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EHESS Les Nouvelles voies spirituelles. Enquête sur la religiosité parallèle en Suisse by Jean-François Mayer Review by: Françoise Champion Archives de sciences sociales des religions, 42e Année, No. 98 (Apr. - Jun., 1997), pp. 92-93 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30122658 . Accessed: 12/06/2014 17:09 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 62.122.76.12 on Thu, 12 Jun 2014 17:09:02 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Les Nouvelles voies spirituelles. Enquête sur la religiosité parallèle en Suisseby Jean-François Mayer

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Les Nouvelles voies spirituelles. Enquête sur la religiosité parallèle en Suisse by Jean-FrançoisMayerReview by: Françoise ChampionArchives de sciences sociales des religions, 42e Année, No. 98 (Apr. - Jun., 1997), pp. 92-93Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30122658 .

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

comme d'ordre sociologique. Les donndes so- ciologiques concernent notamment le recrute- ment de I'OTS dans le <cultic-milieu>> (conform6ment au fonctionnement de ce mi- lieu, de trbs nombreuses personnes assistent aux conf6rences de Luc Jouret, fort peu s'en- gagent), la <filiation templibre> bricol6e, la r6f6rence i l'autorit6 d'une hidrarchie secrete et invisible de laquelle les leaders regoivent leurs ordres, l'id6al qui anime les adeptes et qui perdure alors meme qu'apparaissent les failles des leaders, le sentiment d'appartenir une l61ite... Ces donndes constituent d6ji une analyse du groupe. L'analyse se fait plus pr6- cise s'agissant de comprendre la <ddrive> du groupe et on voit bien se nouer la dynamique de cette d6rive au croisement de plusieurs lo- giques : de croyance, psychologique et psycho- sociale, 6v6nementielle. Parmi les secondes, notamment, la apsychose> de Di Mambro et sa fuite en avant devant les problbmes internes (tels son autorit6 6branl6e, des supercheries mises A jour, des d6fections d'adeptes) et ex- ternes du groupe (une certaine suspicion); le ddlire de persdcution qui s'installe dans le groupe. Quant aux croyances, J.-F. M. cite lon- guement des <textes doctrinaux du groupe>> car il estime que ces croyances sont indisso- ciables de la d6rive du Temple Solaire >> et que <ales interpr6tations qui voudraient en faire abstraction nous condamneraient A ne rien comprendre et & ignorer qu'il y a des id6es qui tuenta (celle du atransita comme mission d'importance cosmique, afin de transporter le germe de vie sur une autre planbte). En fait, plut8t que de la d6rive elle-m~me, les croyances ne sont-elles pas surtout explicatives du genre de d6rive? Ici de l'autodestruction avec vis6e de cr6er un mythe - les m~mes genres de probl~mes psychologiques et de groupes, de relations i l'ext6rieur ont pu pro- voquer d'autres genres de d6rive en relation di- recte avec les croyances (par exemple les d6rives gauchistes terroristes dans les ann6es 1970). Pr6cieuse aussi est l'attitude de J.-F. M., aussi soucieux de compr6hension au plus pros des personnes que de la responsabilit6 sociale du chercheur. J.-F. M. apparait moins dans cet ouvrage comme i l'affiit de toute l'inventivit6 religieuse des hommes que comme chercheur (et enquateur judiciaire...) conscient aussi d'&tre responsable des valeurs auxquelles il croit (que l'auteur de ces lignes ne partage pas forc6ment) et/ou qui sont les valeurs et les normes, concr6tis6es dans le droit, de la soci6t6 de laquelle il participe.

A lire cet ouvrage il apparait nettement que dans la pol6mique sociale sur les dites sectes il ne peut y avoir que des jugements cir-

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constancids appuy6s sur une connaissance tris pr6cise de tel ou tel groupe.

Frangoise Champion.

Les Nouvelles voies spirituelles. Enquite sur la religiositi parallle en Suisse. Lausanne,

98.55 MAYER Jean-Frangois.

L'Age d'Homme, 1993, 427 p. On ne peut qu'&tre impressionn6 par l'abon-

dance des informations qui nous sont donn6es dans cet ouvrage. Abondance des informations sur les groupes d'aujourd'hui: J.-F.M. s'est toujours fait remarquer comme un homme de terrain extr~mement actif, multipliant les d&- couvertes de nouveaux groupes religieux et pa- ra-religieux - ici pour la seule Suisse, ce qui n'exclut aucunement les liens internationaux et les incursions en terres 6trangbres. C'est ainsi que J.-F. M. n'avait pas manqu6 de rencontrer Luc Jouret, les Clubs Arch6dia (exotdriques) et I'Organisation Internationale Chevaleresque Tradition Solaire (qui allait se transformer en Ordre du Temple Solaire), 6sot6rique; ce qui lui vaudra d'&tre sollicit6 pour participer i l'enquite policibre sur le suicide-massacre de Cheiry en octobre 1994. Abondance 6galement d'informations historiques, non seulement sur le pass6 des groupes actuellement existants, mais aussi sur les filibres historiques dans les- quelles ils s'inscrivent. Ainsi se dessine une vaste fresque du d6veloppement de la religio- sit6 parallble depuis le XIXe si~cle aussi bien celle qui trouve ses origines dans les traditions occidentales que celle qui nous vient de l'Orient ou bien encore celle qui se situe <<en- tre religion et science fiction >>. C'est dire que J.-F.M. ne s'int6resse pas seulement aux groupes constitu6s mais 6galement B toutes les religiosit6s 6clat6es, qu'il s'agisse de r6seaux du Nouvel-Age ou des lecteurs de livres i ca- ractbre peu ou prou spirituel. J.-F. M. a ainsi enqut&6 dans plusieurs librairies spiritualo-6so- t6riques auprbs de leur clientele. Enquate par questionnaires done ici, d6pouillement de lit- t6rature actuelle et pass6e, mise B jour des rd- seaux et de leurs multiples recompositions : les m6thodes d'investigation sont varides. Mais c'est l'observation participante qui est sans doute la m6thode privil6gi6e de l'auteur. Sa- chant bien saisir le <pittoresque>> de chaque groupe, J.-F. M. sait aussi nous rendre vivantes et compr6hensibles les situations et les per- sonnes.

Ces qualit6s ont toujours 6t6 celles de J.-F. M. Ce livre en montre d'autres. Le regard s'affirme plus sociologique que ce qu'il 6tait

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dans ses pr6c6dents livres. Un seul exemple, l'analyse du fonctionnement du discours d'un leader acharismatique : s'<<alimentant i tout un fonds commun de la religiosit6 parallblea oii il s'agit avant tout de conforter les convic- tions du public, multipliant les proc6d6s de 16- gitimation (titre de m6decin, contact avec le surnaturel, multiples lectures convergentes, re- lations avec d'autres leaders prestigieux de la religiosit6 paralldle, preuves scientifiques...), promettant la m6diumnitd pour tous...

L'int6ret de cette enquite sur ala religiosit6 paralldle en Suissea d6passe de beaucoup le cadre g6ographique de la Suisse. A vrai dire cet ouvrage publi6 en 1993 reste encore en 1997, pour l'Europe, pour qui veut approcher l'ensemble de la religiosit6 paralldle euro- p6enne, I'ouvrage de r6f6rence incontournable.

Frangoise Champion.

Durkheim, Morals and Modernity. Londres,

98.56 MILLER (Willie Watts).

UCL Press, 1996, 288 p. (index). L'auteur aurait pu intercaler aand religiona

dans son titre sans &tre infiddle i son contenu. Certes, la question fondamentale, pos6e dds le d6part est celle du passage de is g ought, de l'objectif au normatif, de la sociologie i la mo- rale. Durkheim ne retient ni les amorales scientifiques qui cherchent i d6duire une mo- rale d'une anthropologie, ni l'art moral de L6vy-Bruhl qui utilise la sociologie pour ap- puyer sur elle une technique. La morale est dans la soci6t6, et c'est 1 qu'on doit la dd- couvrir. C'est ce qui permet A l'A. de parler de programme <<internaliste a : pour Durkheim, la science va i la d6couverte d'une rationalit6 immanente au rdel - tout au moins en ce qui concerne la r6alit6 sociale - ce qui a pour consequence que, si on excepte les cas patho- logiques, I'&tre et le devoir-8tre ne font qu'un. Formule sans doute difficile A d6fendre chez un sociologue aussi critique des soci6tes mo- dernes. Mais m~me les maux de celles-ci trou- vent leur origine principale non tant dans des accidents venus de l'ext6rieur, que dans la dy- namique propre de leur d6veloppement. Telle est du moins la legon de la Division du travail et du Suicide. Et nous atteignons 1l - 1'A. tend du moins i le d6montrer - le coeur meme du religieux.

Les 6tapes par lesquelles il nous fait passer sont le amoi organique >>, les a<groupes inter- m6diaires a, une <culture de l'homme > et fi- nalement le aculte de l'homme . Passons rapidement sur les deux premiers points. Le

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

premier d6signe cet individu qui se d6gage de la division du travail et est individualis6 par celle-ci, tout en 6tant organiquement li6 aux autres individus. Le deuxidme qui d6signe au premier chef les groupements professionnels (mais aussi la classe d'6cole et 6ventuellement les communaut6s religieuses) permet i Dur- kheim de d6velopper un lib6ralisme non indi- vidualiste i la manidre de Montesquieu et de Tocqueville.

Par a culture de l'homme >>, 1'A. entend cette forme de moralit6 qui prend sa source chez Kant et pose la personne comme fin et non simplement comme moyen. Cheminant de Kant h Durkheim, il utilise cette remarquable for- mule inspir6e par Boutroux: le passage adu royaume des fins A la r6publique des per- sonnes a. Au cours d'une longue analyse comparative de la pens6e des deux auteurs, il met en 6vidence le r81e central jou6, chez l'un et chez l'autre, par la notion d'autonomie. Si chez Kant, l'ob6issance A la norme ne prend de valeur morale que si celle-ci est issue de la raison mime de l'homme, chez Durkheim, 1'<<a autonomie de la volont6a prend, dans une 6ducation morale moderne, une importance au moins 6gale i celle de l' <<esprit de disciplinea et de l' attachement au groupe >, et en est meme en quelque sorte le couronnement. Ce- pendant, 1l oii Kant tragait le chemin, mais en restait i un sujet moral qui est aussi sujet des normes de la raison impersonnelle dans le royaume des fins, Durkheim s'approprie cette raison par la d6marche scientifique person- nelle, en sorte que le sujet moral devient ci- toyen libre de la r6publique des personnes. Mais concrbtement, les deux d6marches convergent parce que Kant tient le plus grand compte de l'6vidence morale commune et que Durkheim fait tendre la d6marche scientifique vers l'universel.

Cette r6publicanisation de la pens6e de Kant va de pair avec une s6cularisation, dans la me- sure oii cette pens6e s'adossait aux deux pos- tulats de l'existence de Dieu et de l'immortalit6 de l'ame, exig6s par la raison pratique. Pour Durkheim, la religion est un ph6nomdne universel, mais elle peut se passer de Dieu, et la conscience moderne tend A pla- cer en son centre l'homme, non dans la parti- cularit6 de tel ou tel individu humain, mais l'homme en tant qu'homme. Cette notion n'est pas celle d'une r6alit6 tangible, mais celle d'un iddal, port6 par la conscience collective, en sorte que la foi tendrait t 8tre remplac6e par une espirance, comme dans l'irrl61igion de Guyau. Celle-ci, comme sentiment religieux rdellement 6prouv6 aurait, au terme de la rd- flexion durkheimienne une importance au

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