LES RAPPORTS SUR LA SANTÉ: UNE FORME DE TRAHISON?Author(s): Richard G. FoulkesSource: Canadian Journal of Public Health / Revue Canadienne de Sante'e Publique, Vol. 66, No.1 (JANUARY/FEBRUARY 1975), pp. 10-11Published by: Canadian Public Health AssociationStable URL: http://www.jstor.org/stable/41985966 .

Accessed: 16/06/2014 21:11

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for the "consensus" which includes decentralization with lowering of autho- rity from the centre, public and profes- sional participation in setting priorities, and the use of contemporary manage- ment techniques. However, perhaps the reasons for its reception are similar to those given in yet another literary work, Kurt Vonnegut's novel Cat's Cradle. The reason given for the cynical outlawing of the Books of Bo konon was that (5):

"... A really good religion is a form of treason."

Richard G. Foulkes, B.A., M.D., F.A.P.H.A, Victoria, British Columbia

LES RAPPORTS SUR LA SANTÉ: UNE FORME DE TRAHISON?

" Sachez qu'il n'y a rien de plus diffi- cile à accomplir , de plus aléatoire quant au succès , de plus dangereux à mener à bon port que l'instauration d'un nouvel ordre de choses . "

Cette citation (1), empruntée à Nicolas Machiavel (1537), résume le dilemne du réformateur (ou, pour parler le jargon d'aujourd'hui, du "facteur de change- ment"), qui est aussi celui du responsable de la planification des soins médicaux.

D'autres encore, depuis lors, ont traité du thème de la réforme et du sort réservé aux réformateurs.

Henri Ibsen, saisi d'un élan de colère contre la servilité de la presse Libérale et la tyrannie de "cette maudite coalition de la majorité", trouvera un écho de ses sentiments chez un fonctionnaire des services de Santé vilipendé, le Dr. Stock- mann. Ce dernier, qui est le personnage principal d'une satire intitulée Un ennemi du peuple (2), s'en prend à la moralité de ceux qui veulent lui faire rétracter l'asser- tion, d'ailleurs scientifiquement prouvée, que les bains publics de la ville sont empoisonnés. En guise de récompense pour ses efforts, il est l'objet de graves sanctions économiques et sociales et le vide se fait autour de lui.

Peter Mattis, un psychologue clinicien, a décrit sur le mode satirique les tech- niques fructueuses du "tenant du statu quo" (3). Le passage suivant témoigne d'une profonde compréhension du pro- cessus bureaucratique:

"En dépit de la discrétion témoignée par la publicité à l'égard des tenants du statu quo, ce sont généralement ceux- ci qui l'emportent tandis que les tenants du changement se voient seule- ment concéder quelques changements de pure forme." Plus récemment, nous avons vu Karl

Menninger étudier en tant que psychiâtre le comportement de groupe et la réaction de transfert qui pousse ceux qui ont peur du changement à concentrer leur haine sur le réformateur. Il traite aussi du cas de

. ceux qui ne cessent de répéter: "Pourquoi nous rappeler le pire? " et "Où sont les bonnes nouvelles? "

Menninger (4) décrit ces derniers comme

"Des gens qui . . . se cramponnent, à l'instar des enfants aux bras chargés de ballons de couleurs, aux images chéries de l'innocence." Le monde évoqué par ces auteurs dans

leurs écrits est le "monde réel" du réfor- mateur et non point le "monde synthé- tique" de l'homme préposé aux relations publiques et du publicitaire d'un parti po- litique; le monde, aussi, de ceux qui, de propos délibéré, ne voient le mal nulle part ni ne l'entendent", afin de sauve- garder leur confort.

Ils décrivent l'accueil hostile auquel s'est heurté le dernier en date des rap- ports provinciaux sur les soins de santé, intitulé Health and Security for British Columbians. Ce document de 1.300 pages a été publié en 1974 à Victoria, Colombie Britannique, avec sept "tomes" de docu- mentation à l'appui et six "Rapports spéciaux".

Ce rapport, communément appelé "Rapport Foulkes", du nom de son prin- cipal rédacteur, expose ce qui est mainte- nant devenu, suivant les propres termes du Conseil des Sciences du Canada, un "consensus" préconisant l'application d'une méthode systématique à la création d'un véritable réseau de distribution des soins de santé.

Il a été successivement décrit comme "une absurdité, un Mein Kampf de chez le Petit Bricoleur" par le Dr. Peter Banks, l'ancien président de l'A.C.M./B.M.A., comme" ... le meilleur rapport synop- tique sur les soins médicaux depuis le Rapport Castonguay, au Québec" et

comme "mordant et vigoureux" par un universitaire d'avant-garde.

La presse Libérale, commentant sa publication, a fait de son mieux pour singer le 'Messager du Peuple' d'Ibsen en recourant à des "histoires d'épouvantail", en mettant en exergue les vues négatives émises par le corps médical et en couvrant le document de ridicule.

Le Ministre responsable l'a rebaptisé "Livre Vert" et a laissé passer l'occasion de manifester une réaction quelconque. L'Opposition l'a dénoncé comme "un scandale". Les bureaucrates l'ont décrété "impossible à mettre en pratique" et ont proposé un changement de pure forme qui a servi à les hisser d'un cran dans l'échelle de la hiérarchie.

Que ce rapport soit un "document politique", l'auteur n'en disconvient pas. Il vise, au départ, à montrer à un gouver- nement nouvellement élu comment sa phi- losophie et sa plateforme électorale pour- raient se traduire dans les faits si l'on recourait à une planification adéquate et à l'emploi de techniques de gestion con- temporaines (chose dont tous les gouver- nements ont le plus grand besoin). Il souligne également un aspect viscéral de la politique, à savoir que le succès dépend d'une gestion heureuse du pouvoir.

Cependant, s'attaquer aux véritables problèmes, entre autres à celui de savoir pourquoi nous sommes incapables de mettre en oeuvre les programmes qui marquent une avance sur le plan tech- nologique, est encore trop demander à ceux qui préfèrent obtenir la sécurité en donnant continuellement des gages tout en se cramponnant à leurs ballons de couleur et en écopant le canot. Les cyni- ques, détenteurs de pouvoir, continuent à l'emporter en nombre sur les sincères, tout disposés à assumer leur part dans les prises de décisions.

Le rapport fait appel à la nouvelle "religion" - s'il nous est permis de substi- tuer ce terme à celui de "consensus" lequel inclut une décentralisation accom- pagnée d'un amoindrissement de l'au- torité émanant du centre, la participa- tion du public et des professionnels à l'établissement des priorités et l'emploi de techniques de gestion contemporaines. Les raisons, toutefois, de l'accueil qu'il a rencontré sont peut-être similaires à celles

10 Canadian Journal of Public Health Vol. 66

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qui sont données dans une autre oeuvre littéraire que je citerai encore et c'est le roman de Kurt Vonnegut, Cat's Cradle. La raison avancée pour expliquer l'ostra- cisme cynique exercé contre les Books of Bokonon c'est que (5):

"... une vraie bonne religion est une forme de trahison."

REFERENCES

1. Machiavelli, N. The Prince. New York, New American Library, Mentor Gassic, 1952.

2. Ibsen, H. An Enemy of the People. London, England, Dent, Everyman's Library, 1911.

3. Mattis, P. Status Quo Agentry. American Psychological Association Community Psychology Newsletter 6(3): July 1973.

4. Menninger, K. Whatever Became of Sin? New York, Hawthorn, 1973.

5. Vonnegut, K. Jr. Caťs Cradle. New York, Dell, 1974.

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Canadian Journal of Public Health Vol. 66, January/February 1975 11

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