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Un livre blanc 1 / 12 LE MUSÉE D’ATENA LE TÉLÉPHONE LES ANCÊTRES LA PRÉHISTOIRE DU TÉLÉPHONE Très vite dans son histoire, l’homme ne s’est pas contenté de parler avec ses semblables à portée de voix et a recherché des moyens pour communiquer avec des interlocuteurs éloignés. Il en est résulté le tam-tam des peuples primitifs, les signaux de fumée des Indiens. La Grande Muraille de Chine, édifiée dès le 5 ème siècle av. J.C. est jalonnée de tours de guet depuis lesquelles les soldats signalaient l’arrivée des ennemis au moyen de signaux de fumée. L’information parvenait à Pékin en moins d’une minute. La Grande Muraille de Chine (Photo Michèle Germain) Ce moyen de communication dut indirectement à l’origine de la chute de la dynastie Zhou en 221 av. J.C. comme le relate cette pittoresque légende. Le roi avait une femme qui ne riait jamais et il en était fort attristé. Il faisait pourtant tout son possible pour la faire rire, même les chatouilles sous les pieds, sans jamais y arriver. Désespéré, il offrit une récompense à qui pourrait faire rire la reine. Un vieil homme se présenta et proposa son idée. Il y avait en haut de la montagne une tour de guet où l’on faisait du feu pour donner l’alerte lorsque des ennemis arrivaient. Le plan consista à allumer un feu en haut de la tour et croyant à une attaque, la population et l’armée se mobilisèrent… pour rien puisqu’il n’y avait pas d’ennemis. Ceci fit bien rire la reine. Enchanté, le roi renouvela plusieurs fois l’opération, mais à la fin, tout le monde savait que c’était pour rir e et ne réagissait plus que très mollement. Un jour, il y eut réellement une invasion. Les guetteurs allumèrent le feu, personne n’y prêta attention et les barbares envahirent le pays. Au 14 ème siècle, les Génois ont repris le même principe en édifiant des tours tout le long des côtes de la République de Gênes.

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Un livre blanc 1 / 12

LE MUSÉE D’ATENA

LE TÉLÉPHONE

LES ANCÊTRES

LA PRÉHISTOIRE DU TÉLÉPHONE

Très vite dans son histoire, l’homme ne s’est pas contenté de parler avec ses semblables à portée de voix et a recherché des moyens pour communiquer avec des interlocuteurs éloignés. Il en est résulté le tam-tam des peuples primitifs, les signaux de fumée des Indiens. La Grande Muraille de Chine, édifiée dès le 5ème siècle av. J.C. est jalonnée de tours de guet depuis lesquelles les soldats signalaient l’arrivée des ennemis au moyen de signaux de fumée. L’information parvenait à Pékin en moins d’une minute.

La Grande Muraille de Chine (Photo Michèle Germain)

Ce moyen de communication dut indirectement à l’origine de la chute de la dynastie Zhou en 221 av. J.C. comme le relate cette pittoresque légende.

Le roi avait une femme qui ne riait jamais et il en était fort attristé. Il faisait pourtant tout son possible pour la faire rire, même les chatouilles sous les pieds, sans jamais y arriver. Désespéré, il offrit une récompense à qui pourrait faire

rire la reine. Un vieil homme se présenta et proposa son idée. Il y avait en haut de la montagne une tour de guet où l’on

faisait du feu pour donner l’alerte lorsque des ennemis arrivaient. Le plan consista à allumer un feu en haut de la tour et

croyant à une attaque, la population et l’armée se mobilisèrent… pour rien puisqu’il n’y avait pas d’ennemis. Ceci fit bien

rire la reine. Enchanté, le roi renouvela plusieurs fois l’opération, mais à la fin, tout le monde savait que c’était pour rire

et ne réagissait plus que très mollement. Un jour, il y eut réellement une invasion. Les guetteurs allumèrent le feu,

personne n’y prêta attention et les barbares envahirent le pays.

Au 14ème siècle, les Génois ont repris le même principe en édifiant des tours tout le long des côtes de la République de Gênes.

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LE SÉMAPHORE

Claude Chappe (1763-1805) améliora le système en 1791 pour développer un réseau organisé de communication sémaphore.

Un sémaphore se composait de deux bras pouvant prendre sept positions et reliés par une barre

pouvant elle-même prendre quatre positions, donnant donc une capacité de 7x7x4=196 signaux de signification convenue. Les sémaphores étaient installés sur des points hauts distants d’environ 15 kilomètres et les signaux étaient relayés de site en site jusqu’à leur destinataire. La transmission d’un signal entre Paris et Strasbourg ne mettait pas plus de 6 minutes, via 44 sites.

En fait, le principe était le même que celui des tours génoises, à la seule différence que l’information était plus riche.

Télégraphe de Chappe (Musée du Louvre) Photo Wikimedia Commons

Le gros inconvénient du sémaphore était son manque de confidentialité car évidemment, quiconque muni d’une longue-vue pouvait à son aise intercepter les messages. On vit donc apparaître une nouvelle technique : la cryptologie. Le code était défini par une phrase d’un livre détenu par l’émetteur et le destinataire.

LE TÉLÉGRAPHE

Le sémaphore limitait malgré tout l’information à 196 éléments d’information et le besoin se faisait sentir de pouvoir communiquer avec toute la richesse du langage.

Ceci fut rendu possible grâce à la découverte de l’électromagnétisme et à l’exploitation qu’en fit Samuel Morse (1791-1872) lorsqu’en 1838 il inventa le télégraphe. La première liaison télégraphique eut lieu en 1844 entre Washington et Baltimore.

L’invention du morse (Dessin Laurent Germain)

Ne sachant transmettre qu’en tout ou rien, Morse mit au point un alphabet composé de traits et de points qui a gardé son nom.

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Alphabet morse

Dès lors, les paysages commencèrent à se couvrir de poteaux et de fils pour acheminer le télégraphe. Toutefois, l’invention de Morse eut du mal à s’imposer en France face à un réseau de sémaphores qui, à la même époque, couvrait 5 000 km avec 533 stations.

L’invention de Morse permettait de transmettre des mots, mais pas encore des paroles. Il fallut attendre 1876 et Graham Bell pour peaufiner l’invention de Morse afin de transporter la phonie sous forme de signaux BF. Pour ce faire, il découvrit qu’on pouvait moduler le signal au moyen des déplacements d’une membrane et faire l’opération inverse à l’autre bout. Le téléphone était né…

LES PREMIERS AUTOCOMMUTATEURS

LA COMMUTATION MANUELLE

Le principe de la commutation téléphonique peut être schématisé par un ensemble de lignes perpendiculaires (les lignes du téléphone public) et de lignes horizontales (les lignes des abonnés). Pour établir une communication, il suffit d’établir le contact électrique à l’intersection de la ligne du téléphone public et de la ligne de l’abonné. Élémentaire, ma chère Aténa !

Au tout début, les connections se faisaient en enfichant des prises jacks à la jonction des lignes à raccorder. Les centraux employaient pour cela les fameuses « demoiselles du téléphone ». La petite histoire raconte que des jeunes filles, célibataires et de très haute moralité, étaient préférées aux hommes, car moins enclines que ceux-ci à envoyer promener les usagers râleurs.

L’usager avait un poste téléphonique composé d’un combiné (ou d’un micro et d’un écouteur en forme de cornet), d’une manivelle et d’une sonnette. La signalisation était des plus frustres. Pour appeler, l’abonné tournait une manivelle qui commandait un générateur de courant alternatif afin d’allumer une lampe au central. L’envoi du numéro se faisait de la façon la plus rudimentaire qui soit : en le disant à l’opératrice, laquelle le répétait à l’opératrice suivante et ainsi de proche en proche jusqu’au central du destinataire. La dernière opératrice de la chaîne n’avait plus qu’à appuyer sur un bouton pour envoyer sur la ligne un courant alternatif qui excitait la sonnerie du poste demandé.

Commutateur manuel et téléphone à manivelle (Musée de Mourmansk) Photo Michèle Germain

Bien vite les commutateurs se perfectionnèrent, s’automatisèrent et prirent le nom d’autocommutateurs. Les demoiselles du téléphone entrèrent dans la légende.

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LE STROWGER

Le premier autocommutateur automatique fut le Strowger inventé en 1891 par un entrepreneur de pompes funèbres du même nom, les voies des télécoms sont parfois impénétrables. Las de voir l’opératrice diriger tous les appels vers son concurrent, par ailleurs son mari de ladite opératrice, Almon B.

Strowberg inventa une machine qui pouvait automatiser l’établissement des communications sans intervention humaine. L’autocommutateur était né !

La machine utilisait des balais équipés de contacts qui exploraient des bancs de broches en se déplaçant dans le sens vertical et en tournant. Les commandes étaient envoyées par des séries d’impulsions en nombre égal à la valeur des chiffres. Comme ce n’était pas très commode, Strowger inventa le cadran rotatif qui eut la longue vie qu’on lui connait.

Sélecteur Strowger (Musée des Arts et Métiers Paris) Photo Wikimedia Commons

LES COMMUTATEURS ROTATIFS

Le Strowger fut amélioré pour donner le Rotary qui eut une longue existence. Contrairement au Strowger où les impulsions commandaient directement les mouvements des balais, le Rotary utilisait un enregistreur. En France, le premier Rotary fut installé en 1928 et le dernier démonté en 1984. Ces autocommutateurs utilisaient des pièces en rotation autour d’un axe vertical.

LE CROSSBAR

Les systèmes rotatifs en perpétuel mouvement étaient promis à une usure rapide. Il fallut donc inventer des installations plus statiques et c’est en 1917 que le Suédois Betulander déposa le brevet du Crossbar où le contact était établi au moyen de relais électromagnétiques entre des barres verticales et horizontales. C’était statique, mais bruyant !

La période de gloire du Crossbar commença à l’aube de la seconde guerre mondiale et en France se développa à partir de 1957 avec notamment le Pentaconta de CGCT (1964) et le CP 400 d’Ericsson (1963).

Plus simple que les systèmes rotatifs et de coût moindre, le Crossbar fut le moteur du développement des télécommunications qui mit fin dans les années 1970 au vide sidéral que connaissait la France en matière de téléphonie. Le réseau était alors insuffisant et de mauvaise qualité, faisant dire que la moitié des Français attendait le téléphone et l’autre moitié… la tonalité.

Développé tardivement, et bénéficiant des dernières évolutions technologiques, le réseau téléphonique français, non seulement combla son retard, mais devint leader, notamment en matière de numérisation, grâce à l’introduction dans cette mêmem période des premiers commutateurs électroniques.

Le dernier Crossbar a été démonté en 1994, marquant la fin d’une génération.

LES AUTOCOMMUTATEURS ÉLECTRONIQUES

A partir de 1970, l’électronique commença à pointer son museau dans les centraux téléphoniques.

Les techniques numériques qui permirent de diminuer une nouvelle fois les coûts tout en augmentant les performances des systèmes téléphoniques.

D’électromagnétique à base de relais, la commutation devint spatiale ou temporelle.

LES AUTOCOMMUTATEURS SPATIAUX

Les commutateurs spatiaux, les premiers mis sur le marché, fonctionnaient sur la base d’une matrice lignes/abonnés analogiques. Les connexions étaient réalisées par des interrupteurs commandés

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électriquement. Une mémoire de commande représentait l’état ouvert ou fermé des contacts, à raison d’un seul contact fermé par ligne et par colonne… sinon on fait de la diffusion ou de la concentration, ce qui n’est pas le but recherché. Ils gardaient une signalisation héritée des centraux électromagnétiques, basée sur l’envoi d’impulsions.

De cette génération, nous retiendrons l’E11 de LMT, le Metaconta 11F de CGCT et l’AXE d’Ericsson, apparus en 1975.

Les derniers commutateurs spatiaux ont été démontés en 2000.

LES AUTOCOMMUTATEURS TEMPORELS

La commutation temporelle est basée sur l’échange d’informations entre des intervalles de temps de deux trames MIC. Ceci passe par la numérisation des lignes.

Les lignes furent numérisées et la signalisation transmise par codage d’un intervalle de temps particulier (IT16) de la trame MIC, alloué séquentiellement aux lignes, représentées par les autres IT de la trame.

Dans le même temps se développèrent la signalisation dans la bande, tout d’abord le DTMF au niveau du poste d’abonné, et MF SOCOTEL pour l’envoi de la numérotation sur les lignes. Le système fut même étendu à l’identification du demandeur (mais à ma connaissance non mis en œuvre).

Dans cette nouvelle génération, citons l’E10 (Alcatel), la famille MT de Thomson et l’AXE 10 d’Ericsson, introduit en France en 1990, repris par Matra Ericsson Télécommunication (MET).

Un peu plus tard, ces mêmes commutateurs ont évolué vers les signalisations sémaphore, encore plus riches, du RNIS et du CCITT n° 7.

Les autocommutateurs temporels équipent encore largement le réseau téléphonique français en attendant de faire place aux commutateurs VoIP, mais là, nous sortons du musée !

LE POSTE TÉLÉPHONIQUE

LE POSTE À MANIVELLE

Les premiers postes téléphoniques étaient en général en bois ou en bakélite, plus ou moins gros, plus ou moins beaux, certains même très beaux et surtout non standardisés, ce qui fait qu’on en trouve une multitude de modèles très recherchés par les collectionneurs.

Téléphone ancien (Photo Michèle Germain)

L’apparition des autocommutateurs a envoyé le poste à manivelle aux oubliettes. Toutefois le principe a été retenu pour des postes militaires de campagne.

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Téléphone de campagne (Collection Patrick Poirot) Photo Michèle Germain

LE U43

Certains de nous se souviennent peut-être des U43, mis en service en 1943. Ces gros postes en bakélite noire étaient particulièrement lourds. Un écouteur en parallèle sur le combiné permettait à une tierce personne d’écouter la conversation. La sonnerie émettait une sonnerie stridente.

Il en existait un modèle mural.

Il existait aussi un modèle « luxe » tout blanc, qui était une marque d’opulence.

Téléphone U43 (Photo Michèle Germain)

Il était doté d’un cadran circulaire percé de dix trous dans lesquels il fallait passer le doigt – ou le crayon – pour envoyer une série d’impulsions caractéristiques du chiffre à numéroter.

Une version sur laquelle le cadran tournant était remplacé par un disque métallique plein. Il était utilisé chez les abonnés desservis par les (encore nombreux) centraux manuels.

Cet appareil, même en blanc, était quand assez laid et les plus fortunés se faisaient faire de beaux postes téléphoniques à la demande.

Le téléphone en or d’Ataturk (Mausolée d’Ataturk, Ankara) Photo Michèle Germain

LE S63

Le U43 a été remplacé en 1963 par le S63 en matière plastique, plus léger, gris, avec ou sans écouteur, et pourvu de la même sonnerie stridente que son aîné. Progressivement, il abandonna le gris des débuts pour prendre de nouvelles couleurs… enfin un bicolore marron/beige.

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Poste S63 à cadran (Photo Matra Communication)

Sa première évolution fut le clavier, apporté par l’introduction de la numérotation multifréquences DTMF, qui transmet les chiffres beaucoup plus vite sous forme de combinaisons de fréquences vocales en lieu et place des impulsions des cadrans. Ce clavier introduisait deux nouvelles touches # et * destinées à activer des services, mais non mises en œuvre à l’époque sur les réseaux publics. Timidement, les industriels introduisirent de nouvelles couleurs, essentiellement pour le marché privé, l’Administration s’en tenant au gris puis au beige.

Poste S63 à clavier (Collection Patrick Poirot) Photo Michèle Germain

Tous les commutateurs étaient automatiques, mais il existait encore des postes sans clavier ni cadran pour appel au décroché, essentiellement utilisés sur installations privées.

Poste à appel au décroché (Photo Michèle Germain)

Le poste S63 ne connut quelques variantes de présentation, mais son fonctionnement restait le même.

Poste plat (Photo Michèle Germain)

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LE TÉLÉPHONE ÉLECTRONIQUE

Révolution dans le monde du téléphone dans les années 1980, le poste téléphonique devint électronique. Apparurent des formes nouvelles et des couleurs.

Téléphone électronique Matra Communication (Photo Michèle Germain)

L’électronique rendait possible certaines fonctions qui nous semblent aujourd’hui incontournables comme les numéros enregistrés, l’écoute amplifiée, la répétition du dernier numéro et des sonneries variées qui changeaient l’utilisateur des sonneries agressives du S63. Et comme le montre la photo ci-dessous, il y avait vraiment de l’électronique là dedans !

Le même en coque transparente (Photo Patrick Poirot)

CGCT alla même plus loin avec son poste téléphonique mains libres DIGITEL 2000, à l’heure où les autres se contentaient de la prise de ligne sans décrocher et de l’écoute amplifiée. Il suffisait de poser le

combiné à l’envers pour activer un véritable microphone. D’une forme incurvée novatrice et décliné dans plusieurs couleurs, ce téléphone avait un certain succès auprès des usagers.

Digitel 2000 (Photo Michèle Germain)

Contrairement à leurs ancêtres, ces nouveaux postes avaient besoin d’une alimentation électrique pour certaines de leurs fonctions. Si la téléalimentation fournie par le réseau assurait les fonctions purement téléphoniques, elle était insuffisante pour l’écoute amplifiée et de toute façon absente poste raccroché pour entretenir la mémorisation du répertoire. Les premiers postes étaient assez gourmands et ne pouvaient se contenter de piles du commerce. Ils utilisaient une pile au lithium qui ne pouvait être changée qu’en usine. La panne ne se manifestait pas de manière franche. Le téléphone avait l’air de fonctionner, on pouvait téléphoner… mais il ne sonnait plus !

L’évolution des composants électroniques fit que la consommation des postes diminua et leur alimentation causa moins de problèmes.

Le poste téléphonique ne resta pas la chasse gardée des opérateurs. Bientôt, les particuliers purent acheter leur propre appareil et en changer selon leur humeur. J’ai même vu des amis racheter un téléphone de couleur assortie au nouveau papier peint de leur chambre à coucher ! Les téléphones sous blister envahirent les rayons des supermarchés au même rythme que les prix baissaient.

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Présentoir de postes sous blister (Photo Matra Communication)

LE RÉPONDEUR

A l’origine, il y avait le service des abonnés absents. Pendant une période donnée, les appels étaient retenus au central où une opératrice prenait les communications et notait les numéros des appelants. Sans les services modernes d’identification de l’appelant, elle ne pouvait faire ceci que par la parole. L’abonné absent n’avait qu’à rappeler de temps en temps l’opératrice pour se faire communiquer la liste des personnes qui l’avaient appelé.

Un peu plus tard fut inventé le répondeur téléphonique qui était alors une grosse machine pourvue de bandes magnétiques et réservée à des usages professionnels, par exemple par les médecins. Le répondeur se branchait en parallèle sur le téléphone et avait sa propre alimentation électrique.

Dans les années 1980, la grosse machine s’est miniaturisée et fonctionnait avec deux micro cassettes, une pour l’annonce, une pour l’enregistrement des messages. L’étape suivante a été l’utilisation d’une mémoire flash pour l’annonce, ne gardant qu’une seule cassette pour les messages.

Répondeur à cassette (Photo Patrick Poirot)

L’ultime étape a été l’annonce et les messages sur mémoire, ce qui permit une réelle miniaturisation du répondeur et son intégration dans le poste téléphonique.

LE TÉLÉPHONE SANS FIL

Nous ne parlons pas ici de la téléphonie mobile qui fait l’objet d’un volet particulier du musée d’ATENA.

Une nouvelle évolution spectaculaire fut le téléphone sans fil. Les premiers, lancés à la fin des années 1980, étaient analogiques avec de longues antennes télescopiques. Les gamins adoraient jouer à d’Artagan avec le téléphone et beaucoup perdirent ainsi leur antenne !

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Les postes sans fil étaient toujours livrés avec une prise gigogne afin de les utiliser en parallèle avec un poste filaire. Les PPT avaient tellement peu confiance en eux qu’ils exigeaient que chaque foyer reste équipé d’un bon vieux poste filaire pour toujours être en mesure d’appeler les pompiers s’il y avait le feu, ou tout au moins pour appeler en cas de panne d’électricité, car ces postes fonctionnent obligatoirement sur alimentation secteur.

La seconde génération, basée sur la technologie numérique DECT est encore d’actualité et équipe tant les particuliers que les entreprises.

Téléphone sans fil DECT (Photo Michèle Germain)

LA TÉLÉPHONIE D’ENTREPRISE

L’INTERCOM

Rapidement les entreprises se dotèrent de moyens téléphoniques propres qui permettaient d’avoir moins de lignes téléphoniques que d’utilisateurs potentiels.

La forme la plus rudimentaire était l’intercom, poste téléphonique raccordé à deux ou trois lignes et muni d’autant de touches qu’il fallait enfoncer pour prendre une ligne tant pour appeler que pour répondre. La gestion de lignes se faisait à la voix : « je prends la 1, je prends la 2, M. Untel sur la 3 ».

L’intercom de grand-père, adossé à un PABX devint un outil puissant, avec des touches et des voyants associés à chaque ligne et à chaque poste. D’un coup d’œil, l’usager peut savoir qui appelle, quelle est la ligne externe sur laquelle un appel est présenté, et appeler par un simple appui-touche. En plus, l’intercom nouvelle génération bénéficiait des services des PABX (double appel, transfert, rappel automatique, etc.).

Le PL20 de Matra Communication (Photo Matra Communication)

LE PABX

La forme la plus complète est l’autocommutateur privé, le PABX, copié sur la structure des réseaux publics.

A ses débuts, l’autocommutateur permettait l’appel direct entre les postes de l’entreprise avec quelques rares services, comme le transfert d’appel. Les appels vers le réseau public étaient gérés

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manuellement, une opératrice était chargée de l’acheminement des appels vers les postes demandés et inversement d’établir pour le compte d’un poste de l’entreprise un appel vers un numéro public.

Dans les années 1960-1970, les lignes téléphoniques étaient encore rares et toujours en nombre insuffisant dans les entreprises. Seuls les « chefs » avaient droit à une ligne directe, les autres devaient passer par l’opératrice du standard pour appeler ou recevoir un appel téléphonique. Dans les bureaux, un seul poste était utilisé par plusieurs personnes. La pénurie de lignes incitait à la patience quand nous devions passer un appel. Bien souvent il fallait attendre qu’une ligne se libère. Des injonctions « parler moins pour parler plus » étaient collées sur tous les postes de l’entreprise afin d’inciter les employés à abréger leurs communications.

Nous attendions avec impatience la sortie des annuaires pour avoir la mise à jour des listes de l’entreprise, car les organisations changeaient très souvent. Pour corser le tout, les numéros d’annuaires des postes étaient liés au local et non à l’individu. L’apparition des annuaires électroniques et leur interactivité avec le système téléphonique a mis le papier au rebut (pour le bien-être de la planète) et a offert de nouvelles facilités comme l’appel par le nom. En même temps, le PABX, l’autocom de l’entreprise, s’est enrichi de nouveaux services, transcendant sa fonction de base qui était de téléphoner. Il est devenu possible d’envoyer des messages, de journaliser les appels non répondus et autres petits riens qui rendent

de grands services.

Par la suite, la sélection automatique du demandé (SDA) allégea considérablement le travail, et le nombre, des opératrices. les numéros de téléphone interne se désolidarisèrent du numéro physique de sa ligne, permettant au personnel de l’entreprise de ne pas changer de numéro de téléphone à chaque déménagement.

Les systèmes intercom à part entière ne vécurent pas, mais les fonctions intercom, multiligne, multiutilisateurs furent introduites sur les PABX et accessibles par des postes dédiés.

Poste dédié sur autocom privé (Photo Virginie Le Bris)

L’évolution la plus marquante a été la convergence entre le PABX et le monde de l’informatique. On a déjà parlé de l’annuaire. Il y a également eu les messageries vocales grâce auxquelles plus personne n’est resté injoignable. En effet, sous l’impulsion de France Telecom qui voulait baisser drastiquement le nombre d’appels non répondus, les messageries vocales ont fait leur apparition sur les PABX, et sont vite devenues indispensables. Mieux, elles ont migré vers le modèle de la messagerie unifiée qui collecte les e-mails et les messages vocaux sur téléphone fixe ou mobile, et les restitue sur l’ordinateur ou le téléphone sous forme écrite ou vocale.

La téléphonie sur IP a renforcé l’intégration entre le monde du téléphone et celui de l’informatique, et l’ordinateur est à son tour devenu téléphone. Voix et données passent dorénavant sur un support unique, simplifiant d’autant le câblage des locaux.

L’intégration de la téléphonie et de l’informatique a été à la base de tout ce qui fait la puissance des centres d’appels : montée automatique de fiche-client, accès aux informations techniques… De métiers sont apparus : télécommerce, télémarketing, hotline et on fait même de la télémédecine !

Michèle Germain Gérard Viennet

Un grand merci à Patrick Poirot qui a mis son musée personnel à la disposition de celui de Forum ATENA

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