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Le Rigorisme chrétienby Jean-Louis Quantin

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EHESS

Le Rigorisme chrétien by Jean-Louis QuantinReview by: Jean SéguyArchives de sciences sociales des religions, 48e Année, No. 122 (Apr. - Jun., 2003), pp. 115-116Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30122811 .

Accessed: 14/06/2014 14:10

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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

tionnaires, pacifistes, << spiritualistes-mystiques >>. A la fin du xvIIe sidcle, les Pays-Bas ind~pen- dants passaient pour le refuge des croyances chritiennes ailleurs pers~cuties, une fois la parenthise cromwellienne refermee sur l'Angleterre (1660) : un pays de quasi tolkrance en somme.

La question posse dans l'ouvrage de J.P. - a partir de la riche documentation personnelle laiss~e par A. van Buchell - est celle des effets de ces changements politiques, mais surtout religieux, sur la vie quotidienne des individus. Dans quelles conditions et avec quels effets sur l'existence familiale et sociale, les adhesions confessionnelles se faisaient-elles dans des regions oui elles 6taient devenues peu A peu << matibre libre >> ?

J.P., I'auteure de l'ouvrage recens6 ici et qui fut d'abord une these de doctorat de l'Universit6 d'Amsterdam, enseigne prdsente- ment I'histoire moderne de l'Europe A Sommerville College, Oxford (UK). Sa recherche fait apparaitre, presque A chaque page, la quasi impossibilit6 de distinguer entre domaine poli- tique et domaine religieux dans les Pays-Bas du Xvile siecle. Toute proposition religieuse (dog- matique ou autre) comportait ses consequences politiques : choisir une appartenance religieuse impliquait aussi choisir son camp dans la cit6. Mais peut-on imaginer que, A tout moment de son histoire personnelle, chaque habitant des Pays-Bas du Nord appartint - au xvIIe sibcle - a une Eglise particulibre et << prit part >> avec conviction et sans jamais changer d'avis dans l'univers religieux et politique oi il avait A vivre ? Buchelius, quant A lui, fut successive- ment catholique, puis longtemps sans affiliation confessionnelle, puis protestant << libertin >> et finalement r~formd anti-remonstrant a tendance mystique! J.P. souligne l'importance - en I'occurrence - de ceux qu'on appellerait aujourd'hui des << chr6tiens sans Eglise >>, mal A l'aise dans toutes les organisations religieuses. On peut penser, semble-t-il, qu'ils pesbrent d'un poids considerable dans les changements sociopolitiques qui affectbrent les Pays-Bas du Nord (la Hollande actuelle pour l'essentiel) au XVIIe si~cle.

L'histoire telle que J.P. la pratique n'accorde aucun privilkge causal a aucune des instances familibres aux sociologues. C'est I'ensemble des facteurs possibles - religieux y compris - qui < explique >, dans une dyna- mique d'ou l'imprevisible n'est pas exclu. Dans cet ouvrage qui ne rdfbre jamais ni A Max Weber ni A Ernst Troeltsch on a parfois I'impression - fausse apparemment - de lire un travail d'un de leurs disciples. 11 faut noter enfin que les perspectives ici privildgides -

s'agissant de l'influence des << sans Eglises >> en particulier - sont partagdes par un certain nombre de << nouveaux historiens >> nderlandais.

Jean Sdguy.

122.42 QUANTIN (Jean-Louis). Le Rigorisme chretien. Paris, Cerf, 2001, 163 p. (bibliogr.) (coll. << Histoire du christia- nisme >>).

Maitre de conferences A l'Universiti de Versailles et spicialiste de l'histoire religieuse moderne de la France et de l'Angleterre, J.-L.Q. 6tudie dans le court ouvrage recens6 ici un ph&- nom~ne rest6 un peu en friche depuis assez longtemps, le < rigorisme >> chr~tien affich6 par le titre. Les lecteurs en seront vite avertis, le rigorisme ne doit pas se confondre avec le jan- s6nisme, encore que ce dernier repr6sente bien une des formes prises par le premier ph6no- mene nomme.

Avec justesse, croyons-nous, I'auteur insiste sur le fait que le rigorisme repr6sente une doc- trine de thbologie morale familibre A l'Age clas- sique, tout specialement dans le catholicisme (et le jansinisme est caract6ristiquement catho- lique); mais le rigorisme ne s'~puise pas dans ses manifestations catholiques. De meme qu'il existe des formes non jansinistes de < s6v6- rit6 >> de vie dans le catholicisme paroissial lui- meme, entre le XVIIesibcle et la fin du XIXe siicle au moins, cette rigueur se manifeste aussi dans les protestantismes divers, en Europe du Nord, du Centre et de l'Ouest, en Am6rique du Nord encore et dans les formes pidtistes de ces protestantismes meme. Ici, c'est A propos du seul type-Eglise (luth6ranisme, Eglises r6formies, anglicanisme et Eglises 6piscopa- liennes diverses, m6thodisme) que le phdno- mane se trouve 6tudid, en parallble avec le rigo- risme catholique dans ses vari6t6s, jans6nisme inclus.

En somme, et pratiquement, la R~forme radicale et ses groupements (+ sectaires >> selon Weber et Troeltsch) post~rieurs au XVIe siacle se trouvent 6limin~s de ce petit livre bien 6crit et informs (la bibliographie selective et critique finale, pp. 155-161, est remarquable de p~da- gogie). Cette omission nous semble inexpli- cable. Peut-6tre en effet le rigorisme chritien ne trouve-t-il la plknitude de ses effets que dans ces formations. C'est A les 6tudier seulement que l'on comprend - selon nous et quelques autres - que le probl~me de la s6v6rit6 chr&- tienne relive bien de la thdologie morale chr&- tienne, certes; mais c'est surtout, selon nous encore, un effet d'eccl6siologie, et done de

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

christologie aussi. C'est parce que l'Eglise est, dans ces groupes + volontaires et confessants >>, fortement apprdhend~e au niveau local mime, comme Corps (<< mystique >>) du Christ qu'elle est aussi conque comme devant se manifester << sainte >>, c'est-a-dire << s~pare >> dans la vie collective et individuelle de ses membres. D'oiu l'importance accord~e dans ces groupes - nom- breux et en expansion contemporaine - aux ter- mes du rapport au monde, i la fuite du p~ch6, a la poursuite de la saintete, et aussi et comme par consequence, a la surveillance mutuelle des adherents et a leur fid6lit6 aux normes des groupes, au principe enfin et aux formes prati- ques de l'excommunication, de l'6vitement et - 6ventuellement - de la r~intigration des p~cheurs. Ce sont 1 autant de caract~ristiques << rigoristes >> qu'on regrette de constater ndgli- g~es ici. La comparaison entre les effets de diachronie (et done de routinisation) sur ces pratiques et sur les croyances qui leur corres- pondent selon les types d'organisation et les paliers de leur histoire aurait 6t6 d'un grand intiret en l'occurrence.

Cette remarque faite et ce regret soulign6 (le seul groupe radical dvoqud - les mennonites - l'est une seule fois, comme en passant, p. 115), on se plait a souligner la maitrise dont l'A. fait preuve dans l'expos6, s'agissant - en particulier - du rigorisme comme doctrine de thdologie morale, dans le catholicisme, comme dans les grandes Eglises protestantes. Tous ceux qui d~sirent tout savoir et pin~trer, du probabi- lisme, du probabiliorisme, de la casuistique et du laxisme, mais aussi de l'antiprobabilisme et de ses sublimit~s, trouveront a nourrir leur curiosit6 dans ces pages. Par contre, les probl6- mes de l'attrition et de la contrition sont - notre gofit - un peu rapidement exp~dids, alors que les problbmes connexes des ddlais d'abso- lution se trouvent longuement exposes, expli- qu~s et illustr~s. Beaucoup de lecteurs inno- cents de ces choses seront probablement - mais utilement - surpris de constater que luth~riens et r~form~s ont eux aussi connu ces problimes ou des problimes de meme nature. On apprend a tous les ages...

Le chapitre conclusif (< La fin du rigo- risme >>) a tout particulibrement retenu notre attention: il n'est pas sans intirit d'y apprendre que - mume au XVIIe si~cle - les injustices sociales pouvaient utre sanctionnies par des confesseurs rigoristes au mime titre que les p~ch~s contra sextum, ou de voir defiler, mime rapidement 6voquie, l'histoire, I'dpoque moderne, du rapport des fidules catho- liques a l'Eucharistie, jusque vers la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Mais qu'on nous permette de l'ajouter: une recherche qui voudrait, sur le mime sujet, don-

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ner dans l'explication sociologique, devrait placer le < pr~tendu laxisme >> face au << rigo- risme >> et les consid~rer, l'un et l'autre, comme autant de problumes sociaux : il y a des enjeux de toutes sortes (6conomiques, politiques et autres) dans ces affaires. Seuls certains aspects politiques - et pas tous - apparaissent ici. La taille de la collection oiu le livre parait et ses exigences ne permettaient pas de tout dire.

Jean S~guy.

122.43 ROOF (Wade Clark). Spiritual Market Place. Baby Boomers and the Remaking of American Religion. Princeton (NJ), Princeton University Press, 1999, 314 p., (annexes, index).

Dans un ouvrage precedent paru en 1993 (A Generation of Seekers. The Spiritual Life of the Baby Boom Generation), W.C.R., professeur a l'Universit6 de Californie, Santa Barbara, avait livr6 une description qui fit date, des traits de la religiosit6 de la g~n~ration n~e aprbs-guerre, entre 1946 et 1962 : une religiosit6 marquee par I'individualisation des quutes spirituelles, la mobilit6 des croyances et la fluidit6 des identi- fications. La premiere partie de l'enquite, menee en 1988-1989, reposait sur le traitement des donnies d'une enquute par questionnaire auprbs d'un 6chantillon repr~sentatif de 2 620 personnes, dans quatre Etats des Etats- Unis, complkt~e par les r~sultats d'une enquete t6lphonique conduite auprbs de 536 des 1 599 r~pondants au questionnaire. 64 entre- tiens directs et 75 interviews approfondies por- tant sur les trajectoires religieuses de personnes contact~es par tdlephone compl~taient cette ample enquate. Le present livre est fonde sur les r~sultats d'une phase ultdrieure de I'enquite, mende en 1995-1996, au cours de laquelle les 536 sujets de l'enquite t6l1pho- nique ont 6t6 contactis une seconde fois : 409 entretiens ont ainsi pu 6tre mends a nouveau. Ce suivi approfondi a permis de completer et d'enrichir les analyses offertes dans le premier volume, sans modifier substantiellement la des- cription des traits fondamentaux du monde reli- gieux des baby-boomers. Aprbs avoir propose une analyse differenci~e de la n~buleuse forte- ment individualis~e des quetes spirituelles a partir du terreau d~nominationnel dont les int&- ress~s sont issus, l'auteur montre le lien qui existe entre les th~matiques de la quite spiri- tuelle et les transformations de l'environnement politique, 6conomique et social au cours des annies consid~rees : de part en part, la religion des +< seekers >> 6pouse les infl~chissements de la modernite culturelle et sociale dont elle se

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