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PRÉSENTATION : LES MARQUEURS DU DISCOURS – APPROCHES CONTRASTIVES Amalia Rodríguez Somolinos Armand Colin | « Langages » 2011/4 n° 184 | pages 3 à 12 ISSN 0458-726X ISBN 9782200927073 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-langages-2011-4-page-3.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- !Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Amalia Rodríguez Somolinos, « Présentation : Les marqueurs du discours – approches contrastives », Langages 2011/4 (n° 184), p. 3-12. DOI 10.3917/lang.184.0003 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Armand Colin. © Armand Colin. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.157.181.163 - 27/12/2015 00h05. © Armand Colin Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.157.181.163 - 27/12/2015 00h05. © Armand Colin

Les marqueurs du discours

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Page 1: Les marqueurs du discours

PRÉSENTATION : LES MARQUEURS DU DISCOURS – APPROCHESCONTRASTIVESAmalia Rodríguez Somolinos

Armand Colin | « Langages »

2011/4 n° 184 | pages 3 à 12 ISSN 0458-726XISBN 9782200927073

Article disponible en ligne à l'adresse :--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-langages-2011-4-page-3.htm--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

!Pour citer cet article :--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Amalia Rodríguez Somolinos, « Présentation : Les marqueurs du discours – approchescontrastives », Langages 2011/4 (n° 184), p. 3-12.DOI 10.3917/lang.184.0003--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Distribution électronique Cairn.info pour Armand Colin.

© Armand Colin. Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites desconditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votreétablissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manièreque ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur enFrance. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.

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Amalia Rodríguez SomolinosUniversidad Complutense de Madrid

Présentation : Les marqueurs du discours –approches contrastives

1. LES MARQUEURS DU DISCOURS : UN DOMAINE MAL DÉFINI

Les marqueurs du discours 1 ont été ignorés pendant longtemps ou considérésdans une optique purement grammaticale. La grammaire et la linguistiquetraditionnelles ne possédaient pas en effet les outils théoriques permettantde décrire ces expressions. L’intérêt pour leur fonctionnement n’a pas cesséd’augmenter depuis les années 70, de façon parallèle à l’étude des aspectspragmatiques et énonciatifs du langage en contexte.

Malgré l’abondance des travaux consacrés aux différents marqueurs depuisdes années, il s’agit d’un domaine qui est encore largement ouvert et qui manquede cohérence en qui concerne la définition des notions et la terminologie. Leprésent volume se propose de faire avancer la recherche dans un domaine danslequel elle est loin d’être parvenue à un consensus.

La réflexion sur les connecteurs, les marqueurs du discours et les marqueurspragmatiques n’a jamais été homogène. Pour le français, il y a eu au départles travaux classiques de J.-C. Anscombre et d’O. Ducrot sur les connecteurs,dans le cadre de la théorie de l’argumentation dans la langue et de la théoriede la polyphonie. Il s’agit là d’une sémantique discursive ascriptiviste, nonréférentialiste et de type instructionnel, qui permet de décrire les connecteursen fonction des enchaînements discursifs et des stratégies argumentatives dulocuteur. Ces théories ont permis de donner une description sémantique détailléed’un certain nombre de connecteurs et de marqueurs, dont notamment mais,même, pourtant, ne... pour autant, eh bien, décidément, bien sûr, etc. (cf. Anscombre &

1. La présentation et la direction de ce volume s’inscrivent dans le cadre du projet de recherche FFI2010-15158/FILO du Ministerio de Ciencia e Innovación Espagnol, (Plan Nacional I+D+i 2008-11). Je tiens àremercier Jean-Claude Anscombre pour sa relecture attentive de cette présentation, ainsi que pour ses précieuxcommentaires.

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Les marqueurs du discours : approches contrastives

Ducrot (1977, 1983) ; Ducrot et al. (1980) ; Ducrot (1984) ; Anscombre (1973, 1983,2001b), entre autres). Un certain nombre des articles présentés ici relève d’unefaçon ou d’une autre de ce cadre théorique.

Il convient de signaler aussi les travaux de l’École de Genève sur l’analyse dela conversation (pour une présentation de la théorie, cf. Roulet et al. 1985). Lesmarqueurs y sont considérés comme ayant d’une part un fonctionnement argu-mentatif, d’autre part une fonction d’indicateurs d’une structure hiérarchiquedu discours.

Sont également importants les travaux d’E. Gülich, dès 1970, sur les « mar-queurs de structuration de la conversation » en français. Ils sont à l’originede l’essor des recherches sur les marqueurs du discours des langues romanesdans la tradition linguistique allemande (Drescher & Frank-Job 2006). Dans ledomaine anglo-saxon, signalons l’ouvrage fondateur de D. Schiffrin (1987).

Les travaux plus récents, tant pour le français que pour l’anglais, l’alle-mand, l’espagnol ou l’italien sont innombrables. Mentionnons notamment lesouvrages importants de M.-B. M. Hansen (1998), K. Aijmer (2002), A. Steuckardtet A. Niklas-Salminen (2005), K. Fischer (2006), G. Dostie et C. D. Pusch (éds)(2007).

La description et la classification des marqueurs du discours varient beau-coup en fonction des différentes traditions linguistiques. La tradition allemandes’y est beaucoup intéressée, tout comme la tradition anglo-saxonne, qui a consa-cré depuis longtemps un grand nombre d’études aux marqueurs de l’anglais. Lesmarqueurs de l’espagnol sont également un objet d’étude privilégié depuis desannées (cf. Santos Ríos 2003 ; Briz et al. 2008). Dans le cadre de la linguistiquefrançaise, l’intérêt porté aux marqueurs a été moindre, et ce malgré les travauxd’O. Ducrot et de J.-C. Anscombre, ainsi que ceux de l’École de Genève. Dans ledomaine de la pragmatique historique, l’étude de l’évolution et de la formationdes marqueurs du discours du français reste encore à faire en grande partie. Elleest beaucoup moins développée que pour l’anglais.

Pour le français, un certain nombre de marqueurs caractéristiques de l’oralspontané sont maintenant décrits. Sans prétendre à l’exhaustivité, c’est le cas detu sais (Davoine 1980), euh, ben (Bruxelles & Traverso 2001), écoute / regarde (Dos-tie 1998), alors / donc (Hansen 1997), entre autres. Les marqueurs de reformula-tion ont fait l’objet aussi d’un certain nombre de travaux, notamment C. Rossari(1993), A. Steuckardt et A. Niklas-Salminen (2003, 2005) ou M.-B. M. Hansen(2005) pour enfin. L’attention des linguistes s’est également portée récemment surles connecteurs (Leeman (éd.) 2002), sur les marqueurs médiatifs (angl. eviden-tial) comme à mon avis, pour moi, selon moi (Borillo 2004 ; Coltier & Dendale 2004)ou encore sur les marqueurs médiatifs génériques de type comme on dit (Ans-combre 2006, 2010).

Les différentes approches théoriques dessinent cependant un domaine mor-celé, dans lequel la définition des expressions étudiées, ainsi que la terminologie,

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Présentation : Les marqueurs du discours – approches contrastives

restent floues : faut-il parler de connecteurs, de marqueurs pragmatiques, de parti-cules discursives, de marqueurs du discours ? Il faut constater l’impossibilité où l’onse trouve, dans l’état actuel de la recherche, de donner une définition nette desdifférentes classes de marqueurs.

Comme le signalent L. Schourup (1999) et K. Fischer (2006), les différentsauteurs ne sont pas d’accord sur les expressions qui entrent dans la catégoriedes marqueurs du discours. K. Fischer (op. cit. : 1-20) signale un certain nombrede critères pour délimiter la classe des marqueurs du discours :– Les marqueurs du discours sont considérés généralement comme des mots

grammaticaux morphologiquement invariables. Nous pensons pour notrepart qu’ils pourraient inclure également des structures partiellement lexica-lisées remplissant des fonctions discursives (au risque de me tromper / de merépéter ; comme le dit / le rappelle le proverbe, etc).

– Il faut distinguer, à l’intérieur de la classe des marqueurs du discours, desexpressions ayant des degrés d’intégration syntaxique très différents : lesconnecteurs, qui sont intégrés dans un énoncé, mais aussi les expressionsfonctionnant au niveau de la gestion des interactions, qui sont extérieuresà la structure de l’énoncé. C’est ainsi qu’un connecteur comme mais est unmarqueur de relation à un niveau local, par opposition aux marqueurs destructuration du discours à un niveau macrosyntaxique (alors, enfin, bon).Cela dit, on peut estimer que mais ne relie pas forcément (comme en 1) deuxsegments de discours, et qu’il peut enchaîner sur une situation ou une attitudede l’allocutaire (2) :

(1) C’est peut-être une bonne stratégie, mais il y a un problème.(2) Mais ce n’est pas vrai, j’ai encore perdu mes clés !

Il est très difficile dans la pratique d’établir une distinction nette entre ces deuxemplois de mais. L. Schourup (1999 : 230) constate un phénomène analoguepour l’anglais so. Le problème est en fait celui du choix de la représentationdu non-verbal. On peut, en suivant K. Fischer (2006 : 6), choisir d’affecter aunon-verbal une représentation en termes de contenus, ce qui résout le problèmede l’homonymie des marqueurs du discours. Il n’y aura alors qu’un seul mais en(1) et (2).– Les expressions ayant pour fonction la gestion des interactions ont tendance à

occuper la position frontale de l’énoncé. Il y a cependant des marqueurs quipeuvent apparaître de façon parenthétique à l’intérieur de l’énoncé (après tout,en effet, bien sûr, je pense). Les marqueurs interactionnels semblent plus propresà l’oral, alors que les connecteurs s’emploient tant à l’oral qu’à l’écrit.

L. Schourup (1999) signale également, dans une optique référentialiste, queles marqueurs du discours ne modifient pas les conditions de vérité des énoncéssur lesquels ils portent et sont donc extérieurs aux contenus vériconditionnelsde l’énoncé.

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Les marqueurs du discours : approches contrastives

Signalons enfin l’éventuelle intervention du savoir partagé et les connais-sances encyclopédiques des interlocuteurs dans l’interprétation des marqueursdu discours.

Nous avons choisi d’utiliser ici le terme de marqueur du discours dans un senslarge, en tant que classe hétérogène (Fischer 2006 ; Drescher & Frank-Job 2006 ;Portolés 1998). Il inclut d’une part les expressions caractéristiques de l’oral spon-tané, produites dans une situation d’interlocution (cf. Langue française 154 – Dos-tie & Pusch (éds) 2007) : bon, euh, hein, ben, voilà, alors, puis, tiens, remarque, tupenses... 2. En plus des marqueurs interactionnels essentiellement oraux, la caté-gorie des marqueurs du discours inclut également pour nous les connecteurs –catégorie habituelle dans la tradition française à partir de la théorie de l’argu-mentation dans la langue –, mais aussi d’autres sous-classes comme les expres-sions modales et les marqueurs médiatifs. Dans cette optique, des connecteursargumentatifs comme mais, même ou pourtant font partie des marqueurs du dis-cours, mais n’appellent pas nécessairement une situation d’interlocution. Lesmarqueurs du discours peuvent établir un lien au niveau textuel ou discursif.Ils marquent surtout l’attitude du locuteur, les stratégies argumentatives misesen place par celui-ci, ainsi que les rapports qui s’établissent entre le locuteur etl’allocutaire.

Les marqueurs du discours constituent ainsi une classe aux contours flous.C’est à ce niveau qu’intervient la perspective diachronique. La plupart desmarqueurs sont, en effet, le résultat d’une évolution, parfois très récente. Ilsprennent leur origine dans des unités qui appartenaient au départ à des classesgrammaticales différentes. C’est ainsi que les adverbes modaux épistémiquescertainement, sûrement, apparemment sont au départ, en français médiéval, desadverbes de constituant modifiant un verbe 3. Leur valeur pragmatique actuellene s’est installée progressivement dans la langue qu’à partir du XVIIe ou duXVIIIe siècle. Les marqueurs discursifs parenthétiques je pense, je crois, je trouve,tu sais, tu vois... sont au départ des verbes conjugués ; écoute, remarque, allons,tiens..., quant à eux, dérivent de formes verbales d’impératif. En vérité, à la vérité(Combettes & Kuyumcuyan 2007) sont à l’origine des syntagmes prépositionnels.Tous ces marqueurs ont subi un changement de catégorie grammaticale, unegrammaticalisation. Parfois l’évolution est en cours et n’a pas encore abouti. Onpeut se trouver ainsi face à des expressions dont le fonctionnement est ambiguet qui sont difficiles à classer. De ce fait, la classe des marqueurs du discoursprésente des frontières imprécises, ainsi que des intersections avec différentesautres classes grammaticales : adverbes, verbes, interjections, conjonctions...

2. Une étude complète devrait tenir compte des phénomènes intonatoires et rythmiques. Nous n’avonsmalheureusement à notre disposition aucune théorie achevée de ces phénomènes, non plus que de ses lienséventuels avec une théorie des marqueurs du discours.

3. Sur cet aspect diachronique, cf. Rodríguez Somolinos (2010) pour apparemment, ainsi que l’article deGómez-Jordana sur décidément dans ce même volume.

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Cette hétérogénéité provient également de ce que le concept de marqueur dudiscours renvoie à une fonction sémantico-pragmatique et non à une catégoriegrammaticale, voire syntaxique, particulière. Ce n’est qu’à travers l’étude deces unités hétérogènes que l’on peut penser parvenir un jour à une définitionrigoureuse et opératoire du concept de marqueur du discours, utilisé jusqu’àprésent de façon largement intuitive. C’est l’étude d’une telle hétérogénéité quese propose ce volume, la méthodologie adoptée étant contrastive, ce qui en faitl’originalité.

2. APPROCHES CONTRASTIVES

L’approche contrastive est relativement récente dans le domaine des marqueursdu discours. Elle a fait récemment l’objet de plusieurs colloques concernantles langues romanes (Oslo 2008, Tübingen 2009, Madrid 2010). Dans une pers-pective plus large, il faut signaler K. Aijmer et al. (2006) qui abordent l’étudecontrastive des marqueurs pragmatiques dans les langues indo-européennes.

Dans le présent volume, le terme contrastif est à comprendre de façon plu-rielle. L’étude contrastive peut porter sur des marqueurs apparemment voisinsdans deux langues différentes, ou bien, elle peut opposer deux ou plusieursmarqueurs à l’intérieur d’une même langue. Elle peut comprendre également lamise en contraste des différentes étapes dans l’évolution d’un marqueur. Toutesles contributions portent au moins sur un marqueur du français, ce qui constituele dénominateur commun du volume.

L’étude contrastive des marqueurs du discours dans des langues différentespermet de montrer dans quelle mesure les valeurs pragmatiques, argumentativeset interactionnelles sont codifiées de façon similaire. Peuvent être établies ainsides similitudes et des divergences entre les marqueurs de langues différentes.

La mise en contraste de deux ou de plusieurs marqueurs dans une mêmelangue permet également de mieux comprendre leur fonctionnement et d’affinerleur description. En effet, il est bien connu que la comparaison par contraste estun réactif plus sensible que l’étude d’un marqueur isolé. Elle permet souventde faire ressortir des oppositions qu’une étude non contrastive aurait ignorées.De plus, cela permet éventuellement de mettre en évidence des caractéristiquesapplicables à des marqueurs semblables dans d’autres langues.

Il en découle des retombées pratiques dans le domaine de l’enseignementdes langues, ainsi que dans celui de la traduction. Un marqueur donné, commeon sait, présente rarement un équivalent exact dans une autre langue. La com-paraison, soit avec une langue différente, soit avec un autre marqueur dans lamême langue, permet de mieux cerner les différents emplois des marqueurs, etde trouver des équivalences ou des disparités.

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Les marqueurs du discours : approches contrastives

3. LES CONTRIBUTIONS À CE NUMÉRO

Les études rassemblées ici visent à faire avancer la recherche actuelle sur lesmarqueurs du discours dans une optique contrastive. Elles fournissent une ana-lyse empirique fine de l’emploi de deux ou de plusieurs marqueurs en contraste.L’approche contrastive adoptée est multiple, mais elle permet dans tous les casd’approfondir la description. Dans certains cas, deux ou trois marqueurs dufrançais sont mis en parallèle (sinon / autrement ; à la fin / in fine / au final). Lecontraste peut se faire également entre deux marqueurs analogues dans deuxlangues différentes. La comparaison entre le français et l’espagnol permet dedécrire les marqueurs médiatifs comme dit le proverbe / como dice el refrán, ainsique les connecteurs puisque / puesto que. L’italien ecco permettra d’analyser lesmarqueurs français voici / voilà.

La mise en contraste des emplois successifs d’un même marqueur en dia-chronie permet de mieux expliquer son fonctionnement, mais l’évolution endiachronie des marqueurs du discours du français reste encore à faire en grandepartie. Sera abordée ici l’étude diachronique des marqueurs décidément / decidida-mente en français et en espagnol, ainsi que l’évolution de deux adverbes modauxdu français, voirement et vraiment, depuis le Moyen Age jusqu’au XVIIe siècle.

Le cadre théorique des travaux réunis dans ce volume est en grande par-tie homogène. Les études de C. Schnedecker et d’A.-M. De Cesare combinentune description syntaxique, sémantique et discursive. Les autres contributionss’inscrivent plus précisément dans le cadre d’une sémantique discursive nondescriptiviste, remontant en dernière instance aux travaux de J.-C. Anscombre etd’O. Ducrot sur l’argumentation linguistique 4. Certains travaux s’appuient éga-lement sur la théorie de la polyphonie, développée au départ par O. Ducrot(1984 : 171-233) 5. Pour ce qui est des marqueurs étudiés, la plupart appar-tiennent à la classe des connecteurs (sinon / autrement ; à la fin / in fine / au final ;puisque / puesto que). Sont étudiés aussi des marqueurs médiatifs (comme dit leproverbe / como dice el refrán), des adverbes d’attitude énonciative (décidément /decididamente ; voirement / vraiment) et des particules discursives (ecco / voici /voilà).

L’article de Jean-Claude Anscombre se situe dans le prolongement de sestravaux antérieurs sur les marqueurs médiatifs génériques. Il analyse ici, entermes de syntaxe et de sémantique, l’insertion du pronom complément d’objetdirect en espagnol dans Como dice X / Como lo dice X, par opposition au françaisComme le dit X / Comme dit X. En effet, les deux langues ne se comportent pas de

4. Si cette approche est essentiellement centrée sur les propriétés sémantiques, elle n’exclut pas l’examen despropriétés syntaxiques. Rappelons, enfin, que les caractéristiques pragmatiques que nous étudions relèvent dela pragmatique intégrée, i.e. sont inscrites en langue.

5. La théorie de la polyphonie voit le sens non comme la description de la réalité, mais comme constitué parl’organisation de différentes voix que l’énoncé fait entendre.

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Présentation : Les marqueurs du discours – approches contrastives

la même façon sur ce point particulier. L’étude des propriétés linguistiques dechacune de ces constructions montre que l’origine du phénomène est à chercherdans des distributions spécifiques des rôles polyphoniques. Après avoir explicitéles règles régissant ces constructions, l’auteur les applique à une série de cas nonstandards.

Camino Álvarez Castro et María Luisa Donaire abordent l’étude contrastivedes connecteurs puisque et puesto que en français et en espagnol, en s’appuyantsur la théorie de la polyphonie et sur la notion de stéréotype (Anscombre 2001a).Le recours à des tests linguistiques conduit à dépasser le niveau de surfacepour considérer la stratégie discursive que ceux-ci mettent en œuvre. Il proposeune caractérisation sémantique des deux connecteurs comme mettant en jeudeux points de vue, dont l’un est présenté comme un enchaînement discursiffondé sur l’autre. Ce dernier point de vue apparaît comme faisant partie d’uneénonciation préalable, destinée à renforcer le point de vue assumé par le locuteur.La description sémantique de ces deux connecteurs permet de distinguer troistypes de puisque, alors que l’espagnol ne présente que deux puesto que. Endépit d’un certain parallélisme, les deux connecteurs ne sont pas entièrementéquivalents.

Anna-Maria De Cesare met en contraste l’italien ecco et les présentatifs fran-çais voici, voilà à partir d’une approche relevant de la sémantique lexicale et de lalinguistique textuelle. Son étude permet d’établir les différences et les similitudesentre ces marqueurs dans les deux langues et d’approfondir notre connaissancedu fonctionnement de voici et de voilà. Elle décrit le fonctionnement de ces formesdans les textes écrits, ce qui n’a pas encore été fait de manière approfondie dansla bibliographie sur l’italien et le français contemporains.

Sonia Gómez-Jordana Ferary étudie, dans une approche diachroniqueet contrastive, les adverbes décidément et decididamente. Partant de l’étuded’O. Ducrot et al. (1980), elle distingue trois valeurs en diachronie pour l’adverbefrançais décidément – adverbe de constituant, adverbe de phrase et adverbepragmatique – alors que l’espagnol decididamente en est à une étape antérieurede l’évolution et n’a pas encore complètement acquis une valeur pragmatique.Cela permet de corroborer une tendance générale : la pragmaticalisation desadverbes est souvent plus tardive en espagnol qu’en français.

Amalia Rodríguez Somolinos étudie l’évolution en français des adverbesmodaux voirement et vraiment, depuis l’ancien français jusqu’au XVIIe siècle, dateà laquelle voirement disparaît du français standard. Tant voirement que vraimentmarquent le degré de vérité que le locuteur accorde à l’énoncé. Ils portent surun énoncé p dont ils renforcent le degré de vérité et de certitude. Voirementévolue très tôt vers un emploi dialogal polyphonique où il acquiert la valeurd’un marqueur de réexamen. Il renvoie à un point de vue qu’il vient confirmer.L’énoncé introduit par voirement peut se présenter alors comme le résultat d’uneréflexion du locuteur : « bien réfléchi ». Malgré une parenté évidente, vraiment

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Les marqueurs du discours : approches contrastives

n’a jamais eu de valeur polyphonique ou confirmative et renvoie, par contre, àune conviction personnelle du locuteur.

Catherine Schnedecker décrit le fonctionnement pragmatico-sémantique dein fine et au final en français, en utilisant comme contrepoint à la fin. L’évolutiondes deux premiers marqueurs n’a pas encore abouti, ce qui donne lieu à unflottement entre le rôle d’adverbial verbal et celui de cadratif. In fine et au finalsont proches sur le plan sémantique : ils expriment une forme de temporalitéqui peut donner lieu à une contradiction. L’analyse contrastive fait ressortir, parailleurs, des différences sémantiques et discursives entre les deux marqueurs,ce qui permet de mieux cerner leur fonctionnement par rapport à d’autresmarqueurs de reformulation.

Danièle Flament-Boistrancourt réalise une étude pragmatico-sémantique dedeux connecteurs proches en français : sinon et autrement. S’ils sont substituablesdans de nombreux contextes, ils possèdent également des emplois qui leursont propres. L’auteur s’intéresse particulièrement aux emplois où autrementsemble difficilement substituable à sinon. En prenant comme point de départ uneétude antérieure de sinon, elle essaye de donner ici une description sémantiquecomparée de autrement et de sinon qui s’emploie à traquer la spécificité de chacunde ces deux morphèmes.

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