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Les services de communication retrouvent de la voix
Par François Dubois
Connaissez-vous Sobo ou ChitChat, respectivement déclinaisons vocales de Twitter et de Snapchat ? Ou Roger, qui
réinvente le « Push to Talk » sous la forme d’une conversation enrichie ? La voix est de nouveau tendance, et c’est
tant mieux pour les opérateurs, qui devraient profiter en 2016 des déploiements de VoLTE et de la relance du RCS
suite à l’accord entre Google, la GSMA et de nombreux opérateurs.
21 Janvier 2016,
la startup Roger,
du nom de sa
nouvelle
application OTT
de « Push to Talk
», annonce qu’elle
vient de réaliser
une levée de
fonds d’un million
de dollars afin de
développer ses
services. Ce
système de
communication
vocale de type
talkie walkie, où les deux interlocuteurs parlent l’un après l’autre, est
pourtant loin d’être nouveau ! Sauf que la voix retrouve aujourd’hui
de l’importance dans le monde très concurrentiel de la messagerie…
Et que Roger, lancée fin 2015 sur iOS et en version beta sur Android,
semble dans l’air du temps. L’application a en effet été conçue pour
ressembler à une conversation en face à face, avec impossibilité
d’effacer ses messages vocaux tout juste « enregistrés » sur le fil de
discussion, mais également la possibilité d’y ajouter des éléments
de nuances et de contexte sous forme de textes courts ou surtout
d’icônes et astuces graphiques (localisation, météo, notification de
l’importance du message, etc.)… Tout ça, justement, pour faire
ressentir toutes les émotions d’une vraie conversation !
Une expérience voix qui se renouvelle
Les versions vocales de Twitter ou Snapchat
Cette levée de fonds d’une startup réinventant le système de ce
« Push to Talk » que l’on croyait oublié est l’un des signes d’un
retour de tendance en faveur de l’expérience voix, réinventée sous
de multiples formes pour l’utilisateur. Dans un style différent de
Roger, Sobo se présente par exemple comme le pendant vocal de
Twitter. L’application permet en effet de partager auprès de ses
followers de courts messages vocaux de 6 secondes, pouvant
ensuite être partagés ou téléchargés. Dans le même ordre d’idée,
s’est lancé fin 2015 ChitChat, une sorte de Snapchat vocal qui
propose d’envoyer de courts messages audio à des correspondants
choisis, ces messages se supprimant automatiquement une fois
écoutés.
Mais en 2016, c’est Vyke qui pourrait défrayer la chronique. A l’heure
où se multiplient sur le Net et au-delà les prises de contact
intéressées et les demandes d’infos personnelles plus ou moins
intempestives, cette application propose à l’utilisateur de « créer »
jusqu’à 4 « numéros de téléphone » afin d’en attribuer un à chaque
contexte particulier, plutôt que de divulguer de façon systématique
son « vrai » numéro personnel... Soit par exemple : un numéro que
l’utilisateur donnera pour le travail, un autre réservé à tout ce qui
concerne sa famille, un autre qu’il utilisera sur les réseaux sociaux
ou pour le « tout venant », etc., chaque numéro permettant bien
évidemment d’être
contacté via l’application.
T-Phone : bien plus
qu’un « green button » !
De son coté, l’opérateur
coréen SK Telecom a
annoncé le 20 octobre
2015 avoir dépassé le
seuil des 7 millions
d’utilisateurs de son
« dialler » T-Phone, le
premier « composeur »
intégré, lancé en février
2014. T-Phone
révolutionne en effet le
« green button » de l’opérateur. Car en plus de proposer des appels
HD, cette interface offre une multitude de services très pratiques
pour l’utilisateur. Via cette véritable plateforme dédiée, l’abonné peut
notamment organiser des appels groupés ou vidéo, filtrer les appels
indésirables (spams, telemarketing, etc.), gérer ses contacts,
effectuer des recherches locales via sa géolocalisation (restaurant,
boutiques, etc.). Mieux : il peut également réaliser des transferts
d’argent (notamment via une plateforme de dons) ou encore
personnaliser l’arrière-plan de son dialler, etc. De plus, une
extension de mai 2015 permet désormais aux utilisateurs de T
Phone d’avoir accès à des services externes directement depuis la
plateforme et laisse entrevoir une multitude de possibilités pour
l’avenir. Zigbang (recherche immobilière) et Baedaltong (livraison de
nourriture) sont ainsi devenues les deux premières applications
externes disponibles sans intermédiaire par le biais de T-Phone.
Pourquoi, dès lors, ne pas imaginer demain des partenariats avec
des banques, des assurances, des services à la personne, ou
encore synchroniser le
dialler avec les objets
connectés de l’utilisateur
afin d’en faire de manière
définitive l’élément central
du smartphone de
l’abonné ?
Un n° de téléphone
unique pour tous ses
terminaux
Autre innovation notable : le 22 février dernier, à l’occasion du
Mobile World Congress 2016 à Barcelone, Deutsche Telecom a
annoncé le lancement de son application « Immmr » au deuxième
semestre 2016. Immmr casse les codes de la téléphonie mobile
« classique » puisqu’il permet à ses utilisateurs de téléphoner ou
d’être contactés via un numéro mobile unique depuis une multitude
de terminaux : smartphones, PC, tablette, etc. Ainsi l’usager pourra
passer des appels depuis n’importe quel terminal, n’importe où, et
ce grâce à l’utilisation d’appels via Internet, et non plus via les
réseaux « traditionnels ».
La Voix sur LTE bien sûr
Autre phénomène, pour le coup mondial, qui devrait plus encore
renforcer l’attrait de la voix en 2016 : les opérateurs accélèrent
aujourd’hui le déploiement de la VoLTE. Ainsi la voix peut-elle
profiter des performances uniques de la 4G, par exemple des appels
en qualité HD ou des appels vidéo très fluides. Selon une étude
Ovum de 2015, portant sur 108 opérateurs, 80% des MNO ont déjà
lancé ou lanceront leurs services VOLTE en 2016. Avec à la clé,
rappelons-le, une réduction des coûts grâce à la consolidation des
réseaux et l’opportunité de développer de nouveaux services.
Pour permettre à la VoLTE d’être attractive et opérationnelle, donc
de tenir ses promesses le plus vite possible, l’enjeu majeur des
opérateurs est clair : il s’agit de l’interopérabilité entre leurs réseaux.
Tel est en effet l’enseignement principal de l’exemple sud coréen :
lancée dès 2012 par les acteurs du pays, elle n’a vraiment pris son
envol en terme d’usages qu’à la fin 2015, lorsque les réseaux VoLTE
de KT, LG + et SK Telecom ont été totalement interopérables.
Quand le RCS est redynamisé par Google
Le 22 février 2016 au MWC 2016 de Barcelone, la GSMA et Google
ont fait une annonce cruciale pour l’avenir des messageries, en
particulier vocales : l’association phare du monde des opérateurs
mobiles, Google ainsi que des opérateurs comme Vodafone,
Deutsche Telekom, Bharti Airtel, Spint, Telenor, TeliaSonera, Play,
Orange et bien d’autres ont dévoilé leur accord pour « effectuer une
transition vers un profil universel commun basé sur les spécifications
RCS de la GSMA et un client RCS sous Android fourni par Google
en collaboration avec des opérateurs et des équipementiers ».
Autrement dit : les opérateurs vont pouvoir déployer sur tous les
terminaux sous Android leur propre infrastructure RCS (Rich
Communications Services) ou, encore plus simplement, choisir
l’option d’utiliser la plateforme cloud Jibe de Google, qui supportera
ce profil universel en open source, nativement installé sur l’OS
Android. De fait, tous les smartphones sous Android seront
compatibles avec ces services de « rich communication ». D’où un
fort potentiel de démocratisation du RCS, qui sera donc disponible
directement sur l’écran d’accueil de l’utilisateur, sans aucun besoin
d’une interface applicative tierce.
Pour contrer Whatsapp et plus largement Facebook dont il est une
filiale, Google choisit ainsi de s’allier aux opérateurs et joue la carte
de ce RCS que l’on croyait en panne. L’adoption du RCS comme
nouveau standard apparaît en effet telle l’une des meilleures façons
de rendre incontournable le « green button » des opérateurs (un peu
à la façon du T-Phone de SK Telecom), donc de répondre à
Whatsapp et aux autres messageries OTT en offrant directement
depuis la messagerie des opérateurs la VoLTE, les appels vidéo, les
discussions de groupe, la géolocalisation ou encore l’envoi de
photos et vidéo HD pendant l’appel, etc.
Google, bien sûr, fait
tout pour favoriser une
solution de type
« Hosted RCS »,
totalement crédible
depuis l’acquisition par
Google de Jibe Mobile
fin septembre 2015.
Cette société est
leader des solutions RCS basées sur le cloud (Hosted RCS) et a
signé dès 2015 avec SFR en France, ou encore DT en Roumanie et
Slovaquie. L’alliance avec Google semble en vérité le meilleur moyen
de booster toute l’industrie du RCS. Car il sera possible de profiter
d’une expérience de messagerie uniforme et interopérable entre
tous les appareils Android et chez tous les opérateurs dans le
monde entier avant même la fin de l’année 2016. Les opérateurs
auront dès lors toutes les armes en main pour bénéficier du
renouveau de la voix et plus largement de l’appétence de leurs
clients pour les services voix et leurs multiples déclinaisons
multimédias nouvelles.