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Le résumé - Accueil · Il faut noter qu’un résumé est essentiellement un texte descriptif : ... au sujet du discours qu’il résume (au contraire du ... sur le plan du contenu

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Le résumé

Un résumé est un texte qui décrit de façon synthétique la forme et le contenu d’un discours oud’un événement.

Le discours ou l’événement qui est l’objet du résumé peut être de tout type. Il peut s’agir d’undiscours oral ou d’un discours écrit, c'est-à-dire d’un texte, et ce discours oral ou écrit peut êtred’ordre littéraire, rhétorique ou didactique. De même, on peut résumer un événement d’ordreéconomique, politique, artistique, etc. Ainsi, on peut faire le résumé d’un article de revue, d’unlivre, d’un cours, d’une conférence, d’un film, d’une pièce de théâtre, d’un événement culturel,d’un fait divers, etc.

Cela dit, dans le texte qui suit, nous nous attarderons principalement au résumé d’un texte et d’untexte de type didactique, c'est-à-dire un texte visant à transmettre une connaissance. Par ailleurs,Nous traiterons principalement du résumé simple même si au passage nous dirons quelques motsdu résumé analytique et du résumé critique — qui sont deux autres types de résumés.

Décrire brièvement l’essentiel

Le résumé simple (que nous appelons dans la suite le résumé, tout court) est un texte qui ditbrièvement, directement et le plus simplement possible tout l’essentiel et rien que l’essentiel d’untexte. Un bon résumé devrait ainsi permettre à une personne qui n’a pas lu le texte qui est l’objetdu résumé de se faire une idée claire et précise de son contenu, à tel point qu’il pourra à la limitese passer de lire ce texte. C’est en se basant sur ce résumé qu’il pourra par exemple décider delire attentivement ce texte, ou encore décider de ne pas le lire s’il se révèle non pertinent. Lerésumé se doit donc d’être fidèle au texte qu’il résume.

Pour dire tout l’essentiel et rien que l’essentiel d’un texte de référence, un résumé se doitd’énoncer d’une part de façon claire, directe et succincte le sujet ou l’idée principale du texte. Ilse doit aussi d’énoncer de façon ordonnée les principales idées qui tournent autour de ce sujet ouqui appuient cette idée principale. En complément, un résumé peut exposer la manière dont sonttraités ces idées.

Il faut noter qu’un résumé est essentiellement un texte descriptif : il se contente de décrire lecontenu d’un certain texte, sans porter de jugement, sans soutenir quelque position que ce soit àson égard. Par suite, même lorsqu’il s’agit de résumer un texte argumentatif, le résumé ne fait quedécrire l’argumentation que l’on trouve dans ce texte. Il décrit cette argumentation, mais il n’estpas lui-même une argumentation, il ne défend pas le point de vue qui est l’objet del’argumentation et ne prend pas position au sujet du discours qu’il résume (au contraire durésumé critique, qui est un autre genre littéraire dont nous dirons plus loin quelques mots).

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Son utilité pédagogique

Le résumé est un genre littéraire qui est abondamment pratiqué en contexte pédagogique parceque sa rédaction donne l’occasion d’exercer et de développer plusieurs habiletés essentielles autravail intellectuel : l’attention, l’analyse, le jugement, l’expression écrite, la précision, laconcision, etc. En effet, pour résumer par exemple un exposé oral ou écrit, il faut en tout premierlieu savoir l’écouter ou le lire attentivement. Il faut ensuite que l’on apprenne à en dégagerl’essentiel et à voir les liens logiques qui se trouvent entre les diverses idées en présence. Il fautensuite que l’on soit capable d’exprimer tout cet essentiel de façon synthétique et en ses propresmots, clairement, brièvement, et dans un style qui allie la sobriété et l’élégance. Cet exercice delogique se double en effet d’un exercice littéraire : le résumé doit être relativement court et doitlivrer une information précise et systématique, de façon claire, élégante et personnelle. Ce courttexte, parfois de dix lignes seulement, est par conséquent le résultat d’un travail complexe etéminemment formateur.

Cet exercice est largement utilisé dans un contexte pédagogique parce qu’il donne lieu en outre àun traitement relativement objectif du travail réalisé. Il y a en effet entre le résumé rédigé par unétudiant et le professeur qui l’évalue un repère extérieur, un point de référence : le texte oul’exposé oral à résumer disait essentiellement une chose, il le disait en faisant interveniressentiellement quatre ou cinq idées charnières, et dans un ordre déterminé. Or, tout cela setrouve objectivement sur le papier ou dans le discours oral.

Certes, la manière de rendre compte de ces idées laisse place à une certaine liberté et donne lieu àun réel exercice de rédaction, qui doit déboucher sur un texte personnel (c’est là d’ailleurs unequalité et même une exigence du résumé — nous y reviendrons). Mais le résumé ne peut pas diren’importe quoi ni le dire de n’importe quelle manière. Le professeur peut donc vérifier si, d’unepart, le texte à résumer a été bien lu et bien compris et si, d’autre part, ce qui doit en être dit estbel et bien dit : clairement, directement, brièvement et avec une certaine élégance.

La rédaction d’un résumé pose donc un problème qui lui confère une grande qualitépédagogique : c’est que celui qui le rédige ne peut pas esquiver les difficultés qu’il rencontre enrédaction en tant que telle. En effet, dans presque toute autre situation académique, on ne peutjamais être parfaitement certain que ce qui est écrit est bel et bien ce que l’étudiant ou l’étudianteaurait voulu exprimer. Il en va de même, d’ailleurs, dans la vraie vie : si on est incapable deformuler une phrase ou un paragraphe, voire un texte entier exprimant une pensée précise,substantielle et complexe qu’on a à l’esprit, on peut facilement se rabattre sur quelque chose deplus simple et de plus limité. On doit gravir une certaine montagne mais on n’en a pas la force oupas les compétences. Alors, on ne grimpe que sur le premier escarpement et on déclare aposteriori que c’était bel et bien ce seul escarpement qu’on voulait gravir…

Ainsi, dans la plupart des cas, on ne peut pas en toute rigueur évaluer la chose qui nous paraît laplus importante dans un exercice de rédaction : vérifier si l’objectif a réellement été atteint, sil’auteur a réussi à dire (et à bien dire) ce qu’il devait dire. Cela est par contre assez facile àvérifier dans le cas d’un résumé, et d’autant plus facile que le texte en cause est très bref! Or, telest le cas d’un résumé : c’est toujours un texte bref articulé autour de trois ou quatre idées.

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Dans ce contexte, il est également possible de demander à un étudiant de mettre en application lamaxime de Boileau, qui recommande de remettre son ouvrage vingt fois sur le métier. C’est eneffet en faisant et en refaisant que l’on apprend à faire quoi que ce soit de complexe. Il en va demême, évidemment, en rédaction. Pour exprimer correctement une pensée par écrit, il faut biensouvent en écrire une première version, effacer, réécrire, reformuler, ajouter, retrancher,réaménager, couper encore, dire autrement, etc. Mais c’est là une tâche herculéenne pour unétudiant qui éprouve certaines difficultés en rédaction s’il est devant un texte de 25 pages ! C’estpourquoi, à notre avis, tant de gens peinent en ce qui a trait au développement de leurs habiletésen rédaction : on leur demande de rédiger des textes relativement longs contenant beaucoupd’idées, des textes qui requièrent tellement d’attention sur le plan du contenu qu’il n’en reste pluspour soigner l’expression des idées en tant que telle, pour effacer, réécrire, reformuler, ajouter,retrancher, etc. Par contre, répétons-le, il est possible de faire tout cela avec une idée directrice etquatre ou cinq idées maîtresses, dans un texte de dix ou quinze lignes! Ces quelques matériaux etleurs liens logiques peuvent se penser ensemble et toutes ces phrases, toutes ces formulationspeuvent se voir d’un seul coup d’œil. L’exercice est donc proportionné à la situation d’unétudiant ou d’une étudiante en situation d’apprentissage. On lui demande de faire quelque chosede difficile, mais sur une petite échelle, à un niveau qui lui est accessible. Cela dit, les habiletésdéveloppées l’aideront ensuite à réaliser des textes plus longs qui auront plus de chance d’êtrecohérents, clairs et précis.

Tout cela explique pourquoi nous accordons autant d’intérêt à ce type de texte dans le présentcours, pourquoi nous voulons enseigner une méthode et pourquoi nous ne nous contenterons pasd’à peu près dans les exercices qui suivent ce texte de présentation.

Son utilité professionnelle

Il va de soi que le développement des habiletés en jeu dans la rédaction d’un résumé (l’attention,l’analyse, le jugement, l’expression écrite, la précision, la concision) est un atout dans la vieintellectuelle en général et dans la vie professionnelle. Mais la maîtrise de ce genre littéraire peutêtre utile en elle-même car, dans un contexte professionnel, on a souvent à rédiger des résumés.D’abord, on demande fréquemment à l’auteur d’un texte de le précéder d’un résumé et trèssouvent les gens à qui est destiné le texte en cause vont se contenter d’en lire le résumé. Dans lemeilleur des cas, ils vont se servir du résumé pour identifier quelques passages particuliers dutexte, qu’ils vont parcourir avec un peu plus d’attention. Les gens sont débordés et plusieursessaient de trouver des raccourcis… Mais ces mêmes gens ont parfois des décisions importantes àprendre et ils vont les prendre en se basant principalement sur le résumé qu’ils ont entre lesmains. C’est pourquoi il importe de savoir rédiger de bons résumés.

Par ailleurs, une partie de la tâche de plusieurs professionnels consiste à rédiger des résumés pourleurs supérieurs, qui n’ont pas le temps de parcourir in extenso la documentation abondante quileur est soumise. C’est pourquoi encore il importe de savoir rédiger de bons résumés. C’est unehabileté qui pourrait avec profit être mise en évidence dans un curriculum vitae !

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Comment procéder

Rappelons d’abord l’objectif : il s’agit de rédiger un texte qui dit brièvement et directement toutl’essentiel d’un texte de référence.

Un tel texte est relativement facile à rédiger si l’on a devant soi une synthèse schématique dutexte en cause — ce que nous appelons son ossature logique. En effet, si après avoir lu et analyséun texte on a pu formuler précisément son idée directrice ainsi que les trois ou quatre principalesidées qu’il contient, il ne reste, pour rédiger le résumé, qu’à convertir ce schéma en un texte suivi.Ce n’est donc plus qu’une affaire de littérature et d’esthétique. Cela n’est pas rien, certes, mais aumoins la substance avec laquelle on a à travailler est déjà bien posée. Les trois quarts de la tâchesont déjà réalisés!

Ainsi, l’ordre du travail devrait être le suivant :

1. Lecture et analyse du texte à résumer :

– On devrait d’abord faire une première lecture du texte sans rien écrire sur le texte lui-même,sans rien souligner ni surligner. L’objectif de cette première lecture est simplement de sefaire une idée générale du texte, de savoir en gros de quoi il est question.

– On peut ensuite faire une seconde lecture du texte, plus méticuleuse, en tentant cette foisd’identifier les idées importantes et, ce faisant, en prenant quelques notes. Idéalement, ilserait préférable de prendre ces notes sur une feuille à part et non pas en soulignant ou ensurlignant le texte lui-même — car autrement le texte devient vite impossible à lire; or, ilfaudra le relire plusieurs fois encore.

– On devrait aussi essayer de mettre en évidence le rôle joué par chacune de ces idées : ici,l’auteur fait une induction; ici, une analogie, là, il donne une définition ou un exemple, faitune démonstration, soulève une objection, réfute une thèse, etc.

– À cette étape, il n’est cependant pas nécessaire de préciser en détail tous les liens existantentre chacune de ces idées ni de chercher trop longuement à formuler une fois pour toutesl’idée directrice ou le sujet central de ce texte (selon qu’il s’agit d’une texte argumentatif oudescriptif — rappelons qu’un texte argumentatif tourne autour d’une idée directrice alorsqu’un texte descriptif tourne autour d’un sujet particulier; une idée s’exprime en une phraseénonciative alors qu’un sujet s’exprime en un mot ou un syntagme). Il s’agit juste d’identifierla plupart des éléments importants dans le texte, en précisant autant que possible le rôle jouépar chacun.

2- Synthèse :

– Il s’agit maintenant de mettre tous ces morceaux ensemble de façon à reconstituer l’essentieldu texte analysé.

– Pour ce faire, il importe d’abord d’identifier puis de formuler le plus simplement et le plus

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directement possible l’idée directrice ou le sujet central du texte. Pour cela, il est conseillé deparcourir l’ensemble des idées importantes identifiées précédemment en tentant de trouvercelle autour de laquelle toutes les autres sont ordonnées, celle qui est la raison d’être de toutce texte. Éventuellement, il peut être utile de relire une autre fois le texte pour s’assurerqu’on en a laissé aucune s’échapper.

– Il faut ensuite relier de façon systématique à cette idée directrice ou à ce sujet central toutesles idées importantes identifiées dans le texte. En principe, chacune de ces idées devraitpouvoir être conçue en tant que moyen au service d’une seule fin : celle de rendre acceptable,d’illustrer ou d’expliquer l’idée directrice ou le sujet du texte.

– Il importe de s’assurer que toutes les idées secondaires identifiées sont clairement reliées àl’idée principale en question et qu’aucune idée importante dans le texte n’a été oubliée. Pours’en assurer, il convient sans doute de relire le texte.

– Si une seule idée apparemment importante dans le texte ne peut être mise directement ouindirectement dans un rapport de moyen à fin vis-à-vis de l’idée directrice identifiée, c’est oubien que le texte lui-même n’est pas cohérent, ou bien que le texte ne vise pas réellement lafin qu’on lui a découvert, ou bien que cette idée n’a pas l’importance qu’on lui a attribuée. Ilfaut alors remettre l’ouvrage sur le métier jusqu’à temps d’avoir découvert l’idée qui permetde réunir tous les morceaux et d’avoir pu intégrer correctement l’idée qu’on ne pouvaitantérieurement relier à l’ensemble. À la limite, cette réflexion peut aboutir à l’évidence quece texte n’est pas très cohérent puisque tout ce qui y est dit ne peut pas se rapporterexplicitement à une seule et même fin. Le plus souvent, cependant, cette réflexion conduitplutôt à la formulation d’une autre idée directrice plus englobant et parfois très différente decelle préalablement conçue.

– Le schéma qui en résulte représente l’ossature logique du texte en cause.

– Il convient alors de relire encore une fois le texte en se demandant si l’ossature logique qui aété élaborée représente une bonne synthèse de ce texte. Sinon, il faut retravailler l’ossature,relire encore le texte et l’analyser jusqu’à satisfaction.

– Si cela n’est pas déjà évident en considérant l’ossature logique, la synthèse devrait en outreexpliciter le rôle joué par chacune des idées en présence : ceci est l’idée directrice ou le sujetdu texte; telle et telle idées secondaires servent à former une induction conduisant à cetteidée directrice; ceci est une définition, une illustration, une analogie, etc. En d’autres termes,il convient de préciser la nature des liens qui se trouvent entre ces diverses idées.

– Comme on le voit, la formulation de l’ossature logique d’un texte est un travail relativementlong et parfois assez difficile. Par contre, l’énergie qu’on y consacre se révèlera un très boninvestissement par la suite.

3- Rédaction du résumé

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– Un résumé comporte deux parties (un exemple est donné un peu plus loin).

– Sur une première ligne, on écrit la référence exacte du texte résumé : auteur, titrecomplet, lieu d’édition, maison d’édition, date, nombre de pages.

– Sur la ligne suivante, on présente le résumé lui-même.

– Celui-ci devrait être rédigé à partir de l’ossature logique du texte, qui peut être considéréecomme la matière brute du texte à venir.

– La première phrase du résumé devrait énoncer l’idée directrice du texte en cause; elle peutreprendre intégralement ou presque la formulation présente dans l’ossature1.

– Le reste du résumé consiste à expliquer brièvement et précisément ce que fait l’auteur poursoutenir cette idée ou pour expliquer ce sujet. Or, tout cela se trouve représentéschématiquement dans l’ossature logique : il s’agit maintenant, tout simplement, de faireparler cette synthèse, en formulant un texte suivi où tout est explicite.

– Il importe dans un résumé de dire les choses de façon personnelle, sans reprendre lesformulations de l’auteur. En effet, le résumé ne doit contenir que très peu d’extraits du textede référence et, si cela se trouve, il ne doit s’agir que d’extraits très brefs (moins d’une ligne;ou mieux, seulement deux ou trois mots typiques tirés du texte).

– Par ailleurs, le résumé n’a pas à suivre l’ordre littéraire du texte en cause — à la différencedu résumé analytique, qui est un autre type de texte et qui doit, lui, suivre les grandes lignesdu développement des idées dans un texte. — On définit le résumé analytique comme un« abrégé détaillé d'un texte de référence, [qui] s'appuie sur une analyse approfondie de soncontenu; il est rédigé sous une forme condensée tout en respectant le plan de surface de cetexte » (SF, p.102). « Un résumé analytique peut aussi comporter une partie critique; onparlera alors de résumé analytique et critique. » (SF, p.102). — Ainsi, pour l’essentiel, lerésumé est un texte personnel, qui doit décrire un ouvrage ou un exposé dans les motspropres de celui qui fait le résumé.

– Enfin, rappelons que le résumé doit être bref. Cela dit, il est impossible de déterminer inabstracto la longueur que doit avoir un résumé. Cela dépend des cas, des besoins que l’on a,des exigences de celui ou celle qui demande un résumé : par exemple, pour une revuesavante, on peut demander un résumé de 200 mots, que le texte à résumer en comporte dixou quinze milles ; pour une thèse de doctorat, on demande dans certaines institutions un

1 La procédure exposée ici et dans les paragraphes suivants doit être vue comme une recette à l’intention de ceux

et celles qui ont certaines difficultés en rédaction. Dans ce contexte, elle peut être d’une aide considérable –entre autres pour transcender le syndrome de la page blanche. Cependant, ce n’est pas une recette à suivreservilement. En outre, comme pour toute autre recette, on peut s’en écarter à mesure que l’on acquiert del’expérience. Ainsi, on peut débuter un résumé autrement que par l’énoncé de l’idée directrice et répondreparfaitement aux exigences logiques et littéraires du résumé.

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résumé de 200 mots et un autre de 600. Cela dit, on s’entend généralement sur le principequ’un résumé « ne doit jamais excéder 20% de la longueur du texte de référence » (RobertTremblay, Savoir-faire, 1994, p.99). Évidemment, plus le résumé est court, moins il peut êtredétaillé; il ne peut reprendre que les grandes lignes de l’ossature logique sur laquelle ils’appuie.

4- Révision et peaufinage

– Il convient ensuite de vérifier si le résumé reprend bel et bien l’essentiel, tout l’essentiel etrien que l’essentiel du texte en cause. Pour cela, il faudrait en principe relire le texte qui estrésumé et le comparer au résumé qui en a été fait. Tout de même, il est possible d’abréger cetravail si on a procédé en s’appuyant sur une synthèse du texte (sur une ossature logique) quel’on avait pris soin de valider. Il suffit alors de comparer l’ossature logique et le résumé, ens’assurant que l’on a bien explicité tout ce que l’ossature logique exprimait de façonschématique.

– Il reste ensuite à peaufiner le résumé, en se rappelant qu’un résumé doit être un texte completet parfaitement explicite, un texte qui forme un tout, qui se suffit à lui-même même si s’agitd’un texte dépendant, un texte qui n’existe qu’en fonction d’un autre discours. Une personnequi n’a pas lu le texte qui est résumé doit pouvoir s’en faire une idée précise et complète.

– Pour cela, le résumé doit comporter une certaine fluidité : il comporte une entrée en matièrequi joue en quelque sorte le rôle d’une introduction, très brève mais par conséquent souventdifficile à bien faire) ; il contient aussi une sorte de développement, où l’on énoncebrièvement les idées importantes du texte en cause et le cheminement de l’auteur ; il contientenfin une sorte de conclusion, qui, comme son nom l’indique, vient clore le texte de façonrelativement élégante. Il importe en effet que le résumé, à l’instar de tout autre texte, ne setermine pas de façon trop abrupte. Or, cela n’est pas toujours facile. Une manière de conclureélégamment consiste à reprendre, mais en d’autres mots et en y ajoutant une précision ou unenuance, l’idée directrice énoncée au début du résumé. Cela donne souvent un heureux effetde clôture.

– Cette étape de peaufinage donne l’occasion d’appliquer la maxime de Boileau : écrire etréécrire jusqu’à temps d’avoir un texte fluide qui dit directement et avec élégance toutl’essentiel d’un texte de référence. Ce faisant, on développe inévitablement de réelleshabiletés en rédaction !

Quelques règles

– Rappelons que le résumé, à la différence du résumé analytique, n’a pas à suivre le plan desurface (ou l’ordre littéraire) de l’ouvrage résumé, pages après pages, ou chapitres aprèschapitres. Le résumé ne fait qu’exprimer l’essentiel du texte, en énonçant son idée directriceainsi que les principales idées développées pour soutenir ou illustrer l’idée directrice.Éventuellement, le résumé énonce également le procédé utilisé par l’auteur. Par ailleurs, le

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résumé ne doit pas ou presque pas citer d’extraits du texte. Quand il le fait, il doit s’agir detrès courts extraits.

– Rappelons aussi que le résumé est un texte purement descriptif. À ce titre, et à la différencedu résumé critique et du résumé analytique et critique, il ne comporte aucune évaluation ouinterprétation de l’ouvrage résumé et des idées qu’il contient. Il se contente de dire l’essentieldu texte résumé.

– Enfin, le résumé doit dire les choses simplement et directement. Il faut donc éviter lesformulations pompeuses, inutilement savantes ou énigmatiques. Il faut éviter par le faitmême les formulations qui ne signifient rien de précis hors contexte et pour celui ou celle quin’a pas lu le texte en cause. Tout doit être compréhensible, direct, précis.

Exemple

Considérons le texte suivant, extrait de la Démocratie en Amérique d’Alexis de Tocqueville :

Un homme vient à naître; ses premières années se passent obscurément parmi les plaisirs ou les

travaux de l’enfance. Il grandit; la virilité commence; les portes du monde s’ouvrent enfin pour le

recevoir; il entre en contact avec ses semblables. On l’étudie alors pour la première fois, et l’on

croit voir se former en lui le germe des vices et des vertus de son âge mûr.

C’est là, si je ne me trompe, une grande erreur.

Remontez en arrière; examinez l’enfant jusque dans les bras de sa mère: voyez le monde extérieur

se refléter pour la première fois sur le miroir encore obscur de son intelligence; contemplez les

premiers exemples qui frappent ses regards; écoutez les premières paroles qui éveillent chez lui les

puissances endormies de la pensée; assistez enfin aux premières luttes qu’il a à soutenir; et alors

seulement vous comprendrez d’où viennent les préjugés, les habitudes et les passions qui vont

dominer sa vie. L’homme est pour ainsi dire tout entier dans les langes de son berceau.

Il se passe quelque chose d’analogue chez les nations. Les peuples se ressentent toujours de leur

origine. Les circonstances qui ont accompagné leur naissance et servi à leur développement

influent sur tout le reste de leur carrière.

S’il nous était possible de remonter jusqu’aux éléments des sociétés et d’examiner les premiers

monuments de leur histoire, je ne doute pas que nous pussions y découvrir la cause première des

préjugés, des habitudes, des passions dominantes, de tout ce qui compose enfin ce qu’on appelle le

caractère national; il nous arriverait d’y rencontrer l’explication d’usages qui, aujourd’hui,

paraissent contraires aux mœurs régnantes; de lois qui semblent en opposition avec les principes

reconnus; d’opinions incohérentes qui se rencontrent çà et là dans la société, comme ces fragments

de chaînes brisées qu’on voit pendre encore quelquefois aux voûtes d’un vieil édifice, et qui ne

soutiennent plus rien. Ainsi s’expliquerait la destinée de certains peuples qu’une force inconnue

semble entraîner vers un but qu’eux-mêmes ignorent. Mais jusqu’ici les faits ont manqué à une

pareille étude; l’esprit d’analyse n’est venu aux nations qu’à mesure qu’elles vieillissaient, et

lorsqu’elles ont enfin songé à contempler leur berceau, le temps l’avait déjà enveloppé d’un nuage,

l’ignorance et l’orgueil l’avaient environné de fables, derrière lesquelles se cachait la vérité.

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Après quelques lectures, on peut en faire la synthèse suivante :

– Son idée directrice (il s’agit évidemment d’un texte argumentatif) : bien que l’entreprise soitdifficile, le caractère d'un peuple doit être étudié en considérant sa fondation.

– Les principales idées à l’appui de cette thèse (qui forment l’antécédent d’un raisonnementanalogique dont la conclusion est l’idée directrice) :

– Même si cela n’est pas évident, le caractère d'un être humain est déterminé par sespremiers contacts avec le monde.

– Par suite, le caractère d'un être humain doit être étudié en considérant son enfance.

– De même, le caractère d'un peuple est déterminé par les circonstances qui ontaccompagnées ses premiers moments.

[D’où la conclusion : c’est pourquoi, bien que l’entreprise soit difficile, le caractère d'unpeuple doit être étudié en considérant sa fondation.]

En s’appuyant sur cette ossature logique, on peut assez facilement rédiger le résumé suivant :

Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, Œuvres complètes, tome 1A,première partie, chapitre 2, nrf Gallimard, p. 26-27.

Ce texte fait une analogie entre le développement d'un homme et celui d'une nation. Il faitvoir l'importance de retourner à l'origine, aux premiers moments de l'existence d'une nationpour en définir et en comprendre le caractère, tout comme on doit le faire pour biencomprendre la personnalité d'un homme. Évidemment, une telle entreprise de retour auxsources n’est pas facile.

Voilà ! Tout l’essentiel y est dit, simplement et précisément. À partir d’un tel résumé, on saitexactement de quoi il est question dans ce texte. On peut alors décider de le lire pour connaître ledétail de l’argumentation de l’auteur, le classer pour référence ultérieure ou saisir que sa lecturene serait pas pertinente dans le cadre du travail que l’on fait.

Et maintenant…

Il reste maintenant à appliquer la méthode indiquée en faisant les exercices suivants, en songeantbien que c’est en répétant une même opération que l’on développe une habileté.