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LE TRIOMPHE DE MARAT, 1794

ANALYSE POUR IMAGE ACTIVE

Une « image active » est une image enrichie par vos commentaires, créée grâce au logiciel Images actives1. En naviguant sur l’image, vous faites apparaître ces commentaires en fonction des détails que vous avez choisis de mettre en valeur. Le mode « Quiz »2 permet de créer une image active où seules apparaissent des questions, les réponses s’affichant en un clic.

1. Le logiciel Images actives, mis au point par Canopé, académie de Versailles, permet d’animer des images fixes pour les rendre interactives.

2. Deux modes sont disponibles pour créer une image active : le mode « Découverte » et le mode « Quiz », ce dernier étant proposé pour les

séances de questions-réponses.

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QUESTIONS POUR LE QUIZZ

QUESTION SUR LE TITRE DU TABLEAU : QUEL EST L’ÉVÉNEMENT REPRÉSENTÉ SUR CE TABLEAU ? QUAND A-T-IL EU LIEU ?

L’événement s’est déroulé le 24 avril 1793 : après son arrestation ordonnée par les Girondins, Marat est acquitté par le tribunal révolutionnaire et porté triomphalement en héros à sa sortie, acclamé par le peuple parisien. Cet événement a donné lieu à de nombreuses illustrations dans les gazettes révolutionnaires, comme par exemple les estampes de Lesueur. Marat est un député à la Convention lors de la Révolution. Il a été assassiné le 13 juillet 1793 par Charlotte Corday.

QUESTION SUR LA DATE DE RÉALISATION DU TABLEAU : QUAND CE TABLEAU A-T-IL ÉTÉ RÉALISÉ ?

Boilly réalise ce tableau en 1794, à l’occasion d’un concours lancé le 24 avril 1794 qui demande aux candidats de représenter « à leur choix, sur la toile, les époques les plus glorieuses de la Révolution française ». Alors que ses concurrents dépeignent la mort de Marat, Boilly choisit de représenter Marat vivant lors de son triomphe.

Dans Les Onze, François-Élie Corentin reçoit une commande du Comité pour exécuter un tableau.

QUESTION SUR LE DÉCOR : DANS QUEL LIEU BOILLY SITUE-T-IL LA SCÈNE ?

Allégorie de la justice et inscription coupée tribunal révolutionnaire entourées en bleu.

Boilly situe la scène dans la vaste salle des pas perdus du palais de justice de Paris. Boilly s’est inspiré pour ce décor du Serment du Jeu de paume de David exposé au Salon de 1 791 auquel il avait lui aussi participé. L’architecture monumentale montre la solennité du lieu et donne du pres-tige à la scène. Néanmoins, Boilly réduit par rapport à David l’architecture pour concentrer l’atten-tion sur l’événement.

À QUELLE ARCHITECTURE VOUS FAIT PENSER CE DÉTAIL ?

Détail entouré en rouge.

C’est un triglyphe d’une frise dorique. Comme les voûtes, ce détail est une référence à l’architec-ture de l’Antiquité, de même que le mot « triomphe » renvoie à l’accueil réservé aux généraux vic-torieux à Rome. La Révolution française reprend les codes et les symboles des républiques athéniennes et romaines, de la même manière que les députés ont été nourris dans leur éducation par les textes des grands orateurs latins comme Cicéron. Michon fait aussi ressentir l’imprégna-tion de la culture antique dans son roman en décrivant le tableau de Corentin : « des rejetons éga-rés de la littérature une et indivisible, tous : car ils aimaient la gloire, l’idée de la gloire, plus que tout, leur présence derrière la vitre en fait foi ; et la pure gloire, en ce temps comme les autres, vous venait par la littérature, qui était métier d’homme. Prenez-les une à une, les grandes figures levées, les figures qui eussent bien préféré être invariablement levées à la face de l’Histoire en tant qu’auteurs plutôt que commissaires, en figure d’Homère plutôt qu’en cette figure de Lycurgue mâtiné d’Alcibiade qu’on leur connaît, mais qui sont levées quand même et flagrantes par ce détour inattendu ».

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COMBIEN DE PERSONNAGES COMPOSENT L’ASSISTANCE ? À QUELLE CATÉGORIE SOCIALE APPARTIENNENT-ILS ?

Zone entourée en vert ou une autre sur l’assistance.

De très nombreux personnages sont représentés dans l’assistance, c’est un défi pour le peintre. Ils sont représentés très nombreux au premier plan, et encore plus nombreux à l’arrière-plan où les silhouettes esquissées forment une marée humaine. La foule est composée de femmes sans-culottes, de militaires de tout grade (officiers, simples soldats, gardes nationaux, vétérans), de bourgeois, d’ouvriers, d’enfants… qui sont dans des positions très variées (de dos, de face, etc.). Boilly représente la diversité du peuple parisien impliqué dans la Révolution.

De même, le tableau dépeint par Michon représente un groupe de onze personnes.

COMMENT MARAT EST-IL REPRÉSENTÉ ? QUEL GESTE FAIT-IL ?

Détail entouré en jaune.

Il est vêtu de blanc, symbole de son innocence. Il est aussi vêtu simplement, tête nue, à la manière d’un philosophe antique. Cette simplicité suggère que Marat est un homme proche du peuple. Marat tend le bras, un geste de confiance et de remerciement, une adresse à la foule qui lui répond en levant les bras également. En poursuivant les lignes des bras, on s’aperçoit qu’elles se rejoignent, ce qui est le signe d’une harmonie sociale conforme avec la vision jacobine de la société. Michon reprend ce geste très fréquent dans les tableaux de l’époque (voir le Serment du Jeu de paume également) dans la description de son tableau : « Collot était là [...] avec le chapeau à la nation, l’écharpe à la nation, debout [...] avec son bras levé avec son sabre au bout comme une baguette de maestro pour commander le feu » (p. 55).

REPÉREZ LES ARMES PRÉSENTES SUR LE TABLEAU, QUELLE ATMOSPHÈRE PRODUISENT-ELLES ?

Détail entouré en violet.

On remarque de nombreuses piques, lances ou sabres qui dépassent de la foule et multiplient les lignes, recréant ainsi picturalement la confusion et l’agitation de la foule. Ces armes rappellent aussi que la France est en état de siège, la République étant menacée à la fois par les ennemis de l’intérieur (les contre-révolutionnaires en Vendée et à Lyon) et de l’extérieur (l’Angleterre, L’Espagne, la Prusse, l’Autriche-Hongrie). La « Terreur » s’installe dans ce contexte. C’est Carnot qui, dans le Comité de salut public, est chargé de réorganiser l’armée ; son action permet de rem-porter des succès militaires.

QUE PORTE CE PERSONNAGE ? QUI EST-IL ?

Détail entouré en orange.

Ce personnage porte un bonnet phrygien, le bonnet des esclaves affranchis dans l’Antiquité, et un sabre au côté, cela permet d’identifier un sans-culotte décrit ainsi dans un article du Père Duchesne : « C’est un être qui va toujours à pieds, qui n’a pas de millions comme vous voudriez tous en avoir [...] Le soir il se présente à sa section [...] pour appuyer de toute sa force les bonnes motions. Au reste, un sans-culotte a toujours son sabre pour fendre les oreilles à tous les malveil-lants. Quelquefois il marche avec sa pique, mais au premier bruit du tambour on le voit partir pour la Vendée, pour l’armée des Alpes ou pour l’armée du Nord ». De 1791 à 1795, les sans-culottes jouent un rôle important dans la Révolution. Bien organisés, ils sont présents dans les assemblées des 48 sections parisiennes et dans les clubs.

QUELLES COULEURS APPARAISSENT DANS CETTE ZONE ?

Détail entouré en vert olive.

Sur le tableau, Boilly a associé des taches de rouge, de bleu et de blanc, comme le fera plus tard Delacroix dans La Liberté guidant le peuple. Ces taches vives et colorées donnent de l’animation au tableau, rythment l’espace de la foule, et rappellent bien sûr les couleurs révolutionnaires.