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Les parades des clubs pro pour continuer à recruter des joueurs étrangers

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EN RECRUTANT DES JOKERS MÉDICAUX EXTÉRIEURS ET EN ATTIRANTDES JEUNES ÉTRANGERS AU SEIN DE LEURS CENTRES DE FORMATION,LES CLUBS ONT TROUVÉ LES PARADES POUR DÉTOURNER LARÉGLEMENTATION DES JIFF. ET MÊME ONT DÉJÀ LES SOLUTIONS POURCONTOURNER LES ÉVOLUTIONS À VENIR...

LE GRAND CONTOURNEMENTPar Jérémy FADAT (avec J.P.) [email protected]

La saison prochaine, il suffira de placer un maximum de Jiff lors d’un ou deux matchsqu’on décide de « lâcher ». Certains ne s’en cachent déjà pas en aparté. Comme toutsystème, celui du Jiff (Jeunes issus des filières de formation) contient ses limites ethypocrisies. Imaginé pour valoriser la formation française et inciter à utiliser desjoueurs hexagonaux - obligation de 55 % de Jiff au sein de son effectif l’an passé -, ilimposera désormais les clubs à présenter douze joueurs Jiff par moyenne sur feuillede match lors d’une saison dans son ensemble. Mais on vient de le prouver, il ne serapas si difficile de le contourner... Nouvelle « contorsion », atteinte à l’intérêt du rugbyfrançais. Pour rappel, les parades sont déjà nombreuses. D’abord l’emploi des jokers

médicaux. Midi Olympique tirait la sonnette d’alarme en octobre dernier en dénonçantl’arrivée « miraculeuse » d’étrangers (souvent des stars) sans même en avoir le statut.En effet, les jokers médicaux de joueurs Jiff ne sont pas considérés commeétrangers. Ceci par la grâce d’un vide juridique dans la réglementation. Voilàcomment les clubs de l’élite se sont engouffrés dans la brèche offerte, tout enrespectant les quotas imposés. Ces dernières saisons, les exemples sont légion : leAll Black Hosea Gear est arrivé à Toulouse comme joker médical de Vincent Clerc, leNéo-Zélandais Mike Delany à Clermont comme joker médical de Julien Farnoux, leSud-Africain Michael Claassens à Toulon comme joker médical de Thomas Sonetti.Les deux derniers, reconnus dans leur pays d’origine, ont donc débarqué pourremplacer d’illustres inconnus, jamais utilisés avec les professionnels… Toujours à

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Toulon, le seul Stéphane Munoz - une seule apparition en Top 14 - a déjà servi d’alibipour trois joueurs recrutés comme jokers médicaux : le Samoan Alafoti Faosiliva maissurtout le Wallaby Rocky Elsom et le Springbok Juan Smith. Pas la peine des’étendre plus encore sur tous les cas recensés, les plus marquants sontsuffisamment significatifs de l’hypocrisie ambiante… Surtout que ce détournement dela règle permet aussi de réaliser des économies par rapport au salary cap. Ainsi, lesalaire du remplacé, qui n’est plus payé par son employeur durant sa convalescencemais par la Sécurité Sociale plus une assurance complémentaire au-delà d’un certainplafond, n’entre plus dans le calcul de la masse salariale. À condition de lisser lesémoluments du remplaçant pour ne pas dépasser celui du joueur blessé, ceux-ci nesont tout simplement pas pris en compte dans le salary cap. Comble du ridicule.

WOLFF : « SAVOIR CE QU’ON VEUT »Deuxième version du contournement de la réglementation Jiff : recruter des jeunesétrangers dans les centres de formation. Au bout de trois années passées dans un deceux-ci, le moindre joueur est considéré comme Jiff. Voilà pourquoi les dirigeantsvont scruter dans le monde entier pour peupler leurs équipes de jeunes… Le bénéficeest total puisqu’à terme, les intéressés entreront pleinement dans les quotas malgréleur nationalité d’origine. Problème : la tendance s’accélère sévèrement chaqueannée et ceci est particulièrement visible ces récentes semaines. L’exemple le plusfrappant : les six étrangers tout juste arrivés au centre de formation de Bordeaux-Bègles. Une situation qui a pour effet de froisser et d’alarmer le vice-président de la

Ligue nationale de rugby, Patrick Wolff : « On va avoir une discussion avec les

clubs lors de l’Assemblée générale de la LNR (le week-end prochain à Lyon,

N.D.L.R.) car il faut savoir ce qu’on veut. Les clubs se sentent-ils liés avec le

système fédéral ou pas ? Ou alors on s’en fiche ? Je constate que l’on recrute des

étrangers dans les centres de formation. C’est une façon de prendre le système de

vitesse. Doit-on être déconnecté de ce système fédéral ? Ou accepter que l’équipe

de France pâtisse de la démarche de certains clubs ? Si on continue comme ça, on

se sera plus compétitif, sinon lors des Coupes du monde grâce à une bonne

préparation. Quand on parle de système fédéral, on parle de parcours classique, à

partir des benjamins ou minimes. » La Ligue est dans l’obligation de clarifieraujourd’hui sa position par rapport à ces dérives qui ne cessent de mettre à mal lesdispositifs visant à valoriser une formation française en souffrance.

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