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Les 4 écoles sunnites et l'intérêt de leurs différences - Par l'Imâm As-Suyûtî - http://bibliotheque-islamique-coran-sunna.over-blog.com/

Les 4 ecoles sunnites et l'interet de leurs differences

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Les 4 écoles sunnites et

l'intérêt de leurs différences - Par l'Imâm As-Suyûtî -

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Avant-propos

Louange à Dieu (le Très-Haut) et cela suffit et que la Paix soit sur ses serviteurs élus.

Bayhaqî rapporte dans son Madkhal (introduction) selon sa chaîne de transmission qui

remonte jusqu'à Ibn Abbas (que Dieu l'agrée), que l'Envoyé de Dieu (paix et bénédiction de

Dieu sur lui) a dit : « Quel que soit le degré de connaissance que vous avez du Livre de

Dieu, il vous faut obligatoirement agir selon ses préceptes et personne n'a aucune excuse

pour le négliger. Si cela ne se trouve pas détaillé dans le Livre de Dieu (le Très-Haut)

vous devez suivre les recommandations de ma Sounna. Si cela ne figure pas dans ma

Sounna, vous devez suivre les dires de mes compagnons, car ceux-ci sont comme les

étoiles dans le ciel. Vous serez guidés en suivant quiconque parmi eux. Car les

divergences entre mes compagnons constituent une miséricorde pour vous ».

Ce hadith comporte plusieurs intérêts :

Le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) annonce qu'après lui il y aura des

divergences entre les écoles doctrinales ou rites (Madhâhib) à propos des ramifications. Ceci

relève d'ailleurs de ses miracles car il porte sur des mystères.

Du fait qu'il l'agrée, l'institue, et le loue même, dans la mesure où il en a fait une miséricorde

pour les musulmans, du fait qu'il donne au croyant qui assume la charge de sa Foi toute la

latitude pour choisir le rite qu'il veut sans mentionner l'un d'eux en particulier, on en a déduit

que tous les Mujtahidûn (ceux qui accomplissent un effort intellectuel pour résoudre les

questions qui se posent aux musulmans) sont fondés et qu'ils sont dans la vérité. Aussi, aucun

d'eux n'encourt le reproche et on ne peut attribuer l'erreur à aucun d'entre eux parce que le

Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) a dit : « Vous serez guidés en suivant

quiconque parmi eux ».

Car si un seul était dans le vrai et que le reste était dans l'erreur, la guidance ne pourrait se

réaliser sur la base de l'erreur. Ceci comporte d'ailleurs un secret subtil sur lequel nous aurons

à revenir.

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Ibn Sa'd rapporte ceci dans ses Tahaqât (biographies) : « Qoubaydha Ibn Uqba nous rapporte

d'après Ibn Humayd que al-Qasim Ibn Muhammad était une miséricorde pour les hommes »

cette tradition est récusée par Bayhaqi dans son Madkhal (introduction).

Ibn Sa'd rapporte également d'après Qoubaydha Ibn Uqba, d'après Sufyan, d'après Isma'il Ibn

Abdul'azziz, d'après Aoun que Omar Ibn Abdul'aziz a dit : « Je ne troquerai pas les plus beaux

troupeaux de chamelles contre les divergences des compagnons du Prophète (paix et

bénédiction de Dieu sur lui) ».

Muhammed Bayhaqi rapporte dans son Madkhal une autre version dans ces termes : « Je ne

me réjouirais pas si les compagnons de Muhammad (paix et bénédiction de Dieu sur lui)

n'avaient pas divergé. Car s'il n'y avait pas eu de divergences entre eux il n'y aurait plus eu de

dispenses ».

De même al-Khatib al-Baghdadi rapporte ceci dans son livre sur les biographies des

transmetteurs de Malik, d'après la version d'Isma'il Ibn Abi al-Majalid : « Le Calife Abbasside

Haroun al-Rachid a dit à Malik Ibn Anas "Ô Abu Abdillah ! Veux-tu que nous recopions tes

livres et que nous les répandions dans toutes les contrées de l'Islam pour obliger la

communauté musulmane à les suivre ?"

Malik (que Dieu lui fasse miséricorde) répondit : "Ô prince des croyants ! Les divergences

des savants sont une miséricorde de la part de Dieu pour cette communauté. Chacun suit ce

qu'il estime être fondé. Chacun désire Dieu" ».

De son côte Abu l-Nu'ayn rapporte dans sa hilya (parure), d'après Abdullah Ibn al Abdull-

hakam : "J'ai entendu Malik Ibn Anas dire ceci : « le Calife Abasside Haroun al-Rachid m'a

consulté pour qu'on accroche le livre al-Muwatta à la Ka'ba et qu'on oblige les gens à suivre

ce qu'il renferme. Je lui ai répondu : "Ne fais pas cela car les compagnons de l'Envoyé de

Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur lui) ont divergé sur les ramifications et les questions de

détails. Ils se sont dispersés à travers les contrées et chacun d'eux est fondé dans ce qu'il dit".

Haroun al Rachid à dit: "Que Dieu t'accorde la réussite, Ô Abou Abdillah" ».

Pour sa part Ibn Sa'd rapporte dans ses Tabaqât, d'après al-Wâqidi : « J'ai entendu Malik Ibn

Anas dire ceci lorsque le Calife Abasside al-Mansour effectua le pèlerinage : "Il m'a dit: J'ai

pris la résolution de donner l'ordre pour qu'on recopie les livres que tu as composes, ensuite

j'en enverrai une copie dans chaque province des musulmans et je leur enjoindrai d'agir selon

ce qu'elle renferme et de ne pas l'outrepasser".

Je lui ai dit "Ô prince des croyants, ne fais pas cela, car les gens ont déjà reçu bien des

paroles, entendu beaucoup de hadiths et transmis bien des versions. Chaque groupe a suivi ce

qu'il a déjà reçu et l'a adopté face aux divergences des gens. Laisse-les donc agir selon ce que

chaque groupe d'entre eux a choisi pour lui-même" ».

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Chapitre premier

Sache que les divergences entre les écoles doctrinales ou rites juridiques (Madhâhib)

constituent dans la religion un immense bienfait et une grande vertu. Cette divergence

renferme un secret subtil que perçoivent les savants et qui échappe aux ignorants. Si bien que

j'ai entendu un ignorant dire : « Le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) a apporté

une seule loi religieuse, d'ou viennent donc les quatre rites juridiques (madhâhib) ? »

Ce qui est étonnant également c'est que certains se mettent à accorder à quelques rites

juridiques une préférence par rapport aux autres ce qui conduit à dénigrer ceux qui ne sont pas

préférés et même à les effacer. Il arrive aussi que cela aboutisse à des querelles et disputes

entre les gens stupides, d'où la prévalence de l'esprit de corps ('assabiyya) et le fanatisme de

l'époque de l'ignorance. Or les savants pourtant sont exempts de ce genre d'erreurs. Il faut

savoir qu'il y a eu des divergences sur les questions de détails entre les compagnons alors

qu'ils représentent l'élite de la communauté musulmane. Pourtant aucun d'eux ne s'est disputé

avec un autre ou lui a manifesté son hostilité ou lui a attribué l'erreur et la déficience.

Quant au secret auquel j'ai fait allusion, je l'ai déduit d'un Hadith qui a été rapporté et qui

indique que les divergences dans cette communauté sont une miséricorde de la part d'Allah (le

Très-Haut) en sa faveur. Car les divergences entre les communautés antérieures furent une

source de tourments et de perdition. C'est à peu près le sens de ce hadith dont je ne me

rappelle pas ici les termes exacts. Il ressort de ces indications que les divergences entre les

madhahib (rites juridiques) constituent dans cette communauté une propriété méritante en sa

faveur et une tolérance dans cette Loi religieuse si bonne et si indulgente. En effet chez les

anciens prophètes avant l'Envoyé d'Allah (paix et bénédiction de Dieu sur lui), aucun d'eux

apportait une loi religieuse et un commandement unique; l'étroitesse de leurs lois était telle

qu'il n'y avait pas beaucoup de choix à propos des questions de détail lesquels sont

longuement prévus dans notre loi religieuse. C'est le càs de la loi du Talion (al qisas) dans la

loi juive ou le prix du sang (al diyât) dans la loi chrétienne.

Leur étroitesse réside également dans le fait qu'elles ne prévoient pas les cas de l'abrogeant (al

nâsikh) et de l'abrogé (al mansûkh), contrairement à notre loi religieuse. C'est pourquoi les

juifs ont nié l'abrogation (al nâsikh) et ont mal accepté l'abrogation des textes sur la Qibla.

Leur étroitesse tient également au fait que leurs livres révélés ont une seule lecture comme

l'indiquent tous les hadiths à ce sujet.

Or notre loi religieuse est tolérante et aisée et elle ne comporte aucune gêne conformément à

cette Parole divine :

« Allah veut la facilité pour vous, il ne veut pas la difficulté pour vous » (2/185)

« Il ne vous a imposé aucune contrainte en Religion » (22/78)

De même le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) a dit : « J'ai été envoyé avec le

Hanafisme (religion primordiale) aisé et tolérant ».

Sa largesse réside, entre autres dans le fait que son livre a été révélé avec sept lectures

différentes tout aussi légitimes car le tout constitue la parole d' Dieu (le Très-Haut). De même

l'abrogeant (al nâsikh) et l'abrogé (al mansûkh) ont été institués pour qu'on les pratique tous

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les deux dans cette religion d'une manière globale, comme si on y applique deux lois

religieuses en même temps.

Il y a également dans notre religion la possibilité de choisir entre deux questions dont chacune

a été précisé dans une loi religieuse différente, comme la loi du Talion (al qisas) et le prix du

sang (al diyât). C'est comme si notre religion avait englobé les deux lois religieuses et qu'elle

avait été ornée par une troisième loi, à savoir la possibilité de choisir ce qui ne figure dans

aucune des deux autres lois religieuses.

Il y a aussi la légitimité de la divergence entre les membres de la communauté sur les détails.

Aussi, les rites juridiques sont devenus à travers leur diversité comme des lois religieuses

multiples dont chacune est stipulée au sein de notre loi religieuse. En somme cette loi

religieuse s'apparente à un ensemble de lois religieuses avec lesquelles le Prophète (paix et

bénédiction de Dieu sur lui) a été envoyé. Ceci constitue une largesse supplémentaire en sa

faveur, un immense honneur pour la position du Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur

lui) et une particularité pour lui par rapport à l'ensemble des prophètes. En effet chacun d'eux

a été envoyé avec un seul commandement tandis que l'Envoyé d'Allah (paix et bénédiction de

Dieu sur lui) a été envoyé avec pour chaque question plusieurs dispositions différentes, et on

peut appliquer légalement chacune d'elles et juger équitablement celui qui les adoptes car il

sera rétribué en les pratiquant et il pourra parfaitement guider les autres en les suivant. Il y a là

un sens subtil accordé par Dieu (le Très-Haut) qu'apprécient tous ceux qui possèdent un goût

spirituel et une perception des secrets de la loi religieuse.

Soulignons qu'as-Subki a indiqué dans l'une de ses œuvres que toutes les lois religieuses

antérieures sont des lois du Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) avec lesquelles les

anciens prophètes ont été envoyés en tant que ses représentants parce qu'il était prophète alors

qu'Adam se trouvait encore entre l'esprit et le corps. C'est à ce moment qu'il a été promû

Prince des prophètes. C'est d'ailleurs le sens qu'on a donné à sa parole : « J'ai été envoyé à

tous les hommes ».

Ainsi l'auteur estime dans de longs développements constitués d'expressions précieuses et

merveilleuses que j'ai cites au début de mon ouvrage sur les miracles (al-mu'jizât), que le

Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) a été envoyé à toutes les créatures depuis Adam

jusqu'à l'avènement de l'Heure ultime.

C'est dire que si as-Subki fait de toutes les lois religieuses avec lesquelles les prophètes ont

été envoyés des lois pour le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) pour mieux le

consolider et rehausser sa position, il convient davantage de considérer les rites juridiques (al-

madhâhib) déduits par ses compagnons à partir de ses actes et de ses paroles dans leurs

diversités comme des lois multiples qui lui reviennent en propre. D'autant plus qu'il a annoncé

leur arrivée et promis la guidance pour celui qui les suivrait.

Chapitre deuxième

Comme preuve de ce que nous avançons, évoquons le récit des divergences des compagnons à

propos des prisonniers de la bataille de Badr. En effet Abu Bakr (que Dieu l'agrée) et ceux

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qui l'ont suivi avaient conseillé de prendre des rançons en échange de leur libération, tandis

que Omar (que Dieu l'agrée) et ceux qui l'ont suivi avaient conseillé leur exécution.

Or le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) avait jugé d'après le premier conseil, et le

Coran qui a été révélé a cette occasion a préféré le deuxième conseil tout en admettant le

premier. Ceci constitue une preuve sur la validité des deux avis et une indication que chacun

des deux mujtahidin était fondée. Car si le premier avis avait été une erreur, le Prophète (paix

et bénédiction de Dieu sur lui) ne l'aurait pas adopte comme jugement dans cette affaire.

D'ailleurs, Comment le serait-il alors qu'Allah (le Très-Haut) a annoncé que c'est le jugement

qui convient en disant : « Si une prescription d'Allah n'était pas déjà intervenue » (8/68)

Et qu'il a apaisé les adeptes de la rançon en disant : « ce qui, dans le butin, est licite et bon »

(8/69)

Le reproche porte uniquement sur le choix de ce qui n'est pas le meilleur. Car la préférence a

propos des madhahib se rapporte souvent a ce qui est meilleur en fonction de la puissance des

preuves et des contraintes de la prévention et du scrupule et ainsi de suite parmi les exigences

de la terminologie adopté en la matière non en fonction de l'ensemble des madhahib (rites

juridiques) en tant que tel.

Mais au regard de la vérité, tous les rites sont fondés et dans la vérité et ne souffrent d'aucune

suspicion et d'aucun grief. D'où l'attitude suivie par les soufis de n'adopter aucun rite

particulier mais de retenir dans chacun d'eux ce qui est plus exigeant, plus sur et plus

scrupuleux. Par exemple, si le rite chafi'ite stipule la permission dans une question et

l'interdiction dans une autre, tandis que c'est l'inverse qui a été arrêté dans un autre rite, il

convient d'opter pour l'interdiction par précaution.

De même si on stipule l'obligation dans une question et la recommandation dans une autre,

tandis que les autres rites prônent le contraire, il convient d'opter pour l'obligation dans les

deux questions, par précaution. Ainsi ils stipulent la rupture des ablutions mineures lorsqu'on

touche les femmes, ou qu'on touche les organes génitaux, ou lorsqu'on vomit ou qu'on perd du

sang. De même, it est stipule l'obligation de formuler l'intention en effectuant les ablutions

mineures, le fait d'essuyer la tête en entier ainsi que l'obligation de la prière witr, etc. C'est ce

qu'on a rapporté par exemple dans le livre rawdha al-talibin' (le jardin des chercheurs) sur

Ibn Surayj qui lavait les deux oreilles avec le visage et les essuyait en même temps que la tête

puis les essuyait séparément par précaution pour satisfaire chaque rite.

Comme exemple de ce que nous avons avancé, a savoir que tous les rites sont fondés et qu'ils

s'ensuivent dans la logique de ce qui est permis et meilleur, non dans celle de ce qui est vrai

ou faux, citons ce qu'on a rapporté sur un groupe de compagnons qui n'ont pas admis les

lectures célèbres que prônait le Calife Othman et qui ont choisi d'autres lectures. Les savants

expliquent leur dénégation en disant que ces compagnons voulaient signifier qu'il est

préférable de choisir d'autres lectures du Coran et qu'ils ne voulaient nullement nier la

possibilité d'y recourir pour réciter le Coran. D'ailleurs j'ai consacré un chapitre entier à cette

question dans mon livre intitulé "la perfection dans les sciences du Coran".

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Chapitre troisième

Une fois admis ce que nous avons souligné, on reconnaît la préférence pour la thèse qui prône

que tout mujtahid est fondé et qu'il est dans le vrai d'une part et qui soutient que le jugement

de Dieu a propos de chaque question dépend de l'appréciation du mujtahid d'une autre part.

C'est d'ailleurs l'une des deux thèses communes des chefs de file des quatre rites juridiques.

C'est aussi la thèse que préfère le Quadi Abou Bakr qui dit dans son livre Taqrîb: « La thèse

qui soutient que tout mujtahid est fondé et qu'il est dans le vrai se dégage clairement des

propos de l'Imam as-Chafi'i et résume parfaitement sa doctrine et celles de ses pairs parmi les

savants. C'est également ce que soutiennent irakiens et des Hanafites comme Abou Youssouf,

Mohammed, Tim al-Hassan, et Abu Yazid al-Dabbousi ».

Maintenant si tu objectes que la parole du Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) :

« lorsque le juge accomplit l'effort intellectuel pour résoudre les questions et qu'il vise

juste, il aura deux rétributions, et lorsqu'il accomplit l'effort intellectuel et qu'il se

trompe et faillit, il n'aura qu'une seule rétribution » montre que parmi les mujtahidun il y

a ceux qui sont dans le vrai et ceux qui se trompent, que le jugement diffère selon les cas et

que si tous les deux étaient dans le vrai la distinction n'aurait aucun sens, je répondrai par ceci

: j'interprète sa Parole « et qu'il se trompe » en tant que non perception de la part du

mujtahid de ce qui est meilleur et prioritaire, comme dans le cas des compagnons qui ont

encouru le reproche pour avoir choisi la rançon (al-fida) car ce n'est pas la meilleure solution

bien que leur jugement soit valide et fondé.

Du reste les fuqahas stipulent au sujet de celui qui a accompli une prière de quatre raka’a

dans une direction donnée en fonction de son appréciation et de son effort personnel, qu'il n'a

pas à refaire cette prière bien qu'il ait effectué indiscutablement cette prière en dehors de la

Qibla. Il en est de même que l'ijtihad de 'Omar a différé a propos de la question du grand-père

en rendant des sentences différentes. Il disait : « Ceci constitue ce que nous avons jugé ».

De son cote al-Bayhaqi rapporte dans son Madkhal, d'après al- Sha'bi que quand l'Envoyé de

Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur lui) rendait un jugement puis que le Coran apportait un

jugement différent, Il accueillait le jugement du Coran sans réfuter le premier jugement.

Chapitre quatrième

Le fait de passer d'un rite a un autre est tout à fait permis comme l'affirme al-Rafi'i qui est

suivi en cela par al-Nawawi.

L'auteur d'al-Rawdha se pose a ce propos cette question : « Une fois que les rites juridiques

(al-madhahib) sont codifiés, est-il permis au pratiquant de passer d'un rite a l'autre ? Si nous

disons qu'il lui faut faire l'effort pour rechercher celui qui est le plus judicieux, et qu'il s'avère

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que le deuxième rite est plus judicieux, il convient dans ce cas de permettre le passage d'un

rite à un autre, et même de stipuler que c'est une obligation. Si nous lui donnons la possibilité

de choisir il convient aussi d'admettre qu'il est permis d'effectuer le passage d'un rite a un

autre ».

Le premier état qui pousse un homme à effectuer ce passage est un mobile mondain comme

celui de l'obtention d'un poste ou d'un grade ou le rapprochement d'un roi ou des gens du

monde. Dans ce cas son statut est semblable à celui mujtahid d'un Qiyâs car les choses

dépendent des desseins qui l'animent. Ensuite son état comporte deux situations.

La première : il n'a aucune connaissance du fiqh et il n'a du rite de l'imam auquel il adhère

que le nom de Chafi'î ou de Hanafi, par exemple comme la plupart des enturbannés de notre

époque, à savoir ceux qui occupent des postes dans des écoles. C'est si vrai qu'un homme a

demandé à notre maître l'érudit Muhyddin al-Kafiji (que Dieu lui fasse miséricorde) d'écrire

pour lui une lettre qui le recommande pour occuper le premier poste d'enseignant qui serait

vacant. Il lui demanda quel était son rite et l'homme répondit son rite c'est celui du pain et de

la nourriture. Il voulait dire par là qu'il voulait un poste de ceux réserves soit aux Chafi'ites

soit aux Malikites soit aux Hanbalites car les Hanafites n'avaient en matière de postes de

direction aucune habilitation.

Donc pour cet homme qui n'a aucune connaissance du fiqh, la question de son passage d'un

rite à un autre est moins problématique et ne va pas jusqu'à l'interdiction parce qu'il fait partie

encore des gens du commun sans posséder un rite qu'il pratique réellement. En ce sens il ne

fait qu'adhérer à un nouveau rite.

Dans la deuxième situation, il s'agit d'un homme qui est un juriste dans son rite. Il veut passer

dans un autre rite pour le même but. Son affaire est plus grave à mon sens et peut aller jusqu'à

l'interdiction parce qu'il se moque des statuts légaux uniquement pour des raisons mondaines.

Quant au deuxième état s'effectue pour des mobiles religieux et comporte deux formes.

Dans la première il s'agit d'un faqih qui a des préférences pour l'autre rite en raison de ce qu'il

a constaté en lui comme évidence de ses preuves et performances de ses conceptions.

Pour un tel homme le passage est soit obligatoire soit permis, conformément à ce qu'indique

al-Chafi'i. C'est la raison pour laquelle, à la suite de l'arrivée de l'imam ach-Chafi'i en Egypte

la plupart de ses habitants sont devenus des Chafi'ites après avoir été des malikites.

Dans la deuxième forme il s'agit d'un homme dépourvu de sciences religieuses qui a travaillé

pour posséder les sciences de son rite mais qui n'est parvenu à rien de positif. Cependant il a

trouvé un autre rite plus aisé à assimiler rapidement, de sorte qu'il espère pouvoir l'acquérir

plus facilement. Pour un tel homme il est absolument obligatoire de passer dans l'autre rite et

il lui même interdit de s'attarder car le fait d'acquérir la science selon l'un des quatre imams

chefs de file des quatre rites fondamentaux est meilleur que le fait de continuer dans

l'ignorance et de n'avoir de son rite que le simple nom d'appartenance : Hanafite, Chafi'ite ou

Malikite.

C'est dire qu'il vaut mieux suivre le fiqh selon le rite de n'importe quel nom que d'ignorer le

fiqh selon tous les rites. Car l'ignorance du fiqh constitue une grande déficience et l'adoration

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sera rarement fondée sans lui. Je crois d'ailleurs que c'est la raison pour laquelle at-Tahawî

était devenu un Hanafite après avoir été un Chafi'ite.

En effet un jour, pendant qu'il suivait les cours de son oncle al-Muzanî il a eu beaucoup de

difficultés à saisir ce qu'il disait. Son oncle al-Mazinî jura alors que rien ne sortirait de lui

(qu'il ne deviendrait pas savant). A ces mots at-Tahawî devint Hanafite. Il eut ainsi des

ouvertures (devint savant) et pu, entre autres, composer son ouvrage intitulé "commentaire sur

les significations des traditions" (Sharh Ma'ani al Athar) et il disait que si mon oncle avait

vécu il aurait pas à expier son jugement.

D'ailleurs un savant qui évoquait cet épisode disait qu'al-Mazinî n'avait pas à expier son

jugement parce qu'il voulait simplement dire que rien ne sortirait de lui pour ce qui est du rite

Chafi'ite.

Je dis pour ma part, qu'on ne doit pas fustiger cette attitude car bien des gens comprennent

certaines sciences plutôt que d'autres et certains rites plutôt que d'autres. Car il s'agit d'un don

accordé par Allah (le Très-Haut) et chacun est prédisposé pour ce à quoi il a été créé. Aussi le

signe de l'autorisation à pratiquer une science réside dans la prédisposition.

Dans le troisième état, le passage ne s'effectue ni pour un mobile religieux ni pour un mobile

mondain. Il est dépourvu des deux raisons. Un tel passage est permis pour les gens du

commun mais il est répréhensible ou interdit pour le faqîh car ce dernier a déjà acquis la

science de ce rite et il a besoin de temps pour acquérir la science de l'autre rite. Car cela le

détourne de ce qui est plus important, à savoir le fait d'appliquer ce qu'il a appris. En plus il

peut passer sa vie sans parvenir à atteindre le but recherché dans le deuxième rite.

Aussi celui qui dit aujourd'hui parmi les juristes Malikites que celui qui quitte son rite pour un

autre commet un mauvais acte se trompe lourdement parce que le chef de file actuel du

Malikisme, le cheikh Jamal al din Ibn al-Hajib, ne l'a jamais prôné.

Quant à celui qui affirme qu'il est permis au non Hanafite de devenir Hanafite et qu'il n'est pas

permis au Hanafite de devenir Chafi'ite ou un adepte d'un autre rite, son affirmation constitue

une allégation sans preuve et relève du pur fanatisme. Car tous les Imams sont égaux dans la

vérité et on n'a pas rapporté un hadith de l'Envoyé de Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur

lui) qui distingue le rite Hanafite des autres.

De même le fait d'invoquer comme preuve que le Hanafisme est plus ancien n'est pas solide

comme démonstration. D'ailleurs, a supposer que ce soit vrai, il faudrait dans ce cas que tout

le monde l'imite et il ne serait permis à aucune personne d'imiter d'autres rites en dehors du

Hanafisme, ce qui est contraire au consensus (al ijmâ') et au hadith qui le fonde.

Il faudrait également appliquer cette règle aux autres rites, ou prouver aussi la permission de

passer du rite le plus récent au rite le plus ancien, comme dans le cas du Shafi'ite et non

l'inverse. Or le Hanafite ne prône pas cela. En somme toute affirmation sans preuve est à

rejeter et on ne peut pas s'y fier. Il reste que s'il faut absolument donner sa préférence, le rite

de l'imam al-Chafi'i mérite qu'on lui discerne la préséance parce qu'il se conforme le plus au

hadith, car la substance de sa doctrine consiste à suivre le hadith et à lui donner la priorité sur

l'opinion (al-ray).

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Soulignons à ce propos l'imitation de l'imam al-chafi'î par des Esprits illustres comme l'Imam

al-Haramayn Abu l-ma'li al-Jouwayni Ibn al-Sam'ani, l'Imam Abu Hamid al-Ghazali, al Kya

et bien d'autres. Il faut dire ici que les érudits inclinent à penser que l'imitation de Chafi'i est

une obligation pour les gens du commun et qu'ils n'ont aucune excuse auprès d'Allah (le Très-

Haut) s'ils s'en détournent. C'est ce que déclare l'Imam al-Haramayn dans un livre lumineux

qu'il consacre à ce sujet sous le titre de Moughith al-Khalq Fi Ikhtyar al-Ahaq (Le secours des

créatures pour choisir le meilleur).

L'érudit Abu Mansour Abdelqahir Ibn Tahir al-Tamini note ce qui suit dans son ouvrage

intitulé al-Tahsil Fi usul al-Fiqh (l'acquisition en matière de principes du fiqh): "Il y a

plusieurs preuves qui attestent l'obligation de préférer le rite de Chafi'î aux autres rites dans

l'ensemble et avant de rentrer dans les détails. Parmi ces preuves, il y a la parole du Prophète

(paix et bénédiction de Dieu sur lui) : « Les chefs (les imams) sont issus de la tribu de

Quraysh ». "

Ceci s'applique d'une manière générale au Califat et à la direction religieuse. Or, parmi les

chefs de file des rites juridiques, nous n'avons aucun membre de la tribu de Qouraysh en

dehors de Chafi'i. En effet Abou Hanifa est issu des Mawalis (clients des tribus arabes),

Malik est aussi issu des Mawalis, les Dhi Asbah, Nakh'i est originaire des Nakha qui

proviennent du Yémen non de la tribu de Quraysh, Ahmad Ibn Hanbal et Mohammed sont

des Chaybanites originaires de la confédération tribale de Rabi'at non de Qouraysh et de

Moudhar, at-Thawri est originaire de la branche tribal de Banu Thawr, Ibn Amr, Ibn Add, et

Makhul et al-Awza'i sont originaires des Mawalis.

Certes, les généalogistes ont divergé sur la tribu de Qouraysh. La plupart estime qu'elle est

constituée des descendants d'al Nadhr Ibn Kinana, d'autres considèrent qu'elle est constituée

des descendants de Ilas Ibn Mudhar, pour d'autres encore seuls tous les descendants de Adnan

forment exclusivement la tribu de Quraysh.

Il reste qu'en vertu de toutes les considérations on doit considérer al-Chafi'i comme originaire

de la tribut de Quraysh parce qu'il descend d'al Nadhr Ibn Kinana Ibn Mudar Ibn Khuzayna

Ibn Mudrika Ibn Ilyas Ibn Mudhar Ibn Nazar Ibn Ma'ad Ibn Adnan.

Parmi ces preuves il y a également la parole d'Allah (le Très-Haut) : « En vérité, ceux qui

ont cru, ceux qui ont émigré, ceux qui ont combattu dans le chemin de Dieu, voilà ceux

qui espèrent la miséricorde de Dieu. Dieu est celui qui pardonne. Il est tout

Miséricordieux » (2/218)

Or ceci est général, il concerne aussi bien le combat par la parole que par les armes. Or

l'existence du combat par les preuves est tout à fait évident chez les membres de l'école de

Chafi'i.

Ce sont eux qui ont explicité les fondements et les principes (al-usûl) et qui ont posé les règles

du débat et de la discussion. En plus Chafi'i est le premier auteur à avoir compose des

ouvrages sur les principes ou les fondements du Fiqh (usûl) il a composé notamment al-

Rissala (l'épître), Ahkam al-Quran (les dispositions du Coran), Ikhtilâf al-hadith (les

divergences dans le hadith), Ibtal al-Istihsan (la réfutation de l'appréciation), Juma' al-Ilm

(la somme du savoir) Kitâb al-Qiyâs (le livre du raisonnement par analogie).

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Ensuite il est le premier pour les auteurs dans le domaine des usûl (fondements ou principes

du droit) qui lui sont conformes et qui ont imité son approche. Du reste le combat par les

armes est réservé aux habitants des centres frontaliers. Or la majorité d'entre eux est

composée des disciples de Chafi'i. C'est le cas des Thughur (postes frontaliers) de la grande

Syrie (al Sham) de Egypte, de Diyar Rabi'a, d'Arménie, d'Azerbaïdjan (Adirbijan), de Turban

et d'al Shash du côté des contrées turques etc. Donc si le Jihâd (le combat sur le chemin

d'Allah) est parfaitement établi pour ce groupe (les disciples de Shafi'i) il devient clair qu'ils

sont ceux à qui Allah (le Très-Haut) a garanti la guidance.

Parmi ces preuves il y a la grande précaution dont il fait montre dans sa doctrine (madhhab),

ce qui est rare dans les autres rites. Il en est aussi de même sa précaution en matière d'actes

d'adoration dont le plus important est la prière. Aussi celui qui accomplit la prière selon le rite

d'al-Shafi'î est sûr et certain de sa validité tandis que pour celui qui l'accomplit selon un rite

différent il y a divergence sur la validité de sa prière sous plusieurs rapports.

En effet les adeptes d'autres rites autorisent le recours au vin tiré des dattes pour accomplir les

ablutions mineures en voyage et le nettoyage du corps et des vêtements de toutes les

souillures au moyen des liquides. Ils autorisent également l'accomplissement de la prière dans

la peau d'un chien égorgé et qui n'a pas été trouvé, ils permettent aussi l'accomplissement des

ablutions mineures sans la formulation de l'intention et sans respect de la consécution mais

l'annulent si on touche les organes génitaux et en cas d'attouchement.

Ils permettent également l'accomplissement de la prière sur la fiente des pigeons lorsque la

souillure asséchée ne dépasse pas sur le sol la taille d'une pièce d'un Dirham, ou sur le tissu

dont le quart est mouillé d'urine ou en cas de dévoilement d'une partie de la nudité. A l'inverse

ils annulent la spécification du takbîr et de la récitation. Ils autorisent aussi la lecture du

Coran inverse et en Persan et annulent l'obligation d'observer la sérénité (al-tumanina)

pendant l'inclinaison) et la prosternation, le redressement parfait (al-i'tidâl) après le rukû' et

entre les deux prosternations, le tashahud et l'invocation de Grace sur le Prophète (paix et

bénédiction de Dieu sur lui) en prière bien que le hadith stipule clairement le contraire.

Quant à nous, nous annulons la prière dans tous ces cas et nous imposons à celui qui prie

derrière l'une de ces personnes de refaire sa prière. En revanche eux n'imposent pas de la

refaire à celui qui prie derrière nous selon notre rite pour ce qui est de ces questions.

De son côté l'auteur Hanafite du Jami'al fatawi (la somme des fatwas) note ceci : « Il est

permis à l'homme comme a la femme de passer du rite chafi'ite au rite Hanafite et de faire

l'inverse à condition que ce soit entièrement. Quant à ce passage pour une seule question il

n'est pas du tout permis ».

Ainsi il n'est pas permis au Hanafite qui perd du sang au point de couler de prier avant

d'accomplir les ablutions mineures selon le rite Shafi'ite et s'il prie avant d'avoir accompli les

ablutions mineures il doit être admonesté. Quelqu'un disait « l'homme du commun ne doit pas

passer d'un rite a un autre qu'il soit Hanafite ou Shafi'ite ».

Un autre disait : « Celui qui passe au rite chafi'ite pour que le tuteur de la jeune fille majeure

lui donne sa main sans son consentement, on craint pour lui d'être privé de sa foi au moment

de sa mort pour avoir méprisé la religion ».

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Par ailleurs si un Hanafite dit : « Si j'épouse une telle, elle sera par trois fois répudiée » puis

qu'il l'épouse et qu'ensuite il consulte un chafi'ite qui lui dit qu'elle n'est pas répudiée pour

autant et que son jugement est sans suite, il n'y a pas de mal dans ce cas à se conformer au

chafi'ite dans cette affaire parce qu'il a à ses cotés beaucoup de compagnons (al-sahâba).

Al Qarafi note ceci dans son Tanqih (révisions) : « Al-Zayyat dit qu'il est permis d'imiter les

rites juridiques dans les litiges et de passer d'un rite à un autre sous deux conditions: ne pas

unir deux rites d'une manière qui contredit le consensus (al-ijmâ') comme dans le cas de celui

qui se marie sans dot ni tuteur ni témoin car il s'agit d'une forme qui n'est approuvée par

personne ».

Le serviteur doit croire au mérite de celui qu'il imite d'après ce qu'il a reçu sur lui comme

informations. Il ne l'imite pas aveuglément et ne profite pas des dispenses des rites.

Cela dit tous les rites constituent des chemins qui conduisent au Paradis et des voies du

bonheur. Ainsi celui qui emprunte une voie, elle le conduit au but. D'autres disent qu'il est

permis d'imiter les rites juridiques (al-madhâ'hib) et de passer de l'un a l'autre tant que cela ne

viole pas l'une des dispositions légales qui sont au nombre de quatre : ne pas contredire (le

consensus) les qawa'id (les règles fondamentales), al-Nays (le texte scripturaire) ou al-qiyâs

al-jaliy (le raisonnement analogique évident).

Il faut dire que le consensus (al-ijmâ') bien établi stipule que celui qui a embrassé l'Islam peut

imiter sans preuve ni argument le savant qu'il désire. De même les compagnons (que Dieu les

agrée) s'accordent à dire que celui qui consulte Abou Bakr et Omar (que Dieu les agrée) et les

imite peut consulter Abou Hourayra et Mu'adh Ibn Jabal et bien d'autres et agir selon ce qu'ils

prônent sans encourir la moindre réfutation. Car celui qui prétend réfuter ces deux consensus

doit apporter ses preuves.

Chapitre Cinquième

Sur les Imams qui ont quitté leurs rites

Abdulaziz Ibn Imran Ibn Miqlas al-Khuza'i mort en 234 de l'Hégire: Ibn Yûnus rapporte dans

son Histoire de (Tarikh Misr) qu'il était l'un des chefs de file du Malikisme. A l'arrivée de

l'Imam al-Shafi'î en Egypte il s'attacha à lui et s'initia à sa doctrine

L'Imam Abu Thawr Ibrahim Ibn Kaled al-Bagdadi mort en 240 de l'Hégire: Il était affilié au

rite Hanafite a l'arrive de Shafi'i à Bagdad il le suivit, étudiant ses livres et répandant sa

science. Il est mentionné par al-Asnawi dans ses Tabaqât (biographies).

Muhammad Ibn Abdullah Ibn Abdulhakim mort en 268 de l'Hégire : Il appartenait au rite de

l'Imam Mâlik. A l'arrivée de l'Imam Chafi'i en Egypte il adhéra son rite.

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L'un de ses disciples rapporta ceci : « Des amis à mon père se sont rassemblés et sont allés le

voir pour lui faire des reproches à ce sujet. Il les traita aimablement, mais ne cessa de me

recommander secrètement de suivre le rite Chafi'ite". Il désirait d'ailleurs succéder l'Imam al-

Shafi'î à son poste d'enseignant à la mosquée. Mais à sa mort, Chafi'î n'accéda pas à son désir

et désigna al-Buwayti comme son successeur. Ibn Abdulhakim décida alors de revenir au rite

de l'Imam Malik ».

Abou Jaffar Muhammad Ibn Ahmad Ibn Nasr al-Timidhi : il était le chef de file des chafi'îtes

en Irak. Al-Asnawi rapporte ce qui suit dans ses Tabaqat (biographies) : « Au début il était

Hanafite a l'occasion de son pèlerinage il estima qu'il lui fallait passer dans le rite chafi'te et il

reçut son initiation auprès d'al Rab'i et d'autres disciples de Shafi'i ».

Abu Jaffar at-Tahawi : Au début il était chafi'ite et il fut initié par son oncle al-Mazini. Puis il

devint par la suite Hanafite et composa son ouvrage intitulé al-Athar (Signification des

traditions)

Al Khatib al-Baghadi, le célèbre traditionaliste : Au début il était Hanbalite puis il devint

chafi'îte c'est ce que rapporte Ibn Kathir dans son Târîkh (Histoire).

Ibn Burhan Abul Fath mort en 520 de l'Hégire : C'est un des maîtres en fiqh et dans les

(Fondement de droit). Il était Hanbalite puis devint chafi'îte, c'est ce que rapporte al-Asnawi

dans ses Tabaqât (biographies).

Abul Mudhaffir Mansour Ibn Muhammad al-Sam'ni mort en 489 de l'Hégire : Au début il

était Malikite puis il devint par la suite chafi'ite.

Ibn Faris, l'auteur du Mujmal Fil Lughat (Somme sur le langage). Au début il était chafi'îte

comme son père. Puis il devint adepte du rite de l'Imam Malik que Dieu soit satisfait de lui.

Sayf al-Din al-Amidi le célèbre (usûli), mort en 631 de l'Hégire. Al Asnawi rapporte qu'il était

au début un adepte du rite Hanbalite et que par la suite il devint Sha'fi'ite

Najn al-Din Ahmad Ibn Muhammad Ibn Kalaf al-Maqdissi, surnommé le Hanbalite, mort en

638 de l'Hégire. Al-Asnawi rapporte dans ses Tabaqât (biographies) qu'au début il était

Hanbalite. Puis fut initié par le cheikh Muwaffiq al-Din et il suivit ses cours à l'école d'Abou

Amir, ensuite devint Shafi'ite et connut une grande notoriété en composant des ouvrages très

brillants.

Ibn al-Dahan al-Nahwi (le grammairien) mort en 612 de l'Hégire : Au début il était Hanbalite

puis il devint Hanafite parce que le Calife voulait pour son fils un précepteur Hanafite pour lui

enseigner la grammaire. Il devint par la suite chafi'ite lorsque la chaire de grammaire devint

vacante à la Nidhamiyya parce que le recteur de celle-ci exigeait que le candidat pour ce poste

soit un chafi'îte. D'ailleurs on a composé des vers célèbres à son sujet.

Cheikh Taqiy al-Din Daqiq al-'id, mort en 702 de l'Hégire. Au début il était malikite comme

son père. Par la suite il devint un adepte du rite chafi'ite -que Dieu soit satisfait de lui -.

Qadhi al-Qudhat Jamal al-Din Youssouf Ibn Ibrahim Ibn Hamla al-Dimashqi, au début il était

Hanbalite puis il devint adepte du rite chafi'îte, il est mort en 738 de l'Hégire.

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Abu Hayyan al-Andaloussi mort en 740 de Hégire: Au début il était affilié au rite des

Dhahirites puis il devint par la suite adepte du rite chafi'ite que Dieu soit satisfait de lui.

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Annexe 1:

Réponse à l’ambiguïté des gens qui disent que la

divergence est une miséricorde

Au nom d’Allah le Tout Miséricordieux le Très Miséricordieux

Une parole inventée attribuée au Prophète (Salla Allahu ‘alayhi wa salam) qui dit : « La

divergence de ma communauté est une miséricorde » est couramment propagée par les

hérétiques qui œuvrent à semer le trouble dans la religion, dans l’objectif de banaliser et

d’approuver les divergences qui contredisent le Livre d’Allah -Ta‘ala- et la Sounna de Son

Noble Messager (salla Allahou ‘alayhi wa salam).

Ce n’est pas un hadith, il n’a pas d’origine. Les spécialistes de la science du hadith ont fait des

efforts pour lui trouver une chaine de transmission mais en vain.

As-Souyouti1 a dit dans « al-Jami‘ou saghir » : « Il se peut qu’il se trouve dans un des livres

des savants mais qu’il ne nous soit pas parvenu. »

Al-Mounawi rapporte d’As-Sabki2

: « Ce hadith n’est pas connu chez les spécialistes du

hadith et je ne lui ai trouvé aucune chaîne de rapporteurs, qu’elle soit faible, authentique ou

bien fabriquée. »

En plus, la signification de ce hadith a été réprouvée par les grands savants : Ibn Hazm3 a dit

après qu’il ait montré que ce n’était pas un hadith :

« Ceci est la plus mauvaise parole qui soit, car si la divergence était une miséricorde, alors

l’union serait un châtiment et cela aucun musulman ne peut dire une chose pareille, en effet il

n’y a que deux possibilités, l’union ou bien la divergence, la miséricorde ou bien le

châtiment. » [Source : al-Ihkâm fî ousouli al-Ahkam, 5/64]

Et il a dit à un autre endroit : « C’est un faux hadith, un hadith mensonger. » [(5/64) chapitre :

"la condamnation de la divergence"]

Une des conséquences néfastes de cette parole est que les ignorants ont agréé la divergence

prononcée qui existe actuellement entre les quatre madhahib, et ils n’essayent jamais de

1‘Abd ar-Rahman ibn abi Bakr as-Souyouti (849H - 911H)

2 Élève du Hafidh adh-Dhahabi (771H - 817H)

3 Ibn Hazm (384H - 456H)

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présenter ces divergences devant le Coran et la Sounnah authentique comme le leur a

demandé les Imams qu’Allah les agrée. Au contraire ils considèrent ces quatre madhahib

comme autant de législation (chari‘a) ! Ils prononcent cette parole tout en connaissant les

divergences profondes et contradictoires qui existent entre ces madhahib et ils savent que ces

divergences ne peuvent être résolues qu’en éliminant celles qui contredisent les preuves et en

acceptant celles qui sont conformes aux preuves, mais ils ne le font pas ! Et à cause de cela ils

ont attribué à la législation (chari‘a) des contradictions ! Or cela à lui seul prouve que cette

théorie ne vient pas d’Allah -‘azza wa jall -. Si seulement ils avaient pris en considération la

parole d’Allah -Ta‘ala- :

{ ولو كان من عند غيز للا لوجدوا فيه اختالفا كثيزا }

« S’il venait d’un autre qu’Allah ils y auraient certes trouvé beaucoup de

contradictions. » [Sourate 4, verset 82].

Le verset est clair sur le fait que la contradiction ne provient pas d’Allah, donc comment peut

on la considérer comme une législation qui doit être suivie et comme une miséricorde

descendue ?!

La divergence est réprouvée par la législation, il est obligatoire de l’éliminer autant que peut

se faire, car c’est une des causes de l’affaiblissement de la communauté, comme l’a dit Allah

ta‘ala :

{ وال تناسعوا فتفشلوا وتذهب ريحكم }

« Ne vous disputez pas sinon vous faiblirez et perdrez votre force » [Sourate 8, verset 46].

Par contre agréer la divergence puis la nommer « miséricorde » contredit le verset qui est clair

quant à sa condamnation. Et seul ce hadith inventé proclame que la divergence est une

miséricorde.

De là il se peut que l’on se pose la question suivante : « Les compagnons ont pourtant divergé,

or ce sont les meilleurs des hommes, est ce que la condamnation évoquée plus haut les

concerne aussi ? »

Ibn Hazm qu’Allah lui fasse miséricorde a répondu à cette question (5/67-68) en disant :

« Non, cette condamnation ne les concerne pas car chacun d’entre eux a cherché la vérité de

sorte que ceux qui se sont trompés parmi eux ont reçu une récompense pour leur bonne

intention qui consistait à rechercher le bien et ils ne seront pas blâmés pour leur erreur car ils

ne l’ont pas faite intentionnellement et n’ont pas été négligeant dans leur recherche. Tandis

que ceux d’entre eux qui ont eu raison ont été récompensés par deux récompenses et ainsi de

suite pour tout musulman jusqu’au jour du jugement dans ce qui lui a échappé de la religion.

La condamnation et le châtiment évoqués concernent celui qui ne s’accroche pas à la corde

d’Allah, c’est-à-dire le Coran et à la parole du Prophète (salla Allahou ‘alayhi wa salam),

après que lui soit parvenu le texte, que la preuve se soit manifestée à son encontre et qu’il ait

intentionnellement copié untel ou untel en contredisant le texte et en appelant au fanatisme,

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désirant par cela le groupe et en cherchant dans le Coran et la Sounnah ce qui est conforme à

ses propres principes et en rejetant les textes qui les contredisent pour s’accrocher à son

ignorance, ce sont eux les gens qui divergent et qui seront condamnés.

Il y a une autre catégorie de personnes dont le manque de crainte et l’infime couche de

religion qu’ils possèdent les ont conduits à rechercher les permissions de chaque savant et à

les imiter sans rechercher ce qu’en disent les textes provenant d’Allah et de son prophète. »

Précisons néanmoins que les compagnons (qu’Allah les agrées), n’ont jamais divergé

concernant le tawhid.

Cheikh al-Islam Ibn Taymiya a dit :

« Il en est de même pour le fiqh, il y a eu des divergences que quand ils ne possédaient pas un

éclaircissement du législateur, mais cela ne concernait que les points minutieux. Mais ils ne

divergeaient pas dans ses grands points. Les Compagnons ont divergé dans certains points

(concernant le fiqh) mais n’ont pas divergé dans les points liés à la ‘Aqida, ni concernant la

voie d’Allah par laquelle la personne devient parmi les alliés pieux et rapprochés d’Allah »

[Majmou‘ al-Fatawa 19/274]

Et Allâh est plus savant !

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Annexe 2:

Ce n'est pas toute erreur d'Ijtihad qui est

pardonné

Soulaymân Ibn Sahmân4 -qu’Allah ta’ala lui fasse Miséricorde- dit dans:

« Celui qui croit en Allah et Son messager intérieurement et extérieurement, mais fait un

effort d’Ijtihâd et cherche la vérité, puis se trompe ou ignore, ou interprète mal, eh bien Allah

lui pardonne cette erreur, qui qu’il soit, que cela soit dans les thèmes théoriques ou pratiques.

Mais l’origine de cette erreur est que lorsque ces gens là ont entendu la parole du Cheykh5

qu’Allah lui fasse miséricorde, dans certaines de ses réponses, où il parla de l’absence de

Takfîr sur l’ignorant, ou le Moujtahid ou celui qui se trompe, ou celui qui interprète mal, ils

ont cru que c’est valable pour toute erreur, tout ignorance, tout Ijtihad et toute mauvaise

interprétation, ils en ont fait une règle schématique sans donner aucun détaille. Et ceci est une

erreur pure, car ce n’est pas tout Ijtihad ou ignorance ou erreur ou mauvaise interprétation qui

sera pardonné à son auteur, et l’empêche de devenir mécréant. En effet, ce qui est

nécessairement connu en religion Islamique comme : la foi en Allah, Son messager et ce qu’Il

a enseigné, il n’y a aucune excuse par ignorance dans cela : Allah nous a informé de

l’ignorance de beaucoup de mécréants tout en déclarant clairement leur mécréance : Il décrit

les chrétiens d’ignorance, alors qu’aucun musulman ne doute de leur mécréance ! Et nous

sommes absolument convaincu que la majorité des juifs et des chrétiens aujourd’hui sont

ignorant et se conforment aveuglément à leurs rabbin, mais nous sommes convaincu de leur

mécréance ainsi que de la mécréance de quiconque doute de leur mécréance.

Le Coran nous indique que celui qui doute des principes de la religion est un mécréant, or le

doute est l’hésitation entre deux choses, comme par exemple : quelqu’un qui n’est ni certain

que le prophète dise la vérité, ni qu’il dise des mensonges, ou bien qui n’est ni certain de la

réalité de la résurrection ni de sa fausseté, ou aussi celui qui n’est ni certain de l’obligation de

la prière ni incertain, ou qui n’est ni certain de l’interdiction de la fornication ni de sa

4 Il est le grand savant célèbre, Soulaymân Ibn Sahmân Ibn Mouslih Ibn Hamdân Ibn Mousfir Ibn

Mouhammad Ibn Mâlik Ibn ‘Âmir Al Khouth‘amî, du pays du Najd, 1266-1349 de l’hégire (1850-

1931 Ap. J-C) 5 Ici le Sheikh parle de l’imam Ibn Taymiyya

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permission : celui là est mécréant à l’unanimité des savants et il n’y a aucune excuse pour

celui qui se trouve dans une telle situation pour ne pas avoir compris la preuve d’Allah et son

explication, car il n’y a aucune excuse après la transmission de la preuve, même s’il ne la

comprend pas comme nous venons de le démontrer.

Lorsqu’un individu donné commet ce qui exige sa mécréance dans des sujets nécessairement

connus comme l’adoration d’un autre qu’Allah, le reniement de l’élévation d’Allah sur Sa

création, ou la négation de Ses parfaites descriptions et adjectifs de la Majesté de Son être et

de Ses actes, ainsi que la question de Sa connaissance des événements et des créatures avant

qu’elle n’existe etc… Eh bien si on devait interdire de juger mécréant celui qui commet cela

par erreur ou ignorance, tout cela réfute celui qui juge mécréant ceux qui renient l’être

d’Allah, Sa Seigneurie, Ses nom et descriptions, et Son unicité dans la divinité, ainsi que ceux

qui disent qu’Allah ne sait pas ce qui se passe dans l’Univers avant que cela ne se produise,

comme les extrémistes Qadarites, ou qui prétend que les événements sont causé par les astres,

ou que l’origine de la création est la lumière et les ténèbres : Celui qui adhère à tout cela est

plus mécréant et plus égaré encore que les juifs et les chrétiens.

Est-ce que ceux qui disent qu’Allah est en dessous dans Sa création n’en sont ils pas arrivé à

une telle mécréance aussi avérée et une idolâtrie aussi énorme et à l’abolissement de la réelle

existence du Seigneur des mondes uniquement par erreur d’Ijtihâd dans ce sujet, ce qui les

égara, et après ce mirent à égarés les autres ?

N’a-t-on pas exécuté Al Hallâj à l’unanimité des juristes uniquement pour l’égarement de son

Ijtihâd ? Et les Qaramites, ne commirent ce qu’ils ont commis comme atrocités et apostasie de

la loi islamique si ce n’est par leur Ijtihad, comme ils le prétendent ?

Et est ce que les Rafidites ont dit ce qu’ils ont dit et admis ce qu’ils ont admis comme

mécréance et idolâtrie et adorations des imams des duodécimains et autres insultes des

compagnons du messager d’Allah et des mères des croyants si ce n’est par Ijtihâd ?

Ce n’est donc pas tout Ijtihâd, ni toute erreur ni toute ignorance qui est pardonnée… »

Source : Tamyîz As-Sidq wa Al Mayn

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TABLE DES MATIÈRES

Avant-propos 2

Chapitre premier 4

Chapitre deuxième 5

Chapitre troisième 7

Chapitre quatrième 5

Chapitre Cinquième 6

Annexe 1________________________________________15

Réponse à l’ambiguïté des gens qui disent que la

divergence est une miséricorde__________________15

Annexe 2________________________________________15

Ce n'est pas toute erreur d'Ijtihad qui est

pardonné____________________________________18

Table des matières 20