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http://www.courrierinternational.com/depeche/ newsmlmmd.e4c459826351648675c7098e5bf23f98.4f1.xml KITAKAMI (AFP) Les réfugiés de la centrale nucléaire de Fukushima font peur 13.04.2011 | 16:58 | Par Kimiko DE FREYTAS-TAMURA © AFP Une Japonaise vit dans un gymnase transformé en abri à Kamaishi, le 12 avril 2011 Les habitants qui ont fui les environs de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, dans le nord-est du Japon, sont refusés par les centres d'évacuation, de peur qu'ils soient porteurs de radiations et contaminent d'autres personnes. Ces gens, qui ont dû quitter leur domicile, leur ferme, leurs animaux, en raison de la crise à la centrale Fukushima Daiichi (N°1), ont besoin d'un certificat officiel prouvant qu'ils ne sont pas contaminés pour pouvoir entrer dans les centres censés accueillir tous les sans-abri. Les appareils de détection des radiations installés à l'entrée des bâtiments sont devenus des postes de contrôle qui donnent accès à un endroit pour dormir ou même à des soins médicaux, même si les experts affirment que les évacués de Fukushima ne présentent aucun danger pour les autres. "A moins qu'il ne s'agisse d'employés de la centrale, les gens ordinaires ne sont pas dangereux", a expliqué Kosuke Yamagishi, du département médical de la préfecture de Fukushima. "Les gens sont tout simplement trop inquiets et malheureusement cela peut conduire à une discrimination", a-t-il déclaré à l'AFP. Une fillette de huit ans originaire de Minamisoma, localité située à une vingtaine de kilomètres du site atomique, a été refusée par un hôpital de la ville de Fukushima car elle n'avait pas de certificat de non-radioactivité, a rapporté le journal Mainichi.

Les réfugiés de la centrale nucléaire de Fukushima font peur

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courrierInternational.fr.2011.04.13 KITAKAMI (AFP) 13.04.2011 | 16:58 | Par Kimiko DE FREYTAS-TAMURA

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Page 1: Les réfugiés de la centrale nucléaire de Fukushima font peur

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KITAKAMI (AFP)

Les réfugiés de la centrale nucléaire de Fukushima font peur13.04.2011 | 16:58 | Par Kimiko DE FREYTAS-TAMURA

© AFP

Une Japonaise vit dans un gymnase transformé en abri à Kamaishi, le 12 avril 2011

Les habitants qui ont fui les environs de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, dans le nord-est du Japon, sont refusés par les centres d'évacuation, de peur qu'ils soient porteurs de radiations et contaminent d'autres personnes.

Ces gens, qui ont dû quitter leur domicile, leur ferme, leurs animaux, en raison de la crise à la centrale Fukushima Daiichi (N°1), ont besoin d'un certificat officiel prouvant qu'ils ne sont pas contaminés pour pouvoir entrer dans les centres censés accueillir tous les sans-abri.

Les appareils de détection des radiations installés à l'entrée des bâtiments sont devenus des postes de contrôle qui donnent accès à un endroit pour dormir ou même à des soins médicaux, même si les experts affirment que les évacués de Fukushima ne présentent aucun danger pour les autres.

"A moins qu'il ne s'agisse d'employés de la centrale, les gens ordinaires ne sont pas dangereux", a expliqué Kosuke Yamagishi, du département médical de la préfecture de Fukushima.

"Les gens sont tout simplement trop inquiets et malheureusement cela peut conduire à une discrimination", a-t-il déclaré à l'AFP.

Une fillette de huit ans originaire de Minamisoma, localité située à une vingtaine de kilomètres du site atomique, a été refusée par un hôpital de la ville de Fukushima car elle n'avait pas de certificat de non-radioactivité, a rapporté le journal Mainichi.

Le père de l'enfant, Takayuki Okamura, a déclaré au quotidien: "Je suis déjà préoccupé par notre évacuation. C'était un véritable choc d'apprendre que notre rendez-vous avait été annulé".

Mais les responsables des centres d'évacuation campent sur leurs positions.

Toutes les personnes résidant dans un rayon de 30 kilomètres autour de la centrale "doivent fournir un certificat", a affirmé l'un d'eux. "Si elles n'en ont pas, elles doivent se soumettre à une détection sur place."

"C'est pour que les autres évacués se sentent en sécurité", a ajouté ce responsable, qui a refusé d'être nommé.

Cet épisode a ravivé le souvenir des discriminations dont ont souffert les "hibakusha" -- les survivants irradiés par les bombes atomiques américaines de Hiroshima et Nagasaki -- qui étaient mis à l'écart de peur qu'ils ne contaminent les autres.

Les certificats sont délivrés par le gouvernement de la préfecture de Fukushima.

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Des dizaines de milliers de personnes ont été contraintes de quitter une zone de 20 kilomètres de rayon autour de Fukushima Daiichi ou bien de se confiner chez elles dans une ceinture de 10 kilomètres supplémentaires.

Le gouvernement, qui a élevé mardi de 5 à 7, le degré maximum, le niveau de gravité de l'accident de Fukushima, a ajouté cinq localités au plan d'évacuation, dont certaines situées au-delà des 30 kilomètres.

Un conseiller du gouvernement du Premier ministre Naoto Kan, Kenichi Matsumoto, a déclaré à la presse que la région qui entoure la centrale de Fukushima pourrait être inhabitable pendant 10 ou 20 ans.

Kenji Sasahara, qui dirige un centre de détection à Minamisoma, a déclaré que beaucoup d'évacués étaient outrés de devoir fournir un certificat.

"Sur plus de 17.000 personnes testées, aucune ne présentait un quelconque risque, sauf pour trois ouvriers de la centrale", a-t-il précisé. "Les gens sont furieux. Minamisoma a maintenant l'image d'une ville contaminée", a-t-il dit à l'AFP par téléphone.

La méfiance s'étend même au-delà de la région. Une habitante de la préfecture de Fukushima a écrit sur son blog qu'un hôtel de la préfecture de Saitama, au nord de Tokyo, avait refusé de les accueillir elle et sa famille.

"Lorsque j'ai expliqué que nous ne venions même pas d'une zone d'évacuation, le réceptionniste de l'hôtel m'a répondu: +vous ne pouvez pas séjourner ici si vous n'avez pas la preuve que vous n'êtes pas des hibakusha+."