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Nombreuses sont les classes qui utilisent les plans de travail.Mais ces mots recouvrent des réalités très différentes... Chezcertains, cet outil est vraiment situé au centre de toute la viescolaire. Chez d’autres, il n’est qu’un élément de gestion d’uneou plusieurs plages horaires définies. Chacun a son ou sesmodèle(s)... Annuel, hebdomadaire, quotidien... Quel estl’intérêt de cette technique adoptée déjà par C. Freinet ? Etsurtout comment l’utiliser dans une classe de maternelle, deCM2 ou de collège aujourd’hui ?Les témoignages qui suivent apportent des éclairages quiseront, nous l’espérons, utiles à qui désire introduire cet outilde gestion dans sa classe.

Tous les soirs, nous dit Freinet,chaque enfant vient annoncer letitre de l’étude qu’il a menée : cepeut être Louis XIV, ce peut êtreune expérience... Après cette annon-ce vient la « conférence » pourlaquelle l’enfant a compulsé deslivres, lu des articles, fait desenquêtes... pour intéresser ses pairs.

Donc l’enfant dispose maintenantde son plan de travail propre et desplans annuels. Chaque début desemaine, il remplit son propre planpour les fiches, puis va consulter leplan de travail annuel et voit ainsiquels sujets il peut travailler en his-toire, géographie, sciences.

« Sur le plan, les sujets précédemmenttraités ont été hachurés en rouge, ceuxqui ont été traités imparfaitementsont hachurés en clair. On peutprendre ces sujets mais seulement sion compte les approfondir en utili-sant les travaux mêmes des camaradesqui s’y sont essayés. »

En 1946, dans L’Éducateur n° 2,Freinet affirme sa conception duplan de travail :

« Pour l’établissement de ces plans,nous distinguerons deux sortes d’ac-tivités : les activités profondes qui sontplus particulièrement éducatives etvisent au développement et à l’épa-nouissement des sens scientifique,artistique, mathématique, social etles activités techniques qui mènent àla maîtrise des mécanismes lire, écri-re, compter, mesurer... »

Il préconise également l’usage deplans de travail mensuels et de planshebdomadaires.

Les plans de travail annuels et men-suels, qui sont des plans généraux

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HistoriqueC’est en 1928 que le livre deC. Freinet Plus de manuels scolairesest édité. Il propose que les enfantseux-mêmes réalisent leur « manuel »avec leurs textes composés à l’im-primerie.En 1929, Freinet propose le fichierscolaire coopératif : 25 F les 500fiches ! Mais pour travailler avec cematériel, une organisation s’impose.C’est en 1936 qu’apparaissent lespremiers écrits sur les plans de tra-vail pour la semaine.« Le lundi matin, chaque enfant notesur une feuille de contrôle polycopiéeet accrochée au mur le nombre et lenuméro des fiches qu’il se propose detravailler au cours de la semaine :calcul, grammaire, sciences, géogra-phie. Une place spéciale est réservéepour que l’enfant y note ses lectureset autres travaux personnels. Le same-di soir, en assemblée générale, oncontrôle les travaux exécutés. Un plannon terminé n’entraîne aucune sanc-tion. Cela n’empêche nullement, aucontraire, l’intéressé de prévoir pourson plan, un travail aussi importantet de faire effort pour le réaliser. »En 1937, dans la brochure d’Édu-cation nouvelle populaire Plus deleçons, C. Freinet analyse le faitqu’un enfant ne montre aucunintérêt pour un travail dont il nevoit pas le but. Il faut que l’enfantait la sensation que son travail puis-se servir à ses camarades. Le remè-de qu’il propose est le plan de tra-vail annuel dans chaque matière, etqui comporte tout le programme.Ainsi les enfants ont sous les yeuxtous les sujets qu’ils doivent aborder.

Les plans de travail

PRATIQUES DE CLASSE

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établis avec toute la classe, sontaffinés :

« Au lieu d’avoir, par exemple, « étu-de de l’air », nous porterons sur notreplan les diverses expériences etrecherches dont l’aboutissement seraitla connaissance des problèmes scien-tifiques de l’air. »

Le plan de travail hebdomadaire etindividuel se prépare au cours dela semaine précédente, selon ce quin’a pas pu être fini, ce qui n’a pasété bien compris...

De plus chaque plan comporte ungraphique sur lequel, en plus desactivités classiques se trouvent lesrubriques : « tenue », « caractère »,« communauté », « attention ». Lespoints dessinés à chaque rubriquesont, bien-sûr, octroyés en accordavec l’enfant, après discussion(plan 1).

Chaque matin est également pré-paré le plan de travail journaliercollectif :

« Nous examinons ensemble le tra-vail à faire et nous inscrivons les tâchesprévues : enquête à mener, expérien-ce à faire... avec le nom du ou destravailleurs. »

Pour permettre le contrôle,demandé par les enfants, Freinetadopte la formule suivante : troissemaines axées sur le plan de tra-vail, la quatrième consacrée auxcontrôles par brevets.

Il n’est bien sûr pas question d’ap-pliquer aveuglément aujourd’huiles techniques de travail élaboréespar C. Freinet. Cet historique rapi-de, la genèse de ses recherches nouspermettent de constater que lesquestions qu’il se posait restentactuelles et que les réponsesapportées peuvent, à condition quenous sachions les adapter, nous êtrefort utiles.

Les plans de travailaujourd’hui

Un outil de gestion« Par outil, il faut entendre “objetfabriqué dont on se sert pour exécu-ter une tâche, un travail”.Un outil permet : – d’accéder à l’autonomie ;– d’être responsable de ses apprentis-sages ;– de mettre en œuvre des démarchespersonnelles d’investigation quimènent à la réussite ;– de s’approprier ou d’améliorer unenotion ;– d’accompagner ou d’améliorer unedémarche ;– de combler un manque ;– de structurer des comportementsvisant à comprendre, expliquer ;– de réinvestir ses acquis dans d’autressituations ;– de contrôler, d’évaluer des acquis ;– d’inciter les enfants à imaginer, àcréer des travaux de même type ;– de stimuler différents comporte-ments face à des situations diversesd’apprentissage ;– de tenir compte des rythmes de l’en-fant ;– de faciliter l’instauration de rap-ports de confiance. »

P. Galland Le plan de travail correspond toutà fait à ces données.De plus, l’introduction des plansde travail apporte à l’enfant de nou-velles dimensions :– Il a une perspective de l’ensembledes ateliers ou activités accessibles.– Il a pour consigne de les fré-quenter tous.– Il constate donc au fur et à mesu-re dans quels ateliers il est passé etoù il peut encore travailler.

– Il possède une mémoire du tra-vail déjà réalisé.– Il peut prévoir la suite de son tra-vail.La consigne du passage unique,lorsqu’elle existe, oblige à une rota-tion et crée ainsi une obligation dechoix qui oblige parfois, parmanque de place ou de matériel, ànégocier avec d’autres enfants quiont fait le même choix, ou à renon-cer en attendant le moment pro-pice. Des situations de communi-cation, d’apprentissage du respectde l’autre sont ainsi créées.Mais le plan de travail n’est qu’unoutil parmi tant d’autres et fait par-tie d’un ensemble :« La pratique de l’individualisationdu travail se fonde sur une organi-sation réfléchie du temps et de l’es-pace, logiquement articulés avec l’uti-lisation d’un équipement matérieladapté et disponible : outils, machines,instruments, mobilier. »

J. TerrazaLa présence de ces outils ne suffitpas : il faut qu’ils soient utilisés àbon escient, au bon moment, dansun but réel et non fictif, et régu-lièrement par tous les enfants. D’oùl’utilité du plan de travail.

Le plan collectifDans une classe qui permet à la vied’entrer, qui donne la parole auxenfants, les projets sont légion.Projets individuels, projets collec-tifs, projets de l’enseignant aussi.Tout cela doit être géré par le grou-pe si l’on veut éviter de trop s’é-parpiller. Un plan de travail établicollectivement est l’outil de gestionindispensable.« Il est en quelque sorte “l’emploi dutemps de la classe coopérative”. Il estlié à la notion de projet du groupe :il permettra de planifier les travauxnécessaires pour les apprentissages, larépartition des tâches...

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PRATIQUES DE CLASSE

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Dans ce plan transparaîtra une arti-culation entre les activités indivi-duelles (liées au plan de travail indi-viduel), de groupes et collectives. »

P. RoboVoici un exemple de plan de tra-vail collectif dans une classe de CE2.« Lundi matin, de 9 h 15 à 10 h.Les projets sont écrits au tableau, envrac. Je note cette semaine là :– Les propositions ponctuelles desenfants :* des exposés prêts à présenter* de la gymnastique en salle* l’anniversaire de Gabriel* le marché coopératif (tous les quin-ze jours)* une réunion de coopérative (on abesoin de s’expliquer)* une recherche de mathématiques(les battements du cœur).

– Les plages horaires déjà discutées etimplicites pour le moment :* une heure de travail libre le lundimatin* des heures pour le plan de travailindividuel* une heure et demie d’animationthéâtrale* activités et ateliers de français* contrôle du plan de travail de lasemaine.– Mes propositions :* histoire : l’échelle du temps* géographie : la terre et ses climats

sciences : le squelette de l’Homme(radios amenées par les enfants)* TV scolaireLes projets sont mis en place sur lagrille vide tracée sur le tableau, enfonction : des décisions de mise enplace des semaines précédentes, desimpératifs horaires particuliers (heu-re TV...), des désirs des enfants (monexposé sera prêt vendredi à 15 h).La grille est recopiée et photocopiée.Ce projet est la référence pour notrerythme de la semaine. Il est globale-ment respecté. Les modifications sontdécidées en réunion coopérative, surproposition d’un ou plusieurs enfantsou de moi-même (plan 2). »

A. Camille

Le plan detravail individuel« C’est un outil de programmationen fonction du projet individuel del’enfant, du projet de la classe, duprojet personnel de l’enseignant.C’est aussi un outil d’évaluation per-mettant à l’enfant de mesurer l’écartentre le principe de désir et celui deréalité.Le plan de travail individuel néces-site un contrat bipartite entre l’en-fant et l’enseignant, ainsi qu’uneprévision de créneaux horaires dans

l’emploi du temps pour les activitéspersonnelles ou de groupes.Le plan de travail aide à respecter lesrythmes personnels de chaque enfantet lui donne même le droit de ne rienfaire à certains moments (à condi-tion de ne pas déranger ceux qui tra-vaillent !)En conclusion, on peut dire que leplan de travail donne des possibilitésd’initiatives librement décidées et descontraintes acceptées, éducatives etformatives.Il n’y a pas de modèle d’utilisation oude conception d’un plan de travail :chacun le conçoit et l’utilise en fonc-tion de sa personnalité, au service del’enfant.C’est en général un tableau sur unefeuille dans lequel sont inscrites desactivités à réaliser dans la journée,la semaine, la quinzaine... Il permetde prévoir, de suivre puis d’évaluerces activités libres ou obligatoires. »

P. RoboLes plans de travail individuels etcollectifs sont indissociables les unsdes autres et se complètent.

Un outil évolutif

Les plans de travail peuvent s’étof-fer tout au long de l’année scolaire.Voici un exemple de plan de travailqui évolue, dans une classe mater-nelle de 33 élèves, selon les besoinsdes enfants et de l’enseignant.« J’ai partagé les diverses activités pro-posées aux enfants en cinq domaines,affectés chacun d’une couleur : lec-ture/bleu, graphisme/rouge, activitésmanuelles/jaune, activités mathé-matiques et scientifiques/vert, acti-vités ludiques/brun. Chaque enfantreçoit un cahier dans lequel j’ai collédes grilles hebdomadaires. Au momentde la récréation, ils viennent remplirleur cahier : ils colorent un carreaupour chaque activité faite en respec-tant la couleur (plan 3).

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PRATIQUES DE CLASSE

1 Classe d’A. Camille (CE2-CM).

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Au bout de quelques semaines, nousavons regardé quelques cahiers et ilest apparu que, sur certaines pages,il n’y avait presque que du rouge, surd’autres beaucoup de brun, etc. Jeleur ai alors imposé un contrat mini-mum : au moins un carreau dechaque couleur par semaine.Ne reproduire que la couleur des acti-vités était trop vague. C’est alors quej’ai introduit le plan de travail : j’airépertorié la plupart des activités etles ai placées sur une grille : une

colonne pour chaque domaine. Audébut, j’ai entouré chaque domainede sa couleur pour que les enfantstrouvent plus facilement. Ce plan detravail s’étalait sur quinze jours et lesenfants cochaient d’une croix l’acti-vité faite. Le contrat minimum étaitde deux activités de chaque couleurpar quinzaine (plan 4).Plus tard, j’ai compliqué pour que leplan de travail devienne un outil delecture en même temps : le plan quej’ai donné ne portait plus que les nomsdes activités (plan 5).Conclusion : les enfants sont en posi-tion d’initiative et de gestion d’unepartie du temps et des activités. Parcontre, ce plan ne donne aucune

indication sur les acquisitions et réus-sites des enfants. »

M. Thomann

Élaboration,utilisationLes plans de travail sont souventélaborés coopérativement par lesenfants et par l’enseignant dès ledébut de l’année scolaire lorsqueles enfants connaissent pour l’avoirdéjà utilisé cet outil.Lorsqu’il est nouveau pour eux,c’est souvent l’enseignant qui lepropose, en précisant bien qu’ilpourra évoluer au fur et à mesuredes besoins.

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PRATIQUES DE CLASSE

livres fichier -graphismes

bricolage -découpage lexidata jeux

fichier delecture

dessin pourHerrlisheim

impression puzzle jeux àrègles

peinture

colorex

couture casse-tête

différences

magnétophone dessin modelage aimants

labyrinthe cuisine électricité

poupéesépicerie

laine

fichier decuisine

texte jardinage miroirs eau

images relations recherche

plan n°

livres fichier -graphismes

bricolage -découpage lexidata jeux

fichier delecture

dessin pourHerrlisheim

impression puzzle jeux àrègles

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colorex

couture casse-tête

différences

magnétophone dessin modelage aimants

labyrinthe cuisine électricité

poupéesépicerie

laine

fichier decuisine

texte jardinage miroirs eau

images relations recherche

plan n°

écriture

à faire enpriorité du 11 au 30 juin

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Semaine du ... au ...LundiMardiJeudi

VendrediSamedi

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PRATIQUES DE CLASSE

6 Classe d’A. Bar (CM).

7 Classe de M. Védrines (CP)

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Voici un exemple de conception etd’utilisation des plans de travaildans une classe de CE.« Les plans de travail individuels etcollectifs sont établis dès le premierjour de classe, coopérativement avecles enfants (quand je les ai eus auCP).En français, quels ateliers peut-onfaire ? Une liste est établie, qui ser-vira de référence. Même chose enmathématiques, en lecture, en éveil...Je me réserve des « ateliers obliga-toires » (exercices d’orthographe, fichesde maths...). Bien sûr, les ateliers sontchangeables : on peut, en coursd’année, en supprimer, les modifierou en ajouter.Quand tous les ateliers sont réperto-riés, la liste est photocopiée et sert deplan de travail individuel à la semai-ne. Les projets de groupe ou de clas-se figurent aussi sur ce plan et serontinscrits au fur et à mesure, durantl’année scolaire.Ces plans individuels servent de « pense-bête » plutôt que de contrats : ils nesont et ne peuvent être entièrementremplis à la fin de la semaine ! Celaimplique, pour chacun, de faire unchoix judicieux en fonction de sesenvies, de ses retards, de ses projets,de ses promesses aux autres. »

M. Bertet

Quand, comment remplir ses plansde travail ?En principe, c’est au début de lasemaine (ou de la quinzaine), lorsd’une séance spéciale, que lesenfants, aidés de l’enseignant, pré-voient leurs activités. Il est évidentque, selon que les enfants sont plusou moins « rodés », selon leur âge,l’enseignant devra intervenir defaçon plus ou moins importante.« Tous les lundis matins, vingt à tren-te minutes sont réservées à la com-position du plan de travail indivi-duel de la semaine.

Les responsables des tableaux de répar-tition rappellent à leurs auteurs lesprojets en cours et leur degré d’avan-cement. Les projets arrivant à échéan-ce sont notés sur le planning de lasemaine, au jour de leur communi-cation. Les enfants qui gèrent des pro-jets communs déterminent leurs plagesde travail commun dans la semaine.Chacun note sur sa grille de travailpersonnel le contenu de son activitépuis le reporte sur le tableau de regrou-pement des programmes individuels.En composant son menu, chaqueenfant manipule le temps, l’espace,

la matière de son activité. Il apprendà coopérer, à communiquer, à négo-cier avec d’éventuels partenaires, avecdes responsables (plan 8). »

J. Terraza

Dans certaines classes aux niveauxtrès différents (classes très hété-rogènes, classes uniques, à plusieurscours...) il est souhaitable d’ utili-ser différents plans de travail. Voiciun exemple dans une classe de per-fectionnement qui se servaitconjointement de deux plans detravail : un pour le groupe d’en-

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PRATIQUES DE CLASSE

8 Classe de J. Terraza (CM).

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fants non lecteurs, un autre pourle groupe d’enfants lecteurs.« Les plans de travail sont établis surquinze jours.Ce qui est commun àces deux grilles :– la partie où l’enfant fait ses propreschoix, en relation avec un contrat debase connu de chacun et affiché dansla classe ;– la partie bilan où l’enfant fait lepoint, évalue son travail lors des acti-vités collectives, le samedi après le conseil.Le contrat de travail, modulé en fonc-tion des possibilités de chaque enfantest :

pour certains) sont consacrées autravail individuel par jour. Une seu-le plage par jour pour les plusjeunes. Mais rien n’est figé : cha-cun détermine ces plages en fonc-tion de ses objectifs.Voici le compte rendu d’uneréflexion menée sur le thème « auto-nomie et plan de travail en mater-nelle » lors d’une journée de travailde l’ICEM à Clermont-l’Hérault :« Le plan de travail individualisé estmis au point avec l’enseignant le same-di matin ou pendant l’accueil du lun-di matin.L’enfant fait le bilan des activités réa-lisées durant la semaine et décide decelles de la semaine à venir. Un contratminimum d’activités peut lui êtredemandé.Les plages horaires réservées à ces acti-vités peuvent se répartir de façonsdifférentes : soit deux moments dis-tincts dans la journée, soit un seulmoment plus important. On peutaussi envisager de laisser à chaqueenfant le soin de gérer tout seul sontemps de travail autonome, sachantles difficultés matérielles que celaentraîne. L’organisation de ces tempsréservés varie selon le type de classeque l’on a (classes à plusieurs niveauxou à un seul), la présence à tempscomplet ou pas d’une ATSEM effi-cace et, bien entendu, le nombred’enfants.

Un outild’évaluationUn des mérites des plans de travail,et non le moindre, est qu’ils sontun excellent outil d’auto-évalua-tion pour les enfants : j’ai beaucoupou peu travaillé, j’ai bien comprisou non, je dois apprendre ou recom-mencer...Ils sont également un outil d’éva-luation au moins quantitative pour

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Le Nouvel ÉducateurLe Nouvel ÉducateurAvril 96

PRATIQUES DE CLASSE

– deux fiches d’orthographe(ou jeux de mots, motscroisés, lecture) ;– écrire et/ou corriger untexte libre ;– apprendre une lettremajuscule ;– préparer le club de lecture ;– une fiche pour apprendreà utiliser le dictionnaire ;– travailler deux fois dansle cahier de techniques opé-ratoires et/ou d’opérations ;Chaque matin, l’enfant déter-mine le travail de la journée.J’aide les indécis, je rappelleles points à travailler...L’enfant s’y réfère à chaquechangement d’activité.

S. KuehmLe plan de travail peut êtreutilisé également commeun « pense-bête », puiscomme une mémoire pourl’enfant et pour le groupe.On peut introduire alorsdes plans de travail « spé-cialisés ».« Ce plan de travail neconcerne que les ateliers« artistiques ». Les deuxclasses de l’école travaillentensemble à ce moment là,par groupes de deux enfants.

Le plan sert à penser à tout prévoir(cuisine par exemple) la veille, puissert de mémoire pour chacun : « qu’est-ce que j’ai fait en maquillage ? Ahoui, je l’ai inscrit sur mon plan ! » etde mémoire pour le groupe : « qui acuisiné les croissants fourrés ? »

M. et C. Bertet

Quand se sert-ondes plans de travailindividuels ?En général, pour les plus grands, deuxplages horaires (une demi-heure, plus

9 Classes de M. et C. Bertet (CE, CM)

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le maître, et pour les parents (si l’ondécide de le leur faire viser).Reste à organiser cette évaluationen en prévoyant les moyens maté-riels et en temps.« La validation se fait le vendredien fin de séquence de travail indi-viduel. Pendant une quinzaine deminutes, les enfants font leur bilanpersonnel, le traduisant par uneappréciation d’ensemble qu’ils notentau bas de leur plan de travail. Dansles cases mémoires de la grille, ilsreportent les activités non réalisées etcelles qui sont apparues en cours desemaine. En fin de semaine, les pers-pectives du nouveau contrat sont

tracées. Ainsi se réalise la continuitéde l’activité dans le temps. »

J. TerrazaPour des enfants plus jeunes, voi-ci une forme proche d’évaluation :« Vendredi 13 heures, c’est le jour desynthèse : chacun va terminer sonplan, l’évaluer en dialogue avec l’en-seignant, et tous deux vont convenird’un nouveau plan de travail pourles deux semaines à venir.L’autocorrection et l’autoévaluationseront généralisées progressivement. »

Document stage du GD 30Mais le plan de travail sert aussi de« garde-fou » ainsi que l’expliquele témoignage ci-dessous :« Une grille de travail structure lasemaine. Cette grille permet auxenfants de se repérer dans le temps etde gérer leur travail personnel. Ellesert de garant pour l’administrationet pour les parents. Avec les fiches depointage et les plans de travail indi-viduels, c’est un outil qui apaise l’in-quiétude des parents devant la nou-veauté que représente une organisationde classe Freinet (plan 10). »

F. Le MénahèzeLe Nouvel Éducateur, octobre 92

En conclusionAppliquer dans sa classe les prin-cipes d’une pédagogie différenciée,organiser le travail individuel, per-sonnaliser les apprentissages, don-ner aux enfants la possibilité de gérerau moins partiellement leurs appren-tissages, tout cela transforme la clas-se en une ruche au travail.Mais si cette ruche n’est pas par-faitement organisée, gérée par legroupe et l’enseignant, très vite lesrésultats se révèleront nonconformes et même contraires auxobjectifs.« Nous sommes à la recherche del’ordre et de la discipline du travail :

nous retrouvons le sens vital profondqui pousse l’homme et l’enfant à sedonner avec toute leur ardeur, avectout leur cœur aux activités qu’ils esti-ment essentielles. »C. Freinet, Brochure d’éducation

nouvelle populaire, 1948.

Des outils de gestion doivent êtreintroduits, et parmi eux, le plan detravail paraît incontournable.Quelques mots clés qui ressortentd’un débat d’enfants sur le sujet :Alicia : le plan de travail est un orga-nisateur.Cédric : c’est un gagne temps.Marie : c’est un aide-mémoire.Aurélie : c’est un guide.Angélique : c’est un rappel.CM de Saint-Simon-de-Bordes (17)

Il n’existe pas de modèle idéal : àchacun de créer le sien, en fonc-tion de ses conditions propres et deses objectifs.Mais laissons parler les enfants dela classe d’A. Guerrier (33) :« On se fabrique ce qu’on apprend.– On doit s’organiser.– On peut choisir par quoi on com-mence.– On peut chercher le support d’autreslivres.– On peut regarder la plan de tra-vail de la semaine précédente pourrefaire ce qu’on n’a pas bien compris.– On se demande souvent si on a letemps de tout faire.– On apprend à aller plus vite.– On apprend à faire tout seul.– On demande moins facilement aumaître.– On n’hésite pas à aller trouver uncamarade pour une explication.– Moi, ça m’aide encore.– C’est vivant ! »

Dossier de M. Bertet

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Le Nouvel ÉducateurLe Nouvel ÉducateurAvril 96

PRATIQUES DE CLASSE

10 Classe de F. Le Ménahèze (CE1-CE2)