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Les Chinois en Afrique de l'Ouest: au-delà des mythes (Chinese in West Africa: Beyond the Myths) Author(s): Hélène Le Bail Source: Africa Spectrum, Vol. 43, No. 3 (2008), pp. 439-441 Published by: Institute of African Affairs at GIGA, Hamburg/Germany Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40175260 . Accessed: 14/06/2014 14:58 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Institute of African Affairs at GIGA, Hamburg/Germany is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Africa Spectrum. http://www.jstor.org This content downloaded from 91.229.229.162 on Sat, 14 Jun 2014 14:58:10 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Les Chinois en Afrique de l'Ouest: au-delà des mythes (Chinese in West Africa: Beyond the Myths)

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Les Chinois en Afrique de l'Ouest: au-delà des mythes (Chinese in West Africa: Beyond theMyths)Author(s): Hélène Le BailSource: Africa Spectrum, Vol. 43, No. 3 (2008), pp. 439-441Published by: Institute of African Affairs at GIGA, Hamburg/GermanyStable URL: http://www.jstor.org/stable/40175260 .

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Afrika Spectrum 43 (2008) 3: 439-441 © 2007 GIGA Institute ofAfrican Affairs, Hamburg

Konferenzbericht/ Conference Report

Helene Le Bail

Les Chinois en Afrique de l'Ouest: au-delä des mythes 14 mai 2008 Agence frangaise de Developpement, Paris

Cette Conference est l'aboutissement d'un des tout premiers travail de terrain en sociologie realise aupres des Chinois vivant en Afrique gräce au soutien financier de l'Agence frangaise de Developpement (Afd) et du Reseau euro- peen d'analyse des societes politiques (Reasopo). Antoine Kernen (chercheur ä TUniversite de Lausanne ) et Mathilde Dupre et Weijing Shi (etudiantes de master ä l'Institut d'etudes politiques de Paris) y ont presente les resultats d'un travail de terrain mene dans trois pays de 1' Afrique de l'ouest franco- phone : le Mali, le Senegal et le Benin.

Le projet, est parti de l'impression que les analyses de la presence chi- noise en Afrique posaient mal la question du röle de l'Etat qui n'est plus om- nipresent. II lui semblait necessaire de se demander comment les entrepre- neurs chinois prennent leurs distances avec l'Etat chinois et egalement de mettre un peu de cöte la question petroliere qui tend ä occulter d'autres dy- namiques d'oü le choix de pays qui ne sont pas producteurs de petrole. La presence chinoise en Afrique n'est pas exclusivement liee aux strategies d'acces aux ressources energetiques, il n'existe pas une « Strategie chinoise » en Afrique, mais au contraire une diver site des parcours migratoires.

Tableau des residents chinois en Afrique de l'Ouest

Un constat de base des deux etudes a porte sur le nombre de residents chi- nois. Si l'on exclut les Chinois arrives avec un contrat de travail de courte du- ree et les diplomates, le nombre de Chinois est finalement peu eleve et il ap- parait ainsi que la presse fait dernierement beaucoup de bruit pour un petit nombre de personnes, certes tres visibles. Au Mali, hors diplomates, la popu- lation chinoise serait de l'ordre de 1200 personnes (565 actifs et 635 membres de famille), au Benin, eile serait de 861 personnes (613 actifs et 248 membres de famille). La proportion d'hommes serait de 75% au Mali et 78% au Benin indiquant que beaucoup sont venus seuls.

Les secteurs d'activite des PME chinoises sont de cinq types : le com- merce (detaillants et grossistes), l'hötellerie, la construction, la medecine et l'exploitation des ressources minieres. Toutefois, d'un pays ä 1' autre la re- partition par type d'activite est tres differente. Au Mali (Bamako), les PME

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chinoises investissent notamment dans Thotellerie/restauration (75 PME), la construction (10 ä 40 PME), le commerce (15) et la medecine (10-15). Au Se- negal (Dakar), les commergants sont de loin les plus nombreux (160 PME), les enquetes n'ont denombre que trois entreprise d'hötellerie, une de cons- truction et deux medecins. Enfin on ne trouve des entrepreneurs dans le sec- teur de l'exploitation des ressources naturelles qu'au Benin.

Au Senegal ou au Benin, les petits commerqants se fönt une vive con- currence. Les entrepreneurs chinois s'assurent de pouvoir bouger tr&s rapi- dement. Au courant des prix relatifs dans les villes portuaires de l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest, ils sont prets ä se deplacer vers un autre marche et ä changer de pays de residence. 20 ä 30% d'entre eux ont dejä vecu dans un au- tre pays africain.

L'intögration dans la societe d'accueil et l'apprentissage de la langue ou des langues locales semble avoir un rapport avec l'histoire des relations bila- terales. Ainsi au Mali, pays qui a une longue histoire de relations diplomati- ques avec la Chine, 58% des chefs d' entreprise parlent francais et 37% parlent bambara. II y a de nombreux traducteurs maliens qui ont etudie en Chine. La communaute chinoise de Bamako etant plus ancienne que celle des autres pays, il existe une association de defense des interets des entrepreneurs chi- nois. Au Benin au contraire, si 80% des entrepreneurs parlent quelques mots de frangais ou d'une des langues locales, seuls 23% peuvent vraiment s'exprimer en francais.

Au niveau de leur profil sociologique, les enquetes montrent que les en-

trepreneurs de PME, appartenaient en Chine souvent ä la classe moyenne urbaine. Ils ont choisi l'Afrique parce que les demarches administratives d'immigration etaient plus faciles et qu'ils connaissaient quelqu'un sur place. On trouve contre toute attente peu d'employes de la construction restes sur place. Toutefois, les patrons des entreprises un peu plus grandes sont parfois arrives avec un contrat pour une entreprise publique chinoise puis se sont mis ä leur compte. Ils ont cre£ des filiales d'entreprises chinoises et entre- tiennent des relations plus suivies avec les ambassades.

Impact sur l'economie locale

La question souvent posee est celle de la concurrence que ces entrepreneurs representent pour les populations africaines. Rappeions tout d'abord que la logique d'entraide ethnique n'est pas evidente et au contraire que les Chinois se fönt aussi concurrence entre eux. Contrairement ä une idee regue, il ne faut pas non plus surestimer le soutien accorde par TEtat chinois aux entre- prises chinoises en Afrique.

Les Africains eux-memes importent beaucoup de produits de la Chine, il est important de ne pas confondre la presence d' entrepreneurs chinois avec

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la presence de produits chinois. Certes les entreprises chinoises possedent des atouts dans ce secteur d'activites puisque 80% des entreprises s'appro- visionnent exclusivement en Chine et ils sont nombreux ä etre en contact di- rect avec leur fournisseur. Ceux qui travaillent depuis longtemps avec le meme fournisseur profitent de prix avantageux. Toutefois, les etudes mon- trent que la presence des commergants chinois varie selon les produits. Par exemple 88 % des chaussures au Benin sont importees de Chine, dont 29,4 % par des Chinois. Par contre si 89 % des v§tements sont importes de Chine, les entrepreneurs chinois n'occupent que 6,7 % du marche.

Contrairement aux prejuges, ces entrepreneurs creent des emplois pour les travailleurs locaux puisque la part des effectifs chinois dans les entrepri- ses chinoises privees et publiques n'est que de 15 % au Benin et de 6,7 % au Mali. Le probleme est plutöt celui du type d' emplois proposes qui sont sou- vent des emplois subalternes. Enfin, les Chinois sont regulierement accuses d'alimenter l'activite informelle, ce qui a peu de sens dans la mesure oü dans ces pays la part de l'activite informelle est dominante. La plupart des entre-

prises chinoises semblent enregistrees, bien qu'une part de leurs activites echappe ä la legislation: si au Mali 63% des entrepreneurs chinois disent

payer des impöts, selon Tadministration seulement 1/3 le feraient vraiment. Les r£sultats d'enquetes presentes au cours de cette Conference ouvrent

un champs de recherche particulierement large et ont permis une mise en va- leur de la diversite des parcours migratoires, des motivations et des perspec- tives des entrepreneurs chinois dans ces pays. Ils tendent ä deconstruire un certain nombre de prejuges, £veillent de nouveaux questionnements sur les interactions avec les societes d'accueil, sur les mouvements regionaux et sur les retours en Chine.

Helene Le Bail (Dr.) est docteur en Sciences politiques, Specialisation Asie (Institut d' Etudes Politiques de Paris/ Sciences Po et Centre d'^tudes et de recherches internationales - CERI ainsi que Universit£ Hitotsubashi de Tokyo - 2006) et sinologue. Depuis 2008 eile est chercheur ä l'IFRI (Institut franc,ais de relations internationales) dans le Programme Chine. En 2007, eile a et£ chercheur invit§ ä l'Universite Waseda de Tokyo. Ses champs de recher- che s'etendent des relations sino-japonaises (colonisation, relations culturelles) ä la migra- tion, notamment des elites et ä la migration chinoise.

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