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Les partis politiques goûtent au management

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Les Echos 26 août 2004

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Page 1 of 2 2009 Factiva, Inc. Tous droits réservés.

competencesLes partis politiques goûtent au management. M. A. 1,087 mots26 août 2004Les EchosECHOS919230FrançaisAll rights reserved - Les Echos 2004 Visitez le site web: lesechos.fr pour plus d´informations. En quête d'efficacité et contraints à une gestion plus rigoureuse, les partis s'inspirent du managementdes entreprises pour professionnaliser leurs troupes. C'est une révolution silencieuse, mais bien réelle. Depuis quelques années, les partis politiquesadoptent des techniques modernes de management. Gestion du personnel, incentive, formation,rationalisation des budgets... Les différents services se modernisent et se rapprochent du mode defonctionnement d'une entreprise. « La professionnalisation s'est installée dans les structures commedans les mentalités », confirme Olivier Ihl, professeur de sciences politiques à l'IEP de Grenoble. Plus question pour les responsables de parti de naviguer à vue : les sommes en jeu interdisent toutamateurisme. Alors que le financement du second tour d'une élection présidentielle nécessite jusqu'à 20millions d'euros, un parti peut dépenser près du double pour une campagne législative. « Il est devenuvital de savoir rationaliser toutes ses dépenses », poursuit Olivier Ihl. Chaque action engagée doitrecueillir ses fruits. Une philosophie nouvelle pour des structures jusque-là bâties sur la bonne volontédes militants. Profonde, cette tendance est favorisée par le recrutement de salariés : « Cela nous a permis d'avoir uneexigence qu'on ne pouvait pas avoir vis-à-vis d'un militant », explique Edouard Philippe, directeurgénéral du comité de direction de l'UMP. Au sein du parti chiraquien, qui rassemble près de 130salariés, un système de primes pour les meilleurs employés - à l'appréciation des chefs de service - aainsi été mis en place. Une première dans un parti français. Rationaliser les moyens Une culture du résultat qu'on retrouve aussi à l'UDF, où des contrats d'objectifs ont été conclus : plusune fédération départementale gagne d'adhérents, plus elle obtient de financements du siège national.Même les partis de gauche, culturellement plus réticents à ce type d'évolution, adoptent aujourd'hui desdémarches inspirées du monde de l'entreprise. Le PS fait ainsi appel à des cabinets de recrutement,comme Progress, pour s'approvisionner en directeurs généraux administratifs. Le PC, lui, étudie la miseen place d'une progression salariale selon les responsabilités. Progressivement, et particulièrement dans les partis de droite, de nouvelles initiativesdevraient voir lejour, comme la mise en place de grilles salariales ou le développement de la formation, de la mobilitéinterne et des plans de carrière. Pour, à terme, rationaliser l'ensemble des moyens humains. « C'est incontestable, on doit faire entrer la sphère privée dans le mode de fonctionnement du parti »,argue Manuel Valls, secrétaire national à la coordination et à l'organisation du PS. Les recrutements deprofessionnels du management sont ainsi plus fréquents. Dès sa création, l'UMP a nommé au poste dedirecteur administratif et financier Vincent Talvas, un ancien consultant d'Arthur Andersen. Le PS avaitde son côté profité de la formation au management de Jacques Priol, son directeur administratif etfinancier, qui vient de quitter son poste. Son successeur, Frédéric Scanvic, qui sera nommé enseptembre, sera chargé de poursuivre la modernisation engagée. Ces arrivées de nouvelles compétences ne sont pas prêtes de se ralentir : la législation elle-mêmefavorise leur venue. Depuis 1988, les lois sur le financement des partis les obligent à une meilleuretransparence et les campagnes électorales sont particulièrement réglementées. « Des candidats,pourtant légalement élus, se sont vu invalider pour n'avoir pas respecté certaines règles juridiques quileur étaient mal connues », rappelle Olivier Ihl. Formation accrue

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Pour parer à ces risques, les partis s'entourent de juristes et experts-comptables. Certains, comme lePS, font même appel à des cabinets spécialisés. Et tous attachent une importance grandissante à laformation de leurs élus. Chaque parti a ainsi mis en place pour ceux-ci des centres de formationsaccélérées, dispensant, outre une familiarisation à la prise de parole en public, des cours sur les règlesjuridiques et financières en vigueur. Rien ne doit plus être laissé au hasard. D'autant que, depuis lesnouvelles législations, chaque défaite électorale peut être synonyme de graves difficultés financières. LePC, cantonné à la présidentielle de 2002 sous la barre des 5 % nécessaires à atteindre pour obtenir leremboursement des frais de campagne, a ainsi dû licencier une quarantaine de salariés et faire appelaux dons de ses militants. Parmi les revers les plus redoutés, la perte d'élections législatives, dont lesrésultats, depuis le début des annés 1990, déterminent le financement public alloué à chacun. Pour unparti, le nombre de députés élus va donc fortement déterminer le budget pour les cinq années à venir. Un mode de financement qui a en fait permis aux partis de rationaliser leurs dépenses. « Avec unbudget établi sur cinq ans, on a davantage de lisibilité », explique Michel Sapin, chargé de la trésoreriedu PS. Un plan de financement, étalé jusqu'aux élections législatives de 2007, a ainsi été mis en place.Objectif ? « Avoir un budget équilibré, sans cagnotte ni dettes. » Un système inédit pour des structuresqui naviguaient jusqu'ici à vue, année après année. Ne pas perdre son âme Attention, toutefois, il reste encore bien du chemin avant la modernisation totale des partis français. « Laloi elle-même freine leur développement », prévient Olivier Ihl. Deux obstacles perdurent. En premierlieu, le plafonnement des dépenses électorales rend la professionnalisation à l'américaine impossible.De plus, les textes législatifs freinent l'influence même des partis politiques et la communication restel'une des grandes absentes de leur modernisation. Interdits de toute publicité, les partis doivent secontenter de publications internes, d'affichages électoraux ou de passage dans les médias pour soignerleur image. « Il y a là une faiblesse considérable des partis français », juge Thierry Saussez, directeurde l'agence Image et Stratégie, spécialisée en communication politique. Si l'UMP a bien tenté de s'inspirer du savoir-faire américain, en envoyant en juillet dernier son serviceévénementiel à la convention du candidat démocrate John Kerry, les initiatives restent rares en lamatière. « Les partis garderont toujours une place à part, résume Edouard Philippe. Leur but ne serajamais de s'aligner totalement sur le modèle d'une entreprise. » En voulant devenir professionnels avanttout, certains redoutent en effet de perdre leur âme. « Ce qui fait la force d'un parti, c'est avant tout lesconvictions de ses militants », explique Gilles Lemaire, secrétaire national des Verts. Dont le parti n'a,de toutes les façons, pas actuellement les moyens nécessaires à une réelle professionnalisation. Bref,le militantisme a encore de beaux jours devant lui. 200408264148399 Document ECHOS00020040826e08q00026