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SAVARD D’APRÈS HERGÉ

LES AVENTURES PARODIQUES DE TINTIN

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SAVARD D’APRÈS HERGÉ

Le Monde remercie la Société Moulinsart et la Fondation Hergéainsi que les éditions Casterman France et Dargaud Editeur,

qui lui ont permis de mener à bien cette aventure-pastiche de Tintin.

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DIDIER SAVARD

Conteur d’histoires

COMMENT un pur produit de la« laïque » en vient-il à dessiner pour lapresse catholique ? Le hasard des ren-contres et un zeste de destin ont faitque Didier Savard, fils d’un coupled’instituteurs de l’école publique, a fré-quemment travaillé pour Bayard Presseet Fleurus, les deux groupes de pressecatholiques spécialisés dans les jour-naux destinés à l’enfance et à la jeu-nesse. L’univers inventé par le créateurdu personnage-détective Dick Hérissonest probablement assez classique et sontalent de conteur assez riche pour atti-rer l’œil et l’intérêt des responsables deces deux respectables maisons.

Le monde de Didier Savard est parti-culier. Il aime décrire des décors des an-nées 20 et 30, des lieux hantés par unpassé trouble, y faire évoluer des per-

sonnages baroques – diva sanguinaire,savant fou, monstres ou directeur decirque mégalomane – au gré d’intriguesà double ou triple fond que décrypteson héros, le détective Dick Hérisson.

Cet univers, Didier Savard, né en1950, l’a puisé aux souvenirs de son en-fance et de son adolescence, mais aussià ses lectures. Grand amateur de cesfeuilletons populaires « à deux sous »publiés autrefois dans la presse, il dé-vore les œuvres de Gaston Leroux, deJean Ray (le père de Harry Dickson), etbien sûr les aventures de Tintin ou deBlake et Mortimer.

Ses parents ont enseigné pendantplus de quinze ans dans une école ins-tallée à l’intérieur d’un hôpital duXIXe siècle, en banlieue parisienne, dontdes détails apparaissent dans son der-

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dessin et à se lancer. « Je suis remonté àParis, comme le font tous les provinciaux,avec un carton à dessins sous le bras »,s’amuse-t-il aujourd’hui.

Nikita Mandryka, créateur duConcombre masqué, lui offre de faire unbout de chemin avec Charlie, le men-suel que les éditions Dargaud viennentde racheter. L’Ombre du torero, pre-mière enquête de Dick Hérisson forte-ment influencée par des ambiances à la

Jean Ray et à la Blake etMortimer, est publiéedans le journal, puis enalbum en 1984. « Monhéros, c’est surtout uneatmosphère, une am-biance, explique DidierSavard. Mais j’ignoraisque ce premier albumserait le début d’unesérie. »

Le deuxième tome, LesVoleurs d’oreilles, se transforme en coupde maître puisqu’il décroche un prix auFestival du polar de Reims, un an plustard. Une autre rencontre va peser dansson destin d’auteur, celle de Jean-Claude Forest. Le père de Barbarella,chargé des pages BD d’Okapi, mensuelde Bayard Presse, s’intéresse à DidierSavard au point de lui proposer d’illus-trer un de ses scénarios. Le travail dutandem aboutit aux aventures de Leo-nid Beaudragon, dont le premier récit,Le Fantôme du Mandchou fou, récitthéâtral et fantastique, remporte unprix au Festival de BD d’Angoulême en1987. Et des liens d’amitié se tissent

nier album, La Maison du pendu(« Le Monde des livres » du 15 mai1998). Cet ensemble monumental, dis-posant d’un parc et d’une morgue mar-quée d’une croix blanche, a profondé-ment influencé l’imaginaire dudessinateur, sensible à « cet univers dedécadence et à ces vieilles maisons bour-geoises des années 30 ».

Un autre décor et une autre lumières’inscrivent aussi au panthéon imagi-naire de Didier Sa-vard : la Provence. Ar-mé d’un diplôme deprofesseur d’anglais, ilpart dans les années 70enseigner à Arles, « at-tiré, comme tout Pari-sien, par le Sud et le so-leil ». C’est l’époque dela vie en communauté,de la rencontre avecson épouse et du re-tour au crayon. « Je dessinais en dilet-tante », confie-t-il. Des dessins pour lapresse notamment : une version sati-rique de la vie d’Augusto Pinochet pourLibération ; des comptes-rendus pourSurvivre et vivre, un magazine d’écolo-gie, « à un moment où il n’était pas poli-tiquement correct d’être écologiste » ;pour le journal marseillais Méfi ; pour lapremière formule de L’Echo des sa-vanes...

Une exposition locale l’incite à sortirde ses cartons les croquis réalisés pen-dant son adolescence. Une rencontreavec l’auteur de BD arlésien Jean-PierreAutheman le pousse à renouer avec le

« Je suis remontéà Paris,comme le fonttous les provinciaux,avec un cartonà dessinssous le bras »

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entre Savard et Forest, récemment dé-cédé alors qu’il mettait justement unpoint final à l’adaptation romanesquedes aventures de Leonid Beaudragon.

Une guerre de palais à Okapi met lesdeux auteurs de bandes dessinées à larue et les fait passer avec armes et ba-gages chez Alpen - Humanoïdes asso-ciés. Entre-temps, la série de Dick Hé-risson continue chez Dargaud. Le destinpoursuit le fils de la « laïque » : la mai-son d’édition deGeorges Dargaud estrachetée par le très ca-tholique Groupe Am-père, en 1988, faisantfuir de nombreux au-teurs. Didier Savard abeau glisser des dia-logues de la Justine dumarquis de Sade dansl’album Le Vampire dela Coste, quatrièmeaventure de son détec-tive, le couperet de la censure dévie.Après Bayard Presse, c’est la maison ri-vale, Fleurus Presse, qui lui fait uneoffre : reprendre les personnages dePerlin et Pinpin, conçus par MauriceCuvillier pour Ames vaillantes pendantla guerre, mais tombés dans l’oubli de-puis 1968.

La proposition tombe pile. Jusque-làpeu intéressé par les univers enfantins,Didier Savard vient d‘avoir unefillette, Cordélia. Il découvre « avecémerveillement » l’ambiance de Perlinet Pinpin, qu’il revisite à sa façon,en s’inspirant des deux gamins bruxel-

lois créés par Hergé, Quick et Flupke.Dubitatif sur son talent de dessina-

teur – « Je n’ai pas la virtuosité d’un Ca-banes ou d’un Loisel » –, Didier Savardpréfère s’en remettre à son talent deconteur et à son goût pour les atmo-sphères. « Raconter, c’est très intéressant,mais dessiner ensuite... », dit-il.

Raconter, quelle que soit la forme.Ainsi, quand on lui confie l’écriture d’unfeuilleton radio pour France-Inter, il en

parle comme de « l’expé-rience de [sa] vie, même siles cadences d’écriture ontété infernales ». Succé-dant au Perroquet des Ba-tignolles de Jacques Tardiet Michel Boujut, DidierSavard a écrit avec So-phie Loubières cent épi-sodes du Coffre rouge eta commencé un nouveaufeuilleton, Le Mystère deMornefange, diffusé quo-

tidiennement depuis le début du moisdans l’émission « Bien entendu ».

Héritier de la « ligne claire », école deBD initiée par Hergé et Edgar P. Jacobsnotamment, Didier Savard est aussi unexcellent connaisseur de l’univers deTintin. Il a écrit et dessiné, en moins dedeux mois, les vingt-quatre planchesd’une aventure-pastiche du jeune re-porter, revenu, le temps d’un hommageà une œuvre et à un héros qui célèbreses soixante-dix ans, mener une nou-velle enquête, non plus pour Le Petit XXe

mais pour Le Monde : Objectif Monde.Yves-Marie Labé

Le destin poursuitle fils de la laïque : la maison d’éditionde Georges Dargaudest rachetéepar le très catholiqueGroupe Ampère,en 1988

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BIBLIOGRAPHIE

a 1973. Le Fabuleux Destind’Augusto Pinochet,chez Jean-Jacques Pauvert.a 1979. Demain ça iraencore mieux,chez Encre noire.a 1984. La Satiétédu spectacle,recueil de dessinsde presse chez Artefact. a Perlin et Pinpin,

scénario de Sylvie Escudié,chez Hélyode - Fleurus Presse.1993.Tome 1 : La Grenouille noire.Tome 2 : La Poudreà remonter le temps.Tome 3 : La Planète des Sis.Tome 4 : La Chenille géante.

1984. L’Ombre du torero.1985. Les Voleurs d’oreilles,Trophée 813 au Festivaldu polar de Reims.1987. L’Opéra maudit.1990. Le Vampire de la Coste.1993. La Conspirationdes poissonniers.1994. Frères de cendres.1996. Le Tombeau d’Absalom.1998. La Maison du pendu.

a Leonid Beaudragon,scénario de Jean-Claude Forest,chez Alpen - Humanoïdes associés.1986. Le Fantômedu Mandchou fou,Prix jeunesse 1987, Angoulême.1990. La Nuit des totems.1992. Le Scaphandrier du lundi.

LeMonde Job: WIV0101--0031-0 WAS DIV0101-31 Op.: XX Rev.: 26-01-99 T.: 19:54 S.: 55,06-Cmp.:27,09, Base : LMQPAG 37Fap:100 No:1819 Lcp: 700 CMYK

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LeMonde Job: WIV0101--0032-0 WAS DIV0101-32 Op.: XX Rev.: 26-01-99 T.: 18:49 S.: 55,06-Cmp.:27,09, Base : LMQPAG 37Fap:100 No:1820 Lcp: 700 CMYK

LES AVENTURES DE TINTIN ET MILOU

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