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EHESS Les Oracles de Shirataka on la sybille d'Osaka: vie d'une femme spécialiste de la possession dans le Japon du XXe siècle by Anne Bouchy Review by: Louis Hourmant Archives de sciences sociales des religions, 39e Année, No. 88 (Oct. - Dec., 1994), pp. 51-52 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30116249 . Accessed: 12/06/2014 15:18 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.2.32.90 on Thu, 12 Jun 2014 15:18:17 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Les Oracles de Shirataka on la sybille d'Osaka: vie d'une femme spécialiste de la possession dans le Japon du XXe siècleby Anne Bouchy

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Les Oracles de Shirataka on la sybille d'Osaka: vie d'une femme spécialiste de la possession dansle Japon du XXe siècle by Anne BouchyReview by: Louis HourmantArchives de sciences sociales des religions, 39e Année, No. 88 (Oct. - Dec., 1994), pp. 51-52Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30116249 .

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BULLETIN DES OUVRAGES

pondance amoureuse, malheureusement limit6e a 87 lettres (1903-1920) de la religieuse, ex- cloitr6e ou s6cularis6e en 1911. Bande rouge de l'6diteur: <<le diable et la carml61ite >>.

L'6dition est due a Gabriel Merle, qui pr6- pare une biographie de Combes et dont l'in- troduction reste h la surface des choses: attendons et esp6rons... Une postface de Mi- chel Mohrt montre une juste sensibilit6 a cette aventure, prise i la lettre sans connaissance particulibre du dossier. La prieure voulait sau- ver son carmel, et elle avait assez de relations pour rencontrer le pr6sident du Conseil. Ce fut aussit6t une s6duction r6ciproque et durable, sans que ce qu'on lit d'elle et ce qu'on sait de lui autorise des extrapolations hardies. On reste perplexe. On se pose beaucoup de ques- tions: en premier lieu, sur la carml61ite et son carmel, qu'elle semble avoir dissous de sa propre autorit6, sans se brouiller avec l'arche- v~que d'Alger, Mgr Oury, lui-mime d6mis- sionnaire; en second lieu, sur son 6volution religieuse, qui la conduit h une r6volte int6- rieure inexpliqu6e; en troisibme lieu, sur les conditions protectrices qui permirent au carmel d'6chapper a la loi; en quatri~me lieu, sur les conditions de sa dissolution; en cinquibme lieu, sur l'attitude du Saint-Siage devant cette affaire... C'est un dossier qui revient h Jacques Maitre.

En fait, on n'est pas aussi d6muni qu'on pourrait le croire a la lecture de ces lettres. En mai et juin 1952, la princesse Marthe Bibesco avait publi6 dans la revue Hommes et mondes (substitut de la Revue des deux mondes, inter- dite a la Lib6ration) un r6cit des 6v6nements : <<Porta Paradisi. La mission de la prieure du Carmel d'Alger >>, suivi d'extraits de sa corres- pondance avec E. Combes. On sait par ailleurs que ce carmel avait 6td ferm6 par ordre de Pie X le 12 novembre 1911, a la suite d'un conflit entre l'6v~que, Mgr Piquemal, et la prieure. Un conflit dont les raisons nous 6chap- pent, d'autant plus 6trange que Jeanne avait les meilleurs rapports avec ses pr6d6cesseurs, le cardinal Lavigerie qui l'avait <recrut6e >>, Mgr Dusserre et Mgr Oury (prl61at r6publicain), ain- si qu'avec son successeur, Mgr Leynaud. Elle- m~me n'a pas cach6 qu'elle avait alors travers6 une crise de vocation (interview donn6e a la Presse libre d'Alger, 20 juillet 1928) et qu'elle n'6tait intervenue que sur ordre de Mgr Oury, qui voulait sauver les quatre Carmels et les Phres Blancs d'Alg6rie, appuy6 par les 6v~ques d'Oran et de Constantine.

Revenue a la vie laique, la princesse avait surmont6 cette crise religieuse et avait trouv6 auprbs de Benoit XV le mime accueil que, par exemple, le P. Emile Anizan, fondateur des Fils

de la Charit6, d6mis du sup6riorat des Frbres de S. Vincent de Paul par Pie X. Sur elle, j'ai trouv6 ce jugement eccldsiastique : << Trbs forte personnalit6, au temp6rament ardent et autori- taire, capable de tendresse jusqu'h l'exaltation, de jugement sain quand elle parle de la vie re- ligieuse >>. C'est Lavigerie qui l'avait nomm6e a 21 ans prieure en titre du carmel dont elle avait financ6 la cr6ation. Elle-m~me dira : < Je r6gnais, je ne gouvernais pas; j'abandonnai toute autorit6 a une ancienne prieure que je v6- nerais comme une mere >>.

Comment ne pas rapprocher cette affaire de la rocambolesque histoire de la << Princesse des sables >>, une jeune Frangaise que Lavigerie au- rait mari6e religieusement avec un cheikh mu- sulman a l'encontre du gouverneur g6n6ral qui leur refusait le mariage civil et en contraven- tion avec la loi frangaise ? On avait une belle 16gende dont l'histoire reste a 6crire. On a une curieuse histoire dont la lgende est prete a s'emparer. Dans les deux cas, ce n'est que du menu gibier, mais dont les traces mdritent toute 1' attention.

Emile Poulat.

Les Oracles de Shirataka on la sybille d'O- saka : vie d'une femme spicialiste de la pos- session dans le Japon du XXe siicle. Arles,

88.10 BOUCHY (Anne).

Philippe Picquier, 1992, 283 p. A.B., ethnologue sp6cialiste de la religion

populaire japonaise, a recueilli durant plusieurs ann6es le t6moignage d'une femme-oracle aveugle, Shigeno Nakai, qui officiait dans la r6gion d'Osaka des ann6es 20 jusqu'a sa mort en 1991. En tant que dai (support) du dieu-re- nard Shirataka et des nombreux autres kami qui parlent par sa bouche, Sh. Nakai devient peu a peu une figure charismatique dont l'aura et les pouvoirs thaumaturgiques attirent un r6seau de clients (presque une communaut6 de fi- dbles ?) sans pour autant donner jamais nais- sance a un nouveau mouvement religieux contrairement a tant d'autres figures (f6mi- nines notamment) dont l'itin6raire 6tait compa- rable au sien. On peut done regretter sur ce point pr6cis que l'auteur n'ait pas jug6 utile d'approfondir telle ou telle r6flexion sur la ges- tion du don thaumaturgique qui, tant6t aboutit a la cr6ation d'un culte ind6pendant, tant6t reste dans l'orbe de la religion traditionnelle et s'6teint avec le porteur du charisme sp6ci- fique.

Cette r6serve mise a part, on ne peut que saluer la maniare dont A.B. a su prendre appui

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

sur l'6tude d'un cas de possession, cas il est vrai rendu passionnant par la personnalit6 r6el- lement exceptionnelle de Sh. Nakai, pour m8ler d'harmonieuse fagon histoire de vie et r6- flexions ethnologiques: l'A. r6ussit t intro- duire de plain-pied le lecteur dans l'univers foisonnant mais extr~mement hi6rarchis6 des kami et de leurs adorateurs, un monde sujet de profondes transformations du fait de l'ur- banisation, mais loin d'8tre moribond pour au- tant. Cependant, l'int6r&t du livre est aussi de donner n voir que ce qu'on appelle, faute de mieux, religion populaire n'est nullement ex- clusif d'une pi~td, d'une ascse, voire d'une mystique, tous aspects de la vie religieuse que l'on tend trop souvent A r6server i ses formes plus anobles >>. On aurait tort notamment de r6duire la pratique oraculaire i de la magie en- tendue comme recherche utilitariste de apou- voirs >> dbs lors qu'elle s'insbre dans un univers signifiant plus global oi les 616lments naturels, la montagne notamment, deviennent, pour le serviteur du kami, le corps manifest6 de la di- vinit6: a aussi seule l'ascese pratiqu6e dans un tel espace permet-elle la vraie purification >, c'est-a-dire la mort de l'homme ordinaire, sa fusion dans cette manifestation et par 1 l'u- nion en ce corps avec les kami, but ultime de toutes ces pratiques et seuil au-dela duquel sont acouis les a<ouvoirs >> > (o. 108).

Louis Hourmant.

La Diesse apais~e. Norme et transgression dans l'hindouisme au Bengale. Paris, Ed. de

88.11 BOUEZ (Serge).

I'E.H.E.S.S., 1992, 136p. ( Cahiers de l'homme >>, Nouvelle S6rie XXXI).

Entendant faire une 6tude comparative d'une a variante rdgionale de l'hindouisme a, le culte, au Bengale, de la ddesse tantrique Kali, qui im- plique la transgression de certaines r~gles de comportement hindou, l'auteur traite largement de plusieurs aspects fondamentaux de l'hin- douisme. Ce faisant, il discute ou r6fute quel- ques notions g6ndralement admises (en France, du moins) et notamment des conceptions glo- balisantes - brahmano-centriques, pourrait-on dire - de Louis Dumont et de Madeleine Biar- deau. Il le fait avec une vivacit6 qui rend trbs vivante la lecture (pas toujours ais6e, d'ail- leurs, car S.B. est un esprit rapide, brillant, vo- lontiers abstrait) de ce petit livre. Une telle remise en cause aurait exig6 toutefois un ex- posd plus ddveloppd, un raisonnement plus sui- vi et surtout mieux 6tay6 : au lieu d'un ouvrage qui tient parfois du pamphlet, S.B. nous aurait alors donn6 ce qui aurait, peut-&tre, pu atre l'a-

morce d'une approche nouvelle, originale, de certains aspects du monde socio-religieux hin- dou. Mais tel n'6tait pas son propos. Sa th~se ne concerne en principe que le Bengale. Elle est que, pour des raisons historiques qu'il ex- pose brievement, la structure sociale hidrarchi- que de l'hindouisme s'est trouv6e, 1, modifi6e par la disparition des castes interm6diaires, ce qui a entrain6 une nouvelle distribution des r6les spirituels et religieux, avec une d6rive g6- n6rale vers la transgression.

Chercheur de terrain, S.B. appuie sa thbse sur son exp6rience de la religion et de la struc- ture sociale de la r6gion du Bengale rural qu'il connait. D'oii une dtude syst~matique et d'in- tdressantes descriptions des donn6es et des e1l- ments du statut social et des rapports hi6rarchiques dans la r6gion 6tudi6e et, en par- ticulier, de la situation qu'ont, dans cette so- ci6td, les renongants -sannyasis et yogis hindous, mais aussi fakirs musulmans - les- quels, en milieu sivafte-sakta, se trouvent avoir repris aux brahmanes - trop impliqu6s dans les affaires du monde, puisque les castes qui en sont normalement charg ont disparu - leur r61e spirituel. On peut sans doute se demander pourquoi une situation B bien des 6gards sem- blable en Inde du Sud, n'y a pas produit les memes effets. Quoi qu'il en soit de ce point, il y a 1l, dans ce livre, des notations trbs exactes et bien rapport6es sur les comporte- ments locaux et sur les activit6s rituelles des yogis d6vots de la d6esse Kali. La pratique hin- doue d6crite 6tant tantrique, c'est dans la trans- gression des r~gles orthodoxes que ces yogis veulent trouver une voie plus rapide et efficace vers la d61ivrance. D'oi un jeu autour de l'in- terdit repr6sent6 notamment par ala femme de I'autre a>, aussi attirante qu'interdite. Cette si- tuation, que l'on voit dans la vie sociale, ne laisse pas d'etre celle de la D~esse elle-mame, proche et inapprochable. Cela explique que cette derninre puisse rtre parfois symbolis6e, dans certains rites tantriques sexuels, par une femme interdite, que l'on ne pourrait poss6der qu'en transgressant la norme, cette transgres- sion religieuse n'6tant pas sans lien avec la transgression des r~gles r6gissant la parent6. II s'agit 1I, 6videmment, d'un hindouisme popu- laire, non de la religion lettr6e, mais, comme le note pertinemment S.B., ces formes reli- gieuses populaires ont une < place naturelle au- pres des formes les plus valoris6es de la pens6e hindoue classique >.

On notera au passage une d6finition du tan- trisme, d6crit comme 6tant <dans sa motiva- tion philosophique la plus profonde (...) une volont6 de se mesurer avec le sensible, en mai- trisant sa quintessence qui n'est autre - d'un

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