50
0 Froid Chaud Forestier Océanique LES DÉSERTS POUR RECONSIDÉRER LA RELATION ÉCOUMÈNE - TIERS PAYSAGE MÉMOIRE étudiants Sébastien Dangin Damien Sperandio Grégory Dessapt Sophie Védrinne enseignants Bernard Duprat Marc Filiu intervenants extérieurs Pierre Foras Jean-Louis Izard René Achaintre François Ramade ENSAL 2006

LES DÉSERTS LA RELATION ÉCOUMÈNE - … · LES DÉSERTS POUR RECONSIDÉRER LA RELATION ... Notion de climats, d’écozones, de biomes ... qui contiendrait tous les objets de ce

Embed Size (px)

Citation preview

0Froid Chaud Forestier Océanique

LES DÉSERTSPOUR RECONSIDÉRER

LA RELATION ÉCOUMÈNE - TIERS PAYSAGE

MÉMOIRE

étudiantsSébastien DanginDamien SperandioGrégory DessaptSophie Védrinne

enseignantsBernard DupratMarc Filiu

intervenants extérieursPierre ForasJean-Louis IzardRené AchaintreFrançois Ramade

ENSAL 2006

0Froid Chaud Forestier Océanique

1/ MÉThODOLOGIE ��������������������������������������������������������������������������������������������������� 4

11/ PRObLÉMATIqUE 41�/ ENjEUx 413/ ThÉMATIqUE 414/ NOTRE APPROChE 515/ ObjECTIF DE CE MÉMOIRE 516/ PLAN 5

�/ NOTIONS DE bASE ����������������������������������������������������������������������������������������������� II6

�1/ DONNÉES ChOISIES DE GÉOGRAPhIE PhYSIqUE II6La Terre II6Notion d’espaces II6Notion de climats, d’écozones, de biomes II7Notion de résilience d’un écosystème II9��/ DONNÉES ChOISIES SUR LE CORPS hUMAIN II9Eau et température du corps humain II9L’eau, composante essentielle du corps II9L’homme, animal endotherme homéotherme II10

Le froid II10Généralités II10

Autres notes : II10Les risques II11

Le chaud II12Généralités II12Les risques : les troubles liés à la chaleur II13

Les fortes pressions II15Les effets mécaniques II15La décompression II16La toxicité des gaz II16L’augmentation de la pression partielle (pp) a des effets différents en fonction du gaz : II17

�3/ DONNÉES ChOISIES DE GÉOGRAPhIE DU PEUPLEMENT II18Un peuplement inégal de la planète II18Foyers principaux, foyers secondaires et noyaux de peuplement II18Le reste est vide II18

Eléments d’explication II19�4/ ENvISAGER UN ESPACE DE L’hOMME ET UN ESPACE SANS L’hOMME II19Le problème de l’ordre de grandeur II19Définir l’espace sans l’homme : le Tiers paysage II19Un espace non-anthropisé II19Un espace vide II20Un blanc sur la carte II20Un désert II20Le « Tiers paysage » II21

Définir l’espace de l’homme : l’écoumène II22Un espace habité II22L’écoumène II23

�5/ qUALIFIER L’ÉCOUMÈNE ET LE TIERS PAYSAGE II�5Qualifier le Tiers paysage II25Trois types de Tiers paysage II25Les ensembles primaires II25

Qualifier l’écoumène II25Espace rural II25Que dit le Code de l’Urbanisme pour les zones de montagne II26Espace urbain II27Colonie II30Etc. II31

Les intéractions Écoumène / Tiers paysage II31Les fronts pionniers II31Les réseaux II31La friche II31Le tourisme II32Persistance et inertie du peuplement II32

�6/ CONCLUSION II33

3

0Froid Chaud Forestier Océanique

Une bipolarité spatiale II33Une anthropisation à remettre en cause II33�7/ POSTULAT II34Les déserts pour étudier le système écoumène - Tiers paysage II34Pourquoi intervenir sur un milieu II34Pourquoi le Tiers paysage II34Pourquoi le désert II34

3 / hYPOThÈSES ���������������������������������������������������������������������������������������������������� III35

31/ UN OUTIL UTILE : L’AUTOCORRÉLATION SPATIALE III35Définition III35Application III353�/ hYPOThÈSE 1 III36Éviter Globalia III36

33/ hYPOThÈSE � III37Éviter Détroit III37

34/ hYPOThÈSE 3 ? III38

4 / CONSTRUCTION DE NOTRE hYPOThÈSE 3 ��������������������������������������������������� Iv43

41/ ObjECTIFS ET OUTILS Iv43Objectifs prioritaires IV43Outils IV43

4�/ TRADUCTION POUR L’ARChITECTE Iv43Proposer une architecture tournée vers le Tiers paysage IV43Proposer une architecture qui tend vers l’impact 0 IV4443/ LIEUx Où ExPÉRIMENTER NOTRE hYPOThÈSE 3 Iv44

5/ ExPÉRIMENTER L’hYPOThÈSE 3 : NOS PROjETS ����������������������������������������������� v45

51/ POURqUOI DES PROjETS FINIS ET DE TAILLE RÉDUITE v455�/ NOTE SUR NOS PROGRAMMES v45

6/ RESSOURCES PARTAGÉES ����������������������������������������������������������������������������������vI46

Manifestes, essais VI46Géographie physique et peuplement, environnement VI46Climat VI46Architecture VI47Fictions VI47

Mét

hodo

logi

e •

4

0Froid Chaud Forestier Océanique

1/ Méthodologie

11/ Problématique

L’homme s’intéresse aux derniers espaces non anthropisés de la planète : des terres sauvages et difficilement accessibles, imprégnées de l’imaginaire collectif, aux écosystèmes souvent fragiles, ou riches d’une diversité biologique encore largement inconnue ; et aussi des fragments d’espace délaissés, au cœur et aux marges des foyers de peuplement.

Aujourd’hui, l’homme ne se confronte que temporairement aux étendues géographiques réputées hostiles, du point de vue climatique ou topographique (déserts arides chauds ou froids, haute montagne, océans, forêts) : par intérêt scientifique, par goût de l’extrême (treks, tourisme d’aventure) ou par nécessité de s’approvisionner en énergie et en matière (mines, bois, forages, carrières, etc.). Demain, ces étendues risquent d’être nettement plus anthropisées sous l’effet des pressions touristiques, démographiques et économiques.

Aujourd’hui, les délaissés des foyers de peuplement sont jugés non rentables ou restent même invisibles à l’oeil de l’aménageur. Demain, ils seront eux aussi convoités et (re-)conquis.

L’homme a-t-il pleinement conscience des conséquences d’une anthropisation totale de sa planète ?

Pour l’architecte, la question est la suivante : est-il possible d’intervenir, si besoin est, sur des espaces encore non anthropisés sans en détruire l’essence, c’est-à-dire sans les anthropiser ? Comment pénétrer une nature à peine parcourue par l’homme et libre de son pouvoir, sans la dénaturer ?L’architecte doit initier une réflexion et développer des solutions qui participeront à une relation durable entre des territoires lourdement aménagés, des prolongations plus ou moins isolées et éphémères de ces territoires, et un milieu non anthropisé qu’il n’est pas (encore) envisageable d’occuper.

1�/ Enjeux

En tant que futurs architectes, nous avons bien conscience que nous ne pouvons intervenir sur toutes les dimensions du problème. Certaines nous échappent, comme elles échappent à la plupart des individus quelle que soit leur profession.Nous estimons, avec nos outils, avoir un rôle à jouer dans :

la limitation de l’anthropisation de la panète (dépollution, préservation d’espaces non aménagés)l’adaptation de l’espèce à l’évolution climatologique de la planète (glaciations, réchauffement, désertification…)la préparation à l’exploration de l’univers au-delà de la Terre si toutefois l’intérêt d’une telle exploration se confirme

Il nous tient à cœur de nous attaquer à un problème moins couvert et à une échelle plus familière de la géographie que du projet urbain ou architectural. Le changement de lieu et d’échelle doit nous permettre de percevoir notre pratique sous un autre angle.

13/ Thématique

Le thème du peuplement de la planète fait déjà l’objet de nombreuses questions.Certaines sont posées à l’échelle du globe, ou à l’échelle d’une région géographique, par différentes disciplines : géographie, histoire, démographie, écologie, etc. Pourquoi la répartition spatiale de la population est telle qu’on la connaît aujourd’hui ? Avec mégalopoles et conurbations d’une part, et grands espaces presque inhabités de l’autre ? Avec Etats-nations, fédérations, juxtapositions de « pays » hétéroclites ? Pourquoi certaines vallées sont très peuplées ? Pourquoi des espaces riches en ressources (minerais, hydrocarbures) ne sont pas exploités ? Le seront-ils un jour ? Quelles sont les incidences écologiques (climat, pollution atmosphérique, terrestre et maritime) de la concentration humaine ? Quelles sont les interactions entre concentration humaine et économie ?D’autres sont posées à l’échelle de l’agglomération, et dans une plage de temps plus restreinte, pour

Mét

hodo

logi

e •

5

0Froid Chaud Forestier Océanique

saisir les nouveaux phénomènes migratoires (suburbanisation, métropolisation ou périurbanisation, rurbanisation, etc.) qui se développent entre les différentes composantes d’une agglomération, et ce qui entoure l’agglomération.Les deux types de questions sont en rapport.

Les « changements » climatiques, et l’équilibre des écosystèmes, sont un sujet de débat majeur de ces dernières décennies pour les météorologues, les astronomes, les glaciologues, les climatologues, les écologistes, les politiques. Si tous se disputent sur l’origine naturelle ou humaine des changements, et sur leur amplitude, ils s’accordent au moins sur leur réalité et sur la nécessité pour l’homme de s’adapter à des contraintes multiples et résolument nouvelles, y compris dans les régions tempérées et fertiles qui ont permis le développement des civilisations occidentales. Les lobbies industriels et financiers ne sont pas absents du débat. La survie de l’homme sera conditionnée par sa capacité d’anticipation. L’anticipation appartient aussi à l’architecte.

14/ Notre approche

Nous tiendrons compte des enseignements de la géographie du peuplement (c’est-à-dire, une science à la fois naturelle et humaine qui s’intéresse aux rapports entre la composition et la localisation de la population, et les caractéristiques physiques de l’espace). Mais, naturellement, ce travail sera mené avec nos outils et notre regard de futurs architectes.

Un ouvrage tient une place particulière dans notre questionnement : Le Manifeste du Tiers Paysage, de Gilles Clément.

Notre questionnement touche à la notion de développement durable. Nous espérons nous dégager du flot quotidien des messages médiatiques et technocratiques qui utilisent cette notion à bon et à mauvais escient.

Notre questionnement n’exclut pas une part d’utopie. Utopie n’est absolument pas synonyme de fantaisie. C’est le moteur de la pensée libre. C’est l’antidote aux « méthodes » définitives et expéditives qui, dans le cas du développement durable, se limitent à intégrer pragmatiquement ces trois aspects désormais communs : la société, l’économie, et l’écologie.

La volonté de mener une recherche collective est à l’origine de notre regroupement en quadrinôme.

15/ Objectif de ce mémoire

Ce document est une sélection de connaissances essentielles à la compréhension de notre stratégie d’intervention.Ce document est un support méthodologique.Ce document est une notice descriptive de nos projets, individuels, concrets et localisés. Ceux-ci sont indépendants et illustrent quatre types de solutions architecturales spécifiques, qui sont cependant toutes au service d’une approche globale de la relation écoumène - Tiers paysage.

16/ Plan

Notions de base : une sélection de connaissances de géographie physique et humaine, d’urbanisme et d’aménagement territorial, de biologie. Hypothèses sur le peuplement et extrapolations.Propositions globales.Projets : expérimentation des propositions grâce à des lieux et des programmes spécifiques, à caractère démonstratif.

Se référer à la bibliographie pour les références complètes des ouvrages dont seul le titre sera mentionné tout au long du mémoire.

Not

ions

de

base

• I

I6

0Froid Chaud Forestier Océanique

�/ Notions de baseS’intéresser à l’anthropisation de la planète sera pour nous s’intéresser à :

La planète Terre, espace premier d’évolution de l’homme, par la géographie physiqueL’espèce humaine et ses “caractéristiques”, c’est-à-dire l’homme lui-même, par la biologieL’investissement de l’espace par l’espèce, par la géographie du peuplement

�1/ Données choisies de géographie physique

La Terre

Eau liquide, glace, neige, pergélisol, roche, la surface de notre planète n’est pas constituée que de la terre fertile de nos riches pays.

Haute mer, haute montagne, pôles, forêts luxuriantes, taïga, toundra, autant de milieux ignorés par de nombreux architectes.

Notion d’espacesL’espace euclidien de l’architecte permet bien de rendre compte de ce qu’il dessine : des lignes, des surfaces, des volumes, donc avec trois dimensions, et des règles géométriques. Mais il ne permet pas de rendre compte de tout ce qu’il perçoit. Qu’en est-il de la dimension du temps ? Ou tout simplement des forces en jeu (mécaniques, électromagnétiques, gravitationnelle) ? Des énergies ?On peut élargir le concept d’espace par l’idée de l’Espace au sens philosophique : milieu indéfini et universel, qui contiendrait tous les objets de ce monde et toutes les lois qui le régissent, qui dépasserait ce qui nous est donné à toucher, à voir, ou à comprendre, jusqu’à intégrer le rêve.L’idée de milieu, très employée avec l’essor de l’écologie, nous intéresse : elle renvoie à l’idée d’environnement, défini en fonction de l’espèce vivante qui y vit.Dans notre travail, nous utiliserons surtout le terme espace pour parler d’une portion de l’espace global. Ceci renvoie à l’idée d’étendue géographique, ou de territoire, avec des qualités propres, qui lui donnent une identité. L’étendue, dans son sens littéraire, a un connotation d’horizontalité et d’ampleur. Au contraire nous entendons le lieu comme un point de l’espace, plus qu’une surface. Celui-ci est d’abord caractérisé par une position, et éventuellement des propriétés. Notre approche ne nécessite pas, comme nous le verrons plus loin, de sélectionner un lieu précis pour nos projets, mais rien ne l’interdit.Même si les espaces étudiés dans ce mémoire sont abordés de façon très pragmatique, ils ne se résument pas à leur définition matérielle, à leurs contraintes climatiques, et à leur intérêt ou non pour l’homme. Les dimensions qui les définissent sont multiples.

Not

ions

de

base

• I

I7

0Froid Chaud Forestier Océanique

Notion de climats, d’écozones, de biomesLe climat est un des paramètres prépondérants dans l’établissement humain.Nous rassemblons ici plusieurs classifications climatologiques, sans chercher à en constituer une et une seule. Elles se limitent aux données climatiques pures ou intègrent d’autres paramètres.

Les climats selon Solar 1990Tropical

Humide en permanenceHumide avec de courtes périodes sèchesHumide en été (périodiquement sec)Sec

SubtropicalHumide en permanenceHumide avec un maximum estivalHumide avec de courtes périodes sèchesHumide en été (périodiquement sec)Humide en hiver (périodiquement sec)SecEn Inde : précipitation pendant 2 mois à la mousson

TempéréHumide en permanenceHumide avec un maximum estivalHumide en été (périodiquement sec)Demi-secSec

FroidSubpolaireSubpolaire secPolaire humidePolaire secPolaire

Climat de haute montagne (en superposition)HumideSec

Climat de hauts plateaux (en superposition)HumideSec

Les écozones selon Solar �00�Zones tropicales

I Climats toujours humides, forêt pluviale tropicale (ombrophile), savane humideII Climats à saison des pluies d’été, savane humide à aride, forêt à feuilles caduques (décidue)

Zones subtropicalesIII Climats arides à semi-arides, subtropicaux à tropicaux, brousse épineuse, désertIV Climats à saison des pluies d’été ou toujours humides, forêt de mousson, brousse arboréeV Climats méditerranéens humides en été, secs en hiver, forêt sempervirente, brousse arborée

Latitudes moyennes (tempérées)VI Steppes froides en hiver, climats semi-arides à arides, étendues herbacées (steppe, prairie), désertVII Climats humides océaniques à continentaux, forêt à feuilles caduques (décidue), forêt mixte

Zone boréaleVIII Taïga (forêt de conifères)Zone polaire et subpolaireIXa Inlandsis, calotte glaciaireIXb Toundra (lichens, mousses, arbustes nains)

Haute montagne (en superposition)Succession verticale de formations végétales

Not

ions

de

base

• I

I8

0Froid Chaud Forestier Océanique

Les climats selon atlas Nathan �004Climats tropicaux

Climat tropical de forêt humideClimat de savane

Climats secsClimat steppiqueClimat désertique

Climats maritimes de la zone tempéréeA été secA hiver secPrécipitations toute l’année

Climats polairesClimat de toundraClimat neigeux et de haute-montagne

Climats continentauxPrécipitations toute l’annéeA hiver sec

La végétation selon atlas Nathan �004Mangrove ou forêt inondéeMarécagesForêt tropicale humide (y compris zone de mousson)Forêt tropicale sèche et claire

Savane et steppe herbeuseSteppe herbeuse (prairie, pampa)Désert et steppe désertiqueVégétation méditerranéenne toujours verte (sempervirente)

Forêt de feuillusForêt de conifères boréales (taïga)Forêt de conifères tempérée et tropicale

Végétation de haute montagneToundraInlandsis

Les régions bioclimatiques selon blay Foldex �006Zone polaire et subpolaire

Zone glaciale, pergélisol continu, température moyenne constamment au-dessous de 0°CFlore arctique et toundra, lichens, mousses, graminées, plantes pulviniformes

Région boréaleTaïga, conifères sempervirents, épicéas, sapins, mélèzes, pins

Régions tempéréesClimat tempéré humide, forêts mixtes et de feuillusClimat steppique et désertique froid en hiver, steppes, prairies, déserts semi-arides, déserts

Régions sub-tropicalesClimat chaud et sec en été, climat méditerranéen, végétation sempervirente et succulenteClimat chaud et humide en été, forêt subtropicale humideClimat semi-aride et désertique, végétation naine, épineux et graminées succulentes

Zones tropicalesSavane humide et sèche, forêts tropicales humidesClimat tropical, températures et hygrométrie élevée toute l’année

Les régions biogéographiques selon Géo Gallimard �004

Climat polaireToundraForêts de conifèresForêts caducifoliéesForêts mésophilesDéserts chauds, déserts froidsMaquisPrairies tempérées (steppes/pampas), savanesForêts tropophilesForêts ombrophilesMontagnesZones humides

Not

ions

de

base

• I

I9

0Froid Chaud Forestier Océanique

Les climats selon Les Mots de la GéographieLes climats zonaux

PolaireTempéréMéditerranéenTropical(subtropical)(équatorial)

Les climats régionaux et locauxDe montagneOcéaniquesDe moussonD’abri...

Caractères élémentairesFroidChaudArideSecHumide

MicroclimatsPour des lieux confinés

Classification de Köppen

Les climats selon De la Géopolitique aux PaysagesZones initiales des géographes

Polaire nordTempérée nordIntertropicaleTempérée sudPolaire sud+ Zone aride

Zones climatiques modernes (1er ordre de grandeur)Grands ensembles spatiaux (2ème ou 3ème ordre)

ContinentalMéditerranéenEquatorialTropicalOcéanique

Notion de résilience d’un écosystèmeRésilience selon Les mots de l’environnement :« A l’origine, en métallurgie, la résilience désigne une qualité des matériaux qui se manifeste par leur capacité à retrouver leur état initial à la suite d’un choc ou d’une pression continue. Le terme s’est répandu dans de nombreuses disciplines et connaît un engouement spectaculaire en France depuis quelques années ; en économie, il décrit la capacité des entreprises et des organisations à retrouver un état d’équilibre ; en psychologie, il a été popularisé comme la capacité à surmonter et valoriser les traumatismes. En écologie, la résilience (ou homéostasie) exprime d’une part la capacité de récupération ou de régénération d’un organisme ou d’une population, et d’autre part, l’aptitude d’un écosystème à se remettre plus ou moins vite d’une perturbation. Il faut compléter cette notion par celle de résistance, ou rémanence, qui définit la capacité d’un écosystème à rester constant. »Résistance selon les Trésors de la Langue Française :« Energie, bon état physique qui permet de supporter sans dommage grave des atteintes et des agressions diverses. »Lorsque nous parlerons d’impact 0 sur l’environnement, ces termes nous seront utiles. Tendre vers l’impact 0 signifie pour nous limiter la perturbation des écosystèmes en place, lorsque nous bâtissons et pour toutes nos activités, de telle façon à faciliter leur retour à un état d’équilibre.

��/ Données choisies sur le corps humain

Eau et température du corps humainPrivé de nourriture, l’homme peut survivre environ 1 mois. Par contre, il ne peut se priver d’eau plus de 3 ou 4 jours. Les besoins en eau du corps humain varient en fonction de l’âge, du poids, des efforts physiques, de la température, du stress, etc.

L’eau, composante essentielle du corps

L’eau facilite la circulation du sang, la respiration. Elle transporte les nutriments, les vitamines et minéraux nécessaires au fonctionnement des cellules. Elle assure l’élimination des déchets, le drainage des reins, des poumons, de la peau, de l’appareil digestif... L’eau est ensuite éliminée à plusieurs niveaux : par les urines,

Not

ions

de

base

• II

10

0Froid Chaud Forestier Océanique

la respiration, la transpiration.Nous éliminons environ 2,5 litres eau par jour :

urines : +/- 1 litre par jour selles : +/- 0,1 litre par jour transpiration : de 0,5 à 1 litre par jour respiration : 0,5 litre

L’homme, animal endotherme homéotherme

Il maintient sa température interne dans des limites très étroites autour de 37°C bien qu’il vive dans des ambiances climatiques variables. Le recours à la technologie (climatisation, ventilation...), à des attitudes comportementales (habillement...) lui permet d’affronter ces différentes ambiances. Toutefois, le maintien de l’homéothermie fait appel avant tout à des mécanismes physiologiques assurant la thermorégulation, dont le but est de conserver un équilibre entre les gains et les pertes de chaleur. L’ambiance climatique (charge thermique externe) n’est qu’un facteur intervenant dans le bilan thermique. L’activité physique (charge thermique interne) et le vêtement qui modifie les échanges thermiques sont à prendre aussi en considération pour évaluer les risques thermo-physiologiques liés au déséquilibre du bilan thermique.

Au niveau thermique, le corps humain est classiquement divisé en deux parties : le noyau dont la température (température interne) est constante et l’enveloppe qui correspond à la peau et aux tissus sous-cutanés dont la température (Tsk) est variable : 33°C à la neutralité thermique, 36 à 38°C à la chaleur avec exercice intense et 15°C au froid à 1°C, pour un sujet nu. Des thermorécepteurs périphériques (peau) et profonds (noyau) renseignent les centres thermorégulateurs hypothalamiques (dans le cerveau) de toute variation thermique corporelle. Ces centres déclenchent si besoin est les réactions physiologiques de lutte contre la chaleur : vasodilatation cutanée et sécrétion sudorale (transpiration), ou contre le froid : vasoconstriction cutanée et déclenchement du frisson. Ces réactions visent à maintenir l’équilibre entre les gains et les pertes de chaleur. La charge thermique interne (elle est la conséquence de l’activité métabolique), la production de chaleur métabolique représentant environ 77 % de la dépense énergétique du fait du rendement musculaire.

Endotherme : (Animal) dont la chaleur corporelle, produite par le métabolisme, provient du milieu interne.

Homéotherme : Les animaux homéothermes sont les animaux dits à sang chaud, par opposition aux animaux à sang froids.

Vasodilatation : est une substance qui permet de dilater les vaisseaux sanguins en relâchant les muscles lisses des parois des ces vaisseaux. La conséquence principale est la diminution de la pression artérielle car il y a plus de place disponible au sang pour circuler. Par ailleurs, ils augmentent le débit sanguin du territoire où ils provoquent une vasodilatation.

Vasoconstriction : agit de façon à rétrécir les vaisseaux sanguins, c’est-à-dire à rétrécir leur lumen (lumière).

Le froid

Généralités

Il est possible de s’adapter à la vie et au travail dans un climat très froid à condition de s’habiller convenablement et d’avoir accès à un abri chauffé. Les vêtements doivent protéger tout le corps, y compris le visage, les mains et les pieds. Diverses couches de vêtements lâches offrent la meilleure protection parce que l’air qui circule entre les couches de vêtements ajoute à l’isolement thermique.L’hypothermie (chute de la température interne du corps à cause d’une perte excessive de chaleur corporelle) et la gelure sont deux importants risques d’atteinte à la santé occasionnés par le froid. L’hypothermie peut être mortelle si la victime n’est pas mise au chaud dans un abri et n’obtient pas en temps opportun les soins médicaux nécessaires. Les victimes d’hypothermie ne reconnaissent pas leurs propres symptômes. La gelure se produit lorsqu’une extrémité du corps, doigt, bout du nez, orteil, oreille, joue, s’engourdit au froid, s’endurcit et gèle. La circulation sanguine étant moins intense dans ces extrémités, celles-ci peuvent geler même si le reste du corps est confortable ou surchauffé.

Autres notes :

Plus l'air est froid, plus il est sec. Il risque alors d'assécher la peau et de faire perdre au corps l'humidité qui lui est nécessaire.Les gens qui souffrent d'arthrite ou de rhumatisme peuvent éprouver plus de douleur par temps froid.L'exposition prolongée à un froid modéré mais humide peut causer d'autres genres de lésions.

Not

ions

de

base

• II

11

0Froid Chaud Forestier Océanique

Le froid réduit la dextérité et la facilité de mouvement des mains.Le froid extrême réduit la coordination et l'habileté mentale.Le froid réduit la force des muscles et leur délai d'épuisement. Il faut éviter le surmenage.

La température de l'air n'est pas le seul facteur de mesure du froid. Le vent produit un effet refroidissant qui rend les basses températures encore plus dangereuses. Les tissus du corps humain exposés à une température de -29 °C gèlent en une minute lorsque le vent souffle à 8 km/h. Si le vent souffle à 32 km/h, les tissus du corps humain gèlent a -12 °C.En présence d'humidité, des lésions peuvent être occasionnées à des températures beaucoup moins basses. Les effets refroidissant ne se produisent pas seulement lorsqu'il fait grand vent. Le déplacement rapide d'un véhicule produit des mouvements d'air qui ont des effets semblables à ceux du vent. Compte tenu des risques, des normes de tolérance ont été établies. Les critères de tolérance sont définis par les normes ISO 7933 (1989), ISO 9886 (1992) et ISO TR 11079 (1993).

Les risques

Tableau page suivante.

L’hypothermie accidentelle L’hypothermie accidentelle est un accident touchant certaines populations : blessés, vagabonds, naufragés, victimes d’avalanche. Elle se définit comme un abaissement non intentionnel de la température interne du corps en dessous de 35 °C. Elle peut réduire ou inhiber les mécanismes physiologiques de lutte (traumatismes crâniens ou vertébraux, épuisement…).

Les gelures Cet accident local est une lésion touchant les extrémités, préférentiellement les pieds et les mains, due à l’action directe du froid au cours d’une exposition plus ou moins longue à une température inférieure à 0 °C.

Le pied de tranchées Cette lésion est le résultat d’une exposition prolongée (24 à 36 heures) des extrémités inférieures à un froid humide au-dessus de 0 °C mais en dessous de 15 °C. Elle est favorisée par le port de vêtements et de chaussures serrés. Les membres atteints sont froids, blanc-jaunâtres, ou tachetés de bleu-noir avec un œdème important. L’insensibilité et la paralysie sont de règle. La parésie (paralysie partielle ou légère) et les troubles de la sensibilité peuvent persister des mois. Dans quelques cas rares, une gangrène peut survenir.

Les engelures Une engelure est une lésion localisée provoquée par le froid. Elle peut être éventuellement associée à une hypothermie générale. Les lésions s’accompagnent d’un prurit tenace au réchauffement et régressent spontanément en 2 à 3 semaines sans trouble résiduel.

Not

ions

de

base

• II

1�

0Froid Chaud Forestier Océanique

L’urticaire au froid Il se manifeste par l’apparition d’érythème avec oedème et prurit qui touche des zones cutanées exposées au froid sous toutes ses formes (air froid, pluie, neige). La prévention est capitale car le risque peut être vital en cas de pratique d’activités aquatiques.

Le choc au froid C’est une réaction physiologique exagérée survenant principalement lors d’une immersion brutale en eau froide qui se traduit par une hyperventilation incontrôlée de durée variable, un gasp inspiratoire, une tachycardie et une vasoconstriction intense. Ces réactions seraient responsables d’un nombre élevé de noyades par inspiration d’eau.

Autres pathologies liées au froid L’action du froid entraîne une rhinorrhée, des larmoiements et un assèchement des muqueuses. L’inhalation d’air en dessous de -20°C peut entraîner un bronchospasme. L’environnement froid peut également provoquer des décompensations de troubles psycho-névrotiques. L’intense réflexion des radiations solaires sur la neige peut entraîner des conjonctivites, des kératites et des érythèmes solaires. Enfin, le froid peut aggraver certaines pathologies préexistantes (angine de poitrine, hémoglobinurie au froid, paralysie faciale…).

Prurit : Le prurit est un symptôme fréquent (notamment en dermatologie) qui recouvre une sensation de démangeaison de la peau, le plus souvent en rapport avec des lésions dermatologiques.

Erythème : est la lésion dermatologique la plus courante ; il s’agit d’une rougeur congestive de la peau, diffuse ou localisée, s’effaçant à la vitopression (c’est-à-dire à l’appui).

Gasp inspiratoire : dernier soubresaut avant la mort, inspiration force à la limite de l’effort musculaire.

Rhinorrhée : Ecoulement nasal

Bronchospasme : spasme des bronches, elles se resserrent diminuant ainsi la capacité respiratoire

Le chaud

Généralités

On considère l’homme comme un animal tropical puisque, pour se trouver dans ce que l’on appelle le confort thermique, maintenir son métabolisme au niveau minimal de base et rester en équilibre thermique alors qu’il est nu, il doit se trouver à une température ambiante de 28°C.Les mécanismes d’adaptation à la chaleur sont basés sur une évaporation de l’eau corporelle, et une « gymnastique vasculaire » aussi déterminante que dans l’adaptation au froid. On retrouve donc les même notions de « noyau vital » et de « coque protectrice ». A partir de 33°C, le maintien de l’homéothermie ne se fait pratiquement que par l’évaporation de la sueur.A 45°C, les protéines cellulaires coagulent, entraînant une mort rapide.

Prévention des accidents liés à la chaleurLa prévention des accidents nécessite une bonne évaluation des conditions climatiques, du niveau de l’activité physique, de la contrainte thermique due aux vêtements et des nécessités diététiques. Évaluation des conditions climatiquesIl faut donc se protéger du soleil (ombre, vêtement ample) et de toute surface radiante (tôle, hangar, surface

Not

ions

de

base

• II

13

0Froid Chaud Forestier Océanique

bétonnée ou goudronnée). Une humidité ambiante élevée limite le pouvoir évaporatoire de l’ambiance et par voie de conséquence l’évaporation sudorale. Évaluation de l’activité physiqueUne activité physique intense induit une charge thermique interne qu’il faut éliminer par l’évaporation sudorale. Un bon niveau d’aptitude physique et un entraînement physique régulier augmentent la tolérance à la chaleur. Le vêtementUn vêtement ample, léger, blanc si possible protège du rayonnement et n’entrave pas l’évaporation sudorale. Au contraire, un vêtement serré et imperméable à la vapeur d’eau empêche toute thermolyse (destruction d’un corps organique par la chaleur).Mesures diététiquesLa réhydratation est essentielle. Les besoins en eau doivent être justement appréciés : pour une journée de travail pénible de 8 heures à une température ambiante de 38 °C au soleil, il faut 13 litres d’eau par jour et 7 litres à l’ombre.Autres mesuresL’acclimatement à la chaleur améliore la tolérance et peut être obtenue par un entraînement physique régulier et/ou par une exposition répétée à la chaleur (7 à 10 jours). Il se traduit, pour une charge thermique identique, par un déclenchement plus précoce de la sudation pour des températures corporelles inférieures et un débit sudoral plus élevé. Parallèlement, la concentration saline de la sueur diminue. Le respect de ces mesures devrait diminuer l’incidence de la pathologie observée à la chaleur.

Dans des environnements climatiques chauds (température d’air sec supérieure à 30-35 °C), au repos, le débit sudoral peut atteindre 1 à 1,5 litre par heure (l/h) en fonction de l’humidité relative de l’air. L’exercice musculaire prolongé s’accompagne d’une forte production de chaleur en raison du faible rendement mécanique, au minimum 75 à 80 % de l’énergie chimique utilisée est transformée en chaleur. Ainsi, lors d’un footing, un coureur peu entraîné peut perdre de 0,5 à 1 l/h de sueur et un marathonien de haut niveau de 1,5 à 2,5 l/h. Par temps chaud et humide dans des sports comme le football ou le tennis professionnel, les joueurs peuvent perdre jusqu’à 3 à 4 l de sueur par match.

Les risques : les troubles liés à la chaleur

Les crampes de chaleur Elles surviennent au niveau des membres et des muscles abdominaux, et peuvent évoluer vers la tétanie. Observées après un travail intense et prolongé à la chaleur (crampe du mineur), elles sont dues à des troubles liés à une prise de boisson trop abondante sans apport de sel qui entraîne une hyponatrémie (diminution de la concentration de sodium dans le sang. La fatigue est constante et des troubles digestifs (nausée, diarrhée) ou cardiocirculatoires peuvent apparaître en phase ultime. Le traitement nécessite le repos dans une pièce fraîche avec réhydratation prudente.

Not

ions

de

base

• II

14

0Froid Chaud Forestier Océanique

Le syndrome de déshydratation Une sudation abondante chez un sujet non ou insuffisamment réhydraté entraîne un état de déshydratation caractérisé par la soif, la fatigue, des vertiges, une oligurie (diminution de la quantité d’urine éliminée par 24 heures), une hyperthermie et à un stade avancé un délire, voire la mort. La symptomatologie dépend du niveau de déshydratation. Une déshydratation de 1 % du poids corporel est parfaitement tolérée. À 2 %, la soif devient importante et les capacités physiques commencent à s’altérer ; à 4 %, les capacités physiques et intellectuelles se dégradent. À 6 %, le sujet est épuisé, à 8 % une confusion mentale apparaît et à partir de 15 % la mort peut survenir. La soif est un mauvais indicateur des besoins réels en eau car elle est tardive et ne permet de compenser que très partiellement les pertes hydriques. Le traitement consiste en une réhydratation soit par voie veineuse si le sujet est inconscient, soit par voie orale par petites quantités et fréquemment s’il peut boire.

La syncope de chaleur Cette syncope est précédée par une pâleur, des nausées et la soif. Elle survient généralement chez une personne non acclimatée, au changement de position ou au cours de la station debout prolongée. Elle est due principalement à une baisse du volume sanguin central en raison de la vasodilatation périphérique aggravée par la baisse du volume plasmatique liée à la déshydratation. Le traitement consiste à placer le patient en position tête basse dans une pièce fraîche et à le réhydrater.

L’épuisement à la chaleur Il s’agit d’un épuisement physique et psychique à la suite d’une contrainte thermique élevée due à une activité physique intense et prolongée à la chaleur (marathoniens, mineurs…). Il est caractérisé par un abattement parfois associé à des troubles caractériels, une hyperthermie modérée, une déshydratation et une désadaptation cardio-circulatoire. Peu grave, il évolue favorablement à l’arrêt de l’activité, la mise au repos dans une ambiance fraîche avec réhydratation. Non traité à temps, il peut évoluer vers le coup de chaleur.

Le coup de chaleur Le coup de chaleur est l’accident le plus redouté du fait de sa gravité. Il se caractérise par des troubles de conscience, une hyperthermie dépassant 40 °C, un arrêt de la sudation, des vomissements et des troubles hémodynamiques (de la circulation du sang) avec insuffisance hépatique et rénale, coagulation intra vasculaire disséminée et rhabdomyolyse (destruction de la cellule musculaire). Le traitement nécessite une réanimation en service spécialisé.

Not

ions

de

base

• II

15

0Froid Chaud Forestier Océanique

Les oedèmes de chaleur Ils apparaissent les 8 à 10 premiers jours de l’exposition à la chaleur chez un sujet non acclimaté et atteignent principalement les femmes, au niveau des pieds et des mains. Ils diminuent lors du repos nocturne et disparaissent spontanément en une dizaine de jours.

La miliaire ou bourbouille C’est une affection cutanée consécutive à l’obstruction des canaux des glandes sudorales entraînant la rétention de la sueur. Elle survient dans le cas de sudation intense lorsque la peau reste longtemps humide. Elle est favorisée par le port de vêtements serrés et peu perméables.

L’asthénie anhydrotique tropicale Cette affection apparaît chez des sujets séjournant depuis plusieurs mois en pays tropical et se traduit par l’apparition de nombreuses vésicules sur la peau du tronc et à la racine des membres. La sudation est diminuée. Une hyperthermie modérée accompagnée de céphalées, de fatigue rapidement intense et de tachycardie peut être observée. Ces symptômes cessent en mettant le patient dans une pièce fraîcheau repos. Enfin, des lésions liées à l’exposition prolongée au rayonnement solaire peuvent apparaître (érythème solaire).

Tétanie : La tétanie est une contraction des muscles respiratoires. C’est un syndrome caractérisé par un état permanent d’hyperexcitabilité neuromusculaire, se traduisant par des accès de contractures musculaires localisées surtout aux extrémités des membres. Il est ordinairement dû à un trouble du métabolisme du calcium.

Céphalées : Une céphalée est un symptôme subjectif se définissant comme des douleurs locales ressenties au niveau de la boîte crânienne, parfois unilatérales ou généralisées. Elles se manifestent par des brûlures, des picotements, des fourmillements, des écrasements. Elle est extrêmement fréquente, et peut révéler de nombreuses maladies. Cependant, dans la grande majorité des cas, les céphalées ne sont d’aucune gravité, mais certains tableaux cliniques associés doivent attirer l’attention du médecin.

Tachycardie : La tachycardie (du grec tachy = rapide et cardie= cœur) correspond à un rythme cardiaque rapide.

Les fortes pressionsLe facteur principal influant sur l’organisme humain en plongée est la pression exercée par l’eau. Celle-ci augmente avec la profondeur : alors que nous sommes soumis à une pression d’environ 1 bar à l’air libre au niveau de la mer (pression atmosphérique), le poids de l’eau au-dessus du plongeur immergé soumet celui-ci à une pression additionnelle d’environ 1 bar tous les 10 mètres. Par exemple, à 25 mètres de profondeur, un plongeur est soumis à 3,5 bars de pression totale (1 bar de pression atmosphérique et 2,5 bars de pression hydrostatique) ; cette pression inhabituelle pour un être humain adapté au milieu terrestre va provoquer différents phénomènes, que le plongeur doit connaître et gérer sous peine de mettre sa santé (voire sa vie) en danger.

Les effets mécaniques

Le premier type d’effet est lié aux variations de la pression lors de la descente et de la remontée du plongeur. La majeure partie du corps humain, composée de liquides/solides incompressibles, n’est pas directement affectée par ces variations. En revanche, l’air contenu dans les différentes cavités du corps (oreille moyenne, sinus, appareil respiratoire...) voit son volume varier de manière inversement proportionnelle à la pression ambiante lors de la remontée, l’air contenu dans les poumons du plongeur se dilate. Si le plongeur n’est pas attentif et n’expire pas ou pas assez (en cas d’apnée involontaire, de panique, de remontée trop rapide...), la surpression pulmonaire ainsi créée peut entraîner de graves lésions.

Not

ions

de

base

• II

16

0Froid Chaud Forestier Océanique

Autre exemple, lors de la descente, l’air contenu dans l’oreille moyenne du plongeur est en dépression par rapport au milieu ambiant, ce qui crée une déformation du tympan. Le plongeur doit volontairement insuffler de l’air dans son oreille moyenne via les trompes d’Eustache, afin d’éviter toute déchirure ou douleur. Il existe plusieurs manœuvres d’équilibrage, la plus répandue consiste à se pincer le nez et à souffler légèrement bouche fermée (procédé dit de Valsalva). Lors de la remontée le phénomène inverse se produit et l’oreille moyenne passe en surpression. Cependant aucune manoeuvre d’équilibrage volontaire n’est nécessaire.Ces accidents dus aux variations anormales de pressions dans les organes creux sont appelés des barotraumatismes.

La décompression

Le deuxième effet de l’augmentation de la pression ambiante touche au phénomène de la dissolution des gaz.Lorsqu’un gaz se trouve en contact avec un liquide, il va s’y dissoudre progressivement jusqu’à atteindre une limite proportionnelle à la pression et dépendant des caractéristiques du gaz et du liquide en matière de solubilité, suivant la loi de Henry. Si la pression augmente, de plus en plus de gaz se dissout dans le liquide. Si la pression diminue doucement, du gaz reflue vers la limite du liquide sous forme dissoute ou de micro-bulles. Si la pression diminue très rapidement, le gaz s’échappe de manière explosive et forme des bulles au sein du liquide (exemple de la bouteille de soda au moment de l’ouverture).Le corps humain est essentiellement constitué de liquide, et est donc soumis au même phénomène d’absorption et de restitution des gaz. Il est à noter que seuls les gaz inertes (azote, hélium, hydrogène), non métabolisés par l’organisme, sont impliqués dans ce mécanisme pathologique. Le comportement de l’oxygène et du gaz carbonique obéit à des mécanismes physiologiques supplémentaires, qui font que ces gaz ne posent pas de problème du point de vue de la dissolution.Restent donc les gaz inertes. Lors de l’immersion, les gaz inertes diffusent dans le corps du plongeur (sang et tissus) et s’accumulent progressivement, et ce d’autant plus que la profondeur et la durée de la plongée augmentent. Lors de la remontée, si la pression baisse trop rapidement - comme pour la bouteille de soda - des bulles pathogènes vont se former dans l’organisme. Suivant la localisation de leur apparition, ces bulles peuvent entraîner notamment des accidents circulatoires, des paralysies, des douleurs articulaires, que l’on regroupe sous le terme d’accidents de décompression. L’enjeu pour le plongeur est de remonter suffisamment doucement pour qu’il n’y ait pas de formation de bulles, ou que les bulles formées soient suffisamment petites pour être asymptomatiques (sans conséquence grave pour la santé).Ces phénomènes ont été modélisés empiriquement, afin de proposer au plongeur des procédures de décompression en fonction de sa plongée. Ces procédures limitent la vitesse de remontée (entre 6 et 18 mètres par minute en fonction des procédures), et imposent des paliers (des temps d’attente sans remonter). Les procédures de décompression sont soit décrites sous forme de tables, soit implantées dans un ordinateur de plongée, et ont fait l’objet de validations statistiques sur des populations de plongeurs. Ces procédures sont aujourd’hui fiables, et les accidents de décompression surviennent essentiellement suite à un non-respect des procédures. Toutefois, il faut bien comprendre que, à ce jour, personne ne peut proposer de modèle satisfaisant permettant d’expliquer la décompression d’un plongeur. La recherche s’oriente actuellement sur l’évolution des micro-bulles dans le corps du plongeur, avec des résultats intéressants et une évolution vers des procédures de décompression plus optimisées, en diminuant le temps de décompression sans en dégrader la sûreté.

La toxicité des gaz

Le troisième effet de l’augmentation de la pression sur le plongeur concerne l’impact des gaz respirés sur l’organisme.Pour les pressions rencontrées en plongée sous-marine, les gaz respirés se comportent comme des gaz parfaits, et obéissent donc à la loi de Dalton. Il est ainsi possible d’utiliser la notion de pression partielle pour un gaz respiré. Par exemple, étant donné un plongeur respirant de l’air (environ 80% d’azote, 20% d’oxygène) à 20 mètres de profondeur (soit une pression totale de 3 bars), la pression partielle d’azote respiré est de 2,4 bars (80% de 3 bars), et celle d’oxygène est de 0,6 bars (20% de 3 bars). L’effet physiologique d’un gaz dépend de sa pression partielle, qui elle-même dépend donc de la pression (de la profondeur) d’une part, et de la proportion du gaz dans le mélange respiré par le plongeur d’autre part.

Not

ions

de

base

• II

17

0Froid Chaud Forestier Océanique

L’augmentation de la pression partielle (pp) a des effets différents en fonction du gaz :

L’oxygène (O2), indispensable à la survie du plongeur, devient toxique avec l'augmentation de sa pression partielle. La toxicité neurologique soumet le plongeur à partir d'une ppO2 de 1,6 bar à un risque de crise épileptique et donc de perte de connaissance conduisant à la noyade. D'autre part, une exposition prolongée (plusieurs heures) à une ppO2 de plus de 0,6 bar peut provoquer des lésions pulmonaires de type inflammatoire (effet Lorrain Smith).

Les gaz inertes (azote, mais aussi hélium, hydrogène, argon, etc.), outre leur rôle déjà évoqué dans l'accident de décompression, ont des propriétés narcotiques à partir d'une certaine pression partielle. Le pouvoir narcotique dépend du gaz : l'argon et l'azote sont très narcotiques, l'hélium et l'hydrogène beaucoup moins. La narcose à l'azote peut débuter dès 3,2 bars de pression partielle (soit 30 mètres de profondeur en respirant de l'air), et devient très dangereuse au-delà de 5,6 bars de pression partielle (60 mètres). Les réflexes s'amenuisent, l'esprit s'engourdit ; les facultés de jugement du plongeur sont altérées, au point de provoquer euphories, angoisses et comportements irraisonnés pouvant conduire à l'accident (on parle ainsi d'ivresse des profondeurs). À plus grande profondeur, la perte de connaissance survient inévitablement. La diminution de la pression partielle du gaz narcotique entraîne immédiatement la disparition de ces symptômes, sans autres séquelles (un plongeur narcosé peut ainsi se soustraire aux symptômes simplement en remontant de quelques mètres). En fonction de la profondeur à atteindre, l'utilisation d'un "mélange" qui comporte de l'hélium permet de diminuer les effets de la narcose ainsi que les durées de décompression. D'autre part, il permet également de plonger à des profondeurs plus importantes. Pour information, l'hélium respiré à plus de 10 à 15 bars de pression partielle (au-delà de 120 mètres de profondeur environ selon le mélange utilisé) présente une autre forme de toxicité : le syndrome nerveux des hautes pressions (SNHP).

Il existe également une intoxication au dioxyde de carbone (CO2) appelée « essoufflement ». Elle peut survenir si la ventilation n'est pas suffisante, c'est pourquoi, lors d'un effort particulier (palmage vigoureux...) il est nécessaire de réaliser des expiration longue afin de "chasser" le plus de CO2 possible. D'autre part ce phénomène d'essoufflement est largement aggravé par la profondeur, aggravation notamment liée aux pressions partielles. Un essoufflement à grande profondeur déclenche souvent une narcose associée, avec parfois perte de conscience, car l'augmentation de la ventilation pulmonaire provoquée par l'essoufflement provoque une augmentation très importante de la quantité d'azote absorbée.

Not

ions

de

base

• II

18

0Froid Chaud Forestier Océanique

�3/ Données choisies de géographie du peuplement

Un peuplement inégal de la planète

Foyers principaux, foyers secondaires et noyaux de peuplement

La planète compte 6 milliards d’habitants en l’an 2000. Elle possède une densité de 46 hab/km² sur ses terres immergées.

Trois foyers majeurs de peuplement existent sur la planète. Ils ont une densité de population variant entre 98 et 140 hab/km². Ce sont des zones occupées en continu. Ce sont l’Asie orientale avec plus d’un milliard et demi d’individus (Chine, Japon, Taiwan, deux Corées), le subcontinent indien avec 1,3 milliard d’individus (Inde, Pakistan et Etats hymalayens) et l’Europe avec 583 millions d’individus (hors Russie). 56% de la population vit dans l’un de ces trois foyers, raison pour laquelle plus d’un homme sur deux vit entre le 10e et le 40e parallèles de latitude nord.

D’autres aires de concentration relative forment des foyers secondaires :le Nord-Est des Etats-Unis, concentrant 45% des habitants de l’Amérique du Nordl’île de Java, regroupant 62% de la population indonésiennele Golfe de Guinée et le Nigéria en Afrique de l’Ouestle Proche-Orient avec en particulier la basse vallée du Nille Sudeste brésilien, de Bello Horizonte à Sao Pauloles Caraïbes éventuellement, malgré une population moindre et une géographie éclatée

Ces foyers majeurs et secondaires ont en commun une occupation forte de l’espace, un peuplement assez continu, de fortes densités rurales, des réseaux urbains structurés, une bonne connectivité des moyens de transports.

Les noyaux de peuplement sont encore plus localisés que les foyers. Ce sont des sortes d’archipels de peuplement contrastant avec le vide alentour. Ces noyaux sont :

les noyaux nord-américains: la Californie et le littoral nord-ouest, hors Alaskaen Amérique centrale : les noyaux du centre mexicain, et du centre de l’isthme (sud du Mexique, Guatemala, le Salvador)en Amérique du Sud : le nord du Venezuela, l’Ouest colombien, les noyaux andins (Equateur, Pérou et Bolivie sur l’altiplano), et atlantiques (Rio de la Plata, Buenos Aires, Montevideo et Nordeste brésilien);en Afrique : le Maghreb, quelques noyaux dans le Sahel et les 266 millions d’habitants de l’Afrique Orientale, depuis l’Ethiopie jusqu’à l’Afrique du Sud, avec des discontinuitésen Asie : les noyaux du couloir du transsibérien, la Turquie, les bassins et les vallées irrigués du Caucase et surtout l’Asie centrale et l’Iran, certains deltas et plaines littorales de la péninsule indochinoise, de Sumatra et des Phillipinesen Océanie : les cinq grandes villes australiennes et la Nouvelle-Zélande

Ces espaces sont des centres et carrefours d’Etats assez peu peuplés. La densité et la connection des réseaux y sont faibles, les infrastructures de transport y sont médiocres et les campagnes sont peu peuplées.

Le reste est vide

La Terre est peu peuplée, et la population est très inégalement répartie : les foyers et noyaux de peuplement contrastent avec le faible peuplement de grandes étendues. Si le monde n’est plus un grand vide parsemé de points de peuplement, il n’est pas encore un réseau urbain ni même un réseau humanisé couvrant toute la surface terrestre.D’après Guy Baudelle (Géographie du peuplement), les deux tiers de la population vivent sur un dixième des terres immergées, et la moitié sur 8%. Inversement plus d’un quart de la superficie de la planète abrite moins de 2% de la population mondiale. La répartition par zone n’est pas homogène. 45% des hommes vivent entre 20° et 40° de latitude Nord, 30% entre 40° et 60° de latitude Nord. A l’opposé, les 20% de terre que représente les hautes latitudes, les régions arctiques et le Groenland, ne regroupent que 0,02% des hommes. A l’intérieur même de ces latitudes les disparités sont grandes.

Not

ions

de

base

• II

19

0Froid Chaud Forestier Océanique

Eléments d’explicationCe contraste découle de plusieurs facteurs. Ils peuvent être naturels ou historiques. Les facteurs dit naturels ayant entraîné ces contrastes sont des contraintes physiques découlant de climats limitants (froid, sécheresse, chaleur humide, relief, hydrographie, types de sol). Mais il faut apporter une relativité au poids des facteurs naturels, certains milieux identiques pouvant être soit pleins soit vides. Ce sont des causes non absolues. Il existe aussi des facteurs historiques expliquant ces variations, comme l’ancienneté de l’implantation humaine et l’inertie des phénomènes de peuplement, l’accroissement démographique de la population, les choix politiques en matière d’aménagement.Dans notre recherche, nous en resterons à ce constat.

�4/ Envisager un espace de l’homme et un espace sans l’homme

La question qui se pose à nous est celle de la définition et de la description des deux types d’espaces que nous différencions depuis le début et dont les quelques données de géographie précédentes nous confirment la réalité.Sont-ils homogènes ? De quoi sont-ils composés ? Comment les nommer ?

Le problème de l’ordre de grandeur

Extrait de Les mots de la géographie :« Il se passe beaucoup de choses quand on change d’échelle, c’est à dire d’ordre de grandeur dans les échelles ou dans la taille des phénomènes. «Prenez une cathédrale et faites-en une réduction exacte de quelques décimètres de haut ; cet objet [...] ne produira plus du tout la même émotion [...] il ne sera plus «à l’échelle»» (R. Daumal, Le mont analogue). «Il y a des hommes qui appartiennent à certains actes, d’un accès particulièrement difficile et incompréhensible, parce qu’on a retiré l’échelle, parce qu’il n’y a plus d’échelle pour passer d’eux à lui» (J. Gracq, Le rivage des Syrtes).Sur une carte, on a plus les mêmes détails, ni les mêmes informations, ni la même nomenclature, ni les mêmes rivières, quand on change l’échelle ; dans les cartes à base statistique et figurant des mailles, on doit adapter l’échelle à la taille des mailles, afin de n’avoir ni carte illisible, à minuscules plages, ni carte trop grossière, à vastes plages colorées.D’une façon plus générale, tout changement d’échelle modifie les perceptions et les représentations, et parfois même la nature des phénomènes. C’est en partie une question de relations entre sujet et objet («Que le monde, dit-il, est grand et spacieux / Voilà les Apeninns, et voilà le Caucase. / La moindre taupinée était mont à ses yeux», La Fontaine, Le Rat et l’huître), c’est surtout une question de discontinuité dans l’ordre de taille des phénomènes, lesquels n’ont plus la même signification, quelquefois plus le même sens ni la même structure. Aussi le changement constant d’échelle, s’il est maîtrisé, est extrêmement utile et la compréhension transcalaire et multiscalaire de l’espace est toujours supérieure à une vision monoscalaire. »

Définir l’espace sans l’homme : le Tiers paysageConsidérons qu’il existe encore une espace où l’homme n’exerce aucun pouvoir, par incapacité ou par volonté.

Un espace non-anthropisé

Anthropisation, selon Les mots de l’environnement :« L’action des sociétés humaines sur les milieux naturels. D’abord utilisé dans un sens négatif (destruction des équilibres naturels : déforestation, érosion des sols, par exemple), il recouvre aujourd’hui toutes les formes d’intervention humaine sur les milieux (aménagement, conservation, dégradation). L’anthropisation est dévenue un phénomène quasi-général. Cette artificialisation de la nature a donné naissance à la plupart des paysages contemporains et est à l’origine de l’essentiel de la problématique environnementale. On trouve de multiples mots et concepts associés : anthropique (relatif à l’action humaine), anthroposystème (l’ensemble des systèmes naturels ou artificialisés dans lesquels l’homme intervient ou est intervenu, soit en les exploitant soit en les aménageant), anthropocène. »Anthropisation, selon De la Géopolitique aux Paysages« Terme d’allure philosophique qui commence à être utilisé en géographie et qui signifie la modification de

Not

ions

de

base

• II

�0

0Froid Chaud Forestier Océanique

la couverture végétale et pédologique de l’espace terrestre par les actions humaines et la multiplication des constructions humaines. Les géographes parlaient plutôt d’humanisation, mais ce terme avait davantage de connotations positives qu’anthropisation. Il est difficile de s’entendre sur les débuts de ce processus qui remonte au néolithique, c’est-à-dire à des milliers d’années dans certaines parties du monde. L’anthropisation, avec ses aspects négatifs mais aussi positifs, s’est fortement accentuée au 20e siècle, ne serait-ce qu’en raison de l’énorme accroissement des effectifs de l’humanité. »L’espace non anthropisé est donc un espace non dénaturé, qui ne porte pas la trace de l’homme. Il n’est pas nécessairement vierge, au sens où il a pu être parcouru par l’homme et peut l’être encore, mais sans être altéré.La moindre modification directe du milieu par l’homme, même si elle ne traduit pas une intention d’aménagement pour un établissement permanent, est à considérer comme un début d’anthropisation : couper du bois et rassembler des pierres pour préparer un feu, niveler une plate-forme pour monter un campement, aplanir la neige pour le bivouac, piéger du gibier, laisser des déchets même organiques, etc. Le simple sentier, marqué à partir d’une certaine fréquence de passage, indique l’appropriation d’un lieu par l’homme. La sente n’indique-t-elle pas au chasseur la probabilité de trouver son gibier ici plutôt qu’ailleurs ?Qu’en est-il des modifications indirectes du milieu par l’homme ? Certaines sources considèrent la Terre comme intégralement anthropisée du fait que la pollution dépasse largement le périmètre d’évolution directe de l’homme.

Un espace vide

Vide, selon Les mots de la géographie :« La plus grande partie du Monde. A l’échelle mondiale, les grands vides du peuplement sont les déserts (chauds et froids), les zones arctiques, les forêts équatoriales, c’est-à-dire des espaces ou trop froids, ou trop arides, ou trop exubérants, autant de limites opposées à l’expansion de l’écoumène. Ce ne sont jamais des vides absolus, l’humanité ayant partout assuré quelques prises. A l’échelle nationale ou régionale, tout pays, même les Pays-Bas, même Singapour, ont des vides au moins relatifs, des espaces de très faibles densité, qui posent des problèmes de desserte et d’entretien. Certains géographes sont fascinés par ces vides, qui bien entendu «méritent» tout à fait d’être étudiés. »

Un blanc sur la carte

Blanc, selon Les mots de la géographie :« [...] 2. Blanc de la carte : thème fascinant pour ceux qui ont l’esprit géographique, en tous cas l’esprit curieux. C’est la terre inconnue, ni décrite ni descriptible, qui appelle l’exploration ; l’espace de l’exploration ; l’espace du rêve et l’espace de l’aventure, qu’il faut découvrir et en quelque sorte s’approprier, jusqu’à le nommer si possible avant les autres :« Doubts to be solved Doutes à leverThe map incognita Cartes des terres inconnuesBlanks to be filled » Blancs à remplirW. Whitman, Leaves of grass[...] En principe, il n’y a plus de blancs sur la carte du Monde, et le Monde est «fini», achevé par des satellites artificiels. Il est pourtant des ratures sur la carte, l’URSS notamment nous ayant habitués aux cartes fausses où n’importe quoi remplace le blanc [...] »

Un désert

Désert, selon Les mots de la géographie :« Les espaces vides de la planète se nomment, en géographie du peuplement, des déserts. Les déserts sont «[...] une zone inhabitée, ni plus ni moins. Étym. : dé-sert, de de-serere, disjoint dissocié, donc une idée d’abandon, comme si l’on imaginait que les déserts avaient été préalablement peuplé. «En ce temps-là, le désert était peuplé d’anachorètes» (A. France, Thaïs). Cette définition très simple à le mérite de réintroduire la notion de désert froid, ceux des pôles et des hautes montagnes, peut-être moins spectaculaires mais tout aussi imprenables. «Après l’inhabitable on voit l’infranchissable, / La neige fait au Nord ce qu’au Sud fait le sable» (V. Hugo, La légende des siècles). Le mot pourrait tout aussi bien s’appliquer à la forêt vierge, mais il lui est rarement associé.Le terme a été proprement détourné. L’idée de désert suppose en général l’absence ou la quasi-absence de végétation, donc l’aridité : le désert est biologique, pas seulement humain. En ce sens, il associe les

Not

ions

de

base

• II

�1

0Froid Chaud Forestier Océanique

zones arides chaudes, liées aux anticyclones subtropicaux, alignées à peu près le long des tropiques et surtout marquées dans la partie ouest des continents, aux espaces arides à hiver froid et été chaud, situés dans le centre des continents hors de la zone intertropicale, et liés à des effets d’abri et d’éloignement des masses d’air humide. La coalescence des deux sortes fait apparaître des «diagonales arides», résultant d’une convergence [...]. D’autres parts les zones arides froides des régions polaires, comme vers Thulé, sont dues à l’incapacité de l’air froid à transporter de la vapeur d’eau.Le détournement est allé plus loin, cette fois au profit des déserts chauds : car même le Thar, le Lut et le Néguev sont connus, plus que Thulé, ensuite au profit de ce parangon même de désert, on dirait presque «franco-français», qu’est le Sahara, employé parfois comme nom commun. Certes le Sahara est proche, il s’étend en bordure de zones densément peuplées d’Europe entre l’Atlantique et la mer Rouge, il est l’objet de tous les survols aériens vers les pays d’Afrique Noire. Il est chaud, il est aride, mais il n’est pas le seul désert de la diagonale aride qui se poursuit vers l’est par l’Arabie jusqu’au «Golfe» et bien au-delà en Asie Centrale. Sans oublier le désert Mohave, le Kalahari, l’Atacama et le Grand Désert australien.Au désert est associé paradoxalement, mais assez logiquement, l’idée de l’océan. «Toute la vallée du Nil baignée dans le brouillard semblait une mer blanche, immobile, et le désert derrière avec ses monticules de sable, comme un autre océan de violet sombre, dont chaque vague ait été pétrifiée» (Flaubert, Correspondance, 15 janvier 1850). Les dunes sont des vagues, et les chameaux sont les vaisseaux du désert, les caravanes des convois, les villes bordières des ports, et la bordure du désert est le sahel, qui veut dire rivage.[...]Désert est un vieux mot, désertique ne date pas du 19e siècle, se disant surtout pour le climat, pour des régions vidées de leurs habitants, à la fois peu fréquentées et soumises à l’exode. La géographie en a fait grand usage pour ses campagnes. C’est à Buffon que l’on doit la plus belle formule lorsqu’il dénonce, à propos d’écrivains, «un déluge de mots dans un désert d’idées».»

Dans notre travail, nous utilisons la définition première de désert : un espace inhabité, ou d’une densité de population extrêmement faible. Parmi les typologies existantes, nous adoptons celle qui distingue quatre types de déserts :

les déserts froids regroupant les pôles et les hautes montagnes,les déserts chauds quel que soit le continent,les déserts forestiers,le désert océanique, souvent oublié.

Remarque :

Les déserts chauds et les déserts froids, ont été réunis au sein d’un seul sujet de TPFE traité en binôme, du fait de leurs similitudes :

- prépondérance de la question thermique (températures extrêmes, amplitude thermique extrême)

- des biomes qui ont en commun le faible développement de la faune et de la flore

Les déserts forestiers et les déserts océaniques, ont été réunis au sein d’un second sujet traité lui aussi en binôme, du fait de leurs similitudes :

- rôle dans le cycle du carbone (puits de carbone)

- des biomes qui ont en commun une extrême richesse de faune et de flore

Le « Tiers paysage »

Gilles Clément, dans son livre Manifeste du Tiers paysage, définit le «Tiers paysage » comme étant le « fragment indécidé du Jardin Planétaire constitué de l’ensemble des lieux délaissés par l’homme ».C’est l’espace de la nature au sens premier, libre du pouvoir de l’homme.C’est ce terme que nous utiliserons le plus souvent. Les autres termes resteront utiles, mais celui-ci recouvre à lui seul les deux notions essentielles de non-anthropisation directe et de non-soumission au pouvoir de l’homme.

Not

ions

de

base

• II

��

0Froid Chaud Forestier Océanique

Définir l’espace de l’homme : l’écoumèneS’il existe encore un espace où l’homme n’exerce aucun pouvoir, autrement dit un espace où il accepte de « ne pas passer », ou de « passer sans rester, sans habiter », ou encore de « passer sans modifier, sans exploiter », il existe par opposition un espace où il circule, qu’il transforme, qu’il habite, qu’il exploite, un espace que sa maîtrise de la nature lui permet d’adapter à ses exigences.

Un espace habité

habitat, Le Petit Larousse« 1. Aire dans laquelle vit une population, une espèce animale ou végétale particulière. 2. GÉOGR. Mode de peuplement par l’homme des lieux où il vit. Habitat rural, urbain. 3. Ensemble des conditions, des faits relatifs à l’habitation, au logement. Amélioration de l’habitat. »habitat, Les mots de la géographie« La racine habere (avoir) trouve dans la série habitat, habité, habitant, habitation, l’une de ses déclinaisons les plus riches et les plus significatives pour les géographes. Le passage par l’intermédiaire de la forme fréquentative habitare marque bien que le lieu où l’on s’est établi est celui où on vit, où l’on est habituellement, qui est devenu comme une façon d’être (habitus), qui colle à la peau comme l’habit: nulle part l’avoir n’est aussi proche de l’être que quand on parle du lieu où l’on vit.C’est évident pour les plantes et les animaux, qui ont dans leur habitat naturel les moyens de leur survie; c’est vrai aussi pour les sociétés humaines, qui le modélent à leur image. Dans certaines langues, l’habitat renvoie d’ailleurs à la racine être comme le -bo et le -by suédois et anglais, venu de bhu, buan, comme to be.L’habitat est l’ensemble de l’arrangement des habitations dans un espace donné; il peut inclure des annexes consacrées aux animaux, aux stocks, ainsi que des ateliers et autres constructions à usage professionnel. L’habitat urbain correspond à l’ensemble de la ville, l’habitat rural à tout ce qui est édifié à la campagne. On étudie les structures et les formes de l’habitat, avec adjectifs assortis: dispersé, groupé, lâche, serré, dense, perché.De fait, l’habitat et les habitations en disent long sur une société: il y a là une ligne de recherche qu’a exploitée une forme de géographie culturelle, où s’illustra un Pierre Deffontaines. Si la satisfaction de besoins élémentaires qu’assure la maison (protection contre les intempéries et le vol, lieu du sommeil et de l’intimité familiale) en est la base universelle, la variété des formes d’habitat renvoye à celle des solutions que les sociétés humaines ont trouvées pour résoudre les problèmes de l’environnement proche.Certaines de ces solutions étaient évidemment suggérées par les particularités de cet environnement: murs épais et cheminées pour se protéger du froid, pilotis et murs minces ou inexistants pour se protéger de la chaleur humide et de certaines bestioles; mais des sociétés différentes confrontées au mêmes problèmes n’ont pas choisi les mêmes options: dans le nord de l’Afghanistan, la tente noire en poil de chèvre des éleveurs patchoun les distingue des éleveurs turcophones vivant dans des yourtes couvertes de feutre; En Asie du Sud, sous le même climat et parmi des agriculteurs pratiquant les mêmes cultures, les maisons à mur massif des musulmans, protégeant le monde domestique et féminin des regards extérieurs, cohabitent avec des maisons sur pilotis aux cloisons ajourées, facilitant l’aération, ce qui montre l’insuffisance de l’approche, pourtant riche, par les matériaux de construction disponibles.Car les données culturelles, religieuses notamment, comptaient beaucoup dans la détermination des formes de l’habitat traditionnel, puisque la maison était aussi le lieu premier du culte familial. Le portugais en a gardé la trace: le lar, le foyer, évoque directement les dieux Lares romains; l’argot aussi, avec les pénates, de même origine. Dans les sociétés urbanisées, les choix culturels continuent à peser, opposant les sociétés qui privilégient les habitations individuelles et le repli sur la vie familiale, au prix de la distance, et celles qui choisissent l’habitat collectif, payant une plus grande convivialité au prix d’une certaine promiscuité - pour ne rien dire des variations infinies qu’introduisent les différences de revenus: un oeil exercé repère un monde de hiérarchies dans l’océan apparement uniforme des maisons de briques de la banlieue londonienne, même si beaucoup d’entre elles sont meublées chez Habitat. L’habitat est un bon révélateur des inégalités sociales.Exprimant les choix économiques, sociaux, religieux et symboliques des sociétés, l’habitat est donc une des formes majeures de l’appropriation de l’espace et de la formation des territoires, une des plus durables aussi, qui contribue le plus efficacement à former la mémoire de l’humanité, sous ses formes tangibles (le bâti) et intangibles (les préférences pour telle ou telle forme). »habitation, selon Les mots de la géographie« L’habitation est la demeure, quel que soit le statut social de l’habitant: appartement, domicile, feu, foyer, logement, maison; il en existe de nombreuses formes, et quantité de termes locaux. »

Not

ions

de

base

• II

�3

0Froid Chaud Forestier Océanique

habiter, selon Les mots de la géographie« Avoir son domicile en un lieu; syn.: demeurer, résider. Habité peut être pris au sens ordinaire (un pays habité par les Mossi, un espace inhabité) ou dans un sens fort (syn.: hanté) qui implique une forte et quasi tangible «présence» humaine: en arabe, habitant et hôte se retrouvent dans sahib. «Habiter un lieu, est-ce se l’approprier?» (G. Perec, Espèces d’espaces). On dira d’un espace ou d’un appartement que, quoique peuplé, il n’est pas «habité» s’il n’est pas entretenu, servant d’abri provisoire et non de véritable dimension de la personnalité individuelle et collective; et, au contraire, d’un espace vide, qu’il est «habité» par les souvenirs, l’histoire, le «génie des lieux»; «N’habite avec intensité que celui qui a su se blottir» (G. Bachelard, La poétique de l’espace). En ce sens, l’adjectif relève alors davantage de l’inspiration poétique que de l’analyse scientifique.» tiré de Les mots de la géographie, dictionnaire critique, Brunnet Roger, Ferras Robert, Théry Hervé, éd. La documentation française, Paris, 1993.habitabilité, selon Le Petit Larousse« Qualité de ce qui est habitable. »habitable, selon Le Petit Larousse« 1. Où l’on peut habiter. »

L’écoumène

Ecoumène selon le Petit Larousse

« Partie habitable de la surface terrestre »

Ecoumène selon le Gouvernement canadien, département statistiques

« Le terme « écoumène » est utilisé par les géographes pour désigner la surface habitée. Il s’applique généralement aux régions où des habitants ont établi leur résidence permanente, ainsi qu’à toutes les zones de travail occupées ou utilisées à des fins agricoles ou pour d’autres activités économiques. Il peut donc exister différents types d’écoumène, chacun présentant des caractéristiques qui lui sont propres (écoumène de population, écoumène agricole, écoumène industriel, etc.). »

Ecoumène selon De la géographie aux paysages

Du grec « oikos », maison, habitat. Pour les géographes de l’Antiquité, il s’agissait de l’espace terrestre où les hommes pouvaient vivre : la zone tropicale aux températures qu’on croyait torrides et le pôle glacé ne faisaient pas partie de l’écoumène. Aujourd’hui, ce terme savant évoque l’ensemble de la surface terrestre comme demeure de l’humanité. Il n’en reste pas moins que l’Antarctique et les très hauts sommets ne font toujours pas partie de l’écoumène, car les hommes ne peuvent physiologiquement y vivre de façon relativement normale et autonome.

Ecoumène selon Mona Chollet, journaliste du magazine Périphéries

« Le terme vient du verbe grec oikeo, qui signifie habiter – il a donc la même étymologie qu’écologie ou économie. Les auteurs grecs l’utilisaient pour distinguer la terre habitée des déserts. Dans la géographie moderne, il signifie la “partie de la terre occupée par l’humanité”. Berque, lui, l’emploie pour désigner la “relation d’un groupe humain à l’étendue terrestre”. Et ce qui caractérise cette relation, c’est une “imprégnation réciproque du lieu et de ce qui s’y trouve”: “Dans l’écoumène, le lieu et la chose participent l’un de l’autre. Dans un espace abstrait, en revanche, la chose peut être située ici ou ailleurs, cela n’affecte pas son être; et réciproquement, le lieu est définissable indépendamment de la chose, par exemple en géométrie par des coordonnées cartésiennes, ou sur le globe terrestre par des méridiens et des parallèles.” En grec, deux mots signifient lieu: topos et chôra. Le premier désigne le lieu cartographiable; le second, le lieu existentiel. Dans la chôra, l’être humain et son milieu s’engendrent et se façonnent l’un l’autre en un mouvement incessant. La chôra, dit Berque, est à la fois “empreinte et matrice”; elle “accueille et engendre”. Elle est “un lieu dynamique, à partir de quoi il advient quelque chose de différent, non pas un lieu qui enferme la chose dans l’identité de son être”. Ce qui ne signifie pas pour autant que le topos, le lieu cartographique, soit une notion à balayer: “Dans la réalité de l’écoumène, tout lieu tient des deux à la fois; mais la modernité ne fut que cartographe.”On pense tout de suite à Le Corbusier, et à sa conception de l’espace comme d’une abstraction où sont posés des objets qui pourraient tout aussi bien être ailleurs. L’architecte parlait de la maison comme d’une “machine à habiter”. A son propos, Berque écrit: “Ainsi se résolvent tout foyer, tout horizon, tout embrayage

Not

ions

de

base

• II

�4

0Froid Chaud Forestier Océanique

symbolique à la terre comme au ciel, dans la pure métricité du mètre carré pour le mètre carré.” Il retrace les étapes successives par lesquelles l’Occident, avec une constance troublante, s’est toujours davantage détaché de son milieu: très tôt, il décide qu’il n’y a “rien à voir dans le monde”, que la vérité est à chercher ailleurs – c’est déjà le postulat de l’idéalisme platonicien. On se défie du monde physique: soit on l’ignore, soit on cherche à le dominer et à le contraindre pour le corriger – alors qu’aux origines d’une autre grande civilisation, la civilisation chinoise, au contraire, la vérité est dans les choses. Berque cite une description du temple grec de Sageste, en Sicile, construit au cinquième siècle avant Jésus-Christ: “La nature est désordre. La perfection géométrique de ce temple, seule, émerge à la lumière du divin. (…) Le temple pur et froid s’élevait, triomphe du nombre, de la géométrie et de la technique, au milieu du désordre et l’indifférence.” Et il commente: “Entre l’ordre divin et l’ordre humain, ne fonctionne pas la mutuelle correspondance que l’on vient de voir [dans le livre] à propos de la Chine. A la place: la projection d’un ordre idéel sur la face de la terre; ordre dont la transcendance est symbolisée par le fait que, dans cette architecture, tout est affaire de proportion, non pas d’échelle. (…) Les Grecs ne mettaient pas leurs temples en rapport avec la taille humaine. Ils les concevaient selon les lois de leurs proportions intrinsèques. La taille des portes ou des marches, par exemple, variait selon celle de l’édifice, non pas en référence à la taille humaine.” »

Ecoumène selon le site Wikipédia

« L’écoumène est une notion géographique pour désigner l’ensemble des terres anthropisées (habitées ou exploitées par l’Homme). L’acception moderne du mot concerne généralement l’humanité entière mais le mot a eu des significations plus ciblées, notamment à des périodes plus lointaines: terre grecque antique, Empire romain, Empire byzantin... »

Ecoumène selon Les mots de la géographie

« Partie de la Terre occupée par l’humanité ; de oikos, la maison en grec. Le concept fut appliqué d’abord par les Grecs aux « vrais » hommes, et excluait les espaces parcourus par les Barbares ; il semble toutefois que des Grecs aient fini par admettre qu’il pouvait y avoir plusieurs écoumènes (G. Aujac). Puis il a évoqué l’espace « habitable », borné d’étendues sauvages : « l’orée des terres cognuës est saisie de marets, forets profondes, deserts et lieux inhabitables (Montaigne, Essais, II, 12).Etendu à l’ensemble des humains, le mot a eu du sens tant que la Terre n’était pas entièrement appropriée et habitée. Il pourrait d’ailleurs en retrouver dans la mesure ou il permet de considérer la Terre entière comme habitat et domaine de l’humanité, à gérer scrupuleusement et dans son ensemble. Mais s’il pourrait ainsi prendre une valeur symbolique générale, il a perdu sa capacité de différenciation, dans la mesure où des groupes vivent aux plus hautes latitudes et dans les déserts, traversent les mers, et même séjournent hors de l’atmosphère. On peut seulement différencier des espaces réellement peuplés et mis en valeur, et d’autres qui font partie des vides du Monde, dont le peuplement est lâche et dont l’occupation a encore des caractères pionniers, ou dont les approvisionnements sont entièrement importés : on peut ainsi dire à la rigueur que les terrasses de culture sèche de Gansu (Chine) sont « aux limites de l’écoumène ». Cf. A. Bierce (Dictionnaire du diable) : « Tout le monde habitable et le Canada ». »

C’est ce terme que nous utiliserons le plus souvent, par oppostion au terme de Tiers paysage. C’est son sens premier qui nous intéresse, et nous nous référerons donc aux définitions passées en gras. Noter que l’écoumène n’est pas nécessairement urbain, ni même seulement dense, ou continu. Pour qualifier ce qui compose l’écoumène lui-même, il faut faire appel à de nouveaux termes.

Not

ions

de

base

• II

�5

0Froid Chaud Forestier Océanique

�5/ qualifier l’écoumène et le Tiers paysage

qualifier le Tiers paysage

Trois types de Tiers paysage

les délaissés qui procèdent de l’abandon de terrains anciennement exploités, évoluant naturellement vers un paysage secondaire,les réserves, lieux non exploités, suite à une décision administrative car considérées comme rares ou fragiles, apparaissant par soustraction à l’espace anthropisé ; ce sont bien des espaces naturels,les ensembles primaires, réserves existant de fait, en opposition aux décisions administratives, sont des espaces naturels non exploités du fait du hasard ou de la difficulté d’accès.

Le Tiers paysage regroupe l’ensemble des territoires indécis, dépourvus de fonctions, et qu’il est parfois difficile de nommer. Ces espaces se situent aux marges comme au coeur des espaces de l’homme. Ce sont des espaces sans dimensions, qui couvrent des surfaces de dimensions modestes et dispersées, ou des surfaces unitaires et vastes. Le Tiers paysage comprend aussi bien les grands déserts géographiques, que les terrains résiduels où l’homme n’intervient pas alors qu’ils sont imbriqués avec les terrains qu’ils exploite.Ces espaces peuvent accueillir une grande diversité biologique. L’évolution des animaux, végétaux et êtres simples ne subit aucune sélection à but productif ou qualitatif par l’homme. Ce sont les espaces de la non exploitation.

Les ensembles primaires

Nous ne nous intéressons qu’à ce type pour nos projet. Les déserts (même entamés par les pistes et points d’habitation) en sont l’archétype. C’est l’analogie que l’on peut établir entre la façon de s’introduire, de façon éphémère ou durable, dans un désert, et la façon de s’introduire dans les réserves et dans les délaissés, qui nous intéresse.

qualifier l’écoumène

Espace rural

Campagne selon le Petit Larousse Illustré«(forme normande de l’anc. fr. champaigne, vaste étendue de pays plat). 1. Étendue de pays plat et découvert (par opp. à bois, à montagne, etc.). GEOGR. Paysage rural caractérisé par l’absence de haies et de clôtures, par l’assemblage de parcelles souvent allongées, par la division du terroir en quartiers de culture, et correspondant généralement à un habitat groupé. SYN. espace: champagne, openfield. espace: les régions rurales, les champs, par opp. à la ville. habiter la campagne. maison de campagne. [...].»

Économie rurale selon le Petit Larousse Illustré«l’ensemble des activités de la campagne ; ne devrait pas être confondue avec «économie agricole», dans la mesure ou celle-ci est souvent minoritaire à la campagne.»

Dans les pays développés, les milieux vides se trouvent sous l’appellation de « campagne », en opposition à la « ville ». Elle sert à désigner, par abus de langage, ce qui n’est pas la ville. Nous préférons parler d’espace « rural » et d’espace « urbain », sans forcément les opposer d’ailleurs.Le milieu rural évoque une idée de nature, avec ses champs, ses bois et ses villages. Pourtant, il ne peut pas être considéré comme appartenant au Tiers paysage. La campagne n’est pas le milieu originel. Les forêts gérées, les espaces de culture, sont des espaces modifiés afin de satisfaire les besoins de l’homme. Les essences des forêts ont été sélectionnées par l’homme pour leur productivité et leur qualité ; le défrichage a permis l’agriculture. Les espaces de loisirs, tel que les golfs et les centres équestres correspondent à une « densité d’utilisation » à défaut d’une densité de construction. La campagne est donc un espace habité tel que défini plus haut, c’est à dire approprié par l’homme. Elle fait donc partie intégrante de l’écoumène. Cela se retrouve aussi dans les hautes montagnes, avec les espaces de loisirs et de pâturage (voir plus loin extrait du Code de l’Urbanisme).

Not

ions

de

base

• II

�6

0Froid Chaud Forestier Océanique

que dit le Code de l’Urbanisme pour les zones de montagne

C’est une partie du code où, à l’évidence, se pose le problème de l’urbanisation de territoires encore relativement peu aménagés. Rares sont les massifs français que l’on peut encore considérer comme faisant partie du Tiers paysage.

Principes d’aménagement et de protection en montagne :« La loi 85-30 relative au développement et à la protection de la montagne s’applique aux zones de montagne, « caractérisées par des handicaps significatifs entraînant des conditions de vie plus difficiles et restreignant l’exercice de certaines activités économiques ».Les terres nécessaires au maintien et au développement des activités agricoles, pastorales et forestières doivent être préservées. C’est pourquoi, ne sont admises que les constructions nécessaires à la pratique du ski et de la randonnée. Peuvent également être autorisées, par arrêté préfectoral, après avis de la commision des sites, la restauration ou la reconstruction d’anciens chalets d’alpage ou de bâtiments d’estive ainsi que les extensions limitées de ces chalets et bâtiments existants, lorsque la destination est liée à une activité professionnelle saisonnière.Sous réserve de l’adaptation, du changement de destination, de la réfection ou de l’extension limitée des constructions existantes et des installations ou équipements d’intérêt public incompatibles avec le voisinage des zones habitées, l’urbanisation doit se réaliser en continuité avec les bourgs, villages, hameaux, groupes de constructions traditionnelles ou d’habitation existants.Ce principe de l’urbanisation en continuité est écarté dans 3 hypothèses :- lorsqu’une étude intégrée au Scot ou au PLU, justifie, en fonctions de spécificités locales, que l’urbanisation discontinue est incompatible avec les objectifs de préservation de la montagne et de protection contre les risques naturels [...]-lorsque le respect des objectifs de préservation de la montagne et de protection contre les risques naturels impose une urbanisation discontinue [...]- lorsque, par délibération motivée de son conseil municipal, une commune souhaite déroger à la règle de constructibilité limitée estimant que la construction en discontinuité est justifiée par l’intérêt communal [...] »

Sur les Unité Touristiques Nouvelles (UTN) :« Le développement touristique et en particulier la création d’une UTN doivent prendre en compte les communautés d’intérêt des collectivité locales concernées, et contribuer à l’équilibre des activités économiques et de loisirs ; notamment en favorisant l’utilisation rationnelle du patrimoine bâti existant et des formules de gestion locative pour les constructions nouvelles. La qualité des sites et les grands équilibres naturels doivent être préservés. »

Sur les rives et plans d’eau :« Les parties naturelles des rives des plans d’eau naturels ou artificiels de moins de 1000 ha sont protégées sur une distance de 300 m à compter de la rive. Toutes constructions, routes ou travaux quelconques y sont interdits, sauf les bâtiments agricoles, pastoraux ou forestiers, les refuges et gîtes d’étapes destinés à la promenade et à la randonnée et ouverts au public, les installations scientifiques et les équipements liés à la baignade.Les PLU peuvent adapter ces dispositions, pour admettre notamment le camping, la réalisation d’un

Not

ions

de

base

• II

�7

0Froid Chaud Forestier Océanique

équipement culturel directement lié au caractère lacustre des lieux, l’extension modérée des agglomérations, et, à titre exceptionnel, la création de hameaux nouveaux intégrés à l’environnement. »

Limitation des infrastructures routières« La création de routes, corniches, bouclages, est interdite au-dessus de la limite forestière, sauf désenclavement d’agglomérations ou de massifs forestiers, ou considérations de défense nationale ou de liaisons internationales. »

Extraits du Memento pratique Urbanisme-Construction 2004-2005, Ed.Francis Lefebvre, Paris, 2003

Espace urbain

Urbanisme selon Les mots de la géographie « Science ou art de la réalisation des villes ou des quartiers urbains, de l’aménagement des espaces urbains. L’urbaniste est souvent un architecte, ce qui n’est pas forcément la meilleure formation à l’urbanisme ; mais il est parfois un sociologue, un géographe, un ingénieur. »

Urbaniste selon le Petit Larousse Illustré« Spécialiste de la conception, de l’établissement et de l’application des plans d’urbanisme et d’aménagement des territoires.»

Urbain selon Les mots de la géographie « Qui concerne la ville, qui est de la ville (de urbs, latin sans doute d’origine étrusque). Habitat urbain : en France, ensemble des communes de plus de 2000 habitants; d’autres seuils sont adoptés à l’étranger. Pour les personnes, et comme substantif, on dit citadin; mais le langage abstrait des technocrates et de certains géographes ne nous évite pas plus les «urbains», comme substantif, que les «ruraux». Urbain signifie aussi, en vertu d’un vieux préjugé, aimable.On appelle parfois région urbaine un espace fortement urbanisé sur une assez grande étendue, tel qu’il englobe plusieurs centres, mais éventuellement avec quelques intervalles; on peut lui préférer le terme de nébuleuse; d’autant plus que «région urbaine» est parfois employé pour «bassin d’emploi» : on retrouve ici l’indécision habituelle du mot région.La géographie a notamment à connaître des espaces urbains, des systèmes urbains, des réseaux urbains, des populations urbaines, des activités urbaines, des transports urbains, des services urbains, de la planification urbaine, de l’«écologie urbaine», de l’environnement urbain et, plus généralement, du développement urbain. «Vous avez l’imprécis grandiose des horizons urbains» (V. Larbaud, Barnabooth). »

Urbanisation selon le Petit Larousse Illustré« 1. Action d’urbaniser ; son résultat. 2. Concentration croissante de la population dans des agglomérations de type urbain. » Urbanisation selon Les mots de la géographie « Développement, expansion de la population urbaine. On étudie les processus et les fornes de l’urbanisation. S’emploie quelques fois au sens de : adoption des modes de vie ou des habitudes de consommations urbains; l’ «urbanisation des campagnes» a pu être présentée comme l’adoption à la campagne de la voiture, du téléphone, de la télévision et de la machine à laver... Comme la modernité et l’industrie, l’urbain se trouve depuis quelques temps flanqué également d’un «posturbain» (F. Choay), au motif que l’urbanisation se ferait maintenant surtout en dehors des villes; le simple fait que l’urbanisation continue montre cependant que l’urbain n’est pas «dépassé». »

Urbaniser selon le Petit Larousse Illustré« En parlant d’un site, l’aménager en vue de développer ou de créer une agglomération urbaine. / S’urbaniser : se transformer en zone urbaine ; comporter de plus en plus de zones urbaines. »

Rurbanisation selon le Petit Larousse Illustré« Développement des villages proches des grandes villes dont ils constituent des banlieues.»

Conurbation selon Les mots de la géographie «Mot à mot et éthymologiquement, plusieurs villes ensemble. Passe toujours pour un néologisme, mais est désormais centenaire si Patrick Geddes, urbaniste d’origine écossaise, en est bien le créateur. «Conurbations», pendant longtemps limité, en France, à l’ensemble Lille-Roubaix-Tourcoing, est passé de la

Not

ions

de

base

• II

�8

0Froid Chaud Forestier Océanique

géographie urbaine au domaine de l’urbanisme comme synonyme d’agglomération. En fait, le mot évoque la réunion de plusieuurs villes, distinctes à l’origine.Les conurbations sont des agglomérations multipolaires. Certaines sont en forme de couples : Minneapolis et Saint-Paul, Mannheim et Ludwigshafen, voire Beaucaire et Tarascon, ou peut-être Aix-Marseille, Nantes et Saint-Nazaire; mais non Boston et Paris, ni Reims-Tinqueux ou Montpellier-Palavas, qui sont des agglomérations fortement centrées ou des couples bien trop dissymétriques. Les conurbations sont fréquentes sur des «gisements» de ressources : bassins miniers, régions touristiques.»

Suburbain, e selon Les mots de la géographie«Qui appartient à une ville mais dans ses parties extérieures: c’est l’ensemble des banlieues (suburbs en anglais). Terme déjà un peu désuet, quoique conservé par exemple pour les transports; la différence avec le périurbain n’est pas bien marquée, même si le suburbain peut être jugé plus «interne» que le périurbain, représentant en principe une occupation du sol plus continue, plus pleine.»

Mégalopole, mégapole

Mégalopole ou mégapole selon le Petit Larousse Illustré«n.f. (gr. megas, grand, et polis, ville). Très grande agglomération urbaine ou ensemble de grandes villes voisines.»Mégalopole selon Les mots de la géographie«Étym. : très très grande ville; en fait, ce terme, créé par Jean Gottmann à propos de la conurbation de la côte orientale des États-Unis, s’applique à deux autres ensembles urbains qui se distinguent par leur taille et leur quasi-continuïté, et qui sont en Europe (Angleterre-Lombardie) et au Japon, groupant plusieurs dizaines de millions d’habitants sur un millier de kilomètres de longueur ou plus. Deux des mégalopoles sont littorales (Japon et États-Unis), l’autre traverse un isthme (Europe). «Là, sont les nations civilisées, / Avec leurs capitales énormes, si lumineuses, la nuit, / Que même au-dessus des jardins leur ciel est rose [...] / L’Europe est comme une seule grande ville / Pleine de provisions et de tous les plaisirs urbains, / Et le reste du monde / M’est la campagne ouverte» (V. Larbaud, Europe).Il s’agit là d’ensembles géographiques particuliers, marquant une exceptionnelle concentration de puissance, de capitaux, de pouvoirs. Ce sont en même temps des créations humaines de première grandeur, à la taille de configurations naturelles majeures; cela vaut l’ensemble des Alpes, ou davantage, et constitue une nouvelle sorte de milieu, comme le souligne Michel Serres dans Le Contrat naturel. Il va de soi que l’urbanisation n’y est ni continue ni même toujours triomphale : la mégalopole contient ses espaces verts, ses espaces de réserve, ses poches de pauvreté et ses ruines. Le terme est parfois, mais indûment, employé pour d’autres groupements urbains notables, mais isolés; il vaut mieux leur réserver le terme de métropole, de mégapole ou, à la rigueur, de macropole.»

Mégapole selon Les mots de la géographie«Du grec : grande ville. S’emploie de façon assez peu codifiée, et encore peu fréquente, mais évocatrice. On parle de plus en plus du «réseau» des grandes villes où le sort du Monde se décide; le terme mégapole leur convient. Certaines d’entre elles, mais pas toutes, sont situées dans des mégalopoles. Nul n’a proposé de seuil minimal pour définir une mégapole; on peut suggérer qu’il y faut plusieurs millions d’habitants.»

Not

ions

de

base

• II

�9

0Froid Chaud Forestier Océanique

Cités

Cité-jardin selon le Petit Larousse Illustré«n.f. (pl. cités-jardins). Ville ou zone résidentielle largement pourvue d’espaces verts.»Cité-jardin selon Les mots de la géographie «À prendre au sens littéral de quartier urbain bénéficiant d’espaces verts individuels ou collectifs. C’est une image que l’on prête volontiers à la Grande-Bretagne, laquelle n’en est d’ailleurs pas aware. Mais pour son concepteur, Ebenezer Howard (1898), la cité-jardin avait un autre sens, comme aboutissement idéologique d’un certain art de vivre pavillonnaire. C’était toute une conception de la ville, de son zonage, de ses articulations: cité a ici le sens anglais de la ville, non le sens français de quartier loti, et c’est toute la ville qui se donnait pour «jardin»; la filliation est plutôt dans la «ville nouvelle», et la bonne traduction dans la «ville-jardin». Le modèle a été reproduit en Europe du Nord, mais guère en France, où la cité ouvrière, tout aussi typé, mais sans ces perspectives et concentrant les frustations, apparaît comme antinomique.De bonnes âmes ont toujours pensé, et dit, que la cité-jardin au sens français était la meilleure arme contre la lutte des classes grâce à l’investissement du temps de loisir en travail, à l’appoint de la petite production marchande du jardin, à la dépendance à l’égard de la firme qui attribue parcelle et logement, à l’accession à la propriété ainsi envisageable, à l’autosurveillance spontanée. [...] »

Cité-État selon Les mots de la géographie«État limité à une ville: Singapour, à la rigueur Monaco ou Saint-Marin. Le Moyen Âge en a connu bien davantage: Venise, Gênes ou Florence furent fort célèbres à ce titre.»

Cité selon le Petit Larousse Illustré«n.f. (lat. civitas). 1. Dans l’antiquité et au Moyen Âge, unité politique constituée par une ville et ses environs. Droit de cité : a. Droit d’être admis au nombre des citoyens, avec l’ensemble de leurs prérogatives. b. Fait pour qqch d’être admis, toléré. 2. État. Les lois de la cité. 3. Litt. Ville. Cité sainte, ville particulièrement vénérée par les fidèles d’une religion. - Absolt. La cité sainte : Jérusalem. La cité céleste : le paradis. 4. Partie la plus ancienne de certaines villes (avec majuscule). L’île de la Cité, à Paris. 5. Groupe d’immeubles ayant même destination. Cité universitaire. Cité ouvrière. Absolt. Cité H.L.M. La rénovation des cités.»Cité selon Les mots de la géographie«1. Simple synonyme de ville, un peu plus recherché peut-être. Le mot vient, par le latin civitas, de la riche racine kei, keivos, weik, qui évoquait l’idée de convive, vivre ensemble, coucher en un même lieu, ou avec, donc clan, et se trouve cachée aussi dans le hameau (et home, heim). Il en vient également le civil, la civilité, la civilisation, le civisme, la citoyenneté, toutes éminentes qualités de socialisation et de territorialisation. [...]5. Ensemble d’habitations individuelles ou collectives assez visiblement délimité et plus ou moins isolé du reste de l’agglomération, et planifié en bloc comme lotissement ou «grand ensemble», parfois par une administration ou une entreprise, pour personnes à faibles revenus: cité ouvrière, cité des cheminots, cité universitaire, cité HLM.6. Construction idéale, espace idéal dans la littérature de l’utopie ou de l’architecture: la Cité du Soleil de Campanella, la Cité Radieuse de Le Corbusier, «la cité future»: le paradis...7. Communauté conviviale de citadins citoyens, au sens de la cité grecque (polis, dont viennent politique, policé, avec rapprochement de politesse, qui vient de polir); cité est ici pris au sens de la nation, parfois d’État: les affaires de la cité, droit de cité; une idée qui a «droit de cité» est admise, «reçue» par la communauté.»

Métropole

Métropole selon le Petit Larousse Illustré«n.f. (du gr. mêtêr, mère, et polis, ville). 1. État considéré par rapport à ses colonies, ses territoires extérieurs. 2. Capitale politique ou économique d’une région, d’un État. Métropole d’équilibre : en France, grand centre urbain provincial devant contribuer à contrebalancer l’influence de Paris pour en limiter la croissance. 3. Centre le plus important dans un domaine en particulier. Hollywood, la métropole du cinéma. [...].»Métropole selon Les mots de la géographie «1. Ville mère. En principe la première ville du pays, ou de la région; syn. : chef-lieu; mais c’est plus qu’un chef-lieu; c’est la ville d’où tout vient. «Ce n’est pas en ville, mais à Moscou que je veux aller» (A. Kourtchatkine, Moscou aller-retour); «Et toi, tu cherches à mettre à mort une ville, une métropole en Israël» (II Samuel, XX, 19). 2. Le mot a été étendu à la nation dominante, vue comme mère-patrie : la métropole et ses colonies. Il est encore employé dans les départements et territoires français d’outre-mer, en Corse

Not

ions

de

base

• II

30

0Froid Chaud Forestier Océanique

on dit plutôt : le continent. 3. Métropole d’équilibre : illusion de l’aménagement du territoire français des années 1960-70, où l’on désigna une dizaine de grandes villes censées équilibrer Paris, s’équilibrer entre elles et assurer un «développement harmonieux du territoire» en diffusant autour d’elles «le progrès». En fait, ce ne sont pas toujours ces villes qui se sont le plus développées, elles ont souvent contribué à stériliser l’espace environnant, et elles n’ont en rien limité la croissance parisienne. «Métropole : forteresse du provincialisme» (A. Bierce, Dictionnaire du diable).4. Métropolisation : mouvement accusé de concentration de la population dans les métropoles; c’est un processus mondial; la France est fortement soumise à la métropolisation et n’a pas réussi sa décentralisation.»

Colonie

Colonie selon le Petit Larousse Illustré«n.f. (lat. colonia, de colere, cultiver). [...]. 2. Groupe de personnes qui s’expatrient pour aller peupler et exploiter un autre pays. [...].» Colonie selon Les mots de la géographie«1. À l’origine, un colon est un agriculteur: la racine éthymologique, le verbe colo, signifie cultiver, soigner, habiter, c’est celle que l’on retrouve aussi bien dans agricole que dans sylvicole. Il a ensuite signifié plus précisément une personne envoyée mettre en valeur des terres nouvelles, loin du centre du pays, sur ses franges ou dans des territoires conquis outre-mer. Le mot a gardé ce sens quand on parle, dans les pays qui ont encore des terres à conquérir, des paysans établis dans les zones de colonisation nouvelle. [...]2. Territoire lointain, dépendant d’une métropole. Le passage au sens plus habituel, exotique et quelque peu péjoratif, s’explique bien. Quand les Grecs colonisaient, ils établissaient d’abord une ville, des remparts, des sanctuaires, et le partage des champs (Homère, L’Odysée, VI). Les colonies que Rome établissait dans les territoires conquis étaient essentiellement agricoles, même si elles étaient formées d’anciens soldats ayant manié le glaive avant d’employer la bêche; c’est l’idéal du soldat-laboureur qui animait encore les premiers colons de l’Algérie, juste après la conquête. Mais il s’agissait alors déjà d’un mythe plus que d’une réalité, l’expansion européenne en Afrique, en Amérique et en Asie ayant changé le sens du mot et du phénomène. «Des navires sont envoyés à la première occasion, les indigènes sont déportés ou exterminés, leurs princes torturés pourqu’ils revèlent où est leur or, pleine licence est donnée à tous les actes de cruauté et de luxure, la terre fume du sang de ses habitants, et cette odieuse troupe de boucher employée à une si pieuse expédition est une colonie moderne envoyée pour convertir et civiliser un peuple idolâtre et barbare» (J. Swift, Voyages de Gulliver).Là où les colons se sont effectivement installés pour cultiver la terre, ils ont constitué des sociétés qui ont rapidement aspiré à l’indépendance, et donc cessé d’être des colonies, au sens politique du terme: dans ces colonies de peuplement, expression qui est à certains égards un pléonasme, le peuplement l’a donc emporté sur la dépendance. Beaucoup d’ex-colonies britanniques, des États-Unis à l’Australie, en passant par la Nouvelle-Zélande, furent des colonies de peuplement où une immigration importante, dans des territoires à peu près vides, a permis de créer des rejetons de la vieille Europe, qui ont ensuite rejeté son autorité.Dans ce que la terminologie coloniale appelait sans fard les colonies d’exploitation, le but était clairement de mettre en coupe réglée les ressources naturelles et humaines des territoires conquis, au profit de la métropole. [...]. «(L’)esprit collectif de spoliation et de pillage [...] se manifeste surtout quand il s’agit de terres lontaines que l’on qualifie hypocritement de «colonies», quoique, pour la plupart, elles ne deviennent point des lieux de séjour pour les émigrés du pays conquérant et restent uniquement des contrées d’«exploitation» à outrance» (É. Reclus, L’Homme et la Terre). Les colons qui s’y installaient étaient peu nombreux, plus administrateurs et fonctionnaires qu’agriculteurs, à moins que l’on ne veuille nommer ainsi les régisseurs de plantations qui avaient surtout à encadrer le travail indigène ou, pour dire plus crûment, à «faire suer le burnous» pour alimenter la métropole en denrées tropicales, dites «produits coloniaux». [...]5. Une colonie est aussi une population animale ou végétale, parfois humaine, vue dans une dynamique de conquête territoriale par un corps étranger: une colonie d’insectes, de microbes, la colonisation d’une ruine par les orties; on n’est pas loin du squat, et le terme colonie est employé pour des groupements ethniques minoritaires concentrés dans certains quartiers de villes (la colonie asiatique de Tolbiac), ou même plus diffus: la colonie anglaise de Nice, la colonie italienne de Pékin; on évitera par pudeur de dire: la colonie française de Brazzaville. [...]»

Not

ions

de

base

• II

31

0Froid Chaud Forestier Océanique

ville-champignon

ville-champignon selon le Petit Larousse Illustré«n.f. (pl. villes-champignons). Ville dont la population s’accroît très rapidement.»ville-champignon selon Les mots de la géographie«Image de la croissance subite, employée pour qualifier des villes à taux de croissance spécialement élevé, et qui contient un élément d’admiration, non sans un soupçon de fragilité. Employé surtout pour les États-Unis et les pays pionniers.»

Etc�

Ce glossaire pourrait se prolonger à l’infini... nous n’avons rassemblé que ce qui nous semble utile, aussi bien au lecteur étranger à notre discipline qu’à nous-mêmes, dans la construction des hypothèses de la partie 3.

Les intéractions Écoumène / Tiers paysage

Les fronts pionniers

C’est un processus de colonisation du territoire, auquel se sont attachés de nombreux géographes. Nous renvoyons directement à l’ouvrage de Guy Baudelle, Géographie du peuplement.Le front pionnier, comme tout front, n’est pas une simple progression continue de l’écoumène sur le Tiers paysage. C’est parfois l’homme qui recule : devant l’hostilité des éléments naturels, ou lorsqu’il estime que la progression n’est plus nécessaire. C’est le cas, par exemple, pour les routes desservant les lignes de radar de la Défense américaine dans le Grand Nord, tracées après la deuxième guerre mondiale et abandonnées pour certaines avant même la fin de la guerre froide et de la «menace soviétique». Cependant, c’est plus souvent le Tiers paysage qui se réduit sous la pression de l’écoumène.

Ceci rejoint l’analyse de Gilles Clément sur les échanges entre le territoire anthropisé et le Tiers paysage. Il distingue des évolutions dues à des influences « naturelles », et d’autres dues aux « jeux politiques » et à «l’invitation des marchés». Il met également en avant des relations indirectes, dues au système de peuplement, et non à des décisions humaines.

Le système écoumène - Tiers paysage est donc instable. Les phénomènes qui interagissent à l’échelle de la planète engendrent selon nous une progression sauvage du réseau sur les étendues peu denses et, paradoxalement, une hyperdensification des foyers urbains.

Les réseaux

La création de pistes, de routes, de canaux ou de voies ferrées induit le transport de marchandises et d’individus et inversement. Idem pour les lignes électriques, les lignes de télécommunication et les pipe-lines (gazoducs, oléoducs) pour le transport des matières premières, des énergies, de l’information.L’aménagement d’infrastructures de transport de tous types implique un maillage du territoire qui tend à étendre et densifier l’écoumène et fragmenter le Tiers paysage. Pour autant, nous avons admis qu’il existe des discontinuités importantes dans l’écoumène. Les déserts en est un exemple.Ainsi l’Atlantique sépare l’Europe de l’Amérique, bien que les deux continents n’ignorent pas l’existence de l’autre. Ainsi certaines tribus du bassin amazonien sont isolées par la forêt équatoriale et ne connaissent pas la civilisation occidentale.

La friche

La friche est un type de délaissé qui découle de l’abandon par l’humanité d’un territoire, après une phase d’exploitation, ou suite à un phénomène régional de désertification.Gilles Clément nous explique dans son manifeste l’évolution de ces friches:

Dans un premier temps, la friche «jeune», reçoit les premières traces de végétations à travers des plantes invasives, entraînant dans leur sillage une vie animale, composée de petits organismes. La diversité biologique est moyenneLa friche dites «armée» vient ensuite. La végétation s’est fortement développée, et parce que cette friche n’était pas trop isolée du reste du Tiers paysage, d’autres espèces invasives animales et végétales se sont

Not

ions

de

base

• II

3�

0Froid Chaud Forestier Océanique

appropriés l’espace. La biodiversité atteint son sommet.Si l’abandon dure assez longtemps, la friche peut alors être recouverte de forêt. Par rapport à l’étape suivante, le milieu a atteint un équilibre. Le nombre d’espèces a diminué par la régulation naturelle afin d’assurer la survie de tous les éléments présents dans la forêt. Mais la biodiversité est considérée comme majeure.

A ce stade, et sans nouvelle intervention de l’homme, on peut considérer que la friche a repris un statut de Tiers paysage.

Le tourisme

« Activité d’une personne qui voyage pour son agrément, visite une région, un pays, un continent autre que le sien, pour satisfaire sa curiosité, son goût de l’aventure et de la découverte, son désir d’enrichir son expérience et sa culture. »« Industrie se consacrant à tous les besoins engendrés par les déplacements des touristes (moyens de communication, transports, structures d’accueil, aménagement des sites) et à toutes les questions d’ordre économique, juridique, financier, social que soulève ce domaine (accueil des personnes, apport de devises, balance commerciale, statistiques, etc.), organisé, structuré et réglementé au niveau national et régional. »

Trésor de la langue française

Le tourisme de masse assuré par les tours opérateurs, ou d’initiative individuelle, concentre en un lieu attractif une population qui dépasse largement les capacités d’accueil des écosystèmes en place. Les destructions occasionnées par les touristes ne résultent pas toujours de leur indifférence à la fragilité des écosystèmes, mais d’actes inappropriés qui dénotent un manque d’information.La réglementation de l’accès se met progressivement en place, mais les structures d’accueil font souvent défaut.Le tourisme culturel ou historique est un concept d’agences qui tentent de se démarquer par un « produit » haut de gamme, ciblant un public financièrement aisé mais pas nécessairement porteur des valeurs éthiques et environnementales revendiquées dans les plaquettes publicitaires.Le tourisme d’aventure est un tourisme de l’engagement (au sens sportif et alpin). Il est devenu, avec les équipements en constante amélioration et la prise en charge par les agences de trek et de voyage extrême (autre concept commercial porteur), un tourisme accessible, presque de l’ordre du tourisme de masse dans certaines régions. Il concerne tout particulièrement les grands espaces primaires du Tiers-paysage dont font partie nos déserts.

Persistance et inertie du peuplement

Les grandes villes historiques resteront très probablement de grandes villes, qu’elles comptent réellement dans l’échiquier géopolitique ou non. En effet, globalement, c’est la stabilité qui l’emporte. Guy Baudelle (Géographie du peuplement) l’explique par le fait que « le réseau urbain est un système dynamique qui conserve sa structure principale en dépit de fluctuations internes en réaction aux changements internes de son environnement ». La seule évolution prévue par les géographes, sur les foyers de l’ecoumène, est une augmentation de la concentration urbaine, qui sera surtout marquée dans les pays en voie de développement, ayant encore une part importante de population rurale.Elle aura une incidence sur les espaces de l’écoumène à faible densité, qui évoluent en fonction des variations et attractions des espaces de proximité à forte densité, mais aussi sur le Tiers paysage.Qu’en sera-t-il des échanges plein - vide au sein de l’écoumène, mais aussi « à la marge » ?

Not

ions

de

base

• II

33

0Froid Chaud Forestier Océanique

�6/ Conclusion

Une bipolarité spatialeNous avons mené notre recherche de données avec cette idée d’un espace de l’homme et d’un espace de la nature, en présumant de son potentiel de réflexion et d’action.Les ouvrages lus et les données trouvées nous ont posé question sur le sens de cette opposition, sans jamais réellement la contester.Ils nous ont au contraire confortés dans l’idée qu’un travail d’architecture pouvait être mené avec ce questionnement sous-jacent.

Une anthropisation à remettre en causeDe toutes les données rassemblées, on retient un problème majeur :La pression anarchique d’un certain type d’écoumène sur le Tiers paysage : les avant-postes du monde « économiquement développé ».Pression de l’écoumène

Avant-postes aux pôlesSurexploitation agricole, forestière, minière...Conquête du territoire saharien, obsession du pétroleTourisme irrespectueux

Catastrophe écologiqueEspèces perturbées, dans nos quatre désertsPollutionRivières libyennes à sec une grande partie de l’année, puits multiples, projets pharaoniques tels que la Grande Rivière ArtificielleDisparition de la forêt équatoriale et incidence sur le climat globalSurexploitation du sol et des réserves de pêche

Catastrophe socialeEconomie agricole déséquilibréeGuerre civileGuerre

« L’homme doit prendre conscience de l’aspect fini de sa biosphère. »Gilles Clément, Manifeste du Tiers paysage

Not

ions

de

base

• II

34

0Froid Chaud Forestier Océanique

�7/ Postulat

Les déserts pour étudier le système écoumène - Tiers paysageNous nous concentrerons dorénavant sur quatre types d’espace parmi l’ensemble des espaces du Tiers paysage que nous avons recensés : les déserts froids, les déserts chauds, les déserts forestiers, les déserts océaniques. Le désert est d’abord une figure type de Tiers paysage, du 3e ordre de grandeur géographique ou supérieur. C’est un Tiers paysage où percent pourtant quelques enclaves d’écoumène.

Pourquoi intervenir sur un milieuPourquoi l’écoumène ou le Tiers paysage, plutôt que les deux ou leur connexion ? Dans le cadre de temps et de moyens limités d’un TPFE, nous ne pouvons pas intervenir sur tous les composants du système. Intervenir seulement sur la connexion des milieux, isolée du système, n’est pas de nos compétences d’architectes. En revanche, intervenir sur les milieux nous est possible et semble pertinent. Nous pensons qu’agir sur l’un des milieux modifie les deux milieux, et leurs relations, c’est-à-dire toute la dynamique de peuplement, par un jeu d’interactions (dont nous ne pouvons prétendre maîtriser tous les paramètres).

« [...] Le monde, la vie humaine, les actions et leurs conséquences ne sont pas sécables. Le développement durable situe les progrès du 21e siècle dans la compréhension des interactions proches ou lointaines, immédiates ou futures. Capacités de création et évolution se situeront dans les chaînages préservés et les liens instaurés [...] » Anne-Marie Ducroux, Les nouveaux utopistes du développement durable, Autrement, 2003, Paris

Pourquoi le Tiers paysageDu Tiers paysage dépend l’écoumène : matières premières, énergies, données scientifiques diverses, réservoir faunique et végétal, rôle climatique, imaginaire collectif...Il mérite donc notre attention. Or il est peu ou mal considéré, du moins jusqu’à présent et par l’architecte.En y situant nos interventions, nous estimons sortir de la focalisation sur les villes et leur périphérie, toutes deux comprises dans ce milieu globalement humanisé que nous appelons écoumène. C’est selon nous la seule façon d’entrevoir ce que pourrait être une troisième hypothèse de peuplement, évitant les écueils des deux premières hypothèses que nous opposons en troisième partie de ce document : concentration, ou dispersion/extension totales.

Pourquoi le désertLe désert bouleverse nos repères d’architectes (ou d’étudiants en architecture). C’est un type de vide particulier : une étendue d’ordre de grandeur variable : centaines, milliers, dizaines de milliers de kilomètres, jusqu’à l’échelle d’un continent. Cet ordre de grandeur, celui des migrations humaines passées (et futures ?), et des derniers peuples nomades, est plus familier des géographes, par exemple.Contrairement à d’autres types de vides constitutifs du Tiers paysage, comme les délaissés au sein du milieu humanisé, le désert nous est véritablement « étranger » :- il impose ses contraintes particulières (selon sa nature : neige et glace, erg/reg, forêt primaire, océan)- il est « net » de la complexité des installations du milieu humanisé- il oblige à réinterroger la relation homme-milieu

Remarque : le désert nous intéressait préalablement en tant que tel. Comme aurait pu le dire l’alpiniste anglais George Mallory s’il avait parcouru les déserts au lieu de la haute-montagne : « Le désert pourquoi ? Parce qu’il existe. » Nous avons eu très tôt l’intuition de son utilité dans notre réflexion. Il s’avère qu’il occupe maintenant une position centrale dans notre travail.

hyp

othè

ses

• I

II35

0Froid Chaud Forestier Océanique

3 / hypothèsesNous avons conclu, dans la partie précédente, qu’il existe (encore) une différence entre un milieu anthropisé (que l’on nommera « écoumène ») et un milieu non humanisé (que l’on nommera « tiers paysage »).Dans tout système composé de milieux de qualités différentes, des échanges sont possibles : flux de matières, d’énergies, de savoirs, de cultures, etc. Les échanges sont complexes et parfois contradictoires ou alternés.

31/ Un outil utile : l’autocorrélation spatiale

DéfinitionL’autocorrélation spatiale en géographie fait référence à la probabilité de trouver la même chose en B que dans l’espace voisin A. Ce concept repose sur l’hypothèse qu’un lieu ressemble plus aux lieux voisins qu’à des lieux éloignés. Elle mesure l’intensité de la relation entre la proximité des lieux et leur degré de ressemblance. L’autocorrélation spatiale peut être définie comme négative ou positive. Une autocorrélation spatiale est positive quand les points proches se ressemblent, et les espaces éloignées ont des dissemblances fortes. Inversement, une autocorrélation spatiale négative marque une diversité entre des points proches, et des ressemblances entre des points éloignés.

Autocorrélation spatiale positive et négative.

ApplicationAppliquée à nos deux milieux et leurs relations, l’autocorrélation spatiale nous aide à élaborer deux hypothèses d’évolution du peuplement :

La première correspond à une évolution du peuplement suivant une autocorrélation spatiale positive. Les points proches se rassemblent et se ressemblent de plus en plus. En considérant le Tiers paysage et l’écoumène, cette idée semble assurer la survie des deux entités. Elle entraîne même une concentration des espaces pleins autour des foyers et noyaux déjà existants. Les deux milieux sont de plus en plus distincts.C’est celle d’un avenir où le milieu humanisé est « concentré » avec une déconnexion relative entre les mégapoles denses et le no man’s land qui les entoure.

La deuxième correspond à une évolution suivant une autocorrélation spatiale négative. Les points proches deviennent, de plus en plus distincts, tandis que des points éloignés deviennent identiques, en matière de peuplement. Dans le cas du Tiers paysage et de l’ecoumène, on assiste à un mélange des deux entités, pouvant aller jusqu’à une homogénéïsation. Les deux milieux tendent à n’en former plus qu’un.C’est celle d’un avenir où le milieu humanisé est « étendu » et finit par tisser un réseau aménagé continu et homogène, dont la maille est imprévisible aujourd’hui.

COMMENTAIRES

Nos deux tendances peuvent s’expliquer par la simple différence de qualité entre nos deux milieux (humanisé et non humanisé, écoumène et tiers paysage), par analogie à certains phénomènes physiques ou humains.

hyp

othè

ses

• I

II36

0Froid Chaud Forestier Océanique

L’extension (par colonisation, développement, dilatation) est comparable à certaines diminutions ou annulations de la différence, comme le courant électrique (différence de potentiel électrique, ou « tension électrique »), le flux de chaleur (différence de température), le flux de vapeur (différence d’hygrométrie), le transfert de technologie (entre une industrie techniquement développée et une autre en voie de développement), l’enseignement (entre un individu détenteur de connaissances et un autre qui en est dépourvu), etc.

Ainsi les foyers humains denses semblent voués à se décharger dans des espaces peu denses.

La concentration, inversement, est comparable à un rassemblement sous l’effet d’une attraction (ou d’une répulsion, électromagnétique, par exemple). Il en est ainsi de l’exode rural et de toutes les formes de désertification.

Ces deux phénomènes peuvent alterner et même se réguler mutuellement.

Notons qu’il est faux de parler de tendance « naturelle » et de tendance « contre nature » (en réalité, tout est présent dans la nature). L’expression populaire qui affirme « la nature a horreur du vide », chère aux architectes qui déplorent le « mitage des campagnes », est erronée.

Notons également que les échanges entre deux milieux ne sont permis que lors d’une connexion (pas de courant électrique entre deux phases, sans une liaison par un conducteur).

3�/ hypothèse 1

Deux milieux qui tendent à être toujours plus distincts.

La population de la planète est concentrée dans certaines parties du monde. Les espaces peu denses ont fini de se vider, suivant le modèle initié au 19e siècle avec l’essor industriel et au 20e siècle avec la mécanisation de l’agriculture. Cette évolution semble avoir assuré la survie des écosystèmes des espaces vides. Le monde est surpollué a certains endroits, du fait de la concentration urbaine, ce qui est compensé par la préservation de tout le reste. L’univers dense est toujours plus artificiel, aménagé, aseptisé, sécurisé, l’univers vide est toujours plus sauvage, authentique et idéalisé.

Cette impression est pourtant trompeuse. L’univers vide est en fait incompris et marqué indirectement par les activités de l’homme. Certains phénomènes (congestion, migrations pendulaires, spéculation immobilière et élévation de la skyline, élévation localisée de la température et climatisation, moyens de sécurisation, artificialisation qui se traduit aussi dans le mode de consommation, etc.) propres aux milieux très denses, entraînent une augmentation des besoins en matière première et énergie. Les zones dites vides sont alors surexploitées, à distance, avec une autorité de contrôle laxiste, ou sans contrôle, sans que la population n’en ait forcément conscience. Le Tiers paysage est relegué au statut de zone sans intérêt, dans laquelle percent ici et là des stations ou villes-champignons purement destinées à la production, souvent destructrices pour les écosystèmes en place. La destruction du Tiers-paysage importe peu dès lors que l’écoumène n’est pas lui-même menacé. Le fait de produire loin des foyers entraîne une nécessité de transport des produits, provoquant une augmentation de la facture énergétique, et une segmentation des espaces vides. Concentration ne rime donc pas avec préservation. Le Tiers paysage a définitivement disparu, la nature authentique et sauvage n’existe plus.

Éviter Globalia

Dans le roman d’anticipation de Jean-Christophe Ruffin, Globalia est un univers urbanisé et ultrasécurisé, au climat régulé, qui s’oppose aux « non-zones », étendues désertiques, montagneuses et forestières délaissées par la civilisation unique, inaccessibles aux éventuels Globaliens qui rêveraient encore d’un ailleurs, et où vit toute une humanité exclue de gré ou de force de Globalia. Paradoxalement, ces « non-zones » sont indispensables à la pérennité de Globalia : un troc officieux entre le gouvernement et les parrains de ces non-zones assure l’approvisionnement de la supercité sans jamais que le citoyen n’ait à se préoccuper de l’opulence de son univers artificiel. Et surtout, leur simple existence permet à quelques dirigeants éclairés de brandir le spectre du terrorisme et de maintenir ainsi une stabilité politique à leur avantage. En état d’alerte permanent et sous pression médiatique, chaque citoyen accepte volontiers de sacrifier une part de liberté contre une garantie de sécurité. Un retour au système féodal en quelque sorte. Mais avec tous les attributs de la démocratie, des revenus minimums et des divertissements soigneusement contrôlés. L’intrigue du roman ne nous intéresse pas ici, elle est juste prétexte à une description de Globalia, dont notre monde actuel se rapproche de façon déconcertante.

Un roman dans la lignée de 1984 avec une perspective faussement optimiste comme dans Fahrenheit 451 ou Brazil : la fuite vers un ailleurs idéalisé, que représente potentiellement toute zone inconnue et interdite. Nous ne voulons pas voir le monde se précipiter vers Globalia : quelques mégalopoles sous cloche de

hyp

othè

ses

• I

II37

0Froid Chaud Forestier Océanique

verre avec beau temps permanent et tout le reste oublié par la majorité.

33/ hypothèse �

Deux milieux qui tendent à se fondre en un seul plus homogène.

Grâce aux progrès des télécommunications, des transports, de l’agriculture, l’attractivité des zones denses urbaines, diminue jusqu’à s’inverser au profit des zones peu denses. C’est ce qu’annoncent les phénomènes de la deuxième moitié du 20e siècle avec l’étalement des villes en périphérie (périurbanisation, zones pavillonaires, rurbanisation, etc.) et surtout les villes nouvelles et autres Siedlungen. L’évolution peut se prolonger jusqu’à l’abandon pur et simple des villes, même d’importance historique, à l’exception peut-être des plus touristiques, et au remplacement de zones denses par des zones d’habitation peu denses.

L’évolution peut même se prolonger jusqu’à la soudure des différents foyers de peuplement, et donc une répartition homogène de la population sur l’ensemble de la surface planétaire. L’univers vide, sans avoir disparu est fortement imbriqué dans l’univers humanisé.

Dans ce scénario, les vides à dominante végétale ne sont pas absents : parcs récréatifs, parcs conservatoires, forêts productives de bois-énergie ou bois-matière, champs céréaliers, etc. Mais il ne faut pas les confondre avec le Tiers-paysage. Celui-ci est ici est réduit et morcelé jusqu’au seuil où sa pérénité n’est plus assurée, par manque de biodiversité et affaiblissement de la résistance des écosystèmes. L’espèce humaine est condamnée à disparaître... sauf à trouver un autre planète.

Éviter Détroit

Situé dans le Midwest nordique des Etats-Unis, Détroit vécut ce phénomène. Appelé « MotorCity » au début du XXème siècle, cette ville crée par « The Big Three » : Chrysler, Ford et General Motors, était le centre de production américain de voitures. C’est à Détroit que le Taylorisme fut présenté, et que Ford modernisa radicalement les méthodes de production en présentant le travail de ligne en 1913 et sa Ford T qui devint la première voiture produite en série. C’est là encore que fut bétonnée la première rue. Détroit pu longtemps se vanter de sa croissance économique vertigineuse et vit s’ériger bâtiments après bâtiments. Tous les gratte-ciel de la ville furent pratiquement construits en six ans, entre 1923 et 1928, les grands magasins et les cinémas envahirent les rues, et le nombre d’habitants passa de 285.700 à 1.85 millions entre 1900 et 1950.

Détroit a été détruit majoritairement par sa propre vision de “ville moteur”. Dans les années 1930, à la suite de la première guerre mondiale, la ville para le chômage avec des programmes de construction d’autoroutes et de logements privés. Dans les années 1950, un grand nombre de nouvelles routes secondaires étaient créées. Les ouvriers pouvaient se permettre - et devaient - voyager en voiture.

Après 1950, la ville fut l’une des premières à expérimenter la dérive de la population en bord de ville. La transformation de Détroit en banlieue fut marquée non seulement par la prise de pouvoir de la voiture, mais également par la tension raciale. Entre 1940 et 1960, la proportion de noirs dans la population atteint le tiers. Les classes moyennes blanches, pleines de ressentiment contre les classes inférieures noires, se sauvèrent à la périphérie. En effet, avec la reprise de la production de voiture à la suite de la deuxième guerre mondiale, de plus en plus de personnes noires sont venues à Détroit pour travailler. Pendant les années 1940 et 1950, la population noire a gonflé de 150.000 à 500.000 individus. La plupart s’installèrent dans les quartiers pauvres de l’est de la ville. Les blancs de classe ouvrière vivant là n’étaient pas disposés à accueillir ces nouveaux venus. Pendant les seules années 1950, 500.000 blancs ont délaissé le centre de Détroit pour s’établir dans la périphérie. Les commerçants ont été également attirés par la banlieue. Le centre commercial de “Terre du nord”, le premier de son genre dans le monde, avait été ouvert à Détroit en 1953. En 1958, il y en avait 20, dont la moitié étaient situées dans le centre urbain. Vingt-cinq ans après, il n’y en avait plus un en centre ville.

Un peu plus tard, lors de la crise pétrolière de 1973 liée à la croissance de la concurrence de fabriques étrangères, Chrysler, Ford et General Motors enregistrèrent d’immenses pertes. Ils réagirent par la fermeture de leurs vieux ateliers locaux en faveur de nouveaux équipements dans les pays où les salaires étaient bien inférieurs. Entre 1970 et 1980, Détroit perdu 208.000 emplois.

hyp

othè

ses

• I

II38

0Froid Chaud Forestier Océanique

En raison de ses problèmes sociaux, Détroit fut considérée comme un cas désespéré. Dans une situation telle, le vandalisme pu se développer fréquemment, tel que la rituelle “nuit du diable” : année après année, suite à Halloween, se déroulant pendant la nuit du 31 octobre au 1er novembre, d’innombrables maisons vides et voitures sont mises à feu à Détroit. Ce phénomène atteint son apogée en 1985, quand en seulement quelques heures, 297 maisons et des monticules de pneus de voiture et de déchets furent enflammés.

La suburbanisation de Détroit entraîna la réduction de sa densité qui était alors excessive. Tandis que 127 villes de la zone métropolitaine prospéraient, le centre urbain a graduellement commencé à se délabrer. Entre 1978 et 1998, 108.000 bâtiments ont été démolis à Détroit, alors qu’on accordait seulement 9.000 nouvelles demandes de permis de construire. Les milliers de bâtiments résidentiels, ainsi que de nombreux grands magasins, bureaux et cinémas, furent abandonnés. Dans certaines rues, Détroit ressemble à une ville fantôme. En 1990 seulement 26% de la population métropolitaine de Détroit habitait dans le centre urbain.

Aujourd’hui, 85 pour cent des habitants du centre urbain sont noirs et un tiers de la zone ressemble à une épave. D’innombrables bâtiments ont été démolis et 4 000 de ceux qui se tiennent toujours debouts sont vides et abandonnés, verrouillés et murés. Les panneaux de signalisation des rues rouillent. L’herbe se développe au-dessus des trottoirs. Les chiens sauvages errent.

Une ville a l’évolution radicale, où la suburbanisation s’est accélérée, avec une fuite de la population vers les banlieues, et une baisse importante de la densité.

Nous ne voulons pas voir le monde se précipiter vers Détroit : la baisse de la densité, l’étalement des cités provoquant l’homogénéisation des milieux.

34/ hypothèse 3 ?

N’y a-t-il pas une troisième et meilleure hypothèse ? Selon nous, tout se joue dans l’équilibre. Mais comment se donner les outils d’un « équilibrage » ?C’est l’objet de la partie suivante.

Quelques croquis de travail sont rassemblés ci-après.

hyp

othè

ses

• I

II39

0Froid Chaud Forestier Océanique

hyp

othè

ses

• I

II40

0Froid Chaud Forestier Océanique

hyp

othè

ses

• I

II41

0Froid Chaud Forestier Océanique

hyp

othè

ses

• I

II4�

0Froid Chaud Forestier Océanique

Prop

osit

ions

• I

v43

0Froid Chaud Forestier Océanique

4 / Construction de notre hypothèse 3

41/ Objectifs et outils

Objectifs prioritaires

Stabiliser et réduire la croissance démographiqueRalentir les fronts pionniers, jusqu’à les stopper, voire les inverser

Voilà des objectifs incontournables en l’absence d’autre planète où s’établir...

Outils

Contre les dérives constatées dans notre rapport au désert et au Tiers-paysage en général, le premier outil est la politique� La politique par les représentants des citoyens, ou par les citoyens eux-mêmes.

Les autres outils sont multiples�Ils peuvent initier ou accompagner la volonté politique.

L’architecture et l’aménagement du territoire en font partie�

Un débat s’impose au sein de ces disciplines. Entre radicaliser le contraste prononcé mais précaire entre écoumène et Tiers paysage, et imaginer un mode de peuplement plus homogène, ne s’agit-il pas plutôt d’améliorer sensiblement et durablement la vie dans chacun des deux milieux en les faisant se rencontrer ?

4�/ Traduction pour l’architecte

Les deux paragraphes ci-dessous seront repris dans les cahiers spécifiques à nos quatre déserts et projets.

Proposer une architecture tournée vers le Tiers paysageSe tourner vers le Tiers paysage, c’est selon nous :

Plonger l’habitant dans le Tiers paysage en lui permettant de le comprendreRévéler le lien entre écoumène et Tiers paysageDépasser la technique pure pour se préoccuper de l’homme, du milieu et de la relation homme - milieu

L’architecte a une légitimité à participer à la construction en milieu extrême, domaine habituellement réservé aux seuls ingénieurs, qui répondent prioritairement aux besoins scientifiques, jusqu’à éluder l’essentiel.

« Nous protégeons seulement ce que nous aimons.Nous aimons seulement ce que nous connaissons.Nous connaissons seulement ce qu’on nous enseigne. »

Baba Dioum, Coordinateur Général de la Conférence des ministres de l’Agriculture de l’Afrique de l’Ouest et du Centre

« Le commandant Cousteau avait une devise : CONNAÎTRE, AIMER, PROTÉGER. Il faut d’abord connaître, en effet, car si l’on ne connaît pas, on ne peut pas aimer. Et si l’on n’aime pas, on n’a pas envie de protéger. »

Thierry Piantanida, réalisateur avec Thierry Ragobert de La Planète Blanche

vers un équilibre entre «colonisation» et «désertification» ?Les partisans de la densification suivent le mouvement actuel sans oser le remettre en cause. Seuls quelques travaux, ceux de MVRDV et Koolhaas en tête, s’intéressent au problème de la densification bien au-delà du désormais classique et limité « comblement des interstices ».

Prop

osit

ions

• I

v44

0Froid Chaud Forestier Océanique

Au contraire, les partisans de la dispersion ne prennent pas la précaution de vérifier les conséquences d’un peuplement d’envergure en dehors des foyers actuels.Nous préférons à ces extrêmes une architecture qui :

incite à reconsidérer la ville comme maillon d’un système, ce qui relativisera sa toute puissance et revalorise les espaces lointains dont elle dépendaccompagne l’exploration, l’exploitation voire l’occupation éventuelle de certains espaces naturels réputés explorés et pourtant méconnus, pour garantir leur préservationrefuse la progression sauvage du réseau sur les étendues videspréserve une nature non mise en scène, sans artifice

Proposer une architecture qui tend vers l’impact 0Nous nous fixons cinq critères :

Prise en compte de la résilience des écosystèmes en placeRefus de la prolifération des infrastructuresRéversibilité constructive, autrement dit savoir disparaître sans laisser de traceLutte contre le gaspillage des ressources naturelles, quitte à réviser nos standards de confortDiversification des sources d’énergie et déconcentration de la production

A propos de l’énergie

Diversifier les sources d’énergie est plus une obligation qu’un choix : si la source miracle existait, il n’y aurait aucune raison de chercher à développer des technologies exploitant d’autres sources.Déconcentrer la production d’énergie est un choix, qui peut d’ailleurs être discuté. Il va déboucher sur deux modes de production :

Une production d’énergie autonome, absolument liée à chaque point de consommation, dès qu’une source est exploitable sur placeUne production d’énergie répartie sur le territoire, là où les sources sont disponibles, avec une distribution préférentielle aux points de consommation les plus proches, et un raccordement éventuel au réseau national existant

Une déconcentration de la consommation n’est pas forcément souhaitable, et pour l’instant inimaginable.

Quel que soit le lieu et la source d’énergie, la diversification et la déconcentration doivent éviter deux problèmes :

La prolifération des infrastructures de transport énergétiqueLe raccordement aux installations de grande puissance, hypercentralisées pour des raisons économiques, difficiles à sécuriser, à convertir, ou à démanteler (qu’il s’agisse de la filière pétrole ou nucléaire)

43/ Lieux où expérimenter notre hypothèse 3

La liste est longue où l’homme se confronte au Tiers paysage et où des améliorations sont possibles :Franges des ergs sahariens (cueillette, etc.)Antarctique, malgré le TraitéArctique qui risque de subir les nouvelles routes maritimes (commerciales ou militaires) par le nordChamps pétrolifères au Moyen-Orient ou en Russie (pollution du sol et atmosphérique, pistes, industrie)Mer d’Aral asséchée (pompage excessif, d’où baisse du volume de 2/3 et salinité quadruplée)Forêts équatoriales, notamment amazonienne (sylviculture non raisonnée, culture sur brûlis)Camps de base des 8000 himalayens, vallées népalaises assaillies par les trekkersStations météo d’altitude dans les Alpes et les PyrénéesAlaska, notamment entre Anchorage et Fairbanks (villes crées pour l’or, la guerre froide ou le pétrole) et dans le Denali National Park, censé préserver faune et flore, et subissant l’afflux croissant des trekkersPamir où, en dehors des zones rurales, certaines vallées sont seulement parcourues par des soldatsIles isolées du Pacifique (progressivement privatisées et aménagées pour des touristes de luxe, ou irradiées)etc.

Proj

ets

• v

45

0Froid Chaud Forestier Océanique

5/ Expérimenter l’hypothèse 3 : nos projets

51/ Pourquoi des projets finis et de taille réduite

Nous élaborons des prototypes ou tentons d’améliorer des prototypes existants. Cette approche, avec les contraintes du désert, nous oriente vers des projets nécessairement finis pour être réellement maîtrisés. Ces projets peuvent alors devenir des « objets » de débat concrets et stimulants, illustratifs de nos concepts, et peut-être à portée utopique.La dimension pédagogique que nous voulons donner à ces prototypes, en termes d’habitat, d’économie et de construction notamment, nous incite en plus à rester dans un ordre de grandeur très réduit, afin de rendre nos projets appropriables par l’investisseur, le politique, ou tout autre acteur du développement, y compris l’habitant en passe de construire.Nous imaginons que certains concepts élaborés en milieu « extrême », pourront être transposés dans nos milieux humanisés et orienter l’évolution de la production courante. Voir que l’on peut se poser quelque part (ce qui ne veut pas dire n’importe où), avec une ambition architecturale, un minimum d’impact écologique et une intelligence de moyens techniques, doit interroger le citoyen.

5�/ Note sur nos programmes

Nos programmes sont élaborés avec un souci de réalisme :avec des données fiables sur les milieux géographiques en question,sur la base d’opérations similaires, qui répondent ou non aux mêmes enjeux, dans des régions dont les contraintes sont comparables,grâce au témoignage de membres d’organismes en prise directe avec le terrain.

Néanmoins, ils ne peuvent prétendre être totalement aboutis, de par leur nature même de prototypes à débattre. Ceci ne réduit en rien leur rôle : permettre de concrétiser, sur des opérations précises, notre hypothèse 3, pour en tester la pertinence et les limites.

Projet 1 - Ice Station

Une station côtière en Terre Adélie (Antarctique)Dispositif d’habitat, d’observation scientifique, d’accueil touristique et de ravitaillement des bases continentales

Projet � - Sun Farm

Une station dans l’erg de Koufra (Libye)Dispositif d’habitat, de recherche sur l’agriculture et les énergies solaires, et d’accueil touristique

Projet 3 - jungle Camp

Une station dans la forêt primaire équatoriale du bassin amazonien (Brésil)Camp pour une ONG comprenant des dispositifs de formation agricole, d’enseignement, d’habitat, d’accueil, et d’observation scientifique

Projet 4 - Ocean Spot

Une station maritime flottante, remorquableDispositif de recherche, de contrôle de la pêche, d’habitat, et d’accueil touristique

Res

sour

ces

• v

I46

0Froid Chaud Forestier Océanique

6/ Ressources partagées

Manifestes, essaisManifeste du Tiers Paysage, Gilles Clément, Jean-Michel Place, Paris, 2004STOP, Laurent de Bartillat, Simon Retallack, Seuil, Paris, 2003Et si l’aventure humaine devait échouer, Théodore Monod, Le Livre de Poche, Paris, 2000Architecture interdite, Jean-Louis Chanéac, ed Linteau, Paris, 2005Walden ou la vie dans les bois, Henry David Thoreau, 1854, Gallimard 1922 pour la traduction françaiseMal de Terre, Hubert Reeves, Frédéric Lenoir, Seuil, Paris, 2003

Géographie physique et peuplement, environnementAtlas mondial du développement durable, Anne-Marie Sacquet, Autrement, Paris, 2002Les nouveaux utopistes du developpement durable, Anne-Marie Ducroux, Autrement, Paris, 2003Architecture et Utopie, Franco Borsi, ed Hazan, Paris, 1997Voyage en utopie, François Schuiten et Benoît Peeters, ed Casterman, 2000Les portes du possible, François Schuiten et Benoît Peeters, ed Casterman, 2005Les villes nouvelles dans le monde, Claude Chaline, ed Presses Universitaires Françaises, Paris, 1985Bilan du monde 2006, L’atlas de 173 pays, Le Monde Hors-serie, Paris, 2006Géographie du peuplement, Guy Baudelle, Armand Colin, Paris, 2000Le Grand Atlas Mondial Illustré, Blay-Foldex, Montreuil, 2006Atlas du 21e siècle, Nathan, Paris, 2005Nouvel Atlas Mondial, Solar, Paris, 1990Atlas illustré de la Terre, Claude Smiraglia, Nathan, Paris, 1979Grand Atlas du Monde, Solar, Paris, 2002Le Grand Atlas pour le XXIe siècle, GEO Gallimard, Paris, 2003L’Atlas Géopolitique et Culturel, Le Robert, Paris, 2002De la géopolitique aux paysages, Yves Lacoste, Armand Colin, Paris, 2003L’Identité de la France, Fernand Braudelle, Tomes 1, 2 et 3, Flammarion, Paris, 1986Les Mots de la géographie, Roger Brunet, R. Ferras, H. Théry, Reclus – La Documentation Française, Paris, 2005De la Géopolitique aux Paysages, Yves Lacoste, Armand Colin, Paris, 2003AtlasEco 2003, Le Nouvel Observateur, Paris, 2003Géographie Terminales, Christian Bouvet, Hachette Education, Paris, 1998Géographie Terminale, L’organisation de l’espace mondial, Rémy Knafou, Belin, Paris, 1995Urbanisme, « Urbain / Rural», n°338, septembre-octobre 2004Architecture et utopie, Franco Borsi, Hazan, Paris, 1997Les Mots de l’environnement, Jean-Paul Métailié, Georges Bertrand, Presses Universitaires du Mirail, Toulouse, 2006

ClimatVivre les changements climatiques, Claude Villeneuve, François Richard, Multimondes, Québec, 2005Atlas de la menace climatique, Frédéric Denhez, Autrement, Paris, 2005Jean-Michel Valantin, Menaces climatiques sur l’ordre mondial, Lignes de Repères, 2005Faire la pluie ou le beau temps, Philippe Claire, Buchet / Chastel, Paris, 2005Guy Euverte, Les climats et l’agriculture, Presses Universitaires Françaises, Paris, 1967Le climat, objet de curiosité et de polémiques, Lucien Dorize, Collection L’Esprit des Sciences, Ellipses, Paris, 2005Le Climat, Jean-Louis Fellous, Collection idées reçues, Le Cavalier Bleu, Paris, 2005Petit atlas des climats, Laure Chemery, Larousse, Paris, 2004

Res

sour

ces

• v

I47

0Froid Chaud Forestier Océanique

ArchitectureConstruire en bois, Choisir, concevoir, réaliser, Karl-Heinz Götz, Dieter Hoor, Karl Mölher, Julius Natterer, Presses polytechniques et universitaires romandes, Lausanne, 1987Construire en bois 2, Julius Natterer, Thomas Herzog, Michaël Volz, Presses polytechniques et universitaires romandes, Lausanne, 1991Traité d’architecture et d’urbanisme bioclimatiques - Concevoir, édifier et ménager avec le développement durable, Alain Liébard, André De Herde, Observ’ER, Paris, 2005.Maisons mobiles, Véronique Willemin, ed Alternatives, Paris, 2005Habitats nomades, Denis Couchaux, ed Alternatives, Paris, 2004

FictionsGlobalia, Gallimard, Jean-Christophe Ruffin, Paris, 2001La Ruée vers l’Or, Charles ChaplinDune, David LynchBlade Runner, Ridley ScottAbyss, James CameronMission to Mars, Final Fantasy, et quelques autres films mineurs

48

0Froid Chaud Forestier Océanique

Remerciements

Pour leur suivi du projet et leur téméraire confiance :Bernard Duprat et Marc Filiu

Pour leur participation au jury et leur aide :Pierre Foras

Jean-louis IzardRené Achaintre

François Ramade

Pour nous avoir permis d’accéder à leur documentation :Olivier Genevièvre et l’association Sucre Ethique

Pierre Foras

Pour avoir fermé les yeux sur l’absentéisme de leur personnel étudiant :DWA architectes

Tectoniques architectes

Et pour nous avoir supporté durant les 17520 heures de ce TPFE :Nos huit parents et les quelques amis qui nous restent.

49

0Froid Chaud Forestier Océanique

Cloud Nine floating geodesic cities : « As geodesic spheres get larger than one-half mile in diameter they become floatable cloud structures… Such sky-floating geodesic spheres may be designed to float at preferred altitudes of thousands of feet. The weight of

human beings added to such prefabricated « cloud nines » would be relatively negligible. Many thousands of passengers could be housed aboard one-mile diameter and larger cloud structures. The passengers could come and go from cloud to cloud, or cloud to

ground, as the clouds float around the earth or are anchored to mountain tops ».

R. Buckminster Fuller

0Froid Chaud Forestier Océanique

LES DÉSERTSPOUR RECONSIDÉRER

LA RELATION ÉCOUMÈNE - TIERS PAYSAGE

CAHIERS SPÉCIFIQUES AUX PROJETS

étudiantsSébastien DanginDamien SperandioGrégory DessaptSophie Védrinne

enseignantsBernard DupratMarc Filiu

intervenants extérieursPierre ForasJean-Louis IzardRené AchaintreFrançois Ramade

ENSAL 2006