans la moitié des cas, leurs dos-siers sont traités alors qu’ils atten-dent à l’étranger. Ceux, peu nom-breux, venus par avion présen-tent leur demande une fois enAustralie et sont autorisés à vivredans la communauté.

En revanche, les boat peoplesont obligatoirement placés encentre de rétention, pour unedurée indéterminée, le tempsqu’une décision soit prise. Uneaberration, aux yeux des associa-tions de défense des réfugiés, quipointent les effets d’une incarcé-ration longue sur la santé menta-le des demandeurs d’asile.

« Cette incarcération, qui peutprendre un an, a des conséquencespsychologiques importantes. Desboat people, reconnus commeréfugiés, doivent malgré tout res-ter en détention le temps que lesvérifications de sécurité soient éga-

lement faites. Or le système estsaturé, et cela prend trop detemps. Cela crée une grande frus-tration », estime Ben Saul, direc-teur du Centre de droit internatio-nal de l’université de Sydney.

Le gouvernement travaillisteavait pourtant assoupli la législa-tion à son arrivée au pouvoir, en2007. Il a ainsi autorisé lesenfants et leurs mères à vivre endehors des centres de rétention.Mais dans les faits, la détentionreste de mise pour la majorité deceux que les Australiens appel-lent des queue jumpers (« des cou-peurs de file ») : les boat peoplequi n’ont pas attendu dans descamps de réfugiés.

«Repousser les bateaux»« En réalité, cette notion de

“queue jumper” est fausse : beau-coup n’avaient de toute façon pasaccès à des camps de réfugiés dansleur pays », remarque M. Saul.« Nous devons avoir un systèmequi nous permet de vérifier lesdéclarations des gens », a pour-tant défendu le premier ministre,Julia Gillard.

En Australie, le nombre de boatpeople reste faible, quelques mil-liers par an, essentiellement desAfghans et des Tamouls du Sri Lan-ka. Mais chaque nouvelle arrivéeprovoque l’émoi d’un public sou-vent prompt à les considérer com-me une menace.

Tony Abbott, le chef du Partilibéral (opposition), qui prometde « repousser les bateaux », n’a decesse de réclamer une politiqueplus sévère. En réaction, le minis-tère de l’immigration vient dedéclarer que les responsables desincendies de Villawood et, plusgénéralement, toute personnecoupable d’un crime en centre derétention n’obtiendraient plus devisa permanent, même s’ils sontreconnus comme réfugiés.

Confronté à une question quipeut lui coûter beaucoup de voix,le gouvernement tente parailleurs depuis des mois de mettreen place des centres de rétentionrégionaux. Mais pour le moment,Canberra a beaucoup de peine àconvaincre les pays de la zone d’ac-cepter eux aussi des réfugiés.p

Marie-Morgane Le Moël

Nouvellestensionsen Australiesurle sortdesboat peopleDes réfugiés ont lancé des mouvements deprotestation dans plusieurs centres de rétention

Riace

Djerba

MALTE

Sicile

SardaigneBaléares MerTyrrhénienne

MerMéditerranée

MerIonienne

ALGÉR IE

150 km

LampedusaTUNIS IE

L IBYE

Italie

ITALIE

Bangladesh

Une enquêtedisculpe M.Yunusdusoupçon dedétournementde fondsDACCA. Le Prix Nobel de la paix bangladais Muhammad Yunus a étélavé du soupçon d’avoir détourné l’argent donné par la Norvège à la ban-que de microcrédit qu’il avait fondée, a annoncé le ministre bangladaisdes finances, lundi 25 avril. En décembre2010, un documentaire norvé-gien accusait le héraut de la microfinance d’avoir détourné 96 millionsde dollars d’aide à la Grameen Bank, une institution de microcréditpour les pauvres, afin d’alimenter d’autres branches du groupe Gra-meen. M. Yunus, 70 ans, a été reconnu innocent par la Norvège mais lepremier ministre du Bangladesh, Mme Cheikh Hasina, l’a ensuite accuséde « sucer le sang des pauvres ». La commission d’enquête nommée parle gouvernement bangladais n’a trouvé aucune preuve concernant unéventuel détournement de fonds, ni sur les accusations selon lesquellesla Grameen Bank aurait fait payer des taux d’intérêt excessifs auxemprunteurs pauvres. M. Yunus avait été démis de son poste de direc-teur général à la Grameen Bank. – (AFP.) p

UE L’Allemagne et l’Autriche s’ouvrent aux travailleurspolonais, tchèques ou hongroisBERLIN. L’Allemagne et l’Autriche s’ouvrent le 1er mai aux travailleurspolonais, tchèques ou hongrois et bouclent ainsi l’élargissement del’Union européenne en 2004. Les deux pays avaient été les seuls de l’UE,en 2009, à repousser de deux ans l’ouverture de leur marché du travailaux ressortissants de huit pays entrants. – (AFP.)

Hongrie Le président Schmitt a ratifié la ConstitutionBUDAPEST. Le président hongrois Pal Schmitt a ratifié, lundi 25 avril, laConstitution adoptée par le Parlement, jugée en contradiction avec lesvaleurs européennes. Que la ratification ait eu lieu un lundi de Pâquesest, pour le premier ministre Viktor Orban, « un signe du destin». – (AFP.)

«Nous noussommespasmalrepeuplés,mais jepeuxvous direquelevillage étaitlittéralement mort »

Un habitant de Riace

Deux réfugiées érythréennesdans un atelier de coutureà Riace. PIERRE LE TULZO

International&Europe

BoompromotionnelautourdesnocesprincièresàLondresLes jours fériés liés au mariage du prince William pourraient toutefois peser sur la croissance

8 0123Mercredi 27 avril 2011

Page 9: Le Monde - Mercredi 27 avril 2011

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Dansle Nord, enSambre-Avesnois, dix-septclassesdisparaissent

S équestration symboliqued’un directeur d’école àAiguillon (Lot-et-Garonne),

« nuit des écoles » à Montpellier etses environs, occupation d’école àThionville (Moselle), opération« école morte » à Caen. Pas un joursans qu’une initiative ne viennedénoncer la suppression des pos-tes d’enseignants en maternelle eten primaire. « Des actions sontdéjà recensées dans 60 départe-ments », affirme Sébastien Sihr,secrétaire général du SNUipp.

On connaissait, depuis décem-bre 2010, l’ampleur du sacrificeimposé à l’école à la rentrée2011-2012. Les parents savaientque 8 967 postes seraient suppri-més dans le premier degré (mater-nelle et élémentaire) alors que4900 nouveaux élèves sont atten-dus.Onconnaissait aussila réparti-tionacadémiquedes coupes,parti-culièrement sévères pour Lille etNancy-Metz.

Maison ignoraitencorelesdota-tions pour chaque école, dossierreportéaprèslesélectionscantona-les. Les isoloirs rangés, l’annoncedes « cartes scolaires départemen-tales » a fait l’effet d’une bombe.Quelque3367 des 8967postes sup-primés correspondent à des maî-tres en charge d’une classe. Pour lapremière fois, le rapport entreouvertures et fermetures est néga-tif : – 1 500 classes prévues en sep-tembre 2011 (contre + 373 en sep-tembre2010).

« L’évolution sera pour la pre-mière fois perceptible par lesparents », explique l’historien del’éducation Claude Lelièvre. Jus-qu’à présent on avait rogné sur lespostes de remplaçants, ceux déga-gés pour la formation, lesconseillers pédagogiques, les profsen charge des élèves en difficulté,les animateurs en langues ou artsplastiques », précise-t-il. D’autresvariables d’ajustement sont utili-sées par les inspecteurs d’acadé-mie et les recteurs : le relèvementdu nombre d’élèves par classe et lanon-scolarisation des enfants demoins de 3 ans. « L’école est à l’os »,analyse l’historien.

Pourtant, le cap sera maintenu,selon le secrétaire d’Etat à la fonc-tion publique, Georges Tron, invi-té le 27 avril du Grand Jury-RTL-LeFigaro-LCI. Une position affirméepar Nicolas Sarkozy lors de sondéplacement le 19 avril dans lesArdennes, même si ce dernieravait reconnu un peu plus tôtdevant les députés UMP du collec-tif droite rurale avoir « conscience

des limites » de sa politique deréductiondes dépenses publiques.Leministredel’éducation nationa-le,dela jeunesse etdelavie associa-tive, Luc Chatel, a, de son côté, ten-téderelativiser lescoupesendécla-rant sur RMC, mardi 26 avril, qu’ily aura, en septembre, « plus de pro-fesseurs et moins d’élèves » qu’il y aquinze ans. Il ajouté « 245 000 clas-ses de premier degré à la rentrée,c’est sensiblement le même chiffrequ’il y a quatre ou cinq ans ».

Enseignants et parents d’élèvesestiment pourtant que l’école pri-

maire, à laquelle la France consa-cre déjà 15 % de moins que lamoyenne des pays de l’Organisa-tion de coopération et de dévelop-pement économiques (OCDE), nepourra se permettre les 16 000suppressionsde postes prévues en2012. Ce constat est partagé par laFédération des parents d’élèves del’enseignement public (PEEP), clas-sée à droite. Même l’enseigne-ment privé, qui ne perd « que »1 533 enseignants, se fait entendre.« Cent postes nous manquent pourune rentrée non pas confortable

mais convenable », répète Eric deLabarre, secrétaire général.

Si la mobilisation reste locale, àl’échelle de l’école concernée, ellen’a plus rien de dispersée, soutientChristian Chevalier, secrétairegénéral du SE-UNSA : « Une, deux,voire trois occupations d’écoles pardépartement, comme on l’observeà Toulouse, c’est inédit. » Mêmeconstat de la part de Thierry Car-dart, secrétaire général du SGEN-CFDT. Le SNUipp a déjà recenséune cinquantaine de disparitionsde « petites écoles» – d’une à deux

classes–àla rentrée.«Lesregroupe-ments pédagogiques communauxexistent depuis vingt-cinq ans. Là,on voudrait regrouper des regrou-pements ! », s’insurge Vanik Berbe-rian, maire (MoDem) de Gargiles-se-Dampierre (Indre), et présidentde l’Association des maires rurauxde France. « Cela a un impact surl’attractivité des villages ; c’est aus-si un transfert de charges pour lesdépartements contraints de revoirle transport, coûteux, des élèves. »

Certains prévoient une annéeexplosive. Le sociologue François

Dubet n’exclut pas un blocaged’envergure, mais plutôt en mars,à l’annonce de la prochaine « cartescolaire départementale »… et à unmois de l’élection présidentielle.

Aux 8 967 postes supprimésdans le premier degré, viennents’ajouter les 7 033 coupes dans lescollèges et lycées, mais qui, elles,se voient moins ou frappentmoins les esprits. Reste qu’au totalcesont 16000postes qui disparais-sent encore, portant à 66 000 lessuppressions depuis 2007. p

Mattea Battaglia

L a région Ile-de-France a lancé,mardi 26avril, un «pass santécontraception»,aulycéepoly-

valent Elisa-Lemonnier dans le 12e

arrondissement de Paris. Luc Cha-tel,ministredel’éducationnationa-le, associé au dispositif, accompa-gnait Jean-Paul Huchon, le prési-dent (PS) du conseil régional.

Ce dispostif consiste à remettreauxjeunes,àleurdemande,parl’in-firmière de leur établissement, descoupons (consultation chez ungénéralisteou ungynécologue, pri-sedesang,délivrancedecontracep-tifs pour trois à six mois…) qui leurpermettront d’accéder gratuite-ment et anonymement à unecontraception. Ils pourront ainsi sepasser d’une concertation avecleurs parents. Les élèves inscrits enseconde ou en niveau équivalent(apprentis) en seront les bénéficiai-

res prioritaires. Au total, 159 000jeunes sont susceptibles de souhai-ter se le procurer, selon la Région.

« Les jeunes ayant besoin d’unecontraception, régulière en particu-lier,sontconfrontésàdifférentsobs-tacles», est-il expliqué sur le site de

l’Ile-de-France, qui cite « le manquede confidentialité du circuit de rem-boursement» – puisque les jeunessont inscrits sur la carte vitale deleurs parents jusqu’à 18 ans –, lesproblèmes de financement ou une

méconnaissancedu sujet. La mesu-re vise notamment à fairebaisser lenombre de grossesses non désiréeset d’avortements chez les mineu-res. Au niveau national, plus de13200 IVG ont été réalisées sur desmineures en 2006, selon l’inspec-tion générale des affaires sociales,un chiffre en forte augmentation.Le gynécologue Israël Nisand esti-me cependant qu’il est « sous éva-lué » et plus proche de 15 000. Il aété chargé par le gouvernement deréfléchir à l’idée d’une contracep-tion anonyme et gratuite pour lesmineures.

Ségolène Royal, qui en tant queprésidente de la région Poitou-Cha-rente avait lancé des « chèquescontraception » en 2009, s’estréjouiequel’Ile-de-France prennele« relais ». Dans sa région, elle s’estopposée du ministère de l’éduca-

tionnationaledefairedistribuerses«pass contraception» par les infir-mièresscolaires.Ilssontdoncdispo-nibles depuis 2010 chez les profes-sionnelsde santé libéraux, mais pasdans les lycées. Mme Royal dit envi-sager, puisque M.Chatel s’est mon-tré favorable au dispositif lancé enIle-de-France, de faire de nouveauparvenir le « pass contraception »aux infirmières scolaires.

Au ministère de l’éducation, oninsiste sur la nécessité de privilé-gier «l’éducation à la sexualité », ceque permettra le «pass» francilienen privilégiant « l’écoute et leconseil personnalisé». Une évalua-tion sera menée d’ici fin 2011. LucChatel souhaite qu’elle soit alorsprésentée à l’Association desrégions de France et à l’ensembledes responsables académiques. p

Laetitia Clavreul

But:faire baisser lenombrede grossessesnondésiréesetd’avortementschezlesmineures

Pourla première fois,lerapportentreouvertures etfermeturesest négatif

Moinsde classes, plusd’élèves, lesparents se mobilisentA la rentrée scolaire 2011-2012, l’école primaire comptera 1500 classes de moins

Reportage

Sains-du-Nord (Nord)Envoyé spécial

Marie Mignolet n’est pas unepasionaria. Cette mère de famille atoutefois occupé l’école Orléans deSains-du-Nord (Nord), une com-mune de 3000 habitants, dans lebocage de l’Avesnois. Elle ne peutse résoudre à la fermeture d’unedes huit classes. Les banderoles nesuffisaient pas, des parents ontvoulu un geste fort et se sontrelayés, les 8 et 11avril.

Ancienne directrice d’école,Nicole Plancot, l’adjointe au mai-re de Sains chargée des affairesscolaires, comprend cette réac-

tion : « La pédagogie sera affectée,même si les enseignants sedévouent. » Mme Mignolet ajouteque, chez les plus grands, ce sontles élèves en difficulté qui serontpénalisés. La maman se désoled’autant plus que c’est un décèsqui a été le prétexte à la suppres-sion de poste. « Une institutrice estmorte. Elle était en mi-temps théra-peutique, avec une remplaçante.On dit que l’on ne remplace pas lesdéparts en retraite, mais là, c’étaitune disparition prématurée, ilsont sauté dessus ! »

En Sambre-Avesnois, ce sont23suppressions de classes, concer-nant 10 écoles, qui sont annoncées,pour seulement 6ouvertures. «Cer-taines classes, comme le CM2, vont

monter à 33 élèves, calculeMme Mignolet, représentante auconseil d’école. Songez qu’il y adéjà 30 petits en maternelle. Ce quiest sûr, c’est que les enfants de 2ansne seront plus pris. Heureusement,la commune ouvre une crèche. »

La maire de Sains, Christine Bas-quin (sans étiquette), est désolée.« Nous essayions de gagner dutemps ces dernières années, car unlotissement va sortir de terre avecseize maisons. La population vaaugmenter, mais on ferme plusfacilement une classe qu’on enouvre une nouvelle… »

L’académie de Lille est la plustouchée après celle de Versaillespar les suppressions de postes.Plus de 850 suppressions sont

annoncées en septembre2011,alors que 6000 postes ont déjà étéperdus depuis 1998. Le Pas-de-Calais a appris la fin de 141 postes,et le Nord la perte de 176 postes à laprochaine rentrée – pour un nom-bre d’élèves en légère hausse.

C’est la moitié sud du départe-ment du Nord, rurale et très tou-chée par le chômage, qui perd leplus de postes. Le Douaisis, avec31fermetures, revendique un tris-te record national, selon parents,élèves et élus. Les mobilisationsont déjà permis des revirements.Laurent Coulon, conseiller géné-ral (PS) du Cateau, avait menacéde bloquer le passage du Paris-Roubaix cycliste, mais, reçu à l’aca-démie, il s’est résigné à une bande-

role le long des pavés de Trois-Villes. Dans le canton de Car-nières, la conseillère DelphineBataille souffle : « La mobilisationdes parents a sauvé la classe deBeauvois. » Deux autres classesprimaires du Cambrésis, sur les 14qui devaient fermer, sont sauvéesà Villers-Guillain et à Haussy.

Sains-du-Nord, la commune deMme Mignolet, fait partie du can-ton d’Avesnes-sur-Helpe Sud. Sonconseiller général, Jean-JacquesAnceau, maire (app. PS) des1 370 habitants d’Etrœungt, pour-rait se consoler en se disant que sacommune va ouvrir une classe,mais il craint déjà la rentrée2012. p

Geoffroy Deffrennes

16 000disparaissent à la rentrée 2011

66 000postes supprimésd’enseignantsdepuis 2007...

... 8 967 disparaissenten maternelle et en primaire

... 3 367 sont des postesde professeurs chargés d’une classe

SOURCE : MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE

Les raisons d’unerentrée à haut risque

L’Ile-de-France lanceson «pass santé contraception»159000 adolescentes pourront accéder gratuitement et anonymement à une contraception

France

L’école Desbordes-Valmore, à Faumont, dans le Nord. SÉBASTIEN JARRY POUR « LE MONDE »

90123Mercredi 27 avril 2011

Page 10: Le Monde - Mercredi 27 avril 2011

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> Economie Sociale et Solidaire> Microfinance> Coop ration Internationale

> Social Business et BoP> Entrepreneuriat Social> Commerce Equitable

L orsque le nom d’AlexandreDjouhri a été prononcé pen-dant la conférence de rédac-

tion de Paris Match, le 5 avril, per-sonne n’a réagi. Les deux journalis-tes David Le Bailly et FrançoisLabrouillère proposaient d’évo-quer le livre que prépare l’enquê-teur Pierre Péan, autour de ce mys-térieux homme d’affaires et inter-médiaire né en Seine-Saint-DenismaisinstalléenSuisse.Leursugges-tion est tombée dans l’indifféren-ce : dans le grand public, commedans la plupart des rédactions, per-sonne ne sait qui est AlexandreDjouhri.

Intermédiaire sur les marchésinternationaux de l’eau, desdéchets et du pétrole, bon connais-seur de l’Afrique et du Moyen-Orient, Alexandre Djouhri est undes hommes influents dumoment. L’enquête que mène surlui Pierre Péan alimente depuis desmois les conversations du CAC 40,des milieux du renseignement etdes antichambres de l’Elysée. CarM. Djouhri est un homme riche,généreux, craint par bon nombrede rivaux. Il a de solides réseauxd’amitiés autant que d’obligés.

Qui peut se targuer d’être, com-me lui, un intime du présidentd’EDF Henri Proglio, un familierdes patrons de l’armement SergeDassault et Arnaud Lagardère, unami deDominique deVillepin et del’ambassadeurMauriceGourdault-Montagne ? Qui peut fréquenterles proches de Dominique Strauss-Kahn et être consulté par ClaudeGuéant, l’ancien secrétaire généralde l’Elysée ? C’est à son invitationque Dominique de Villepin passeles vacances de Noël aux Fermes deMarie, un palace de Megève. C’estavec lui qu’en octobre 2010 lepatron de la Direction centrale desrenseignements intérieurs (DCRI)Bernard Squarcini, un proche deNicolas Sarkozy, s’est envolé duBourget, dans un Falcon affrété parSerge Dassault, en direction deDamas, la capitale syrienne.

Les deux journalistes de ParisMatch avaient donc sollicité

MM.de Villepin, Proglio, Squarciniet Guéant au sujet de leurs rela-tions avec l’homme d’affaires. Lepatron de la DCRI et le ministre del’intérieur ont demandé que lesquestions leur soient posées parécrit. A Bernard Squarcini, lesenquêteurs de Paris Match deman-daient notamment les raisonspour lesquelles il avait délivré, il y aquelquesannées,àAlexandreDjou-hri une attestation de moralité des-tinée à le laver de tout soupçonaprès une affaire de règlements de

comptes en 1986, dont ce dernieraffirme avoir été la victime. AClaude Guéant, ils demandaient deplus amples détails sur la proximi-té supposée de son gendre, Jean-Charles Charki, avec l’homme d’af-faires.

Les réponses ne sont jamais arri-vées. En vingt-quatre heures, leurarticle a été purement et simple-ment annulé. En guise d’explica-tion, il leur a été dit que Ramzi Khi-roun, communicant venu d’EuroRSCG, conseiller de Dominique

Strauss-Kahn mais aussi porte-paroled’ArnaudLagardèreetmem-bre du comité exécutif du groupeLagardère dont la filiale, HachetteFilipacchiMédias,possèdel’hebdo-madaire, était intervenu pourempêcher la publication de l’arti-cle.

A un an de l’élection présiden-tielle, c’est l’une des particularitésde cette enquête que d’être suiviepas à pas. Le Monde n’avait pas pas-sédeuxcoupsdefilpours’enquériràson tour dusujetque letéléphonea sonné : « Il paraît que vous allezécrire sur le livre de Pierre Péan, aaffirmé Hervé Séveno, le présidentd’I2F,unesociétéd’intelligenceéco-nomique. Je ne laisserai pas le Tout-Paris s’agiter sur Alexandre !»

Cet ancien policier antiterroris-te qui se charge de la communica-tion d’Alexandre Djouhri – qui fuitlui-même les journalistes – en estcertain:« Celivren’aqu’un but,nui-re, et nous savons bien par qui il estcommandité.»Sessoupçonssediri-gent vers Anne Méaux, la grandeprêtresse de la communication, etle criminologue Xavier Raufer quiont croisé Alexandre Djouhri dutemps qu’ils conseillaient HenriProglio chez Veolia.

Quoi qu’il en soit, les entouragesde Nicolas Sarkozy, de Dominiquede Villepin ou d’Henri Proglio sontsi minés par les rivalités que PierrePéan, malgré les craintes, est par-fois bien accueilli. Mais l’enquêteautour d’Alexandre Djouhri quisymbolise les réseaux occultes dupouvoir est ardue et suscite lescontre-feux. Le journaliste ironise :«Je suppose qu’ils sont inquiets carils savent ce que je risque de décou-vrir…» p

Raphaëlle Bacqué

«Jene laisseraipasleTout-Pariss’agitersurAlexandre!»

Hervé Sévenoprésident d’I2F, une société

d’intelligence économique

Unlivreà paraître sur l’homme d’affairesAlexandreDjouhri agite le pouvoirUn article de «Paris Match» consacré à l’enquête de Pierre Péan a été annulé par Lagardère

NantesCorrespondance

X avier Dupont de Ligonnèss’est volatilisé. Les enquê-teurs semblent avoir perdu

la piste de cet homme de 50 ans,soupçonnéd’avoir tué sa femme etses quatre enfants, à Nantes, les 3ou 4avril.

« On perd sa trace au pied d’unFormule 1 de Roquebrune-sur-Argens, dans le Var, le 15 avril »,explique un enquêteur à Paris. Lespoliciers se sont rendus sur place,pour entendre les témoins et saisird’éventuelles bandes de vidéosur-veillance, sans succès. « Sa CitroënC 5 était abandonnée. Il a bien falluqu’il trouve un moyen pour conti-nuer sa route. Mais comment? »

L’enquête a été confiée en cosai-sine à la direction centrale de lapolice judiciaire (PJ), à Paris et à lapolice judiciaire de Nantes. Lesrecherchessont difficiles,carlesus-pectn’avaitaucunantécédentjudi-ciaire et était inconnu du fichierSystème de traitement infractionsconstatées(STIC). Une commissionrogatoire générale a été délivréepourquetouteslesdirectionsinter-régionales de la police judiciairesoient mobilisables le plus rapide-ment possible sur le terrain. « Cedispositif est une vraie toile d’arai-gnée», selon un ancien de la PJ.

Les policiers s’attachent à rattra-

per leur retard sur la disparition deXavier Dupont de Ligonnès enexploitant le moindre élément.L’hommeaméticuleusementorga-nisé son départ, s’attachant àbrouiller les pistes en envoyant deslettres de départ, au nom de sesenfants et de sa femme, au prétex-ted’unemutationsubiteenAustra-lie.«Enprocédantainsi, ils’estappli-qué à retarder les recherches», souf-fle un enquêteur. Son téléphone,

coupé,était inexploitable. Impossi-ble d’avoir accès au contenu desSMS et MMS par exemple, quiauraient pu fournir de précieuxrenseignements. Côté ordinateur,rien non plus. « Il a pris soin d’em-mener les disques durs avec lui. »

Des vérifications ont été effec-tuées dans tous les aéroports deFrance. Mais il n’a été enregistrédans aucun d’entre eux. Et n’a pasprislebateaunonplus.Sacarteban-caire a été mise sous surveillancepour recevoir des alertes en casd’utilisation, explique un enquê-

teur. Dans ce cas, les policiers sontalertés « deux ou trois heures plustard en général».

Cette technique a payé une foisdans cette affaire. Un retrait de30euros avec la carte bleue du sus-pect a en effet été effectué le14 avril quand il était à Roquebru-ne-sur-Argens. « C’est un peu sur-prenant quand on sait la prudencedont il avait preuve jusque-là.Mais, après tout, ce n’est pas forcé-ment lui qui l’a utilisée. Il a peut-être voulu brouiller les pistes », pré-cise-t-il encore. L’enquête de voisi-nage et le visionnage des camérasde surveillance n’ont cependantrien donné.

Parallèlement, les enquêteurstravaillent sur l’entourage deXavier Dupont de Ligonnès,essayant d’identifier des prochesqui auraient pu l’héberger pen-dant sa cavale. Ils ont été placés surécoute téléphonique, au cas où.Lespoliciers ontégalementperqui-sitionné certains « points de chu-te » éventuels, comme le domiciled’une tante dans le Var. En vain.

Restent les témoignagesrecueillis sur le numéro vert misenplacedans lecadre de cette affai-re. « Certains jours, on a une centai-ne d’appels », indique un prochedu dossier. « Il y a des hurluberlusbien sûr, comme souvent dans desaffaires très médiatiques. Mais onne peut pas se permettre de passer

à côté de quelque chose… » Chaquedétail est donc vérifié.

Le suspect aurait été vu à Nicedans une voiture immatriculéedans les Hauts-de-Seine ? Des poli-ciers filent aussitôt sur les lieux.« On a également des témoignagesà Strasbourg, Montpellier, Mar-seille, dans le Gard », énumère unenquêteur. « Au cours des derniè-res quarante-huit heures, il auraitété vu dans une quarantaine d’en-droits différents ! », expliquait hierXavier Ronsin, le procureur de laRépublique de Nantes.

Pourla PJ deNantes, le travail esttitanesque. Le portrait de XavierDupont de Ligonnès est désormaisaffichépartoutdansl’espaceSchen-gen. « S’il a passé la frontière pouraller en Italie, par exemple, noschances de le retrouver se rédui-sent», avoue un proche du dossier.« On a déjà vu des gars activementrecherchés refaire leur vie peinardsdans un coin tranquille, ne pas fairede bruit et s’en tirer. Il suffit d’êtresereinet de rester sur lequi-vive », sesouvient un policier expérimenté.

Vendredi 22 avril, le juge nan-tais, Robert Tchalian, a été saisid’une instruction ouvertecontre X pour « assassinats », cequi confère un cadre procéduralplus large aux enquêteurs. La tra-que ne fait que commencer.p

Anne-Hélène Dorison

avec Yves Bordenave (à Paris)

Lapolice judiciaire organise latraquede XavierDupont de Ligonnès sur toutle territoireAvantagé par son avance sur les enquêteurs, le suspect du quintuple meurtre reste introuvable

France

Dominique de Villepin en compagnie d’Alexandre Djouhri,à Paris, en novembre2010. NICOLAS BRIQUET/ABACAPRESS

Desproches quiauraientpu hébergerlefuyardpendantsacavaleont étéplacéssur écoutetéléphonique

Droits

Ladéfenseure des enfantscritiqueles«reculs» dela justice des mineursLa défenseure des enfants, Dominique Versini, déplore dans son der-nier rapport d’activité, rendu public mardi 26 avril, « les reculs et lesinsuffisances » de la politique du gouvernement en matière de protec-tion de l’enfance. Elle critique notamment « les reculs successifs de la jus-tice des mineurs » depuis cinq ans, qui ont fait primer la réponse répres-sive sur l’éducatif. La défenseure des enfants, en poste depuis 2006 etdont la mission relèvera désormais du défenseur des droits, soulignedes évolutions contraires à l’esprit de la Convention internationale desdroits des enfants de l’ONU et s’inquiète des traitements infligés auxenfants étrangers, isolés ou en famille, en situation régulière ou irrégu-lière, alors que « le discours politique et la politique d’immigration se dur-cissent». « Force est de constater, ajoute Mme Versini dans ce qui sera sondernier bilan, que les pouvoirs publics ont rejeté toutes les recommanda-tions de la défenseure des enfants qui pouvaient être un frein aux objec-tifs de réformes restrictives dans les domaines régaliens. » – (AFP.) p

LaCNDSdénonce les «entraves»aux enquêtessur les forces del’ordreLa Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) s’inquiè-te, dans son ultime rapport rendu public mardi 26avril, de «la persistan-ce de pratiques visant à limiter ou entraver les investigations ou lescontrôles portant sur l’activité des personnes exerçant des missions desécurité ». Les fonctions de la CNDS, créée en 2000, vont être assurées, àpartir du 1ermai, par le défenseur des droits, institution créée à la suitede la révision constitutionnelle de juillet 2008, qui englobe égalementle médiateur de la République, le défenseur des enfants et la HauteAutorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde). Lepremier titulaire de la fonction n’a pas encore été nommé. Au cours del’année 2010, la CNDS, autorité indépendante, a traité 193 dossiers, ren-du 150avis, dont 60 % constataient « un ou plusieurs manquements à ladéontologie », et demandé des poursuites disciplinaires dans 29 affai-res. Les procureurs de la République ont été saisis à 9reprises. – (AFP.) p

Santé

Plusde4200décès par anàla suite d’infections nosocomialesLes infections associées aux soins (IAS) demeurent responsables de4200 morts par an, selon le Bulletin épidémiologique hebdomadaire,publié mardi 26 avril. Ces infections acquises pendant l’hospitalisationcontinuent de toucher 5 % des patients hospitalisés en France, malgréles efforts déployés pour les combattre. Elles contribuent à 2,8% desdécès hospitaliers. « Entre 20% et 30 % des IAS seraient évitables par lamise en œuvre en routine de mesures de prévention connues », notent lesauteurs de l’étude, Jean-Claude Desenclos (Institut de veille sanitaire) etChristian Brun-Buisson (hôpital Henri-Mondor de Créteil). Le recoursaux gels et solutions hydro-alcooliques fait partie des mesures d’hygiè-ne des mains préconisées. Depuis les années 1980, une part croissanted’infections acquises à l’hôpital est due à des bactéries multirésistantesaux antibiotiques. – (AFP.) p

Disparition Mort du général Antoine Lecerf,ancien commandant de la force Licorne en Côte d’IvoireLa mairie de Lille a annoncé, mardi 26 avril, la mort du général AntoineLecerf, 61 ans, des suites d’une longue maladie. Le général de corps d’ar-mée Lecerf avait commandé, de septembre 2007 à 2010, la Force d’ac-tion terrestre basée à Lille. Il avait été commandant, de juin 2006 àjuillet2007, de la force française Licorne en Côte d’Ivoire. Auparavant, ilavait dirigé les détachements français en République centrafricaine, en1994, et en Bosnie-Herzégovine, en 1995. – (AFP.)

10 0123Mercredi 27 avril 2011

Page 11: Le Monde - Mercredi 27 avril 2011

I lreste unmois avant le dénoue-ment probable du suspensautour de la candidature de

Dominique Strauss-Kahn à la pri-maire socialiste. Le 26 et 27 mai, lepatron du FMI devrait participerau G8 de Deauville (Calvados), der-nier rendez-vous majeur inscritsur son agenda. Après cette étapenormande, le socialiste se sentiralibre de quitter ou non ses fonc-tions pour entrer dans la compéti-tion, avant l’ouverture officielledes candidatures fixée au 28 juin.

Son entourage reste obstiné-ment muet sur ses intentions,mais plus le temps passe, plus cesilence milite en faveur du scéna-rio de sa candidature. S’il avaitrenoncé, sans doute aurait-il misfin au suspens pour permettre àMartine Aubry de se préparer etlui éviter d’apparaître comme unecandidatede substitution. Un nou-veau sondage IFOP pour Europe 1et Paris Match (réalisé entre le 20 et21 avril) devrait le conforter : DSKapparaît comme le seul rempartpour la gauche contre le scénariod’un nouveau 21-avril. Il écrase sesconcurrents et Nicolas Sarkozy.

Face au chef de l’Etat il l’empor-terait au second tour de la prési-dentielle par 61 % des voix. MardiLaurent Fabius a estimé sur Euro-pe 1 que , « si le PS voulait évitertout risque de 21 avril, c’est Domini-que Strauss -Kahn qui est le mieuxplacé ».

Les strauss-khaniens espèrenttoujours créer une logique de ras-semblement autour de leur leaderet rendre vaine la concurrenceinterne. Lundi 25 avril, le députéde Paris Jean-Marie Le Guen aadressé une nouvelle mise en gar-de à François Hollande. « Ce n’estpas le moment de montrer sesbiceps », a-t-il intimé au député deCorrèze. Le lendemain, Jean-Chris-

tophe Cambadélis lui a reprochéde « partir trop tôt » et de ne pas« respecter les règles ». Mercredi,27 avril, M. Hollande tiendra sonpremier véritable meeting à Cli-chy-la-Garenne,dans lesHauts-de-Seine, avant d’accueillir, le lende-main, M. Sarkozy en visite dansson fief de Tulle. Le déplacementdu chef de l’Etat ne tient pas duhasard. Nicolas Sarkozy, qui craintpeut-être davantage la candidatu-re de M. Strauss-Kahn, ne cessedepuisdesmois devanterlesquali-tés de François Hollande et de leplacer comme le challenger le plusdangereux pour lui.

L’ancien premier secrétaire duPS assure qu’il ira jusqu’au bout dela primaire. « Je ne suis pas dans

l’exhibition de mes muscles en fai-sant campagne pour la primaire,assure-t-il. Je le fais en respectant leprojet. Je valorise des propositionssocialistes. Je ne vais pas me distin-guer, je vais compléter. J’avancepour moi et pour le parti. C’est tou-jours bon que les socialistes occu-pent le terrain, le pire serait le silen-ce, le vide, alors qu’en face, des éco-logistes au chef de l’Etat, chacun semet en place. »

« L’esprit collectif»Pour peaufiner son statut de

présidentiable, François Hollandeentamera des déplacements enEurope, notamment Berlin etBruxelles puis en Tunisie. « Je suisdans une phase d’affirmation,

quand s’ouvrira le calendrier offi-ciel, je serai dans une phase dediffé-renciation », plaide-t-il pourbalayer les procès en illégitimité.

Le candidat fait valoir que ladirection du parti ne lui a pas pro-posé de participer au tour de Fran-ce organisé par la première secré-taire pour vanter le projet socialis-te. Martine Aubry a en revanchenommé l’un de ses proches, Jean-Marc Ayrault. Pour déstabiliserFrançois Hollande, les strauss-kah-niens,comme la première secrétai-re,tentent de ralliersesfidèles, par-tagés entre leur amitié pour ledéputé de Corrèze et le principe deréalité, choisir l’équipe gagnante.

La première secrétaire, qui feraconnaître ses intentions au moisde juin entend faire prévaloir jus-qu’au 28 mai, date de la conven-tion finale du projet, « l’esprit col-lectif des socialistes ». Elle occuperal’essentieldesontemps àpopulari-ser et à valoriser le projet qu’elle aréussi à faire adopter à l’unanimi-té et continuera d’occuper le ter-rain des idées en organisant troisforums, sur l’outre-mer, le 27 avril,les biens publics, le 4 mai et larecherche, le 18 mai.

La première secrétaire n’a paspour l’instant tiré dans l’opiniontous les bénéfices de son travailprogrammatique et de sa légitimi-té institutionnelle.Largement dis-tancée par M. Strauss-Kahn dansles sondages, elle est au coude àcoude avec François Hollande, sonprédécesseur, qui reste plus popu-laire qu’elle auprès des sympathi-sants socialistes. Comme SégolèneRoyal, très distancée, l’entouragedeMme Aubrymet en doutela perti-nence des sondages. « Ils ne valentpas grand-chose tant que l’offren’est pas connue et tant qu’on neteste pas les second tour. » p

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MontpellierCorrespondante

L afédérationsocialistede l’Hé-rault n’est pas près de retrou-ver une situation normale. Le

procureur de la République aouvert, samedi 23 avril, une infor-mation judiciaire contre « X » pourabus de confiance, à la suite de laplainte déposée par le PS, le31 mars, à l’encontre de RobertNavarro, l’ancien responsable dela fédération départementale,aujourd’hui sénateur et premiervice-président du conseil régionaldu Languedoc-Roussillon. Le PSavait renouvelé, le 6 avril, pour sixmois, la tutelle sur la fédérationdépartementale.

En septembre 2010, le PS metune première fois sous tutelle lafédération héraultaise du PS diri-gée par le frêchiste Robert Navarro.Après un audit, le PS porte plaintecontre M.Navarro, pour des billetsd’avion payés par la fédération,dont certains ont bénéficié parfoisà des membres de sa famille.D’autres billets auraient servi auxvoyages de Robert Navarro, députéeuropéen, pour Bruxelles ou Stras-bourg, et auraient dû être pris encharge par le Parlement européen.La plainte porte sur 75 factures debillets d’avion.

L’existence d’une société civileimmobilière, propriétaire de l’im-meuble de la fédération du PS, etdont l’actionnaire principal seraitRobert Navarro fait également par-tie des points soulevés par l’audit.

Le rapport d’audit d’où éma-nent ces éléments n’a pas été ren-du public, mais les membres de latutelle expliquent que l’enquêten’apas étésimple,puisque lesordi-nateurs et les archives de la fédéra-tion ont disparu.

Cette affaire s’inscrit dans lecadre de l’« héritage » de GeorgesFrêche, mort en octobre 2010, qui

avait été maire de Montpellier de1977 à 2004, avant de prendre latête du conseil régional.M.Navarro avait été exclu du PS enfévrier 2010, en même tempsqu’une cinquantaine de socialistesquiavaientsoutenu la candidaturede Georges Frêche aux régionales,contre l’avis du PS qui soutenaitHélène Mandroux, maire de Mont-pellier. Après la disparition deGeorges Frêche, c’est le CatalanChristian Bourquin, lui aussi excludu PS, qui avait été élu pour lui suc-céder, aidé en cela par M.Navarro.

Tutelle prolongéeLa décision de mise sous tutelle

jusqu’àlafin 2011aétépriseàl’una-nimité des membres du bureaunational, ce qui n’avait pas été lecas la première fois. RobertNavarroauraitdoncperdusesprin-cipaux soutiens nationaux, dontFrançois Hollande.

La fermeté du PS s’explique aus-si par le fait… qu’il n’y avait pasd’autre solution : « Certains consi-dèrent que le renouvellement de latutelle est un abus de pouvoir pari-sien, et qu’il faut consulter les mili-tants, analyse le conseiller généralsocialiste Jean-Michel Du Plaa,membre de l’équipe de tutelle.Mais pour consulter les militants,encore faudrait-il avoir les fichiersd’adhésions 2010, ce qui n’est pas lecas. Nous sommes en train dereconstruire ce fichier section parsection,mais cela prenddu temps.»

M. Navarro, qui bénéficie entant que sénateur d’une immunitéparlementaire, n’a pas tardé àcontre-attaquer. Tout en précisantqu’il remboursera les billets s’il y aeu des erreurs, il a créé un comitéde coordination pour rassemblerses soutiens, et… il porte plainte àson tour contre un socialiste qui l’aouvertement accusé d’enrichisse-ment personnel. p

Anne Devailly

LePSveut faireleménagedans l’HéraultUne information contre «X» pour abusde confiance a été ouverte, le samedi 23avril

A Nice,unestatue dugénéral de Gaulleindigne lespieds-noirs

M. Fabiuscadre les premières mesures de2012

France

L a statue monumentale dugénéral de Gaulle qu’enten-dait ériger, à Nice, Christian

Estrosi, le maire (UMP), est contes-tée par la communauté pied-noi-re. Le 17 septembre 2010, le conseilmunicipal a voté l’acquisition,afin de rendre hommage à des«personnalités marquantes duXXe siècle», d’un buste du papeJean-Paul II et d’une statue dugénéral de Gaulle.

Haute de 3,70m, en bronze, cet-te statue, d’un coût de320000euros, réalisée par lesculpteur Jean Cardot, représentele chef de la France libre descen-dant les Champs-Elysées, le jourde la Libération de Paris. Elledevait être érigée, à l’occasion des

cérémonies de commémorationde l’Appel du 18juin, sur la placequi porte le nom du général.

«Pour l’instant, le calendrier n’apas été fixé», se contente d’indi-quer un proche du maire de Nice.Ayant reçu l’aval de son conseilmunicipal, M. Estrosi ne souhaitepas polémiquer. Il est confronté àune levée de boucliers de la com-munauté pied-noire, forte de40000 personnes, dont une largepart est hostile à cette édification.

«L’homme de la trahison»En novembre2010, un collectif

d’associations de rapatriés aenvoyé un courrier au maire de lacinquième ville de France pours’élever contre le projet d’honorer

«l’homme de la trahison et del’abandon». «Cette statue nousoffense: je suis arrivée à Nice, en1962, avec une valise et un cercueil,celui de mon père. Il a été assassinésous mes yeux par le FLN. J’avais12ans», martèle Michèle Soler,présidente du Cercle algérianistede Nice et des Alpes-Maritimes.

Forte du soutien d’autres asso-ciations nationales de rapatriés,Mme Soler attend un courrier offi-ciel confirmant l’abandon défini-tif du projet. Si la municipalitémaintenait sa décision, les associa-tions envisagent de boycotter, en2012, les cérémonies nationalesqui doivent se tenir à Nice pour le50e anniversaire du rapatriementdes Français d’Algérie.

En 1962, 40 000 rapatriésavaient trouvé à Nice une terred’accueil, et en Jean Médecin, puisson fils Jacques, des maires protec-teurs – et antigaullistes – qui leurtémoignèrent de la compassion.

«Chassée d’Oran, j’ai trouvé à14 ans à Nice un refuge. Cette sta-tue s’apparente à une trahison,dans la ville qui a le plus aidé lespieds-noirs», dit Marie-Hélène Car-bonel, historienne, auteur deD’une rive, l’autre. Chroniques ora-naises (éd. du Compas, 2009).

Dans ce contexte émotionnel,le gaulliste Christian Estrosi devraprendre une décision pour lemoins délicate. p

Paul Barelli

(Nice, correspondant)

Martine Aubry et François Hollande, en janvier, au Palais des congrès, à Paris. FRED DUFOUR/AFP

Lesproches de DSKveulent dissuaderM.Hollande de concourir à la primaireMartine Aubry prévoit, elle, de consacrer le mois de mai à valoriser le projet du Parti socialiste

JAMAIS le PS n’est allé aussi loindans le cadrage programmatique.Le projet bouclé, et alors que le can-didat ne sera désigné que le 16octo-bre, à l’issue de la primaire, Marti-ne Aubry, la première secrétaire, aconfié à Laurent Fabius la missionde préparer la première année dela législature, en cas de victoiresocialiste en 2012.

L’ancien premier ministre s’estentouré d’une cinquantaine d’ex-perts pour traduire le projet socia-liste en programme gouverne-mental, hiérarchiser les priorités,préparer techniquement les réfor-mes, ou encore fixer leur cadrejuridique. Il conviendra par exem-ple de choisir la voie législativeou référendaire pour les textesayant trait à l’approfondissementde la démocratie. Ou encore d’an-ticiper les grands rendez-vousinternationaux de 2012. LaurentFabius remettra ses arbitrages à la

rentrée de septembre. La réformefiscale et celle de l’éducationnationale devront être quasimentlivrées clé en main. Le PS souhaiteensuite discuter de ses proposi-tions avec les partenaires sociaux.

«Ne pas perdre de temps»Pourquoi un cadrage aussi pré-

cis ? « Si nous gagnons, nous som-mes décidés à ne pas perdre detemps. Et pendant la campagne, sinous sommes en mesure de direconcrètement ce que nous feronsla première année, comment etavec quels moyens, les Françaisseront éclairés sur ce que nousleur proposons », plaide M. Fabius.

« Nous nous préparons à l’exer-cice des responsabilités, dans uncontexte budgétaire difficile. Lasituation exige que nous ne per-dions pas de temps. Nous gouver-nerons dès le premier jour », assu-re Jean-Marc Germain, directeur

de cabinet de Mme Aubry.Ce cadrage permet au PS de

peser au maximum sur le pro-gramme du futur candidat socia-liste. Il n’est pas du goût de tous.« La hiérarchisation des priorités,l’échéancier des réformes, les arbi-trages politiques relèvent totale-ment de la responsabilité du futurcandidat. Le travail de LaurentFabius ne liera pas le candidat »,prévient François Hollande, quientretient de mauvaises relationsavec l’ancien premier ministre.

Ségolène Royal analyse aussile projet comme un socle com-mun, et non un corset. Lesstrauss-kahniens sont moinsgênés. « Le temps des promessesest fini, il faut passer du projetaux propositions d’action, à l’ins-cription dans le réel », assure Fran-çois Kalfon, chargé des étudesd’opinion au PS. p

S. La.

110123Mercredi 27 avril 2011

Page 12: Le Monde - Mercredi 27 avril 2011

Lecentrecommercialtente sa mue à AubervilliersLe Millénaire, qui ouvre le 27avril, veut devenir un véritable lieu de vie pour renouveler un modèle qui s’essouffle

A deux jours de l’ouverture,prévue le 27 avril, du nou-veau centre commercial Le

Millénaire, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), au nord de Paris, latension monte. Les commerçantsmettent la dernière main auxdécors, remplissent leurs vitrineset présentoirs et habillent les man-nequins d’étalage. L’architecteAntoine Grumbach, Grand Prix del’urbanisme en 1992, peste à pro-pos d’un pilier dont le béton estencore nu, sans le parement pré-vu.Portableen main,Didier Ribier-re, directeur du centre, s’occupe,lui, de régler les derniers détails dela grande fête d’inauguration.

Sur56000m2, lesclientstrouve-ront six restaurants, une centainede boutiques, dont vingt grandsmagasins et les chaînes phares tel-les Zara, H&M, Bershka ou mêmeKiabi qui, pour une fois, se rappro-che d’un centre-ville. Et aussi denouvelles enseignes.

Le projet, né en 1995, représenteun investissement de 400 mil-lions d’euros apportés par deuxfoncières, Icade, filiale de la Caissedes dépôts et consignations (CDC),qui a hérité de tous les terrains desEntrepôts et Magasins générauxde Paris (EMGP), et Klépierre, filia-lede BNPParibas, quicommerciali-se et exploite Le Millénaire. Ilscomptent bien attirer un millionde visiteurs par mois, dont 60 %viendraient de Paris, du 16e au 20e.

Le pari est audacieux dans cequartier en plein chantier, juste del’autre côté du périphérique. Là secôtoient encore des entrepôtsvieillots et désordonnés où sedéversentpar tonnes les marchan-dises venues de Chine, et desimmeubles modernes debureaux, notamment le siège d’I-cade. L’atout du site, unique enson genre dans la région, ce sontdes canaux au bord desquels sedéploieront des terrasses de res-taurants et des guinguettes quiajoutent au shopping l’attrait

d’un lieu de détente, de rencontre,de loisirs.

« Jack Ralite, l’ancien maire[communiste], m’avait demandéde faire non pas un centre commer-cial mais un quartier commercial »,se souvient M. Grumbach, qui adonc conçu de vraies rues pavéesde granit gris, couvertes de verriè-res « que l’on pourra même démon-ter, dans l’avenir, pour retrouver undessin classique de rues à cielouvert», avec des places et des per-cées sur l’extérieur permettantd’admirer les canaux oule quartiervoisin.

Un tel équipement, imaginé il yaquinze ans,répond-il auxbesoinsdu consommateur d’aujourd’hui,dont non seulement le pouvoird’achat est rogné, mais qui neprend plus volontiers sa voiture,boude les hypermarchés, plébisci-

te les commerces de proximité etachète sur Internet ?

SelonleConseilnationaldescen-tres commerciaux (CNCC), la fré-quentation des 800 équipementsfrançais a en effet baissé de 7 % enmoyenne entre2007 et 2010.

La «boîte fermée»« Les promoteurs ont bien

conscience qu’il faut renouveler leconcept de centre commercial héri-té des années 1960, énergivore etaccessible seulement en voiture, ettentent d’y intégrer plus de servi-ces, de loisirs, avec une indispensa-ble desserte par les transports encommun », souligne PhilippeMoati, professeur d’économie àParis-XII et directeur de recher-ches pour le Centre de recherchepour l’étude et l’observation desconditions de vie (Crédoc).

Les promoteurs font donc sou-vent appel, comme pour Le Millé-naire, à de grands architectes char-gés de faire oublier le côté « boîtefermée ». « Mais il n’est pas facilede faire évoluer les habitudes descommerçants, qui préfèrent desboutiques aveugles, avec vitrineéclairée artificiellement et stocksen arrière-boutique, alors qu’il estpossible de faire entrer la lumièredu jour de tous côtés », estimeM. Grumbach.

L’offre commerciale, surtout,doit être renouvelée. « Nous avonsattiré des enseignes nouvelles, pasou peu présentes en France, et quis’adressent à différentes clientèles,comme l’italien OVS, du groupeCoin, numéro un en Italie, qui pro-pose un prêt-à-porter tendance etbon marché ; une boutique de jeu-nes créateurs de bijoux et vête-

ments à partir de matériaux recy-clés ; ou encore une brasserie chicvenue de Neuilly, Les Docks, quicôtoie un restaurant McDonald’sou Flunch », se félicite LaurentMorel, président du directoire deKlépierre.

« Oui, je crois aux centres com-merciaux urbains, dans des quar-tiers mixtes», plaide Michel Pazou-mian, directeur de Procos, quifédère les enseignes de commer-ces spécialisées. Il met néanmoinsen garde contre « l’inflation desmètres carrés commerciaux ». Etjuge qu’« il y a aujourd’hui trop deprojets, tandis que la consomma-tion stagne ». Entre 2000 et 2010,rappelle-t-il, le parc commercialfrançais s’est accru de 3,5 % quandla consommation ne progressaitque de 2,5 %. p

Isabelle Rey-Lefebvre

CONTRECOUP de la crise, les Fran-çais vont moins au restaurant,mais font quand même la fêtechez eux. Conséquence : ils fré-quentent davantage les commer-çants de leur quartier. Et, bienqu’ils boivent de moins en moinsde vin en volume, ils se rendentplus souvent chez leur caviste. Laconsommation de vin a ainsi étédivisée par trois en cinquante ans,et 2010 a été une année de crisepour les producteurs. Mais lescavistes ont augmenté leur chif-fre d’affaires de 9% en moyenneen 2010, selon l’étude publiée le13avril par l’Observatoire de lapetite entreprise. Emanation de laFédération des centres de gestionagréés (FCGA), cet observatoireanalyse périodiquement les résul-tats d’un échantillon de15000petites entreprises de l’arti-sanat, du commerce et des servi-ces réparties sur le territoire.

« Les ventes de vin baissentdans la grande distribution etdans les restaurants. Mais les cavis-tes observent que la consomma-tion domestique augmente quali-tativement», explique NasserNegrouche, rédacteur en chef dela lettre de l’Observatoire de lapetite entreprise.

« Les Français vont chez un pro-fessionnel pour choisir un bon vinqu’ils auront plaisir à dégusterensemble. Ils cherchent un produitoriginal, pas forcément un vinhaut de gamme, mais ils veulentéchapper à l’homogénéité de l’of-

fre en grande surface », ajoute cespécialiste du marketing pour lespetites entreprises.

La plupart des détaillants ducommerce alimentaire ont connuune bonne année 2010. « Leconsommateur cherche le justeprix pour des produits frais etsavoureux, souligne M. Negrou-che. Le commerce de proximité aainsi retrouvé les faveurs du grandpublic. »

Les pâtissiers ont accru leursventes de 2,7 %. Les poissonnierset les marchands de primeurs, quifaisaient partie des rares commer-ces de proximité à avoir vu leursventes augmenter en 2009 (+ 3 %),ont continué de très légèrementprogresser (+ 0,2 %) en 2010.

En dehors de l’alimentaire, cesont les petits commerces d’élec-troménager-TV-hifi qui ont leplus augmenté leur chiffre d’affai-res en 2010 (+ 12,2 %), pour des rai-sons technologiques. L’« effet »télévision numérique terrestre(TNT) est qualifié de « providen-tiel » par ce secteur. Il a incité lesménages à moderniser leurs équi-pements de réception: les ventesde téléviseurs ont augmenté de15%, en 2010, selon la sociétéd’études GfK France.

Les carrossiers automobilesfont aussi un bon score (+ 10 %).Mais il s’agirait d’une augmenta-tion en trompe-l’œil pour les gara-gistes indépendants, préviennentles spécialistes de la FCGA. Car ils

n’ont souvent fait que répercutermécaniquement les importanteshausses de prix de pièces déta-chées imposées par les construc-teurs automobiles (+ 26 % en cinqans selon l’association de consom-mateurs UFC-Que choisir).

Le terrassement s’écrouleLa FCGA signale aussi quelques

« flops», comme celui des maga-sins de bricolage. Le chiffre d’affai-res des petits commerces de ce sec-teur a régressé de 6,6 % en 2010,après avoir déjà plongé de 9,6 %en 2009. « Sociologiquement, cetype d’activité progresse, recon-naît M. Negrouche, mais les gran-des chaînes, Bricorama, Bricomar-ché, Weldom… concurrencent lesindépendants.»

Les artisans du bâtiment ontaussi continué de souffrir de la cri-se. Le secteur du terrassement aété le plus frappé (– 6 %) ; mais lamaçonnerie (– 3,7 %), la plomberie(–3,2 %) attendent aussi des joursmeilleurs. « Les professionnels quiinterviennent sur l’améliorationde la performance énergétique dulogement s’en sortent le mieux »,affirme M. Negrouche.

Pour 2011, les résultats desdeux premiers mois sont encoura-geants: « La reprise semble s’instal-ler dans l’ensemble des très petitesentreprises, tous secteurs confon-dus. Celles-ci restent fragiles, maiselles ont amélioré leur trésorerie »,révèle ainsi M. Negrouche.p

Annie Kahn

FlâneriesdanslesalléesdeRosny2,«paradisshopping»

Lecommerçant dequartier retrouve les faveurs du public

A u milieu des grands ensem-bles se découpe dans le cielle logo « Rosny 2 ». Plantés

au cœur de l’immense parking,des drapeaux flottent dans levent. Entre deux rafales, on peuty lire «le paradis shopping». Bien-venue au centre commercial deRosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Une banque à chaqueentrée, près de 200 enseignes, etla kyrielle de magasins deprêt-à-porter nécessaires danspareil endroit. Pas de publicitémensongère, on nous avait pro-mis un paradis, le nirvana de laconsommation n’est pas loin.

Pourtant, ils sont nombreuxces visiteurs qui ne vont rien ache-ter si ce n’est une glace ou pren-dre juste un café. Samira et Leïlafont partie de ces flâneuses de cen-tre commercial. Elles circulentd’allée en allée, jetant un coupd’œil aux vitrines. «Rosny 2, c’estnotre point de ralliement. expli-que Samira, 26 ans. Ce n’est paspour les magasins, on y rentre rare-ment, c’est pour l’ambiance, c’estvivant, c’est agréable. »

Plus qu’un centre commercial,Rosny 2 est un lieu de vie.Construit en 1973, il s’est imposépeu à peu comme un deuxièmecentre-ville. Quand les rues de Ros-ny-sous-Bois sont désertes, lesallées du centre commercial conti-nuent de s’emplir inlassable-

ment.Espace détente, espace jeux,espace poussettes, espace bébé,peu à peu les «espaces de vie » ontgermé au milieu des magasins.Des restaurants et cafés se sontinstallés, tandis qu’un multiplexde cinéma a poussé à la fin desannées 1990. Aujourd’hui, le cen-tre est aussi à la pointe de la tech-nologie. Plan interactif,connexion Wi-Fi, Rosny 2 a mêmeson application iPhone.

Enfant roiArthur est venu là pour fêter

son anniversaire. A cinq ans, ilconnaît déjà bien les recoins del’espace enfant, où gisent sur latable les ruines d’un chef-d’œuvre en pâte à modeler. «Lesgamins adorent venir ici, expli-que Anne, sa mère, les bras char-gés de ballons gonflables. Tout estfait pour eux, et nous, pendant cetemps-là, on peut faire les coursestranquillement ou se détendre. »Son mari s’est accaparé l’un desfauteuils de « l’espace détente »pour une petite sieste.

A Rosny, les enfants sont roi.Même les Caddie ont la forme devoiturettes. Arthur en a choisiune « couleur pamplemousse ».Après les courses, ce sera jusd’orange et cinéma. Au volant deson bolide, Arthur en est sûr. Ici,c’est un vrai circuit de course.p

Nicolas Chapuis

Plus de 900 complexesen France

Localisation Sur 915 centres(34000 boutiques et 19millionsde m2), 25% se trouvent en cen-tres urbains, 75% en périphérie.

Chiffre d’affaires. En 2010,il atteint 2,7milliardsd’euros,contre 2,8milliards en 2009

Projets 66 créations et 56 rénova-tion et extension vont ajouter, àl’horizon 2015, 2,3millions de m2.

Classement En Europe, avec232,3m2 , la France se situe derriè-re le Royaume-Uni (250, 7) et l’Es-pagne (251,6), mais devant l’Alle-magne (150,7), et loin derrière laNorvège, championne avec635,9m2 pour 1 000 habitants.

EnhausseL’immobilier américainAprès un mois de février catastrophique, lesventes de maisons neuves aux Etats-Unis ontrebondi en mars de 11,1 %. Elles restent toutefoisde 20 % inférieures au mois de mars 2010.

EnbaisseRenault SamsungLa filiale sud-coréenne de Renault va rappelerplus de 120 000 SM5 et SM3 pour des problèmesd’airbag. Hyundai Motor va lui aussi rappelerdes modèles pour des défauts de fabrication.

Les cours du jour ( 26/04/11, 09 h 48 )

Economie

Electroménager,TV-HIFI

Carrosserieautomobile

Caviste

PROGRESSION DU CHIFFRE D’AFFAIRES ENTRE 2009 ET 2010DES PETITS COMMERCES...

... QUI ONT LE VENT EN POUPE

Magasinsde bricolage

Travaux publicsterrassements

Plomberie,chauffage, sanitaires

... QUI PLONGENT

SOURCE : OBSERVATOIRE DE LA PETITE ENTREPRISE

12,2%

10%

9%

–6,6%

–6%

–3,2%

Le centre commercial Le Millénaire, à Aubervilliers, le plus grand complexe sorti de terre depuis dix ans, dessiné par Antoine Grumbach. ROBERTA VALERIO POUR « LE MONDE »

Euro 1euro : 1,4584 dollar (achat)Or Onced’or : 1504,00 dollarsPétrole Light sweetcrude : 111,55 dollarsTauxd’intérêt France : 3,566 (à dix ans)Tauxd’intérêt Etats-Unis : 3,242 (à dix ans)

12 0123Mercredi 27 avril 2011

Page 13: Le Monde - Mercredi 27 avril 2011

L’étrangeparcours de M.Bellanger, patronlibertaire devenu héraut de la culturerapAprès moult rebondissements, le fondateur de Skyrock a repris la main sur la radio grâce à son réseau. Itinéraire d’un enfant gâté des ondes

Cejourde 1984où lajeunesse est descenduedans larue pour défendre NRJ

S oldes et promotions en toutgenre sont-ils suffisammentencadrés sur Internet ? Le

Centre de recherche pour l’étudeet l’observation des conditions devie (Credoc) et l’Institut français dela mode (IFM) apportent uneréponse mitigée à cette questiondans un rapport remis à FrédéricLefebvre, secrétaire d’Etat chargédu commerce, mardi 26 avril.

Le cadre juridique du commer-ce en ligne est le même que celuides commerces physiques, souli-gne d’entrée l’étude. La directiongénérale de la concurrence, de laconsommation et de la répressiondesfraudes (DGCCRF),quiacontrô-lé, en 2010, près de 8 400 sites toussecteurs confondus (environ 10 %du total), a constaté plus de3 200 anomalies (près de 40 % dessites contrôlés), qui concernentsurtout les soldes et les promo-tions. Sur ce total, 1 500 manque-ments ont donné lieu à des rappelsde réglementationou à des procès-verbaux.

Le rapport identifie une dizainede manquements principaux,notamment en matière de soldeset promotions : « Tromperies sur leprix de référence utilisé pour calcu-

ler le taux de promotion, majora-tion artificielle du taux de démar-que ou de promotion, réalisationillégale de soldes hors périodedéguisés en vente privée », qui,bien qu’ilsdemeurent limités, nui-sent à l’image du e-commerce. LaDGCCRF relève toutefois que plusde 85 % de ces manquements peu-vent être qualifiés de « mineurs ».

Coauteur de l’étude, Yvon Mer-lière, directeur général du Credoc,souligne que « les sites les plusconnus connaissent tous bien laréglementation et s’y conforment.Ceuxquisont eninfraction sontsur-tout des nouveaux ou des petits ».

En annexe, les auteurs publientd’ailleurs plusieurs copies d’écranInternet – sans pour autant citerles mauvais élèves puisqu’ils fontl’objet de poursuites judiciaires.« Stop affaire ! Un jean Lee Cooperacheté =un blouson de cuir offert »,annonce un site sur sa page d’ac-cueil. Or, normalement, seule laremise d’un produit « identique» àceluiquifait l’objetducontratprin-cipal est licite, selon le code de laconsommation.

Un autre claironne une remisepouvant aller jusqu’à 80 % sur«une sélection maille et jacquard».

Or, seuls deux produits sur 97pro-posés à la vente le sont avec ce tauxde remise. Une circulaire du7juillet 2009 précise pourtant quepour annoncer une mention « jus-qu’à x% de réduction», au moins lamoitié des articles doivent fairel’objet de cette réduction de prix.

A moindre coûtLe sujet est d’autant plus sensi-

ble que le commerce en ligneconnaît un très fort développe-ment : il a été multiplié par quatreen cinq ans, pour atteindre 31 mil-liards d’euros en 2010 en France. Lamême année, 58 % des Français deplus de 18 ans ont commandé desproduits ou des services par cebiais (contre 51% en 2008). Le nom-bre de sites marchands actifs – prèsde 82 000 en 2010 – double tous lesdeux ans. Pour une raison simple :les consommateurs utilisent deplus en plus le Web pour trouverdes promotions régulières et ache-ter à moindre coût. En moyenne,selon l’IFM, les vêtements y sontvendus moins cher qu’en boutique(11% pour ceux des hommes et 7 %pour ceux des femmes).

Faisant siennes de nombreusesrecommandations du rapport,

M. Lefebvre devait annoncer, mar-di,«unevigilancerenforcéedespou-voirs publics pour accompagner ledéveloppement équilibré du e-com-merce».Cequi passepardesajuste-ments législatifs destinés à fourniraux consommateurs des informa-tions telles que l’existence du droitderétractationou la garantielégalede conformité sur les biens. Parailleurs, une date unique des sol-

des sur le Net sera mise en place auniveau national dès 2012.

Les pouvoirs d’action de la DGC-CRF pour faire cesser les pratiquesillicites seront renforcés dans lesprochains mois. Enfin, c’est le nerfde la guerre d’Internet, le secrétaired’Etat compte travailler à une har-monisation des réglementationscommunautaires.

Pour rassurer les sites hexago-

naux, qui ne paient pas, aujour-d’hui, les frais de port des retoursdesclients, il devaitdireson hostili-té « à une prise en charge obligatoi-redesfraisderetourencasderétrac-tationdu consommateur», commele veut une directive européennes’alignant sur l’Allemagne. Uneconcurrence grandissante pour lessites français. p

Nicole Vulser

Portrait

J e ne sortirai de ce bureau quePDG ou mort», avait averti Pier-re Bellanger, 53 ans, le fonda-teur de Skyrock. Finalement,

vendredi 22 avril, après onze joursd’occupation, il en est ressortivivant après que le fonds d’inves-tissement Axa Private Equity,actionnaire principal de la radio,l’a officiellement réinstallé dansson fauteuil de PDG et signé larevente de ses parts au Crédit agri-cole, son nouvel allié.

Le 12avril, lors d’un conseil d’ad-ministration, Axa l’avait en effetdébarqué de la direction pour cau-se de « rentabilité insuffisante ».

En clair, le fonds d’investisse-ment lui demandait de réaliser2 millions d’économies en licen-ciant cinquante personnes, soitun quart des effectifs de l’entrepri-se. « J’ai refusé et j’ai décidé d’occu-per les locaux ! », souriait-il, enmontrant le lit qu’il avait fait ins-taller devant la baie vitrée de sonbureau. Grâce à la banque verte,M. Bellanger retrouvera donc sesfonctions et, au passage, ses520 000 euros de salaire annuels.

M. Bellanger revient une nou-velle fois de loin. Soutenu partous ses collaborateurs et les audi-teurs, qui ont posté plus de600 000 messages sur la pageFacebook de la radio, le patron de

Skyrock a jeté toutes ses forcesdans cette bataille. Les anima-teurs n’ont pas hésité à utiliserl’antenne pour mobiliser les audi-teurs et M. Bellanger a piochédans son carnet d’adresses trèsfourni pour rallier à sa cause laplanète musicale et son réseaupolitique.

Tous les grands noms de la scè-ne rap lui ont exprimé leur sou-tien. Les politiques de tous bords,tels Jack Lang et François Hollan-de (PS), Rama Yade (UMP), Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche)et François Bayrou (MoDem), onteux aussi apporté leur soutien auprésident-fondateur de la radio.« Je ne suis pas un fidèle auditeur,mais je l’ai fait pour la radio et sesartistes, dont la culture est totale-ment ignorée », a expliqué M. Hol-lande.

M. Bellanger a pu aussi comp-ter sur l’aide efficace du socialisteMalek Boutih, ex-président deSOS-Racisme et responsable desrelations institutionnelles de Sky-rock. « On s’est connu il y a dix anslors de la crise des banlieues.Depuis, je le vois chaque semainepour un échange professionnel etculturel, indique-t-il. Pierre est unlibertaire inséré dans le systèmelibéral mais qui, comme moi, refu-se la caporalisation. »

« Je ne suis ni de gauche ni dedroite, mais un républicain libé-

ral- libertaire, non marxiste »,confirme M. Bellanger, qui a attra-pé le virus de la radio et de la politi-que lors de la campagne des élec-tions municipales de 1977. Le soirdes résultats, étudiant en biologieà Jussieu, il a vu à la télévision lecandidat écologiste Brice Lalondebrandir un transistor diffusant endirect Radio Verte, la premièreradio pirate. « Ce fut un grandchoc », raconte celui dont le pèreClaude, grand résistant, fut un desrédacteurs des ordonnances sur lapresse en 1944 et patron du Pari-sien libéré.

Le lendemain, il adhère auxAmis de la Terre, s’improvise jour-naliste pour La Gueule ouverte etdécouvre, à la faculté de Vincen-nes, un groupe d’étudiants qui,grâce à un petit émetteur, diffuseen toute illégalité Radio Mongolsur l’Ile-de-France. « Jusque-là, jepensais qu’il fallait gagner du fricpour le réinvestir dans le mouve-ment social. Mais là, j’ai tout de sui-te compris qu’avec la radio, la révo-lution était possible et qu’elle pou-vait être rentable. »

Le 10 mai 1981, le soir de la vic-toire de François Mitterrand, ilémet sans autorisation avec uneradio baptisée Radio Cité future.La police saisit tous ses émetteurs.Devant les juges, il lance un théâ-tral : « J’ai émis, j’émets, j’émet-trai ! » Et il le fait. En 1983, il fonde

La Voix du lézard, puis, en 1986,Skyrock, sur un concept musicalet celui de la libre antenne centréeautour du sexe, de la drogue et detous les interdits. Les jeunesdécouvrent Difool et sa « radiolibre » de 21 heures à minuit. Maiscette liberté de parole accompa-gnée de nombreux dérapages vau-dront au patron de Skyrock desérieux ennuis avec la justice, lapolice et le Conseil supérieur del’audiovisuel (CSA).

« Ce ne sont que des pingouinssur la banquise », lance-t-il à cetteépoque. « Cela ne m’empêche pasde le soutenir, car il s’est révélé, aufil des ans, comme un véritable

capitaine d’industrie. S’attaquer àBellanger, c’est s’attaquer à la jeu-nesse », assure Hervé Bourges, pré-sident du CSA de 1995 à 2001.

Fort de ces appuis qui lui onttoujours permis de passer à tra-vers les gouttes, M. Bellanger atoutefois chuté face aux juges. Ala suite d’une plainte pour violdéposée en 2003 par une jeunefemme âgée de 17 ans au momentdes faits, en 1999, il a été condam-né, le 5 février 2010, à trois ans deprison avec sursis et 50 000euros d’amende pour « corrup-tion de mineure ». Il lui a été repro-ché d’avoir agi comme « un gou-rou » en « favorisant la corrup-tion » de cette adolescente à tra-vers diverses formes de sexualité.« Ce procès a surtout été un procèsmoral où toute la haine pour Sky-rock est ressortie », estime-t-ilaujourd’hui.

Père de six enfants, M. Bellan-ger ne cache pas qu’il partage savie avec deux compagnes. « Unefamille surcomposée », dit-il, trèsloin des codes et des traditions. Al’image de Skyrock. p

Daniel Psenny

«J’aiémis, j’émets,j’émettrai!», dit-ildevantlesjuges, aprèsquela policeasaisisesémetteursnonautorisés

Economie

LES POUVOIRS publics n’ont rienà voir avec la crise d’actionnariatde Skyrock, mais ils ont suivi l’af-faire de près, avec en mémoire lesamedi 8décembre 1984. Ce jour-là, 300000 jeunes avaient envahiles rues parisiennes pour protes-ter contre la menace de fermeturede la radio NRJ par la Haute Autori-té de l’audiovisuel.

Fondée le 15juillet 1981 par MaxGuazzini et Jean-Paul Baudecroux,quelques semaines après l’arrivéede la gauche au pouvoir, la Nouvel-le radio des jeunes (NRJ) est, en1984, en pleine expansion. Dans leFar West radiophonique qui pré-

vaut à l’époque, règne la loi duplus fort. Après bien des hésita-tions, le 1er juillet 1984, le gouverne-ment de Pierre Mauroy autoriseles radios privées à diffuser de lapublicité. Une mesure qu’ellesréclamaient depuis des mois pourse relancer économiquement,mais qui ne devait profiter qu’auxplus importantes.

C’est le cas de NRJ qui, aprèsavoir émis depuis de petits locauxà Belleville, s’est installée avenued’Iena, à deux pas des Champs-Ely-sées. Mais la radio en profite pouraugmenter, en toute illégalité, sapuissance d’émission, ce qui a

pour effet de brouiller ses concur-rentes. Télédiffusion de France,organisme d’Etat, se plaint à laHaute Autorité que la surpuissan-ce de l’émetteur de NRJ brouille lafréquence des aéroports, des pom-piers et du Samu. L’organe de régu-lation décide alors de sanctionnerNRJ en lui infligeant une suspen-sion d’antenne pendant un mois, àpartir du 3décembre.

NRJ refuse la sanction. Le jourmême, sur l’antenne, les anima-teurs alertent les auditeurs et lesfondateurs lancent un cri d’alar-me: « Nous allons cesser d’émettrecette nuit. » Des centaines de jeu-

nes gens se précipitent au siège deNRJ, où plusieurs cars de police ontpris position. Plusieurs artistes,dont Johnny Hallyday, prennentfait et cause pour la radio.

Mitterrand inquietDes comités de soutien se

créent un peu partout. Inquiet parla tournure des événements, Mit-terrand demande au premierministre Laurent Fabius de sur-seoir à la décision de la Haute Auto-rité. La mobilisation ne faiblit paspour autant. Un appel à manifes-ter est lancé pour le 8décembresur la place de l’Hôtel-de-Ville, à

Paris. Près de 300 000 personness’y rendent et marchent vers la Bas-tille en criant des slogans hostilesau gouvernement socialiste, quiavait pourtant appliqué sa promes-se de libérer les ondes.

Finalement, NRJ n’a jamais ces-sé d’émettre. Au dernier sondageMédiamétrie (janvier-mars 2011),avec 10,8 points d’audience cumu-lée, la radio se place deuxième der-rière RTL. Quant à NRJ Group (NRJ,Chérie FM, Nostalgie et Rire&Chansons), son chiffre d’affairesa augmenté de 4,1 % en 2010, à343,6millions d’euros. p

D. P.

Pierre Bellanger, le 15avril, lorsqu’il occupait son bureauau siège de Skyrock, à Paris. JEAN-MICHEL SICOT/FEDEPHOTO

Laventeen ligne épingléepourses pratiques douteusesen matièrede soldesUne étude Credoc-IFMrévèle que 40% des sites de e-commerce contrôlésparlarépressiondesfraudesprésentent des dysfonctionnements

130123Mercredi 27 avril 2011

Page 14: Le Monde - Mercredi 27 avril 2011

SÉLECTION publiée sous laresponsabilité de l'émetteurDernier cours connu le 26/4 à 9hValeur Cours date

en euro valeur

CM-CIC EUROPE 24,54 20/4

Fonds communs de placementsCM-CIC EURO ACTS C 20,45 20/4CM-CIC SELECT.PEA 8,08 20/4CM-CIC MID EUROPE 22,11 20/4CM-CIC TEMPERE C 171,32 20/4CM-CIC DYN.EUROPE 35,04 20/4CM-CIC FRANCE C 33,83 20/4CM-CIC EQUILIBRE C 72,48 20/4CM-CIC DYN.INTERN. 28,01 20/4CM-CIC OBLI C.T.D 131,79 21/4CM-CIC MID FRANCE 36,29 20/4

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SICAV ET FCP

PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercicecourant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible.

FRANCE CAC 40 4025,55 26/4 0,09 4169,87 16/2 3693,94 16/3 10,80

ALLEMAGNE DAX Index 7290,07 26/4 -0,07 7441,82 21/2 6483,39 15/3 11,50

ROYAUME UNI FTSE 100 index 6024,57 26/4 0,10 6105,77 21/2 5591,59 15/3 10,70

ETATS-UNIS Dow Jones ind. 12479,88 26/4 -0,21 12506,22 25/4 11555,48 16/3 11,70

Nasdaq composite 2825,88 26/4 0,20 2840,51 18/2 2603,50 16/3 16,50

JAPON Nikkei 225 9558,69 26/4 -1,17 10891,60 17/2 8227,63 15/3 12,70

LES BOURSES DANS LE MONDE 26/4, 9h48

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2011 2011

(Publicité)

VALEURS DU CAC40

Cours en euros.◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation.Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2011. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité.

ACCOR ......................... ◗ 30,16 30,20 -0,13 -9,44 36,20 29,91 1,05 T FR0000120404AIR LIQUIDE ....................... ◗ 97,84 97,90 -0,06 3,38 98,31 85,30 2,25 T FR0000120073ALCATEL-LUCENT ........... ◗ 4,21 4,18 0,79 93,12 4,28 2,20 0,16 T FR0000130007ALSTOM ............................ ◗ 44,16 44,08 0,18 23,32 45,00 34,59 1,24 T FR0010220475ARCELORMITTAL ................ 24,73 24,96 -0,94 -8,29 28,55 23,54 0,16 A LU0323134006AXA .................................... ◗ 15,28 15,11 1,13 22,69 16,16 12,53 0,55 T FR0000120628BNP PARIBAS ACT.A ........ ◗ 51,92 51,42 0,97 9,05 59,93 47,03 1,50 T FR0000131104BOUYGUES ....................... ◗ 34,31 34,37 -0,17 6,37 35,05 31,56 1,60 T FR0000120503CAP GEMINI ...................... ◗ 41,40 41,44 -0,08 18,52 43,38 34,02 0,80 T FR0000125338CARREFOUR ..................... ◗ 31,09 31,09 -0,02 0,76 36,61 29,82 1,08 T FR0000120172CREDIT AGRICOLE ............ ◗ 10,92 10,84 0,78 14,90 12,92 9,31 0,45 T FR0000045072DANONE ............................ ◗ 48,95 48,92 0,05 4,09 49,22 42,08 1,20 T FR0000120644EADS ................................... ◗ 21,21 21,23 -0,12 21,62 22,27 17,55 0,17 T NL0000235190EDF ...................................... ◗ 28,24 27,87 1,33 -8,00 32,75 26,42 0,57 A FR0010242511ESSILOR INTL .................... ◗ 55,40 55,51 -0,20 15,00 56,28 46,60 0,70 T FR0000121667FRANCE TELECOM ............ ◗ 15,40 15,40 n/d -1,25 16,65 14,67 0,60 A FR0000133308GDF SUEZ ........................... ◗ 27,18 27,16 0,09 1,23 30,05 25,57 0,83 A FR0010208488LAFARGE ........................... ◗ 47,31 47,14 0,36 0,83 48,67 40,00 2,00 T FR0000120537L’OREAL ............................ ◗ 85,00 85,68 -0,79 2,31 90,00 76,64 1,50 T FR0000120321LVMH MOET HEN. ............ ◗ 118,40 119,30 -0,75 -3,82 125,35 97,67 0,70 A FR0000121014MICHELIN ........................... ◗ 65,88 63,70 3,42 22,68 66,13 52,00 1,00 T FR0000121261NATIXIS .............................. ◗ 3,82 3,80 0,53 9,14 4,39 3,51 0,45 T FR0000120685PERNOD RICARD ............... ◗ 65,77 66,14 -0,56 -6,52 72,78 61,81 0,73 S FR0000120693PEUGEOT ............................ ◗ 29,48 29,18 1,03 3,78 33,60 25,82 1,50 T FR0000121501PPR ..................................... ◗ 117,70 117,85 -0,13 -1,09 122,80 98,30 3,30 T FR0000121485PUBLICIS GROUPE ........... ◗ 37,09 37,48 -1,04 -4,90 41,84 36,15 0,60 T FR0000130577RENAULT ............................ ◗ 38,80 38,40 1,04 -10,82 50,53 35,70 3,80 T FR0000131906SAINT-GOBAIN .................. ◗ 46,73 46,76 -0,07 21,36 46,85 37,47 1,00 T FR0000125007SANOFI-AVENTIS ............. ◗ 52,57 52,73 -0,30 9,86 52,88 46,04 2,40 T FR0000120578SCHNEIDER ELECTRIC ..... ◗ 116,80 117,30 -0,43 4,29 123,65 105,80 2,05 T FR0000121972SOCIETE GENERALE ......... ◗ 43,79 43,49 0,69 8,88 52,70 39,25 0,25 T FR0000130809STMICROELECTR. ............. ◗ 8,25 8,25 n/d 6,60 9,73 7,86 0,06 S NL0000226223SUEZ ENV. .......................... ◗ 14,72 14,74 -0,10 -4,69 15,99 13,70 0,65 S FR0010613471TECHNIP ............................. ◗ 75,76 76,40 -0,84 9,64 77,45 62,95 1,35 T FR0000131708TOTAL ................................. ◗ 41,88 42,05 -0,40 5,62 44,55 39,71 1,14 A FR0000120271UNIBAIL-RODAMCO ........ ◗ 154,20 153,95 0,16 4,19 155,70 137,60 20,00 D FR0000124711VALLOUREC ....................... ◗ 84,46 84,85 -0,46 7,46 85,59 69,18 3,50 T FR0000120354VEOLIA ENVIRON. ............. ◗ 21,71 21,71 -0,02 -0,73 24,30 20,16 1,21 T FR0000124141VINCI ................................... ◗ 43,36 43,48 -0,29 6,59 45,03 39,37 0,52 A FR0000125486VIVENDI .............................. ◗ 20,45 20,34 0,57 1,24 22,07 18,50 1,40 T FR0000127771

Mardi 26 avril 9h45Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net ISIN

Assurance La Scoracquiert l’américainTransamerica ReLe réassureur français Scor aracheté Transamerica Re, la divi-sion américaine de l’activité mor-talité de l’assureur néerlandaisAegon pour 630 millions d’euros,a-t-il annoncé mardi 26 avril. LaScor devient le deuxième réassu-reur-vie aux Etats-Unis. Cette tran-saction sera financée sur les fondspropres de Scor, avec un éventuelrecours à l’emprunt. – (AFP.)

Finance Eurazeo rachèteOFI Private EquityLa société d’investissement Eura-zeo a annoncé, mardi 26 avril, l’ac-quisition de son petit concurrentOFI Private Equity, société françai-se cotée spécialisée dans les prisesde participations majoritairesdans les PME. Le montant de l’ac-quisition, payée en actions, est de132 millions d’euros, a annoncé unporte-parole. – (AFP.)

HSBC cesse la banquede détail en RussieLa plus importante banque britan-nique, HSBC, a décidé de mettrefin à ses activités de banque dedétail en Russie et de se recentrersur celles d’investissement, a indi-qué, lundi 25 avril, le patron d’HS-BC en Russie, Husseïn Ozkaïa.Mi-février, la banque britanniqueBarclays avait aussi annoncé son

intention de revendre son réseaude banques de détail BarclaysBank en Russie d’ici à la fin 2011pour se recentrer sur ses activitésd’investissement. – (AFP.)

Technologie Sony présentedeux nouvelles tablettesnumériquesLe géant japonais de l’électroni-que Sony a présenté, mardi

26 avril, à Tokyo, deux tablettesnumériques portant les noms decode S1 et S2, dans le but de rivali-ser avec les iPad d’Apple. Ces pro-duits seront compatibles avec desjeux en ligne originellement desti-nés à la plate-forme PlayStation.Ouvert, le S2 laisse apparaîtredeux écrans tactiles en couleurs,notamment pour faciliter la lectu-re de livres numériques. – (AFP.)

Aérien ADP envisage decéder sa part dans AlyziaAéroports de Paris (ADP), gestion-naire d’Orly et Roissy-Charles deGaulle, a annoncé, mardi 26 avril,qu’il envisage de céder le contrôled’Alyzia holding, société spéciali-sée dans l’assistance en escale auxcompagnies et en sûreté aéropor-tuaire. En 2010, Alyzia a réalisé200millions de chiffre d’affaires,dont 144 millions pour la brancheassistance en escale, et 56 millionspour la sûreté aéroportuaire. –(AFP.)

Marchés

Mines

BarrickGold rachète Equinoxpour7,6milliards dedollarsLe canadien Barrick Gold, premier producteur d’or mondial, a lancé, lun-di 25 avril, une offre d’achat amicale de 7,7 milliards de dollars (5,3 mil-liards d’euros) sur le groupe australien Equinox Minerals. Cette offresurclasse celle de 6,5 milliards du chinois Minmetals Resources et rendcaduque l’offre d’achat d’Equinox sur le producteur de cuivre suédoisLundin Mining. Ce rachat permet à Barrick Gold de se diversifier, Equi-nox détenant des gisements de cuivre en Zambie et en Arabie saoudite.Aaron Regent, son PDG, a justifié cette évolution, qui porte de 10 % à20% la part des minerais autres que l’or dans son chiffre d’affaires, parla rareté et donc le renchérissement des ressources de minerais. p

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Conjonctureetentreprises

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0123LA BOUTIQUE

Du lundi au vendredi9 h 30 à 18 h

Samedi 10 h à 14 h

E n plein sommet franco-ita-lien entre Nicolas Sarkozy etSilvio Berlusconi à Rome, le

français Lactalis accélère son offen-sive sur son concurrent italien Par-malat, dont il détient déjà 29 %. Legroupe laitier (marques Président,Lactel…) a annoncé mardi 26 avril lelancement d’une offre publiqued’achat(OPA) surlatotalité ducapi-tal de l’italien à 2,60 euros paraction, pour un montant total de3,375 milliards d’euros. En Bourse,le titre Parmalat s’envolait mardimatin(+10,73%,à2,56euros).Lacta-lis a précisé que cette acquisitionsera financée par un pool bancaireréunissant le Crédit agricole, HSBC,Natixis et la Société générale.

Uni à Parmalat, Lactalis auraitun chiffre d’affaires annuel d’envi-ron 14 milliards d’euros, ce qui enferait le « premier groupe mon-dial» du secteur, a-t-il affirmé dansun communiqué. Le groupe fran-çais explique sa décision par le« changement du cadre réglemen-taire » intervenu à la suite de l’ac-quisition de 29 % du Parmalat enmars, le gouvernement italienayant adopté des mesures afin detenter de l’empêcher de prendre le

contrôlede Parmalat. Lactalis apré-cisé que le siège resterait en Italie.

Rachetant les 15,3 % que déte-naient jusque-là des fonds d’inves-tissementétrangers, lasociétéfran-çaise était devenue le premieractionnaire du géant laitier italien,provoquant une mobilisation poli-tique d’ampleur en Italie. L’annon-ce de l’OPA sur Parmalat survient àune semaine du 3 mai – date fixéepour le dépôt des propositionsalternatives concrètes en mesurede sauvegarder l’italianité du grou-pe agroalimentaire dont l’assem-blée générale se tiendra le 28juin.

Plusieurs réunions ont déjà eulieu en Italie, sous la houlette de labanqueIntesaSanpaolo,propriétai-re de 2% des actions Parmalat, pour

mettre sur pied un pool d’investis-seurs transalpins sur le modèle dela solution choisie pour «sauver »,il y a trois ans, la compagnie aérien-ne Alitalia.

Une série d’acquisitionsTechniciens et conseillers de la

Caisse des dépôts et des prêts (équi-valent transalpin de la Caisse desdépôts et consignations) s’activent.Le gouvernement italien est parve-nu à gagner du temps en faisantparaître un décret repoussant l’as-semblée générale du groupe. Paral-lèlement, leministre de l’économieGiulio Tremonti, cherche à mettresur pied un Fonds d’investisse-ment italien d’environ 3 milliardsd’euros qui – sur le modèle du

Fonds stratégique d’investisse-ment (FSI) – pourrait venir en aideauxentreprises «stratégiques» ita-liennes opéables. Cela suffira-t-il àgarantir un avenir italien à Parma-lat dont l’aspect stratégique ne sau-te pas aux yeux? Pour l’heure plu-sieurs banques sont intéressées(Mediobanca, BNL, Unicrédit). Maisil manque toujours un partenaireindustrielitalienàcedélicatmonta-ge. Approché, le confiseur Ferrero,frappé par le décès du fils aîné dupatriarche, a laissé passer l’offre.

Lactalis, candidat malheureux àla reprise de Yoplait, est cette foisbien décidé à arriver à ses fins. Fon-dant sa stratégie sur la croissanceexterne, le groupe réaliseraitd’ailleurs avec Parmalat le dernierépisode d’une série d’acquisitions.En 2010, Lactalis est devenu le pre-mier laitier espagnol en prenant lecontrôle d’Ebro Puleva et de Forla-sa. Aujourd’hui, le groupe de Lavalest le quatrième producteur mon-dialde produits laitiers. Il représen-te 2,5 % du marché mondial derriè-relefrançaisDanone,lesuisseNest-lé et l’américain Kraft Foods.p

Philippe Ridet

et Service Economie

17mars Lactalis annonce qu’ildétient 11,42% de Parmalat.

22mars Le groupe porte à 29%sa participation dans l’italien.

23mars Un décret est adopté enItalie autorisant les entreprises àrepousser leur assemblée généra-

le jusqu’à fin juin pour permettreà Parmalat de gagner du temps.

31mars Rome autorise la créa-tion d’un fonds d’investissementqui pourra acquérir des partsdans les groupes «stratégiques».

26avril Lactalis lance son OPA.

TokyoCorrespondance

C onfronté à une contractionde ses profits, le géant japo-nais du jeu vidéo Nintendo a

annoncé, lundi 25 avril, le lance-ment d’une nouvelle console desalon pour 2012. Le même jour,l’entreprise de Kyoto a dévoilé sesrésultats annuels : pour l’exerciceclos fin mars 2011, ses ventes sonten recul de 29 %, à 1 014 milliardsde yens (8,5 milliards d’euros), etses profits nets en baisse de 66 %, à77,62 milliards de yens. Ces résul-tats, décevants pour la deuxièmeannée consécutive, sont attribuéspar Nintendo à « l’appréciation duyen » et à « la baisse du prix de ven-te de sa console portable DS ».

Le groupe souffre aussi de laconcurrence des smartphones,dont les applications ludiques etbon marché se multiplient, et desréseaux sociaux, qui proposentdes jeux le plus souvent gratuits.Dans ce contexte, le succès des pro-duits – matériel et logiciel – com-mercialisés pour le 25e anniversai-re du titre phare du groupe, SuperMario Bros, n’a fait que limiter labaisse des ventes.

Une nouvelle chez SonyNintendo n’a pas non plus rem-

pli sesobjectifs pourla consolepor-table 3DS. Loin des 4millions atten-dus,legroupen’avenduque3,6mil-lionsd’exemplairesdecettemachi-ne, lancée le 26 février et permet-tant de visionner des images 3Dsans lunettes spéciales. Après debons débuts, la 3DS a souffert de lacatastrophe du 11 mars au Japon.

Les conséquences de ce dramedemeurent d’ailleurs un sujet d’in-quiétude. Dans un communiqué,Nintendo admet que ses capacitésdeproductionn’ontpasétédirecte-ment affectées, mais il juge les

effets « imprévisibles », notam-ment pour la consommation. Celane l’empêche pas de prévoir unehausse des revenus, pour son nou-velexercice, tirés par ceux de la 3DSet de nouveaux services de venteen ligne, à 1100 milliards de yens etdes profits nets, à 110milliards. Cesobjectifs pourraient cependantpâtir de la mise en vente, fin 2011,de la Next Generation Portable(NGP), la nouvelle console de Sony.

Conscient de l’urgence de serelancer sur un marché avide denouveautés, l’entreprise doit aussilancer une nouvelle console desalon pour remplacer la Wii, dontplus de 86 millions d’unités ont étéécoulées mais dont les ventes recu-lent de 20% depuis deux ans.

D’après Nintendo, la machinesera présentée à l’occasion del’E3Expo, organisée à Los Angelesdu 7 au 9juin. L’objectif du groupeest,selonle président,SatoruIwata,cité par l’agence Bloomberg, de« proposer une nouvelle approchepour les consoles de salon ». La 3Ddevrait être retenue même si, tou-jours selon M. Iwata, « les télévi-seurséquipésen3Dnesontpasenco-re largement acceptés ».

Les sites spécialisés diffusentdéjà des rumeurs sur les caractéris-tiques de cette « Wii 2 », dont lenom de code serait « Project Café».Ils font état d’une manette équipéed’un écran tactile de 6,2 pouces,d’un capteur de mouvements ouencore d’une caméra.

Nintendo pourrait aussi choisirde rompre avec son habitude deréunir les technologies existantespour réaliser des produits inno-vants, et miser cette fois sur les per-formancesdesamachine,quipour-raient dépasser celles de ses rivales,la PlayStation 3 de Sony et laXbox 360 de Microsoft. Elle seraitmise en vente fin 2012. p

Philippe Mesmer

LactalislanceunraidhostilesurlegroupeitaliendeproduitslaitiersParmalatL’entreprise française, qui détient 29% de la société transalpine, propose 3,4milliards d’euros

Les mauvaisesnotesdel’automobile nippone

Economie

L es agences de notation nesont pas à une décisiondéplacée près. On se sou-

vient qu’en plein sauvetage de lazone euro, Moody’s avait décidé,début mars, de dégrader de troiscrans la note de la Grèce déjà malen point, puis celle de l’Espagne.

Standard &Poor’s (S&P) sem-ble, quant à elle, prête à donner lecoup de grâce aux constructeursjaponais déjà passablement ébran-lés par le séisme survenu àFukushima, le 11mars. Et qui n’enfinissent plus de ralentir leur pro-duction, voire qui arrêtent leurschaînes d’assemblage, un peu par-tout dans le monde pour cause depénurie de pièces détachées.

Lundi 25avril, on a ainsi apprisque la production de Toyota, Nis-san et Honda avaient chuté deplus de la moitié au mois de mars.«Seulement» 129491 véhiculessont sortis des usines japonaisesde Toyota, soit un plongeon de62,7%. La situation n’est guèreplus joyeuse chez son principalconcurrent, Nissan, qui a dû faireface à une chute de 52,4% de saproduction (47590). Quant à Hon-da, avec 34754 voitures assem-blées en mars, c’est quasiment63% de sa production qui s’estenvolée.

Dans la foulée, S&P a annoncéqu’elle abaissait de « stable» à«négative» la perspective de lanote de ces trois constructeurs.Autant dire qu’elle pourrait pro-chainement abaisser la note de

leur dette à long terme. Celle-ci estnotée AA – pour Toyota, soit laquatrième meilleure note possi-ble sur une échelle de 22. En mars,S&P avait déjà dégradé sa note deAA à AA –, estimant que la rentabi-lité du groupe était faible et s’amé-liorait à un rythme trop lent.

Celle de Honda est de A + (cin-quième meilleure) et celle de Nis-san BBB +(huitième). Avec son AA–, Toyota reste néanmoins lemieux noté de tous les grandsconstructeurs généralistes. A titrede comparaison, Volkswagen estnotée A –, Renault et Peugeot BB +.Que dire de Ford qui pointe à BB –(dixième meilleure note).

Pour expliquer sa décision,S &P a précisé qu’une baisse pro-longée de la production devraitréduire les parts de marché desconstructeurs automobiles japo-nais et leur compétitivité à longterme. Toyota a prévenu que saproduction ne retrouverait unrythme normal que fin 2011. Et iln’a jamais précisé s’il arriverait àrattraper les véhicules non pro-duits. Cette catastrophe pourraitlui coûter sa place de numéro unmondial du marché automobile.

Rappelons tout de mêmequ’en 2010 il n’avait distancé sonchallenger, l’américain GeneralMotors, que d’un « petit » 30 000véhicules. Mais GM et tous lesautres constructeurs mondiauxsont eux aussi confrontés à desproblèmes de production.p

Nathalie Brafman

Les étapes de l’offensive

Enpertedevitesse,NintendomisesursafutureconsoleLes ventes de la 3DS, commercialisée en février,ont été décevantes pour le groupe japonais

14 0123Mercredi 27 avril 2011

Page 15: Le Monde - Mercredi 27 avril 2011

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L ’assassinat de Marie-Jeanne Bozzi, 55 ans,ancienne élue UMP, jeudi 21 avril à Portic-cio (Corse-du-Sud), est la marque d’une

escalade dans une vendetta où désormais lescriminels ne s’interdisent plus rien. Jusqu’à cedrame, jamais, en Corse, une femme n’avait étéprise pour cible. Ce jeudi, peu après 16 heures,sur le parking du centre commercial de Portic-cio, située en plein centre de cette commune dugolfe d’Ajaccio, un tabou est tombé. Un de plus,sur cette île en proie à une dérive meurtrièrecomme elle en avait déjà connu dans les années1995-1996, lors de la guerre fratricide entre frac-tions nationalistes rivales.

On tue beaucoup en Corse et on y tue beau-coup plus qu’ailleurs. Proportionnellementplus qu’en Sicile (5 millions d’habitants), oùsévit Cosa Nostra : 19 assassinats de typemafieux sur l’île des Toto Riina et autre Bernar-do Provenzano, en 2009, 17 assassinats dumême type la même année en Corse(300 000habitants). Pour ne parler que des sixderniers mois, les doigts de la main ne suffisentpas à comptabiliser les meurtres commis dansl’île : Antoine Nivaggioni, abattu à 8 heures dumatin, le 17 octobre 2010, en plein centre d’Ajac-cio ; Eric Recco, fauché le 19 novembre 2010, àOlmiccia ; Florian Costa, mitraillé, le 7 décem-bre, sous les yeux de ses enfants (8 mois et5 ans) à Biguglia, non loin de Bastia ; ClaudePeretti, exécuté, le 2 décembre 2010, à Sartène ;Marc Paolini, assassiné, le 15 décembre 2010, àMigliacciaru, sur la plaine orientale ; Domini-que Domarchi, tué au fusil de chasse, à 1 heure,dans la nuit du 21 mars, à Saint-André-de-Coto-ne, sur les hauteurs d’Aléria.

Cette liste n’est pas exhaustive. On pourraity ajouter ce guet-apens tendu, dans la nuit du22février,àAntoine etJean-Baptiste Mattei, fou-droyés par des rafales de 9 mm sur une routeprès de Corscia, dans la région du Niolu.

Ces règlements de comptes sont la caused’une morbidité violente six fois plus forte quela moyenne. C’est bien simple, 330 meurtresont été recensés sur l’île de Beauté au cours desvingt dernières années. « Quelle région pourraitdurablement supporter une telle hécatombe ? »,déplore Dominique Bucchini, président (PCF)de l’Assemblée territoriale de Corse.

Depuis cinq ans, les Corses assistent,impuissants, à une guerre que se livrent desindividus liés au grand banditisme en phase derecomposition territoriale. Marie-Jeanne Bozziétait la sœur d’Ange-Marie Michelosi, suspectépar les policiers d’appartenir au grand banditis-me. Il est tombé en juillet 2008, probablementsous les balles de tueurs pressés de prendre saplace dans la région ajaccienne. Il était le brasdroitdeJean-GéColonna, unanciende laFrenchConnection, considéré jusqu’à sa mort acciden-telle, en octobre2006, comme le parrain de Cor-se-du-Sud. L’assassinat d’Ange-Marie Michelosis’inscrit aussi dans cette série macabre où lamort appelle la mort. Comme l’a affirmé, nonsans courage et avec clairvoyance, le 15 décem-bre, devant l’assemblée de Corse, l’élu nationa-liste de Corsica Libera, Paul-Félix Benedetti : «Ily a maintenant [en Corse] quatre groupes, deuxau nord, deux au sud, qui se font la guerre. Audébut, c’était une guerre mafieuse et aujour-d’hui, c’est une guerre du sang pour le sang. »

A la fin des années 1970, le fameux gang cor-se de la Brise de mer, dont les principauxacteurs ont été décimés récemment, a imposé

ses règles sur la Haute-Corse. Celle des bergersbraqueurs de Venzolasca dont le chef présumé,Ange-ToussaintFederici,estaujourd’hui derriè-re les barreaux pour un assassinat commis àMarseille, en 2006, règne encore sur la plaineorientale.

Les amis de Jean-Gé Colonna, au premierrang desquels Ange-Marie Michelosi et safamille, ont fait de la Corse-du-Sud leur chassegardée. Ils tolèrent difficilement la concurrenceau point que, en janvier, le tribunal de Marseillea condamné Jean-Toussaint Michelosi, l’autrefrère de Marie-Jeanne, a cinq ans d’emprisonne-ment pour une tentative d’assassinat contrel’ancien chef nationaliste, Alain Orsoni, dont ilredoutait sans doute l’influence. « C’est certain,le milieu joue un rôle en Corse », assure Domini-que Bucchini. L’ancien maire de Sartène admet«un risque de pénétration de la sphère politiquepar des représentants d’organisations criminel-les ». Qui vise M. Bucchini quand il lance cetteaffirmation à la tribune de l’assemblée le15 décembre 2010 ? Le clan Federici, dont l’undes frères, Balthazar, maire de Venzolasca, siègeà la collectivité territoriale, aux côtés du député(PRG) et président de l’exécutif, Paul Giacobbi?

La Corse est malade de cette promiscuité quiefface les frontières entre le monde des voyouset celui des gens honnêtes. Elle est malade de labanalisation des ports d’armes dont elle détientle record national. Elle est encore malade de sesmythes, qui, comme le regrette Paul-FélixBenedetti,témoigneraientd’«unsignederespec-tabilitéd’avoirunvoyoudanssafamille»etl’em-pêched’appeler«unvoleurunvoleuretunassas-sin un assassin ». Le contrat qui aabouti à l’assas-sinat de Marie-Jeanne Bozzi, exécutée commeon exécute les hommes du milieu, valide, s’il enétait besoin, la pertinence de ce diagnostic.p

[email protected]

D ans quel système vivons-nous depuis la chute dumur de Berlin ? Unipolai-

re ? Multipolaire ? Ni l’un ni l’autre,insiste le professeur de relationsinternationales Bertrand Badiedans son dernier ouvrage, intituléLa Diplomatie de connivence. Adéfaut de partager une formuleconsensuelle, ajoute-t-il, acteurset observateurs utilisent l’expres-

sion « post-bipolaire» pour identi-fier la fin de la guerre froide entreles Etats-Unis et l’URSS.

Ce « système sans nom » n’estpas sans fil conducteur, car endépit de ce changement de para-digme, le système internationaln’a point aboli, depuis près dedeux cents ans, le privilège desgrands selon lequel la gestion dumonde est une affaire trop sérieu-se pour la laisser entre les mainsde n’importe qui. Seul un club res-treint des puissants peut se préva-loir du droit de le piloter au nomdu bien de l’humanité.

C’est « le directoire du monde »,qui, sous la forme actuelle du G8ou du G20, incarne le poing de lapuissance dans un gant de paixuniverselle.

BertrandBadie signeici en théo-ricien des relations internationa-les son ouvrage le plus abouti surl’évolution du système mondialdepuis la fin de la guerre froide,sans perdre de vue le fil rouge quile gouverne : l’existence d’un cluboligarchique.

Carré des puissantsEn 274 pages, il retrace l’histoire

de ce carré VIP des puissants, de laSainte-Alliance (1815) à l’aristocra-tie du G8, en pointant le côté obs-cur de cette diplomatie de concert.Un espace clos où l’initié ritualiseson comportement : fermer lesyeux en discrète approbation ouvolonté de ne pas voir la faute del’autre.

Cet « homo connivus » n’est paspour autant sans disharmonieinterne. Il baigne entre coopéra-tion et compétition. La premières’impose quand un intrus se mon-tre impétueux. La seconde prendle dessus quand les intérêts natio-naux sont en jeu.

A chaque épreuve, le phénix decette diplomatie de connivencerenaîtdeses cendres,avecson arro-gance en bandoulière. Or jamais lacontestation n’a été aussi forteque depuis vingt ans.

Elle est systémique : commentsurmonter le paradoxe entre unemondialisation implacable et un

comité de pilotage rigide ? Elle estsociologique: comment répondreaux pressions des sociétés plusdémocratiques,désinhibées et exi-geantes envers des Etats en ruptu-re de monopole des affaires mon-diales ? Elle est culturelle : à forcede vouloir sinon occidentaliser, dumoins piloter le monde, le club desinitiéscréedes diplomatiescontes-tataires elles-mêmes gagnées parl’idée d’un anti-club. Elle est enfingéo-économique : cette vieillenoblessed’épéese heurteàla mon-tée d’une noblesse de robe, celledes puissances émergentes quitape à la porte des garants de l’or-dre mondial tout en partageant unautre sens des responsabilités.

L’auteur explore les contradic-tions de ce monde anomique, qui,par défaut d’intégration sociale etcrispations souverainistes, débou-chent sur des dérives oligarchi-ques où le cynisme cultive l’humi-liation, le puissant, l’exclusion. Ordans notre système d’interdépen-dance, où l’inclusion devrait êtrela règle, où la guerre est partout, lemultilatéralisme, conclut-il, incar-ne la solution pour une nouvellegouvernance.

Si l’humanité est indivisible,pourquoi son organisationdevrait-elle relever du club oligar-chique et non d’un jeu collectif ?p

Gaïdz Minassian

Analyse

Yves BordenaveService France

La Diplomatie de connivenceBertrand BadieLa Découverte, 274 p., 19 ¤

L a loi du 30 octobre 1968publiée au Journal officiel dela République française est

fort instructive. On y lit : «Le mon-tant maximum de la responsabili-té de l’exploitant nucléaire est fixéà 50millions de francs pour unmême accident. Au-delà du mon-tant de la responsabilité de l’exploi-tant, les victimes sont indemniséespar l’Etat. » Ce chiffre de 50 mil-lions de francs a été relevé depuis1968 et atteint aujourd’hui 91mil-lions d’euros. Cela signifie qu’encas d’accident nucléaire en France,l’exploitant ne devrait rembour-ser les dommages que jusqu’à91millions d’euros.Combien coûte un accidentnucléaire grave? Pour s’en teniraux seules dépenses engagées parla Biélorussie à la suite de l’acci-dent de Tchernobyl, CélineBataille, du Centre d’étude surl’évaluation de la protection dansle domaine nucléaire, estimait, en2007, que leur montant attein-drait un montant de l’ordre de235milliards de dollars (161 mil-liards d’euros) entre 1986 et 2015,un chiffre qui «ne reflète certaine-ment pas l’ensemble des coûts ».En ce qui concerne Fukushima, leJapan Times du 22avril annonçaitque les compensations à verserpar la compagnie Tepco pour-raient être de l’ordre de 8,4 mil-liards d’euros – une somme quin’est qu’une fraction du coût totalde l’accident, qui devra intégrer lastérilisation, pour des dizainesd’années, d’une zone de quelquesmilliers de kilomètres carrés, lagestion durable de la région mariti-me empoisonnée, la neutralisa-tion des réacteurs accidentés, etc.

La disproportion est énorme entre91millions et 8,4 milliards ou161milliards. Car la France – toutcomme les autres pays nucléa-risés – tolère que les risques del’électricité nucléaire soient prisen charge par la collectivité. Ils’agit d’une subvention cachéeextrêmement importante enfaveur de cette énergie.Première conclusion: l’analyseéconomique du nucléaire devraitintégrer explicitement le prix deces dommages. Deuxième conclu-sion: les compagnies exploitantl’énergie nucléaire devraient, soitassumer le coût du risque, soit

être nationalisées. En effet, lessociétés privées recherchent le pro-fit, quitte à abaisser les normes desécurité, en sachant qu’elles nesubiront qu’une responsabilitélimitée en cas de catastrophe. Unpeu comme des banques qui préci-piteraient le système financierdans l’abîme sans en subir lesconséquences…C’est magnifique le capitalisme:profit privé, risque public. Comp-te tenu de la gravité du risqueencouru, il importe de sortir de cet-te logique dangereuse, et de rena-tionaliser, chez nous, EDF et Areva.C’est l’inverse de la politique sui-vie en France et en Europe ? On nepeut rien vous cacher.p

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Hors-sérieUne vie,une œuvre«François Mitterrand»En ventedans les kiosquesà compterdu jeudi 28avril

DVD«Nous noussommestant aimés!»,d’Ettore Scola,avec «Le MondeMagazine»daté samedi 30avril

Dépasserl’oligarchie diplomatique

L’analyseéconomiquedunucléaire devraitintégrerexplicitementleprix des dommages

Lelivredu jour

Ecologie HervéKempfEn Corse, mortellepromiscuitéentre pègreet politique

Publicationsdu123

Nationaliser EDF!

AnalysesDécryptages 150123Mercredi 27 avril 2011

Page 16: Le Monde - Mercredi 27 avril 2011

En Libye, les bombardementsmilitaires de l’Organisation dutraité de l’Atlantique Nord(OTAN) n’ont pas débouché suruneévictionrapidedeMouam-mar Kadhafi. Les médias évo-

quent déjà l’enlisement. Le but originel,inscrit dans la résolution 1973, n’était pasle changement de régime en Libye, mais laprotection des populations.

De ce point de vue, l’objectif est atteint,le bain de sang annoncé sur Benghazi n’apas eu lieu. Il est donc excessif de parlerd’enlisement. Ilvientd’êtredécidéd’inten-sifier les bombardements. Tripoli et lesbureaux de M.Kadhafi ont été bombardés.Desconseillersmilitairesfrançaisetbritan-niques ont été envoyés auprès du Conseilnational de transition, auquel on fournitprobablement des armes.

Ne risque-t-on pas de passer, sans le direofficiellement,duconceptdela«responsa-bilité de protéger » à celui, bien différent,de changement de régime? Les armées quiparticipent à l’opération ne passeraient-elles pas alors de la protection des popula-tions civiles au statut de cobelligérants, aucôté des insurgés ? On peut certes partir du

principe que, tant que M. Kadhafi est aupouvoir, la population libyenne ne serapas en sécurité et que seul son départ per-mettra une véritable paix civile en Libye.

On peut aussi penser que la dispropor-tion des forces, le manque d’équipementou d’entraînement des insurgés doitconduireà lesaider. Mais on changele sensde la mission. On lui donne clairementcelui d’un changement de régime, par lebiais d’une intervention militaire, objectifexclu lors du vote au Conseil de sécurité. Iln’est pas certain que la coalition qui a étémiseenplaceenvertude larésolution 1973puisse y survivre longtemps.

La résolution 1973 a été saluée parcequ’elle mettait en œuvre le nouveauconcept de « responsabilité de protéger ».Celui-ci se distingue de l’ingérence, qui

n’est qu’une politique de puissance classi-que déguisée sous des bons sentiments.

L’ingérence a toujours été à sens uni-que : une intervention des grandes puis-sancesdanslesaffairesdesnationsplusfai-bles. L’Organisation des Nations unies(ONU) a toujours mis en avant le principede souveraineté, justement pour les proté-ger contre les appétits des pays plus puis-sants. Mais il est également nécessaire quelasouveraineté neconstituepasunegaran-tie d’impunité pour les tyrans et dicta-teurs. Il est souhaitable de protéger les

populations sans défense. La responsabili-té de protéger, formulée en 2005 à l’ONU,correspond à cette nécessité de trouver unéquilibre entre le respect de la souveraine-té et la protection des populations. Que la

nécessaire protection des Etats faibles faceaux Etats puissants ne se traduise pas parl’abandon des populations face à des gou-vernements prêts à faire des massacres.

La responsabilité de protéger corres-pond à une situation d’urgence, pour évi-ter des crimes de guerre, des massacres,des crimes contre l’humanité. Elle est déci-dée conjointement par les représentantsde la communauté internationale, par unvote auConseil desécurité. Rien àvoir avecune guerre unilatérale déclenchée en tou-te illégalité, fût-ce contre un dictateur.

Ceux qui privilégiaient l’ingérence surla responsabilité de protéger mettaient enavant le fait que la Russie ou la Chineferaient toujours obstacle à son évocationau Conseil de sécurité. La résolution 1973est venue les démentir, ni Pékin ni Moscoun’ont voulu être tenus responsables, parun vote négatif, d’un massacre qui s’an-nonçait certain.

Passer de la responsabilité de protéger àl’ingérence classique revient à délégitimerla première. Il sera plus difficile à l’avenirde l’évoquer si elle n’apparaît que commeune ruse pour faire accepter ce qui étaitrefusé, à savoir un changement de régime

par la guerre. Les pays réticents à voter enfaveur d’une intervention militaire pourprotéger une population menacée verrontleur suspicion renforcée. Ce qui se joue enLibye, au-delà de l’enjeu national et régio-nal,c’estl’avenirduconceptdelaresponsa-bilité de protéger.

M. Kadhafi est trop isolé sur le planinternational pour se maintenir au pou-voir très longtemps. A terme, il tombera.Mais le prix à payer pour sa chute seramoinslourds’iltombevictimedesonisole-ment que par une solution militaire exté-rieure, qui viendrait délégitimer leconceptdela responsabilité de protéger. p

Le 22 avril, c’était le ven-dredi saint, jour où leschrétiens commémo-rent l’agonie et la mortdu Christ sur la croix. Ily a six jours, l’évêque

d’Avignon, soutenu par des mou-vements catholiques intégristes etpar le Front national (qui vient deremporter 27 % des suffrages auxélections cantonales à Avignon), aexigé la fermeture de l’expositiondu Musée d’art contemporainYvon Lambert où était accrochéeune photographie de l’artiste new-yorkais Andres Serrano intituléePiss Christ. Cette œuvre, réalisée ily a plus de vingt ans, représenteun crucifix immergé dans du sanget de l’urine.

Dèsle lendemain, un petitgrou-pe entrait par effraction dans lemusée pour la détruire. Le minis-tre de la culture s’est aussitôt indi-gné d’une atteinte au principe fon-damental de la liberté d’expres-sion et de création. Les médias ontrelaté l’incident comme s’il s’agis-sait d’un acte quelconque de van-dalisme. Je reste perplexe. Il mesemble que l’enjeu est ici plus dou-loureux,pluscomplexe etsympto-matique d’une tendance bien plusgénérale qui consiste à mal nom-mer les choses.

Serrano dit en effet avoir réalisécette œuvre et d’autres sembla-bles pendant la première épidé-mie de sida. On s’inquiétait alorsdes prises de sang et plusieursgrandes entreprises obligeaientleurs employés à se soumettre àdes analyses d’urine. Le Christ estici immergé dans ces deux liqui-des. L’image était aussi conçuecomme une critique de l’Eglisecatholique dont les doctrines, lespersécutions et l’Inquisition ontsouvent contredit la vertudechari-té dont témoigne le Christ. Face aufléau du sida, le Christ n’aurait-ilpas pris le parti des victimes ?

L’erreur que l’on peut repro-cher à Serrano tient au titre de sonœuvre (sa valeur esthétique estune tout autre affaire). S’il l’avaitintitulée « Urine, sang et Christ »,ou « Christ immergé dans l’urineet le sang », le message serait pas-sé. Mais il a choisi de l’appeler PissChrist. Ce titre ordurier est uneagression, une provocation, quiappelle une contre-attaque et faitscandale. Il constitue égalementun blasphème en ce qu’il insulte lesacré.

Le fait que l’évêque d’Avignonait qualifié cette photographie deblasphématoire ne devrait pasnous empêcher de reprendre ceterme à notre compte. On ne peutpas laisser à l’Eglise le monopolede certains mots. (Tout fanatismecommence par une appropriationsémantique.) Un personnage com-me l’abbé Régis de Cacqueray(supérieur du district de France dela fraternité Saint Pie X, à la têtedes protestataires) me rappelle cespopes que Tolstoï a décrits avectant de hargne dans son dernierlivre, Résurrection, qui lui valutd’être excommunié par l’Egliseorthodoxe.

Pour des millions de personnesqui vivent en dehors du ministèrede l’Eglise, le Christ est perçu com-me un guide, comme le révélateurd’un mondepossible. Il est porteurd’espoir et de piété. C’est cette foi,et non les symboles ou édits ecclé-siastiques, qui mérite d’être consi-dérée comme sacrée et, partant, dene pas être la cible d’insultes gra-tuites. Les mots « Piss Christ » (etnon l’image) équivalent à une telleinsulte.

Déluge médiatiquePourquoi revenir sur cette anec-

dote dont l’importance a déjà étélargement exagérée dans lesmédias ? Parce qu’elle illustre lefait que la manipulation des motspeut recouvrir une ignorancecolossale des réalités. Le choix decetitre sarcastique montre queSer-rano a oublié l’étendue et la com-plexité de la foi à laquelle je faisréférence. Oublié? Ou ignoré?

Dans le déluge médiatiqueauquel nous assistons, le mot d’es-prit et l’affectation escamotent levécu des autres. D’où ce phénomè-ne paradoxal selon lequel l’igno-rance accompagne si souvent l’in-formation. A la télévision, un jour-naliste demandait à un économis-tenéolibérallesens dumot «inves-tissement ». Il a répondu : « Inves-tir, c’est espérer, espérer un gain. »Nous étions le vendredi saint ; ilétait presque minuit. p

(Traduit de l’anglais parMyriam Dennehy.)

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qu i vous Conna i t m i euX que rtL ?

JohnBergerEcrivain, critique d’art

Uneformule déplorable«PissChrist»: untitreenforme d’agression

MouammarKadhafiesttrop isolé sur

leplaninternational poursemaintenir au pouvoirtrèslongtemps»

DécryptagesDébats

Pascal BonifaceDirecteur de l’Institut de relationsinternationales et stratégiques(IRIS)

EnLibye, l’ingérence a pourobjectif non avoué defaire tomberle régimeLa France et l’OTAN risquent dedécrédibiliser la responsabilitéde protéger

16 0123Mercredi 27 avril 2011

Page 17: Le Monde - Mercredi 27 avril 2011

Animal Kingdom

ppv

D ès la première séquence,on pénètre un monde dontl’atmosphère n’est pas

tout à fait la nôtre. Les maisons etles petits immeubles de banlieuesont les mêmes, les gens sonthabillés comme nous en été. Maisil y a autre chose, une violence etun détachement qui font de la vieune espèce de cauchemar éveillé.

Cette ouverture d’Animal King-dom, film noir venu des antipo-des, laisse seul au monde Joshua(James Frecheville), le triste hérosde cette histoire qui est à peine lasienne. Grand adolescent au visa-ge presque toujours inexpressif, ilest recueilli par les Cody, la famillede sa mère, sur laquelle règne unegrand-mère répondant à l’étrangesobriquet de « Smurf » (« Sch-troumpf»). SmurfCody (JackiWea-ver) est une reine du crime de Mel-bourne, comme il en existe dans lemonde réel. Elle entretient avecses trois fils une relation quasiincestueuse. Reine Lear pour soapopera australien, grand-mèreSmurf a la larme aussi facile que lasentence de mort.

Quand Joshua arrive dans lepavillon des Cody, le clan y vitretranché, et l’essentiel d’AnimalKingdom consiste en un huis closau long duquel la tribu se défaitencore plus sous la pression depoliciers sans scrupule. Les gestesles plus quotidiens de la vie peu-ventvirer au bain de sang. Parti fai-re des courses pour sa famille ausupermarché, Darren Cody, lecadet de la fratrie, est exécuté pardes policiers qui ont formé unescadron de la mort. Cet épisode,

on l’a vu dans les villes les plus cor-rompues des Etats-Unis, au Brésil.Filmé froidement dans les ruessans âme de Melbourne, il a uneautre résonance, il fait du mur cen-sé séparer la civilisation de la jun-gle une cloison à travers laquellepassent tous les bruits.

Emmenés par Pope (Ben Men-

delsohn), un garçon qui a intérêt àavaler régulièrement ses médica-ments s’il veut prendre les bonnesdécisions, les survivants cher-chent à se venger et à redonner auclan sa splendeur passée. Cesefforts sont voués à un échec san-glant, dont l’instrument sera Josh,forcément.

On retrouve dans Animal Kin-gdom un motif cher aux cinéastesde la Côte est des Etats-Unis,Martin Scorsese ou James Gray :l’irruption d’un élément exté-rieur dans un groupe et l’éclate-ment qu’elle provoque. Comme leHenry Hill des Affranchis, deMartin Scorsese, Josh est incapa-

ble de la même loyauté que lesmembres de droit du clan Cody.Des bribes de conscience moralefinissent par remonter à la surfa-ce, provoquant une hésitationdont un policier malin profiteimmédiatement. Dans AnimalKingdom, la trahison n’est pasaffaire d’appartenance ethnique,

mais plutôt de génération, d’his-toire familiale. De toute façon lerésultat est le même.

Ce qui change, de ce côté-ci dumonde, c’est la banalité de la viecriminelle. A la très notable excep-tion de la mère-grand pousse-au-crime, pas de personnages plusgrands que nature. Pope pourraitêtre un psychopathe terrifiant,mais seules ses actions font peur.Celui qui les commet n’est qu’unpauvre type qui ne parvient pas àse soigner. Ses frères ne sont quede grands enfants à la remorquede leur aîné. Le justicier lui-même

n’est qu’un adolescent qui laisse àpeine passer quelques éclairs depensée, de sentiment. On saurapeut-être un jour si James Freche-ville est un grand acteur économede ses moyens ou simplement uncorps massif que le metteur en scè-ne a su employer avec intelligen-ce. En attendant, on se contente desuivre ses efforts désespérés pourchoisir entre la famille et le genrehumain.

Les scènes violentes (meurtres,braquage) sont filmées souventde loin avec efficacité, sobriété,ramenant à la sensation d’aliéna-tion qui saisissait à la premièreséquence. David Michôd fait mon-ter juste assez d’adrénaline pourque son film gagne sa qualité dethriller, mais il se refuse avec uncertain panache à magnifier la vio-lence.

De temps en temps passent dessilhouettes familières – un avocatvéreux, un policier moins corrom-pu que les autres. Chacune d’entreelles est incarnée par un acteurcompétent (le policier est joué parGuy Pearce, l’interprète deMemen-to, le premier film de ChristopherNolan). Ces silhouettes familièresrattachent Animal Kingdom à songenre (le film de gangsters) sanslui faire perdre sa singularité.

Celle-ci tient aussi – surtoutpeut-être – à ce drôle de territoiresans limites définies sur lequelse joue la partie. Les rues bordéesde bungalows s’étendent à l’infi-ni ; sans s’en rendre compte, onse retrouve en plein bush ; on estnulle part, dans un endroit si loinde Dieu que le roi d’Angleterre yenvoyait les réprouvés de sonroyaume. Et – comme l’indiquele titre de cet excellent début – ilest facile d’y retourner à l’étatsauvage. p

Thomas Sotinel

Film australien de David Michôd. AvecJames Frecheville, Ben Mendelsohn,Jacki Weaver, Guy Pearce. (1 h 52.)

Grands-mèrescriminelleset bandits dubush, les mythesd’un continent

Latrahisonn’est pasaffaired’appartenanceethnique,mais plutôtdegénération,d’histoirefamiliale

Plongéedans lanoire jungleurbaine des antipodesLe brillant premier film de David Michôd oppose une famille de gangsters australiens à des policiers corrompus

Sydney (Australie)Correspondance

Régulièrement, les journauxpopulaires australiens affichentdes photos de semi-célébritésconnues pour leur appartenance àl’underworld, le monde du crime.Roberta Williams en fait partie. Sila quadragénaire fait parler d’elle– sa vie et sa coiffure étant sou-vent commentées dans la presse–, c’est qu’elle fut l’épouse de CarlWilliams, l’un des chefs de gangqui ont ensanglanté la ville de Mel-bourne au début desannées2000. Comme elle, JudyMoran est suivie de près par lestabloïds. Courant mars, son pro-cès pour meurtre a fait sensation.Avec son allure de matriarcheblonde, Judy Moran, qui a perdudeux fils dans le conflit opposantsa famille à Carl Williams, est aus-si une célébrité nationale.

L’Australie continue d’être fas-cinée par le sort des malfrats deMelbourne et de leurs familles.Durant des décennies, la ville a été

au cœur d’une rivalité de gangsqui a fait des dizaines de morts.Les nombreux enterrements, atti-rant une foule d’hommes en cos-tume noir et lunettes de soleil, ontété largement médiatisés, don-nant aux différents criminels uncaractère presque familier.

Parmi les figures du crime lesplus célèbres, on trouve donc CarlWilliams, un ancien du gangMoran, assassiné en prison par uncodétenu, en 2010. Les Moran onttraversé les années en contrôlantdes trafics de drogue avant d’êtreéliminés. En plus des criminels, cemonde fascinant regorge aussid’avocats véreux et de policierscorrompus.

Le genre inspire les journalisteset les écrivains, mais aussi les scé-naristes. La série « Underbelly »,consacrée à la guerre des gangs deMelbourne et de Sydney, a rem-porté un beau succès, attirantrécemment 2 millions de téléspec-tateurs pour certains épisodes.

Mais l’intérêt pour les meur-triers et les hors-la-loi n’est pas un

phénomène neuf en Australie. Lesfilms sur les bushrangers, ces ban-dits de grand chemin, y sont unetradition, et Ned Kelly, un brigandqui a sévi dans la région de Mel-bourne à la fin du XIXe siècle, estsouvent considéré comme unhéros. Son image, le visage recou-vert d’un casque de fer, fut l’undes thèmes favoris du célèbrepeintre Sidney Nolan (1917-1992),tandis que nombre de films luiont été consacrés. « L’intérêt pourles bushrangers est probablementlié à l’histoire de l’Australie commecolonie pénitentiaire, observe PaulByrnes, critique de cinéma pour leSydney Morning Herald. Le publicaustralien se méfie traditionnelle-ment des autorités, qui ont sou-vent été considérées comme cor-rompues», explique-t-il.

Animal Kingdom, qui dépeintl’underworld de Melbourne à uneépoque non déterminée, sembleêtre dans la même tradition. « Unefamille de gangsters est provoquéepar la police et se venge. C’est trèsproche de l’histoire du gang Kel-

ly», affirme Paul Byrnes. La trameest inspirée du meurtre de deuxjeunes policiers, à Melbourne, en1988. « En arrivant à Melbourne,j’ai commencé à m’intéresser aumonde du crime. A me demanderce qui avait pu se passer dans lesheures qui ont précédé ce doublemeurtre », explique le réalisateurdu film, David Michôd.

Le contre-pied des sériesA 39 ans, Michôd n’avait à son

actif que des courts-métrages. Il amis presque huit ans à écrire l’his-toire de la famille Cody. « Ce quej’ai trouvé fascinant, à Melbourne,était que cet underworld coexis-tait avec la société normale. Les cri-minels sont des gens qui viventdans des banlieues de classemoyenne, raconte-t-il. Tout le mon-de à Melbourne connaît quelqu’unavec une histoire à raconter. »

Animal Kingdom a remporté legrand prix du jury au SundanceFilm Festival 2010 et a fait 5 mil-lions de dollars (3,68 millions d’eu-ros) de recettes en Australie. Un

succès dans un pays qui, d’ordinai-re, tend à bouder les films pro-duits localement. Mais, derrièreles apparences, le film prend lecontre-pied des séries qui présen-tent l’underworld comme un mon-de glamour. Ses personnages sontperdus ou pervers, et la matriar-che du clan Cody, Smurf, a unerelation étrange avec ses fils, lesembrassant sur la bouche et n’hé-sitant pas à commanditer le meur-tre de son petit-fils.

« J’étais mal à l’aise de voir lesmédias et la télévision présenterdes shows où des criminels sontmontrés comme des célébrités,affirme David Michôd. L’Australieest une société où l’admirationpour les gangsters se combineétrangement avec une grande révé-rence pour l’autorité.»

Animal Kingdom reste donc unfilm à part. Mais la fascinationpour l’underworld ne risque pasde s’estomper. De nouvelles sériestélé, montrant la vie d’autres mal-frats, viennent d’être tournées.p

Marie-Morgane Le Moël

Lesmystères d’une zonepavillonnaire, entre cauchemar cérébral et fable socialeGéraldine Bajard livre un premier film ambigu, qui joue avec les fantasmes des spectateurs et semble regarder du côté de Jacques Tourneur

Cinémappp excellent ppv àvoir pvv pourquoipas vvv àéviter

SmurfCody (Jacki Weaver) entretient une relation quasi incestueuse avec ses trois fils, ici avec Craig (Sullivan Stapleton). DR

La Lisière

pvv

S uggérer d’abord, ne rienmontrer, laisser dans l’om-bre ce qui doit y rester : tel

est le principe de ce premier filmqui semble puiser ses influenceschez Jacques Tourneur et chez leDavid Lynch de Blue Velvet, avecune gravité, un refus de l’affectidentifiables au jeune cinéma ger-manique où l’auteur fit ses clas-ses (elle a travaillé entre autresavec Jessica Hausner).

Un jeune médecin (Melvil Pou-paud) s’installe dans une ville nou-velle, zone pavillonnaire géréecomme une secte, où il est

accueilli avec une sympathie pres-que suspecte : « Nous avonsbesoin de sang frais dans larégion ! » Les adultes sont affa-bles, mais le lieu a l’air dominépar un groupe d’adolescents(filles à la soumission tacite, gar-çons sombres faisant vrombirleurs Mobylette) qui se retrou-vent la nuit dans la forêt pours’adonner à des rituels étranges.

La lisière évoquée par le titreest à la fois géographique (leno man’s land entre ville et natu-re), psychanalytique (frontièreentre la raison et la forêt qui abri-te les fantasmes, limite du borderline), sociale (celle qui fait bascu-ler dans l’âge adulte), fantastique

(paysage bucolique le jour, inquié-tant la nuit).

Géraldine Bajard concentre samise en scène sur l’atmosphère,douce, feutrée, évocatrice desecrets inavouables. Les habitantsn’auraient-ils pas des activitéscachées, des comportementsbizarres ? A moins que héros (lemédecin en plein malaise senti-mental) et spectateurs (en fla-grant délit de fantasmes) nesoient pris aux pièges d’une libi-do qui attise leur imagination.

Pourquoi donc suspecter desviols collectifs chez ces jeunes quirôdent en bande, et des partouzesentre voisins dans cet universmonotone et anodin ? Le toubib,

qui se croit surveillé, se voit prispour cible par la horde ambiguë,n’est-il pas la proie d’un dérègle-ment mental, lui qui se dérobeinexplicablement aux effusionsde sa fiancée et roule à pleine vites-se sur les routes mal éclairées ?

Forte fièvre nocturneGéraldine Bajard alimente tou-

tes les spéculations, allume lamèche des délires pulsionnels.Sam, le patron de la résidence,s’identifie à Barbe-Bleue, et ce quise passe dans la boîte de nuit loca-le a des résonances échangistes.

Tour à tour, les gamines fei-gnent une forte fièvre nocturnenécessitant l’appel du médecin

qu’elles trouvent si mignon, etidentifient leur auscultation com-me des caresses. François lui-même, le médecin déboussolé,accourt ici et là avec une minecompassionnelle et hébétée,inquiétant par ce qu’il déploie deconscience professionnelle, devolonté de s’intégrer, d’altruismeinnocent et de désir refoulé. Le feuqui le ronge se traduit par l’incen-die maladroit qu’il provoque… à lalisière de son jardin.

Le sexe rôde ici, partout, sanspassages à l’acte. La Lisière explo-re des jeux dangereux : séduction,non-dit, rêve de transgression,rivalité, impuissance, dérobade,jalousie, punition, volatilité du

désir. Un accident mortel fait bas-culer le récit, le face-à-face entreFrançois, l’intrus, et Cédric, le chefdes ados, suggère l’échange vir-tuel des partenaires et l’identifica-tion troublante. Le second serait-il la projection du premier, unreflet de jeunesse ? Le mérite degénérer tant de mystères n’est pasmoindre. Indulgence coupable ?On en vient à se dire que la mala-dresse épisodique du jeu des jeu-nes acteurs nourrit le propos. p

Jean-Luc Douin

Film français de Géraldine Bajard.Avec Melvil Poupaud, Audrey Marnay,Alice de Jode, Hippolyte Girardot.(1 h 40.)

170123Mercredi 27 avril 2011

Page 18: Le Monde - Mercredi 27 avril 2011

Bon à tirer

ppv

A vec leurs premiers films,Dumb and Dumber (1994),suivi de Kingpin (réalisé en

1996, mais inédits en salle en Fran-ce) et de Mary à tout prix (1998),les frères Farrelly avaient specta-culairement dynamisé le cinémaburlesque hollywoodien. Le rire ydevenait violemment régressif,enfantin et obscène, d’une « incor-rection » parfois réjouissante.

Mais à partir de L’Amour extra-large, sorti en 2001, le burlesquetrivial se tempérait (ou s’enrichis-sait) d’une vision plus réaliste,d’une volonté, semble-t-il, d’an-crer davantage les personnagesau cœur de la société américaine,de faire de ces derniers des hom-mes ordinaires. Ceux-ci se trou-vaient plongés, non pas dans ununivers de dessin animé, fût-ilpour adultes (Dumb and Dum-ber), mais dans le monde réel,dans la société où, tout du moins àce qui veut rendre, cruellement,celle-ci acceptable.

Bon à tirer poursuit sans équi-voque cette peinture de l’Améri-cain moyen observé minutieuse-ment, de sa banale apparencesociale à ses appétits les plus ina-vouables. Deux quadragénairesmariés depuis plusieurs annéesse voient proposer par leurs épou-ses, lasses à la fois de leur démons-tration d’intérêt pour les autresfemmes et de leurs fantasmesenvahissants, une semaine de céli-bat sans interdit, de licence abso-lue au cours de laquelle toutesleurs envies (sexuelles, suppo-se-t-on) pourront être assouvies.

Evidemment, le programmene se déroulera pas exactementcomme prévu. Si l’on ne craignaitune certaine pédanterie, où l’ap-plication d’une grille de lectureun peu osée à ce qui ne sembleêtre au départ qu’un divertisse-ment comique, l’on pourrait direque la situation de départ est évi-demment le prétexte idéal à s’in-terroger, très philosophique-ment, sur la notion même deliberté.

Mais après tout pourquoi pas,car la force comique du film repo-se très exactement sur l’impossi-

bilité pour les deux pitoyableshéros d’assouvir des pulsionsqu’ils ne cessent pourtant d’affir-mer. C’est ainsi que l’autonomieofferte aux deux maris se trans-forme en un retour régressif, uneinvolution infantile où les joints,l’alcool, la mauvaise nourriture etles soirées entre potes deviennentune forme de substitut du sexe etmême de protection contre celui-ci, malgré les fanfaronnades desprotagonistes. C’est évidemmentces occasions-là qui constituentpour les deux auteurs du film unterrain favorable à toutes sortesd’excès burlesques et scabreux. Etc’est effectivement très drôle.

Bon à tirer s’attaque évidem-ment à la vie conjugale commeréalité quotidienne et répressive.Les pathétiques héros du filmsemblent être victimes d’unedomestication mentale qui lesempêche à tout jamais de sortirdes rails de la frustration domesti-que.

Il sera sans doute facile deconsidérer la façon dont les cinéas-tes et scénaristes dénouent lasituation comme un retour à l’or-dre moralisateur, une exaltationde l’ordre « normal » des choses etune dégoûtante concession à lasentimentalité qui constituel’idéologie majeure des indus-tries culturelles actuelles.

Ce serait sans compter la pro-fonde ambiguïté d’un film quieffleure plus d’une fois une trivia-lité sombre, s’approche des abys-ses fantasmatiques prêtés à l’hom-me ordinaire d’aujourd’hui et lais-se, in fine, ses protagonistes dansle même enfer qu’au début durécit. p

Jean-François Rauger

Film américain de Peter et BobbyFarrelly. Avec Owen Wilson, JasonSudeikis, Jenna Fisher. (1 h 45.)

Gigante

ppv

D ’Amérique latine, encoreune bonne nouvelle : unde ces petits films intelli-

gents, fragiles, humanistes en dia-ble, dont on ressort touché,séduit, heureux. Celui-ci est le pre-mier long-métrage d’AdrianBiniez, Argentin de 37 ans,ex-musicien, ex-acteur (dans ledrôlement mélancolique Whiskydes Uruguayens Pablo Stoll etJuan Pablo Rebella), aujourd’huiinstallé à Montevideo, en Uru-guay. C’est là que se dérouleGigante. Malgré la stature duhéros, on peut en faire le tour enune phrase : un veilleur de nuitobèse tombe amoureux d’unefemme de ménage aperçue surl’un des écrans de contrôle de lagrande surface qui l’emploie.

On tiendrait un film avec cela ?Et comment ! Il y a d’abord le per-sonnage central, Jara, qui occupel’écran à lui tout seul. Jara est ungéant aux yeux d’enfant, un douxcolosse, une énigme à déchiffrer.Avare de mots, retenu dans sesexpressions, discret autant quepeut l’être une montagne, il trans-porte sa masse du local de sur-veillance où il surveille nuitam-ment les écrans en dévorant despâtisseries, à son minuscule chez-soi où il regarde d’autres écransen continuant de manger ce quilui tombe sous la main, quand ilne s’endort pas séance tenante.Cette routine apathique est rare-ment rompue. Un extra commevideur au Molotov, une brèvedécharge de hard rock sous la dou-che, un jeu vidéo avec son neveu,aussi obèse que lui.

Tout bascule lorsque Jara repè-re sur son écran, parmi le pelotondes employés qui s’affairent dansla grande surface déserte, unejeune femme de ménage mala-

droite qui renverse un stand derouleaux de papier. La fille estbanale, n’a rien pour elle, sinon samaladresse et l’ennui visiblequ’elle éprouve à faire ce métier.Jara en tombe pourtant raideamoureux. L’intérêt naissant semue très vite en obsession. Il lasuit d’un écran à l’autre, la filedans la rue après le travail, veillesur elle comme un ange gardien,la sauve incognito de situationsembarrassantes, mais n’osejamais l’aborder. Ce petit manègedure longtemps: cinquante minu-tes de film passeront avant queJara ne se décide à lui faire passerun petit mot, et encore anonyme !

La femme, réduite à n’êtrequ’une image observée à soninsu, pure projection d’un désir,garde quant à elle tout son mystè-

re. Elle est un peu le MacGuffinsentimental de ce film. Ce petitjeu serait longuet si la mise en scè-ne ne faisait son miel de l’embar-ras de Jara et de l’absurdité de lasituation. Elle distille des situa-tions d’une réelle drôlerie, fon-dées sur la tension entre l’hyper-présence de Jara et la discrétionqu’il s’efforce d’adopter, entre lamine patibulaire qu’il prend et latimidité qui le paralyse.

La femme inatteignableEt puis, il y autre chose. Une sor-

te de sous-texte politico-esthéti-que qui court tout du long, met-tant en crise le régime de la maîtri-se (la vidéosurveillance) par l’in-certitude du désir (la femme inat-teignable) et la logique accumula-tive de la consommation (l’hyper-

marché) par le parti pris de la res-triction (le minimalisme drama-turgique, l’abstinence charnelle).

Petit film donc, mais plus cos-taud qu’il n’en a l’air. Quant àHoracio Camandule, l’interprètede Jara, il s’inscrit dans le droit-filde ces poids lourds qui apportentla grâce au cinéma d’auteurcontemporain, qu’il s’agisse deForest Whitaker dans Ghost Dog,la voie du samouraï, de l’Améri-cain Jim Jarmusch, d’HosseinEmadeddin dans Sang et or, del’Iranien Jafar Panahi, ou de Fran-cis Bosco dans My Magic, du Singa-pourien Eric Khoo. p

Jacques Mandelbaum

Film argentino-uruguayen d’AdrianBiniez. Avec Horacio Camandule,Leonor Svarcas. (1 h 30.)

Direction Olivier Py

Odéon-Théâtre de l’Europe / 01 44 85 40 40Tarifs de 6� à 28�

à partir du 27 avrilAteliers Berthier 17e

©element-s/Licenced’entrepreneurdespectacles1039307

de & mise en scèneJean-François SivadieravecNicolas Bouchaud, Stephen Butel,Marie Cariès, Charlotte Clamens, Vincent Guédon,Éric Guérin, Christophe Ratandra, Nadia Vonderheyden,Rachid Zanouda

L’autonomieofferteauxdeux marissetransformeenun retourrégressif,uneinvolutioninfantile

Letristesortdumâleaméricainrelâchédansla natureLe film des frères Farrelly s’attaque à la vieconjugale et à la domestication mentalede deux pitoyables quadragénaires

Moi, Michel G,milliardaire,maître du monde

ppv

Q ue le cinéma commercialfrançais s’inspire du ciné-ma américain est aujour-d’hui une banalité. Que ce

faisant il produise des réussitescomparables est nettement plusrare. Malgré des faiblesses, Moi,Michel G, milliardaire, maître dumonde en est une. Inspirée du per-sonnage de Jean-Marie Messier(J2M), cette comédie joue commeses modèles américains sur uneréalité sociale actuelle, celle de laFrance bling-bling. Mais alors queson titre, référence à une blagueque J2M avait inspirée à l’époquede sa gloire aux « Guignols de l’in-fo», laissait présager un recyclageàras deterre del’humour Canal+, iln’en est rien. La comédie est enle-vée, originale, souvent drôle.

Le jeu des acteurs est correct, lamise en scène aussi. Mais ce quifrappe vraiment, c’est le travaild’écriture. Le scénario autrementdit, nerf de la guerre des comédieshollywoodiennes.StéphaneKazan-djian, à qui l’on doit des films com-me Sexy Boys, Modern Love, ne secontente pas, en effet, de parodierun personnage célèbre. Il inscrit laparodie dans une intrigue élabo-rée, richement documentée.

Interprété par François-XavierDemaison, Michel Ganiant est unoutsider du monde des affaires. Unself-made-man qui a réussi trèsfort, très vite. Le film commencealors qu’il s’apprête à faire le plus

gros coup de sa carrière. Par défi,pourjouer lejeude la transparencequ’il a lui-même érigée en dogme,il accepte alors qu’un documenta-riste, gauchiste de surcroît, le suivedans ses moindres déplacements.

Un souci de véracitéEn confrontant leurs points de

vue, le film joue la carte de la paro-die, parfois même de l’outrance,maisnesombrejamaisdansla cari-cature. Le souci de véracité dontfait preuve l’auteur l’en empêche.Dans le rôle du journaliste,Laurent

Lafitte est une réplique du docu-mentariste Pierre Carles. Le filmdébute comme les siens d’ailleurs :dans le bureau de l’auteur-journa-liste-justicier-pince-sans-rire,alors que celui-ci, accroché au télé-phone, cherche vainement àconvaincre un grand patron de selaisser filmer. Avec son physiquede play-boy au sourire « ultra-bri-te », Laffite apparaît comme l’an-tithèse absolue de Carles. Maisc’est justement cela qui rend crédi-ble son personnage. Cette manièrede s’inspirer d’une réalité observée

et connue, et de s’en écarter enoutrant certaines choses (commedans le choix du nom MichelGaniant), en emportant d’autresvers la fiction pure, est très efficaceen termes de comédie. Elle permetde construire des ramificationssolidesàl’intrigue, etdespersonna-ges secondaires qui en font tout lesel. Guy Bedos, par exemple, excel-lentenpilierdeconseilsd’adminis-tration du CAC 40 un peu franc-tireur sur les bords. La femme dumilliardaire, interprétée par Lau-rence Arne, est bien aussi, avec sasilhouette de mannequin, sesdeux enfants et ses velléités dechanteuse à la guitare tendanceCarla Bruni.

L’exagération à partir d’unebase documentée est aussi ce quimaintient le contrat de croyanceavec le spectateur, que ce soit surles opérations de marché deMichel Ganiant, sur les méthodesdepression qu’il utilise, sur les usa-ges des patrons du CAC 40 ou surles blagues atrocement décomple-xées de Michel : « Si Dieu avait vou-lu que les hommes naissent égaux,pourquoi a-t-il créé les nains? »

Le parti pris qui a consisté à seprojeter une petite décennie avantnos jours, à l’époque où se façon-nait l’ère actuelle du bling-bling etde la transparence à tous crins, estaussi à mettre au crédit du film.C’est dans ce léger décalage tempo-rel que la fiction prend toute sachair.p

Isabelle Regnier

Film français de Stéphane Kazandjian.Avec François-Xavier Demaison,Laurent Lafitte, Guy Bedos. (1 h 27.)

Cinémappp excellent ppv àvoir pvv pourquoipas vvv àéviter

Jara (Horacio Camandule), doux colosse maîtrisé par ses ex-collègues. DR

Cet obscurobjet du désiraperçu àtravers un écran de contrôleIl est agent de surveillance, seul et obèse; elle est femme de ménage, maladroite, banale. Leurrencontre, après cinquante minutes d’intrigue, fait de «Gigante» un premier film réjouissant

Francois-Xavier Demaison interprète un Michel Ganiantcrédible. VINCIANE PIERART/DELANTE FILMS

Letriomphedu bling-bling, dix ans avantl’heureStéphane Kazandjian s’inspire librement de Jean-Marie Messier pour livrer une comédie enlevée

18 0123Mercredi 27 avril 2011

Page 19: Le Monde - Mercredi 27 avril 2011

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IndeduNord

mohan veena

nRetrouvez l’intégralitéde la critique sur Lemonde.fr

ppvà voirAnimal KingdomFilm australien de David Michôd(1 h 52).

Moi, Michel G, milliardaire,maître du mondeFilm français de StéphaneKazandjian (1 h 27).

GiganteFilm argentino-urugayend’Adrian Biniez (1 h 30).

Bon à tirer (BAT)Film américain de Peter et BobbyFarrelly (1 h 45).

pvvpourquoi pasLa LisièreFilm français de Géraldine Bajard(1 h 40).

nCoup d’éclatFilm français de José Alcala (1 h 32).Une prostituée venue de l’Estretrouvée morte au bas d’unimmeuble. Suicide ou meurtre ?Femme flic un peu abrupte, Cathe-rine Frot se rebelle contre la routi-ne policière et refuse de faire duchiffre sur le dos des sans-papiers.Histoire d’une désobéissance civi-le, sur fond social bien senti : bis-trots, campings, usines désaffec-tées, entrepôt d’ostréiculteurs,abris de chômeurs. Les personna-ges de second plan sont dignes etjustes. Le film se démarque descodes du polar.p J.-L. D.

nLes Couleursde la montagneFilm colombien de Carlos CésarArbelaez (1 h 33).L’auteur dépeint l’atmosphèred’une Colombie en guerre civile, àhauteur d’enfant. Episodique-ment privés d’école, les gaminsjouent au foot et envoient leur bal-lon sur un champ de mines.Comment le récupérer ? Les adul-tes sont apeurés, voient passerdes militaires ou des groupes à lasolde des propriétaires terrienstraquant les guérilleros marxis-tes.p J.-L. D.

nLes Nuits rougesdu bourreau de jadeFilm français de Julien Carbon etLaurent Courtiaud (1 h 38).Deux fanatiques de cinéma d’Hon-gkong sont partis là-bas mettre enscène leurs fantasmes. Une créatu-re sadique (Carrie Ng) hante lesnuits de la métropole où elle sup-plicie des jeunes femmes plus oumoins consentantes. Elle croise lechemin d’une Française en fuite(Frédérique Bel), rencontre quifait couler des flots d’hémoglobi-ne. Tout le film est loin d’être à lahauteur de sa bizarrerie, mais lamise en scène ne manque pasd’élégance. p T. S.

nIl était une foisun meurtreFilm allemand de Baran Bo Odar(1 h 58).Dans une ville allemande, unejeune fille est retrouvée assassi-née sur un chemin de campagne.vingt-trois ans plus tôt, au mêmeendroit, avait eu lieu un meurtresemblable, doublé d’un viol.Les deux coupables de l’époque,jamais inquiétés, se sont-ils ran-gés comme il le semble ?Un récit ingénieux et une réalisa-tion honnête pour cette adapta-tion d’un polar de Jan CostinWagner.p J. M.

nLe Premier RastaFilm documentaire français d’Hélè-ne Lee (1 h 25).Réalisé par Hélène Lee, grande spé-cialiste de la culture rasta, ce filmrevient sur l’histoire de LeonardPercival Howell (1898-1981), fonda-teur de la première commune ras-tafari en Jamaïque. Le film vautpour les informations qu’il appor-te et les morceaux de musiqueque les uns et les autres jouentdevant la caméra. Il pèche par uneutilisation trop illustrative desimages d’archives et un manquede précision sur l’activité du per-sonnage et du Pinacle.p I. R.

vvvon peut éviternThorFilm américain de KennethBranagh (1 h 54).Le dieu nordique a été coopté parl’éditeur Marvel pour devenirhéros de comics. Les lois du mar-ché cinématographique en fontaujourd’hui le protagoniste de cegros film aux décors numériquesd’une laideur émétique. Thor yest projeté du royaume mythiqued’Asgard vers le Nouveau-Mexi-que où Natalie Portman cherchedes déchirures dans le continuumespace-temps.p T. S.

nJohn Rabe,le juste de NankinFilm franco-germano-chinois deFlorian Gallenberger (2 h 10).Cette coproduction internationa-le retrace l’attitude du directeurde l’usine Siemens de Nankin qui,lorsque la ville fut attaquée etoccupée par l’armée japonaisecoupable de nombreuses atroci-tés en 1937, protégea plusieurs mil-liers de civils en organisant unezone neutre. Le film n’évite aucu-ne ficelle rhétorique pour nousconvaincre que son héros est unbrave type, laissant parfois au dia-logue le soin d’en rajouter unecouche.p J.-F. R.

nous n’avonspas pu voirQuelques jours de répit,d’Amor Hakkar (1 h 20).

Portrait

C ertains sujets exigent de lanetteté : la collection consa-crée aux cinéastes, dirigée

par André S.Labarthe depuis 1964,offre un ensemble unique au mon-de. Une centaine de films, diffusésà la télévision pour la plupart, quifont aujourd’hui l’objet d’unerétrospective intégrale au CentrePompidou. De John Ford à MartinScorsese, de Murnau à JacquesRivette,dePierPaoloPasoliniàNan-niMoretti,ellepermettradedécou-vrir quelques portraits ciselés demonstres sacrés du septième art.

Ce sera aussi l’occasion d’identi-fier l’esprit de cette collection auparcourserratique,et l’hommedis-cret qui se tient derrière cet impo-santédifice. Au royaumedela ciné-philie, André S. Labarthe, jeunedandy de soixante-dix ans, estpourtant connu comme le loupblanc. Chapeau mou surmontantun regard bleu horizon, sourireimperceptible aux lèvres, gitanemaïs vissée dedans, voilà pour lasignalétique.

Le reste se transcrit en quelqueslignes. Critique aux Cahiers ducinéma à partir de 1956, décou-vreur, dans la revue, de Michelan-gelo Antonioni, Luis Buñuel etJohn Cassavetes, auteur d’une flo-pée d’essais où l’intelligence ducinéma, de la littérature et de lapeinture s’en donne à cœur joie,enseignant, réalisateur de docu-mentaires. Le grand œuvre reste laprésente collection.

L’aventure commence au débutdes années 1960, sur une idée deJanine Bazin, veuve du critiqueAndré Bazin.Elle demandeàLabar-the de la mettre en œuvre. Il s’agitde reconduire l’esprit des grandsentretiens critiques qui ont renducélèbres Les Cahiers du cinéma, enleur faisant franchir la frontière de

ce médium de masse qu’est appe-lée à devenir la télévision. Cettedernière, réduite alors à la chaîneunique de la RTF, leur tend les bras.Luis Buñuel : un cinéaste de notretemps, réalisé en 1964 par RobertValley, ouvre le bal. Dans les colon-nes du Figaro, François Mauriac,nonobstant l’athéisme provoca-teur du portraitisé, salue un « por-trait remarquable ». L’affaire estlancée.

Janine Bazin et André S. Labar-the ont carte blanche. Une foisréglée, bien sûr, la question duchoix des cinéastes: « Bien qu’il mesoit arrivé de casser successive-ment deux portes dans son bureau,sesouvient Labarthe, JeanJosé Mar-

chand, responsable du cinéma àl’ORTF, nous a beaucoup aidés. »Une fois réglée, aussi, la questiondu comité de visionnage : « Auxpréprojections, je m’arrangeaistoujours pour passer devantl’écranau moment d’un plan que jeredoutais.»

Joyeusement anticartésienL’aventure de « Cinéastes, de

notre temps »à l’ORTF dure jus-qu’en 1972, date à laquelle une res-ponsable des programmes« oublie » de renouveler l’émis-sion. La Sept Arte reprend la collec-tion en 1988, sous le titre « Cinéma,de notre temps », avant de jeterl’éponge à son tour, la chaîne Cine-

Cinema prenant le relais. La philo-sophie de la collection s’est entre-temps pérennisée : « Nous avonsrapidement abandonné les mortspour nous consacrer aux vivants.On a également supprimé lestémoins, qui ont toujours l’air defaux témoins. » Celle-ci s’appuiesur des refus bien sentis : « Pas dedurée imposée, pas de livraisonrégulière non plus. » Les films sefabriquentselon leurproprenéces-sité, dans un esprit joyeusementanticartésien : « Je ne crois pas àunehistoireducinéma. Cette collec-tion est un puzzle, une manière desuggérer que tous les films, depuisl’origine, sont nos contempo-rains. »

Autre principe cardinal : fairede chaque film la rencontre entredeuxhommesde cinémaetde tou-te la série une sorte d’éternelretour du cinéma sur lui-même.André S. Labarthe en réalise beau-coup lui-même, et choisit avecsoin ses comparses. Ceux-ci s’ap-pellent, à l’occasion, JacquesRozier (sur Jean Vigo), Eric Rohmer(sur Carl Dreyer), Jacques Rivette(sur Jean Renoir), Chantal Aker-man (sur Chantal Akerman) ouChris Marker (sur Andreï Tarkovs-ki). L’ensemble est aussi précieuxque cette répartie de Rivette àRenoir dans le film qu’il lui consa-cre, le maître s’inquiétant de l’insi-dieuse méthode de tournage del’élève : « – Ça tourne, là ? – Oui,comme la Terre autour duSoleil. »p

Jacques Mandelbaum

Cinéastes, de notre temps. CentrePompidou, place Georges-Pompidou,Paris (4e). Mº Hôtel-de-Ville. Tél. :01-44-78-12-33. Du 27 avril au 9 juillet.Centrepompidou.fr« La Saga Cinéastes, de notre temps »(Ed. Capricci, 256 p. + un DVD derushes inédits, 25¤).

Lesfilms dela semaineAndré S.Labarthe enfin mis en lumièreSa collection de documentaires «Cinéastes, de notre temps» est présentée au Centre Pompidou

Cannescélèbre BollywoodUn long-métrage réunissant « les moments les plus beaux, les plus forts,les plus dansants de l’histoire du cinéma musical indien » sera montréhors compétition, et en exclusivité, pendant le Festival de Cannes, du 11au 22 mai, annonce un communiqué du festival. Bollywood, The Grea-test Love Story Ever Told («Bollywood, la plus belle histoire d’amourjamais racontée ») a été réalisé par Rakeysh Omprakash Mehra et JeffZimbalist. L’idée est née d’« une discussion avec Shekhar Kapoor, mem-bre du jury de Cannes en 2010 », lequel a produit ce filmd’une durée de81minutes. Bollywood ? « Qu’on l’adore ou qu’on le déteste, qu’on l’iden-tifie à quelque chose d’arrière-garde ou de définitivement moderne, onne peut s’en passer (…). On dit chez nous que c’est la seule culture capablede rassembler tous les Indiens », écrit Shekhar Kapoor, également acteur,scénariste et réalisateur. p

Jeremy Renner, double agent secretL’acteur Jeremy Renner, vu dans Démineurs de Kathryn Bigelow, vacumuler les emplois d’agent de Mission Impossible et de renégat de laCIA, sur les traces de Jason Bourne. Selon le site de la publication hol-lywoodienne Variety, Renner, 40 ans, jouera aux côtés de Tom Cruisedans Mission : Impossible, Ghost Protocol, qui sortira à la mi-décembre.Il vient, en outre, d’être choisi pour prendre la succession de MattDamon dans la série inspirée par les romans de Robert Ludlum, il y joue-ra un agent de la CIA qui a suivi le même entraînement que Bourne. Jere-my Renner l’a emporté sur Garrett Hedlund, James McAvoy, TaylorKitsch, Luke Evans, Joel Edgerton et Shia LaBeouf.

Autopsie du corps de Marie-France Pisier, mardi 26avrilL’autopsie du corps de l’actrice Marie-France Pisier, retrouvé, diman-che 24 avril au matin, par son mari dans la piscine de la maison du cou-ple à Saint-Cyr-sur-Mer (Var), devait avoir lieu, mardi 26 avril, dans lamatinée, à Marseille. Selon le parquet de Toulon, « il n’y a pas d’autreséléments dans l’enquête », ouverte pour « recherche des causes de lamort ». – (AFP.)

Cinémappp excellent ppv àvoir pvv pourquoipas vvv àéviter

Los AngelesCorrespondante

I ls s’appellent James Cameron,Peter Jackson, Gore Verbinski,Michael Bay, Kathryn Bigelow,

Michael Mann, Robert Zemeckis,Robert Rodriguez, Guillermo delToro, etc. Cinéastes et producteurs

américains de renom, ils ont adres-sé, mercredi 20 avril, une lettreouverte aux studios d’Hollywood.

Ces vingt-trois personnalités ydénoncent les menaces qui pèsentsur les salles de cinéma : les films,sont disponibles sous d’autres for-mats – DVD, BD ou vidéo à lademande (VOD) – de plus en plus

plus tôt après leur sortie en salles.L’objet de leur crainte : la décisiondu distributeur par satellite DirectTV, d’offrir Just Go With It, unecomédie de Sony Pictures avecAdam Sandler et Jennifer Aniston,en premium, soixante-dix joursaprès sa sortie en salles, au prix de30dollars (20,56 euros) pour qua-rante-huitheures.

NouveaumodèleéconomiqueC’est le premier film proposé

aussi rapidement en VOD. Unelivraison qui jusqu’à présent étaitsynchronisée avec les DVD, soitenviron 130 jours après la sortie.D’autresstudiossuiventl’expérien-ce : Warner Bros, avec la comédieHall Pass ; Universal Pictures, avecle thriller The Adjustment Bureau ;Fox Searchlight, avec la comédieCedar Rapids.

Lesmajorscherchentdésespéré-ment un nouveau modèle écono-mique et comptent sur la VODpour compenser la chute des ven-tes et des locations de DVD, et labaisse de fréquentation des salles.Selon le rapport annuel de laMotionPictureAssociationofAme-rica (MPAA), le nombre de billetsvendus aux Etats-Unis et au Cana-da a chuté à une moyenne de 4,1billets par personne en 2010, sonniveau le plus bas depuis 1993.

«Nous qui sommes membres decettecommunautédecréateursesti-mons qu’il est temps que les studioset les distributeurs par câble recon-naissent qu’un calendrier de diffu-sion de la vidéo à la demande, enva-hissantl’actuellefenêtrededistribu-tion dans les salles de cinéma, pour-rait compromettre de façon irrévo-cable le modèle financier de notreindustrie, écrivent les «Vingt-Troisd’Hollywood », qui poursuivent :« Si les esprits avisés ne prévalentpas, la “cannibalisation” des recet-tes en salles en faveur d’une fenêtre

de distribution prématurée en VODpourraitrésulterenpertesdecentai-nes de millions de dollars de recettesannuelles. » Selon eux, la VODrapide pourrait accentuer la déser-tion des salles, écourter la diffusiondesfilms indépendantset encoura-gerlepiratagedanscertainsterritoi-res.

Les principaux exploitants,représentésparlaNationalAssocia-tion of Theatre Owners (NATO), ontréagi.Ilsontannoncéqu’ilsnediffu-seraient pas les bandes-annoncesdes films programmés en VOD, enattendantd’autresmesures.Desoncôté, James Cameron, le réalisateurde Titanic et d’Avatar, à la tête dumouvement, insiste : « L’expérien-ce qui consiste à voir un film dansune salle de cinéma est la sourcemême de notre industrie, quellesquesoient les plates-formes alimen-tées par la suite. Si les exploitants ensalles sont inquiets, alors, je suisinquiet.»p

Claudine Mulard

Les«23 d’Hollywood» au secoursdes exploitantsDans un appel aux studios, des cinéastes dénoncent le délai réduit d’exclusivité en salles

André S.Labarthe, à Paris, en 2008. STÉPHANE LAVOUÉ/MYOP

190123Mercredi 27 avril 2011

Page 20: Le Monde - Mercredi 27 avril 2011

Mardi26 avrilTF1

20.45 Dr House.Série. Comme un chef. Le Serment d’Hippocrate(S6, 2 et 3/21, inédit) U. L’Origine du mal U.La Vie privée de Numéro treize (S5, 4 et 5/24).0.00 Columbo.Série. Ombres et lumières (1988, 105 min).

FRANCE2

20.35 Prise directe.Affaires de famille : pour le meilleuret pour le pire. Magazine.22.55 Un jour, un destin.Nicolas Sarkozy, les secrets d’une ambition.0.45 Journal, Météo.1.05 Le Troisième Homme ppp

Film Carol Reed. Avec Joseph Cotten, OrsonWelles, Alida Valli (GB, 1949, N., 85 min).

FRANCE3

20.35 Les Belles Sœurs.Téléfilm. Gabriel Aghion. Avec Véronique Bou-langer, Romane Portail, Didier Flamand (2010).22.05 et 1.50 Soir 3.22.35 Le SaintFilm Phillip Noyce. Avec Val Kilmer, ElisabethShue, Rade Serbedzija (EU, 1997, 117 min).

CANAL+

20.45 Football.Ligue des champions (demi-finales aller) :Schalke 04 - Manchester United.22.50 Anvil ! The Story of Anvilpp

Film Sacha Gervasi (Etats-Unis, 2009, v.o.).0.10 Le MacFilm Pascal Bourdiaux (Fr., 2010, 90 min) U.

ARTE

20.39 Thema -Tchernobyl, l’histoire sans fin.20.40 Tchernobyl Forever. Documentaire.Alain de Halleux (France - Belgique, 2011).21.35 Débat. Invité : Alain de Halleux.22.00 L’Europe et Tchernobyl. Documentaire.23.05 Twin Peaks. Série (S1, 2 et 3/7).0.40 Die Nacht/La Nuit (55 min).

M6

20.45 X Factor. Invité : Johnny Hallyday.23.45 Les Dossiers d’« Accès privé ».1.00 Dollhouse. Série.La Tête du serpent (S2, 12/13, inédit, 45 min) U.

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1,34 € l’appel + 0,34 € laminute7 jours/7 de 6h30-18h

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En EuropeAmsterdamAthènesBarceloneBelgradeBerlinBerneBruxellesBucarestBudapestCopenhagueDublinEdimbourgHelsinkiIstanbulKievLa ValetteLisbonneLjubljanaLondresLuxembourgMadridMoscouNicosieOsloPragueReykjavik

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New DelhiNew YorkPékinPretoriaRabatRio deJaneiroSéoulSingapourSydneyTéhéranTokyoTunisWashingtonWellingtonOutremerCayenneFort-de-Fr.NouméaPapeetePte-à-PitreSt-Denis

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ÉTATS-UNIS FORTES PLUIES ORAGEUSES SUR LE CENTRE-EST

En Europe12h TU

Une faible dépression d'altitude enprovenance de l'Allemagne amènerade l'instabilité sur le pays sous laforme de quelques averses ou oragesà partir de l'Alsace. Ces précipitationss'étendront jusqu'à la Vendée, auMassif Central, à Rhône-Alpes et àPACA. Ailleurs, le temps restera sec etle soleil s'imposera souvent. Lestempératures demeurerontagréables.

Sainte ZitaCoeff. demarée

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Atmosphèreplus instable

Aujourd’hui

Météo&Jeux Ecrans

Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditionsdatées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi.Tous les jours Mots croisés et sudoku.

Mercredi27 avrilFRANCECULTURE

17.00 Sur les docks.18.00 et 22.00 Journal.18.20 Du grain à moudre.19.00 Le Rendez-vous.20.00 A voix nue. Georges Walter [3/5].20.30 Le Feuilleton.21.00 Cultures de soi,cultures des autres.22.15 Hors-champs. Kiyoshi Kurosawa.23.00 Les Passagers de la nuit.23.30 Du jour au lendemain.0.05 L’Eloge du savoir.

FRANCEMUSIQUE

16.00 Grandes figures.Anne-Sofie von Otter.17.45 Histoire de... La Musique à Berlin.18.00 Le Magazine. Invité : Hervé Niquet.19.07 Open jazz. Wynton Marsalis [3/5].20.00 Le Concert du soir.« Akhmatova ». Opéra de Bruno Mantovani.Par le Chœur et l’Orchestre de l’Opéra nationalde Paris, dir. Pascal Rophé. Patrick MarieAubert, chef de chœur. Avec Janina Baechle(Anna Akhmatova), Atilla Kiss (Lev Goumilev)...22.30 Couleurs du monde. Concert.A la Cité de la Musique, à Paris. « Lalibela,la Jérusalem noire » d’Ethiopie ; Musiquesde Sibérie, avec Henri Lecomte, spécialisteet chercheur sur les musiques en Sibérie.0.00 Chemin rêvant.Invitées : Sandrine Anglade, Irène Jacob.

FRANCEINTER

17.10 Le Grand Entretien.Invité : Philippe Caubère.17.50 Le Journal de la culture.Invité : Kenneth Branagh.19.20 Le Téléphone sonne.20.00 L’Humeur vagabonde.Invités : Raymond Aubrac, Renaud Helfer-Aubrac.21.00 Partir avec... « Octavio Paz ».21.50 Un temps de Pauchon.22.00 C’est Lenoir.23.00 Voulez-vous sortir avec moi ?

RADIOCLASSIQUE

18.00 Passion classique.Invité : Thierry Lhermitte, acteur.19.30 La Collection RadioClassique. Musique anglaise.20.05 Vos soirées Classiques.23.00 Les Discoportraits.Le Quatuor Amadeus.

Mercredi27 avrilTF1

20.45 Football.Ligue des champions (demi-finales aller) :Real Madrid - FC Barcelone.22.50 Esprits criminels.Série. Duel de maîtres (saison 4, 8/26) V.23.40 Forgotten. Série. Erreur d’aiguil-lage U. Noir dessein. Profession footballeur(saison 1, 14, 16 et 3/17, inédit, 140 min).

FRANCE2

20.35 Chez Maupassant.Série. Boule de suif. Mon oncle Sosthène (S3,1 et 2/8, inédit). Avec Marilou Berry, DanielRusso ; Jean-Pierre Marielle, Robert Hirsch.22.05 Contes et nouvellesdu XIXe siècle. Série. Claude Gueux (S1, ép. 4).23.05 Face aux Français...conversations inédites. Débat.1.25 Des mots de minuit.Magazine. Invités : Marina Vlady, Hubert Védrine,Matali Crasset, Victor Kathemo (155 min).

FRANCE3

20.35 Des racines et des ailes.Du Palais des rois au plus grand musée du monde.22.30 et 1.05 Soir 3.22.55 Génération reporters (75 min).

CANAL+

20.50 Ensemble, nous allons vivreune très, très grande histoire d’amourp

Film Pascal Thomas. Avec Julien Doré (Fr., 2010).22.30 Habillé(e)s pour l’hiver.23.25 Coursier Film Hervé Renoh. AvecMichaël Youn, Jimmy Jean-Louis (2010, 90 min).

ARTE

20.40 Les Mercredis de l’Histoire.Nuremberg, le procès des nazis. [1 et 2/2].Hermann Göring. Albert Speer. Documentaire.22.40 Le Dessous des cartes.Inde : l’équilibre des contraires. Magazine.22.55 Evet, je le veuxpp

Film Sinan Akkus. Avec Oliver Korittke,Lale Yavas (All. - Turq., 2008, v.o., 90 min).

M6

20.45 Pékin express, la routedes grands fauves. Episode 2. Jeu.23.30 Enquête exclusive. Mafia, combineset corruption : les démons de Naples (75 min).

Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ;

télécopieur : 01-57-28-21-21Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ;

Par courrier électronique : [email protected]édiatrice : [email protected]

Abonnements : par téléphone : de France 32-89(0,34¤ TTC/min) ; de l’étranger : (33) 1-76-26-32-89.

Sur Internet : www.lemonde.fr/abojournal/Tarif 1 an : France métropolitaine : 394 ¤

Internet : site d’information: www.lemonde.frfinances : http://finance.lemonde.fr

Emploi : www.talents.fr/ Immobilier: http ://immo.lemonde.fr

Documentation : http ://archives.lemonde.frCollection : Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40

Le Monde sur microfilms : 03-88-04-28-60

Résultats du tirage du lundi 25 avril.2, 10, 18, 21, 34 ; numéro chance : 2.Rapports :5 bons numéros et numéro chance : pas de gagnant ;5 bons numéros : pas de gagnant ;4 bons numéros : 1 241,20 ¤;3 bons numéros : 9,60 ¤ ;2 bons numéros : 4,90 ¤.Numéro chance : grilles à 2 ¤ remboursées.Joker : 0 151 377.

Motscroisés n˚11-099 Mardi26 avrilFRANCECULTURE

17.00 Sur les docks.Le Diogène des Baronnies.18.00 et 22.00 Journal.18.20 Du grain à moudre.19.00 Le Rendez-vous.20.00 A voix nue. Georges Walter [2/5].20.30 Le Feuilleton.21.00 Les Racines du ciel.22.15 Hors-champs. Patrick Lapeyre.23.00 Les Passagers de la nuit.Maurice Benhamou, l’art en partage. [2/2] AHA !23.30 Du jour au lendemain.0.05 L’Eloge du savoir.

FRANCEMUSIQUE

17.45 Histoire de...La Musique à Berlin : la peste brune.18.00 Le Magazine.Invités : Jos Van Immerseel, Gautier Capuçon.19.07 Open jazz. Wynton Marsalis [2/5].20.00 Le Concert du soir.« Le Messie » (orchestration de Mozart), deHaendel, par le Chœur du Théâtre du Châteletet l’Orchestre philharmonique de Radio France,dir. Hartmut Haenchen. Oleg Kulik, metteuren scène. Avec Christina Landshamer (soprano),Anna Stéphany (mezzo-soprano), etc.22.30 Organo pleno. Marcel Dupré(1886-1971). Avec François Sabatier et Daniel Roth.

FRANCEINTER

17.10 Le Grand Entretien.Invitée : Catherine Frot.17.50 Le Journal de la culture.Invité : Gilles Clément.18.15 Le Magazine.19.20 Le Téléphone sonne.20.00 L’Humeur vagabonde.Invité : Roger Grenier.21.00 Partir avec... Huguesde Montalembert, pour « Regarder au-delà »21.50 Un temps de Pauchon.22.00 C’est Lenoir.23.00 Voulez-vous sortir avec moi ?Invités : Marina Vlady, Gérard Beneteau.

RADIOCLASSIQUE

18.00 Passion classique.Invité : François Zimeray.19.30 La CollectionRadio Classique. Puccini.20.05 Vos soirées Classiques.23.00 Les Discoportraits.Invité : Claudio Abbado.

Sudoku n˚11-099 Solution du n˚11-098

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FacileCompletez toute lagrille avec des chiffresallant de 1 a 9.Chaque chiffre ne doitetre utilise qu’uneseule fois par ligne,par colonne et parcarre de neuf cases.

Lesjeux Lasélection radio

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Solution du n° 11 - 098HorizontalementI.Débrouillard. II.Omo. Nimber.III.Ubuesque. Jeu. IV. Irène. Ivre.V. La. Editrices.VI. Lycées. Est.VII. EEE. Rot. Esso.VIII. Tu. Ta. Art.Or. IX. Trou. Stature.X. Escarpements.

Verticalement1.Douillette. 2. Embrayeurs.3. Boue. Ce. Oc. 4. Enée. Tua.5.Obsédera. 6. Iso. Sp. 7. Inuit.Tâte. 8. Lièvre. Ram. 9. Lm. Risette.10. Abjects. Un. 11. Rée. Sort.12.Drugstores.

Philippe Dupuis

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1. Aide à retrouver la forme.2.Homme de lettres. 3. Positif enfin de compte. Respect rendu auxanges et aux saints. 4. Théologiensmusulmans. En grappe. 5. ChezBarack Obama. Belle carte. LaRussie et ses satellites. 6.Mettentdu temps à agir. Possessif.7. Picasso l’attrape par la queue.Renforce l’accord. 8.Morceau deterrain. Hameau à La Réunion.9. En dessous de lamoyenne. Futcapitale pour les Arméniens.10. Facile à prendre. Ne peut paslâcher. 11. Tout va bien s’il estplein. Le premier fut pape.12.Mettent à sec.

I. Chute brutale. II. Prise devantles autorités. Peuvent s’accrocheren tête. III. Arrivent de Turku etde Tampere. IV.Grande partie dumonde. Ensemble de câblesélectriques.V. Chezma tante.Disposée en ordre serré. L’argon.VI. Couvris de vapeurs violettes.Donatien Alphonse François…VII. Produits du houx et du gui.De plus en plus sélectif. Peutfroisser les feuilles.VIII. Relève lesplats plats. Démonstratif. Réseau.IX. Lourdmanteau d’hiver.Alimente les hommes et le bétail.X.Quotidiennes dans notre viemoderne.

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Page 21: Le Monde - Mercredi 27 avril 2011

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AU CARNET DU «MONDE»

DécèsFrance Amiel,

son épouse,Roberte, Colette et Françoise,

ses filles,

ont le regret de faire part du décès de

Francis AMIEL,pharmacien socialiste,maire du Fousseretde 1989 à 2001,

qui nous a quittésà l’âge de quatre-vingts ans.

La cérémonie civile d’adieu a eu lieule 18 avril 2011.

« Il est bon, il est sain,que dans un pays libre,

les philosophies sociales contrairesse combattent librement. »

Marc Bloch.

Famille Amiel,31430 Le Fousseret.

Claude, Jérôme et Laurence,

ont la tristesse de faire part du décèsde leur mère,

Gisèle BON,née SAUNIER,

survenu le 22 avril 2011.

Elle ouvrait sa porte et sa table à tous.

Les obsèques ont lieu ce jeudi 28 avril,à 11 h 15, au cimetière du Montparnasse.

105, rue Didot,75014 Paris.

Hélène Schmeidler,sa sœur,Max Roger Zajdman,

son frère,

ont la douleur de faire part du décès de

M. Daniel DAR S,directeur du théâtre Antoine, à Paris,officier de la Légion d’honneur,grande médaille de vermeil

de la Ville de Paris,officier des Arts et des Lettres,prix d’honneur de l’ADAMI,grande médaille Beaumarchais,

survenu le 21 avril 2011.

Ses obsèques auront lieu le jeudi28 avril, à 16 heures, au cimetièredu Montparnasse, 3, boulevard Edgar-Quinet, Paris 14e.

Hélène Schmeidler,sa sœur,Max Roger Zajdman et Michèle,

son frère et sa belle-sœur,Sophie, Brigitte, Nathalie, Annick,

Laura, Valentine, Benjamin, Sacha,ses neveux et nièces,Tout le personnel du théâtre Antoine

de Paris,

ont la douleur de faire part du décès de

M. Daniel DAR S,directeur du théâtre Antoine, à Paris,officier de la Légion d’honneur,grande médaille de vermeil

de la Ville de Paris,officier des Arts et des Lettres,prix d’honneur de l’ADAMI,grande médaille Beaumarchais,

survenu le 21 avril 2011.

Ils rappellent le souvenir de sonépouse,

Hélèna BOSSIS,

décédée le 15 août 2008.

Ses obsèques auront lieu le jeudi28 avril, à 16 heures, au cimetièredu Montparnasse, 3, boulevard Edgar-Quinet, Paris 14e.

Cet avis tient lieu de faire-part.(Le Monde du 25 avril.)

Jean FARGE,

inspecteur général des finances honoraire,secrétaire d’Etat auprès du ministrede la santé et de la Sécurité sociale

de 1979 à 1981,commandeur de la Légion d’honneur,

commandeurdans l’ordre national du Mérite,

s’est endormi dans la paix le 21 avril 2011,à l’âge de quatre-vingt-deux ans.

Mariette Farge,sa femme,Christine et Pascal Houssin, Nicolas

et Isabelle, Jeanne et Laurent, Rémi, Liseet Adrien, Aimé,Pauline et Michel Herzèle, Juliette

et Arnaud, César et Bélinda,Hélène et Gilles (†) Dumas, Louise,

Jean, Théodore,Marie et Stéphane Ferrazzini, Arthur,

Adèle, Paul,Louis Farge et Claudie Belzer, Nina,

Angélique,Philippe et Dominique Farge, Gaspard,

Marcel et Jean-Baptiste,Claire Farge, Marius, Lucie, Octave,

ses enfants et petits-enfants,Thanaelle, Arthur et Angèle,

ses arrière-petits-enfants,Alain Farge,

son frère,Ses belles-sœurs et beaux-frères,

ses neveux et nièces,Les familles Guilleminot, Brésard,

Champenois, Driancourt,

vous invitent à partager leur peine.

La cérémonie religieuse sera célébréele mardi 26 avril, à 14 h 30, en l’égliseSaint-Romain de Sèvres, sa paroisse.

Il sera inhumé dans le caveau familialauprès de son fils

Denis,

le mercredi 27 avril, à 15 heures, à Saint-Georges-de-Didonne.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Christian FERRY,cinéaste,

nous a quittés le 21 avril 2011.

Barbara,sa femme,Emmanuelle et Michel,

ses enfants,Bruno,

son gendre,Anaïs et Rémi,

ses petits-enfants,Sa famille et ses amis.

Comme il le souhaitait, ni fleursni cérémonie.

Mme Jean-Pierre Houssay,son épouse,Marie et Jacques Chuffart,Geneviève, Henri, Laurent, Catherine,Frédéric et Delphine Houssay,

ses enfants et ses beaux-enfants,Solveig, Sandro, Félix, Elsa, Victoria,

Héléna, Anatole, Marnie et Santiago,ses petits-enfants,Marie-Laurence Houssay,

sa sœur,Denys et Magdeleine Houssay,

son frère et sa belle-sœur,Les familles Houssay, Brossollet

et Goisque,

ont l’immense tristesse de faire de la mortde

Jean-Pierre HOUSSAY,

le 23 avril 2011,dans sa quatre-vingt-septième année.

La cérémonie religieuse aura lieuen l’église de Menthonnex-sous-Clermont(Haute-Savoie), le mercredi 27 avril,à 14 h 30, suivie de l’inhumation dansle caveau familial.

2, rue Chamfort,75016 Paris.Chef-lieu,74270 Menthonnex-sous-Clermont.

Nous avons appris ce jeudi 21 avril,la mort de notre très cher ami et collègue,

Fernand NIDERMAN,

survenue dans sa soixante-dix-septièmeannée.

Nous nous associons au chagrinet à la perte éprouvés par sa famille.

Nous le regrettons tous. Psychanalyste,il a été dès le départ à la fondation de notreassociation Psychanalyse actuelle où parsa présence, son esprit et sa vivacité,il savait, ô combien, nous faire garder le filde la psychanalyse et les enjeux de notreassociation.

Son enterrement aura lieu au cimetièresis 25, rue du Général-Archinard,Paris 12e, le vendredi 29 avril 2011,à 15 heures.

Tassin-la-Demi-Lune (Rhône).

Maurice PANGAUD,officier de la Légion d’honneur,

nous a quittés le 22 avril 2011,pour entrer dans la Joie et la Paix de Dieu.

Odile Pangaud,son épouse,Xavier et Brigitte Pangaud,Béatrice et Denis Lacroix,Nicolas et Marie-Cécile Pangaud,Emmanuel Pangaud,Régis et Marie-France Pangaud,Sabine et Philippe Villemin,

ses enfants,Ses vingt petits-enfants,Son frère, ses sœursEt toute sa famille,

vous invitent à partager leur peine et leurespérance au cours d’une cérémoniereligieuse qui sera célébrée ce mardi26 avril, à 14 h 15, en l’église Saint-Claudede Tassin-la-Demi-Lune.

Boulogne-Billancourt.

Nous avons la douleur de faire partdu décès de

François PELLET,

survenu le jeudi 21 avril 2011,à La Trinité-sur-Mer.

Un hommage lui sera rendu ce mercredi27 avril, à 14 h 30, au cimetière de Curciat-Dongalon (Ain).

Des dons peuvent être effectuésà la SNSM.

De la part deMarcel et Lucette Pellet,

ses parents,Pierre Pellet,

son frère,Anne Pellet,

sa sœurEt leurs conjoints,Ses neveux et nièces,Ses petits-neveux et petite-nièce.

M. Pierre Pellet,5 bis, rue Puccini,94400 Vitry-sur-Seine.

M. Yves Henrot,son époux,Mlle Constance Henrot,

sa fille,M. et Mme Paul Tardivier,M. et Mme Gilles Tardivier,

ses frères et belles-sœurs,M. Pierre Lecointe,

son cousin,M. Rénald Henrot, Mme Marie-Pierre

Karpinski, M. Yves Henrot,ses beaux-enfantsEt toute la famille,

ont la douleur de faire part du décès de

Mme Martine NellyTARDIVIER-HENROT,chevalier de la Légion d’honneur,

officier dans l’ordre national du Mérite,commandeur des Arts et des Lettres,

survenu le 23 avril 2011,à l’âge de soixante-quatre-ans.

La cérémonie religieuse aura lieule jeudi 28 avril, à 10 h 30, en l’égliseSaint-Roch, sa paroisse, 296, rue Saint-Honoré, à Paris 1er.

Ni fleurs ni couronnes.

Cet avis tient lieu de faire-partet de remerciements.

12, rue des Pyramides,75001 Paris.

Anniversaire

Pontoise.

François MORAWSKI(1951 - 2008)

aurait eu soixante ans aujourd’hui.

Nous ne l’oublions pas.

Avec tout notre amour,Son épouse,Ses enfants.

Communications diverses

Fête des Lumières,université Paris Diderot,

les Grands Moulins de Paris (13e),jeudi 28 avril 2011,de midi à minuit.Entrée libre.

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Expériences de supraconductivité,Magie, contes, chansons, lectures

musicales, courts métrages étudiants,concert.

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une révolutiondans l’animation de vos réunions.

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Page 22: Le Monde - Mercredi 27 avril 2011

HôpitalLe service publicMon propos fait écho à la tribune de Tahar Ben Jelloun (« Vive le servicepublic!», Le Monde du 21 mars). Il indiquait comment il avait été bien soignédans un hôpital, de même que tous les patients qui s’y trouvaient, sans dis-tinction de nationalité ou de classe sociale, sans passe-droit. Il exprimaitensuite son inquiétude devant les risques de voir se dégrader, avec l’évolu-tion en cours, la qualité actuelle des soins et l’ouverture à tous dans de bon-nes conditions. Admis, fin mars, au service des urgences de l’hôpital de Mont-fermeil (Seine-Saint-Denis), j’ai pu faire le même constat que Tahar Ben Jel-

loun: un personnel attentif, disponible et souriant, sachant mettre enconfiance. (…) Je souhaite, moi aussi, que l’hôpital puisse continuer sa missionde service public (…). Beaucoup d’étrangers nous l’envient.Certes, il faut des moyens supplémentaires à la fois humains et financiers, ain-si qu’une bonne gestion, mais il serait ô combien dommageable de souffrirdes excès de la privatisation et d’en arriver à un système à deux vitesses. Gar-dons la tradition : hôpital, service public!

Jean Bressolette

Villemomble

(Seine-Saint-Denis)

LettredeWall StreetSylvain Cypel

Le courrier du jour

BenBernankesort desa réserve

S ur le site Internet du Wall Street Jour-nal, la page se nomme «Boule de cris-tal». Les paris y vont bon train. «Com-

bien de journalistes seront autorisés àposer des questions à la conférence de pres-se que tiendra, mercredi, le président de laFed, Ben Bernanke?» Celui qui se rappro-che le plus de la bonne réponse gagne… ledroit d’être cité dans l’édition dominicaledu quotidien. Pari anecdotique: pourquoipas l’âge du capitaine? Or jamais, dansl’histoire d’une institution qui sera cente-naire dans deux ans, un de ses présidentsn’avait organisé la moindre conférence depresse. Pourquoi maintenant?

Deux explications. La première veutque la Fed soit aux abois. Malgré quelquesindicateurs en meilleure forme (en parti-culier l’emploi), le ressenti dominant des

Américains est que la politique économi-que de Barack Obama est un échec. Consé-quence: la Fed, qui y joue un rôle prépon-dérant, fait l’objet d’acerbes critiques. Aufait: dans quel autre pays réaliserait-ondes sondages pour connaître l’état de l’opi-nion sur la banque centrale et son prési-dent? Aux Etats-Unis, ces études sontconstantes.

Or, pour le président de la Fed, les cour-bes sont sans appel. A son intronisation, le1er février 2006, un sondage Gallup crédi-tait M.Bernanke de 41% d’opinions favora-bles, contre 27% défavorables. Dans le der-nier sondage du 14avril, la défiance à sonégard, pour la première fois, l’emporte.Exégèse usuelle: le rejet par l’opinion desdéficits publics se répercute sur une Fedqui les finance amplement.

La seconde explication tient à la person-nalité de M.Bernanke et à la manière dontil entend diriger la Fed dans un contextede mondialisation accrue et de crise où,juge-t-il, la confiance populaire constitueun facteur-clé du succès de toute politiqueéconomique. Avec lui, la Fed entreraitdans une ère de transparence, du moinsd’un minimum de transparence.

Une rupture évidente après les dix-neuf ans de règne de son prédécesseur, le«gourou» Alan Greenspan, l’homme quiavait fait de l’opacité son second principedirecteur (après l’idéologie). Sa réplique laplus célèbre n’est-elle pas: « Si ce que j’aidit vous paraît clair, c’est probablementque vous m’avez mal compris…» Une fois,une seule, Greenspan s’était laissé aller àun entretien télévisé. C’était en 1987, justeavant un court moment d’effondrementdes marchés. Plus jamais on ne l’y reprit.

Formé à la même école friedmanienneque Greenspan, monétariste tout aussiconvaincu, Bernanke a pourtant considé-ré, dès l’émergence de la crise, non seule-ment qu’un plan public de relance étaitinévitable mais qu’une ouverture mini-male de la Fed était nécessaire pour éviter,vu l’énormité des décisions qui lui incom-baient, de se retrouver sans défense faceaux inévitables reproches qui lui seraientadressés. Cela n’a pas empêché sescontempteurs – du représentant RonPaul, éminent « libertarien », et son filsRand, un des leaders du Tea Party, au séna-teur Bernie Sanders, seul élu expressé-ment «socialiste » – de le clouer au pilori

après que Barack Obama l’eut reconduitpour un second mandat. Mais il a persistédans sa voie.

Sa grande idée était que la Fed, désor-mais, «réponde de ses actes» pour convain-cre de sa rectitude. La plupart y ont vu uneheureuse évolution. Sous l’impulsion deBernanke, la Fed a commencé de délivrerdes explications plus détaillées sur sesdécisions, laissant aux voix divergentes(son comité de politique monétaire comp-te douze membres) la liberté d’exposerleurs désaccords. Après la pluie de criti-ques enregistrées en novembre2010, lors-que la Fed annonça son rachat de 600mil-liards de dollars d’emprunts d’Etat (un

«pacte avec le diable », s’insurgea ThomasHoenig, le président de la Fed régionale deKansas City), Bernanke créa un «comité decommunication» qu’il confia à la vice-pré-sidente du Bureau des gouverneurs de laFed, Janet Yellen, une proche de BarackObama.

«L’ère de la glasnost », de la transparen-ce donc, titrait il y a peu le Wall Street Jour-nal, évoquant la méthode Bernanke. Selonlui, c’est en février que celui-ci aurait, lorsd’une réunion des grands financierspublics internationaux à Paris, interrogéen aparté ses pairs – Jean-Claude Trichet,de la Banque centrale européenne, et Mer-vin King, de la Banque d’Angleterre – sur lamanière dont ils préparaient et menaientles conférences de presse dont ils sont cou-tumiers. Si celle à laquelle s’exposera BenBernanke, mercredi27, se révèle concluan-te (bref, si les réactions des sacro-saintsmarchés et des médias sont positives, aumoins sur la forme), il poursuivra sonœuvre réformatrice, privilégiant l’ouvertu-re et le débat au consensus obséquieux. Ille fera dans son style usuel : sans bruit,sans vagues. Même si la «perestroïka» esten marche, la Fed ne se débarrassera pasen un jour de sa componction.

Au fond, Bernanke tente de pousserson institution à changer parce qu’enpériode de grandes incertitudes et de for-tes turbulences, comme celle queconnaît l’économie américaine, ildevient plus difficile d’imposer le silen-ce, même dans les rangs de la bureaucra-tie la plus rétive à s’exposer. Mais il agitsans doute pour des motifs plus structu-rels encore : à l’ère de WikiLeaks, qui peutencore croire aux vertus du systèmeGreenspan, de l’opacité et de la rétentionsystématique d’information ? p

[email protected]

Unerupture évidenteaprèsles dix-neufans derègnedeson prédécesseuràla FED, le«gourou»AlanGreenspan, quiavaitfaitdel’opacité son secondprincipedirecteur(après l’idéologie)

«Le Monde des livres»«Ces crimes qui nous font jouir»:leur fascinante horreur, leur mise en récitet leur place dans la littérature.Avec «Le Monde» daté vendredi 29 juin

Prochainementdans0123

0123

pTirage du Monde daté mardi 26 avril 2011 : 352 703 exemplaires. 1 2 3Nos abonnés portés Ile-de-France trouveront avec ce numéro un encart «Foire de Paris».

22 Mercredi 27 avril 2011