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Le Patrimoine des communes de la Martinique

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extrait : le Diamant.

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93 Le Diamant92Le Diamant

Canton du Diamant

Arrondissement du Marin

Superficie : 2 734 ha

Population 2007 : 5 602 hab.

Habitants : les Diamantinois

Cours d’eau : Rivière Fond Placide, RivièreFond Thoraille, Ravine Fond Manoel

Origine du nom : du rocher éponyme, bouchon volcanique jailli de la mer, dont lesfacettes rappellent la pierre précieuse.

Les traces archéologiques les plus anciennes datent le premier peu-plement du site au IVe siècle de notre ère, époque à laquelle les Arawaks abordent la Grande Anse du Diamant. Une seconde cultureamérindienne s’établit par la suite dans cette région, avec l’arrivée,au Xe siècle, des Caraïbes, qui s’y installent en nombre. La paroissedes Anses d’Arlet est fondée vers 1674, et est d’abord desservie par lesjésuites. Si le Diamant n’en est qu’une dépendance, une chapelle yest construite bien avant. En 1684, la construction d’une église estengagée, la paroisse constituée et sa desserte confiée aux moinescapucins. Le 17 mai 1717, le gouverneur de la Martinique LaVarenne et son intendant Ricouart d’Hérouville sont victimes de lasédition des planteurs dite « gaoulé ». Arrivés dans l’île avec l’instruction de limiter la production sucrière, ils ont immédiate-ment provoqué l’hostilité de la population. L’intendant et le gouver-neur sont arrêtés et séquestrés à l’habitation Bourgeot, actuelle« O’Mullane », puis renvoyés en France. L’ordre royal est rétablidans l’île dès 1719 et, dès lors, le sucre constitue le premier pôle

d’activité de l’économie locale. Vers 1783, le quartier du Diamantcompte 1 183 âmes, dont 904 esclaves, qui travaillent dans 8 habi-tations-sucreries, 16 cotonneries, 10 caféières et 2 cacaoyères. Lesvagues d’occupation anglaise à la fin du XVIIIe et au début du XIXe

siècle confèrent une importance stratégique au rocher du Diamant.En 1804, les Britanniques dépensent des sommes considérables pourle fortifier, comme à Aden, à Gibraltar ou à Malte. Le commodoreHood y installe une garnison pour contrôler le canal de Sainte-Lucie.Après que ses hommes aient été délogés, l’année suivante, par la flottede l’amiral Villeneuve, l’utilisation militaire du rocher est définiti-vement abandonnée. La paroisse et le quartier, d’abord inclus dansla commune du Sud, sont érigés en commune autonome en 1862.Au milieu du XXe siècle, la vie économique est animée par la pêcheet deux distilleries, alors que l’agriculture s’essouffle à cause d’unepluviométrie insuffisante. En 1925, durant les élections municipales,dix personnes trouvent la mort, fauchées par le fusil mitrailleur destroupes envoyées par le gouverneur Richard pour maintenir l’ordre.

Le Diamant

Historique

SITE DU DIAMANTa9720724

Le rocher du Diamant, aiguille de lave hautede 176 mètres, et le Morne-Larcher, petit stratovolcan andésitique qui culmine à 477 mètres, témoignent de la forte activité éruptive qui a précédé la naissance du site, ily a moins d’un million d’années.

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HACHESPériode précolombienneConque de lambi (H. : 10 et 11 cm)Collection particulière a9720748

Le coquillage est un matériau très répandu avant l’arrivée des Européens. Les casques, dont les lambissont une espèce, sont travaillés de façon à fournir des couteaux, des haches, des ciseaux à bois et diversornements. Ils sont taillés à l’aide de galets, puis poncés sur une plaque de corail madrépore. Les tranchants sont enfin peaufinés avec des fragments de corail. Ces outils font preuve d’une efficacité comparable à celle des couteaux obtenus àpartir de la pierre polie.

FRAGMENT DE COUPELLEVe-IXe siècleCéramiqueCollection particulière a9720709

Les techniques de fabrication de cetype de poterieont persisté chezles peuples amé-

rindiens actuels.Après son malaxage,

la pâte est modelée ende longs et fins rouleaux,

superposés jusqu’à l’obten-tion de la forme générale du

vase ou du plat selon la techniquedu montage au colombin. Ces boudins

d’argile sont ensuite raclés de façon à obte-nir des parois lisses. Les adornos, les bords ou la panse sont

rapportés sur la poterie mise à sécher. L’ajout de l’enduit intervient dans un double souci, utilitaire et esthétique ; l’engobe, solution d’eau et d’argile, est coulé sur l’intégralité de la pièce et donne sa coloration à l’ensemble, tout en gommant les petites imperfections. Enfin, les finitions décoratives sont pratiquées par incision et/ou par peinture. La cuisson au four est extrêmement rare. Le cas échéant,elle se pratique en plein air, les poteries étant disposées au centre d’un échafaudage de bûches.

VASE A OUICOUIVe-IXe siècleTerre cuite (H. : 32,5 cm, d. : 35 cm)Musée départemental de Préhistoire et d’ArchéologieFort-de-France a9720754

Institution fondamentale des sociétés insulaires et des cultures guyano-amazoniennes, les « fêtes de boisson » accompagnent les événements, rites initiatiques, travaux collectifset projets guerriers qui jalonnent l’existence de l’homme précolombien. À ces occasionssont ingurgitées pendant plusieurs jours de très importantes quantités de ouicou. Cetteboisson est obtenue par fermentation de patates douces ou pulpe de la racine dumanioc, mélangée à de la cassave et à de l’eau. Le mélange était placé dans degrands récipients de ce type, d’une capacité pouvant atteindre une dizaine de litres.

ADORNOIVe-IXe siècleTerre cuite (H. : 7,4 cm)Musée départemental de Préhistoire et d’Archéologie

Fort-de-Francea9720753

Cette poterie, en forme de tête humaine surmontée d’une coiffe envolute et recouverte d’un engobe rouge, est dite à « tête barrancoïde ».Cette désignation fait référence à la culture amérindienne originairedu bas Orénoque vénézuélien. Cette dernière apparaît vers 700 av. J.-C. et se propage aux Antilles par les groupes saladoïdes (env. 100-800), qui en ont adopté certains traits dans leur production céramique.

ECUELLEANTHROPOMORPHEIVe-IXe siècleTerre cuite (l. : 20 cm)Musée départemental de Préhistoire etd’Archéologie,Fort-de-France a9720751

ADORNOSIVe-IXe siècleCéramique (H. : 5,5 et 6 cm)Collection particulière a9720708

Ces adornos sont recouverts de motifs blancssur fond d’engobe rouge lustré, caractéris-tiques de la deuxième période Arawak. La figurine zoomorphe représente une tête degrenouille.

FUSAÏOLEVe-IXe siècleCéramiqueCollection particulière a9720735

Cette fusaïole sert à filer le coton, qui, une foistissé, est utilisé pour la fabrication des hamacs. On en faisait également des cordes etdes lignes de pêche.

94Le Diamant 95 Le Diamant

FILTRE À EAURoche volcanique, céramique et boisCollection particulière a9720741

L’eau pluviale, recueillie dans de grandesjarres, est versée dans la cuve qui constituel’élément supérieur de cet équipement. Filtréelentement par la pierre poreuse, elle s’écoule,souvent la nuit entière, dans la jarre collec-teur. L’eau est ensuite puisée au moyen de lalouche en calebasse dans le récipient collec-trice, la « chaspagne », qui pouvait être aussiune boîte en fer blanc soudée à un manche.

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COUI(H. : 50 cm)Collection particulière a9720737

Le coui, coque d’un demi-fruit de calebassier,fait office de récipient à usages multiples. Lacalebasse intervient par ailleurs dans la fabri-cation de nombreux objets d’artisanat. Lestechniques auxquelles il est fait appel dansl’île proviennent conjointement des continentsafricain et américain.

FORME À SUCREXVIIe siècleTerre cuiteCollection particulière a9720736

La forme à sucre sert à purger le sucre, c’est-à-dire à l’égoutter et à le purifier. Une fois secet démoulé, il a la forme d’un pain. Ce typede poterie est fréquemment importé de métro-pole, particulièrement de Bordeaux (Gironde).Les formes sont toujours de diamètre iden-tique, 45 centimètres, mais de hauteurs diffé-rentes : la plus grande mesure environ 120centimètres, soit presque le double de la tailleordinaire. Ce récipient tronconique est posésur un pot de raffinerie destiné à recueillir lesimpuretés mêlées au gros sirop. Après unséjour de trente jours dans une purgerie, lespains sont retirés des formes, séchés dans uneétuve puis pilés. Le sucre est ensuite placé dansdes barriques ou boucauts. Ces poteries ont étéretrouvées au fond de la baie du Diamant parune équipe de plongeurs sous-marins.

CROIXXVIe siècleLaiton (55 x 22 cm)Galerie Jean-Vermuse a9720745

Cette croix est la propriété des Vermuse, familled’origine espagnole, qui était établie en Flan-dres depuis trois siècles.

PILON ET MORTIERBoisCollection particulière a9720747

Contrairement à leurs équivalents africains, destinés au pilage des céréales,ces objets, de petite taille et à usage domestique, interviennent surtout dansla cuisine et la préparation des plantes médicinales.

POTS DE CHAMBREXIXe siècleTerre cuiteCollection particulière a9720740

L’appellation de dobann pour ce type de vases fait référence à la ville d’Aubagne (Bouches-du-Rhône),lieu originel de leur production. Recouvertes d’un rondin de bois, ils servaient de pots de chambre. Onles versait le soir dans les rivières ou dans la mer et à Fort de France, dans de gros récipients en fer, col-lectés tous les matins et vidés à la Pointe Simon.

ATTAQUE DU ROCHER DU DIAMANTXIXe siècleAquarelleMusée régional d’Histoire et d’EthnographieFort-de-France a9720755

NOTRE-DAME DU BON PORTXIXe siècleBronze (H. : 80 cm)Collection particulière a9720743

La dédicace à Notre-Dame du Bon Port est tra-ditionnellement répandue, en métropolecomme en outre-mer, dans les communes situées près des côtes. Cela se révèle particu-lièrement vrai pour des paroisses antillaises,dont l’implantation est principalement litto-rale. Seule l’église du Mouillage, à Saint-Pierre, en portait officiellement le nom.

Le rocher du Diamant occupe une situationstratégique convoitée lors des conflits franco-britanniques qui secouent le premier Empire.Il est occupé, de janvier 1804 à juin 1805, parles hommes du commodore Hood qui parti-cipent au blocus de la Martinique. La propa-gande britannique a fait du rocher une sortede navire appelé Her Majesty Ship Diamant-Rock. Six canons sont hissés sur le site, quipar ailleurs est doté de réservoirs creusés dansle roc, d’une citerne, d’une caserne en bois etd’un hôpital. Le rocher est ravitaillé en vivres

par un navire de Sainte-Lucie. Le succès del’amiral Hood repose sur sa totale maîtrise des mers. Celle-ci est remise en question parl’arrivée de la flotte de l’amiral De Villeneuve,représentée sur cette gravure aquarellée. Aprèstrois jours de combats, le 2 juin 1805, l’esca-dre franco-espagnole reprend le rocher, quiretrouve son état sauvage. De nos jours, lesAnglais le considèrent encore comme un vrainavire de guerre que leurs bateaux saluent enpassant au large.

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Né le 23 juillet 1754 au Diamant, Jean-Bap-tiste Prévost de Sansac est le fils aîné d’unefamille de huit enfants et descendantd’une prestigieuse lignée demarins, les Duquesne. Dèsl’âge de cinq ans, il quitteson île et débute soninstruction à Sorèze,dans le Tarn. À onzeans, il rentre àl’École des gardesde la Marine àRochefort, puis àcelle de Brest, où ilfinira son apprentis-sage. En 1773, ilendosse la tenue desofficiers et participe àplusieurs campagnes dansla mer des Caraïbes commeenseigne de vaisseau. Lieutenanttrois années après, il sera l’un des acteurs fran-çais participant à la guerre d’indépendance

98Le Diamant

PLAQUE COMMÉMORATIVE1829MarbreÉglise Saint-Thomas a9720734

Cette plaque commémore la bénédiction del’église Saint-Thomas du 15 décembre 1829par l’abbé Dacheux et le commissaire-com-mandant Telliam Maillet. En 1830, l’abbéDacheux, curé des Anses-d’Arlets qui dessertaussi Le Diamant, est l’un des premiers prêtres de la Martinique qui accepte de prêterserment au roi Louis-Philippe. La mêmeannée, le nom du commissaire-commandantest mentionné dans un rapport concernant lenaufrage du bâtiment négrier ou contre lesrochers.

américaine. Celle-ci l’amènera pendant quatre ans aux Antilles, et notamment en

Martinique comme commandant ensecond de L’Iphigénie. Accumu-

lant les succès, il gravit trèsvite les échelons pour devenir commandant de l’Aigrette, frégate devingt-six canons,l’unedes plus rapide de lamer des Caraïbes oudes États-Unis d’A-mérique. Il épouse, le1er septembre 1783,Marie-Madeleine deRiouffe, qui lui don-nera trois enfants. Il

devient Capitaine de vais-seau en 1786 et accède ainsi

aux honneurs de la Cour où onlui reconnaît le titre de Marquis. Entre

1788 et 1790, il effectue son dernier voyage àla Martinique, et retrouve la France à l’aube de

CHARPENTEXIXe siècle-1983BoisÉglise Saint-Thomas a9720714

L’église est dédicacée le 26 décembre 1829.Elle ne possède qu’une nef et appartient,comme celles du Marin et de L’Ajoupa-Bouillon, aux églises d’inspiration baroque.En 1860, les paroissiens se cotisent à nouveaupour l’agrandir. Le mur qui limite le bâtimentest remplacé par une colonnade de bois, desallées latérales sont ajoutées, et les murs exté-rieurs sont refaits. Si l’influence française estmanifeste, ses motifs à double volute semblentplutôt être une réminiscence du baroque espa-gnol. Façade et clocher sont rénovés en 1871.La charpente apparente est refaite en 1983 parles Compagnons de France, qui la taillent enmétropole avant de la transporter et de lamonter sur place, en même temps qu’ils refontle clocher. (Inscrite à l’inventaire supplémetaire des

monuments historiques en 1979)

ÉGLISE SAINT-THOMAS1829-1860 a9720713

En 1684, la paroisse du Diamant est érigée parséparation de celle des Anses-d’Arlet. Les habi-tants se cotisent, avec l’aide du roi, pour effec-tuer les grosses réparations de l’église et dupresbytère. Au XVIIIe siècle, l’église est uncorps de bâtiment rectangulaire, avec unesacristie appuyée en cul de lampe. Elle pos-sède une nef mais pas de chapelle ni declocher : les cloches sont soutenues par despoteaux situés à l’extérieur. En 1700,1 800 carreaux sont importés de Pro-vence pour la réalisation du carrelage.Entièrement détruite par l’ouragan de1766, elle est reconstruite en 1778 et

dotée d’un clocher, mais l’édifice est de nouveau ruiné par un cyclone en 1817. Lareconstruction d’un nouveau lieu de cultepose de grandes difficultés financières. Delongues polémiques, entre les habitants et lepréfet apostolique, précèdent la constructionde cette église. Les travaux sont finalementfinancés grâce à l’augmentation d’unimpôt, proportionnel au nombre d’esclavespossédés. Le bâtiment actuel ne date, dansses parties les plus anciennes, que de1829. (Inscrite à l’inventaire supplémentaire

des monuments historiques en 1979)

AUTELXVIIIe siècleMarbre de Saint-JosephÉglise Saint-Thomas a9720732

L’autel primitif, dédié à la Vierge, était en bois. Trop vétuste, il est remplacé par un autel « à la romaine »,fabriqué au Puy (Haute-Loire) en 1770.

FONTS BAPTISMAUXFin du XVIIe sièclePierre (H. : 108 cm)Église Saint-Thomas a9720733

Le bassin monolithique actuel correspondraitaux fonts baptismaux d’origine, contempo-rains du premier sanctuaire maçonné de1684. Il a été retrouvé par le père David, curéde la paroisse et historien de la Martinique.

sa période révolutionnaire. Il émigre en Suisseet sera recommandé par l’ancien Ministre de la Marine à Catherine II de Russie, qui souhaite recruter des officiers français. Ilconnaitra là une carrière tout aussi glorieuseque sous les pavillons français. Promu Vice-amiral par le Tsar Paul 1er, Amiral et Grandamiral de la Mer Noire en juin 1801, il estnommé gouverneur militaire du port deSébastopol par le Tsar Alexandre Ier. Napoléonessaiera de le débaucher, mais en vain. Sondernier exploit reste sa participation à lagrande expédition dans l’Antarctique, avec lefranchissement du cercle polaire en janvier1820. On donne le nom de Traversay à ungroupe de trois îles découvertes au Nord de la Terre Sandwich. Devenu l’homme deconfiance du Tsar, il choisit de rester en Russie où il est connu sous le nom de l’Ami-ral Yvan Ivanovitch de Traversay. Il ne revoit nila Martinique, ni la France avant sa mort, le19 mai 1831.

CRUCIFIX1868Laiton (60 x 44,2 cm)Église Saint-Thomas a9720715

Ce crucifix présente la particularité de porterune Vierge à l’Enfant sur son revers. Partie intégrante d’une croix de procession haute de2 mètres, il est rénové par l’abbé David, curé dela paroisse de 1970 à 1998.

JEAN-BAPTISTE PRÉVOST DE SANSAC, MARQUIS DE TRAVERSAYa97207552ne

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MAISON DU BAGNARD1940BoisAnse Caffarda9720720ne

Cette maison construitepar Médard Aribot, l’abritependant près de dix ans àson retour de Guyane. En1933, il est relégué aubagne de Cayenne et y reste quinze ans. À salibération, cet artiste illettré et taciturne s’éta-blit au Diamant, où il vitde ses créations : sculptures de bateaux et bustes. (Inscrite à l’inventaire supplémentaire des monu-ments historiques en 2006)

100Le Diamant

MAISON TRADITIONNELLE1930Morne-Blanc a9720704

Les parois sont faites de gaulettes, branches debois ti-baume tressées. Les interstices sont com-blés par l’application d’un enduit composé dechaux et de bouse de vache. Traditionnelle-ment, le sol est en terre battue, et la toiture estfaite de feuilles séchées. La construction peutêtre consolidée par un soubassement de pierre,scellé avec du ciment, et un toit en tuiles.

ÉTIQUETTE DE BOUTEILLEPremière moitié du XXe siècleHabitation Dizaca9720711

La marque RhumDizac est déposéepar Octave Hayotentre 1886 et 1890.L’étiquette datantdes années 1935-1936, représente la distil-lerie et son moulin quipossédait une remarquable charpenteen bois. La distillerie Dizac est exploitée dès le XVIIe siècle sous le nom de plage du

Diamant et change de nombreuses foisde propriétaire. En1745, elle porte lenom d’habitation

Gardié-Beuze, avant de devenir habitation

Latournelle en 1816. Habita-tion Dizac depuis 1850, le domaine fonc-

tionne comme distillerie et produit du rhumagricole jusqu’aux années 1940.

CHEMINÉE1896Pierre volcanique (H. : 6 m)Habitation DizacAnse Caffard a9720710

Cette cheminée appartient à l’ancienne sucre-rie-distillerie de l’habitation Dizac. En 1945, ladistillerie cesse son activité et sa colonne à distiller est transportée à l’usine Trois-Rivièresà Sainte-Luce.

INSTRUMENT DE MUSIQUEXXe siècleBoisCollection particulière a9720721

Cet instrument de musique traditionnel, encore appelé bwa ronflé (« bois qui ronfle »),était principalement utilisé par des conteurs,qui s’en accompagnaient lors de veillées funè-bres animées. La cloison en bois aspergéed’eau et frottée à l’aide d’un bâton produit unson rauque.

TOMBEXXe siècleCimetière a9720729

Les tombes de ce type, simples monticules de terre ornés de conques de lambi, sont en généralréservées aux gens de condition modeste. Elles sont demoins en moins nombreuses.

MAISON DU GAOULÉ1710PierreHabitation O’Mullane a9720725

L’habitation à laquelle appartient cette mai-son est le théâtre d’un événement appelégaoulé. Le 17 mai 1717, les planteurs de larégion y séquestrent le gouverneur Antoine deLa Varenne et l’intendant Ricouart d’Hérou-ville, représentants du roi de France. Les colonsde la Martinique avaient pris l’habitude devendre leur sucre à l’étranger, transgressantles règles de l’Exclusif, qui visaient à réserverle commerce colonial à la seule métropole. Lerégent envoie donc deux émissaires avec desévères instructions : limiter la production de

sucre de la colonie et rétablir l’Exclusif colo-nial. Les nouvelles sucreries sont interdites ;ceux qui possédaient des sucreries enconstruction sont donc ruinés. La présence desémissaires provoque l’hostilité des colons, etune coalition, animée par la famille Dubucq,originaire de La Trinité, prépare un guet-apens. Les émissaires du roi, en tournée d’ins-pection, se rendent pour souper à l’habitationBourgeot, actuelle habitation O’Mullane, àl’invitation de son propriétaire. À 8 heures, unecentaine d’hommes armés les surprennent et

les séquestrent toute la nuit. Le lendemain, lesdeux prisonniers partent sous escorte et sontembarqués de force à l’Anse La Touche, près deSaint-Pierre, sur le Gédéon, qui les ramène enFrance. Pour éviter l’anarchie, Dubucq se voitproposé l’intérim du commandement de l’île,avant l’arrivée du nouveau représentant duroi. À son arrivée, ce dernier fait arrêter lesplanteurs séditieux. Ils sont jugés puis graciéspar le roi. (I. M. H. 1988)

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103 Le Diamant102Le Diamant

MONUMENT AUX MORTSXXe sièclePierrePlace du Marché a9720717

Au dos de ce monument commandé à l’entreprise Jeumont(Nord) et érigé sous le mandat du maire Louis Véronique,sont gravés les noms de vingt-quatre Diamantinois, mortslors de la Première Guerre mondiale. Ils sont surmontésde cette inscription : « Entre les plus beaux noms, leurnom est le plus beau. »

USTENSILES À MANIOCXXe siècleBoisMorne-Blanc a9720707

Le manioc, élément de base de l’alimentationdes Amérindiens, est consommé sous forme decassave ou de farine. La préparation de cettedernière implique de nombreux outils. Aprèsépluchage, les tubercules sont réduits en puréeau moyen de la grage à manioc. Cette bouil-lie est ensuite disposée dans une couleuvre,boyau cylindrique en vannerie. L’opérationsuivante consiste alors à placer la pulpe dansdes sacs pressés à l’aide de pierres ou de contre-poids.

NASSEXXe siècleBois a9720703

La pêche traditionnelle aux Antilles se fait à l’aide de ce type de casier. La nasse est conçue selonune technique artisanale de tressage de lattes souples, ou liennes, et peut durerjusqu’à six ans. De la forme d’un polygone irrégulier, elle est lestée depierres et calée sur les fonds herbeux oucoralliens. Les plus grands pièges attei-gnent 3 mètres de long pour une hau-teur variant de 80 à 100 centimètres.Les matériaux utilisés ont progressi-vement évolué : les essences tropicales,bwa miret, bwa patat ou bwa bomb, sontremplacées par du grillage en fil de fer.

PLATINESXXe siècleBéton et métalMorne-Blanc a9720705

La cuisson de la pulpe de manioc essorée sefait sur un grand disque, appelé « platine »,autrefois en terre cuite, ensuite en fonte. Cettedernière étape requiert une grande habileté,le maître à manioc agitant à l’aide d’une sorte de râteau la préparation, qui devient une semoule blanche et fine appelée « farine demanioc ».

SIMCA 8 11001948Musée rétromobileCollection particulière Habitation Dizac a9720718

L’ancien responsable des ventes de la concession Simca de l’île, Christian Gallet de Saint-Aurin, a réalisé le projet d’un espace-musée, qui présente la gamme complète de la pro-duction Simca, soit 44 voitures de la Simca 5 (1936) à la Simca 1100 (1976). Cetteautomobile est la vedette de la collection, car elle porte, griffe très rare, la plaque de l’ar-tisan constructeur de la partie en bois.

HÔTEL DIAMANT-LES-BAINS1943-1945Pierre et béton92, rue Justin-Roc a9720726

Ce bâtiment est le premier hôtel construit dansle sud de la Martinique. D’aspect massif – cer-tains murs atteignent 52 centimètres d’épais-seur – il possède dix chambres larges et aérées,dont le carrelage provient de Fort-de-France. Ils’est agrandi depuis vers la mer par laconstruction de bungalows dans le jardin ouen bord de plage.

ÉCOLE PRIMAIRE1945Entrepreneur : Roy-CamillePierre et béton77, rue Justin-Roc a9720727

Une galerie de près de 3 mètres court autour dehuit classes réparties sur les deux niveaux. Leslarges ouvertures apportent une touche créoleà ce bâtiment de conception moderne.

CITERNE1943Pierre (20 x 12 m) a9720730

Cette citerne est construite par le maire Léon Gallet de Saint-Aurin pour pallier la pénurie d’eau potable durant la saison sèche. D’une capacité de 400 000 litres, elle recevait les eaux pluviales quis’écoulaient du toit de l’église et alimentait toute la commune. Elle continue à être utilisée jusque dansles années 1960, date à laquelle sont installées les canalisations d’eau courante.

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105 Le Diamant104Le Diamant

NÈGRE MARRONArtiste : Hector Charpentier1998 BronzeRavine gens bois a97207051ne

Érigée à l’entrée du bourg et inaugurée le 22 mai 1998 à l’occasion des cérémoniescommémoratives du cent cinquantième anni-versaire de l’abolition de l’esclavage, cette statue en bronze d’Hector Charpentier, repré-sentant un esclave muni d’une corne de lambibrisant ses chaînes, est un hommage renduau courage des nombreux rebelles qui, duranttoute la période esclavagiste, cherchèrent às’affranchir du joug de la servitude.

PÈRE DAVID1927-1998a97207055ne

Originaire de Vendée, BernardDavid est né le 28 septembre 1927à Saint-Aubin-la-Plaine.Ordonné prêtre le 26 juillet 1952, il estnommé à la Martinique la mêmeannée. C’est à Terres Sainville qu’ilinaugure son apostolat. Il sertensuite au Lamentin, à Bellevue,puis au Diamant. Il publie unrecueil des proverbes créoles de larégion en collaboration avec Jar-del. Passionné d’histoire, il colla-bore à la Société d’histoire de laMartinique, écrit la biographie desprêtres du clergé de la Martiniquede 1635 à 1848. Il décède acciden-tellement le 5 février 1998 àRivière-Salée. Toutes ses collec-tions ont fait l’objet d’une dona-tion à la commune du Diamantqui lui a consacré un musée.

CAP 110Artiste : Laurent Valère 1998 Béton armé moulé Anse Caffard a97207054ne

Faisant face au rocher du Diamant et à lapasse des Fous, ces 15 colosses de béton blancde 2,50 mètres de haut et d’un poids de 4,5tonnes sont regroupés en un espace concentréet alignés en triangle dont la pointe est orien-tée vers le large. Leur teinte blafarde, leurs postures et leurs expressions évoquent lerecueillement, le deuil et la mort. Cet ensem-ble de statues monumentales est réalisé parLaurent Valère et a été inauguré à l’occasiondes cérémonies commémoratives du cent cinquantième anniversaire de l’abolition del’esclavage en mai 1998. Il est dédié auxesclaves enchaînés dans les cales du bâtimentnégrier qui s’échoua contre les rochers le 8 avril 1830, faisant perdre la vie à près de 300 esclaves. Sa dénomination de « Cap 110 »est due à la direction qui, sur le compas,indique celle du Golfe de Guinée.

STATUE LE ROI DES INDESBois, métal et pailleCollection privée a97207052ne

Sculpté au couteau à la fin des années 1950 par le légendaireMédard Aribot (1901-1973), ce buste polychrome présente unpersonnage ceint d'une couronne de métal doré. Il est pourvud'un visage mélancolique aux grands yeux bleus et au nezaquilin surmontant une moustache et une large bouche àpeine déformée par un léger rictus. Galons, épaulettes et cravateajoutent à l'ensemble un caractère officiel, éminent ou proto-colaire. Les experts se perdent en conjectures sur cette œuvreoriginale dudit bagnard. Certains y voient une effigie du roibé-zingue ou Béhanzin, roi du Dahomey exilé en Martiniqueentre 1894 et 1906, alors que d'autres y reconnaissent la repré-sentation d'une divinité tamoule vénérée par les Indo-marti-niquais qui aurait inspiré un Aribot que l'on dit volontiers

fasciné par les cérémonies fastueuses. Ce buste a appartenu à N. Angély, pêcheur à l'Anse Cafard, avantde passer aux mains de son actuel propriétaire.

CANONS DU DIAMANTFer et bronzePlace du front de mer a97207053ne

Ces canons rassemblés sur la place du front de mer fai-saient partie des batteries défensives installées en diverspoints du territoire de la commune, notamment àl’anse Caffard et à la Chery .

ÉDOUARD GLISSANT 1928 - 2011a97207054ane a97207054bne

Né le 21 septembre 1928 à Sainte-Marie, Édouard Glissant part en 1946 étudier l’ethnologie et la philo-sophie à la Sorbonne, après ses classes au lycée Schoelcher. Prix Renaudot 1958 pour son roman Lalézarde, fondateur du Front antillo-guyanais avec Paul Niger en 1961, il est expulsé de Guadeloupe,assigné à résidence dans l’hexagone après avoir été interdit de séjour en Martinique de 1959 à 1965. Deretour, il fonde l’Institut Martiniquais d’Études et la revue de sciences humaines Acoma. Docteur d’étaten anthropologie en 1980, il publie sa thèse sous le titre Discours antillais avant de diriger le Courrierde l’UNESCO de 1982 à 1988. Professeur et directeur du centre d’études françaises et francophones de

l’université d’état de Louisianeen 1989, professeur de littéra-ture française à la City Uni-versity de New York à partir de1995, il développe les conceptsd’antillanité, de créolisation etde « tout-monde » qui le fontcélébrer parmi les grandsauteurs de la fin du XXe siècleet comme un des premierspenseurs de la globalisation.Décédé à Paris à l’âge de 82ans le 3 février 2011, il estinhumé dans le cimetière duDiamant.