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EHESS Les Juifs de Buhara: Ou la permanence d'une communauté Author(s): Catherine Poujol Source: Cahiers du Monde russe et soviétique, Vol. 27, No. 1 (Jan. - Mar., 1986), pp. 111-123 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/20170097 . Accessed: 13/06/2014 03:49 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers du Monde russe et soviétique. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.108.60 on Fri, 13 Jun 2014 03:49:34 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Les Juifs de Buhara: Ou la permanence d'une communauté

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EHESS

Les Juifs de Buhara: Ou la permanence d'une communautéAuthor(s): Catherine PoujolSource: Cahiers du Monde russe et soviétique, Vol. 27, No. 1 (Jan. - Mar., 1986), pp. 111-123Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/20170097 .

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NOTES DE VOYAGE

CATHERINE POUJOL

LES JUIFS DE BUHARA

ou la permanence d'une communaut?

Parmi les nombreuses communaut?s qui forment la nationalit?

juive en Union Sovi?tique, les Juifs de Buhara, ou plus exactement

d'Asie Centrale, occupent une place particuli?re. Participant ? part

enti?re de ce qu'il est convenu d'appeler la "question juive" en

URSS, cette population, install?e depuis des si?cles ? l'endroit

m?me o? on la trouve aujourd'hui, semble avoir connu une histoire

aussi passionnante que d?laiss?e.

Pourtant, l'?tude des communaut?s juives en pays musulman et

de leurs liens avec le milieu socio-culturel environnant, a requis l'attention de g?n?rations de chercheurs, mais, comme il est de

rigueur, les th?mes choisis varient selon les al?as de la politique, les facilit?s d'acc?s au territoire concern? ou m?me les modes.

Ainsi, si les Juifs de Perse ont suscit? d'abondantes recher

ches, confort?es par l'?tude d'un vaste corpus de textes jud?o

persans et ont fait l'objet de monographiques r?centes (1), ceux de

Buhara attendent encore l'ouvrage de synth?se qui devrait leur ?tre

consacr?. Certes, ils profitent quelque peu de leur position ? la

fois proche et excentr?e par rapport ? leurs voisins d'Iran dont

certains Juifs boukhares sont directement issus, ils parlent une

langue quasi identique : le tadjik ; leur production litt?raire qui a connu son apog?e au XVIIIe et au XIXe si?cle, puis ? partir de la

r?volution de 1917 jusque vers 1936, rel?ve du jud?o-persan et n'en

est qu'un domaine sp?cifique. Leur culture mat?rielle est ?galement

proche de celle des Juifs persans, de m?me que la Transoxiane peut ?tre consid?r?e comme une extension de l'aire culturelle iranienne.

Pourtant, ils constituent un groupe sp?cifique dont l'?tude

aujourd'hui ne peut qu'aider ? la compr?hension de la question des

nationalit?s en Asie Centrale sovi?tique.

Evoqu?s depuis des si?cles par tous les voyageurs qui se sont

succ?d? en Asie Centrale, ? commencer par Benjamin de Tud?le qui rel?ve 50.000 Juifs ? Samarqand en 1167, ils semblent avoir ?t?

red?couverts ? la fin du XIXe si?cle, en particulier par les orien

talistes N.A. Adler et W. Bacher qui ont collect? leurs ?crits et

en ont pr?par? la publication (2). Aussi dispose-t-on actuellement

d'une documentation r?elle quoique relativement r?duite et disparate. Il existe des ?tudes tr?s compl?tes comme celles que l'on doit ?

l'ethnologue sovi?tique 2.L. Amitin-Sapiro qui, dans les ann?es 30,

Cahiers du Monde russe et sovi?tique, XXVII (i), janv.-mars 1986, pp. 111-124.

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112 CATHERINE POUJOL

a concentr? son attention sur le statut juridique des Juifs de

Buhara, leurs rites et leurs traditions (3). On conna?t aussi les

articles d'?rudition du professeur M. Zand bas?s sur des enqu?tes de terrain dont la valeur est inestimable et qui concernent plus

particuli?rement leur histoire culturelle (4). La revue Evrejskaja starina offre par ailleurs quelques extraits de sources traitant de

la p?riode tsariste et des premiers temps de l'Etat sovi?tique. Citons de plus l'?norme documentation relative aux Juifs sovi?tiques dans leur totalit?, rassembl?e depuis 1960 ? Londres en 80 volumes

h?las sans index, sous le titre Evrei i evrejskij narod (Les Juifs

et le peuple juif). Egalement sur la p?riode contemporaine, il est

possible de trouver quelques allusions aux Juifs d'Asie Centrale

parmi la masse de publications traitant du probl?me juif en Union

Sovi?tique, mais on doit dire que leurs auteurs s'int?ressent aux

populations d'Europe orientale.

D'autre part, les chiffres publi?s par la Jewish encyclopedia sur l'?migration en Isra?l des Juifs de Buhara par rapport ? ceux

des autres communaut?s de Russie ou du Caucase, apportent un pr? cieux compl?ment ? cette question (5) et constituent un des ?l?ments

de la perception actuelle du probl?me. Enfin, on note entre 1950 et

1970 une s?rie de mises au point, plus ou moins approfondies, mais

qui ne semblent pas ?tre le fruit d'une exp?rience pouss?e.

Ainsi, ce qui manque le plus est bien un constat de la situa

tion actuelle des Juifs d'Asie Centrale ? la lumi?re d'observations

r?centes et des donn?es historiques susceptibles de les ?clairer.

En effet, si l'on s'en tenait ? la conclusion du sp?cialiste R.

Loewenthal, on ne devrait pas s'attendre, en visitant TaSkent,

Samarqand, Buhara ou Koqand, ? trouver une communaut? encore struc

tur?e par l'appartenance au juda?sme et diff?renci?e de son environ nement majoritairement musulman. Voici en effet ce qu'il concluait

en 1960 : "On peut dire qu'? l'exception de quelques anciens membres

de la communaut?, les Juifs boukhariotes ont cess? d'exister en tant

que communaut? distincte et peuvent ?tre consid?r?s comme enti?re

ment d?nationalis?s au point de vue de leur religion et de leur

originalit? ethnique." (6) Le but du pr?sent article est de tenter de proposer ? partir

de plusieurs enqu?tes sur place, dont la derni?re remonte au mois

d'avril 1985, une appr?ciation plus concr?te de la r?alit? d'au

jourd'hui.

Premiers contacts

Il suffit de parcourir la rue HudZumskaja ? Samarqand ou

Ckalova ? TaSkent et de pouvoir entrer en contact avec la population

pour comprendre que l'on est en train de visiter un quartier juif. Les habitants eux-m?mes s'empressent de vous faire part de leur

nationalit? "evrej" lorsque vous avez d?clin? la v?tre, et se r?

jouissent ouvertement si, ? leur interrogation "a yid ?" ("?tes-vous

juif"), vous r?pondez par l'affirmative. Pourtant, ext?rieurement

rien ne diff?rencie une maison juive d'une maison musulmane et bien

des touristes doivent s'y m?prendre. Par contre, le costume permet ais?ment de diff?rencier les musulmans des juifs : chapeau ou cas

quette pour les hommes qui adoptent en g?n?ral le complet veston

occidental, sauf lors des enterrements o? certains rev?tent le

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LES JUIFS DE BUHARA 113

manteau de soie traditionnel ? Buhara ou lors des offices pendant

lesquels ils portent souvent la calotte ?zbeke : les femmes quant ? elles ont des robes ? manches courtes, dans un tissu analogue ?

celui des musulmanes (le c?l?bre han atlas), mais sans pantalon et

gardent volontiers la t?te nue.

Comment une population vivant group?e dans un m?me quartier, identifiable par son costume, et se reconnaissant d'embl?e comme

appartenant ? la nationalit? juive, peut-elle ?tre raisonnablement

consid?r?e comme d?nationalis?e ?

La notion de communaut? s'impose d'ailleurs d?finitivement

lorsque, ? la synagogue de Samarqand, vous rencontrez Menache ben

Efraim Elizarov, le plastron orn? d'une m?daille militaire, qui n'est autre que le pr?sident de ladite communaut?, soit le tradi

tionnel kolontar conserv? par les autorit?s sovi?tiques comme porte

parole de ses coreligionnaires. Au cours d'un premier entretien en

russe qui durera plus d'une heure, voici en substance ce qui sera

dit :

"Il y a 40.000 Juifs ? Samarqand, et 8.000 ? Buhara sans

compter ceux qui sont install?s ? TaSkent, Koqand ou d'autres

villes d'Ouzb?kistan et du Tadjikistan. La communaut? pratique librement sa foi et participe au m?me titre que tous les

peuples de l'Union Sovi?tique au d?veloppement du pays et ? la

mise en application de sa politique de paix. Le soin que

portent les autorit?s ? son bien-?tre est attest? par leur

politique de r?novation des lieux de culte. Ainsi, comme on

peut le voir - et il est permis de prendre des photos - la

synagogue de Samarqand est en cours d'embellissement, mais les

travaux ne sont pas encore achev?s. Derri?re chaque panneau de

bois sculpt? sont conserv?s les rouleaux de la Torah, en tout

60, tous cachers, c'est-?-dire v?rifi?s annuellement de fa?on ? s'assurer de leur int?grit?. Ils proviennent des 20 synago

gues qui fonctionnaient avant la r?volution. D'autre part, 700

sepher Torah non cachers reposeraient dans la gheniza. Actuel

lement environ 40 touristes juifs sont re?us ici chaque mois

et il leur est permis de photographier les offices librement."

Pour confirmer l'impression produite et donner toute la mesure de

son hospitalit?, le pr?sident nous invite chez lui le lendemain afin

d'assister au premier seder qui marque le point culminant de la f?te

de P?que. Pendant ce temps, le jeune rabbin qui fait ?galement office de chohet (boucher rituel) et de mohel (" circonciseur") est

rest? silencieux, comme pour signifier le profond foss? qui le

s?pare de la "vieille g?n?ration". Dans la rue r?gne une grande

agitation. Des gens portant dans chaque main poulets ou dindons

affluent vers la synagogue pour l'abattage rituel. D'autres trans

portent la vaisselle ordinaire, celle dont on se d?barrasse pour f?ter dignement P?que, d'autres enfin mettent la derni?re touche au

grand m?nage dont a fait l'objet la maison.

Peut-on encore douter de la vitalit? d'une telle communaut? ?

Evoquons maintenant la fa?on dont s'est faite l'implantation des Juifs de Buhara et quelle a ?t? l'attitude du pouvoir musulman

? leur ?gard.

L'origine de l'implantation des Juifs en Transoxiane reste

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114 CATHERINE POUJOL

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'gq^M , ̂fei^;-*,!

Juifs d'Asie Centrale, dessin de Verescagin

frontispice du vol. I de E. Schuyler, Turkestan, 1876.

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LES JUIFS DE BUHARA 115

obscure. Diverses traditions font ?tat de leur existence depuis le

r?gne des Ach?m?nides, eux-m?mes se d?clarant descendants des Dix

Tribus d'Isra?l (7). Le groupe actuellement constitu? s'est homog? n?is? mais il est le fruit d'apports divers, survenus depuis des

?poques tr?s recul?es et dont les plus r?cents remontent au XVIIIe

et au XIXe si?cle, et proviennent surtout de Perse.

Seule communaut? non musulmane ? s'?tre maintenue apr?s la

conqu?te arabe, les Juifs d'Asie Centrale se sont trouv?s soumis au

pouvoir des souverains musulmans depuis le Ville si?cle et leur

statut juridique s'est conform? aux indications contenues dans la

chari'a concernant les "gens du Livre".

L'ethnologue O.A. Suhareva, sp?cialiste de l'histoire urbaine

de l'Asie Centrale, en particulier de Buhara, a rassembl? de nom

breuses donn?es sur la topographie et la constitution des quartiers

juifs de la ville.

Ce serait sur leur propre demande, et pour ?tre ? l'abri

d'?ventuelles exactions, que les Juifs de Buhara auraient commenc?

? occuper un espace qui leur aurait ?t? strictement r?serv? : Mahal

la-i kohne ou vieux quartier situ? pr?s du centre de la ville.

Apparu vraisemblablement avant le XVIe si?cle, il comportait, selon

les informateurs de Suhareva, 250 maisons et ?tait divis? en deux

parties que desservaient les deux maisons de pri?res existantes dont

la synagogue principale de la ville (8).

La population ?tait constitu?e exclusivement de commer?ants et

d'artisans. L'activit? principale ?tait le tissage de la soie et la

teinture ? l'indigo, profession sp?cifique des Juifs d'Asie Centrale.

Il y avait ?galement des cordonniers, des coiffeurs, des pharmaciens et pr?parateurs de potions et de talismans et des musiciens solli

cit?s ?galement par les musulmans. C'est seulement plus tard qu'ap

parut le m?tier de tailleur. Lorsque ce quartier fut surpeupl?, le

kolontar s'adressa ? l'?mir pour obtenir un nouveau lieu d'implan tation. C'est ainsi que se forma le deuxi?me quartier juif, appel?

Mahalla-i nau, "nouveau quartier", comportant 200 maisons et divis?

en cinq parties du fait des cinq synagogues qui s'y trouvaient. Le

troisi?me et dernier lieu d'habitation des Juifs de Buhara s'appelle Amirabad. Il comprenait 70 ? 80 maisons et une seule synagogue. Il

fut constitu? plus tardivement (deuxi?me moiti? du XVIIIe si?cle -

d?but du XIXe) lorsque les deux autres furent surpeupl?s. Les acti

vit?s de ses habitants ?taient identiques ? celles du "ghetto" initial (9).

Aujourd'hui, le rep?rage de ces quartiers, en particulier du

plus ancien, est ais?. Il suffit de trouver la grande synagogue de

Buhara, la plus ancienne et la seule qui soit officiellement ouverte

actuellement, pour s'assurer que toutes les maisons situ?es aux

alentours se rattachent ? la communaut? juive. En menant une courte

enqu?te ? laquelle les habitants se pr?tent sans la moindre diffi

cult?, on peut d?limiter les contours actuels du quartier qui est

encore assez ?tendu.

Certes, les temps ont chang? ; le chiffon qui devait obliga toirement signaler la maison d'un Juif au temps des ?mirs n'existe

plus et il faut franchir la premi?re porte d'entr?e pour d?couvrir, sur celle qui donne acc?s ? la cour, la mezouza, ?tui fix? au mon

tant droit contenant un parchemin rituel, signe de la foi profess?e

par ses habitants. En effet, pendant toute la p?riode au cours de

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116 CATHERINE POUJOL

laquelle la Transoxiane fut au pouvoir des khans gengiskhanides d?s

1220, puis ? partir de la conqu?te ?zbeke au XVIe si?cle jusqu'?

l'?mergence de la dynastie mangit ? Buhara dont les souverains

prirent le titre d'?mir, les Juifs d'Asie Centrale ont ?t? soumis

? de s?v?res restrictions sans toutefois conna?tre, sauf ? de rares

exceptions, les v?ritables pogroms qu'eurent ? subir leurs voisins

de MeShed.

Les voyageurs du XIXe si?cle se plaisent ? ?num?rer les vexa

tions dont les Juifs ?taient l'objet. Outre le "chiffon d'infamie" qui signalait leurs maisons, les

Juifs n'avaient pas le droit de se v?tir comme les musulmans, ni de

porter des v?tements luxueux dans la rue. Ils devaient porter un

bonnet noir bord? d'astrakan et se ceindre la taille d'une corde.

Ils n'avaient pas le droit de traverser la ville ? cheval et ne

devaient pas sortir apr?s le couvre-feu. Leurs ?choppes, leurs

maisons et leurs caravans?rails devaient ?tre plus bas que ceux de

leurs voisins musulmans et dans leurs boutiques, ils s'asseyaient en sorte que seule leur t?te soit visible. En outre, ils voyaient leurs marchandises lourdement tax?es et devaient s'acquitter de la

djiziah, imp?t pr?vu par le Coran, en contrepartie duquel ils rece

vaient une gifle en marque de m?pris (10). Aussi n'est-il pas ?ton

nant, toujours d'apr?s ces m?mes voyageurs, qu'ils aient accueilli

les soldats russes en lib?rateurs de la tyrannie musulmane. Quelles ont ?t? les cons?quences de la conqu?te russe ? C'est ce que nous

allons ?voquer maintenant.

Le rattachement de l'Asie Centrale ? l'Empire russe et la

constitution du Gouvernement g?n?ral du Turkestan en 1867, suivie, un an plus tard, de celle du protectorat de Buhara vont avoir des

cons?quences directes sur ce que les autorit?s tsaristes ont appel? de tout temps la "question juive". Ces cons?quences sont le plus souvent occult?es dans les ?tudes contemporaines tant sovi?tiques

qu'occidentales sur l'Asie Centrale.

L'attitude coop?rante des quelques milliers de Juifs autochto

nes, susceptibles de constituer une base d'appui pour la russifi

cation de la r?gion, ne va pas tarder ? conduire le pouvoir tsariste

? une v?ritable contradiction. Ce dernier va jouer la "carte juive" en favorisant le statut des Juifs de Buhara en tant que piliers des

int?r?ts de la bourgeoisie russe au Turkestan, dans un contexte

l?gislatif nettement d?favorable aux Juifs russes du reste de

l'Empire. Ayant accord? en 1842 l'?galit? des droits entre Juifs

d'Asie Centrale et musulmans, le gouvernement autorisa les premiers en 1866 ? devenir sujets russes et ? s'installer en Russie, contrai

rement aux autres Juifs soumis ? une l?gislation restrictive (11).

Cette situation nettement avantageuse se transforma ? partir de la

fin des ann?es 80 pour aboutir vers 1910 ? ces vaines incitations

aux pogroms que l'on rencontre dans quelques notes, adress?es aux

autorit?s locales russes, afin de d?tourner les ?nergies anti

colonialistes des musulmans vers un bouc ?missaire bien connu,

l'usurier juif (12).

La r?volution de 1917 amena de profondes transformations dans

le statut juridique et social des Juifs d'Asie Centrale, dans leur

mode de vie et leur environnement culturel.

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LES JUIFS DE BUHARA 117

Il existe un grand nombre de publications traitant de fa?on

plus ou moins pol?mique de ce sujet qui n'entrent pas dans l'optique du pr?sent expos?.

Il est s?r que les Juifs d'Asie Centrale, tout comme leurs

voisins musulmans, ont fait l'objet de nombreuses campagnes de s?cu

larisation plus ou moins intenses selon les p?riodes, visant ? les

d?tacher de 1'"emprise de la religion". Elles furent men?es initia

lement par les Juifs ath?es eux-m?mes dans le cadre de l'Evsekcija, section juive du parti communiste de l'Union Sovi?tique. Les th?mes

de ces campagnes varient selon la conjoncture politique (cr?ation

de l'Etat d'Isra?l, pression internationale, etc.), mais ?galement selon le calendrier des f?tes religieuses (13).

El?ments du particularisme juif

Aujourd'hui, apr?s plus de soixante ans d'un pouvoir ath?e

ayant douloureusement h?rit? du probl?me juif, la communaut? d'Asie

Centrale existe toujours, install?e principalement dans les quar tiers qu'elle occupait traditionnellement surtout dans les villes

petites et moyennes (14), et appara?t solidement ancr?e dans sa

sp?cificit? religieuse.

Certes, le fait d'avoir visit? Samarqand le jour de P?que et

d'avoir assist? au premier seder chez le pr?sident Elizarov peut faire illusion sur le degr? de religiosit? des Juifs d'Asie Centrale.

On sait bien que lorsqu'une communaut? est entr?e dans un processus d'abandon progressif de ses rites, d'ailleurs orchestr? par le

pouvoir central, les derniers ? se maintenir sont ceux li?s aux

principales f?tes. Ainsi, la fr?quentation des ?glises le soir de

P?que et des mosqu?es le jour de Kurban Bayram ne renseigne pas sur

le nombre des fid?les en temps normal.

Cependant, quantit? de traits relev?s au hasard de diff?rents

s?jours r?v?lent, en d?pit de comportements communs ? tous les

Sovi?tiques, une persistance de la sp?cificit? juive en Asie Cen

trale.

Il reste au moins une grande synagogue ouverte en permanence, c'est-?-dire au moment de chaque office quotidien, dans toutes les

villes o? se trouve une communaut? juive importante. A Taskent, il

y en a trois pour les "orientaux" et une autre pour les Juifs ashk?

nazes install?s surtout depuis la Deuxi?me Guerre mondiale. La vie

religieuse s'appuyant essentiellement sur la loi juda?que, il est

clair que la synagogue, en tant que lieu de conservation des rou

leaux de la Torah, reste le point d'ancrage de la communaut? par

lequel se ressource toute sa spiritualit?, en d?pit de l'absence

d'?coles d'apprentissage du texte sacr? r?glement?es depuis 1918.

Ainsi, la mission ?ducative de la synagogue et son r?le juridique et social ont ?t? "transf?r?s" aux instances la?ques de l'Etat.

L'h?breu, apr?s avoir ?t? pendant quelques ann?es, au lendemain de

la r?volution, la langue nationale des Juifs de Buhara n'est offi

ciellement pas enseign?, mais le chamoch de Taskent (gardien de la

synagogue) originaire de Samarqand, sait le lire, bien qu'il ne

l'ait pas appris, tout comme le pr?sident Elizarov dont le p?re ?tait lui-m?me pr?sident de la communaut? (il a d'ailleurs jug? utile de d?clarer qu'il lisait sans comprendre). Quant au jeune rabbin de Samarqand, il peut s'exprimer en h?breu. Ainsi, quelle que

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118 CATHERINE POUJOL

soit la fa?on dont se transmet le savoir, si les cadres religieux

peuvent remplir les charges qui leur sont conf?r?es, le devenir

spirituel de la communaut? est assur? pour un temps.

D'apr?s nos informateurs, les principaux rites marquant la vie

de l'homme sont massivement respect?s par les membres de la commu

naut? : circoncision, bar mitsva, mariage, enterrement et comm?mo

ration donnent lieu aux c?r?monies d'usage pr?vues par la loi. Bien

s?r, le mariage ?tant pour tout Sovi?tique une institution la?que, il est interdit de se marier ? la synagogue, mais le rite se d?roule

selon la coutume, au domicile des int?ress?s, tout comme la circon

cision, pratiqu?e en g?n?ral par le rabbin qui fait office de mohel.

Comme chez les musulmans, ces c?r?monies donnent lieu ? de grandes

r?jouissances accompagn?es de chants et de danses.

Les enterrements mobilisent au moins un homme par famille dans

un m?me quartier, ce qui ? Buhara par exemple provoque un rassemble

ment dans les rues, pouvant atteindre plusieurs centaines de per sonnes. Le cimeti?re sp?cifiquement juif existe toujours dans cette

ville, au bout du quartier Mahalla-i Kohne, alors qu'? Samarqand, les Juifs sont enterr?s dans une section du cimeti?re commun. On

doit noter qu'? la place des st?les simples et uniformes qu'il est

de mise de trouver dans un tel lieu, se dressent d?sormais les

portraits des d?funts, grav?s dans du marbre noir, ce qui n'est

absolument pas orthodoxe.

Les rites de deuil sont rigoureusement suivis, en particulier

par les orphelins qui multiplient leur fr?quentation de la synagogue

pendant un an. Puis, ? chaque anniversaire suivant, une pri?re de

comm?moration rassemble les hommes ? la synagogue et toute la famil

le partage un repas au domicile du d?funt.

D'apr?s nos observations, l'autorit? du chef de famille semble

encore de nos jours incontest?e, tout comme l'importance des fils

et petits-fils. Les liens de parent? structurent totalement la com

munaut? et son espace. La maison familiale reste souvent le lieu o?

demeurent les fils, les filles partant vivre chez leur mari. Les

collat?raux vivent tr?s souvent ? proximit? et surtout dans les

limites du m?me quartier. L'int?rieur des maisons surprend par la note orientale, voire

musulmane de leur agencement. Le bleu ciel domine pour les portes et les fen?tres. Les niches polychromes servent ? exposer les objets de valeur, portraits, th?i?res en porcelaine, etc. Un tapis accroch? au mur est encadr? par des panneaux d?coratifs en stuc. On se d?

chausse avant d'entrer dans la salle ? manger dont le sol est ?gale ment recouvert d'un tapis. Tout porte ? croire que l'on se trouve

chez des musulmans. Pourtant certains d?tails r?v?lent l'apparte nance religieuse des habitants du lieu : une mezouza sur le montant

droit de chaque porte, un fragment de la Torah sous verre et sus

pendu ? une porte, la photo des anc?tres au dessus du tapis, mais

?galement un grand nombre de chaises, une table et des lits, signes de l'influence occidentale encore fortement rejet?e par les musul mans. Pour finir, la pri?re rituelle est prononc?e sur le pain avant

chaque repas et des ?toiles de David ornent les murs repeints. Les m?tiers pris?s par les membres de la communaut? sont encore

bien souvent ceux qu'exer?aient leurs anc?tres : artisans et bouti

quiers regroupent toujours la majorit? des Juifs d'Asie Centrale.

On peut voir les ?choppes des coiffeurs, r?mouleurs, cordonniers et

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LES JUIFS DE BUHARA 119

Un grand p?re combl?

Buhara, Avril 1985

T

**?*~*pr pS|

Les anc?tres

Buhara, Septembre 1982

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120 CATHERINE P0UJ0L

tailleurs aux alentours des bazars de Taskent, Samarqand ou Buhara, ainsi qu'? la limite des quartiers juifs. Les jeunes filles travail

lent essentiellement comme coiffeuses, vendeuses ou pu?ricultrices, le plus souvent avant d'?tre mari?es et d'avoir un enfant dans

l'ann?e qui suit, ? l'instar de leurs voisines musulmanes. Une des

diff?rences frappantes est la plus grande facilit? des rapports entre hommes et femmes dans la vie quotidienne.

Les grandes f?tes qui rythment les saisons sont encore l'occa

sion de manifester l'appartenance ? une communaut? distincte.

Comme nous l'avons observ?, P?que se d?roule conform?ment aux

usages en vigueur dans toute la diaspora, le seder est c?l?br?

durant deux soir?es. Le "grand nettoyage" a ?t? effectu? dans toutes

les maisons et on s'est appliqu? ? en faire dispara?tre toute trace

de hametz (levain). La veille encore, certains retardataires trans

portaient leur vaisselle quotidienne pour l'entreposer quelque part

pendant toute la dur?e de la f?te. Le boucher rituel de Samarqand est d?bord? par la foule, ? tous les coins de rue on vous offre de

grandes galettes rondes de matsoth cuites ? domicile. A la tomb?e

de la nuit, les hommes se h?tent vers la synagogue. Les deux salles

qui entourent la cour sont pleines. Dans le r?duit attenant, r?serv?

aux femmes, il n'y a que quelques vieilles. A la fin de l'office, chacun se presse de rentrer chez soi pour que v?ritablement commence

la f?te. Pour ce qui est du premier seder auquel il nous a ?t? donn?

d'assister, on doit dire qu'il est observ? dans son int?gralit?. Le

pr?sident Elizarov, notre h?te, apr?s s'?tre excus? de nous imposer "ces pri?res rituelles qu'on devait respecter mais qui ne dureraient

pas longtemps" r?cita pourtant le texte sacr? jusqu'au dernier mot.

Sa table ?tait garnie de tous les mets traditionnels (15), au milieu

le "plat du seder" avec les matsoth, recouvertes d'un napperon, puis les autres ?l?ments du repas, karpass (verdure consistant en persil, radis et vinaigre),maror (herbes ameres), 'harosseth (p?te faite de

pommes, amandes et cannelle, tremp?e dans du vin rouge), zeroa' (os

garni de viande) et oeufs cuits dans la cendre. Les quatre verres

de vin fait sp?cialement pour cette occasion furent vid?s, ? quatre

reprises, au cours de la c?r?monie pendant laquelle, selon la tra

dition, la porte de la maison demeura ouverte aux "passants sans

abri le soir de Pessah".

D'apr?s nos informateurs, toutes les autres f?tes sont suivies

de la m?me fa?on. On construit des cabanes pour Soukkoth, la f?te

du Tabernacle, on se r?jouit pour Sim'hath Torah, on se recueille

et on se purifie pour Roch Hachana et Kippour, on ?change des

cadeaux ? Pourim, sans compter tous les autres jours importants du

calendrier.

Cependant, cette communaut?, il ne faut pas l'oublier, tout en

se distinguant de son environnement socio-culturel dont elle a subi

l'influence depuis des si?cles, rel?ve ? part enti?re du mode de vie

sovi?tique. Ainsi, le probl?me de la scolarisation des Juifs d'Ouz

b?kistan m?rite qu'on l'?voque. Leur langue maternelle, le ta

djik (16) n'?tant pas enseign? dans cette r?gion, les enfants juifs

vont dans l'?crasante majorit? des cas ? l'?cole russe, afin sans

doute de se d?marquer des musulmans qui fr?quentent l'?cole ?zbeke.

Les grandes f?tes nationales du pays sont c?l?br?es par tous en Asie

Centrale, le 7 novembre ? Buhara donne lieu ? un grand d?fil? auquel

participe la ville enti?re.

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LES JUIFS DE BUHARA 121

De m?me, le probl?me commun ? tous les Juifs d'URSS qu'est

l'?migration existe dans cette communaut? (17). Qui n'a pas chez

soi, le portrait d'une tante ou d'un fr?re r?sidant en Isra?l (ou aux Etats-Unis) ? qui il est d'ailleurs possible de t?l?phoner par l'interm?diaire de New York ? C'est peut-?tre la raison pour la

quelle les Juifs sont si ouverts aux ?trangers, et si enthousiastes

si ceux-l? le sont. Le constat de l'identit? de leurs pratiques avec

celles de leur interlocuteur leur procure une immense satisfaction.

Enfin, sous l'influence de la vie moderne et de la culture

dominante, il est ?vident que la communaut? s'?carte, par certains

aspects, de la pure orthodoxie. Le samedi ?tant un jour ouvrable

depuis 1922, il est n?cessaire pour un grand nombre de se rendre au

travail. D'autre part, voir la t?l?vision allum?e dans un foyer ce

jour-l? est chose courante. De m?me, peut-on voir dans le hall de

la synagogue de Taskent des photos de Kippour, pratique absolument

r?prouv?e par l'?thique juda?que. Toutefois, le rabbin ?tait par faitement conscient de ce fait. Notons encore que la femme mari?e ne cache pas ses cheveux sous une perruque ou m?me un foulard. Mais, ces particularit?s se retrouvent dans des communaut?s juives ail

leurs dans le monde et on ne peut conclure ? la disparition de toute

sp?cificit? ethnique et religieuse. Comme c'est en g?n?ral le cas pour les communaut?s tradition

nelles en pays musulman, leur existence et leur p?rennit? spirituel le n'ont ?t? effectives que gr?ce ? un ajustement du comportement, selon les possibilit?s offertes par le pouvoir dont elles d?pen daient. Au temps des ?mirs, l'ajustement a parfois ?t? jusqu'? la

conversion forc?e ? l'Islam, ce qui donna naissance au groupe sp?

cifique des calla, dont beaucoup retourn?rent au juda?sme ? l'ar

riv?e des Russes. Quelques centaines s'en r?clament encore aujour d'hui (18).

L'?re sovi?tique a exig? de nouveaux ajustements, mais c'est

paradoxalement ? notre ?poque que se rejoignent les destins des

Juifs et des musulmans d'Asie Centrale, pouss?s par la n?cessit? de

pr?server leur int?grit? ?thico-culturelle, tout en ne s'opposant

pas directement au pouvoir en place. L'avenir de leur sp?cificit? communautaire d?pend de leur

flexibilit? comme de leur conservatisme.

De plus, ne peut-on pas les associer dans le traitement privi

l?gi? dont ils semblent faire l'objet de la part des autorit?s

sovi?tiques ? La communaut? des Juifs de Buhara a travers? l'his

toire pour apporter aujourd'hui la d?monstration de sa permanence.

Paris, INLCO, 1985.

1. L.D. Loeb, Outcaste, Jewish life in Southern Iran, New York

Paris, 1977, 328 p. ; E. Yar-Shater, "Jewish communities of Persia

and their dialects", Menasce, 1974, pp. 453-466.

2. Cf. E.N. Adler, "The Persian Jews, their books and their

ritual", The Jewish Quarterly Review, X, 1898, pp. 584-605 ; Cata

logue of Hebrew manuscripts in the collection of Elkan Nathan Adler,

Cambridge, Cambridge University Press, 1921, 228 p. ; Jews in many

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122 CATHERINE POUJOL

lands, Londres, Macmillan, 1905, 259 p. ; id., "A bird's eye view

of the Transcaspian", The Contemporary Review, X, 1898, pp. 680-697; W. Bacher, "Das j?disch-Bucharische Gedicht, Chudaidad", Zeitschrift

der deutschen morgenl?ndischen Gesellschaft, 52, 1897, p. 197 ; C.

Saleman, "Judeo-Persica, I, Chudaidad", M?moires de l'Acad?mie imp? riale des sciences de Saint-P?tersbourg, XLII, ser. 7, 1897.

3. Z.L. Amitin-Sapiro, "0 narodnoj medicine buharskih Evreev"

(De la m?decine populaire des juifs de Buhara), Bjuleten' Sredne

aziatskogo gosudarstvennogo universiteta (Taskent) 13, 1926, pp. 13

14 ; id., "0 postrojke pervoj sinagogi v Buhare" (De la construction

de la premi?re synagogue ? Buhara), in Sbornik naucnogo kruzka Vost

faka (Recueil du cercle scientifique de la Facult? d'orientalisme),

1928, p. 4 ; id., Ocerk pravogo byta sredne-aziatskih Evreev (Etude

du mode de vie fond? sur le droit des juifs d'Asie Centrale),

Taskent-Samarqand, 1931, 104 p. ; id., Ocerki socialisticeskogo stroitel'stva sredi sredne-aziatskih Evreev (Essais sur l'?difica

tion du socialisme chez les juifs d'Asie Centrale), TaSkent, 1933, 153 p. ; id., "Verovanija i obrjady sredne-aziatskih Evreev svjazan

nye s materinstvom i rannim detstvom" (Croyances et rites des juifs d'Asie Centrale li?s ? la maternit? et ? la petite enfance),

Sovetskaja etnografija, 3-4, 1933, pp. 135-166.

4. Cf. n. 17.

5. M. Zand, "Bukharan Jewish culture under Soviet rule", Soviet Jewish Affairs, X, 2, 1979, pp. 15-23.

6. R. Loewenthal, "Les Juifs de Bukhara", Cahiers du Monde

russe et sovi?tique, II, 1, 1961, pp. 104-108.

7. Cf. Narrative of the mission of Dr. Wolff to Bokhara,

Londres, 1845 ; "Bokhara", in The Jewish encyclopedia, New York,

1901-1906, pp. 292-296 ; I. Ben Zvi, Les tribus dispers?es, Paris,

1959, pp. 85-103.

8. Z.L. Amitin-Sapiro, "0 postrojke...", art. cit.

9. O.A. Suhareva, Kvartal'naja obscina pozdnefeodal'nogo

goroda Buhary (La communaut? de quartier dans la ville de Buhara ?

l'?poque f?odale tardive), Moscou, Nauka, 1976, pp. 75-77, 95 ; id., K istorii gorodov buharskogo hanstva (Contribution ? l'histoire des

villes du khanat de Buhara), TaSkent, 1958, pp. 87-89 ; voir aussi

l'article tr?s complet "Sredneaziatskie evrei" (Les juifs d'Asie

Centrale) dans Narody Srednej Azii i Kazahstana, 2, 1963, pp. 610

630.

10. Citons par exemple G. de Meyendorff, Voyage d'Orenbourg ? Boukhara fait en 1820..., Paris, 1826, pp. 172-175 ; A. Vamb?ry, Travels in Central Asia, Londres, 1864, pp. 329-331 ; E. Schuyler,

Turkestan, Londres, I, 1876 ; H. Lansdell, Russian Central Asia,

Londres, 1885, pp. 104-119, 588-597 ; L. Curzon, Russia in Central

Asia, Londres, 1889, p. 172 ; V.V. Krestovskij, "V gostjah u emira

buharskogo" (Re?u par l'?mir de Buhara), Russkij vestnik, mai 1884,

pp. 61-62 ; N.V. Xanykov, Bokhara, its emir and its people, Londres,

1840, pp. 88-90. Pour une ?tude plus r?cente, consulter B. Lewis, The Jews of Islam, Princeton, 1984, ? 1, pp. 10-60 sur le statut de

dhimmi.

11. Cf. M.I. Mys, Rukovodstvo k russkim zakonam o Evrejah

(Manuel relatif aux lois russes concernant les juifs), Saint-P?ters

bourg, 1892, pp. 20-29, 304-308 ; L.M. Rogovin, Sistematiceskij sbornik dejstvujuscih zakonov o Evrejah (Recueil syst?matique des

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Page 14: Les Juifs de Buhara: Ou la permanence d'une communauté

LES JUIFS DE BUHARA 123

lois en vigueur relatives aux juifs), Saint-P?tersbourg, 1913.

12. M. Levinskij, "K istorii Evreev Srednej Azii" (A propos de l'histoire des juifs d'Asie Centrale), Evrejskaja starina, XII,

1928, pp. 315-340.

13. Z. Gitelman, Jewish nationality and Soviet politics, the

Jewish section of CPUS, 1917-1930, Princeton, 1972, 573 p. ; J.

Rothenberg, The Jewish religion in the Soviet Union, New York, 1971, 242 p. ; id., "The Jewish religion in the Soviet Union since World

War II", in R.H. Marshall, Aspects of religion in the Soviet Union

1917-1967, Chicago-Londres, 1971, ? 16, pp. 341-358.

14. Il est difficile de conna?tre le nombre exact des Juifs

tadjikophones vivant aujourd'hui en Asie Centrale. Selon le recen

sement russe de 1926, il y avait 18.868 Juifs indig?nes dont 10,000

pr?s de Samarqand. On trouve ?galement ? cette ?poque l'estimation

de 30.000 dont 10.000 ? Buhara. A partir de 1939 et jusqu'? nos

jours, le recensement assimile tous les Juifs en une seule cat?gorie. Il y en a aujourd'hui plus de 100.000 vivant principalement ? : Tas

kent, Buhara, Samarqand, Andijan, Kars i, Katta-Kurgan, Kermine,

Koqand, Margelan, Namangan et Sahrisjabz pour la R?publique d'Ouzb?

kistan, Hissar, Leninabad et Dusanbe pour le Tadjikistan, Kelif et

Kerki pour le Turkmenistan, OS en Kirghizie et Cimkent, Jambul et

Turkestan pour le Kazahstan ; cf. R. Loewenthal, art. cit., p. 105 ;

"Sredneaziatskie evrei", art. cit., p. 610.

15. Pour toute comparaison, se r?f?rer, par exemple, ? l'ou

vrage de E. Gugenheim, Le juda?sme dans la vie quotidienne, Paris,

1970, 222 p. 16. I.I. Zarubin, OCerk razgovornogo jazyka samarkandskih

Evreev (Essai sur la langue parl?e des juifs de Samarqand), Lenin

grad, 1929, 180 p. 17. Cf. Tableau des Juifs ?migr?s de Buhara entre 1971 et 1980:

Total Buhara

1971 12 850 450 1972 31 600 2 100

1973 33 450 3 750 1974 16 800 2 460 1975 8 500 410 1976 7 820 380 1977 8 350 760 1978 12 192 1 612 1979 17 614 3 237

janv. ? ao?t 1980 6 501 460

155 677 15 619

Source : Encyclopedia judaica. Decennial book 1973-1982,

Jerusalem, p. 346.

Alors que les Juifs de Buhara repr?sentent 1,9 70 du nombre total des

Juifs d'URSS, environ 9,9 % d'entre eux ont ?migr? de 1970 ? 1979

(ibid., p. 539).

18. I.M. Babahanov, "K voprosu o proishozdenii gruppy Evreev

musul'man v Buhare" (A propos de l'origine du groupe juifs-musulmans ? Buhara), Sovetskaja etnografija, 3, 1951, pp. 161-164.

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