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L’ÉCONOMIE AU TRAVAIL HIVER 2014 1 À L’INTÉRIEUR Malgré les attaques qui se multiplient, les syndicats canadiens restent forts et continuent de croître, selon les nouvelles données de Statistique Canada. De plus en plus de jeunes, de femmes et de personnes illustrant la diversité de la population sont membres des syndicats. Il y a quinze ans, on dénombrait plus de travailleurs syndiqués dans le secteur manufacturier que dans tout autre secteur de l’économie. Aujourd’hui, on compte deux fois plus de travailleurs syndiqués dans le secteur de l’éducation que dans le secteur manufacturier. Pour le secteur de la santé et des services sociaux, c’est deux fois et demie de plus que dans le secteur manufacturier. Plus de travailleurs occupent des emplois à temps partiel ou temporaires, dans de plus petits milieux de travail, et depuis moins de cinq ans. Au Canada, le nombre de syndiqués a augmenté de 2,5 % en 2012 pour atteindre les 4,38 millions. Le taux de syndicalisation est aussi en hausse. Il était de 29,5 % l’an dernier. Notons que le taux de syndicalisation canadien a oscillé autour de 30 % au cours des 15 dernières années. Historiquement, il est donc légèrement en baisse. Le taux de syndicalisation a diminué chez les hommes et chez les travailleurs âgés de 35 ans et plus. La proportion d’employés du secteur privé membres d’un syndicat est passée de 19 % en 1997 à 16 % dans les dernières années. Cette diminution a toutefois été partiellement compensée par une hausse de la couver- ture syndicale dans le secteur public. Les changements en cours au sein des syndicats sont synonymes de croissance et de renouvellement, mais pour les membres, ils entraînent aussi des défis au chapitre de l’organisation, de la communication et de la mobilisation. Voilà pourquoi les projets lancés récemment par le CTC et de nombreux syndicats affiliés sous le thème de la justice sont aussi importants. Le projet national du SCFP, Ensemble pour un monde plus juste, vise à rejoindre nos 627 000 membres et à amorcer un dialogue avec chacun d’entre eux. Dans toutes les sections locales, des com- municateurs entreront directement en contact avec les membres pour discuter de l’apport des syndicats à la société. Des séances de formation ont déjà eu lieu dans les différentes régions du pays. D’autres seront organisées en 2014. Communiquez avec votre représentant syndical pour obtenir des précisions. POUR EN SAVOIR PLUS : ensemblepourunmondeplusjuste.ca Consultez aussi la dernière page du bulletin pour des renseignements sup- plémentaires sur les changements en cours au sein des syndicats canadiens. 2 COUP D’ŒIL SUR L’ÉCONOMIE 3 ORIENTATIONS ÉCONOMIQUES PLEINS FEUX SUR L’EMPLOI DANS LE SECTEUR PUBLIC 4 LES DÉPENSES FÉDÉRALES ATTEINDRONT LEUR PLUS BAS NIVEAU EN 70 ANS 5 AIDER LES RICHES À S’ENRICHIR 6 L’AMÉLIORATION DU RÉGIME DE PENSIONS DU CANADA EST À PORTÉE DE MAIN 7 INDICE DES PRIX À LA CONSOMMATION FAIBLE HAUSSE DES SALAIRES DANS LE SECTEUR PUBLIC VUE D’ENSEMBLE Syndicats et inégalités page 8 TENDANCES SYNDICALISATION Les syndicats du Canada restent forts et diversifiés LES SYNDICATS AMÉLIORENT LA VIE DE TOUT LE MONDE pourunmondeplusjuste.ca

L'économie au travail - hiver 2014

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L’ÉCONOMIE AU TRAVAIL HIVER 2014 1

À L’INTÉRIEUR

Malgré les attaques qui se multiplient, les syndicats canadiens restent forts et continuent de croître, selon les nouvelles données de Statistique Canada. De plus en plus de jeunes, de femmes et de personnes illustrant la diversité de la population sont membres des syndicats.

Il y a quinze ans, on dénombrait plus de travailleurs syndiqués dans le secteur manufacturier que dans tout autre secteur de l’économie. Aujourd’hui, on compte deux fois plus de travailleurs syndiqués dans le secteur de l’éducation que dans le secteur manufacturier. Pour le secteur de la santé et des services sociaux, c’est deux fois et demie de plus que dans le secteur manufacturier. Plus de travailleurs occupent des emplois à temps partiel ou temporaires, dans de plus petits milieux de travail, et depuis moins de cinq ans.

Au Canada, le nombre de syndiqués a augmenté de 2,5 % en 2012 pour atteindre les 4,38 millions. Le taux de syndicalisation est aussi en hausse. Il était de 29,5 % l’an dernier. Notons que le taux de syndicalisation canadien a oscillé autour de 30 % au cours des 15 dernières années. Historiquement, il est donc légèrement en baisse.

Le taux de syndicalisation a diminué chez les hommes et chez les travailleurs âgés de 35 ans et plus. La proportion d’employés du secteur privé membres d’un syndicat est passée de 19 % en 1997 à 16 % dans les dernières années. Cette diminution a toutefois été partiellement compensée par une hausse de la couver-ture syndicale dans le secteur public.

Les changements en cours au sein des syndicats sont synonymes de croissance

et de renouvellement, mais pour les membres, ils entraînent aussi des défis au chapitre de l’organisation, de la communication et de la mobilisation.

Voilà pourquoi les projets lancés récemment par le CTC et de nombreux syndicats affiliés sous le thème de la justice sont aussi importants. Le projet national du SCFP, Ensemble pour un monde plus juste, vise à rejoindre nos 627 000 membres et à amorcer un dialogue avec chacun d’entre eux. Dans toutes les sections locales, des com-municateurs entreront directement en contact avec les membres pour discuter de l’apport des syndicats à la société.

Des séances de formation ont déjà eu lieu dans les différentes régions du pays. D’autres seront organisées en 2014. Communiquez avec votre représentant syndical pour obtenir des précisions.

POUR EN SAVOIR PLUS : ensemblepourunmondeplusjuste.ca

Consultez aussi la dernière page du bulletin pour des renseignements sup-plémentaires sur les changements en cours au sein des syndicats canadiens.

2 COUP D’ŒIL SUR L’ÉCONOMIE

3 ORIENTATIONS ÉCONOMIQUES

PLEINS FEUX SUR L’EMPLOI DANS LE SECTEUR PUBLIC

4 LES DÉPENSES FÉDÉRALES ATTEINDRONT LEUR PLUS BAS NIVEAU EN 70 ANS

5 AIDER LES RICHES À S’ENRICHIR

6 L’AMÉLIORATION DU RÉGIME DE PENSIONS DU CANADA EST À PORTÉE DE MAIN

7 INDICE DES PRIX À LA CONSOMMATION FAIBLE HAUSSE DES SALAIRES DANS LE SECTEUR PUBLIC

VUE D’ENSEMBLE Syndicats et inégalités page 8

TENDANCES SYNDICALISATION

Les syndicats du Canada restent forts et diversifiés

LES SYNDICATS AMÉLIORENT

LA VIE DE TOUT LE MONDE

pourunmondeplusjuste.ca

2 HIVER 2014 L’ÉCONOMIE AU TRAVAIL

COUP D’ŒIL SUR L’ÉCONOMIE PLEINS FEUX SUR LES RÉCENTES ÉTUDES ET DÉVELOPPEMENTS ÉCONOMIQUES

L’Économie au travail est publiée sur une base trimestrielle par le Syndicat canadien de la fonction publique pour offrir aux travailleurs et à leurs représentants de l’information accessible, des analyses éloquentes des tendances économiques et des outils pour faciliter les négociations. L’Économie au travail remplace la publication antérieure du SCFP, Le climat économique pour les négociations.

Découvrez les éditions de l’Économie au travail en ligne à scfp.ca/economieautravail. Accédez aussi à d’autres liens utiles.

Pour s’abonner par courriel ou par courrier à l’Économie au travail, allez à scfp.ca/abonnement.

À moins d’indications contraires, tout le contenu a été rédigé par Toby Sanger. Wes Payne et Philippe Gagnon sont les rédacteurs en chef. La mise en page a été réalisée par Marnie Thorp. Veuillez communiquer par courriel ([email protected]) pour toute correction, question, suggestion ou contribution.

SEPB491

INÉGALITÉ Le FMI pour une hausse de l’impôt des mieux nantis

Dans une volte-face majeure, le Fonds monétaire international (FMI) a demandé aux pays de hausser l’impôt sur le revenu des mieux nantis, ce qui permettrait d’aug-menter les recettes fiscales et de réduire l’inégalité. Le FMI signale que les pays pourraient générer des milliards de dollars supplémentaires s’ils ramenaient les taux de l’impôt sur le revenu des personnes dans le 1 % des plus nantis à ce qu’ils étaient en 1980. Dans le cas du Canada, cela voudrait dire des revenus supplémen-taires d’environ 4 milliards de dollars.

Mais pourquoi s’arrêter là? Le 10 % des ménages canadiens dans la fourchette supérieure de revenus accapare en effet plus de 50 % de la richesse. Le FMI estime qu’une impo-sition supplémentaire de 1 % de leurs avoirs nets pourrait générer au moins 10 milliards de dollars chaque année.

PROJET DE LOI C-4  Harper veut forcer l’adoption de lois anti-travailleurs

Dans l’opposition, Stephen Harper a condamné un projet de loi omnibus sur le budget qui visait à faire adopter des mesures non-budgétaires par la bande. Pourtant, depuis qu’il est au pouvoir, il va encore beaucoup plus

loin que les gouvernements précédents. Le projet de loi C-4 sur le budget renferme des douzaines de mesures qui nuiront aux travailleurs.

Ces changements conféreront aux ministres le pouvoir unilatéral de refuser le droit de faire la grève à tout travailleur du secteur public fédéral, simplement en déclarant que leur travail est essentiel. Ces travailleurs devront aussi démontrer qu’un danger « imminent » les guette avant de refuser un travail non sécuritaire. Ce que ces travailleurs peuvent obtenir grâce à l’arbitrage, aux griefs ou en vertu des lois sur les droits de la personne est aussi limité par le projet de loi. Le projet de loi a été rédigé en secret et le débat est extrêmement limité. Même les députés conservateurs en désaccord avec ces mesures sont contraints de les appuyer parce qu’elles ont été glissées dans un projet de loi sur le budget.

EMPLOIS  unanimité des premiers ministres contre la Subvention canadienne pour l’emploi

Les premiers ministres provinciaux ont signifié au gouvernement fédéral qu’ils n’appuieront pas la Subvention cana-dienne pour l’emploi si cela signifie des compressions dans d’autres programmes de formation et de perfectionnement des compétences. Selon le plan annoncé dans le budget de 2013, 300 millions de dollars actuellement consacrés au financement des programmes d’alphabétisation et de formation pour l’acquisition des

compétences essentielles seraient plutôt utilisés pour verser des subventions aux individus pouvant atteindre 5000 dollars. Ce montant serait égalé par les provinces et les employeurs du secteur privé. Cela aurait pour effet de donner la maîtrise du financement et des décisions en matière de formation aux employeurs du secteur privé. Les travailleurs du secteur public et les sans-emploi ne seraient pas admissibles. Même chose pour les travailleurs sous-employés qui cherchent à obtenir une formation pour l’acquisition de compétences essentielles.

TECHNOLOGIE  L’automatisation menace la moitié des emplois

La moitié des emplois pourraient être remplacés par des machines aux États-Unis, selon une étude de l’Université Oxford. La prochaine vague d’informa-tisation frappera davantage les emplois moins bien rémunérés et moins spécia-lisés, alors que les emplois exigeant des niveaux plus élevés d’intelligence sociale, d’intelligence créative, de perception et d’habiletés manuelles sont moins à risque.

L’ÉCONOMIE AU TRAVAIL HIVER 2014 3

ORIENTATIONS ÉCONOMIQUES Coup d’œil sur les plus récentes tendances économiques

Croissance économique

La croissance de l’économie canadienne devrait être de 1,7 % en 2013, puis atteindre environ 2,4 % de 2014 à 2016. À plus long terme, la croissance devrait être plus lente.

Emploi En raison de la croissance de l’emploi qui se situe à 1,3 %, le taux de chômage au Canada devrait passer de 7,1 % actuellement à 6,8 % en 2014 et à environ 6,5 % en 2015.

Inflation La hausse prévue des prix à la consommation ne s’est pas concrétisée. La Banque du Canada s’attend maintenant à ce que l’inflation s’établisse à 1 % en 2013, 1,5 % en 2014 et 1,9 % en 2015.

Salaires Les augmentations du salaire de base prévues aux conventions collectives signées de janvier à octobre 2013 étaient de 1,3 % en moyenne. Les hausses étaient de 0,9 % dans le secteur public et de 2,1 % dans le secteur privé.

Taux d’intérêt Comme l’inflation est faible, on ne prévoit aucune hausse des taux d’intérêt à court terme avant 2015. Cependant, les taux pour les hypothèques et les prêts à plus long terme pourraient monter lentement bien avant.

Le secteur public n’est pas seulement mal mené au chapitre des salaires, mais aussi au chapitre de l’emploi. Depuis la fin de 2012, il y a en effet eu une diminu-tion du nombre d’emplois dans le secteur public au Canada. Si cette tendance se maintient, la croissance de l’emploi

dans le secteur public cette année sera inférieure au niveau enregistré en 2009 et à celui atteint dans la foulée des compressions massives des années 1990.

L’emploi dans le secteur public a augmenté en moyenne de 2,4 % par année de 1999 à 2009. Les mesures

de relance ont stimulé la croissance en 2010. Mais depuis, la croissance de l’emploi a ralenti. Le taux de croissance n’atteint même pas la moitié de ce qu’il était durant la décennie précédente.

Près des deux tiers des travailleurs du secteur public sont des femmes. Elles sont particulièrement touchées par le ralentissement de la création d’emplois dans ce secteur. À l’inverse, bien que ce soit les hommes qui ont été les plus touchés par les pertes d’emplois pendant la récession, ce sont aussi eux qui ont le plus profité de la croissance de l’emploi depuis.

Après la forte croissance de l’emploi dans le secteur public au printemps dernier, des pertes ont été enregistrées cet été, en particulier à Terre-Neuve et Labrador, en Ontario et en Alberta. Le Québec a pour sa part subi des pertes d’emplois plus abruptes dans le secteur public plus tôt cette année, mais la situation s’est rétablie depuis. L’emploi dans le secteur de la santé a continué de s’accroître alors qu’il a diminué dans les secteurs de l’éducation, du transport et de l’administration publique.

PLEINS FEUX L’emploi dans le secteur public

Vari

atio

n an

nuel

le

Années1990

Années2000 2009 2010 2011 2012

Janv. à nov.

2013

3%

2%

1%

0

-1%

-2%

-3%

-4%

CROISSANCE DE L’EMPLOI DANS LE SECTEUR PUBLIC ET LE SECTEUR PRIVÉ

Secteur public

Secteur privé

Source : Statistique Canada, Tableaux Cansim 282-0012 et 282-0089.

4 HIVER 2014 L’ÉCONOMIE AU TRAVAIL

Le gouvernement Harper a mis la table en vue de réduire le rôle du gouvernement fédéral à son niveau le plus bas en 70 ans. Comme le montre la mise à jour économique de l’automne, la part de l’économie correspondant aux dépenses fédérales devraient chuter jusqu’à 14 % d’ici 2018-2019, soit le niveau le plus bas depuis au moins 1948.

Dans l’ensemble, les impôts et les revenus du fédéral sont déjà à leur niveau le plus bas en 70 ans. Les revenus totaux du fédéral, en proportion de l’économie, ont chuté à 14 % en 2012-2013 et les recettes fiscales à 11,5 %. Les revenus fédéraux n’ont pas atteint un niveau aussi bas depuis 1940, soit avant que le régime d’assurance-santé public national, le Régime de pensions du Canada et l’assurance-chômage ne soient créés. Si l’on excluait les revenus et les dépenses rattachés à ces programmes, il nous faudrait remonter encore plus loin dans le temps pour trouver une époque où le

rôle du gouvernement fédéral était aussi anémique. De plus, si le gouvernement Harper va de l’avant avec son projet de fractionnement du revenu imposable et augmente la limite annuelle du compte d’épargne libre d’impôt, les revenus pourraient être encore plus bas.

Bien que les recettes fiscales du gouvernement fédéral aient diminué en proportion de l’économie, bon nombre de Canadiens n’ont pas l’impression d’en profiter ou de voir leurs impôts dimi-nuer. Pourquoi? Parce que les sources dont le gouvernement fédéral tirent ses revenus ont radicalement changé.

Le taux d’impôt sur le revenu des mieux nantis et des sociétés a été réduit alors que l’utilisation des échappatoires et des paradis fiscaux a augmenté. La conversion des taxes sur les ventes au détail en taxes à valeur ajoutée comme la TPS et la TVH a allégé le fardeau fiscal des entreprises au détriment des consommateurs. De plus, compte tenu

des responsabilités accrues dévolues aux provinces et aux municipalités, ces niveaux de gouvernement ont dû augmen-ter les taxes les plus régressives. Notre système fiscal est devenu si régressif que le 1 % des plus nantis paye un taux d’impôt global inférieur à celui prévalant pour le 10 % des plus pauvres.

De plus en plus, les recettes du gouvernement fédéral proviennent désormais de l’impôt sur le revenu des particuliers. Pour la première fois, l’impôt sur le revenu des particuliers devrait représenter l’an prochain plus de 50 % des revenus d’Ottawa, et ce pourcentage continuera d’aug-menter. Cette proportion était de 30 % il y a cinquante ans et encore moins auparavant.

La proportion du revenu du gouvernement du Canada tiré de l’impôt sur le revenu des sociétés a diminué, à l’instar d’autres taxes et droits, y

compris l’impôt foncier, les taxes d’accise et les droits de douane. En dépit de bénéfices record, les sociétés fournissent à peine 13,6 % du revenu du gouver-nement fédéral sous forme d’impôt sur le revenu. Cela représente le tiers de leur contribution durant « l’âge d’or du capitalisme », soit de 1946 à 1970.

Si les recettes du gouvernement fédéral devaient revenir à leur moyenne de l’après-guerre (16,8 %), il engrange-rait 48,7 milliards de dollars de plus en recettes cette année et 55,8 milliards de dollars de plus en 2018. Cet apport en revenus serait suffisant pour éliminer le déficit, financer les programmes sociaux importants et il resterait même de l’argent. Il est clair que le gouvernement fédéral a un problème de revenus, pas un problème de dépenses, et ce même si certains politiciens et lobbyistes représentant les entreprises continuent de prétendre le contraire.

ANALYSER LES CHIFFRES  REVENUS GOUVERNEMENTAUX

Les dépenses fédérales atteindront leur plus bas niveau en 70 ans

1933 1938 1943 1948 1953 1958 1963 1968 1973 1978 1983 1988 1993 1998 2003 2008 2013 2018

50%

40%

30%

23%

10%

0%

GOUVERNEMENT CANADIEN - PROPORTION DE L'ÉCONOMIE(prévisions de Finances Canada pour 2013-2018)

Revenus fédéraux en proportion du PIB/PNB

Dépenses fédérales en proportion du PIB/PNB

Sources : Statistique Canada, Statistiques historiques du Canada, Finances Canada, Tableaux de référence fiscale et Mise à jour des projections économiques et financières 2013.

L’ÉCONOMIE AU TRAVAIL HIVER 2014 5

Une fois l’équilibre budgétaire atteint, le gouvernement Harper prévoit introduire le fractionnement du revenu, c’est-à-dire permettre, à des fins fiscales, à un des conjoints d’un couples ayant des enfants âgés de moins de 18 ans de transférer jusqu’à 50 000 dollars par année dans le revenu du conjoint ayant le revenu le plus bas. Qu’est-ce que cela signifie pour les familles canadiennes?

L’argument en faveur du fractionne-ment du revenu veut que les couples dont un conjoint touche un salaire consi-dérablement supérieur à celui de l’autre conjoint paient un taux d’imposition global supérieur à celui des couples ayant des revenus relativement semblables. Par exemple, en vertu de notre système d’impôt sur le revenu progressif, une famille dont un des conjoints reste à la maison, sans toucher de revenu d’emploi, et où l’autre conjoint gagne 100 000 dol-lars par année paie plus d’impôt sur le revenu qu’une famille où les deux conjoints gagnent 50 000 dollars par année. Le système est considéré comme injuste par certains, en plus de consti-tuer, selon eux, un dissuasif pour les parents qui désirent rester à la maison.

Mais, si le gouvernement fédéral peut se permettre de réduire l’impôt sur le revenu des familles pour qu’un des deux parents puisse rester à la maison avec les enfants, que peut-on lui reprocher?

Plusieurs choses en fait. Si tous les impôts, les retenues à la

source et les dépenses de travail sont comptées, il y a peu de différences dans le taux d’imposition global des familles ayant un revenu comparable. Si les dépenses pour les services de garde sont incluses, tout avantage fiscal pour les couples dont les deux conjoints touchent un revenu d’emploi disparaît, et ce, pour la plupart des revenus, selon un rapport produit par l’Institut C.D. Howe. Le fractionnement du revenu remplacerait un système relativement égalitaire par un système où les couples dont un des conjoints touche un revenu élevé ont un net avantage.

Combien en coûterait-il? Qui en profiterait?

La proposition des conservateurs coûterait au gouvernement fédéral 2,7 milliards de dollars et il en coûterait 1,7 milliard de dollars supplémentaires aux provinces chaque année. Et ces chiffres valent uniquement si on limite le calcul aux familles avec enfants. Si on l’élargit à l’ensemble des familles, comme le préconise le chef conserva-teur de l’Ontario Tim Hudak, le coût annuel augmente à 5,6 milliards de dollars pour le gouvernement fédéral et à 3,5 milliards de dollars pour les

provinces. C’est plus de 9 milliards de dollars et les coûts risquent d’augmen-ter lorsqu’un plus grand nombre de familles profiteront de ce système.

Et le pire dans tout ça? 85 % des ménages canadiens n’en profiteraient tout simplement pas. Ce serait le cas pour les célibataires, les parents seuls, les couples avec enfants âgés de plus de 18 ans et les couples avec enfants de moins de 18 ans touchant des revenus dans une fourchette fiscale semblable.

Comme le montre le diagramme, les familles dont le revenu du seul conjoint qui travail se situe dans la fourchette supérieur en profiteront énormément. Et ceux qui gagnent plus de 200 000 dollars par année en profiteront le plus. Mais ce n’est pas ce que nous dit le gouvernement Harper.

Le fractionnement du revenu est une politique malhabile qui nuira à l’économie. Il offre peu aux parents qui ont besoin d’aide tout en emplis-sant les poches de ceux qui n’en ont pas besoin. Il existe une panoplie de mesures plus équitables pour appuyer les familles avec enfants qui pour-raient aussi profiter à l’économie.

DISSIPER LES MYTHES FRACTIONNEMENT DU REVENU

Aider les riches à s’enrichir Alors que ceux qui en ont besoin perdront au change

8%des gens de 500 $ à 5 000 $

1% des plus riches5 000 $ et +

6%des gens

moins de500 $

85%des gens

Rien!

6 HIVER 2014 L’ÉCONOMIE AU TRAVAIL

Le mouvement en faveur d’une bonification du Régime de pensions du Canada (RPC) prend de l’ampleur.

Le SCFP et le Congrès du travail du Canada (CTC) ont été aux premières lignes de la bataille pour améliorer le RPC et le Régime de rentes du Québec (RRQ). Aujourd’hui, les premiers ministres de la plupart des provinces exercent aussi des pressions sur le fédéral pour qu’il améliore le RPC.

Le RPC offre une pension prédéter-minée, sûre et indexée à l’inflation à la quasi-totalité des Canadiens. Actuelle-ment, les prestations annuelles maxi-males (12 150 dollars en 2013), même combinées à la prestation de base de la Sécurité de la vieillesse ou SV (6600 dollars par année) et au Supplément de revenu garanti pour les aînés à faible revenu (SRG), ne suffisent pas pour assurer un revenu de retraite décent.

En effet, la prestation maximale pour l’ensemble des trois programmes (21 000 dollars) ne permet pas à la plu-part des bénéficiaires de vivre au-dessus du seuil de la pauvreté. De plus, seule-ment un tiers des travailleurs canadiens disposent d’un régime de pensions en mi-lieu de travail et un peu moins du quart de la population souscrit à un REER.

Un rapport récent de l’Organisation de coopération et de développement économiques souligne que le Canada a un régime public modeste comparati-vement à de nombreux autres pays et qu’il compte largement sur les régimes de pensions privés. Si l’intégrité de nos systèmes de pensions est compro-mise et que certains gouvernements s’opposent à l’élargissement du RPC, comment les gens pourront-ils se permettre de prendre leur retraite?

Le plan du mouvement syndical pour améliorer le RPC est tout simple. En

doublant le taux de remplacement à 50 %, la prestation maximum annuelle au titre du RPC serait portée à 24 300 dollars par année par personne. Avec la SV et en améliorant le SRG pour les personnes à faible revenu, la bonification du RPC permettrait d’offrir un revenu décent aux aînés et de leur éviter de vivre dans la pauvreté.

D’autres propositions sont sur la table pour améliorer le RPC. Toutefois, aucune ne procure le niveau de prestation que le plan du CTC offre aux Canadiens à plus faible et à moyen revenu. Les autres propositions ciblent principalement les personnes qui touchent un revenu moyen ou supérieur. En vertu de ces régimes, les prestations accrues devraient être financées à l’avance au moyen d’aug-mentations graduelles et abordables des cotisations. Le graphique illustre la façon dont les différentes propositions se comparent quant aux avantages pour les différents groupes de revenus.

Compte tenu de l’échec des régimes de pensions à contribution volontaire comme le projet de régime de pensions privé collectif du gouvernement fédéral et du fait que des ex-détracteurs viennent maintenant appuyer la bonification du RPC, le vent tourne. Il est temps de passer à l’action et d’obtenir des résultats.— Avec la collaboration de Chris Roberts du CTC et de Mark Janson du service de la recherche du SCFP

TENDANCES SÉCURITÉ DU REVENU À LA RETRAITE

L’amélioration du Régime de pensions du Canada est à portée de main

RPC actuel

Proposition de l’Î.-P.-É pour le RPC

Proposition du CTC pour le RPC

PRESTATION ANNUELLE PAR NIVEAU DE REVENU POUR DIFFÉRENTES PROPOSITIONS VISANT LE RPC

25 550$ 40 000$ 75 000$

Pre

stat

ions

ann

uelle

s du

RP

C

Gains moyens en carrière

30 000 $

25 000 $

20 000 $

15 000 $

10 000 $

5000 $

0

« Il est maintenant temps que le gouvernement fédéral cesse de tergiverser, qu’il affiche le leadership dont nous avons besoin et qu’il bonifie le RPC. Nous pouvons et nous devons faire mieux pour les 11 millions de Canadiens qui n’ont pas de régime de pensions en milieu de travail, mais aussi pour les générations futures »

— Paul Moist, président national du SCFP, Winnipeg Free Press, 14 novembre 2013

Démontrez votre appui.Signez la pétition à : http://scfp.ca/regimes-de-retraite

L’ÉCONOMIE AU TRAVAIL HIVER 2014 7

SALAIRES QUI OBTIENT QUOI

Faible hausse des salaires dans le secteur public

INDICE DES PRIX À LA CONSOMMATION

Les taux d’inflation demeurent faibleLa diminution des prix de l’essence

a exercé une pression à la baisse sur l’inflation dans la plupart des provinces. Le taux national s’est établi à 0,7 % en octobre. Il a été de 1 % en moyenne au cours des dix premiers mois de 2013, soit la moitié du taux cible de la Banque du Canada de 2 %. Le taux d’inflation tendanciel, qui exclut les prix plus

volatils, a été de 1,2 % en moyenne jusqu’à maintenant cette année.

L’inflation devrait atteindre une moyenne d’environ 1,5 % en 2014 et de 1,9 % en 2015. Les augmen-tations de prix devraient être plus faibles en Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick et légèrement supérieures à Terre-Neuve et Labrador,

à l’Île-du-Prince-Édouard et dans les Prairies (voir tableau ci-dessous).

Sans signe de pressions infla-tionnistes, la Banque du Canada estime qu’il est peu probable que des hausses des taux d’intérêt à court terme se produisent pen-dant encore une autre année.

De janvier à octobre 2013, les aug-mentations du salaire de base dans les règlements de conventions collectives du secteur public ont été de 0,9 % par année en moyenne. Ces augmentations sont inférieures au taux actuel d’inflation et à l’inflation prévue pendant la durée des conventions qui est de deux ans et demi en moyenne. Les augmentations sala-riales inférieures au coût de vie se tra-duisent par des pertes salariales réelles.

Les travailleurs du secteur privé ont fait mieux et ont obtenu des rajuste-ments salariaux moyens de 2,1 % par année dans les conventions signées au cours des dix premiers mois de 2013, notamment les conventions conclues avec presque 150 000 travailleurs du secteur de la construction au Québec.

Le graphique de droite montre que même si les augmentations moyennes du salaire de base dans le secteur public étaient supérieures à l’inflation de 2005 à 2009, elles ont pour la plupart accusé un retard par rapport à l’inflation depuis

ce temps. Bien qu’elles varient d’une année à l’autre, les augmentations salariales dans les secteurs public et privé ont tendance à suivre une tangente analogue à plus long terme.

Pour les membres du SCFP, les augmentations moyennes du salaire de base diminuent consi-dérablement. Des gels salariaux temporaires entrent en vigueur pour les travailleurs du secteur public de Terre-Neuve et Labrador, les travailleurs des commissions scolaires et d’autres travailleurs de l’Ontario, les travailleurs des commissions scolaires de l’Alberta et les travailleurs d’Hydro-Québec.

Le tableau ci-joint montre que les augmentations du salaire de base dans les secteurs public et privé suivent la même courbe que l’inflation par province pour les dix premiers mois de 2013. Il comprend aussi des prévisions des augmen-tations salariales moyennes pour les

membres du SCFP ainsi que les prévi-sions de l’inflation par région pour 2014.

HAUSSES DES PRIX ET DES SALAIRESCanada C.-B. Alb. Sask. Man. Ont. Qué. N.-B. N.-É. Î.-P.-É. T.-N.-L.

Secteur public : hausses du salaire de base (janv. à oct. 2013)

0,9% 1,7% 0,9% 1,5% 1,5% 0,3% 2,2% 1,0% 2,5% 1,6% 1,2%

Secteur privé : hausses du salaire de base (janv. à oct. 2013)

2,1% 0,6% 2,4% 3,1% 2,8% 2,3% 1,9% 2,4% 2,5% -- 2,7%

Inflation (janv. à oct. 2013) 0,9% -0,1% 1,3% 1,3% 2,3% 1,0% 0,8% 0,6% 1,2% 1,8% 1,5%

Inflation (prévision 2014) 1,5% 1,5% 2,0% 2,1% 1,8% 1,4% 1,4% 1,4% 1,5% 1,7% 1,8%

Augmentation salariale moyenne au SCFP (prévisions 2014)

1,6% 1,5% 1,8% 1,5% 1,3% 1,0% 1,5% 1,5% 2,0% 2,0% 0,0%

5%

4%

3%

2%

1%

0%

5%

4%

3%

2%

1%

0%

200

4

200

5

200

6

200

7

200

8

200

9

2010

2011

2012

2013

Secteur public Secteur privé

Inflation

INFLATION ET AUGMENTATIONS SALARIALESDANS LES SECTEURS PUBLIC ET PRIVÉ

2004-2013

* Janv. à oct.

*

Sources: Compilation du RHDCC basée sur les principales conventions collectives, Statistique Canada, Tableau Cansim 326-0020 et prévisions des banques, TD, Royale et de Montréal ainsi que du SCFP national.

8 HIVER 2014 L’ÉCONOMIE AU TRAVAIL

Statistique Canada : le portrait des travailleurs syndiqués se modifie

Vue d’ensemble Syndicats et inégalités

Plusieurs études différentes estiment qu’entre un cinquième et un tiers de l’augmentation de l’inégalité aux États-Unis et au Canada est directement lié à la baisse du taux de syndicalisation. Les syndicats jouent un rôle clé pour promouvoir l’égalité, tant dans leurs rangs que dans la société en général. Pour ce faire, ils revendiquent une augmentation des salaires minimums, de meilleures normes de travail, l’amélioration des programmes sociaux, plus l’équité fiscale et la mise en place de mécanismes de contrôle du pouvoir excessif des entre-prises et de la rémunération des cadres.

SYNDICALISATION ET INÉGALITEES AU CANADA

Syndicalisation (ordonnée de gauche)Part du revenu du 1 % des plus nantis (ordonnée de droite)

Sources: Base de données mondiale sur les salaires élevés, Statistique Canada, Tableaux Cansim 279-0026 et 380-0002 et RHDCC.

40%

36%

32%

28%

24%

20%

16%

12%

8%

4%

1976

198

0

198

4

198

8

199

2

199

6

200

0

200

4

200

8

Le taux de syndicalisation a diminué dans le secteur manufacturier, les services publics, le secteur des ressources, et celui de l’information, de la culture et des loisirs, mais il a augmenté dans les secteurs de l’administration publique, du développement et du soutien aux entreprises, des finances et de l’assurance.

De plus en plus de travailleurs syndiqués travaillent dans des établissements comptant moins de 100 employés. Cette proportion est passée de 45 % en 1997 à 49 % en 2012. Cette tendance reflète à la fois une augmentation de la proportion de la main-d’œuvre travaillant dans les plus petits établissements, mais aussi une diminution de cette même proportion dans les plus grands établissements.

Plus de travailleurs syndiqués occupent un emploi depuis moins de cinq ans. Cette proportion est passée de 28 % en 1997 à 37 % en 2012. Cette tendance reflète une durée moyenne d’occupation des postes moins longue dans les milieux de travail en général et une augmentation des taux de syndicalisation parmi les employés dont la durée d’emploi est plus courte.

Bien que les taux de syndicalisation demeurent plus faibles chez les travailleurs à temps partiel et temporaires que chez les travailleurs à temps plein et permanents, l’écart se rétrécit. Les travailleurs temporaires représentent non seulement une proportion plus élevée de la population active en général, mais le taux de syndicalisation de ces travailleurs augmente également.

L’affiliation syndicale a le plus diminué en Colombie-Britannique, passant de 34 % en 1998 à moins de 30 % en 2012. Dans d’autres provinces, les taux de syndicalisation sont demeurés relativement élevés au cours des 15 dernières années, diminuant légèrement en Ontario et en Alberta alors qu’ils ont augmenté dans les Maritimes.

1997 2012

Taux de syndicalisation 30,9% 29,5%

Hommes 32,2% 28,2%

Femmes 29,4% 30,9%

Âge

15 à 34 ans 20,3% 22,6%

35 à 54 ans 39,5% 33,7%

55 ans et plus 35,3% 34,5%

Travailleurs à temps plein 33,0% 30,9%

Travailleurs à temps partiel 21,5% 23,3%

Emplois permanents 31,9% 29,9%

Emplois temporaires 22,9% 27,4%

Durée d’emploi

Moins de 5 ans 16,7% 20,5%

5 à 10 ans 36,6% 32,5%

Plus de 10 ans 52,6% 44,3%

Secteur

Secteur public 69,8% 71,1%

Secteur privé 19,0% 16,2%

Industrie

Ressources 28,5% 21,7%

Services publics 67,2% 62,1%

Construction 29,9% 31,2%

Fabrication 33,3% 24,1%

Commerce 12,9% 12,7%

Transport et entreposage 43,2% 40,2%

Finance et assurances 7,9% 8,8%

Services professionnels 4,0% 4,4%

Services et soutien aux entreprises

12,8% 15,4%

Éducation 68,2% 67,7%

Soins de santé et assistance sociale

52,7% 53,3%

Information, culture et loisirs

28,1% 24,3%

Hébergement et restauration

7,9% 6,5%

Autres services 9,0% 8,7%

Administrations publiques 64,9% 67,1%

Source: Statistique Canada, Tableaux Cansim 282-0220 à 282-0225.