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LES IDÉES CLEFS AEC, en collaboration avec la Direction Culture et Patrimoine de la Région Aquitaine, a réalisé pour la première fois en Aquitaine une étude portant sur les pratiques cultu- relles des Aquitains et l’utilisation des tech- nologies numériques. L’étude des pratiques culturelles montre que l’Aquitaine, à l’image des résultats obtenus sur la France entière, présente de forts déterminismes sociaux. Les catégories sociales supérieures (clas- siquement les cadres et les plus diplômés) sont celles qui ont à la fois des pratiques culturelles diversifiées et intenses. L’examen plus approfondi de l’utilisation des technologies numériques à des fins culturelles indique que les clivages sociaux sont également très marqués. Une fois encore, les publics de la culture sont ceux qui utilisent plus internet et les technologies numériques à des fins culturelles. Ainsi, in- ternet, contrairement à la télévision, n’entre pas en concurrence directe des pratiques culturelles classiques et au contraire, une corrélation positive apparaît entre intensité de connexion à internet et intensité des pra- tiques culturelles. L’articulation des pratiques culturelles « réelles » et « virtuelles » permet de distin- guer trois grandes catégories de pratiques culturelles numériques : les publics éloignés de la culture n’utilisent que très peu internet à des fins culturelles, les infovores culturels ont une approche utilitaire d’internet, les consommateurs technophiles, enfin, ont des pratiques culturelles concentrées sur le support technologique. Les pratiques culturelles des Aquitains et les technologies numériques en 2012 Les pratiques culturelles des Aquitains sont socialement déterminées Les pratiques culturelles des Aquitains, à l’image de celles des Français 1 , présentent de forts déterminismes sociaux. Tous les Aquitains ne sont pas égaux face à la culture 1 Donnat, O., 2009, Les praques cultu- relles des français à l’ère numérique, Enquête 2008, Edions la Découverte. et leurs choix sont à la fois dictés par des goûts personnels et par l’influence du milieu social dans lequel ils évoluent. La fréquentation des musées, des théâtres ou des salles de concerts classiques dépend très fortement du niveau de diplôme ou de la catégorie sociale et moins de l’âge et du sexe. L’inscription sociale est alors déterminante. L’Aquitaine n’échappe à la règle : seules 6% des personnes interrogées appartenant à la catégorie des cadres et professions L’Aquitaine mesure et analyse sa société de l’information / http://siad.aecom.org / Janvier 2013 / n°12 Proportion d’Aquitains ne lisant jamais de littérature ou d’essais selon la PCS (en %) 35% Toutes PCS confondues 18% Professions Intermédiaires 20% Cadre, PIS 30% Etudiant 33% Lycéen 34% Employé 36% Retraité 37% Chômeur 60 50 40 30 20 10 0 42% Agriculteur 44% Sans profession 45% Artisan/commerçant 52% Ouvrier

Les pratiques culturelles des Aquitains et les ... · une étude portant sur les pratiques cultu-relles des Aquitains et l’utilisation des tech- ... les consommateurs technophiles,

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Les idées cLefs

AEC, en collaboration avec la Direction Culture et Patrimoine de la Région Aquitaine, a réalisé pour la première fois en Aquitaine une étude portant sur les pratiques cultu-relles des Aquitains et l’utilisation des tech-nologies numériques. L’étude des pratiques culturelles montre que l’Aquitaine, à l’image des résultats obtenus sur la France entière, présente de forts déterminismes sociaux. Les catégories sociales supérieures (clas-siquement les cadres et les plus diplômés) sont celles qui ont à la fois des pratiques culturelles diversifiées et intenses. L’examen plus approfondi de l’utilisation des technologies numériques à des fins culturelles indique que les clivages sociaux sont également très marqués. Une fois encore, les publics de la culture sont ceux qui utilisent plus internet et les technologies numériques à des fins culturelles. Ainsi, in-ternet, contrairement à la télévision, n’entre pas en concurrence directe des pratiques culturelles classiques et au contraire, une corrélation positive apparaît entre intensité de connexion à internet et intensité des pra-tiques culturelles.L’articulation des pratiques culturelles « réelles » et « virtuelles » permet de distin-guer trois grandes catégories de pratiques culturelles numériques : les publics éloignés de la culture n’utilisent que très peu internet à des fins culturelles, les infovores culturels ont une approche utilitaire d’internet, les consommateurs technophiles, enfin, ont des pratiques culturelles concentrées sur le support technologique.

Les pratiques culturelles des Aquitains et les technologies numériques en 2012

Les pratiques culturelles des Aquitains sont socialement déterminées

Les pratiques culturelles des Aquitains, à l’image de celles des Français1, présentent de forts déterminismes sociaux. Tous les Aquitains ne sont pas égaux face à la culture

1 Donnat, O., 2009, Les pratiques cultu-relles des français à l’ère numérique, Enquête 2008, Editions la Découverte.

et leurs choix sont à la fois dictés par des goûts personnels et par l’influence du milieu social dans lequel ils évoluent. La fréquentation des musées, des théâtres ou des salles de concerts classiques dépend très fortement du niveau de diplôme ou de la catégorie sociale et moins de l’âge et du sexe. L’inscription sociale est alors déterminante. L’Aquitaine n’échappe à la règle  : seules 6% des personnes interrogées appartenant à la catégorie des cadres et professions

L’Aquitaine mesure et analyse sa société de l’information / http://siad.aecom.org / Janvier 2013 / n°12

Proportion d’Aquitains ne lisant jamais de littérature ou d’essais selon la PCS (en %)

35%

Toutes PCS confondues

18%

Professions In

termédiaires

20%

Cadre, PIS

30%

Etudiant

33%

Lycéen

34%

Employé

36%

Retraité

37%

Chômeur

60

50

40

30

20

10

0

42%

Agriculteur

44%

Sans professio

n

45%

Artisan/co

mmerçant

52%

Ouvrier

sociodémographiques. L’âge, le capital humain ou la position sociale sont les prin-cipaux facteurs. Utiliser les technologies numériques afin de démocratiser l’accès à la culture peut, si l’on ne prend pas garde au public auquel on s’adresse, renforcer les inégalités culturelles.

Une utilisation basique d’internet à des fins culturelles

L’utilisation d’internet à des fins culturelles reste encore assez marginale, notamment pour les usages les plus avancés. 80% des internautes aquitains ont utilisé internet afin de faire des recherches documentaires culturelles (37% y ont recours souvent c’est-à-dire au moins une fois par semaine), 54% utilisent internet pour préparer une sortie culturelle (16% disent le faire souvent). Ces deux premiers résultats questionnent le rap-port à l’expérience culturelle que peut avoir l’individu. En effet, même si depuis l’explo-sion des guides touristiques et culturels dans les années 80, les individus ont la possibilité

L’utilisation d’internet n’entre pas en concurrence avec les pratiques culturelles « réelles »

Les internautes ont des activités culturelles plus intenses que les non internautes. A titre d’exemple, 22% des internautes se rendent parfois ou souvent à des expositions contre 8% des non internautes. De même, lorsque 73% des non internautes disent ne jamais voir de spectacles vivants (concerts, cirque, etc.), ils ne sont que 39% des internautes dans le même cas. Ces résultats sont essentiellement dus aux profils des internautes, très proches de ceux des personnes qui fréquentent les lieux culturels. Ainsi, on retrouve les catégo-ries sociales supérieures (cadres, professions intermédiaires), les trentenaires et les qua-dragénaires, en d’autres termes, ceux pour qui internet est un moyen supplémentaire d’accès à une culture qu’ils pratiquent par ailleurs.

Il apparaît que la fracture culturelle et la fracture numérique présentent, peu ou prou, les mêmes caractéristiques

intellectuelles supérieures n’ont fréquenté aucun lieu culturel lors des douze mois précédents l’enquête contre près de 40% des agriculteurs, 37% des retraités et 16% des chômeurs. Le cinéma apparaît également comme le média culturel le plus populaire dans le sens où ce sont les ouvriers (21%) et les chômeurs (23%) qui n’ont fréquenté que ce seul lieu culturel, 9% des cadres déclarant n’avoir fréquenté que le seul cinéma l’année précédente.

Sans doute la plus légitime des pratiques culturelles, la lecture n’en reste pas moins un formidable vecteur de culture de masse. Comme pour la fréquentation des lieux cultu-rels, la lecture légitime (littérature et essais) cohabite avec une lecture « moins légitime » comme la lecture de la presse et des maga-zines grand public. La moitié des Aquitains déclarent lire plusieurs fois par semaine la presse ou des magazines contre 29% en ce qui concerne la littérature ou les essais. Ils sont aussi plus nombreux à ne jamais lire ce dernier type d’écrits qu’à ne jamais lire la presse. Encore une fois, l’em-preinte sociologique est puissante puisque les ouvriers, les artisans/commerçants, et les Aquitains sans professions sont les catégories les plus nombreuses à ne jamais lire de litté-rature ou d’essais tandis que les professions intermédiaires et les cadres sont à l’inverse les plus nombreux à déclarer lire de la littérature et des essais.

Fréquentation des musées et cinémas, lecture de littérature selon l’utilisation ou non d’internet (en %)

Note : les pourcentages représentent la part des Aquitains ayant fréquenté au moins une fois un musée, vu au moins un film/documentaire au cinéma et lu au moins un livre de littérature/essai en 2012.

Source : Auteur, d’après les données de l’enquête « Les nouvelles technologies et les Aquitains en 2012 », AEC. Note : les pour-centages représentent la part des Aquitains ayant fréquenté au moins une fois un musée, vu au moins un film/documentaire au cinéma et lu au moins un livre de littérature/essai en 2012.

44%

99%

100

80

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0

68%

56%

82%

26%

55%

Musée Cinéma Lecture de la littérature

internautes

non-internautes

Les achats culturels peu développés

Les achats culturels sont, de manière sur-prenante, relativement peu développés en regard des pratiques généralistes de commerce électronique. Lorsque 79% des internautes (soit 56% des Aquitains) ont acheté au moins une fois en ligne un produit ou un service (numérique ou physique), ils ne sont que 43% à avoir acheté un livre, un CD ou un DVD, 37% à avoir acheté ou réserver une place de théâtre, concert ou de ciné-ma. Les achats de produits numériques sont encore balbutiants  : 17% des internautes ont acheté au moins une fois un morceau de musique ou un film en format numé-rique (4% en ont acheté souvent) et 11% ont acheté un livre, un journal ou se sont abonnés à un site d’information en ligne. Le streaming, en revanche, atteint des taux élevés : 56% des internautes écoutent de la musique ou visionnent des films en streaming (25% le font souvent). Enfin, l’utilisation d’internet comme support de diffusion de sa propre création amatrice (photos, vidéos, musique ou écrits) convainc tout de même près d’un quart des internautes (22%).

La lecture numérique est avant tout une lecture « utilitaire »

30% des internautes déclarent lire des documents (livres, BD, manuels, etc.) au format numérique. Pris sur l’ensemble des Aquitains, le marché de la lecture numérique ne représente que 22%. Parmi les différents type de lecture, la lecture utilitaire numérique (documents/livres professionnels, livres de loisirs, manuels scolaires) arrive en tête (24% des internautes) devant la littérature (essais/romans/BD Mangas) (8% des internautes) et les nouveaux formats numériques narra-tifs (comme le web documentaire) (6%). Si l’on croise les informations concernant les pratiques de lecture (papier et numérique), on constate que les liens de corrélation sont

le décideur public sur le type d’informations qu’il délivre au citoyen : l’information doit-elle rester factuelle (horaires d’ouverture, moyens d’accès, brève histoire) quitte à laisser les experts bloggeurs comme seuls prescripteurs d’une information culturelle qualifiée ? Ou, a contrario, les institutions culturelles doivent être prescriptrices et ainsi prendre le risque de réduire l’expérience sensible du visiteur/spectateur, expérience qui reste malgré tout au cœur de l’art et de la culture. Cette question doit être au cœur des problématiques numé-riques des acteurs de la culture.

de préparer à l’avance les visites, de prendre des renseignements historiques sur les monu-ments et les œuvres auxquels ils vont être confrontés, internet a démultiplié les potentia-lités informationnelles.

Les réseaux sociaux, les sites d’informations touristiques ou culturelles, les blogs sont autant de source d’informations et de pres-criptions. Le touriste, qui a préparé sa visite en amont sur internet, arrive aujourd’hui avec une connaissance technique que seuls les pro-fessionnels de l’art ou les guides touristiques maîtrisaient auparavant. Si la démocratisation culturelle est indéniable et peu contestable, internet a renforcé une approche prag-matique et utilitaire du savoir laissant de côté l’expérience physique et sensorielle aux non-connectés. Ceci questionne aussi

Source : Auteur, d’après les données de l’enquête « Les nouvelles technologies et les Aquitains en 2012 », AEC.

Fréquence d’utilisation d’internet à des fins culturelles (en % des internautes)

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60%

Rarement

Parfois

Souvent

Achat de livres numériques et abonnements en ligne 4% 4% 2%

Produire / diffuser ses œuvres 4% 11% 7%

Découverte virtuelle d’exposition, de galeries 11% 15% 4%

Musique / film en téléchargement 9% 12% 10%

Achat et réservation de places 10% 19% 8%

Achat de livres / CD / DVD en ligne 10% 18% 14%

Sortie culturelle 12% 26% 16%

usages on trouve la recherche d’informations culturelles, l’achat de billets en ligne, l’achat de livre ou de CD mais également la décou-verte virtuelle des musées et des collections. Internet leur permet de diversifier leurs pratiques réelles (en multipliant les canaux informationnels, internet permet d’avoir plus rapidement accès à une richesse information-nelle sur les spectacles/concerts/films/exposi-tion qui était auparavant disponible au mieux une fois par semaine dans la presse spéciali-sée), de réduire les contingences liées à l’achat des places ou entrées (files interminables) en permettant d’avoir une information en temps réel (disponibilité des places, possibilité de choisir sa place depuis son ordinateur). Les institutions culturelles peuvent s’appuyer sur ces véritables  médianautes culturels2

comme passeur de savoirs en les mettant en avant, en jouant sur leur expertise et en utilisant leurs réseaux.

14% de consommateurs culturels numériquesEnfin, pour le quatrième groupe, les « consommateurs culturels numériques », les pratiques culturelles numériques s’ins-crivent entièrement autour de la numéri-sation du support culturel : l’ordinateur, le Smartphone, le lecteur mp3 ou encore la tablette tactile constituent l’ « objet culturel » par excellence. Internet et les technologies numériques deviennent une fin en soi. Les individus de ce groupe se caractérisent par une «  consommation technologique  »  : téléchar-gement légal/illégal (de la musique ou des vidéos), streaming (95% utilise le streaming pour la musique ou la vidéo), utilisation des terminaux numériques pour l’écoute de la musique (94% écoute de la musique sous format mp3) ou pour la lecture (de livres, de journaux, etc.) mais aussi achat de livres numériques (32% d’entre eux ont acheté au moins un eBook) et de musique ou de films numérisés. Ce groupe est composé des Aquitains les plus technophiles : les jeunes (les 15-29 ans représentant 55% de cette catégo-rie) ainsi que les hommes âgés de 30 à 44 ans (17% de la catégorie) fortement équipés en

2 Contraction de médiateur internaute.

25% d’internautes avec de faibles pratiques culturellesUne deuxième catégorie d’Aquitains, inter-nautes cette fois-ci, pose également la question de la stratégie de communication culturelle à adopter. S’ils utilisent internet, ces Aquitains ne semblent pas en faire un usage à des fins culturelles. Ils représentent 25% de la population de la région. Il s’agit principa-lement des personnes âgées (70% des per-sonnes âgées de plus de 75% appartiennent à cette catégorie), des ouvriers (51% des ou-vriers), des chômeurs (52% des chômeurs), ou encore des personnes pas ou peu diplômées (69% des non diplômés appartiennent à cette catégorie). On retrouve dans cette catégorie, les internautes qui n’ont pas de pratiques culturelles avérées dans la vie de tous les jours (59% d’entre eux ne fréquentent jamais de musées, 41% de vont jamais au cinéma). En d’autres termes, internet ne peut ni créer d’ap-pétit pour la culture ni d’accéder à des pra-tiques culturelles que ces Aquitains n’ont pas pour habitude d’avoir. Comme pour la catégo-rie précédente, les institutions culturelles et les politiques publiques doivent s’adapter et privilégier les moyens de communica-tion plus traditionnels (presse papier, radio et télévision).

33% d’omnivores culturels légitimes Troisième catégorie de public, l’  «  omnivore culturel légitime » utilise internet comme un moyen d’accès à la culture. Ce profil regroupe les internautes qui utilisent internet comme un outil supplémentaire pour accéder à la culture et constitue le groupe dont le poids en Aquitaine est le plus important (envi-ron 33% de la population). On retrouve ici les internautes qui fréquentent régulièrement les lieux culturels, les bibliothèques ou les cinémas (68% d’entre eux visitent plusieurs expositions par mois, 51% vont souvent au ci-néma). Il s’agit principalement des « publics de la culture » : des femmes (55% de la catégorie) âgées de 30 à 59 ans (elles représentent 38%), des cadres et professions intellectuelles ainsi que des diplômés du supérieur (cette catégorie représente 50% des Bac +3 et plus). Parmi les

faibles entre pratiques traditionnelles et pra-tiques numériques. Ceci pousse à penser que le public d’une forme de lecture n’est pas le même que celui de l’autre ; les deux formes de lecture ne sont pas cumulatives.

L’articulation des pratiques culturelles « réelles » et « virtuelles »

Face à l’intensification des usages numériques, qu’ils soient culturels ou non, les institutions culturelles doivent offrir une palette de ser-vices au public de plus en plus large. Elles sont aujourd’hui confrontées à quatre grands types de publics caractérisés, à la fois par leur rela-tion à la culture, mais aussi par leur relation aux outils et usages technologiques.

28% de non internautes Le premier type de public est constitué par les Aquitains non internautes. Représentant 28% de la population, il s’agit essentiellement de personnes âgées (les 75% et plus y sont surreprésentés), de femmes (57% du groupe est féminin), peu diplômé (38% sont sans di-plôme) et de catégories socioprofessionnelles populaires (ouvriers et employés). En marge de la société de l’information, cette catégorie est également celle qui fréquentent le moins les institutions culturelles et qui ont les pra-tiques culturelles les moins denses (80% n’ont pas fréquenté de bibliothèque, 74% n’ont pas visité de musées). La presse/magazine et le ci-néma sont les pratiques culturelles les plus ré-pandues : 59% des non internautes déclarent lire la presse plusieurs fois par semaine et 44% sont allés au moins une fois au cinéma dans l’année. L’utilisation des médias modernes par les institutions pour attirer à elles ces publics en marge est donc délicat voire contre productif. La mise en place de stra-tégies relevant de la communication clas-sique est alors à privilégier.

proposer aux internautes des visites virtuelles quitte à « perdre » des visiteurs physiques ou au contraire, se « contenter » d’un site internet plus généraliste invitant l’internaute à poursuivre l’expérience virtuelle à l’intérieur des musées et des salles d’exposition. Le Musée du Louvre, par exemple, a choisi, pour l’instant, de ne pas re-joindre le projet misant avant tout sur une amé-lioration de son site internet. Le Grand Palais se situe pour sa part dans un entre-deux entre la visite virtuelle et le site internet classique5, puisqu’il mélange innovation technologique (animation et modélisation 3D des bâtiments) et approche informationnelle de l’histoire des lieux et de la programmation artistique. Les institutions aquitaines doivent aujourd’hui mettre à profit les avancées et innovations technologiques pour surprendre le spec-tateur, se démarquer de leurs concurrents tout en assurant leurs missions de diffusion des connaissances et des savoirs par la dif-fusions de leurs ressources. Nous l’avons vu, une partie non négligeable des Aquitains, no-tamment les jeunes générations ne se déplacent que rarement dans les musées ou les salles de concert, privilégiant le recours aux nouvelles technologies. Leur proposer des façons innovantes de découvrir les collections ou les artistes par l’intermédiaire des techno-logies numériques (Smartphones, tablettes numériques mais aussi possibilité de télécharger tout ou partie d’une œuvre pour une consom-mation asynchrone) qu’ils utilisent et avec lesquelles ils vivent tous les jours peut être une démarche à envisager. Pour les amener à fréquenter de manière plus régulière les espaces culturels, les institutions pourraient miser sur la continuité de l’expérience débutée sur écrans (ordinateurs, téléphones mobiles et tablettes) qui se poursuivrait in situ. Comme pour le tourisme, le continuum de l’expérience culturelle se décompose en trois phases distinctes mais imbriquées les unes dans les autres. La  « pré-expérience » qui est la phase de préparation s’articule autour de la recherche d’informations de la plus généraliste (nature des œuvres, heures d’ouverture des

5 http://www.grandpalais.fr/visite/fr/#/l-exploration/monument/la-tour-sud/vues-inedites/

L’offre culturelle face aux innovations technologiques

L’étude plus approfondie des pratiques cultu-relles numériques et leur articulation avec les pratiques dites traditionnelles nous permettent de proposer aux institutions culturelles pu-bliques ainsi qu’aux professionnels de la culture un certain nombre de pistes de réflexion quant à la façon d’envisager la médiation culturelle à l’heure d’internet et des nouveaux outils de communication.La première question pourrait être posée en ces termes : compte tenu des évolutions technolo-giques récentes doit-on continuer à chercher à amener le public à l’art ou au contraire doit-on amener l’art directement au public ?L’un des objectifs des institutions culturelles, qu’elles soient muséales ou qu’elles concernent le spectacle (salle de concerts, opéra ou théâtre) est bien d’augmenter la fréquentation du public3. Comme Malraux dans les années 60, elles parient sur le «  choc esthétique  » de la confrontation du public à l’œuvre, sans pour autant remettre en cause leur rôle de média-tion « intellectuelle » entre le public et l’œuvre. Aujourd’hui, les évolutions technologiques sont telles que la notion de choc esthé-tique peut facilement être remise en cause. De nombreux projets ont vu le jour ou sont en cours de développement. Le plus gigantesque est sans aucun doute le projet développé par Google, le Google Art Project4, qui vise à « nu-mériser » les musées du monde entier et per-mettre à tous les citoyens du monde, depuis un ordinateur de visiter 155 institutions culturelles et de visionner plus de 32000 œuvres. La qua-lité de la numérisation est telle que l’internaute a la possibilité d’accéder à des « informations » beaucoup plus fines que celles auxquelles peut avoir accès un spectateur de musée. Certains musées permettent même, grâce à la techno-logie StreetView une déambulation dans leurs couloirs. Les institutions muséales doivent dès aujourd’hui se positionner face au projet de Google  : prendre le pas du géant américain et 3 Non seulement pour jouer leur rôle de

médiateur culturel mais aussi pour pé-renniser financièrement les structures.

4 http://www.googleartproject.com/fr/

ordinateur, Smartphone (59% possèdent un Smartphone) et autre tablette tactile (56% des possesseurs de tablettes tactiles appar-tiennent à cette catégorie). En revanche, ils ont peu de pratiques culturelles affirmées dans la vie de tous les jours (5% seulement visitent souvent des expositions, 20% ne lisent jamais de littérature/BD). Il semble donc que la culture pour ces technophiles se concentre autour d’internet et des outils numériques  : musiques (en version mp3), films et livres sont dorénavant une culture dématérialisée. 95% d’entre eux plébiscitent le streaming, 80% téléchargent, 94% écoutent de la musique en format numérique). Les deux types de pra-tiques culturelles («  réelles  » et «  numé-riques  ») se recouvrent peu. Ces dernières correspondent à une individualisation de la culture  : on ne partage plus une expérience physique culturelle (comme on peut le faire lors d’un concert ou devant un tableau), on la vit de manière dématérialisée, le plus sou-vent seul. Pour autant, il est difficile de parler d’isolement pour ce groupe d’individus car ils sont nombreux à utiliser internet pour diffu-ser et promouvoir leur production artistique. La révolution internet a permis, en effet, de démocratiser le partage de musiques, photos ou vidéos et ces pratiques, qui sont purement numériques, correspondent à une manière différente de se socialiser. Ces Aquitains for-ment le groupe qui a le moins de poids en Aquitaine (environ 14%) mais qui, compte tenu de ses caractéristiques sociodémogra-phiques et de l’évolution des technologies et des usages afférents, risque, dans les années à venir, de prendre de l’ampleur et de dicter à l’ensemble des acteurs (institutions cultu-relles, professionnels de la filière et reste de la population) les usages de demain. Les insti-tutions publiques doivent dès aujourd’hui envisager les nouvelles technologies numériques (Smartphone, tablette, réalité augmentée, etc.) comme une opportunité supplémentaire d’attirer à elles un public récalcitrant mais qui ne rechigne pas à uti-liser ces nouveaux outils pour découvrir de nouvelles expériences.

privatisation croissante de la culture, la culture de la chambre et de l’écran s’accompagnent « d’une désinstitutionalisation des loisirs, facili-tée par les mutations des offres médiatiques et technologiques elles-mêmes  »7. L’utilisation des réseaux sociaux devient un axe majeur de la communication et invite les institu-tions publiques ou privées à repenser leur mode de communication. La façon dont les citoyens se sont emparés les réseaux sociaux, dont ils échangent l’informa-tion doit amener les institutions non seulement à investir ces nouveaux moyens de communi-cation mais d’en faire de véritable plateforme participative ou l’échange se mêle à l’exper-tise  : la communication doit être très réactive et le contenu doit répondre à la segmentation des publics. Enfin, les institutions doivent tenir compte de ces évolutions et mettre à profit « le médianaute culturel ».

7 Octobre, S., 2009, Pratiques cultu-relles chez les jeunes et institutions de transmission : un choc de cultures ?, Transmission et légitimation, Culture et Prospective, 2009-1, DEPS.

indispensable. La question est alors de savoir si le public qui vient à une exposition à l’envie, le temps et la patience d’être formé avant sa visite.La troisième phase «  post-expérience  », celle de la valorisation et du partage de l’ex-périence avec ses pairs, clôt le cycle culturel comme elle clôt le cycle du voyageur. Elle passe par le «  bouche à oreilles numériques  » c’est-à-dire principalement par les discussions sur des forums spécialisés ou sur les réseaux so-ciaux. A ce titre, la stratégie de communication sur les réseaux sociaux et plus particulièrement sur Facebook, principal réseau social fréquenté par les Aquitains et l’ensemble de la popula-tion française, doit être envisagée sereinement. L’utilisation des forums, des blogs et des pla-teformes sociales de partage remettent forte-ment en cause les mécanismes traditionnels de transmission du savoir. Jusqu’à très récemment, trois institutions jouaient le rôle du transmetteur des savoirs : la famille, l’école et les institutions culturelles. Aujourd’hui, les nouvelles modali-tés relatives aux pratiques culturelles, notam-ment chez les plus jeunes, remettent en cause la légitimité des institutions historiques. La

sites, etc.) à la plus pointue (prévisualisation des œuvres, pré-écoute). L’expérience est la phase où le spectateur entre en contact avec l’œuvre elle-même, elle constitue «  le choc esthétique ». Les visites virtuelles véritables immersions dans les musées questionnent la place de l’expérience  physique : doit-on miser sur les visites virtuelles comme une ex-périence en soi – qui font alors office de choc esthétique – ou doit-on les considérer comme faisant partie de la phase initiale, celle qui invite l’internaute à « convertir » sa visite virtuelle en visite physique ? C’est une question primordiale à laquelle les institutions culturelles d’Aquitaine vont devoir avoir à répondre. Afin de les guider dans leurs réflexions, nous pouvons remarquer que les visites virtuelles sont plus utilisées par les publics classiques des musées et expositions que par les publics technophiles. Il semble donc que la visite virtuelle ne soit pas consi-dérée par les internautes comme une fin en soi mais comme une façon supplémentaire de découvrir un musée ou une œuvre. Les outils numériques ont également un rôle à jouer lors de cette phase cruciale de la visite6. Ils per-mettent d’expliquer, de contextualiser, d’appor-ter des informations complémentaires mais aussi de rendre les parcours ludiques et attrac-tifs, de personnaliser la visite ou enfin d’accom-pagner les visiteurs avec des outils de mobilité. Toutefois, il faut garder à l’esprit que notre ana-lyse des données au niveau aquitain a montré que le public fréquentant les musées et les expositions n’est pas celui qui est le plus familier des technologies numériques avan-cées (comme les Smartphones, les tablettes ou les QRCodes), leur appropriation en situation de visite peut donc être très délicate et ces outils peuvent être rapidement abandonnés par le visiteur qui y voit plus une contrainte technique qu’un véritable plus culturel. Un accompagne-ment à la découverte des outils est alors nécessaire afin que les publics s’emparent des potentialités des visites augmentées par le numérique, le rôle du médiateur et du guide doit alors s’enrichir d’un volet numérique

6 Ceci concerne surtout les expositions et les musées. Les spectacles vivants, le théâtre ou les concerts classiques par leur nature sont moins exposés à l’uti-lisation des outils numériques lors de la représentation.

Tendance

Les usages ludiques sont en plein essor depuis quelques années. L’explosion des serious games (les jeux sérieux) témoigne d’une ludification croissante des usages dans des secteurs d’activités aussi variés que la santé, l’environnement ou encore la gestion des carrières et des emplois. Pour preuve du dynamisme, la Région Aquitaine a lancé au printemps 2012 un appel à projets visant à « soutenir les entreprises créatives de la filière numérique en leur permettant de contractua-liser avec des partenaires, grâce à une aide régionale ». Les résultats obtenus ici confirment l’attrait des Aquitains pour les aspects ludiques d’internet. L’explosion des Smartphones et des tablettes avec leurs interfaces tactiles associées aux pla-teformes d’applications depuis quelques années en sont également un signe fort.Illustration parfaite de cette tendance, Imayana, le produit innovant de réalité augmentée au service des visites de la ville de Bordeaux (et soutenu par la Région Aquitaine), permet au visiteur de so plonger dans le Bordeaux du XVIIIème siècle en se promenant dans les rues de la ville depuis sa tablette numérique.Pour autant, internet ne peut être considéré comme le média forcément adéquat pour réduire les inégalités culturelles constatées dans la vie de tous les jours. L’articulation des pratiques culturelles «  réelles  » et «  virtuelles  » montre claire-ment que les Aquitains qui n’utilisent pas internet à des fins culturelles sont éga-lement ceux qui n’ont pas de pratiques culturelles affirmées. Utiliser les technolo-gies numériques pour inciter ces Aquitains à se tourner davantage vers la culture risquerait d’aboutir à un échec.

Typologie des pratiques culturelles numériques

Les internautes avec faibles pratiques culturelles : 25%

Des pratiques culturelles peu diversifiées et peu intenses, le cinéma véritable refuge culturel

Pratiques culturelles numériques concentrées autour de l’information généraliste

Personnes âgées, faiblement diplômés, Ouvriers et chômeurs

Les non internautes : 28%

Peu de pratiques culturelles, mais le cinéma résiste et la presse et les magazines en tête

Aucune pratique culturelle numérique

Personnes âgées, peu diplômés, groupe plutôt fémi-nin, forte présence de retraités et d’ouvriers

Les consommateurs culturels numériques: 14%

Le cinéma est la première sortie culturelle

Des pratiques culturelles très orientées numériques, utilisation des TIC comme support culturel

Personnes jeunes, plutôt masculins, diplômés du supérieur ou lycéens et étudiants

Les omnivores culturels: 33%

Les « publics de la culture » ont des pratiques culturelles intenses et diversifiées

Des pratiques culturelles numériques très utilitaires avec des usages purement

numériques peu développés

Middle-age, plutôt féminins, fortement diplômés, cadres et professions intermédiaires

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Directeur de publication : Laurent-Pierre Gilliard Analyse et rédaction : Alexandre Bertin Conception graphique : Greg Gimard

Retrouver l’ensemble de nos publications sur le site internet : http://siad.aecom.org/

n° 1 - Mars 2008 - Les technologies numériques au sein des PME aquitaines http://bit.ly/ABtDXs

n°2 - Mars 2008 - Les technologies numériques au sein des TPE aquitaines http://bit.ly/zAqoCF

n°3 - Juin 2008 - Equipements et usages chez les artisans aquitains http://bit.ly/w8XTTK

n°4 - Juin 2008 - La génération internet en Aquitaine http://bit.ly/yyZFiQ

n°5 - Décembre 2008 - Séniors et numérique en aquitaine http://bit.ly/yoMRQe

n°6 - Mai 2009 - Portrait des non internautes aquitains en 2009 http://bit.ly/w7Ce55

n°7 - Juin 2009 - Pratiques de commerce électronique http://bit.ly/xj11Vz

n°8 - Novembre 2009 - L’administration électronique en Aquitaine http://bit.ly/zpKFjK

n°9 - Mai 2010 - Tourisme en Aquitaine, la percée des pratiques numériques nomades http://bit.ly/ynNjQ2

n°10 - Juin 2010 - La mobilité numérique des artisans en Aquitaine : une pratique encore balbutiante http://bit.ly/tIsGV7

n°11 - Décembre 2011 - L’appropriation des outils numériques dans les PME en Aquitaine http://bit.ly/VKcKax

Retrouvez l’ensemble des Aquitaine AnalyTICsur http://siad.aecom.org/Publications/AnalyTIC

Analyticwww.aecom.org Décembre 2008 / n° 5

A Q U I T A I N E

Séniors et numérique en Aquitaine:

une fracture surtout sociale

Les idées cLefsLe vieillissement inéluctable de la

population auquel est confrontée

la région Aquitaine, comme le res-

te des régions françaises nécessite

une prise de conscience rapide des

pouvoirs publics afin de ne pas lais-

ser les plus de 60 ans sur le bord de

l’autoroute de l’information et de

la communication. Si la fracture

intergénérationnelle existe bel et

bien en Aquitaine, notamment en

matière d’équipement en techno-

logies numériques, cette fracture

est avant tout une fracture socia-

le, puisque les plus diplômés des

séniors atteignent les mêmes taux

que ceux du reste de la population.

En accompagnant les seniors dans

la découverte de ces technologies,

les pouvoirs publics pourraient

d’ores et déjà lutter efficacement

contre l’exclusion numérique des

plus âgés.

La réalité sociodémographique

de l’AquitaineAvec une population de personnes âgées de

plus de 60 ans de 739 245 individus, au 1 er

janvier 2007, l’Aquitaine se classe au 4ème

rang des régions les plus âgées (derrière

l’Ile de France, la région Rhône-Alpes et la

Provence Côte d’Azur) et au 7ème rang si

l’on considère leur poids dans la population

régionale (24,1% contre 20,9% pour la France

métropolitaine).Si la population aquitaine ne cesse de vieillir

(les plus de 60 ans représentaient 23,9% de

la population régionale en 2002), elle semble

toutefois vieillir moins rapidement que la

population métropolitaine (selon les données

de l’Insee, les 60 ans et plus représentaient

19% de la population française contre 22,7%

de la population aquitaine en 1990). L’un

des objectifs de l’agenda de Lisbonne est

de lutter contre l’exclusion numérique

en permettant à chacun de développer

ses capacités par l’acquisition de

compétences numériques. Les personnes

âgées n’échappent pas à la règle.Avec une population vieillissante, l’Aquitaine

doit dès aujourd’hui prendre les mesures

qui s’imposent. Ce vieillissement et les

caractéristiques qui y sont associées ne sont

pas sans conséquence sur la question de

l’équipement en technologies numériques

chez les personnes âgées ainsi que sur les

politiques à mener au niveau de la Région

dans son ensemble 1, notamment sur la

question, essentielle, de l’articulation entre

l’appropriation des nouvelles technologies par

les séniors et leur autonomie et leur maintien

à domicile (selon l’Insee, cette population

pourrait augmenter, en Aquitaine, de 14%

entre 2006 et 2015) 2 . Equipements : des retards qui

peinent à se comblerL’échantillon des ménages aquitains sur

lequel est basée cette étude est composé

de 2002 individus, représentatifs de la

population de la région en fonction de l’âge,

du sexe et du département de résidence.

Avec un poids de 29,5%, les « 60 ans et

plus » représentent la tranche d’âge la plus

importante de l’échantillon (591 individus

composé de 297 hommes et 294 femmes). La

répartition géographique de ces 591 individus

fait apparaître une forte concentration en

Gironde (37,9%) puis dans une moindre

mesure dans les Pyrénées-Atlantiques

(21,5%), les trois autres départements

1L’un des axes d’action préconisés par la Conférence Ministérielle

de Riga en 2006 «les TIC pour une société sans exclusion » est de

« permettre aux personnes agées de participer pleinement à la vie

sociale et économique , de mener une vie indépendante et d’améliorer

leur qualité de vie » grâce aux technologies numériques.

2INSEE Aquitaine « 60000 aquitains âgés dépendants à l’horizon

2015 » n°150, janvier 2006,4p.

Mesures et analyses de la société de l’information Analyti

cwww.aecom.org

Juin 2008 / n° 4

A Q U I TA I N

E

La génération internet en Aquitaine :

Equipée, connectée et accessible

Les idées cLefs

Considérés, à tort, comme arrogants et

sans repère, les jeunes de la Génération

Internet vont peser sur l’organisation

de la société et sur l’économie dans

les années à venir. Cette étude à pour

objectif de faire le point sur cette gé-

nération en Aquitaine. Si elle est forte-

ment urbaine et diplômée, elle évolue

dans un environnement totalement

dématérialisé : ordinateur, internet,

blog et téléphonie mobile constituent

les quatre piliers de la socialisation de

cette jeune génération. L’Aquitaine ne

semble pas échapper au phénomène :

largement plus équipés que l’ensem-

ble de la population, les jeunes de la

Génération Internet sont également

beaucoup plus utilisateurs de tech-

nologies numériques. Leurs journées

sont ainsi largement occupées par

l’envoi de sms, par les conversations

par messagerie instantanée ou par la

participation active à la rédaction de

blogs. Toutefois, si cette génération

semble homogène, il n’en reste pas

moins que les comportements se dif-

férencient selon le sexe. De même, il

est important de garder à l’esprit que

la fracture numérique touche égale-

ment cette génération et ce d’autant

plus fortement que ces technologies

composeront le quotidien de demain.

Les jeunes Aquitains nés entre 1978 et 1994

appartiennent à ce que Howe et Strauss

(2000) ont appelé la Génération du Millénaire,

communément qualifiée de « Generation Y »

ou Génération Internet. Nés avec la « société du

savoir », les jeunes de la Génération Internet ont

des caractéristiques propres qu’il est nécessaire

d’appréhender pour penser la société de demain.

D’une nature optimiste, ils se considèrent avant

tout comme ceux qui participeront le plus au

progrès de la société. Confiants en eux et en

leurs capacités, ils n’en sont pas pour autant

méfiants ou arrogants, développant, à l’inverse,

un fort esprit d’équipe et de coopération. De

même, leur arrivée sur le marché du travail, s’il

inquiète les plus sceptiques, est synonyme de

renouveau de la « culture du travail » : dotée d’un

esprit d’inclusion, d’une forte exigence sur les

conditions de travail, en recherche permanente

d’innovation, la Génération Internet est celle du

temps de réaction instantané. Enfants de baby-

boomers, les jeunes Y sont conformistes, tolérants

et indépendants.

En ce qui concerne leurs relations aux technologies

numériques, les Y ont grandi avec l’Internet.

Leur quotidien est ainsi composé de virtualités,

quelles soient locales (on « chat » avec son

voisin ou ses camarades de classe) ou mondiale

(l’information est accessible instantanément

d’où qu’elle provienne), virtualités qui trouvent

cependant des concrétisations dans le monde

réel : absence quasi-totale de racisme et forte

implication dans des associations. Toutefois, si les

Y semblent composer une population homogène

en regard des générations plus âgées, il n’en reste

pas moins que demeurent certaines inégalités

économiques et sociales. Ceux sont ces deux

pistes que nous proposons d’explorer ici.

Une génération à part : caractéris-

tiques sociodémographiques de la

Génération Internet

Avec 431 individus âgés de 15 à 29 ans, les Y

représentent 21% de l’échantillon représentatif

des individus sur l’ensemble de l’Aquitaine1 .

Ceux-ci sont essentiellement concentrés en

Gironde (52%) et plus particulièrement dans les

communes de plus de 10000 habitants (56%).

Plus urbaine et plus citadine, cette génération

est en grande partie composée de lycéens et

d’étudiants (40%) ainsi que de jeunes diplômés

du supérieur peu mobiles (37%).

Malgré la présence, dans la population, de

collégiens et de lycéens, les jeunes aquitains

sont plus diplômés que leurs ainés (28%) : l’effet

de génération est visible ici, les Y jouissent d’un

niveau d’éducation beaucoup plus élevé. Ils

L’Aquitaine mesure et analyse sa société de l’information

1 L’échantillon est composé de 2002 individus représentatifs de la

population aquitaine. La représentativité est obtenue par un

échantillonnage par quota fondé sur le département, l’âge, le sexe

et la CSP.

Analyticwww.aecom.org MARS 2008 / n° 2

A Q U I T A I N E

La pénétration des technologies numériques au sein des TPE en Aquitaine Les idées cLefsSi les PME de la Région semblent avoir gagné « le pari du numérique »1, les TPE accusent encore des retards importants, notamment en matière d’équipement. Cette constatation est flagrante lorsque l’on distingue les différents secteurs d’activités : les activités commerciales, comme les activités immobilières et les activités de service aux entreprises, qui ont un fort besoin en usages avancés domi-nent largement, alors qu’à l’inverse, les industries de transformation, par nature peu consommatrices de TIC, arrivent largement en queue de pe-loton. La taille est un autre facteur discriminant : les très petites struc-tures, plutôt familiales, accusent un certain retard sur les entreprises de plus grande envergure. En termes politiques, une meilleure information sur les enjeux liés à la dématérialisa-tion semble nécessaire, si elle est tou-tefois associée à un accompagnement personnalisé d’aide à l’intégration des nouvelles technologies

Structure du tissu entrepreneurial aquitain

Avec 149.628 très petites entreprises2 (TPE) au 1er janvier 2006, l’Aquitaine représente un peu plus de 6%

du nombre d’entreprises métropolitaines, ce qui la place comme la quatrième région française3derrière l’Ile de

France, la Région Rhône-Alpes et la Région PACA. De même, avec un taux de création de 13% sur l’année

2006, l’Aquitaine est une des régions les plus actives et les plus attractives pour les créateurs d’entreprises.

Les TPE, représentant plus de 93% (en nombre d’entreprises) du tissu entrepreneurial régional, ont

un poids économique indéniable. Moteur de l’activité économique de l’Aquitaine, les TPE de la Région sont

principalement des activités de commerce (27%), de services aux entreprises (15%) ainsi qu’à la personne

(15%). Au total, le secteur des services représente près de 74% du nombre de TPE en Aquitaine, contre 26%

pour les entreprises d’industrie. Cette forte présence du secteur tertiaire dans le tissu économique régional peut

laisser craindre certains retards dans l’appropriation des nouvelles technologies.

Si l’Aquitaine se présente comme une des régions les plus actives en France métropolitaine, il n’en reste

pas moins qu’il est indispensable d’accompagner ces

entreprises dans l’ère de la modernité. Pour cela, il s’avère nécessaire de faire un état des lieux des

équipements et des usages des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) dans les

TPE d’Aquitaine, et d’en étudier la pénétration.En ce sens, la question de savoir si l’entreprise s’est engagée dans une démarche d’équipement en se

constituant un parc informatique qui lui permette de s’engager dans l’ère de la dématérialisation pour

enfin se perfectionner dans le maniement des outils informatiques devient essentielle. Nous chercherons

donc à dégager les principaux résultats selon le secteur d’activités, la taille de l’entreprise et le département

d’implantation.

Toutes les entreprises ne sont pas encore concernées par les nouvelles technologies

L’échantillon tiré de l’enquête Entreprise menée en 2007 par Aquitaine Europe Communication est

composé de 500 TPE. L’échantillonnage respecte le poids de chaque secteur et de chaque département

dans l’ensemble du tissu entrepreneurial de la Région. En ce sens, les résultats que nous obtenons

sont généralisables à l’Aquitaine dans son ensemble. Les TPE sont, pour la plupart, des micro-entreprises

puisque 27% n’ont aucun salarié et près de 29% n’en ont qu’un seul.Ces micro-entreprises sont surtout

orientées vers le commerce (22% des TPE avec 0 salarié et 33% des TPE avec un seul salarié) et la construction

(avec respectivement 20% et 17%). La taille moyenne

1Voir, à ce sujet, le premier numéro d’Aquitaine AnalyTIC consacré aux PME, www.aecom.org/diagnostic

2Nous définissons les très petites entreprises comme l’ensemble des entreprises qui ont entre 0 et 9 salariés (soit entre 1 et 10 personnes, patron inclus).

3Source Insee Aquitaine, http://www.insee.fr/fr/insee_regions/aquitaine/rfc/chifcle_fiche.asp?ref_id=entop012&tab_id=3350

Mesures et analyses de la société de l’information

Analyticwww.aecom.org MARS 2008 / n° 1

A Q U I T A I N E

La pénétration des technologies

numériques au sein des

PME en Aquitaine

Les idées-cLés

L’enjeu de l’introduction et de l’utilisa-

tion des technologies numériques de

l’information et de la communication est

aujourd’hui au cœur des débats sur l’ave-

nir numérique des entreprises françaises.

Les PME aquitaines n’échappent pas à la

règle. La taille de l’entreprise, si elle est

un élément essentiel à la pénétration

des technologies numériques, présente,

toutefois, un effet de seuil : les très gros-

ses structures, par un mode de gestion

plus lourd, semblent en retrait par rap-

port à des structures moins importantes

mais mieux équipées et plus utilisatrices.

L’absence d’autonomie dans la prise de

décision relative au développement

des politiques TIC apparaît également

comme un autre élément déterminant :

les entreprises appartenant à un réseau

ou à un groupe présentent des résultats

inférieurs, en termes de pénétration,

aux entreprises indépendantes. Pire, le

fait d’occuper une position subalterne

au sein du réseau ou du groupe réduit

encore plus les niveaux d’équipement et

d’usage des technologies numériques.

L’éloignement physique entre le centre

décisionnel du groupe et les unités rece-

veuses d’ordre étant particulièrement

discriminant pour ces dernières.

Structure du tissu entrepreneurial

aquitaine

L’Aquitaine comptait, au 1er janvier 2006, 10767

entreprises de plus de 10 salariés. Représentant 7% du

tissu entrepreneurial1 aquitain, les PME de la Région

ne pèsent que 5% du poids national2 . La structure

sectorielle des PME se présente – pour les trois

principaux secteurs – comme suit : 27,2% des PME

mènent des activités de commerce, 14,8% ont une

activité liée aux services aux entreprises et 14,3% sont

concernées par la construction. Au total, les activités du

secteur tertiaire occupent près de 64% des PME de la

Région contre 36% pour les activités dites d’industrie.

L’Aquitaine présente donc une spécificité

sectorielle particulièrement industrielle dans

la mesure où, au niveau national, ce secteur représente

moins de 32% du tissu entrepreneurial des PME. Au

niveau de la taille des entreprises, 86% des entreprises

ont une taille inférieure à 50 salariés, 10% ont entre

50 et 99 salariés et 4% ont plus de 100 salariés. Les

PME d’Aquitaine sont donc, en majorité, des entreprises

de petite taille, plus proches des TPE que des grosses

multinationales. Les petites PME sont beaucoup plus

présentes qu’au niveau national où elles ne représentent

que 80% du nombre d’entreprises, tandis que les

entreprises de grande taille (plus de 100 salariés) sont

beaucoup plus présentes, avec plus de 9%. Cette

structure particulière de l’activité économique

des PME en Aquitaine a-t-elle un impact

sur la pénétration des technologies de l’information

et de la communication (TIC) ? En d’autres termes,

la question est de savoir si l’entreprise s’est constitué

un parc informatique qui lui permette de s’engager

dans l’ère de la dématérialisation puis, après une

phase d’apprentissage, de se perfectionner dans le

maniement des outils informatiques et passer ainsi

à un stade d’usages avancés. Nous chercherons donc

à dégager des spécificités liées à la taille des unités

enquêtées, à leur lieu d’implantation ainsi qu’à leur

appartenance ou non à des réseaux ou des groupes.

La pénétration des TIC est en marche

dans les PME

L’échantillon sur lequel se base cette étude3 est

constitué de 1000 PME, représentatives de la répartition

sectorielle de l’activité sur la Région Aquitaine. Ainsi,

45% des PME se situent en Gironde, contre 9% en Lot-

et-Garonne. 47% des PME ont une taille comprise entre

10 et 19 salariés et un peu plus de 4% ont plus de 100

salariés. Premier résultat intéressant, seulement 3%

des PME de l’échantillon ne sont pas équipées

d’ordinateur et plus de 92% en possèdent plusieurs.

De même, près de 96% des PME équipées en micro-

ordinateurs sont connectées à Internet.1 L’Aquitaine comptait au 01/01/2006 160395 entreprises, toutes

tailles confondues. Il s’agit des données les plus récentes fournies par

l’INSEE.

2 On dénombrait 218380 entreprises de plus de 10 salariés en France

au 01/01/2006.

3L’enquête a été menée en Mai 2007.

Mesures et analyses de la société de l’information

Analyticwww.aecom.org Juin 2008 / n° 3

A Q U I T A I N E

Artisans : équipements et usagesUn quart des artisans utilisent leur ordinateur personnel à des fins professionnellesLes idées cLefs

La première enquête menée sur l’ar-tisanat et les technologies numéri-ques en Aquitaine met en avant un certain nombre de spécificités liées à ce secteur d’activité. En premier lieu, de part sa structuration particulière, une porosité entre les équipements professionnels et les équipements à titre privé apparaît nettement: un quart des artisans n’équipent pas leur entreprise puisqu’ils utilisent leur ordinateur personnel à des fins professionnelles. En second lieu, si une large partie des artisans équipés est connectée à Internet, les usages les plus répandus restent les plus simples, comme l’établissement de devis ou de facture. Les démarches administratives dématérialisées, très peu utilisées, semblent être un axe fort de développement. En dernier lieu, peu d’artisans semblent avoir pris conscience de l’importance d’être visible sur Internet.

Avec plus de 920 000 entreprises au 1er janvier 2007 au niveau national1 , le secteur de l’artisanat est une source d’emplois (plus de 2 360 000 salariés en 2005) et de croissance économique importante. Au sens juridique, une entreprise est dite artisanale lorsqu’elle est immatriculée au Répertoire des métiers (en tant que personne physique ou morale), qu’elle n’emploie pas plus de 10 salariés2 et qu’elle exerce à titre principal ou secondaire une activité professionnelle indépendante relevant de l’artisanat. L’artisanat recouvre quatre grands secteurs que sont l’alimentation (11% au niveau Aquitain), le bâtiment (45%), la production (15%) et les services (29%).La présente étude a été menée en partenariat avec la Chambre des Métiers Aquitaine et les cinq chambres départementales. L’échantillonnage a été effectué par la méthode des quotas, croisant simultanément le département d’implantation de l’entreprise, son secteur d’activité ainsi que l’âge du chef d’entreprise. Cette méthodologie nous permet de conserver une représentativité significative des 200 enquêtes réalisées. Cette analyse constitue la première vague d’une série d’enquêtes qui sera poursuivie dans les années à venir. Il s’agit donc, dans ce premier temps, de présenter un état des lieux des équipements et des usages des technologies numériques dans

l’artisanat aquitain. Pour cela, nous mettrons en évidence une réelle imbrication des sphères privées et professionnelles due, notamment, à la structure même de l’activité artisanale et à son organisation quotidienne. Les principales caractéristiques socio-démographiques de notre échantillon peuvent rapidement être esquissées. Si 60% des entreprises n’emploient aucun salarié, 8% en emploient 4 ou plus : l’Aquitaine présente donc une forte concentration de très petites structures (47% au niveau national). La répartition sectorielle met en avant une plus forte présence du bâtiment (45% contre 40% pour la France) et une légère sous représentation du secteur de la production (15% contre 17% au niveau national). Les entreprises dirigées par des femmes représentent 29% de l’échantillon avec une forte concentration dans le secteur des services (54,2% de femmes chefs d’entreprises). 29% des chefs d’entreprises de l’échantillon ont plus de 51 ans tandis que plus de 54% sont âgés de moins de 45 ans (dont 38% de moins de 35 ans), montrant une certaine vigueur de ce secteur chez les plus jeunes. Enfin, en ce qui concerne le niveau de diplôme atteint, il est logique de constater que la majorité des artisans de l’échantillon ont le niveau CAP/BEP (51%), qui est le diplôme permettant d’entrer le plus rapidement dans la profession, mais que 21,5% sont titulaires d’un baccalauréat (général, technique ou technologique) ce qui montre un bon niveau général d’études.

1Il s’agit des données les plus récentes fournies par l’Assemblée Permanente des Chambres des Métiers.

2Sauf dans le cas où le chef d’entreprise ou un associé prenant part à l’activité ont la qualité d’artisan, d’artisan d’art ou le titre de Maître Artisan. En 2006, ces entreprises représentent 5% des artisans aquitains.

L’Aquitaine mesure et analyse sa société de l’information

Analyticwww.siad.aecom.org Mai 2009 / n° 6

A Q U I T A I N E

Portrait des non-internautesaquitains en 2009Les idées cLefs

Dans un contexte de crise économi-que et malgré la généralisation et la démocratisation de l’accès à l’internet rapide, la problématique de la frac-ture numérique reste essentielle. Si celle-ci s’incarne principalement dans l’absence d’équipement de base au do-micile, la question des usages, et plus particulièrement de ceux des outils of-ferts par Internet, est primordiale pour comprendre ce phénomène. Les non-internautes, qui représentent encore un tiers de la population aquitaine, soit plus d’un million d’individus, ne constituent cependant pas une popu-lation homogène. En effet, la présente étude, à partir d’une analyse poussée des données, permet d’identifier les principaux profils des non-internautes aquitains. Sept profils se dégagent avec, cette année, une explosion des situations d’abandons d’utilisation d’Internet, principalement dus à la dé-térioration de leur situation économi-que et financière. La mise en évidence de ces sept profils permet également de proposer un ensemble de pistes d’action propres à chaque type de non-internautes.

La démocratisation de l’accès à la société de l’information associée à une meilleure couverture en

haut débit du territoire, a entraîné une augmentation croissante des utilisateurs d’internet1. Réseaux sociaux, commerce électronique, e-administration, autant

d’usages qui se généralisent chez de nombreux internautes. Pour autant, même s’ils sont de moins

en moins nombreux, les non-internautes constituent toujours, à l’heure actuelle, une part non négligeable

de la population française et aquitaine. L’étude menée en 2008 par Aurélie Laborde et

Nadège Soubiale du GREC/O2 a montré que la fracture numérique est un phénomène multidimensionnel et

principalement auto-excluant : les non-internautes ont la sensation qu’Internet n’est pas fait pour eux, qu’ils

sont trop âgés et ont souvent peur de mal s’y prendre. Pour autant, il serait erroné d’établir un profil-type du

non-internaute : il existe une pluralité de situations. De manière générale, la part des non-internautes

en Aquitaine est en recul. Passant de 40% en 2008 à 33% en 2009, il semble que l’usage d’Internet

continue de se démocratiser. Cependant, nombre de facteurs influencent encore l’accès à la société de

l’information : âge, niveau d’éducation, catégorie socioprofessionnelle, ou la présence d’enfants dans le

ménage. Le recours à l’analyse des données nous permet d’affiner le portrait socio-économique 1 Entre Juin 2005 et Juin 2008, la part des internautes en France est passée de 52% à 63%, selon la dernière étude du CREDOC, « La diffusion des technologies de l’information et de la communication dans la société française », Novembre 2008.2 Laborde, A., Soubiale, N., 2008, « Les non-internautes aquitains »,

GREC/O, Université de Bordeaux.

des non-internautes en dégageant à partir d’un ensemble d’informations hétérogènes sept types de population et ainsi proposer, pour chaque catégorie, des pistes possibles d’actions envers les exclus de la société de l’information.

Profil des non-internautes aquitains

Les non-internautes aquitains présentent, de manière générale, quelques spécificités bien marquées3. Ces

derniers appartiennent plus souvent à des ménages de très petite taille (1 ou 2 individus) et la proportion

de ménages sans enfants est très importante (de l’ordre de 80%) : la raison principale tient au fait que les seniors sont surreprésentés chez les non-internautes (62% contre 30% pour l’ensemble de

la population). Ils sont donc principalement retraités mais également ouvriers ou sans profession et très peu diplômés : ils sont ainsi beaucoup plus

nombreux à trouver leur vie difficile avec leur niveau de revenu. En matière de technologies numériques,

les caractéristiques sociales des non-internautes ont une forte influence : moins équipés en ordinateur et

en équipement multimédia4, ils sont très largement moins connectés à Internet à leur domicile.

3 On compare ici les non-internautes à l’ensemble des Aquitains.4 Le vocable « équipement multimédia » recouvre les consoles de jeux, portables ou non ainsi que les appareils photos numériques. On y ajoute également les chaines de télévision payantes ainsi que la TNT.

L’Aquitaine mesure et analyse sa société de l’information

L’administration électronique en Aquitaine :

une offre qui peine à répondre à la demande des citoyens

Les idées cLefsLe plan numérique 2012 présenté

en octobre 2008 par Eric Besson,

alors Secrétaire d’État chargé de la

Prospective, de l’Évaluation des politi-

ques publiques et du Développement

de l’économie numérique, encourage

un ensemble d’actions afin de permet-

tre à la France de rester compétitive et

attractive. Parmi les principales actions,

le plan préconise, à échéance 2012, pour

chaque français un « Service Public en

ligne »1 , une sorte de guichet unique

virtuel proposant en un seul point

d’accès l’ensemble des services offerts

par l’administration électronique 2. La

présente étude montre que l’Aquitaine

a encore de nombreux efforts à fournir

afin d’atteindre ces exigences. Avec seu-

lement 34% de communes présentes

sur internet, l’offre de services publics

dématérialisés aux citoyens reste très

limitée. Pourtant, les Aquitains plé-

biscitent les communes comme étant

l’échelon administratif qu’ils sollici-

tent le plus. Renforcer les échanges

électroniques avec les administrés, que

ce soit au niveau des services proposés

ou par les échanges de courriers élec-

troniques, reste l’action prioritaire dans

l’optique de rendre un service public

juste et équitable.

En septembre 2003, l’Association des Maires de

France, soucieuse de moderniser l’offre de services aux

administrés a publié une note sur les « Enjeux des TIC

pour les collectivités territoriales » dans laquelle elle

présente les principaux chantiers à mettre en œuvre

afin que les collectivités locales, et en premier lieu les

mairies, intègrent, à tous les échelons, ces technologies

numériques. Qu’elles prennent une dimension sociale,

culturelle ou éducative, ces technologies doivent

permettre d’améliorer la démocratie locale

(information et participation du citoyen) ainsi que

l’offre de services publics dématérialisés

(démarches administratives),

accroître

l’accompagnement des entreprises tout en

développant la promotion touristique des

territoires (infrastructures de télécommunications,

modernisation de la gestion communale). L’Aquitaine,

avec ses 2292 communes et ses 3 millions d’habitants

répartis sur un territoire aux spécificités marquées

doit prendre le pas de la révolution numérique. La

confrontation des attentes des citoyens en matière

d’administration électronique aux usages des

collectivités territoriales, plus particulièrement ceux des

mairies, permet de faire un état des lieux des pratiques

en 2009 en Aquitaine et de dresser un ensemble de

recommandations et de préconisations à l’attention

des décideurs. Pour cela, trois bases de données ont été

mobilisées : du côté des ménages nous avons recueilli,

en plus de l’enquête ménage traditionnelle, un certain

nombre de renseignements plus spécifiques auprès

des personnes ayant eu recours à l’administration

électronique. Du côté des communes, outre la base

de données exhaustives construite à partir des fichiers

nationaux, nous avons également mené une enquête

sur les usages du numérique au sein des communes 3.

3 Pour plus de précision se reporter à l’encart méthodologique.

I Des services aux citoyens qui se

développent dans les communes de

la région

La dématérialisation des services publics aux

administrés nécessite la possession de moyens

humains, technologiques et financiers suffisants. Ainsi,

une mairie qui veut se lancer dans la dématérialisation

d’un certain nombre de documents doit posséder un

site internet, une personne ressource pour le gérer et le

mettre à jour, des moyens techniques permettant de

basculer du papier au numérique et une organisation

interne adéquate. Si la quasi-totalité des mairies

aquitaines disposent d’une connexion

internet haut débit (94%), seul un tiers

d’entre elles est équipé d’un site internet

(34%). De plus, ce chiffre, en augmentation, cache

des disparités départementales importantes entre

la Dordogne d’un côté, qui présente un taux de 59%

mais dont la majorité des sites de communes ne sont

présents que sur des sites dits portails (gérés, plus

souvent, par l’intercommunalité qui offre une simple

page statique avec des renseignements de base sur

la commune, très rarement mise à jour) et les Landes

et le Lot-et-Garonne où seules 18% des communes

sont présentes sur internet. A l’heure actuelle, 46

communes de plus de 2000 habitants sont absentes

d’internet. Sans site internet, une mairie ne peut se

lancer dans l’administration électronique. Si l’on discrimine les communes selon le nombre

d’habitants, on se rend compte que plus les

communes sont peuplées plus la probabilité

qu’elles soient équipées d’un site internet est

forte. Comme le montre la figure 1, lorsque 84% des

communes peuplées de 2000 à 5000 habitants et 91%

1 A l’image du site portail Borger.dk au Danemark, structuré autour de 17

thèmes citoyens comme le logement, la santé, les enfants ou la retraite.

A ce propos, lire le compte rendu de mission d’études au Danemark en

supplément de l’Aquitaine Numérique n°24, Novembre – Décembre 2009.

2 La secrétaire d’Etat à l’Economie numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet

et le ministre du Budget, Eric Woerth, ont présenté lundi 19 octobre 2009

« Mon.service-public.fr », un portail offrant un accès personnalisé à l’e-

administration, premier pas vers le guichet unique numérique.

L’Aquitaine mesure et analyse sa société de l’information / novembre 2009 / n°8

LES IDÉES CLEFSL’objectif de cette publication est

d’étudier les évolutions de l’appro-priation des outils numériques

dans les entreprises en Aquitaine. Elle actualise l’étude menée en

2008 sur la pénétration des TIC dans les entreprises de la région.

Les résultats montrent que les TIC continuent de se développer au

quotidien. Il apparaît clairement que ce sont les équipements qui

ont le plus progressé, se géné-ralisant à toutes les entreprises.

En matière d’appropriation des usages, les entreprises se montrent

beaucoup moins dynamiques : en 4 ans, les usages dits avancés n’ont

progressé que de 6% contre 26% pour les équipements. Les résultats

montrent que les réseaux sociaux ne sont pas encore entrés dans les

mœurs des entreprises contrai-rement aux outils de mobilité qui

concernent, notamment dans les métiers comme l’agriculture, beau-

coup plus d’organisations.

L’appropriation des outils

numériques dans les PME en AquitaineAfin de mesurer l’appropriation des outils

numériques par les entreprises et son

évolution dans le temps, nous avons mis à jour

l’indicateur construit en 2008 (voir encadré

méthodologique) avec les données issues de

l’enquête Equipements et usages numériques

des entreprises en Aquitaine menée en juin

2011. Cet indicateur synthétique permet

d’évaluer pour chaque entreprise son degré

d’équipement ainsi que les usages (simples

et avancés) qu’elle fait des nouvelles

technologies. L’enquête nous permet d’évaluer

les progrès accomplis par les entreprises. Afin de compléter l’analyse, nous nous

intéressons  également aux équipements et

usages plus innovants (tablettes, Smartphones

et réseaux sociaux). Quatre enseignements

découlent de l’analyse ici présentée : • les usages ne progressent pas aussi rapidement que les équipements ;• l’appropriation des outils numériques semble

plus rapide dans les petites et les très grosses

entreprises ;• le secteur d’activité est le principal facteur expliquant les différences d’appropriation ;• les réseaux sociaux ont du mal à intégrer les

stratégies marketing des entreprises.

1    Les équipements progressent plus fortement que les usages

Entre 2008 et 2011, l’indicateur de pénétration

des technologies numériques dans les PME

(noté sur 3) a progressé de 19% passant

d’une valeur de 1,76 à 2,09. La plus forte

progression concerne le sous-indicateur lié

aux équipements,  passant de 0,73 à 0,92

(soit une augmentation de 26%), suivi par le

sous-indicateur des usages simples (+20%).

L’indicateur des usages avancés est celui qui

L’Aquitaine mesure et analyse sa société de l’information / http://siad.aecom.org / février 2012 / n°11

Tableau 1 : Indicateur de pénétration des outils numériques dans les PME en 2008 et 2011

Equipement Usages simples Usages avancés Indice global

2008

0,73/10,54/1

0,49/11,76/3

20110,92/1 (+26%) 0,65/1 (+20%) 0,52/1 (+6%) 2,09/3 (+19%)

Note : Entre parenthèse la progression entre 2008 et 2011

Analytichttp://siad.aecom.org Juin 2009 / n° 7

A Q U I T A I N E

Pratiques de commerce électronique en Aquitaine :Une offre qui peine à s’adapter à la demande

Les idées cLefs

Concomitamment à l’accroisse-ment du nombre d’internautes en Aquitaine, le commerce électro-nique poursuit sa percée. Compte tenu des enjeux liés à la déma-térialisation de l’acte d’achat, les entreprises se doivent d’inté-grer cette nouvelle manière de consommer dans leurs stratégies de développement. Toutefois, en Aquitaine, le B2C est encore trop peu développé, les TPE et les PME adoptant très lentement ces nou-velles opportunités. Etant donnés les coûts que représente le déve-loppement d’un service de vente en ligne envers les particuliers, la stratégie marketing nécessite une parfaite connaissance du compor-tement de ses clients. Pour autant, cela ne saurait suffire, la détériora-tion récente de la situation écono-mique des ménages ayant eu pour conséquence de bouleverser les habitudes de consommation, à la faveur du canal internet.

I Vente à distance et commerce électronique en France : quelques données de cadrage

Selon le rapport 2009 sur la vente à distance et le commerce en ligne réalisé par la FEVAD, le commerce électronique « continue sa progression en France malgré la dégradation du contexte économique et le ralentissement de nouveaux internautes »1. En effet, avec un chiffre d’affaire global de 20 milliards d’euros en 2008, la progression ralentit mais reste tout de même de 20% sur l’année. Le nombre de sites marchands qui pratiquent le B2C (voir la définition) ne cesse de croître pour atteindre 48650 en 2008 alors qu’ils n’étaient que 15200 en 2005. Cette croissance à deux chiffres a entrainé dans son sillage une forte progression de l’emploi. Si ce sont les « pure-players »2 qui ont tiré la croissance de l’emploi entre 2004 et 2006, il apparait que depuis 2007, ce sont les enseignes classiques ainsi que les TPE/PME qui dopent le marché de l’emploi : selon la FEVAD, chaque point de croissance dans le commerce électronique devrait conduire à un demi-point de croissance de l’emploi dans ce secteur. Pour l’année 2008, l’emploi devrait progresser de près de 12% pour atteindre 21000 emplois directs à la fin de l’année.

De côté des acheteurs en ligne, sur les 33 millions d’internautes recensés, près de 22 millions ont réalisé au moins un achat lors des douze derniers mois3. Avec un achat moyen s’élevant à 92€, le

commerce électronique représente une manne financière indéniable. Les produits techniques arrivent en tête des achats devant le tourisme et les services. Toujours selon la FEVAD, 78% des internautes auraient consulté internet avant de réaliser leurs achats (on ou off line), ce qui montre qu’internet devient un réflexe. La recherche d’informations sur les produits et les comparateurs de prix sont les deux principaux usages que font les internautes.

On le voit, le commerce électronique possède encore, à l’heure actuelle, une marge de progression importante. L’Aquitaine, si elle veut devenir l’une des Région leader en matière de technologie numérique doit tenir compte de cette évolution des modes de consommation.

II Des disparités géographiques et générationnelles malgré des usages en progression

Selon les résultats de l’enquête « Equipement et usages en matière de TIC chez les Aquitains », menée par Aquitaine Europe Communication, les pratiques de commerce électronique continuent de se démocratiser. En effet, si un Aquitain sur trois

L’Aquitaine mesure et analyse sa société de l’information

1 FEVAD, 2009, « Chiffres clés de la vente à distance e-commerce », www.fevad.com

2 On appelle pure-players les entreprises qui ne font de la vente aux particuliers qu’à travers internet.

3 Médiamétrie, 2009, « Observatoire des Usages Internet ».

Tourisme en Aquitaine : la percée des pratiques numériques nomadesLes idées cLefs

Principal levier économique de la Région Aquitaine, le tourisme ne semble pas connaître de crise. Avec une hausse de la fréquentation en 2009, l’Aquitaine est une des premières régions touristiques de l’Hexagone. Cette étude, qui est la premiè-re d’une série de trois portant sur le sujet de la mobilité menée à partir des résultats de l’enquête 2010 auprès des Aquitains, permet, à travers un portrait des touristo-nautes aquitains, de proposer des pistes de réflexion aux professionnels du tourisme : segmenter sa communication web pour l’adapter aux besoins réels des touristes, investir les réseaux sociaux pour contrôler sa réputation numérique et anticiper les usages de demain, notamment en mobilité sont autant de pistes d’action à l’endroit des professionnels du tourisme aquitain1.

1 Ces résultats ne reflètent que les comportements des touristonautes aquitains et ne sauraient être généralisés à l’ensemble des touristonautes français et étrangers.

I les enjeux numériques du tourisme

Selon la dernière étude conduite par le Cabinet Raf-four-Interactive sur les pratiques de tourisme en France, 56% des Français seraient partis en vacances en 2009, soit une baisse de près de 8 points par rap-port à 20031. La crise économique étant passée par là, les vacances se raccourcissent, se morcèlent et se prennent de plus en plus près du lieu de résidence. Si les catégories socioprofessionnelles les plus hautes ont vu leur taux de départ augmenter, les principales victimes sont les artisans-commerçants, les retraités et les chômeurs qui ont connu une forte chute de leur pouvoir d’achat touristique. L’Aquitaine, de son côté, « continue de faire bonne figure et conforte sa posi-tion dans le peloton de tête des régions touristiques françaises » selon l’Insee2. Avec près de 5 millions de visiteurs par an3, les Offices de tourisme aquitains restent les centres névralgiques de l’accueil touris-tique sur la Région. Pour autant, avec la démocrati-sation des outils numériques, les touristes trouvent toujours plus d’opportunités pour accéder à l’infor-mation, que celle-ci émane des agences de voyages en ligne ou des sites communautaires dédiés au tou-risme et alimentés par les internautes eux-mêmes. De même, ils deviennent plus exigeants sur la façon dont ils peuvent accéder à cette information. Face à ces nouveaux canaux de diffusion, les professionnels du tourisme (institutionnels ou professionnels) se doivent de réagir en proposant une nouvelle offre 1 A ce sujet le lecteur pourra se référer à l’étude publiée par le cabinet

Raffour Interactif réalisé pour le site Opodo.com en mars 2010.2 Insee Aquitaine, 2010, « La clientèle française dope la fréquentation estivale en 2009 », Le quatre Pages n°189, Février 2010.3 Chiffre fourni par la Mission des Offices de Tourisme et Pays touristiques

d’Aquitain, en janvier 2010.

informationnelle et promotionnelle tout en veillant à ce que l’information véhiculée sur internet soit la plus fiable possible.

II Le touristonaute aquitain : portrait socio-économique

Nous définissons le touristonaute comme un indi-vidu qui a effectué, lors des douze mois précédents l’enquête, au moins une recherche concernant un voyage ou une activité touristique par internet4. Les résultats montrent que 52% des internautes ont déclaré avoir effectué une recherche d’informa-tions touristiques sur internet (soit plus d’un tiers des Aquitains). Parmi ceux-ci, 37% des recherches concernaient des informations relatives à l’Aquitaine. L’étude du profil du touristonaute met en évidence des caractéristiques particulières (figure 1): il apparaît clairement que l’appartenance sociale détermine les comportements en matière d’usage d’internet et de tourisme ou d’activités récréatives. Même s’il existe une forte corrélation entre le niveau de diplôme et la catégorie socioprofessionnelle, on constate que les plus diplômés et les professions supérieures (ainsi que les professions intermédiaires et dans une moin-dre mesure les employés) utilisent beaucoup plus internet que les autres en matière de tourisme et de loisirs. Si le diplôme est discriminant c’est qu’il offre aux individus des opportunités professionnelles qui sont elles-mêmes discriminantes. Toutefois, ces

4 Pour cette raison, dresser le portrait du touristonaute aquitain revient non seulement à le comparer à l’individu moyen habitant en Aquitaine mais également, dans certains cas, à l’internaute type aquitain.

L’Aquitaine mesure et analyse sa société de l’information / http://siad.aecom.org / mai 2010 / n°9L'Aquitaine mesure et analyse sa société de l'information / http://siad.aecom.org / juin 2010 / n° 10

La mobilité numérique des artisans en Aquitaine :

une pratique encore balbutiante

Les idées clefs

Deuxième volet des études consacrées à

la mobilité numérique en Aquitaine, ce

dixième numéro d’Aquitaine AnalyTIC

revient, deux ans après une première

analyse, sur les équipements et les usa-

ges professionnels des artisans.

La première enquête, menée en 2008,

avait conclu en une porosité entre

les équipements privés et les usages

professionnels mettant en avant une

absence de connaissance des questions

de sécurité des systèmes d’information.

Deux ans plus tard, cette nouvelle étude

montre que les artisans se sont massi-

vement équipés de micro-ordinateurs

professionnels sans pour autant les

connecter à Internet. Une typologie

permet de distinguer trois types d’arti-

sans selon leur degré d’inclusion dans la

société numérique. Les premiers restent

en marge avec de faibles taux d’équipe-

ment. Les deuxièmes sont plutôt bien

équipés mais n’ont pas forcément des

usages très novateurs. Enfin, les troi-

sièmes, s’ils sont équipés des derniers

outils de mobilité n’en exploitent pas

forcément toutes les potentialités.

I - Qui est l’artisan numérique

aquitain en 2010 ?

Afin d’esquisser un premier portrait des artisans aquitains

en regard des outils numériques nous avons eu recours

aux techniques d’analyse des données. Trois types

d’artisans sont alors apparus selon leur degré

d’appétence pour les technologies numériques :

les artisans les plus mal équipés en matériels informati-

ques et en nouvelles technologies, les artisans équipés et

enfin les artisans équipés en matériel et outils de mobilité

numérique (1).

L’axe 1 de la figure oppose clairement les artisans équipés

en matériel TIC (respectivement à gauche de l’origine) et

les artisans qui ne sont pas équipés (à droite). Parmi les

secteurs d’activité, l’alimentation (qui regroupe bou-

chers, charcutiers ou encore vendeurs en alimentation)

est celui dans lequel les artisans sont le moins

équipés. De plus, il apparaît que les artisans de ce secteur

ne sont pas utilisateurs des outils de mobilité numérique

et sont rarement équipés d’un téléphone mobile profes-

sionnel (2). La lecture du tableau 1 montre que ce secteur

présente les taux d’équipement en micro-ordinateur, en

connexion internet et en téléphonie mobile les plus fai-

bles. Ceci semble corroborer l’hypothèse selon laquelle il

s’agit d’un secteur qui ne montre pas une forte appétence

pour les technologies numériques. On peut tout de même

s’étonner de ces faibles taux d’équipement : lorsque

97% des artisans du secteur de la production sont

Une entreprise est dite artisanale lorsqu’elle est imma-

triculée au Répertoire des métiers (en tant que personne

physique ou morale), qu’elle n’emploie pas plus de 19

salariés et qu’elle exerce à titre principal ou secondaire

une activité professionnelle indépendante relevant de

l’artisanat. L’artisanat recouvre quatre grands secteurs que

sont l’alimentation (11% au niveau Aquitain), le bâtiment

(45%), la production (15%) et les services (29%). L’em-

ploi, lui, est concentré principalement dans le secteur du

bâtiment (42% au niveau national) et celui des services

(22%).

L’entreprise artisanale est une entreprise de très petite

taille puisqu’au 1er janvier 2008, la moitié des entreprises

ne comportait, au niveau national aucun salarié (458.000

sur 937.000) tandis que 13% comptaient plus de 5 sa-

lariés. On note cependant une évolution assez marquée

du statut juridique de l’entreprise artisanale puisque si

en 2000, 64% des entreprises avait le statut de personne

physique, elles n’étaient plus que 53% en 2008. A l’inver-

se, les Sociétés à responsabilité limitée (SARL) ont connu

une forte augmentation passant de 32% en 2000 à 44%

en 2008. Même si la personne physique est toujours ma-

joritaire, le recours à la responsabilité limitée montre que

les artisans craignent d’engager leurs biens personnels en

cette période de crise économique. (1) Nous avons utilisé ici la méthode d’analyse des correspondances

multiples qui permet de projeter dans un espace à n-dimensions l’en-

semble des modalités d’une série de variables pertinentes associées au

numérique. Nous avons également projeté les modalités de variables

sociodémographiques liées aux entreprises et à leurs dirigeants. Cette

méthode permet de regrouper ces modalités par association et d’en

dégager de grands groupes cohérents selon leurs équipements en ma-

tériel informatique et numérique.

(2) La variable outil de mobilité regroupe l’assistant personnel, le

smartphone, le tablet PC, l’autoradio multimédia, le GPS et l’appareil

photonumérique. Sont exclus le téléphone mobile classique et la clé 3G

car, même s’ils sont des outils de mobilité, ils sont moins spécifiques que

les autres et sont étudiés comme tels.