L’équation du bonheur économique

Le Rôle sociétal des entreprises et leur pérennité passent-ils par le Bien-Etre de leurs salariés ?

Récemment, j’assistais à la conférence d'Isaac Getz, sur l'entreprise

Libérée, avec Ecobiz Grenoble.

Manager, particulièrement intéressé par les nouvelles pratiques

managériales en ligne avec mes valeurs et ma volonté de permettre le

développement de l'autonomie de mes équipes, le sujet m'intéressait

particulièrement.

Toutefois, mes questions aujourd'hui, sont de savoir si l'Entreprise

Libérée favorise réellement le Bien-être tant recherché dans nos

sociétés actuelles, et si ce Bien-être pourra répondre au développement

d'une économie profitable et durable ?

Mais finalement, l'un peut-il aller sans l'autre ?

J'ai ainsi commencé par me poser ces questions en créant des liens entre toutes ces notions. C'est ainsi, tout d'abord en tant que Manager, que je me suis intéressé aux notions de performance, de compétences et de motivation. Puis ma posture de Coach, m'a rapidement fait réfléchir, au sens de la motivation, aux croyances, aux valeurs, au Libre Arbitre,… Enfin, c'est sans doute ma formation d'Ingénieur, qui m'a donné envie de mettre tout cela en équation. Je vous propose donc de méditer, le fruit de ma réflexion, et pourquoi pas de l'enrichir, ou de l'expérimenter ! Tout d'abord une idée de base, démontrée et comprise dans de nombreuses entreprises, comme en sport, c'est que la performance est étroitement liée aux compétences. Cependant, on se rend compte rapidement, que sans motivation (M), la compétence (C) seule, du sportif, par exemple, ne lui permet pas d'atteindre la performance (Pe) visée.

Je pouvais déjà écrire l'équation suivante : C x M = Pe

Partant de ce constat, j'ai voulu aller plus loin, en regardant ce que pouvait cacher la motivation et comment placer dans l'équation, le Bien-être et la notion de « durabilité ». La motivation (M), tout d'abord, est pour moi intrinsèque à la personne. La première motivation, pourrait être le besoin ou l'envie de Vivre (Vi), ou de survivre (se loger, s'alimenter, nourrir ses proches, conserver la santé…). Viendraient ensuite les notions d’épanouissement, d’évolution, d'apprentissage et d'accomplissement, que l'on pourrait résumer par le Sens (S) voire le Sens de la vie, unique à chacun ! J'ajouterai à cela qu'en fonction des Valeurs et des Croyances de chacun, puis de la Responsabilisation de soi et du Libre Arbitre (LA), l'environnement et le contexte seront plus ou moins favorables ou défavorables à la motivation. Dans l'entreprise, pour moi, ce sont essentiellement l'organisation, la définition des missions et le management qui font ce contexte, favorable ou non à la motivation de chacun, et j’insisterai en précisant unique et spécifique à chacun. Dans ma conception, je considérerais, que ce contexte peut avoir un effet négatif, neutre ou positif sur la motivation, et si je m'en tiens aux propos d'Isaac Getz, sur les différentes catégories de salariés en fonction de leur motivation et de leur énergie au travail, j'aurais tendance à positionner le contexte comme étant un facteur pouvant surtout nuire à la motivation, ou simplement dans le cas contraire, permettant à la motivation de s'exprimer pleinement, mais plus rarement la favorisant ou la démultipliant. J'exprimerai donc cela dans mes équations, plutôt comme étant potentiellement un environnement contraignant la motivation (ECM), et en le plaçant en diviseur de l'équation. Et à ce stade, je pourrais écrire l'équation suivante pour la motivation :

M =

Dans tout cela, on peut commencer à voir comment l'Entreprise libérée, peut conduire à réfléchir sur la mise en place d'un contexte plus favorable à l'expression de la motivation de chacun, par un décloisonnement des missions et des responsabilités, en libérant les contraintes. Chacun dispose alors d'un plus grand Libre Arbitre, et d'une plus large Responsabilisation de soi, qu'on résumera le plus souvent par davantage de Responsabilité dans leur mission. On peut ainsi libérer la motivation des premiers jours, celle que chacun a connu au moins une fois au travail, lors de sa prise de poste, en redonnant implicitement de l'importance et de la reconnaissance à chacun.

Mais, nous ne voyons toujours pas où se situe la notion de Bien-Être et de Durabilité. J'y viens donc… Et c'est cette fois, une conférence passionnante d'Olivier Soudieux (Vial'Aventure), qui nous a été proposé chez e2v, en introduction à la volonté de développer plus d'agilité dans nos fonctionnements, qui m'a permis de trouver des réponses et des éclairages, à des notions que je présupposais, en faisant le lien entre le Bien-Être et la Performance. En effet, si l'on voit dans ma première équation, que la motivation et la compétence arrivent ensemble à créer de la performance, rien ne met en évidence le bien-être (BE) des personnes, ni la durabilité de cette performance. Or pour que la performance dure dans le temps (T), il me paraît nécessaire qu'il y ait un besoin (B), à la fois de la personne (le Sens) et de la société : le rapport du besoin sur le temps, devenant un paramètre nécessaire à la performance économique durable (PeD). Effectivement, d'une part, s'il n'y a plus de besoin de la société, l'entreprise produirait pour rien, et n'en serait alors plus performante économiquement. Et d'autre part, si l'individu a satisfait à ses premières motivations, il pourrait être amené à les revoir, sauf peut-être si l'équation procure du bien-être aux

Vi x S x LA

ECM

individus. Je définirais alors ce bien-être, par une satisfaction des motivations profondes et des Valeurs de l'individu. Le système pouvant alors pratiquement s'auto-alimenter, car celles-ci seraient plus stables dans le temps, et permettraient par exemple d'éviter toute souffrance, ou peut-être simplement, de mieux les accepter… (par exemple un inconfort ponctuel, une période de stress,…), celles-ci répondant malgré tout à la motivation de la personne, et ayant du sens pour elle, on pourra par exemple entendre alors parler de « dépassement de soi » ! Ce bien-être ainsi obtenu, nourrirait à son tour en énergie les motivations, et c'est ainsi qu'on expliquerait que la recherche du bien-être n'est pas antinomique avec l'activité et la performance individuelle, car celle-ci sont nécessaires à la satisfaction des besoins d'un grand nombre d'entre nous. Le Bien-être n'est pas le résultat de l'oisiveté ou du loisir, et comme dirait Confucius, « Choisi un travail que tu aimes, et tu n'auras pas à travailler un seul jour de ta vie » !

Qui alors se priverait d'alimenter son bien-être ?

Je placerais donc le bien-être (BE), comme coefficient de la motivation (M), et je pourrais proposer enfin, l'équation suivante de la Performance Economique Durable (PeD) :

PeD = C x MBE

x - La motivation (M) ayant été défini ci-dessus.

Arrivé à cette proposition, la question qu'il me resterait, serait alors, quelle entreprise aurait envie de se priver d'un tel démultiplicateur de motivation et de performance, que serait le bien-être ?

Stéphane Vassard e2v

A propos de l’auteur :

Stéphane Vassard :

Ingénieurs INSA Lyon / Coach certifié en Process Communication Responsable d'Unité Autonome de Production chez e2v Grenoble

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