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L'enfant roi et sa mère · Le fils apporte alors à la mŁre le sexe manquant qui lui permet de gouverner à l Øgal d un roi. Si la rØgence est habituel ... c est le risque de

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Préface En France, sous l�Ancien Régime, il faut un sexe

masculin pour régner. Le pouvoir est interdit à une femme sauf dans le cas exceptionnel de régence. Le fils apporte alors à la mère le sexe manquant qui lui permet de gouverner à l�égal d�un roi. Si la régence est habituel-lement confiée à la mère, c�est qu�on estime que le lien naturel est le meilleur protecteur du futur souverain. À l�instar de la Vierge Marie, une mère ne peut vouloir que l�avènement de son fils, mais la réalité n�obéit pas à l�imaginaire, fut-il religieux. Pourquoi une mère renon-cerait-elle au pouvoir que lui donne son fils ? Parce que ce pouvoir est illusoire répondrait le psychanalyste. Le fils ne peut donner à sa mère le sexe qui lui manque. Mais la Régente peut confisquer à son fils son trône. Aucune régente n�a résisté à la tentation. Blanche de Castille, Louise de Savoie, Catherine de Médicis, ont exercé leur emprise maternelle jusqu�à leur mort, avec l�assentiment apparent de leurs fils. Seule Anne d�Autriche a eu la sagesse de céder la place au moment de la mort de Mazarin (le Roi avait vingt-six ans). Marie de Médicis, quant à elle, n�a pas eu cette sagesse, et son fils, Louis XIII, n�a pas eu la résignation de ses prédécesseurs.

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À seize ans, il se révolte contre sa mère et c�est le début d�une longue guerre qui se prolonge jusqu�à la mort.

C�est cette guerre que nous voulons décrire et analyser,

non pour apporter de nouvelles données historiques (l�auteur est psychologue et non historien), mais parce que nous pensons qu�elle peut éclairer les ambiguïtés de la relation mère � fils. Cette relation représente d�un côté le prototype d�un amour parfait, le moins dénué d�ambi-valence possible ; d'un autre côté, cette relation peut déri-ver vers la haine la plus extrême. Ces dérives sont-elles une perversion de la relation ou l�expression d�un conflit potentiel, inhérent à la relation mère � fils ? À l�instar des personnages mythiques, la vie des rois et des reines met en acte des conflits humains qui restent latents chez le commun des mortels. Ce que Louis XIII et Marie de Médicis mettent en scène, à l�image de Néron et Agrippine dans l�antiquité, c�est le risque de violence inhérent à la relation mère � fils. Premier objet du désir de l�enfant, la mère est aussi le premier obstacle qu�il doit écarter pour se différencier. La complétude initiale entre la mère et le fils a pour revers de donner à chacun le pouvoir d�infliger à l�autre une souffrance accrue.