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EDITORIAL M~d Mal Infect. 1992 ; 22 : 696 Les antiseptiques en 1992 L es actes d'asepsie et les d~sinfections sont usuels en milieu hospitalier. Si la qualit~ des protocoles d'application est essentielle, celle des antiseptiques et d~sinfectants doit ~galement atre prise en compte. Les produits utilis~s sont nombreux et leurs domaines d'application plus ou moins sp~cifiques. Uidentification des objectifs d'action n'est pas toujours aisle, la d~marche apparaissant tellement difficile qu'aucune r~glementation gan~rale n'a jamais pu voir le jour, malgra les nombreux projets proposb.s ces derni~res ann~es. Un fair peut sembler choquant : certains produits antiseptiques sont des m~dicaments dont la fabrication et la distribution sont bien contrOl~es, alors que d'autres sont commercialis~s comme de simples produits d'hygi~ne. En particulier, une partie des produits destines au lavage des mains r~pond seulement aux r~glementations sur les cosm~tiques. Ceci peut atre justifi~ par le fait que racte m~dical de preparation du champ op~ratoire est tr~s different du simple lavage des mains d'un visiteur dans une chambre occup~e par un patient non contagieux, de m~.me que rantisepsie des affections cutan~es par un traitement local d'appoint est sans grand rapport avec rapplication d'un produit de d~sinfection sur un endoscope. Toutes ces classes de produits font actuellement robjet de r~flexions trb.s ~tendues quant 8 la n~cessita d'en normaliser r~valuation et la distribution. Les progras sont tr~s lents et les avanc~es les plus notables ont ~t~ faites, les ann~es pass~es, darts la d~finition des mathodes d'~valuation en laboratoire (AFNOR, Monographie de la Pharmacop~e fran~aise). D'autres documents normatifs sont attendus pour les ann~es ~ venir, cette d~marche ayant pris une dimension intemationale avec les travaux de la Pharmacop~e europ~enne et des Comit~s Europ~ens de Normalisation (CEN TC 216). Au sein de cette structure, un groupe de travail sp~cifique dit DOsinfectants pour Usage M~dical ~tudie les applications hospitaliares et devrait permettre un rapprochement des techniques exp~rimentales d'~valuation en laboratoire avec les conditions r~elles d'emploi sur le terrain. Les esp~ces bact~riennes fr~quemment isol~es dans des infections hospitali~res, les mycobact~ries et les virus des h~patites pourront notamment atre pris en compte. La question sera de savoir appliquer les m~thodologies propos~es 8 une qualification optimale des produits commerciaux. Du point de vue des utilisateurs, la difficulta principale raside souvent dans ridentification du type de d~sinfection nacessaire. Cette d~marche, au cas par cas, permet ~ l'hygi~niste de s~lectionner un protocole adapta, ce protocole devant rester irr~versiblement li~ 8 des modes d'utilisation du ou des produits choisis. C'est cet ensemble qui devient une v~ritable r~gle de bonne pratique, atablie en connaissance de multiples facteurs : techniques d'application, dilution d'emploi, toxicitY, agrament, garanties sur la qualita et le suivi des approvisionnements. Du point de vue de la r~glementation, des propositions de nomenclature ont ~t~ faites par la Sociata Fran~aise d'Hygi~ne Hospitali~re, qui a class~ les diff~rents produits en 16 categories d'emploi, incluant les antiseptiques 8 vis~e th~rapeutique. Cette nomenclature, utilis~e pour les approvisionnements l'Assistance Publique-HOpitaux de Paris, est en fait un v~ritable cahier des charges. Le bilan de 4 annaes d'utilisation en est tras encourageant avec, pour principales consequences, une amelioration de la qualitb~ des produits retenus et une meilleure information li~e 8 la distribution de ces produits. Nous n'avons pas ~t~ jusqu'8 imposer le cadre trop strict d'une liste positive qui aurait pr~sent~ l'inconv~nient de tiger totalement la recherche et le d~veloppement de nouvelles formulations. Ace sujet, il apparait que la seule obligation r~glementaire actuelle, appliqu~e aux d~sinfections obligatoires dites terminales selon le d~cret 67-743 du 30 ao0t 1967, a surtout entra~n~ la promotion de produits chimiquement tr~s proches les uns des autres, et toxiques par les r~sidus de formaldehyde qu'ils laissent apr~s application. L'arr~t~ du 25 mars 1992 propose une alternative ~ ces produits en d~finissant un nouvel objectif de d~sinfection, accessible ~ des produits moins concentr~s en formaldehyde. Les responsables hospitaliers sont actuellement bien form,s, ils peuvent effectuer des choix judicieux, voire m~me effectuer des ~tudes sur le terrain qui vont bien au-del~ de la simple lecture d'une liste imposae de produits dans laquelle le coot interviendrait comme le seul crit~re. II est heureux de constater, clans les revues scientifiques, que les sujets "antisepsie et d~sinfection" font aujourd'hui robjet de recherches nombreuses et de qualitY. J. Ch DARBORD 696

Les antiseptiques en 1992

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EDITORIAL M~d Mal Infect. 1 9 9 2 ; 22 : 6 9 6

Les antiseptiques en 1 9 9 2

L es actes d'asepsie et les d~sinfections sont usuels en milieu hospitalier. Si la qualit~ des protocoles d'application est essentielle, celle des antiseptiques et d~sinfectants doit ~galement atre prise en compte. Les produits utilis~s sont nombreux et leurs domaines d'application plus ou moins sp~cifiques. Uidentification des objectifs d'action n'est pas toujours aisle, la d~marche apparaissant tellement difficile qu'aucune r~glementation gan~rale n'a jamais pu voir le jour, malgra les nombreux projets proposb.s ces derni~res ann~es. Un fair peut sembler choquant : certains produits antiseptiques sont des m~dicaments dont la fabrication et la distribution sont bien contrOl~es, alors que d'autres sont commercialis~s comme de simples produits d'hygi~ne. En particulier, une partie des produits destines au lavage des mains r~pond seulement aux r~glementations sur les cosm~tiques. Ceci peut atre justifi~ par le fait que racte m~dical de preparation du champ op~ratoire est tr~s different du simple lavage des mains d'un visiteur dans une chambre occup~e par un patient non contagieux, de m~.me que rantisepsie des affections cutan~es par un traitement local d'appoint est sans grand rapport avec rapplication d'un produit de d~sinfection sur un endoscope. Toutes ces classes de produits font actuellement robjet de r~flexions trb.s ~tendues quant 8 la n~cessita d'en normaliser r~valuation et la distribution. Les progras sont tr~s lents et les avanc~es les plus notables ont ~t~ faites, les ann~es pass~es, darts la d~finition des mathodes d'~valuation en laboratoire (AFNOR, Monographie de la Pharmacop~e fran~aise). D'autres documents normatifs sont attendus pour les ann~es ~ venir, cette d~marche ayant pris une dimension intemationale avec les travaux de la Pharmacop~e europ~enne et des Comit~s Europ~ens de Normalisation (CEN TC 216). Au sein de cette structure, un groupe de travail sp~cifique dit DOsinfectants pour Usage M~dical ~tudie les applications hospitaliares et devrait permettre un rapprochement des techniques exp~rimentales d'~valuation en laboratoire avec les conditions r~elles d'emploi sur le terrain. Les esp~ces bact~riennes fr~quemment isol~es dans des infections hospitali~res, les mycobact~ries et les virus des h~patites pourront no tamment atre pris en compte. La question sera de savoir appliquer les m~thodologies propos~es 8 une qualification optimale des produits commerciaux.

Du point de vue des utilisateurs, la difficulta principale raside souvent dans ridentification du type de d~sinfection nacessaire. Cette d~marche, au cas par cas, permet ~ l'hygi~niste de s~lectionner un protocole adapta, ce protocole devant rester irr~versiblement li~ 8 des modes d'utilisation du ou des produits choisis. C'est cet ensemble qui devient une v~ritable r~gle de bonne pratique, atablie en connaissance de multiples facteurs : techniques d'application, dilution d'emploi, toxicitY, agrament, garanties sur la qualita et le suivi des approvisionnements.

Du point de vue de la r~glementation, des propositions de nomenclature ont ~t~ faites par la Sociata Fran~aise d'Hygi~ne Hospitali~re, qui a class~ les diff~rents produits en 16 categories d'emploi, incluant les antiseptiques 8 vis~e th~rapeutique. Cette nomenclature, utilis~e pour les approvisionnements l'Assistance Publique-HOpitaux de Paris, est en fait un v~ritable cahier des charges. Le bilan de 4 annaes d'utilisation en est tras encourageant avec, pour principales consequences, une amelioration de la qualitb~ des produits retenus et une meilleure information li~e 8 la distribution de ces produits. Nous n'avons pas ~t~ jusqu'8 imposer le cadre trop strict d'une liste positive qui aurait pr~sent~ l'inconv~nient de tiger totalement la recherche et le d~veloppement de nouvelles formulations. A c e sujet, il apparait que la seule obligation r~glementaire actuelle, appliqu~e aux d~sinfections obligatoires dites terminales selon le d~cret 67-743 du 30 ao0t 1967, a surtout entra~n~ la promotion de produits chimiquement tr~s proches les uns des autres, et toxiques par les r~sidus de formaldehyde qu'ils laissent apr~s application. L'arr~t~ du 25 mars 1992 propose une alternative ~ ces produits en d~finissant un nouvel objectif de d~sinfection, accessible ~ des produits moins concentr~s en formaldehyde.

Les responsables hospitaliers sont actuellement bien form,s, ils peuvent effectuer des choix judicieux, voire m~me effectuer des ~tudes sur le terrain qui vont bien au-del~ de la simple lecture d'une liste imposae de produits dans laquelle le coot interviendrait comme le seul crit~re. II est heureux de constater, clans les revues scientifiques, que les sujets "antisepsie et d~sinfection" font aujourd'hui robjet de recherches nombreuses et de qualitY.

J. Ch DARBORD

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