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Les formes et les résultats des efforts musicologiques yougoslaves Author(s): Dragotin Cvetko Source: Acta Musicologica, Vol. 31, Fasc. 2 (Apr. - Jun., 1959), pp. 50-62 Published by: International Musicological Society Stable URL: http://www.jstor.org/stable/931788 . Accessed: 18/06/2014 21:38 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . International Musicological Society is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Acta Musicologica. http://www.jstor.org This content downloaded from 91.229.229.129 on Wed, 18 Jun 2014 21:38:17 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Les formes et les résultats des efforts musicologiques yougoslaves

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Les formes et les résultats des efforts musicologiques yougoslavesAuthor(s): Dragotin CvetkoSource: Acta Musicologica, Vol. 31, Fasc. 2 (Apr. - Jun., 1959), pp. 50-62Published by: International Musicological SocietyStable URL: http://www.jstor.org/stable/931788 .

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5o Francois Lesure: Emile Haraszti (1885-1958)

et a en tirer de vbritables < theses > sur le plan politique, religieux ou sentimental.

I1I nous laisse le souvenir d'un chercheur passionnt, trts grande curiositt d'esprit, toujours pr&t g discuter et a prendre parti, et chez qui les disagriments de l'exil n'avaient pu entamer la profonde sinc~rit6 et le disintbressement.

Wilibald Gurlitt zum siebzigsten Geburstag ARNOLD GEERING (BERN)

Am 1. Mirz 1959 feierte WILIBALD GURLITT seinen siebzigsten Geburtstag. Die Inter- nationale Gesellschaft fiir Musikwissenschaft kann dciesen AnlaB nicht vorbeigehen lassen, ohne dem Promotor so vieler die Musikforschung fardernder Unternehmungen ihren Dank auszusprechen. Seinem Grundsatz, daB Musikwissenschaft heute nicht bloB eine Angelegenheit des engeren fachwissenschaftlichen Bemiihens allein sein kinne, und der Einsicht, daB ihre Forschungsergebnisse zum Klingen gebracht werden miissen, verdanken wir die Rekonstruktionen der Praetorius-Orgel von 1921 und 1954 in Frei- burg i. Br., und auch mit den Auffiihrungen mittelalterlicher Musik in Karlsruhe und Hamburg in den Jahren 1922 und 1924 ist er zum Pionier geworden. Weltweite Aus-

wirkung hatte die Freiburger Orgeltagung von 1926, aus der die Orgel-Emrneuerungs- bewegung hervorgegangen ist. Dem unablissig Tiitigen verdanken wir neben einer Fiil~e wichtiger Arbeiten zur Geschichte der deutschen Musik von der Reformation bis Johann Sebastian Bach und Robert Schumann, zur Geschichte der burgundischen Chan- son und zu Fragen der mittelalterlichen Musik die Erneuerung des Lexikons von Hugo Riemann, die Fortsetzung der Zeitschrift ,,Archiv fiir Musikwissenschaft", und mit gespannten Interesse diirfen wir einem begriffsgeschichtlichen Warterbuch der Musik entgegensehen.

Die Internationale Gesellschaft fiir Musikwissenschaft ist dem Jubilar zu beson- derem Dank verpflichiet fiir die wertvolle Hilfe, die er der Gesellschaft als Mitglied ihres Direktoriums geleistet hat, vor allem als es gait, nach dem zweiten Weltkrieg die zerrissenen Bande wieder neu anzukniipfen. Er hat der Musikforschung seines Landes und der internationalen Musikwissenschaft unverget1iche Dienste erwiesen. Wir haben daher allen Anlal, dem Hochverdienten unsere Dankbarkeit zu bekunden und zu bewahren. Damit verbinden wir unsere herzlichen Gliickwiinsche.

Les formes et les r~sultats des efforts musicologiques yougoslaves

DRAGOTIN CVETKO (LJUBLJANA)

Dans la musicologie yougoslave, un travail systimatique et rigoureusement scientifique n'a commence qu'd une 6poque relativement rtcente. I1i faut chercher les causes de ce retard dans les conditions sp~cifiques, peu favorables g l'&volution d'une activith scientifique chez les peuples yougoslaves.

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Jusqu'a la fin de la premiere guerre mondiale (1918), lorsque la Yougoslavie est devenue un 6tat ind~pendant, les nations dont actuellement elle est composbe, 6taient skpartes et divisbes en diverses unites gouvernementales et elles subissaient des destins historiques trks diffbrents. Les Slovines, les Croates et une partie des Serbes au nord du Danube ktaient incorporbs dans I'ancien empire austro-hongrois, les Serbes au sud du Danube avaient leur propre royaume et les Macbdoniens n'avaient pas d'autonomie nationale. I1I est evident que la perte de l'autonomie politique et nationale et I'assujet- tissement des Slaves du Sud qui dura pendant des sidcles, eurent, quant i leur evolution culturelle, des suites ficheuses. Du point de vue culturel, ils s'orientbrent du c6th de ceux dont ils d~pendaient. Dans cette pkriode, leur activith et leur productivith diminu~rent 6normkment. Chez les Serbes, assujettis aux Turcs, elles expirkrent presque entikrement. Toute leur activith culturelle 6voluait presque exclusivement dans les limites du domaine de l'art populaire. Chez les Slovines et les Croates cependant elle eut, malgrt les obstacles, une evolution relativement con- sid&rable. Toutefois, cette activitk sur le sol natal 6tait bien moindre de ce qu'elle aurait 6t6, si ces deux nations avaient 6td ind6pendantes et si elles avaient dispose des conditions semblables i celles dont jouissaient les peuples libres de l'Europe Occidentale. En Slovinie et en Croatie, les cours profanes et ecclksiastiques 6taient plut6t rares et moins somptueuses et les universitis n'existaient gutre; ce qui rbduisait consid~rablement les possibilitis d'une 6volution scientifique. A cause de cela et de nombreux autres facteurs qui influengaient l'intensith et I'ampleur des aspirations culturelles, les 6l1ments crtateurs slovene et croate partaient pour la plupart a l'6tran- ger, oif ils trouvaient des conditions plus favorables & leur evolution. Par 1l m~me, ces 6lments contribuerent dans une mesure bien plus large a l'tvolution culturelle A l'6tranger qu'd celle de leur patrie.

L'activitk musicale 6voluait dans les mimes conditions. Les compositeurs, les inter- prates et les thboriciens de la musique 1 diployaient une activit6 fbconde dans le monde musical btranger et contribukrent de diverses manieres g I'bvolution de la pens&e musicale europkenne. Les documents qui le confirment remontent au 15e sidcle 2

Parmi les sources qui, jusqu'd present n'ont pas encore 6th examinbes, il en existe probablement de plus anciennes encore.

Cet 6tat de choses se prolongea jusqu'au debut du 19e sikcle, lorsque, par suite de l'6volution nationale de chacune des communautis des Slaves du Sud, la situation commenga i subir un changement essentiel. Les Serbes conquirent leur libertk

1 Un de ces thboriciens de la musique est p. ex. BALTHASAR PRASPERGIUS qui, 1501, lorsqu'il publia son traitt Clarissima plane atque choralis musice interpretatio ...

cure certissimis regulis atque

exemplorum adnotationibus et figuris multum splendidis, Ctait professeur de musique & BAle. GERBER (1813, III, 762) et F•TIS (1883, VII, 115) supposaient, A cause de son surnom de Merspurgensis qu'il etait originaire de Meersburg (Meersburg a./d. Saale, Merseburg, M6rsburg), tandis que EITNER (VIII, 51) constata avec justesse que son surnom de Prasperg indique clairement le lieu de sa naissance, qui fut Mozirje dans la Styrie slovine. Comp. aussi D. CvETKo, Histoire de la musique en Slovinie, Ljubljana, 1958, 61-62.

2 Comp. D. CVETKo, Zgodovina glasbene umetnosti na Slovenskem (Histoire de la musique en Slovenie), Tome I, Ljubljana, 1958, 25-69; B. SIROLA, Hrvatska umletnihka glasba (Musique artistique croate), Zagreb 1942, 7 ss.

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politique et nationale dts le milieu du 19e sidcle. Pendant ce temps-lA, les Croates et les Slovines consacraient la plupart de leurs efforts cr~ateurs A I'6mancipation nationale qu'ils n'obtinrent qu'avec la constitution du nouvel itat national en 1918. Les Macbdoniens cependant ne gagntrent effectivement leur droit A l'autonomie nationale qu'en 1945. Bien que, par rapport aux p~riodes pr&cdentes, I'activith musicale chez les Slaves du Sud fGit, A cette 6poque-li, plus favorable, elle &voluait, au 19e et au 20e si&cle encore, avec beaucoup de difficult&. Chez les Serbes, cette pkriode coincide avec le debut d'une production musicale artistique, car, A cause des conditions extraordinairement ddfavorables, ils n'avaient, auparavant, aucune possibilit6 d'bvolution artistique. Chez les Croates et les Slovknes, I'6tat des choses 6tait different, car ceux-ci possidaient une tradition musicale relativement riche. Pendant un certain temps, ils furent contraints d'y renoncer pour consacrer le meilleur de leurs forces A la solution du problime national et, en m~me temps, g la creation des bases pour une musique nationale. De 1, leur retard de presque tout le 19e si&cle, pendant lequel ils ne rkussirent guire a se mettre au pas avec le d&veloppement rapide de la musique europbenne. Ce n'est qu'd l'aube du 20e si&cle qu'ils s'orientirent, cette fois ensemble avec les Serbes qui les avaient rejoints A un rythme accd16rt, vers la

musique moderne europbenne. Au 19e et au debut du 20e sidcle, lorsqu'en Europe Occidentale recommenga A

bvoluer, et cette fois sur des bases diff~rentes, la science musicale, les conditions pour son bvolution chez les peuples des Slaves du Sud n'6taient pas encore assez favorables. Les institutions n&cessaires n'y existaient pas encore, les aspirations cr~atrices bvoluaient la plupart du temps dans une autre direction, c'est-~-dire 1 oil les

appelaient les intdr~ts nationaux et oii ils pouvaient contribuer A leur solution positive. Pour autant que les d16ments croate et slovene 6taient capables d'une activitk musicologique, celle-ci continua B &tre en majeure partie orient&e vers les autres cultures nationales. Ce fut p. ex. le cas de JosIP MANTUANI (1860-1933), I'auteur

de la premiere Geschichlte der Musik in Wien I (Wien 1904), qui 6tait d'origine slovene.

Chez les Slovines et les Croates cependant l'activitd musicologique commen9a, malgrb les obstacles, avant m~me la naissance de l'Etat national, c'est-g-dire avant que les conditions pour son &volution y fussent plus favorables. Sa premiere phase qui, d'ailleurs, doit &tre considdr&e comme la phase de prdparation, commence dans la seconde moitib du 19e sidcle et se prolonge jusqu'au debut du 20e sidcle. Outre les

premiers efforts dans le domaine du folklore, cette activit6 se limita A des recherches sur le passe historique des cultures musicales nationales et, dans ce cadre, consista surtout / recueillir des donnies biographiques sur des musiciens. Ce n'est qu'exception- nellement que les recherches et les etudes se rapporthrent A un matdriel original. Et m&me alors, elles sont pour la plupart faites par des sp&cialistes dont la musique ne fut pas le seul champ d'action. Les efforts les plus remarquables furent obtenus dans le domaine du passe musical slovine. Le champ d'action de J. MANTUANI qui s'occupait aussi de l'histoire de l'art, de l'archbologie et de l'6pi- graphie, 6tait si vaste qu'il lui 6tait impossible de concentrer ses efforts d'une manidre

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plus intense dans le domaine de la musique. Malgrb cela, sa contribution fut, dans ce domaine aussi, considerable. De cette pkriode date son ouvrage remarquable sur la vie et l'oeuvre du compositeur slovene du 16e sidcle Jakob Gallus, pour lequel il s'est servi d'une documentation tris vaste et basbe sur des sources jusque 1A inconnues ou n6glig~es. Cet ouvrage fut publi6 comme introduction dans le premier volume du recueil de Gallus, Opus musicum, sous le titre de Jakob Handl (DTO VI, 1, Wien 1899). Des fragments de cette oeuvre parurent aussi dans divers pbriodiques slovknes. Dans son ouvrage d'histoire g~ndrale, dans lequel il traita le passe de I'ancien Duchi de la Carniole comme partie du territoire slovene, PETER RADICS (18 36--1912) donne aussi un apergu de l'histoire de la culture musicale en Slov~nie. Il est aussi l'auteur de quelques ouvrages qui reprbsentent un materiel assez important bien que parfois insuffisamment contr61:: Frau Musica in Krain (1877), oh il envisagea les 6v~nments musicaux et les personnalitbs les plus remarquables de ce pays B partir du 15e sidcle, Die Entwicklung des deutschen Biihnenwesens in Laibachi (1912), oi il traite, non seulement de l'aspect dramatique mais aussi de I'aspect musical de la vie du theitre de Ljubljana depuis la seconde moitib du 17e jusqu'au debut du 19e sidcle, et Die Ge- schichte der Philharmonischlen Gesellschaft in Laibachi 3. Des problimes de l'histoire de la musique slovene s'occupait aussi, au debut de sa carriare musicale, JosIP CERIN (1867-1951) qui donna une contribution importante avec son etude Pesmi slovenskil protestantskii pesmaric, njii viri in njih poraba v poreformacijskil Easih (Les chants des recueils protestants slovines, leurs sources et leur emploi aprts la R~forme, 1908) qui fut sa these de doctorat, imprimbe par la Matica Slovenska A Ljubljana. Plus tard, C5ERIN abandonna le travail historique et se consacra exclusivement B la direction d'orchestre. Quant g l'histoire de la musique croate, c'est FRANJO KUHAE (18 34-1911) qui, dans cette p~riode, s'en occupait d'une manikre systtmatique, bien que pas toujours trs scientifique. En mame temps, il recueillait activement des chants populaires et collectionnait des instruments populaires qui formaient l'objet de ses etudes. Dans ses ambitions de caractare historique, il dtpassait le cadre national, en se servant de la mkthode comparative. Parmi ses oeuvres citons la monographie Vatroslav Lisinski i njegovo doba (Vatroslav Lisinski et son temps, 1877), dans laquelle il a expose les debuts du mouvement national croate, et Ilirski glazbenici (Musiciens illyriens, 1893), peinture tris claire de I'activit6 des musiciens dans la ptriode de la culture musicale qui, dans les premieres dkcades du 19e sidcle, &voluait sous l'influence du mouvement rtgendrateur croate dit illyrien et qui, du point de vue historique, coincide avec les debuts du romantisme musical. Particulitrement intbressants sont ses deux traitis Josip Haydn i hrvatske narodne popijevke (Joseph Haydn et les chansons populaires croates, 1880) et Beethoven i hrvatske narodne popijevke (Beethoven et les chansons populaires croates, 1894). I1 y traitait des influences des thames populaires croates sur

SCette oeuvre est restee en manuscrit et porte le titre de Die Geschichte der Philharmonischen Gesell- schaft in Laibacd seit zwei Jahrhunderten 1701-1907. Nach der in Handschrift hinterlassenen Ge- schichte der Gesellschaft von Dr. F. Keesbacher im Auftrage der Direction neubearbeitet und erginzt. - Le manuscrit est conserve B la Bibliotheque nationale et universitaire de Ljubljana, Archives Phil- harmoniques, section des manuscrits.

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la creation de Beethoven et de Haydn, parvenant a toute une sbrie de conclusions problimatiques qui furent la cause de nombreuses discussions et aussi d'une opposition

trbs aigue4. Bien que du point de vue de la mithode, les efforts historiques de F. KUHAE n'aient

pas dtt rigoureusement scientifiques, ils possidaient n~anmoins une certaine valeur scientifique. En gindral, ils &voluent dans le m~me sens que ceux des musicographes, assez nombreux dans la seconde moiti~ du 19e et au debut du 20e sidcle chez les Slovines et les Croates qui, tous, sous forme ou sous une autre, s'employaient A recueillir du materiel relatif au passe musical national. Bien que leur activith n'ait

pas &ti toujours ni absolument systimatique ni assez critique, elle constitue toutefois un apport important / la production musicologique dans sa phase initiale. Leurs oeuvres apparaissaient soit en forme de volume, soit dans la presse pbriodique. Parmi les revues musicales slovines destinies a ce but, il faut mentionner en premier lieu le Cerkveni

glasbenik (Le Musicien d'Eglise, 1878-1945) et les Novi akordi (Accords nouveaux, 1901-1914) et parmi les croates, la Sv. Ceciliia (Sainte Ccile, 1907-1945). A

c6t6 de celles-ci, il y avait plusieurs autres revues musicales slovines, croates et aussi serbes qui, cependant, reprisentent une contribution moins importante a la production musicologique.

Parmi les auteurs musicaux de ce type mentionnons, chez les Croates, outre F. KuHAE, VJENCESLAV NOVAK (1859-1905) qui publia les Starohrvatske crkvene

popijevke (Chants religieux vieux-croates, 1891) et, en Slovinie, FRIEDRICH KEES- BACHER (1831-1901) qui fut le premier / publier un apergu chronologique de l'activith de la Soci~th philharmonique de Ljubljana sous le titre de Die philharmonische Gesell-

schaft in Laibach (1862) et qui a traith ce m&me thkme dans un ouvrage plus ample restd manuscrit 5; ensuite FRAN RAKUiA (18 59-1905) dontle Slovensko petie v preteklik dobah (Le chant slovine dans le pass6, 1890) reprisente le premier essai d'une histoire de la musique slovene, et ANTON TRSTENJAK (1853-1917) dont le livre Slovensko

gledali.e (Le theatre slovene, 1892) n'est pas seulement une contribution importante

A l'6tude de l'activitd dramatique, mais aussi 8 celle de la musique dans le domarine du

theatre en Slovinie. Mentionnons encore DAVORIN BERANI&(1879-1923) dont l'activith consistait dans l'6tude analytique des motifs individuels employds par des com- positeurs slovines. Bien qu'apparemment modeste, son oeuvre reprbsente une con- tribution pr&cieuse B la documentation musicologique. Du debut du 20e sikcle date aussi le debut de l'activit6 scientifique de VIKTOR STESKA (1868-1946) qui, entre

autre, publia les 6tudes Academia Philharmonicorum (Dom in Svet, 1902) et Oratoriji v Ljubljani pred 200 leti (Les oratorios A Ljubljana, il y a 200 ans, Cerkveni glasbenik, 1912). Dans la seconde moiti& du 19e siecle apparaissent aussi les premiers essais d'une

4 Comp. D. CVETKO, The Problem of National Style in South Slavonic Music, in Slavonic Review XXXIV, 82, London 1955, 1, 2. 5 Le manuscrit de Keesbacher porte le titre suivant: Geschichte der philharmonischen Gesellschaft in Laibach (gegriindet 1702) anliilich der 200jiihrigen Griindungsfeier, Laibach, 1901. I1i est conserve a la Bibliothique nationale et universitaire de Ljubljana, Archives Philharmoniques, section des manu- scrits.

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activitd musicologique chez les Serbes. Parmi les rares musiciens qui commenchrent g s'occuper de ces problkmes, furent TIHOMIR OSTOJIn (1685-1921) et FEDOR DEMELIE qui, le premier, pr~senta le profil biographique du thtoricien du nationalisme musical serbe Kornelije Stankovid.

Aprks cette phase pr~paratoire, la production musicologique, apris 1918, devint plus ample et plus 6tendue. I1 faut chercher les causes de ce dtveloppement dans les conditions consid~rablement amiliories, grace notamment A la fondation des con- servatoires, devenus plus tard les academies de musique de Ljubljana, de Zagreb et de Belgrade, / l'enseignement de l'histoire de la musique qui avait lieu en partie dans les universitds, bien que celles-ci ne fussent pas encore dot6es de chaires autonomes de musicologie, grice enfin aux plus grandes possibilitbs de publication. A ce mouvement contribuaient de leur c6th les revues musicales dtji existantes qui continuaient A paraitre et celles qui venaient d'etre fondkes. Outre le Cerkveni glasbenik et Sv. Cecilija, il faut mentionner les deux revues slovines Zbori (Choeurs, 1925 -1934) et Nova muzika (Musique nouvelle, 1929, 1930), les revues croates Glazbeni vjesnik (Gazette musicale, 1927-1931), Cirilometodski vjesnik (Gazette de la Soci~th de saint Cyrille et M~tode, 1933-1940) et Grlica (La Tourterelle, 1933-1934) et les deux revues serbes Muzilki glasnik (Gazette musicale, 1928-1934, 1938-1941) et Zvuk (Le Son, 1932-1936). Bien qu'aucune de ces revues n'eit un caractbre musi- cologique prononc6, elles offraient toutes aux auteurs musicaux et aux musicologues de larges possibititbs pour la publication de leurs contributions professionnelles ou scientifiques.

Dans la deuxikme phase qui embrasse la pbriode entre les deux guerres mondiales (1918-1941), on observe en partie les m~mes traits que ceux qui caractkrisent la phase pr~paratoire. D'un c6th des biographies et des rapports sur I'activith des com- positeurs nationaux et 6trangers, 6crits sous une forme populaire et sans pritentions rigoureusement scientifiques 6, p. ex. La monographie du compositeur Emil Adamit de L. M. SKERJANC tanclis que, de l'autre c6th, continuent la recherche et I'~tude du matried pour I'histoire nationale de chacun des peuples yougoslaves. Chez les Slovenes, ce travail est continue par MANTUANI qui est considbr6 comme le fon- dateur de la science musicale slovene. Dans cette piriode d'kvolution, il publia de nombreux ouvrages qui se rapportent au passe musical slovene et qui se joignent a son oeuvre de la ptriode pricidente. Parmi ceux-ci, notons Franc Peter Schubert in Kraniska, (Franz Peter Schubert et la Carniole, Zbori, IV, 1928), oi il traite d'un detail int~ressant la vie de Schubert, lorsqu'en 1816, celui-ci sollicita la place de professeur de musique a Ljubljana, ensuite l'6tude O slovenski operi (Sur I'opkra slovene, Zbori V, 1929) qui est un essai de panorama historique sur I'&volution de I'opkra slov~ne, et I'etude Jurij Mihevec (Nova muzika I, 1929), dans laquelle, pour la premikre fois,

6 A ce genre appartiennent les contributions de divers musicographes, p. ex. les biographies romanckes des compositeurs croates Franjo Kuhad, Vatroslav Lisinski et Ivan Zaic (ANToNIJA KASSOWITZ-CVIJI~E, 1924, 1919). I1 faut y compter aussi les biographies &crites d'une maniere populaire sur divers compo- siteurs 6trangers, p. ex. de Beethoven (ST. ZIVADINOVI6, 1937), Puccini (S. CIPil, 1937) etc.

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fut pr~sent6 d'une manidre plus 6tendue ce compositeur slovyne de la premiere moiti6 du 19e sitcle qui avait d~ployd son activit6 musicale a Vienne, a Paris et a Mennecy (prds de Paris). A c6th de MANTUANI se poursuivaient aussi les recherches de VIKTOR STESKA, auteur de nombreuses contributions g l'histoire musicale slovene, dont la riche documentation est le fruit d'un travail consciencieux. Parmi ses oeuvres, mentionnons Javua glasbena fola v Ljubljani (L'6cole publique de musique a Ljubljana, Cerkveni glasbenik, 1929), Naii glasbeniki v ljubljanskik jezuitskih dramah (Nos musiciens dans les drames des jbsuites de Ljubljana, ibid., 1935) et Organisti v ljubljanski stolnici (Les organistes a la cath~drale de Lubljana, ibid., 1940). La p&riode la plus ricente de la musique slovene forme l'objet des etudes importantes de VILKO UiKMAR (1905-), parmi lesquelles notamment Pogled na naje glasbeno ustvarjanje (Vue sur notre

creation musicale, Kronika I, 3) et Slovenska glasba v letih 1918-1938 (La musique

slovene dans les annkes 1918-1938, Spominski zbornik Slovenije, 1938). Chez les Croates, un travail semblable est accompli par ANTUN GOGLIA (1867-1958), auteur de nombreuses 6tudes plut6t braves, mais mdticuleuses, sur divers compositeurs croates,

p. ex. Djuro Eisenhuth (Sv. Cecilija, 1926), Ivan pl. Zaic (ibid., 1932), Nikola pl. Faller

(ibid., 1938), Lujo Safranek Kavih (ibid., 1942) et Juraj Karlo Wiesner pl. Morgenstern (ibid., 1942), ainsi que de nombreux aperCus sur divers ~v~nements importants dans le passe musical croate, MILIAN OGRIZOVIC, auteur de la contribution Hrvatska opera 1870-1920 (L'opkra croate 1870-1920, 1920) et ARTUR SCHNEIDER qui, dans son etude Ivan Mane Jarnovif (1944) traite de la vie et de I'oeuvre de ce compositeur de la fin du 18e et du debut du 19e sitcle, dont les origines nationales restent toujours incertaines 7. Dans cette mime pbriode apparaissent, chez les Croates, les aspirations vers un traitement synthttique de l'histoire musicale croate. L'apergu Razvoj hrvatske muzike (L'tvolution de la musique croate, 1930) de BRANIMIR IVAKIC represente un essai dans ce sens-l~. Ce fut cependant BO•IDAR SIROLA (1886-1956) qui y rbussit

beaucoup mieux avec son Pregled povijesti hrvatske muzike (Panorama de l'histoire de la musique croate, 1922). Par la suite, le remaniement de cette oeuvre fut publi6 sous le titre de Hrvatska umjetnihka glasba (La musique artistique croate, 1942); bien que cette oeuvre soit d'un caractbre plut6t lexicographique, elle reprksente une contribution

pricieuse aux efforts ultbrieurs des Croates dans cette direction. Ce sont cependant les oeuvres de DRAGAN PLAMENAC (1895-) qui constituent la contribution de la plus haute valeur scientifique a l'histoire de la musique croate, et parmi celles-ci, notam- ment l'introduction a la publication des Odabrani moteti Ivana Lukadida (Les motets choisis de Ivan Lukadid, 1935), compositeur croate de la fin du 16e et du debut du 17e

sidcle, et la monographie Toma Ceckini (1938), qui 6tait d'origine italienne mais qui, a la mime 6poque que I. Lukabid, dbployait son activith musicale en Dalmatie. De mime que J. MANTUANI chez les Slovynes, D. PLAMENAC fut, chez les Croates, le fon-

7 Comp. A. WIRSTA-H. HAASE, Jarnowich

Mane dans MGG VI; S. DJURI6--KLAIN, Un COHtemporaiH

de Mozart, Ivan-Mane Jarnovih, Bericht jiber den internationalen musikwissenschaftlichen KongreB in Wien 1956 (1958).

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dateur de la science musicologique8s. Chez les Serbes aussi, cette pbriode marque le d&but d'une activith musicologique bien plus intense et qui kvolue sur un niveau bien plus blevk. C'est aux problames nationaux dans le domaine historique qu'&taient consacr~s les efforts de MILOJE MILOJEVId (1884-1946) qui fut le fondateur de la science musicale chez les Serbes. Bien qu'g cause de son champ d'action trop vaste et trop varib, il ne pfit gubre y consacrer toutes ses forces, il y excella d~jt avec sa thise de doctorat Smetana--Zivot i rad (Smetana-Vie et oeuvre, 1924) et avec de nom- breuses 6tudes remarquables qui figurent dans ses recueils Muzihke studije i tlanci (etudes et articles musicaux, 1-1926, 11-1933, III-bdition posthume, 1953). Quel- ques autres musicologues serbes remarquables dans ce domaine sont KOSTA MANOJ- LOVIE (1890-1949) dont la Spomenica St. St. Mokranica (Hommage t St. St. Mo- kranjac, 1923) apporte une importante contribution A la connaissance de la musique serbe de la fin du 19e et du debut du 20e si~cle; PETAR KomovI6 (1883) qui, dans son livre Lid'osti (Personnalitds, 1919) toucha A quelques problames historiques de la musique serbe, et MIHOVIL TOMANDL qui, dans son Spomenica Pan-evatkog srpshog crkvenog pevatkog druitva (Hommage A la chorale religieuse serbe de Panievo, 1938) rkunit un important materiel relatif A l'histoire de la musique serbe.

Dans cette pdriode de son evolution, les inttr~ts de la musicologie yougoslave dkpassent le cadre strictement national. C'est alors qu'apparait le premier aperqu de l'&volution historique g~nkrale de la musique sous le titre de Povijest glazbe (Histoire de la musique, 1942), dont l'auteur est JosIP ANDREIS (1908-). A c6td de celle-ci

apparaissent des etudes sur diverses cultures musicales 6trangbres, parmi lesquelles notamment Ruska opera (L'opbra russe, 1923) et Slova ka glazba (La musique slova- que, 1944) de JosIp ANDRI6 (1894-), Istoriski pogled na muziku u Engleskoj (Pano- rama historique de la musique en Angleterre, 1931) de KOSTA MANOJLOVI6, Muzika u

Sovietskoj Uniji (La musique dans l'Union Sovi~tique, 1940) de ERIH SAMLAI6 et quelques autres. De cette mime p&riode datent aussi des monographies de diverses grandes personnalitis de la musique europkenne, traitbes d'une manibre scientifique. Parmi celles-ci figure en premier lieu la monographie de Smetana de MILOJEVId, men- tionn e ci-dessus.

Dorinavant, I'activit6 musicologique est dirigde aussi vers quelques autres do- maines, surtout vers l'esthktique musicale, la sociologie et la p~dagogie. Dans le domaine de l'esthktique, mentionnons en premier lieu Uvod v glasbo (Introduction a la musique, 1929), oeuvre tris originale du musicologue slovene STANKO VURNIK (1899-1932) qui, en partie, touche aussi i l'histoire du style. M. MILOJEVIE traita des

8 Outre les travaux mentionnis, PLAMENAC contribua h la musicologie croate avec son etude O hrvatskoj muzici u vrijeme renesanse (Sur la musique croate au temps de la renaissance, Hrvatska revija, 1938) et Music of the 16th and 17th Centuries in Dalmatia (1944). Apris son depart pour les Etats Unis, obi, actuellement, il enseigne B l'Universith d'lllinois (Urbana), il commenca B s'occuper des probltmes sp~cifiques de I'dvolution musicale europ~enne. Dans cette direction, il &crivit une serie de travaux importants, p. ex. New Light on the Last Years of C. P. E. Bach (The Musical Quar- terly XXXV, 1949), Keyboard Music of the 14th Century in Codex Faenza 117 (Journal of the Ame- rican Musicological Society IV, 1951), An Uinkniown Composition by Dufay (The Musical Quarterly XL, 1954) et Another Fragment of Trecento Music (Journal of the American Musicological Society), etc.

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problkmes esth~tiques dans le recueil djia mentionni Muzihke studiie i clanci. Dans cette m~me d~irection 6voluait 1'activith de VOJISLAV VU~KOVI6 (1910-1942) qui, chez les Serbes, fut le premier a introduire consciemment la m6thode dialectique dans le traitement des problkmes musicologiques et qui, en partie, appliqua cette mtthode dans son recueil Muzihki portreti (Portraits musicaux, 1939) et, dans une mesure plus grande encore, dans les traitds et les essais figurant dans son recueil posthume Izbor

eseja (Choix d'essais, 1955), odi il toucha aussi au domaine de la sociologie musicale. Dans une orientation d'id~es apparentde a celle de VucKOVI kvolue aussi l'activitd du

musicologue croate PAVAO MARKOVAC (1903-1941). Son recueil posthume Izabrani Elanci i eseji (Articles et essais choisis, 1957), dans lequels l'analyse du rapport entre la musique et la sociktd occupe une place importante, en est la preuve. A une inter-

pr~tation scientifique progressiste des problkmes de l'kducation musicale est consacr&e, dans cette pkriode bvolutive, I'activit6 du musicologue slovene DRAGOTIN CVETKO

(1911-) et elle apparait djfi dlans sa thkse de doctorat Problem obdega muzikalnega vzajanja in izobraTievania (Le problame de l'enseignement de la musique et de l'bdu- cation musicale g6nbrale, 1938).

Dans la pkriode 1918-1941, ou mieux, 1945, il y eut, a c6t6 de ces musicologues et auteurs musicaux, de nombreux autres sp6cialistes qui, sous forme de publications indi- viduelles ou d'articles et essais publiks dans les pbriodiques, traitaient des problimes de divers domaines musicologiques. Cette pbriode marque aussi un grand 6panouisse- ment de l'ethnomusicologie qui, vu la richesse folklorique des peuples yougoslaves, reprbsente un champ d'action extraordinairement vaste, qui sera 6tudid ultdrieurement dans cette revue.

La pkriode apris 1945 reprisente pour ainsi dire une troisitme phase dans l'6vo- lution de la musicologie yougoslave. Compar&es g celles du passe immbdiat, les con- ditions dans cette p~riode se sont encore ambliorbes. Une contribution importante a ce nouvel 6tat de choses a 6th en 1948 la creation de sections d'histoire de la musique dans les acad6mies de musique, issues de l'ancienne section scientifique de l'Acad~mie de musique de Ljubljana (1945-1948).Dans ces sections qui ont le caractbre de chaires universitaires, on cultive la musicologie de la m~me manikre que dans les universitds 6trangbres, avec la seule particularith que les efforts principaux y sont consacrbs a l'histoire de la musique et que, dans leur activitY, la thkorie et la pratique sont 6troitement libes. Grace a leur activitY, le nombre de jeunes musicologues a con-

sid~rablement augment6 et les premiers r~sultats de leurs efforts commencent dbjia se manifester. De m~me, les possibilitds de publication des oeuvres musicologiques se sont 6largies, aussi bien pour la publication de volumes individuels que pour celle d'articles de ptriodiques, dont, cependant, jusqu'g present, aucun n'est encore de

caractdre sp~cifiquement musicologique. Aprts la deuxi~me guerre mondiale a surgi toute une sbrie de revues musicales, dont nous ne citerons que quelques-unes parmi les plus caractbristiques, telle la Slovenska glasbena revija (Revue musicale slovine, 1951-), les deux revues croates Muziake novine (Gazette musicale, 1946-1948) et Muziaka revija (Revue musicale, 1950) et les deux revues de caractdre yougoslave Muzika (La musique, 1948-1951) et Zvuk (Le son) qui apparait depuis 1955. Dans le

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cadre de la musicologie serbe, il faut mentionner I'activit6 importante de l'Institut de musicologie de l'Acad~ mie des sciences serbe qui fut fond6 en 1947.

Les efforts principaux de la musicologie yougoslave de cette pbriode sont dirig~s vers les recherches et etudes ultdrieures du passe national des cultures musicales et, dans ce sens, ils ont dbji donnd des r6sultats relativement f&conds. Chez les Croates, JOSIP ANDREIS y contribua avec son etude sur le compositeur Jakov Gotovac (1957) et son aperru sur I'&volution de l'institution musicale centrale croate sous le titre de 125 godina Hrvatskog glazbenog zavoda (125 annies de l'Institut musical croate, 1952), ALBE VIDAKOVI6 (1914-) avec son trait~ Sakramentar MR 126 (1952) et I'introduction remarquablement dlaborke (1956) au recueil Parnassia militia du compositeur croate du d~but du 17e sikcle Vinko Jeli6 (Jelich, Jelitsch, Jelicich, Jeletschitsch) et HUBERT PETTAN (1912-) qui, avec son Popis skladbi Ivana Zaica (Description des compositions de Ivan Zajc, 1956) a fourni un materiel abondant pour I'6tude de ce compositeur romantique croate, le plus eminent de la seconde moitib du 19e et du debut du 2oe siecle. Bien que, chez les Serbes, les r6sultats ne soient pas aussi ktendus, ils timoignent d'une activitd trks vive. Parmi eux, il faut nommer en premier lieu les Prilozi biografskom reEniku srpskih muzihara (Contribution g un dictionnaire biographique des musiciens serbes, 1950) dont l'auteur est VLADIMIR R. DJORDJEVI6 et qui apporte un vaste materiel pour l'6tude de la musique serbe; ensuite, les deux monographies de P. KoNJovI6, Miloie Miloievid-Kompozitor i pisac (Miloje Milo- jevi-Compositeur et &crivain, 1954) et Stevan St. Mokranjac (1956) et, dans un sens plus large, aussi Knjiga o muzici (Le livre sur la musique, 1947) du m&me auteur, qui, en forme d'essai, y traite, d'une maniere spirituelle, de divers problkmes et de person- nalitis de la musique serbe et 6trangtre; puis, le recueil d'essais et d'articles Muzika i muzilari (Musique et musiciens), 6crit par STANA DJURId-KLAJN (1908-) qui, en outre, est I'auteur de l'itude Un contemporain de Mozart, Ivan-Mane ]arnovid (Bericht iiber den internationalen musikwissenschaftlichen Kongress in Wien 1956, 1958) et la contribution importante g la pbriode encore peu exploree de la musique serbe du moyen Age, Pretstave muzi~kih instrumenata u srpskom srednievekovnom slikarstvu (Les representations des instruments de musique dans la peinture serbe du moyen &ge, NaSa reP 1951, 1), dont I'auteur est MILOS VELIMIROVId qui, actuellement, travaille g l'universitd de Yale (U.S.A.). Parmi les oeuvres de ce genre il faut citer aussi I'analyse excellente des recueils de chants populaires du fameux romantique serbe Stevan Mokranjac intitul6e Rukoveti St. St. Mokranjca (Les recueils de chants populaires de St. St. Mokranjac, 1957), dont I'auteur est MILENKO ZIVKOVI6. Quelques essais de V.

VUIKOVI6, publi6s dans le recueil dkji mentionn6 Izbor eseia, representent 6gale- ment une contribution A l'histoire de la musique serbe. Du mime, I'activith dans le domaine des recherches et des etudes relatives A l'histoire de la musique slovene, eut, comparbe i celle des pdriodes rkvolues, un grand 6panouissement. Comme chez les Croates et les Serbes, des musicographes de la g~neration prtckdente ou des jeunes musicologues de la pkriode ricente ont produit et continuent t produire des etudes

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biographiques sur les compositeurs slovines . Parmi ces contributions, mentionnons la these de doctorat Slovenske priredbe srednjeverke bo•ine pesmi Puer natus in Betlehem (Les adaptations slovines du chant de Nodl mdi6valPuer natus in Betlehem, 1958) de ZMAGA KUMER qui y traite des problkmes relatifs au chant religieux slovene du Moyen-Age, jusqu'a present encore peu 6claircis. A l'6tude du pass6 musical se consacre surtout et sur une large &chelle DRAGOTIN CVETKO. I1 publia en volumes s6par6s la monographie Risto Savin- Osebnost in delo (Risto Savin-Personnalitd et

oeuvre, 6d. slovene 1949; id. serbe 1958), Davorin Jenko i njeggovo doba (Davorin Jenko et son temps, 6d. serbe 1952; 6d. slovene 1955), Odmevi glasbene klasike na

Slovenskem (Les echos du classicisme musical en Slov6nie, 1955) et Zgodovina glas- bene umetnosti na Slovenskem (Histoire de la musique en Slov6nie), dont le premier tome parut en 1958 et dont les tomes II et III sont en preparation. I1 a traith aussi divers problkmes sptcifiques du passe musical slovene en rapport avec l'kvolution de la musique de l'Europe Occidentale dans de nombreuses etudes, parmi lesquelles p. ex. Jacobus Gallus and his Work (Slavonic Review XXXII, 1953), Mozarts Einfluf? auf die slowenische Tonkunst zur Zeit der Klassik (Mozart-Jahrbuch 1956, 1957), The Re- naissance in Slovene Music (Slavonic Review XXXVI, 1957) et J. B. Novak, ein slo-

wenischer Anhinger Mozarts (Bericht fiber den internationalen musikwissenschaft- lichen Kongress Wien 1956, 1958). I1 est, en outre, l'auteur d'une s~rie de travaux qui se rapportent a des themes apparenths, p. ex. F. S. Vilharjevi stiki s Slovenci (Les con- tacts de F. S. Vilhar avec les Slovhnes, Naia sodobnost II, 1954), Stiki Jana Lega s slovensko glasbo (Les contacts de Jan Lego avec la musique slovene, Naba sodobnost III, 1955) et The Problem of National Style in South Slavonic Music (Slavonic Review XXXIV, 1955). VILKO UKMAR donne de son c6th sa contribution A l'histoire de la

musique slovene avec la sbrie des ses etudes Slovenska zborovska storitev (La produc- tion chorale slovine) qui, depuis 1952, apparaissent sporadiquement dans la revue Naii zbori (Nos chceurs).

Dans cette pkriode continuent aussi les efforts dans le domaine de l'histoire g~nd- rale de la musique, oii I'on tend A des vues approfondies et completes de l'&volution musicale. Deux ouvrages remarquables sont le fruit de cet effort. Le premier a paru chez les Slovines sous lIe titre de Zgodovina glasbe (Histoire de la musique, 1948), &crite par V. UKMAR avec la collaboration de D. CVETKO et R. HROVATIN. Le deuxikme,

oeuvre de J. ANDREIS, consiste en 3 volumes. I1 parut sous le titre de Historija muzike (Histoire de la musique) dans les ann~es 1951-1954. Parmi les etudes biographiques sur divers compositeurs ttrangers, il faut mentionner la monographie Hector Berlioz (1946), oeuvre du mime J. ANDREIS qui, bien qu'en forme d'essai, y rendit, avec une

pricision rigoureusement scientifique et historique, la vie et l'oeuvre de ce compo-

SA cette activith participent avec des remarquables travaux, dont quelquesuns d~ji publies, aussi divers jeunes musicologues, formes dans les sections historiques des Academies de musique et dont I'activit6 est

dirig~e principalement vers les recherches sur le passe national des cultures musicales et, en partie, aussi vers l'ethnomusicologie. Parmi les auteurs musicaux de la generation plus Agte mentionnons L. M. SKERJANC, l'auteur de la biographie Jurij Mihevec (1957) qui contient une bibliography particulibrement importante des oeuvres de ce compositeur et de l'analyse des oeuvres de Anton Lajovic (1958) qui, precedee d'une breve introduction biographique, a paru B I'occasion du 80e anniversaire du compositeur.

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siteur. Outre celle-ci, il y eut un nombre considerable d'6tudes moins importantes sur plusieurs compositeurs &trangers, &crites par divers auteurs et qui parurent soit en volumes s~pards, soit dans des revues. Dans les autres domaines qui intbressent la musicologie, le nombre des oeuvres publi?es est rest& inf~rieur. Mentionnons cependant le travail ktendu et consciencieux Starotalijansko umije•fe gradjenja guda~kik instru- menata (La facture instrumentale dans l'Italie ancienne, 1952), dont I'auteur est

FRANJO KRESNIK (1869-1943); ensuite les deux livres Violina - njena istorija i kon- strukcija (Le violon - son histoire et sa construction, 1956) et Osnovi pijanistilke

umetuosti (Les bases de l'art pianistique, 1952) de BOGDAN MILANKOVId. Des problames esth~tiques sont traitbs par Ivo SuPI~il dans son etude La musique expressive (Paris 1957). Un des auteurs qui, parmi d'autres, consacre ses efforts aux publications musicales, est KRESIMIR KOVA~EVI6.

Un autre fait caractbristique de cette pbriode &volutive est aussi le contact toujours croissant de la musicologie yougoslave avec le monde musicologique international. Les musicologues yougoslaves collaborent aux congris internationaux de la S.I. M., ils apportent leurs contributions au R. I. S. M. et ils publient avec une intensit6 toujours croissante des etudes sur l'&volution musicale des peuples yougoslaves dans les ency- cloptdies musicales internationales, p. ex. dans MGG VII 'o. L'inclusion de la musi- cologie yougoslave dans le cadre international s'exprime aussi de diverses autres manidres, dont I'une est sans doute la Muzihka enciklopedija (Encyclopkdie de la musique), conque dans une forme tr~s vaste, que prepare le Leksikografski zavod Jugoslavije et dont le premier volume (A-J) a paru a la fin de 1958.

En consid&rant les rksultats de l'activith musicologique yougoslave obtenus jusqu'A present, il faut constater que la musicologie yougoslave est une science encore jeune qui est encore en train de fortifier ses fondements. Dans son evolution, elle s'est deja lev6e assez haut et, du point de vue de la qualitk, elle a atteint un niveau qui, dclans

certains cas, est 6gal a celui des oeuvres de qualit& dans la science musicale europtenne. En g~ndral, elle continue toutefois A lutter contre diverses difficultis. Parmi celles-ci, notons avant tout le manque d'une tradition, puis le manque de sp&ialistes dans divers domaines et, enfin, le manque de bibliothiques musicales assez riches pour permettre aux musicologues de travailler sans obstacles dans leur patrie m~me. Ii faut chercher les causes de ces carences dans le passe qui ne s'est pas assez consacre A cette discipline et qui n'a pas cr• des conditions techniques semblables A celles qui exist~ent dans nombreux autres pays europbens. I1 &vident que cette situation ne peut gubre &tre chang&e d'un jour A l'autre, mais elle s'ambliore r~gulikremrent. C'est pourquoi les musicologues yougoslaves sont toujours contraints de se servir des grandes bibliothiques 6trangeres et aussi des archives 6trangkres qui, par suite de l'ancienne appartenance des peuples yougoslaves A des ktats &trangers, gardent beau- coup de documents pr&cieux concernant l'histoire des cultures musicales du pays.

1o Voir le chapitre Jugoslawien, Kunstmusik: Slowenien (D. CVETKO), Kroatien (J. ANDREIS), Serbien (S. DJURI6-KLAJN), BOSnien und Herzegowina (M. PozAJI6) et Mazedonien (T. SKALOVSKI) dans MGG VII, 306-336.

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De la comparaison avec le passe il r~sulte que, dans sa troisibme phase, la musi- cologie yougoslave s'est consid&rablement 6panouie et qu'elle a atteint un niveau 6lev6 surtout du point de vue de la qualitY. Ces rtsultats sont dus aux conditions

ambliorbes et aux efforts des musicologues de plus en plus nombreux, ainsi qu'i I'activith des sections historiques des academies de musique dans ces dernidres anntes. Aujourd'hui, la musicologie yougoslave se sert des m~mes m~thodes scientifiques que la musicologie moderne internationale. I1 faut cependant constater que les sections de musicologie des acadnmiies de musique dbji mentionn&es ne reprsentent qu'une forme transitoire et que, dans l'avenir, elles devront se dbvelopper en chaires de musico- logie dans les universitis. Ii est vrai que, dans leur cadre actuel, elles ont I'avantage que, dcu point de vue technique, elles sont plus intenskment et organiquement lides A la pratique. Ce qui cependant y fait dkfaut, c'est I'esprit qui ne peut rigner que dans une ambiance universitaire. De m~me, les instituts, s'ils 6taient rattachks a la facultY, pourraient prospirer beaucoup mieux par suite d'un soutien plus favorable. L'organi- sation actuelle des etudes de la musicologie doit done, sans aucun doute, &tre con- sidkr6e comme transitoire jusqu'5 ce qul'elle soit incluse dans un cadre d'organisation qui soit conforme aux normes internationales.

L'analyse des r~sultats obtenus jusqu'5 present montre en outre que l'accent des efforts des musicologues yougoslaves est porte sur les recherches et l'&tude des cultures musicales nationales. Et cette position est sans doute juste, car leur histoire n'est pas encore suffisamment kclaircie et, ni dans la patrie, ni a I'tranger, les r~sultats de l'&volution musicale des peuples yougoslaves ne sont encore suffisamment connus. A c6tk de cela se fait de plus en plus sentir le besoin de d~velopper, outre l'histoire nationale, les autres domaines de la science musicale, p. ex. l'histoire de la musique gknbrale, I'esth?tique, la sociologie, la psychologie, la ptdagogie, I'acoustique et la

musicologie compar&e. Les r~sultats obtenus jusqu'A present dans ces domaines sont relativement insignifiants. Ce n'est pas cependant que les causes de cette dtficience consistent dans le manque d'intbrit pour ces domaines, mais dans des conditions techniques peu favorables. L'6panouissement rapide dans la dernidre pkriode, les

succ~s obtenus et les efforts en faveur d'une activith systimatique dans diverses directions font espirer que, dans I'avenir, la musicologie yougoslave - dont les efforts dans le domaine du folklore qui ne sont pas compris dans I'6tude prtsente, seront traiths A part - s'adaptera, dans ce sens aussi, aux formes de la science musicale internationale.

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