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PNUD – Tunis UNESCO – Rabat Projet TUN/02/007/A/08/13 « Les TIC : une nouvelle opportunité pour le développement des médias et de leurs contenus en Tunisie » Enquête auprès des décideurs des médias Remise en ordre stratégique et plan d’action Rapport final Pr. Jamal Eddine NAJI ------------ Juillet 2003

Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

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Page 1: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

PNUD – Tunis

UNESCO – Rabat

Projet TUN/02/007/A/08/13

« Les TIC : une nouvelle opportunité

pour le développement des médias et de leurs contenus

en Tunisie »

Enquête auprès des décideurs des médias

Remise en ordre stratégique et plan d’action

Rapport final

Pr. Jamal Eddine NAJI ------------

Juillet 2003

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Cette étude a été réalisée grâce au concours précieux, de fond et de forme, de l’expert Pr. Ridha NAJAR (consultant national) et à la

bienveillante collaboration des décideurs interviewés et dont la liste nominative est insérée en fin de document.

Page 3: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

« La maîtrise du savoir et des nouvelles technologies de la communication, couplée à la

circulation et à la diversification de l’information, constituent des variables-clés pour une

insertion du pays dans un environnement mondial changeant, sur une base qui

sauvegarde par ailleurs ses valeurs et son identité culturelle ».

(CA. du PNUD et du FNUAP. Doc. Nations Unies. DP/ccf/TUN/2.Nov 2001; p.3)

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Table des matières

INTRODUCTION ..................................................................................................5

ÉLÉMENTS DE DIAGNOSTIC DU CHAMP DES MÉDIAS ET DES TIC.............9

A. Méthode d’analyse......................................................................................................................... 14 Axe 1 : Diagnostic global et positionnement de l’entreprise (ou institution) de

communication ...................................................................................................................................... 15 Axe 2 : Objectifs particuliers et moyens pour y parvenir ....................................................... 15 Axe 3 : Attentes et appuis externes .......................................................................................... 16 Axe 4 : Priorisation des blocages et des solutions ................................................................. 17

B. Constats ........................................................................................................................................... 19 1er Constat : Mesures cloisonnées et peu publicisées .................................................................... 21 2ème constat : Spécificités du champ pas assez prises en compte................................................ 24 3ème constat : L’obstacle du statut légal de l’entreprise ................................................................... 28 4ème constat : Le retrait du crédit bancaire privé............................................................................... 30 5ème constat : Fossé entre le monde de la formation et l’entreprise .............................................. 32 6ème constat : Mise à niveau de l’entreprise et de l’entrepreneurship ........................................... 42 7ème constat : La documentation, élément de contenu marginalisé............................................... 47 8ème constat : La publicité, un levier à redresser .............................................................................. 51 9ème constat : Une coopération régionale et internationale à recadrer.......................................... 55 10ème constat : Démarche de concertation et planification à long terme ...................................... 61

BLOCS D’ACTIVITÉS POUR UNE STRATÉGIE NATIONALE DU DÉVELOPPEMENT DES TIC DANS LE MONDE DES MÉDIAS.......................63

A. Objectifs globaux de la stratégie ............................................................................................... 64

B. Blocs d’activités ............................................................................................................................. 68

C. Récapitulatif du Plan d’Action – Tableaux synoptiques ...................................................... 78 1. Activités par objectif stratégique ............................................................................................... 79 2. Activités par constat de diagnostic............................................................................................ 83 3. Échéancier et Partenariat.......................................................................................................... 90

ANNEXES ..........................................................................................................97

A. Fiche monographique................................................................................................................... 98

B. Fiche sur le champ des communications................................................................................ 99

C. Liste des décideurs interviewés ............................................................................................. 103

D. Bibliographie & Webographie................................................................................................... 106

Page 5: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

5

Introduction

Cette étude vise à retenir des éléments de diagnostic et de recommandations

pratiques pouvant constituer une stratégie d’ensemble et intégrée, de promotion

des technologies de l’information et de la communication (TIC) (1) dans les

médias tunisiens. Cette stratégie, spécifique aux TIC dans le champ médiatique

(avec tous ses secteurs, y compris la formation), s’inscrit dans la logique du

« Plan cadre des Nations Unies pour l’aide au développement » fixant le cadre

de coopération avec la Tunisie pour la période de son Xème plan national de

développement

(2002-2006).

La nécessité de dresser un bilan diagnostic de la situation actuelle des TIC dans

les médias tunisiens et d’y adjoindre la définition d’axes d’interventions possibles

qui pourraient faire l’objet d’un appui international, notamment un appui du

PNUD et de l’Unesco, découle d’une orientation relative à l’objectif de « la

diversification du contenu de l’information », lui-même inscrit dans le Plan Cadre

des Nations Unis au chapitre des « questions de bonne gouvernance » face aux

défis de la mondialisation.

« La capacité de la société tunisienne à pouvoir affronter les mutations à

venir et les défis de tous ordres que le processus de mondialisation ne

manquera pas d’engendrer dépendra pour une large part de sa faculté

d’accéder à un large éventail d’informations et d’interpréter ces dernières.

La richesse de l’information, tout comme son interprétation, dépendent

des supports matériels et technologiques mobilisables mais aussi de la

nature et de la diversité des flux d’information. Aussi, et par delà l’accès

direct à l’information disponible sur l’Internet, la diversification de

1 Tout au long de cette étude, l’abréviation « TIC » sera utilisée au lieu de « NTIC ».

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6

l’information véhiculée par les médias commande en partie le

développement d’une telle capacité.

Il est donc prévu que le système des Nations Unies contribue à enrichir et

diversifier l’information en outillant davantage les médias à cet effet. Dans

ce domaine, également, il s’agira de permettre aux publications et aux

chaînes de radio et de télévision d’exploiter au mieux l’information

accessible à travers les nouvelles technologies de l’information, grâce à la

mise en place de dispositifs et de formations conçus à cette fin. Les

institutions du système des Nations Unies associées à une telle initiative

seront celles les plus concernées par leur mandats (PNUD,

UNESCO/PIDC et UIT) ». (2)

Cette orientation, donne de cet objectif le descriptif suivant : (3)

Champ considéré : les questions de gouvernance

Domaines de concentration : l’information et la communication

Points d’entrée : la diversification de l’information

L’impact visé : des médias davantage outillés pour une information riche et diversifiée

Partenaires envisagés : PNUD/UNESCO – PIDC/UIT

Cette étude s’insère donc par rapport à cet objectif et selon l’orientation du

PNUD de « faire de cette organisation le partenaire d’un dialogue constructif de

haut niveau, appuyant la formulation de stratégies nationales de développement

et éclairant notamment les choix et les alternatives possibles (…). Plutôt que

d’apporter à la Tunisie une assistance technique classique, l’objectif pour le

PNUD, dans un contexte de mondialisation et de transitions multiples, est d’aider

le pays à maîtriser son avenir grâce à une meilleure appréhension d’un

environnement international en mutation accélérée et une assimilation des

2 Confère « Plan Cadre des Nations Unies pour l’aide au développement, Tunisie 2002-2006 ». Publication Nations Unies. Bureau de coordination résident en Tunisie. UNDP (page 36, section 3.2, Chapitre D « les questions de gouvernance »). 3 Idem. Tableau synoptique. Page 42.

Page 7: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

7

compétences et du savoir nécessaires à son développement (…). L’appui du

PNUD (…) prendra essentiellement la forme de services consultatifs de nature

stratégique ». (4)

Dans la perspective de cet appui du PNUD (et des autres agences onusiennes

concernées), il revenait donc à cette étude d’aboutir à des recommandations

d’ordre stratégique et à un plan d’action, privilégiant le long terme, sans écarter

les activités à entreprendre d’urgence ou à moyen terme.

En fait, le plan d’action obtenu dégage des pistes d’avenir mais surtout propose

une nouvelle mise en ordre des priorités, des constats et des leviers d’action,

tant les intervenants du champ médiatique tunisien, avec à leur tête les pouvoirs

publics, ont nourri, soutenu ou pris régulièrement, depuis au moins cinq ans,

l’initiative d’évaluations, de réformes et d’identifications de problèmes et de

solutions. L’étude propose donc une remise en ordre, une autre « priorisation »

des problèmes et des solutions, qui, dans ce cas, est dictée par l’impératif de la

diversification et de l’enrichissement des contenus des médias au moyen des

TIC.(5). Une autre « priorisation » qui, à l’occasion, ne manque pas d’éclairer des

constats nouveaux et de désigner des pistes nouvelles de solution, et qui se

propose comme aide à la décision des leaderships concernés par le champ

médiatique : essentiellement, le leadership politique, le leadership économique,

le leadership de la formation et le leadership de l’entreprise.

Visant donc cet objectif d’aide à la décision comme résultat ultime escompté de

la stratégie d’action proposée, cette étude s’adosse aux acquis déjà en place et

en œuvre dans le champ médiatique tunisien, en termes d’utilisations et

d’usages des TIC, pour évaluer la situation actuelle à la lumière de certaines

interrogations dont notamment :

Les médias tunisiens sont-ils bien outillés en technologies de l’information et de la communication ?

Quels usages font-ils de ces outils ?

4 Confère Document DP/CCF/TUN2. Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour le développement et du Fonds des Nations Unies pour la population. « Deuxième cadre de coopération avec la Tunisie ». Nations Unies. 12 novembre 2001 (page 8, paragraphes 24 et 27) 5 Ce terme de « priorisation », en usage dans la communication en matière de population, fait référence au sens porté par le verbe anglais to prioritize (et prioritization).

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En usent-ils à des fins marginales, y a-t-il une sous utilisation des opportunités qu’offrent ces outils ?

En usent-ils à des fins de création, de diversification et d’enrichissement des contenus ?

Ces principales interrogations, qui en ont inspiré d’autres durant cette enquête,

ont constitué le cadre de référence pour le guide d’entretien que l’étude a adopté

pour sonder et faire exprimer les décideurs interrogés, soit une quarantaine au

total dans 21 institutions du champs, aussi bien sur la situation présente des

recours aux TIC que sur les perspectives d’avenir de ces recours.

À noter, enfin, qu’en ciblant, par le moyen de l’entretien approfondi, les premiers

décideurs dans les médias et institutions assimilées (monde de la formation,

administrations publiques ou parapubliques…), l’étude a pu aussi, à l’occasion,

sonder certains des premiers responsables de la mise en œuvre de la décision :

rédacteur en chef, responsable de direction, chef de service central ou régional,

en plus des représentants des corporations des journalistes, des éditeurs et des

opérateurs du multimédia et de l’Internet.

La cible de l’étude a été ainsi élargie conformément à l’objectif central de l’étude,

celui de sonder, à des fins de diagnostic et de « dialogue constructif », les

rouages décisionnels qui sont à la tête des médias dans le but d’adopter un plan

d’action et de promotion voué à permettre aux médias de mieux maîtriser les TIC

et d’en tirer le meilleur profit.

Pour en arriver à un tel plan, l’étude a donc dû procéder :

à un exposé descriptif et analytique de la situation actuelle des médias et des TIC en Tunisie;

à une sélection des constats et propositions d’action qui animent les intervenants interrogés;

à la formulation de nouvelles propositions d’action tirées des conclusions de cette investigation.

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Éléments de diagnostic du champ des médias et

des TIC

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Pays pré émergent, la Tunisie semble traverser actuellement une phase décisive

dans son ambition d’accéder totalement au rang de pays émergent, dans le

domaine des communications en l’occurrence. (6)

Le pays, qui a obtenu l’organisation du 2ème round du « Sommet Mondial sur la

société de l’information » (Novembre 2005), compte à son actif un indéniable

rythme global d’avancée dans le domaine des TIC que nombre d’indicateurs et

de mesures publiques d’encadrement et de développement ne manquent pas

d’illustrer, attestant, du même coup, du volontarisme qui anime ce rythme, au

plan politique, et de certains résultats performants qu’il affiche en comparaison

avec des pays comparables, à l’échelle maghrébine, arabe et africaine.

Réputée pour avoir abrité le premier nœud Internet en Afrique (1989, nœud

EARN/BITNET avec liaison X.25), la Tunisie est dans le peloton de tête du

continent africain et du monde arabe (en constant challenge avec la Jordanie et

surtout l’Afrique du Sud) en matière d’exportation du soft. Des exportations qui

auraient généré 50 MDT en 2002 grâce à l’activité de près de 400 sociétés de

développement de logiciels et de solutions informatiques. (7)

On estime que le secteur des TIC intervient à hauteur de 0.2% dans le PIB

(estimé à près de 30 Milliards DT en 2001), et, dans le cadre de son 10ème plan

de développement (2002-2006), la Tunisie se fixe l’objectif fort ambitieux d’élever

cette part à 8% du PIB. (8)

6 Le « Bilan Commun de pays » (Nations Unies) a montré une « Tunisie en transition, avec pour trame de fond essentielle les processus d’ouverture économique et d’adaptation aux impératifs de la mondialisation sur toutes les dimensions de son développement ». Plan cadre des Nations Unies. op.cit (page 9). Confère en annexe une fiche comportant les principaux indicateurs économiques et sociaux du pays. 7 In entretien réalisé avec M. Moez Souabni, Pdt de l’Association Tunisienne de l’Internet et du multimédia (ATIM) et PDG de « MRS ». Lors d’une conférence de presse tenue le 22 Mai 2003 pour annoncer la 1ere conférence régionale d’Afrique du Nord des développeurs francophones de logiciels et de solutions informatiques (à Tunis du 26 au 28 juin 2003) le directeur général de Microsoft Tunisie, M. Nabil Chebbi déclara « près de 400 sociétés de développement en Tunisie ont réalisé un chiffre d’affaires à l’exportation de logiciels de l’ordre de 25M US ». In « Réalités », édition du 29-05-03. 8 In entretien réalisé avec M. Nader Yamoun, directeur général de « Web design », concepteur de « Medina » (parc d’attraction de Carthage qui obtint en 1999 l’oscar du premier concours tunisien).

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La situation du secteur augure donc, en général et au regard de certains

indicateurs, de plusieurs potentialités favorables à un meilleur ancrage de la

Tunisie à la société de l’information que nombre de pays comparables

(notamment en Afrique et dans le monde arabe). « Selon les dernières

statistiques, 520 000 intervenants consultent en permanence et travaillent avec

ce nouveau moyen de communication contre uniquement 100 personnes en

1996 ». (9)

Ces indicateurs et d’autres (qu’on évoque en annexe) illustrent, en fait, une

situation de transition qui peut être qualifiée de critique pour la dissémination et

l’émancipation de la culture des TIC dans le champ médiatique tunisien. Stade

critique d’évolution, dans la mesure où le diagnostic du terrain révèle des

mutations qui sont en cours vers plus d’équipements et plus d’utilisations mais

dans un contexte professionnel qui accuse, cependant, nombre de tendances

lourdes dans ses encadrements (législatifs, réglementaires, manageriels) et dans

les comportements des opérateurs (administrations, investisseurs, managers,

journalistes). Des tendances qui, souvent, font obstacle ou constituent des

sources de nuisances ou de déperditions pour le rythme d’avancée globalement

affiché par le pays dans le domaine des TIC et de leurs usages.

Pays partenaire substantiellement soutenu en ce domaine des communications

et des médias par le système onusien et ses agences spécialisées (PNUD et

UNESCO principalement), la Tunisie est, au stade actuel de son évolution,

interpellée au niveau de ses acquis en la matière et de ses choix stratégiques à

long terme si elle veut que son ancrage à la société de l’information mondiale,

sur fond de mondialisation multisectorielle, soit conséquent et efficient à l’aune

d’un développement durable.

Au titre d’un des objectifs du Programme de Coopération entre les Nations Unies

et la Tunisie (2ème cadre 2002-2006), c’est-à-dire l’objectif de « l’insertion de la

Tunisie dans l’économie mondiale », le conseil d’administration du PNUD et du

FNUAP a recommandé la nécessité « d’entreprendre une réflexion prospective

9 In « La Presse » du 12 Avril 2003, « Téléphone fixe et mobile : stratégie pour l’amélioration des prestations » par Houda Hafraoui (page 3). Confère en annexe une fiche comportant des indications significatives sur les équipements et les utilisations des TIC en Tunisie.

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sur la structuration souhaitable de l’appareil productif à long terme » et « qu’au

terme de cette réflexion, les décideurs nationaux, publics et privés, devront être

en mesure d’identifier un jeu de choix critiques pour le développement à long

terme de l’appareil productif, que cela soit au plan des activités à développer,

des technologies à maîtriser, des modes de gestion à promouvoir ou des

ressources humaines à développer, entre autres facteurs ». (10)

Étant entendu qu’aussi bien les médias que les TIC en général ont leur rôle à

jouer dans la stratégie nationale de développement économique et social (et

culturel aussi), le décideur, dans le champ de la communication, est appelé à

faire le virage décisif que négocient actuellement les médias dans l’appropriation

et l’exploitation des TIC. Car, ce qui semble dominer dans le diagnostic actuel,

ressemble à une crise de croissance latente, en termes d’opportunités

d’investissement, de compétences performantes et adaptées aux nouveautés du

secteur et aussi en termes d’emplois. (11)

A priori, il s’agit d’une situation symptomatique qui, d’une part, fait privilégier

chez les intervenants le court terme sur le long terme et, d’autre part, réduit, de

ce fait, les chances d’une harmonisation et d’une synergie entre l’ensemble des

acteurs et de leurs initiatives pour une plus efficiente mise en œuvre des

objectifs du pays à long terme.

En conséquence, c’est par rapport à un besoin de ré-articulation stratégique

des données et des actions accumulées à ce jour dans le champ des médias et

des TIC tunisiens, que le diagnostic du présent et la planification pour l’avenir

doivent être éclairés et entrepris. C’est-à-dire dans la perspective d’un long

terme qui suppose coordination, consensus et harmonisation des agendas sur

les court et moyen termes. Pour l’ensemble des acteurs, publics et privés,

professionnels assimilés ou partenaires, cette démarche de long terme dépend,

10 Confère Document DP/CCF/TUN2. op cit. (page 8, paragraphe 20). Dans le même paragraphe, on ajoute que la réflexion recommandée devrait profiter, en amont, des travaux de prospective et de planification stratégique devant être entrepris par l’Institut Tunisien des Etudes Stratégiques (ITES) avec l’appui du PNUD ayant pour objectif d’élaborer des scénarios de développement économique et social de la Tunisie à l’horizon 2030 ». 11 Le milieu des jeunes promoteurs du multimédia semble s’inquiéter de l’actuel phénomène de retour au pays de congénères touchés par les redéploiements et les compressions chroniques dans les industries des TIC en Europe et en Amérique du Nord.

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quant à ses résultats, du degré de volontarisme et de diligence de chacun dans

la prise de décision et dans l’engagement d’actions. Or, les degrés d’implication

à cet égard semblent bien différents, voire fort disproportionnés, entre les

différents intervenants clés du secteur, notamment entre l’Etat et le secteur privé,

entre médias publics et médias privés.

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A. Méthode d’analyse

La dimension descriptive de ce diagnostic a été soumise, pour être complétée et

éclairée, à 41 intervenants, situés à des niveaux décisionnels dans 21 institutions

médiatiques et assimilées.

Pour ce faire, le recours à « l’entretien individuel approfondi semi directif »,

comme dispositif méthodologique, a été, dans sa forme exploratoire, la

démarche centrale. Il s’agissait, en l’occurrence, d’explorer, essentiellement des

perceptions, des attitudes et des pratiques concernant un phénomène récent et

non encore appréhendé suffisamment par des investigations similaires : le

recours aux TIC.

Sur la base d’un background de connaissances et de documentations

accumulées sur le champ médiatique tunisien, il a été possible, au cours de cette

étude, de dépasser les limites de l’exploration, pour, soit approfondir avec les

interlocuteurs l’appréhension de certaines réalités connues (comme le déficit du

recours à la documentation, par exemple), soit pour vérifier certains états réputés

patents (comme, par exemple, l’inadéquation entre formation et emploi). (12)

Cette démarche participative, prenant souvent la forme de conversation, a

permis de conduire avec les interviewés, une réflexion ouverte (aspect semi

directif) qui répondait à la fois au souci de fixer des éléments pour les besoins

d’un état des lieux, ou diagnostic, et au souci d’identifier des évaluations portant

en elles des suggestions ou des recommandations pour l’avenir.

12 Des problématiques, comme l’écart entre formation et emploi en communication, ne sont pas propres à la Tunisie. Consulter à cet égard l’importante étude mondiale réalisée en 1999 par le Réseau ORBICOM, en collaboration avec l’Unesco, l’ACDI et Global Knowledge Parternership, à l’occasion d’une conférence internationale organisée à Montréal (« Les connexions du savoir en communication : pour combler l’écart entre la formation et l’emploi en communication » Avril 99. L’étude analyse cette question dans 25 pays de sept régions, dont la région de l’Afrique francophone (Maroc, Tunisie, Mauritanie, Sénégal, Burkina Faso et Côte d’Ivoire) étudiée par une dizaine de chercheurs sous la direction de Jamal Eddine NAJI. Confère « Information Societies: Crises in the making? Diagnostic and strategies for intervention in seven world regions » et « Les nouveaux partenariats de la communication à l’aube du 21ème siècle, stratégies de gouvernance, de technologie, d’emploi et d’apprentissage à long terme ». Publications Orbicom. Montréal. (www.orbicom.uqam.ca).

Page 15: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

15

L’outil choisi visait donc à associer les interviewés dans la définition d’un

diagnostic de la situation et dans l’élaboration de pistes de

recommandations, double objectif ayant pu finalement atteindre le « dialogue

constructif » recherché avec les principaux acteurs du champ.

En conséquence, les axes ouverts, aussi bien sur une démarche de

diagnostic que sur une démarche de recommandations concernant quoi

faire à l’avenir pour promouvoir un recours professionnel aux TIC qui soit

plus large et plus enrichissant pour les contenus, ont été principalement :

Axe 1 : Diagnostic global et positionnement de l’entreprise (ou institution) de communication

Cet axe visait à recueillir la lecture que fait le décideur du champ de la

communication national en rapport avec les TIC et la place qu’il pense occuper

dans ce champ en tant qu’opérateur.

Question 1 : Quel diagnostic national faites-vous du secteur, en général, et en

relation avec le recours aux TIC ?

Question 2 : Sur quel aspect ou réalité de ce champ insisteriez-vous, tenant

compte de la position particulière qu’occupe votre institution dans le secteur ?

Question 3 : À quel stade estimez-vous être, en tant qu’opérateur dans ce

champ, par rapport à l’équipement, l’utilisation et les usages des TIC ?

Axe 2 : Objectifs particuliers et moyens pour y parvenir

Cet axe cherchait à révéler si l’institution concernée se désigne des objectifs, à

terme, dans l’acquisition, l’utilisation et les usages des TIC et sur quels moyens

(endogènes et exogènes) compte-t-elle pour y parvenir.

Question 1 : Quels sont vos objectifs en matière de TIC ? (à décliner en objectifs

spécifiques : équipements, utilisation, usages, formation …)

Page 16: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

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Question 2 : Sur lesquels de vos moyens disponibles comptez-vous pour

atteindre ces objectifs ?

Question 3 : Entrevoyez-vous d’autres moyens ou pariez-vous sur des moyens

externes à votre institution pour atteindre tel ou tel de ces objectifs ? Lesquels?

Axe 3 : Attentes et appuis externes

Cet axe visait non seulement à identifier les attentes, les besoins, les conditions,

voire les préalables, que l’intervenant met de l’avant pour envisager sa mise à

niveau, à terme, au chapitre des TIC, mais également à compléter, d’une autre

manière, les évaluations, de type diagnostic, que le premier axe visait à récolter

du point de vue des interviewés. Dans ce 3ème axe, le but était de lister les

attentes (ou les besoins) exprimées à l’endroit des autres acteurs avec lesquels

l’interviewé partage le champ, mais aussi, à faire préciser à chaque opérateur le

type d’appui qu’il attend de chaque opérateur, notamment l’État et les instances

publiques en général.

Question 1 : Quelles sont vos attentes pour pouvoir atteindre les objectifs de

votre institution en matière de TIC ?

Question 2 : Que retenez-vous principalement comme mesures incitatives déjà

initiées au profit de ce domaine par les pouvoirs publics ?

Question 3 : Quels types d’appui attendez-vous précisément de la part des

pouvoirs publics ?

Question 4 : Quelles attentes ou appuis attendez-vous de la part du monde de

l’entreprise médiatique dans son ensemble ?

Question 5 : Quels types d’attentes/appuis attendez-vous du monde de la

formation initiale et de la formation continue ?

Question 6 : Quels types d’attentes/appuis attendez-vous de la coopération

étrangère et internationale ?

Question 7 : Y a-t-il, de votre point de vue, par rapport à votre institution, d’autres

attentes/appuis à souligner ? Lesquels?

Page 17: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

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Axe 4 : Priorisation des blocages et des solutions

Cet axe, comme il est souhaitable dans tout entretien ouvert ou semi directif,

devait amener l’interviewé à récapituler, par la synthèse et la priorisation,

l’ensemble de ses déclarations sur le sujet. L’intérêt de pouvoir ainsi récolter

matière à recommandations, a été circonscrit dans trois registres (comportant

toujours une dimension de diagnostic et une dimension de recommandations

pour l’avenir) :

Question 1 : Par ordre de priorité (de 1 à 3 ou de 1 à 4) que retiendriez-vous,

dans le cas de votre institution, face à la question des TIC :

Comme blocages?

Comme projets?

Question 2 : Par ordre de priorité similaire que souligneriez-vous :

Comme attentes/appuis vis-à-vis d’autres acteurs dans le champ national ou à l’extérieur ?

Comme solutions conséquentes sur votre propre mise à niveau en matière de TIC ?

Question 3 : Par ordre de priorité similaire, et aussi sous le sceau de l’urgence,

que suggériez-vous à propos des interventions incitatives des pouvoirs publics :

Mesures déjà existantes à réformer, élargir ou renforcer ? (ordre par degré d’urgence)

Mesures nouvelles à décider ? (ordre par degré d’urgence)

La notion d’urgence a été introduite dans cette question, afin de pouvoir, par la

suite, procéder, dans la mesure du possible, à une lecture des suggestions selon

un court, un moyen ou un long terme.

Par ailleurs, les entretiens ont été conduits selon ces axes mais en prévoyant

une liste de « questions de relance » qui ciblaient, de manière plus spécifique,

certains éléments de la problématique, parfois évoqués spontanément par les

interlocuteurs, mais d’autres fois non évoqués, auquel cas, ces relances étaient

proposées à la réflexion. Ces question ciblées portaient ainsi sur :

La publicité (privée et institutionnelle)

La question de l’investissement et de ses mécanismes incitatifs

Page 18: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

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Le crédit bancaire

La documentation et l’accès aux sources

Les contenus (des médias classiques et des médias électroniques)

La formation initiale et la formation continue

L’emploi et les nouveaux métiers

Les langues d’utilisation des médias et des TIC

L’environnement professionnel et les conditions de travail sur les TIC

La question de la distribution et de la commercialisation des produits médiatiques

La gestion et le management des médias et des institutions assimilées

La question de la régulation des secteurs du champ et de celui-ci dans sa globalité

La question des aides à la presse

Le statut légal de l’entreprise de presse

La question des jeunes promoteurs en nouveaux médias

Les questions de la presse spécialisée et de la presse régionale

Les blocages d’ordre culturel à l’endroit du recours aux TIC et aux langues étrangères

La dimension maghrébine

La coopération étrangère bilatérale

La coopération multilatérale du système onusien.

Page 19: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

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B. Constats

Par référence aux données de base du pays, sur les plans économique et

communicationnel (confère annexes 1 et 2) et à ses ambitions au plan de

l’arrimage à la société de l’information, la Tunisie semble effectivement

« engagée dans un tournant historique » comme le déclarent ses autorités

politiques. (13)

La Tunisie est en effet dans une phase de réflexion sur les acquis du pays

depuis le milieu des années quatre-vingt, en matière d’acquisition de matériels

informatiques, puisque certaines institutions se sont informatisées dès les

premières actions de promotion et d’implantation de ces outils menées

notamment par l’UNESCO (PIDC). Ce fut le cas du CAPJC et de l’agence TAP.

Il s’agit d’une phase de réflexion sur les acquis, dans le but de redéployer toutes

les capacités et les potentialités du champ de la communication afin de réaliser

un rythme d’avancée systématique et harmonieux par rapport à l’objectif

poursuivi par les pouvoirs publics : l’intégration d’une réalité de « société du

savoir » aux plans de développement.

L’analyse de ce rythme de progression des TIC dans le champ national des

médias et de la communication, aboutit immanquablement à relever le rôle

moteur et décisif que joue depuis deux décennies le secteur public du fait de

l’engagement volontariste de l’État et même du Chef de l’État en personne. (14)

A titre d’exemples symptomatiques, les médias publics sont les plus engagés

dans deux domaines qui sont des plus déterminants pour les meilleurs recours

13 Formule utilisée par M. Abdelwaheb Abdellah, ministre conseiller, porte-parole de la présidence de la République lors de la clôture de l’année universitaire à l’IPSI, le 2 juillet 2003. (In « Réalités » du 10/07/03). 14 Ce caractère se révèle surtout quand on compare la progression des TIC dans les pays comparables à la Tunisie, au plan maghrébin notamment. Dans le cas du Maroc, cette progression révèle davantage d’impact d’initiatives du secteur privé, bien que le secteur public y ait sa part, mais moins forte qu’en Tunisie.

Page 20: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

20

aux TIC : la formation continue et la documentation, deux questions qui sont des

plus importantes et des plus commentées dans cette étude.

La formation continue est bien plus présente et bien plus régulière à l’ERTT par

exemple que dans la presse privée, alors que la documentation est un chantier

prioritaire à l’agence de presse TAP et elle est même une activité de pointe,

moderne et technologiquement bien avancée dans l’usage des TIC, dans le cas

de la radio régionale de Sfax.

Le rôle central dévolu à l’initiative publique dans le passage à la société de

l’information est si constant et de spectre si large, qu’il serait irréaliste d’en

recommander une quelconque diminution, du moins à terme, à l’horizon fixé par

l’actuel Xème plan de développement du pays.

Certes, il est indéniable qu’il y a grande nécessité de pousser à un plus fort

engagement du secteur privé (ce que ne semblent pas obtenir suffisamment les

pouvoirs publics, pour le moment), mais il est indispensable également

d’améliorer l’impact et les performances du secteur public, particulièrement au

plan de la coordination de ses initiatives, majoritairement structurantes pour le

champ dans sa globalité.

Cette mise à niveau de l’initiative des pouvoirs publics et la nécessaire

coordination qu’elle suppose découlent du premier constat qu’on peut relever

dans un diagnostic global de la situation des médias et des TIC en Tunisie.

Constat quasi-unanimement retenu par les décideurs interviewés.

Page 21: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

21

1er Constat : Mesures cloisonnées et peu publicisées

Sur la dernière année, l’État a adopté des mesures techniques, réglementaires,

et des décisions politiques et économiques qui ont largement marqué le champ

communicationnel tunisien par un rythme soutenu, doublé d’un souci déclaré

d’harmonisation. Nombre de mesures incitatives ont ainsi été introduites dans le

champ, de manière volontariste, certaines d’une pertinence indéniable, comme

l’initiative de « l’ordinateur familial » ou les avantages tarifaires, fiscaux et de

crédit octroyés aux journalistes pour l’acquisition d’un ordinateur personnel ou

aux promoteurs de publinets (cybercafés sans boissons).

Mais cette politique volontariste et incitative de l’État semble trouver une limite

dans le fait que les mesures et les initiatives prises l’ont été selon une démarche

sectorielle ou catégorielle, parfois si cloisonnée qu’elle réduit les chances de

l’harmonisation de l’ensemble, harmonisation originellement ciblée par les

pouvoirs publics comme objectif stratégique.

S’il y a eu, sur les dix ou quinze dernières années, accumulation de mesures et

leviers promotionnels pour le champ de la communication, et tout

particulièrement en matière de technologies de l’information, il n’y a pas eu

nécessairement gain d’une synergie dynamique ou d’effet de convergence

d’impact entre les différentes initiatives et décisions prises, du fait d’une trop

étroite sectorisation des interventions d’appui public. Une sectorisation qui,

d’ailleurs, peut expliquer pourquoi il subsiste des « zones d’ombre » dans

l’ensemble que forme la somme de ces mesures quelque peu éparpillées et

cloisonnées. C’est-à-dire des types d’activités du champ qui, paradoxalement-

alors que la volonté politique existe- sont toujours en attente de mesures

concrètes nécessaires pour que l’ensemble gagne en impact, en effet

multiplicateur et en force d’entraînement.

Comme il a été démontré partout ailleurs, cette dimension de synthèse et de

mise en ordre synergique est particulièrement pertinente pour ce qui concerne

les TIC, aux plans de l’équipement (modes et conditions d’acquisition,

Page 22: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

22

d’investissement), de l’utilisation (frais d’utilisation, conditions d’accès,

techniques et autres…), d’usage et d’appropriation (production de contenus,

créativité…). Or, l’éparpillement et le relatif cloisonnement –ou sectorisation- des

mesures et initiatives publiques, relevés à ce jour, affaiblissent la synergie et la

portée stratégique souhaitées par l’Etat dans ses multiples interventions dans le

champ.

D’autre part, il semble, à bien des égards, qu’un déficit d’information et de

sensibilisation soit pour une part assez importante dans ce cloisonnement ou

sectorisation. Ou, pour tout le moins, dans la non perception d’une stratégie

globale et intégrée par nombre d’acteurs concernés par ce types d’interventions

de l’Etat. Il est en effet si fréquent de rencontrer un opérateur du champ qui

dispose de très peu d’informations sur ces mesures, y compris celles qui

intéressent directement ou de manière spécifique ses propres activités. Comme

il n’est pas de mise parmi les acteurs du champ médiatique que chacun cherche,

moyennant un effort de quête d’information, à tirer un gain de synergie en

couplant ou en recoupant des mesures le visant spécifiquement (ou catégorielle-

ment) avec des mesures prévues originellement pour soutenir un autre opérateur

ou un autre secteur du champ.

Ceci explique peut-être pourquoi, souvent, chaque acteur du champ ne semble

informé que sur les mesures qui concernent sa corporation sectorielle. Certains,

même, ne retiennent que les mesures qui concernent directement leur

entreprise. Encore que là aussi, nombre d’acteurs ne semblent pas suffisamment

informés sur tous les détails de la mesure dont ils croient être la cible directe. Il

arrive même que les bénéfices de la mesure étatique ne soient pas

comptabilisés dans le plan de management de l’entreprise. La mesure

d’encouragement étatique ne semble pas être un paramètre qu’on intègre

économiquement dans la gestion de l’entreprise, encore moins qu’on la

comptabilise dans les plans de développement et d’investissement. Une attitude

qui suggère qu’au fond, une mesure favorable est comptée à l’actif, à titre de

« don », qui peut être éphémère, ou, en tout cas, qui ne suscite pas le besoin

Page 23: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

23

d’un management prévisionnel à terme, avec perception de la place limitée qui

lui revient dans un ensemble, c'est-à-dire dans une stratégie nationale.

Ce déficit d’information suppose donc que les pouvoirs publics fassent

davantage la promotion de leurs initiatives et qu’ils expliquent plus largement

leurs mesures d’encouragement auprès de tous les acteurs du champ. Et, aussi,

qu’ils mettent de l’avant les points de complémentarité, de convergence et les

sources de synergie qu’on peut identifier dans l’ensemble du dispositif incitatif et

qui peuvent être profitables, à un degré ou à un autre, à plusieurs acteurs à la

fois ou à tous les acteurs du champ.

Mais il reste aussi que ce déficit se fait sentir à une échelle plus large, celle qui

nécessite la sensibilisation du grand public. Car, il semble que les quelques

campagnes de vulgarisation ponctuelles ou annuelles, les forums, les

cérémonies officielles et les communiqués qui accompagnent l’annonce de

mesures ou d’initiatives publiques ne suffisent pas pour répandre une

« sensibilité culturelle pour les TIC » dans le large environnement tunisien,

comme dans le vaste environnement du champ de la communication qui est

composé, entre autres, des départements et administrations en charge du

champ, du monde de l’entreprise médiatique, du monde des professionnels (tout

profils confondus), du monde de la formation, du monde des affaires, des

banques, des investisseurs, des commerçants, des exportateurs etc.

Une telle sensibilisation, à une large échelle, semble donc faire défaut alors

qu’elle détermine, pour une part, la mobilisation de tous les acteurs dans la

stratégie de l’Etat pour une meilleure et plus efficiente articulation de celle-ci.

Car, dans ce domaine plus que dans d’autres, une bonne et pertinente

information peut être l’impulsion décisive aux engagements et aux choix.

Page 24: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

24

2ème constat : Spécificités du champ pas assez prises en compte

Une quasi-unanimité se dégage parmi les acteurs du champ au sujet de la

nécessité de consacrer une spécificité pleine et entière du secteur de la

communication, tant aux plans législatif, réglementaire, administratif, politique,

économique, qu’au plan des stratégies nationales d’équipement,

d’enseignement, de formation continue, d’investissement et de crédit…

Certes, reconnaît-on, cette spécificité est implicitement admise dans les multiples

mesures incitatives gouvernementales et les initiatives présidentielles relatives à

l’objectif de « société du savoir ». Mais, au regard de certains blocages, de

certaines lourdes procédures administratives et certaines habitudes au plan

décisionnel, le secteur n’est pas assez identifié avec toute la singularité de ses

attentes, de ses enjeux et de son rythme d’évolution et d’innovations.

Autrement dit, on constate que, parallèlement à la politique volontariste des

pouvoirs publics pour doter ce champ de mesures exceptionnelles, à la mesure

des défis que l’Etat y a identifiés pour l’avenir du pays, subsistent des

procédures et des traditions de gestion administrative, voire des carcans d’ordre

institutionnel, qui régissent ce champ comme s’il était comme n’importe quel

secteur économique traditionnel, alors qu’il est si exigeant en diligence et en

flexibilité dans les décisions comme dans les mises en oeuvre.

La prise de conscience par l’administration publique et par le décideur

institutionnel de la spécificité de cette activité n’est pas toujours au rendez-vous

pour suivre le rythme de ces nouvelles technologies, pour ajuster les

environnements en fonction des effets de ces outils et de leurs contenus, pour

réformer ou accélérer procédures et prises de décision, pour anticiper sur les

innovations en matière d’équipement, de genres de contenus, de types de

métiers…

Ce qu’on pourrait appeler « décalage » entre une mesure stratégique, procédant

d’une volonté politique et d’une planification centralisée, et une mise en œuvre

Page 25: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

25

sur le terrain encore trop perméable aux traditions bureaucratiques et aux

pesanteurs de la procédure administrative et de la compétition entre les

prérogatives et les décideurs, affecte nombre de secteurs dans le champ de la

communication.

C’est ainsi que, sur le registre de la formation, avec l’exemple du principal

opérateur, l’IPSI, la non reconnaissance de cette spécificité a pour conséquence

l’affectation en nombre pléthorique de bacheliers (700 en première année en

2002), selon un mécanisme – automatique, par orientation électronique – qui ne

tient compte d’aucun des paramètres spécifiques à la formation en journalisme et

en communication. Si cette spécificité était retenue valablement (qui imposerait,

entre autres : l’encadrement de cohortes moins nombreuses - de quelques

dizaines plutôt que des centaines – l’organisation d’ateliers maîtrisables

pédagogiquement, notamment en matière de formation sur les TIC…), l’IPSI

aurait été dispensé de l’obligation d’accueillir ce que le système d’inscription

universitaire lui affecte maintenant, au même titre que les autres institutions et

facultés. En conséquence, l’IPSI pourrait, comme il ne cesse de le demander,

sanctionner l’admission à son premier cycle par un concours d’entrée qui aurait

comme critères, au minimum :

La vocation avérée du candidat

La maîtrise satisfaisante d’au moins une langue étrangère, en plus d’une parfaite maîtrise de la langue nationale

La prise en compte des capacités réelles de l’encadrement pédagogique disponible à l’IPSI

La prise en compte des conditions optimales, du point de vue pédagogique, pour exploiter au mieux les équipements de formation, notamment les TIC (en matière de presse écrite, de presse audiovisuelle et en multimédia)

La prise en compte du paramètre cardinal qu’est l’adéquation entre formation et emploi par rapport à un marché national qui ne peut absorber que quelques dizaines de diplômés de l’IPSI (40 à 50 par an) mais offre par contre de sérieuses potentialités dans de nouveaux métiers (attaché de presse, relationniste d’administration publique, professionnel en médias dans les établissements scolaires…).

La prise en compte de la spécificité du secteur, au plan administratif, c’est-à-dire

par rapport aux barèmes et procédures de la fonction publique, permettrait à

Page 26: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

26

l’IPSI (établissement public) d’avoir un recours conséquent, voire systématique,

aux professionnels et aux ressources humaines de l’entreprise afin d’améliorer

les contenus de formation, étoffer et professionnaliser l’encadrement technique

et pédagogique, établir des partenariats avec le marché du travail qui soient

bénéfiques à l’étudiant durant sa formation académique (stages, emplois de

stages…). Les procédures administratives qui s’imposent actuellement à l’IPSI,

ne permettent pas à ce dernier d’être attractif pour les professionnels, alors que

d’autres secteurs arrivent à bénéficier de la collaboration de professionnels sous

le régime d’ « artisans », par exemple. L’exigence de diplômes universitaires

pour pouvoir enseigner ou former dans un institut aussi particulier que l’IPSI

devrait donc être suspendue, dans le cas d’espèce, selon un régime

exceptionnel qui prendrait en considération, encore une fois, la spécificité du

secteur, surtout par référence aux impératifs si singuliers de l’apprentissage et

de l’utilisation des TIC.

L’acquisition d’équipements en TIC par les médias publics (radio, télévision,

agence) est également perturbée par manque de prise en compte suffisante de

la spécificité des ces technologies. La pesanteur administrative bien connue

dans les administrations publiques, avec leurs tutelles, leurs hiérarchies et leurs

procédures d’appels d’offres, influe, par les trop longs délais qu’elle occasionne,

sur les plans d’équipement comme sur les plans d’action.

Soumises au rythme effréné des inventions technologiques inhérent à ces

technologies, les prévisions d’équipements dans certains médias publics

(comme la télévision, confrontée à l’ère numérique), sont vite dépassées, le

temps qu’elles soient administrativement validées et mises en œuvre par telle ou

telle autorité de décision ou de tutelle. Rénover un matériel, le remplacer par une

nouvelle génération, devient alors une course contre la montre nécessitant

diligence extrême si on veut que les choix arrêtés ne soient pas vite dépassés

par une énième nouveauté, alors que ces choix sont extrêmement lourds en

termes de financement, de formation et de recyclage des personnels… Une plus

grande prise en compte de cette spécificité inhérente au rythme de l’invention

Page 27: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

27

technologique propre à ce secteur, inciterait à une meilleure adéquation des

mécanismes de décisions, des procédures et des plans de mise en œuvre.

On peut enfin s’arrêter sur un 3ème exemple qui interpelle une meilleure prise en

compte de la spécificité du secteur et qui est relatif à l’Internet.

En admettant, avec nombre de décideurs médiatiques, que les médias doivent

être soutenus, dans leur engagement dans les TIC, par une culture ambiante

acquise au recours à ces technologies, on fait de l’accès universel au

cyberespace une condition d’environnement à remplir, à l’échelle de tout le pays.

En d’autres termes, l’exploitation des TIC par les médias dépend aussi de la

familiarité du public avec un accès simple, universel et performant aux contenus

de ces TIC, principalement par le biais de l’Internet. C’est là encore une

spécificité à prendre en compte, par les pouvoirs publics d’abord, pour que

l’environnement général au pays soit fertilisant pour la dissémination d’une

culture des TIC à même de pousser les médias à y investir, à y diversifier leurs

productions et à y innover pour offrir des supports et des contenus à un public

qui, jouissant d’un tel accès large et aisé, progresserait continuellement dans

cette nouvelle culture du savoir et, par conséquent, influerait positivement sur la

qualité du travail et de la production des médias.

Page 28: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

28

3ème constat : L’obstacle du statut légal de l’entreprise

Le saut technologique (et même « culturel ») que recèlent les TIC pour

l’entreprise médiatique, suppose non seulement un management moderne, une

politique d’investissement et de développement (notamment des ressources

humaines, par la formation), mais également un entrepreneurship moderne, une

capacité décisionnelle qui vit et réagit au rythme des TIC, du cyberespace et de

la « société du savoir » planétaire. Or, du fait que la loi (code de la presse)

n’accorde l’autorisation de paraître (dans le cas de la presse écrite) qu’aux

personnes physiques, aux individus, l’émergence d’un tel entrepreneurship est

quasiment impossible, estiment nombre de dirigeants de groupes de presse.

Ayant limité la responsabilité légale de la parution à la personne à qui on octroie

exclusivement l’autorisation de paraître, de manière incessible, la loi est perçue

par les faiseurs de presse (souvent vétérans de l’ère d’avant l’informatisation des

médias) comme raison hautement valable pour qu’ils ne « s’aventurent » pas

dans des réformes radicales concernant leurs équipements, leur management,

leur stratégie d’audience et même leurs contenus. Certains entrepreneurs lient

même cette situation aux difficultés qu’ils rencontrent dans le secteur bancaire,

puisque l’octroi de crédits devient tributaire de la capacité du « propriétaire »

légal d’hypothéquer des biens personnels.

Si le pari doit être fait sur du sang neuf, sur de jeunes décideurs, familiarisés

avec les TIC et leur culture, il ne pourrait être gagné que si ce statut légal de

l’entreprise de presse (l’audiovisuel étant un monopole d’État, de fait et non de

droit puisqu’une chaîne privée comme Canal Horizons a pu exister et émettre),

s’ouvre aux formes modernes de la création et du management des entreprises

médiatiques (actionnariat, société anonyme, SARL…).

Autrement dit, l’avancée des TIC et de leurs usages dans l’entreprise de presse,

dépend de cette adaptation nécessaire, au plan légal (législatif et réglementaire),

du statut de l’entreprise pour faciliter l’émergence d’entrepreneurs et de

Page 29: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

29

stratégies de développement ouverts et confiants en les potentialités et

promesses de cette nouvelle ère technologique.

Si, donc, il y a nécessité de favoriser une nouvelle « culture de l’entreprise », où

les TIC occuperaient une place centrale, il semble que le préalable à cela soit un

changement du statut légal de l’entreprise et donc la révision du droit de paraître.

Au vu des investissements nécessaires, on peut élargir ce constat relatif au

statut de l’entreprise pour relever aussi que dans le cas des médias publics,

comme la radio et la télévision, la donne de la décentralisation recèle des

opportunités pour le développement des TIC et de leurs usages. A condition que

cette décentralisation ait comme contenu une large autonomie de la décision en

matière d’investissement, d’équipements et de recherches et applications. Car, il

peut arriver (comme dans le cas de Radio Sfax) que la périphérie développe

davantage que le « centre » les usages et les applications et dans ce cas il est

nécessaire que la décentralisation soit renforcée pour que les gains et

innovations périphériques soient consolidés et même qu’ils fassent modèle à

suivre par le central.

Un statut plus motivant, parce que plus autonome, accordé à la périphérie,

adapterait davantage le concept de la décentralisation aux caractéristiques

propres aux TIC et à leurs applications et usages. Sinon, le risque est latent qu’il

y ait dysfonctionnements et décalage (technologique, professionnel) entre les

acteurs d’un même média public, entre la radio nationale et les radios régionales,

en l’occurrence, le centre peut distancer la région ou l’inverse…

S’adapter aux caractéristiques des TIC au point d’y plier des stratégies

d’administration publique et de structuration d’organigrammes et d’équilibre des

prérogatives et des statuts, c’est, là aussi, prendre en considération la spécificité

du secteur de manière conséquente et adaptée, nécessairement différente de la

façon de faire dans les autres secteurs d’intérêt public.

Page 30: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

30

4ème constat : Le retrait du crédit bancaire privé

S’il doit être inscrit également sous l’impératif de la prise en considération des

spécificités du champ des médias et des TIC, le crédit bancaire, en général, et le

privé, en particulier, pose en soi un problème majeur à ce stade de l’évolution

des TIC en Tunisie.

Le constat global qu’en font observateurs et opérateurs, les vétérans des médias

classiques, comme les jeunes promoteurs des nouveaux médias, est qu’il est un

joueur en retrait, sinon un partenaire qui décourage davantage qu’il n’encourage

les velléités d’investissements et les ambitions de création et d’innovation de

supports et de contenus.

Certes, les pouvoirs publics n’ont cessé de multiplier les mesures d’aide à cet

égard, notamment les fonds 21/21 et 26/26, mais, de l’avis des opérateurs,

surtout les jeunes promoteurs, il y a urgence pour réviser ces mesures et ces

fonds afin d’en accroître les volumes et les effets, d’en assouplir les conditions

d’accès et d’octroi, d’en élargir les champs d’intérêt dans le but de faire émerger

de nouvelles activités et de nouveaux métiers, ce que ne cessent de mettre en

perspective les usages des TIC.

Mais le constat le plus important qu’on retient sur le registre du crédit à

l’investissement, levier incontournable pour le développement des recours aux

TIC, est la quasi-fermeture du secteur bancaire privé. Un secteur qui semble

totalement insensible à la spécificité du secteur dans la mesure où il lui applique

les conditions draconiennes qu’il impose aux secteurs traditionnels (industrie,

immobilier, agriculture).

Refusant d’inclure la production du multimédia, par exemple, dans le régime du

capital risque, le secteur bancaire privé est somme toute source de

découragement pour les jeunes promoteurs comme pour les médias classiques

qui projettent de diversifier leur produits grâce aux TIC ou tout simplement qui

veulent acquérir des équipements nouveaux et performants.

Page 31: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

31

En exigeant une garantie physique (comme l’hypothèque immobilière), le secteur

bancaire est généralement absent comme acteur qui a son rôle à jouer dans la

promotion de ce champ économique d’avenir pour le pays.

La conclusion d’un tel constat sur la défaillance du système bancaire privé en

matière d’investissement dans les médias et les TIC, est qu’il reviendrait à l’État,

pivot et catalyseur de la promotion du champ, de stimuler, voire d’insuffler aux

banquiers, par des mesures appropriées et certainement concertées, la dose

d’engagement requise par ce champ où se nouent nombre d’enjeux du

développement global du pays.

Autrement, comme le soulignent, dans leur majorité, les opérateurs publics et

privés, les fonds d’aide publics à l’investissement et tous les mécanismes de

soutien financier installés par l’État, ne pourraient appuyer et accompagner le

rythme de développement ciblé par tous, quand bien même l’État procéderait à

la refonte et à la mise à niveau, rendues nécessaires, de ses fonds et

mécanismes d’aide et de soutien.

Page 32: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

32

5ème constat : Fossé entre le monde de la formation et l’entreprise

Il est indéniable qu’il y a insatisfaction globale entre les deux partenaires, le

monde de l’entreprise et celui de la formation.

Pour le monde de l’entreprise, les institutions de formation initiale, l’IPSI en tête,

ont comme faille à la base la non implication du monde de l’entreprise et ses

besoins dans les planifications pédagogiques et les contenus de la formation que

ces institutions dispensent. Tant que l’entreprise n’est pas un partenaire à part

entière dans tout le processus de formation du journaliste et du communicateur,

il ne peut y avoir qu’une inadéquation entre les profils formés et les emplois

offerts sur le marché du travail, souligne-t-on presque à l’unanimité dans les

deux secteurs.

Avec l’introduction des TIC et leur avancée inexorable, malgré tout, au sein de

l’entreprise médiatique, le « fossé » entre la formation et l’emploi est davantage

accentué.

L’entrepreneur incrimine la modeste, voire absente, formation de base

nécessaire à l’étudiant journaliste pour se familiariser avec les TIC. Une

formation qui doit dépasser la simple initiation au clavier de l’ordinateur,

actuellement dispensée à l’IPSI, par exemple. Il y a besoin de consolider cette

formation spécifique pour produire, en fin de cycle de formation, un profil

totalement et « culturellement » acquis aux TIC, à leur manipulation et à leurs

usages dans le maximum des possibilités que ces outils offrent.

L’entreprise demande, en même temps, que le monde de la formation fasse sa

part dans la dissémination d’une « culture des TIC » parmi sa population et dans

le campus en général. Car, comme c’est l’avis de plusieurs partenaires du

champ, l’avancée des TIC rencontre un frein sérieux au plan culturel : impact de

l’oralité, domination du marché par les journalistes quadra et quinquagénaires,

recours limité aux TIC dans la vie privée et professionnelle des étudiants et des

journalistes.

Page 33: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

33

Les décideurs au sein de l’entreprise (directeurs et rédacteurs en chef)

interpellent, dans le même sens, le monde de la formation dans le constat qu’ils

font sur la « faible culture générale » du lauréat des instituts spécialisés, un pré-

requis qui, aux yeux de certains décideurs de médias, est le premier critère

discriminatoire à examiner pour décider de l’embauche, et même le seul critère à

retenir à cet effet, selon l’avis d’autres employeurs. Il est à noter que certains

entrepreneurs incriminent, à ce sujet, le monde de la formation spécialisée de

manière trop excessive, alors que l’ensemble est d’avis que ce « déficit » est à

résoudre à plusieurs niveaux (les différents niveaux de l’enseignement général,

les différents canaux et supports de l’expression culturelle dans le pays : livre,

arts, modes de consommation de produits culturels, etc. ...).

Néanmoins, le monde de la formation spécialisée accepte généralement

d’admettre qu’il a sa part de responsabilité dans le niveau actuel de « culture

générale » avec lequel le jeune diplômé se présente à l’entreprise comme

candidat à l’embauche.

De son côté, le monde de la formation estime que l’entreprise médiatique n’aide

pas à la dissémination de la culture des TIC, dans la mesure où elle se maintient

volontairement dans un état de sous-équipement, et en fait un usage limité,

marginal, peu ou pas du tout influent sur les pratiques et les tâches classiques

du rédacteur et de la chaîne de fabrication (écrite et audiovisuelle).

« À quoi bon former intensément et de façon pointue sur ces outils et leurs

multiples utilisations, si notre lauréat sera finalement employé dans un univers

d’entreprise peu ouvert à ces technologies et à leurs possibilités ? », résument

les formateurs.

Par rapport à cette finalité au sein de l’entreprise, peu encourageante pour les

formateurs, les gros investissements que devraient consentir ces derniers pour

livrer un profil performant en TIC, apparaissent trop coûteux et même

difficilement envisageables. Situation emblématique à cet égard : la quasi

impossibilité pour l’IPSI, par exemple, d’optimiser à ce jour l’exploitation de son

parc de 150 postes actuels, par manque de réseau et de câblage au nouveau

Page 34: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

34

siège, de maintenance, de budget pour les logiciels d’application et surtout pour

l’encadrement. (15)

Cet aspect d’encadrement technique et logistique est même appréhendé

comme préalable à toute réflexion sur la nécessaire réforme des contenus de

formation sur ces outils qui fait l’unanimité.

Les deux parties reconnaissent, cependant, que s’il y a nécessité de repenser

les contenus de formation spécialisée en fonction de l’utilisation des TIC, une

réforme globale de la donne de formation, dans une perspective de meilleure

adéquation entre formation et emploi, repose sur un triptyque préalable, un socle

de base : la culture générale, les langues et les stages dans l’entreprise. Sans

oublier la formation continue qui, à elle seule, constitue un levier en soi, à cheval

entre les deux mondes.

Les enjeux du stage en entreprise

Étant l’occasion la plus régulière, en principe, de rencontre des deux mondes, le

stage de l’étudiant est l’illustration la plus symptomatique du fossé entre les deux

partenaires. Ce fossé qui sépare le monde de l’entreprise et celui de la formation

initiale, sur les aspects du fond (contenus de formation, choix pédagogiques,

adéquation aux besoins du marché), n’empêche pas pour autant des rapports

continus et même pérennes entre les deux partenaires. Ce que permettent les

stages des étudiants (stages d’été notamment). Sauf que, si ce module (puisqu’il

s’agit, à bien des égards, d’un module de formation), est, en règle générale, une

tradition bien établie entre les deux mondes (avec régularité optimale dans les

médias publics), il ne manque pas de nourrir à la fois des critiques, de part et

d’autre, et des offres d’amélioration et de promotion, notamment de la part des

grands journaux, les privés tout particulièrement.

Au chapitre des critiques, on retrouve, du côté du monde de la formation, la

demande (habituelle, partout dans le monde) d’un meilleur encadrement du

stagiaire par les personnels de l’entreprise, d’une plus forte assistance motivante

15 Un don du Président de la République, de plus de 100 postes, a permis à l’IPSI d’atteindre ce parc, début 2003.

Page 35: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

35

pour les compétences et les ambitions professionnelles du stagiaire. S’il arrive

qu’on insiste également sur la nécessité de réserver au stagiaire un « meilleur

accueil », au plan professionnel et humain, on ne manque pas de regretter que

l’entreprise ne fasse pas assez d’efforts pour ouvrir au stagiaire toutes les

opportunités d’accéder et d’user des TIC disponibles (quand elles le sont). Le

monde de la formation regrette, de manière générale, que l’état d’équipement en

TIC et les pratiques qu’elles supposent, n’offrent pas un environnement motivant

pour que les jeunes recrues, et les stagiaires, deviennent profondément adeptes

d’un recours systématique à ces outils et à leurs usages.

D’un autre côté, certains lauréats de l’IPSI et des éditeurs de presse régionale,

relèvent que ces stages ignorent quasi-systématiquement les médias régionaux.

D’une part, parce que l’institution de formation, l’IPSI en l’occurrence,

n’encourage pas particulièrement ce choix et d’autre part parce que la petite

entreprise régionale est rarement attrayante pour l’étudiant, de par les faibles

motivations professionnelles qu’elle offre, sa modeste notoriété dans le monde

des médias et son taux d’encadrement quasi nul…

De plus, relève-t-on aussi, le cursus de formation initiale ou classique ne prépare

pas le stagiaire à ce type de presse, c’est-à-dire une formation ciblée sur le

journalisme de « localier ». Bien que les promoteurs des médias régionaux

estiment que le journalisme régional ou local ne bénéficie pas d’un engouement

notoire parmi les jeunes lauréats qui sont invariablement séduits par la « grande

presse » de Tunis, la capitale.

Du côté de l’entreprise, la période de stage est, tout compte fait, une sorte de

« preview » ou prologue, au vu duquel sont jugés les capacités et potentialités du

« produit » des institutions de formation, pour juger s’il y a adéquation ou non

entre le profil et les besoins du marché. C’est souvent par référence aux séjours

de stagiaires parmi eux que les décideurs des entreprises identifient ce qu’ils

identifient dans les modes de formation comme déficits (niveau de culture

générale, maîtrise des langues, dextérité dans la manipulation des TIC,

« motivation intellectuelle » ou « vocation » pour la profession de journaliste…).

Page 36: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

36

La période de stage est donc un moment critique dans la mesure où il devient un

enjeu qui détermine les perceptions, les attitudes et les projets de collaboration,

entre les deux mondes, celui de la formation et celui de l’entreprise. On peut

donc en déduire que le monde de la formation initiale doit réserver un meilleur

soin au stage, si important donc pour ses rapports avec le monde de l’entreprise.

D’autant plus que les entrepreneurs, en général, ne remettent pas de façon

radicale, leur offre de stages, et que certains vont même jusqu’à proposer que

ces stages deviennent plus longs, voire, plus intégrés dans la structure des

cursus de formation, sur toutes les années de formation et avec effet conséquent

sur le système d’évaluation et d’examens adopté par le monde de la formation.

Cette proposition n’écarte pas d’ailleurs, le souhait des deux parties de

développer des « stages pré emploi », ce qui n’est envisageable, selon certains

entrepreneurs, que s’il y a un véritable cadre de partenariat institué entre les

deux mondes, faisant de l’entreprise un partenaire à part entière et influent dans

les cursus de formation, et non juste une voix plus ou moins consultative dans

certains rouages de l’institution de formation (cas du comité scientifique de l’IPSI

dans lequel siège le monde de l’entreprise).

Le blocage des langues d’utilisation

Les capacités linguistiques tant des étudiants que des professionnels des

médias sont tour à tour qualifiées de faibles et de déficitaires par les

entrepreneurs comme par les formateurs. Un sujet de controverse entre les deux

mondes, sinon d’impasse dans le dialogue que les deux acteurs ne manquent

pas, à l’occasion, d’établir face à l’inadéquation de plus en plus persistante entre

les profils et les métiers créés ou transformés par les TIC.

De manière récurrente, aussi bien au niveau des médias classiques qu’au niveau

des TIC, les différents opérateurs du champ, formateurs compris, mettent de

l’avant la question des langues, au point, semble-t-il, d’en faire un obstacle,

également, pour le simple accès au cyberespace.

La question de l’accès aux TIC, en général, et à l’Internet en particulier, est

abordée généralement sous l’angle des équipements, de la « réticence

Page 37: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

37

culturelle », et rarement sous l’angle technique et réglementaire. Cependant, elle

est invariablement liée, chez nombre d’acteurs, à la capacité linguistique des

utilisateurs.

La maîtrise des langues est soulignée comme condition sine qua non pour des

contenus médiatiques de qualité et surtout pour assurer un degré minimal de

professionnalisme chez le journaliste. Professionnalisme qui, sous l’impératif

incontournable de la modernité et du progrès, induit la capacité d’user, de façon

optimale, des nouvelles technologies. Or, ces technologies ne peuvent être

maîtrisées et bien exploitées que si l’usager maîtrise au minimum une des

langues prédominantes dans le cyberespace, le français, en l’occurrence,

première langue internationale en usage au pays, sans parler de l’anglais,

langue dominante dans les contenus offerts sur le cyberespace.

Du côté de l’entreprise, plutôt que d’expliquer la sous utilisation de ces

technologies par des dispositifs techniques contraignants pour l’accès, par des

attitudes culturelles réfractaires ou par un sous-équipement dans

l’environnement entrepreneurial, on est enclin à expliquer la sous culture du

journaliste en la matière, par l’unilinguisme dominant et entravant (l’arabe) et par

la forte régression du français, sans parler de la présence, à peine symbolique,

de l’anglais dans le monde des médias.

Certes, on s’inscrit, volontiers, pour l’examen de ce déficit, jugé majeur, dans un

diagnostic global qui accuse cette régression des langues étrangères (d’abord le

français) au niveau de tout le système d’enseignement et de formation, mais on

n’oublie pas d’en grossir les traits et les impacts négatifs du fait de la spécificité

du champ des médias et des TIC. Les langues sont les principaux outils de

production des contenus médiatiques, souligne-t-on, et elles sont devenues

décisives et discriminatoires avec la nouvelle donne technologique pour la

communication que constituent les TIC.

Cette évaluation débouche souvent sur un dilemme difficile à cerner par une

démarche de planification d’actions susceptibles de combler rapidement ce

déficit qui, après tout, ne date pas de longtemps, dix ou quinze ans selon la

majorité des avis exprimés. Ce dilemme est le suivant :

Page 38: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

38

Comment résoudre un problème crucial pour le secteur de la communication

alors qu’il procède d’une problématique structurelle qui affecte l’ensemble du

grand dispositif d’enseignement du pays et qu’il s’alimente des déficiences

diffuses dans tous les secteurs de la vie collective ?

La logique du raisonnement qui déclare, comme objectif, le développement des

médias tunisiens et de leurs contenus par le développement des utilisations et

des usages des NTIC, doit nécessairement conduire à admettre qu’il y a une

spécificité à prendre en compte dans l’examen de plusieurs obstacles, y compris

celui-ci, celui de la maîtrise des langues (arabe compris).

La maîtrise des langues est, en fait, perçue, aussi bien par les formateurs que

par les opérateurs médias, comme le levier nodal pour l’amélioration des

contenus que les TIC sont à même de favoriser par la diversification et

l’enrichissement qu’elles permettent, du fait d’un accès à de multiples sources,

dans l’environnement national déjà, et surtout à l’échelle de toute la planète,

grâce au cyberespace.

Alors, il arrive souvent que le monde de l’entreprise interpelle celui de la

formation pour lui attribuer ce déficit de la maîtrise des langues chez les lauréats.

Alors que les formateurs avancent que la formation de base qu’ils dispensent sur

ce registre doit obligatoirement, de par la spécificité de ces métiers et de leurs

outils, être relayée par une régulière formation continue soucieuse de rattraper

chaque nouvelle étape technologique en combinaison avec des mises à niveau

continuelles des capacité linguistiques du professionnel des contenus et du

journaliste.

Quand il arrive que cet argument soit admis par le monde de l’entreprise, on

assiste à une domination des modules de langues dans les cycles de formation

continue, souvent de manière inadaptée aux besoins de l’entreprise (cas de

l’ERTT, notamment). Car on fait appel à des spécialistes de linguistique,

d’écriture littéraire et autres, qui ne peuvent que reproduire les contenus et la

pédagogie qu’ils appliquent à des publics d’étudiants de facultés de langues ou

de lettres. Ce constat débouche sur un problème de formation de formateurs et

surtout sur l’absence d’une stratégie d’apprentissage qui puisse, par sa

Page 39: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

39

démarche, épouser la logique des médias à l’heure des TIC : l’usage des

langues est un usage spécifique (« écriture médias »), dépendant d’un outil

(ordinateur), tant au plan de la rédaction, du traitement (fond et forme) qu’au plan

de la lecture et de la consultation. Une telle démarche ne manque pas, à

l’occasion, de conforter ceux des décideurs médias qui attribuent ce rôle

pédagogique aux instituts de formation, de sorte que le débat sur cette question

des langues aboutit souvent à un blocage, à des impasses, entre ce qui doit

relever de la formation initiale et ce qui doit être comblé et consolidé par la

formation continue, dans l’entreprise ou ailleurs.

Le faible recours à la formation continue

Comparativement aux pays de la région, la Tunisie semble avoir pris le large sur

cette question de la formation continue dans le domaine du journalisme et de la

communication, et ce, depuis 20 ans maintenant, âge atteint par le CAPJC en

2003 et qui est le centre qui attire les candidats à la formation continue et au

recyclage, tous médias confondus, de tous les pays maghrébins et d’un grand

nombre de pays sub-sahariens et du Moyen Orient. (16)

La présence et la régulière activité de cette institution (sous tutelle de l’État –

Premier ministère), témoignent amplement de la sensibilité à la question de la

formation continue, sans commune mesure avec ce qu’il en est dans les pays de

la région.

On peut donc dire que la formation continue, autre levier soutenu et appuyé par

l’État, fait partie intégrante des activités ordinaires du champ de la

communication en Tunisie. Au point, d’ailleurs, que, sans que la demande

annuelle en stages ne diminue pour le CAPJC, au plan national s’entend, des

médias ont choisi de mettre sur pied des unités de formation continue internes à

leur entreprise. Sauf que, d’une part, ce sont des médias publics (en plus d’une 16 En 20 ans, le CAPJC a recruté près de 6300 stagiaires et participants de 77 nationalités, dont près de 4680 Tunisiens (75%) et plus de 500 (8%) du reste du Maghreb (220 Marocains, 178 Algériens, 89 Mauritaniens et 16 Libyens. Le reste de l’Afrique intervient pour 11% (avec 700), et le reste du monde arabe pour 3% (avec 200)... Il est connu que les premiers contacts qu’ont eu les journalistes tunisiens (et nombre d’autres de la région et du continent) avec les TIC (l’ordinateur, la PAO notamment) l’ont eu au cours de sessions organisées par le CAPJC au début des années 1980.

Page 40: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

40

modeste unité Internet créée au siège de l’AJT) et d’autre part, ce sont quasi-

exclusivement, des médias audiovisuels (radio et télévision).

Cette situation, qui peut être enviable du point de vue des pays limitrophes,

présente en fait des dysfonctionnements dont les TIC et leurs exigences

amplifient de plus en plus l’impact négatif sur l’entreprise et ses ressources

humaines, et sur le niveau de professionnalisme, lié aux usages des TIC, de

l’ensemble des professionnels tunisiens.

Déjà, le premier dysfonctionnement est le fait qu’au regard des bilans des

formations du CAPJC et des entreprises, les médias écrits, surtout les grands

quotidiens, ont un faible score de formation et de recyclage de leurs

professionnels, eu égard à leurs tailles et à leurs besoins manifestes de

développer leurs produits, de les améliorer et surtout de les adapter aux

multiples opportunités qu’offrent les TIC. (17)

S’il n’y a pas dans le monde de l’entreprise médiatique, surtout privée, d’attitudes

réfractaires notoires concernant l’offre du CAPJC, il semble qu’il y a une sous-

estimation des besoins en formation continue, sinon une perception qui

n’apprécie pas à sa juste valeur ce volet dans le développement de l’entreprise,

en tant qu’investissement rentable à long terme. Il est clair dans certains cas,

que le gestionnaire des ressources humaines voit en la formation continue et la

compression momentanée des personnels qu’elle suppose une menace pour ses

équilibres généraux qui sont fondés, en règle générale, sur des effectifs fort

réduits par rapport à ce qu’une gestion, incluant structurellement la formation

continue, recommanderait et exigerait.

Mais, quelle que soit la motivation, il reste que l’effort de l’État (par le biais du

CAPJC et ses tarifs aménagés et fort compétitifs, par le biais de nombre

d’incitatifs fiscaux, et par l’entremise du mécanisme de ristourne de la taxe à la

formation professionnelle) n’est pas exploité dans toute sa mesure par les

17 Selon une enquête menée par le CAPJC auprès d’un échantillon de 204 journalistes, plus de 90% ont exprimé un besoin de recyclage, mais seuls 32% ont pu bénéficier d’un stage, en deux ans (dont 63% au CAPJC) et près de 35% ont cité comme premier obstacle rencontré à leur formation permanente « le refus de l’employeur ». In « Note de la Direction Générale du CAPJC sur la formation permanente des journalistes. Octobre 2001. (p.9/10).

Page 41: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

41

opérateurs des médias, particulièrement la presse écrite, les éditeurs privés

surtout. (18)

Bénéficiant d’un centre à rayonnement national, régional et continental confirmé

(CAPJC) et de mesures assez aménagées et assez incitatives (taxe à la

formation professionnelle, notamment), les médias tunisiens présentent ce

paradoxe : ils manifestent un faible recours à la formation continue. Or les défis

et les enjeux qu’affronte, en cette phase, le champ communicationnel face aux

TIC se jouent, pour une grande part, sur ce terrain de la formation continue et du

recyclage. On n’a qu’à évoquer le nécessaire passage de l’audiovisuel au

numérique pour s’en convaincre.

En résumé, sur cette importante question, on retient donc que bien que

disposant d’une offre et de mesures encourageantes, l’entreprise médiatique, en

général, (particulièrement l’entreprise privée) ne fait pas de la formation continue

une de ses activités systématiques et régulières alors qu’il s’agit d’un levier

incontournable dans l’appropriation et l’utilisation des TIC.

18 En 1999, les organes de presse tunisiens n’ont contribué, au titre de la taxe à la formation professionnelle (TFP), dans le budget du CAPJC qu’à hauteur de 8,5%. Idem (p.6).

Page 42: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

42

6ème constat : Mise à niveau de l’entreprise et de l’entrepreneurship

En admettant que le champ médiatique tunisien passe par une phase de

profonde mutation du fait de l’introduction des TIC, soutenue par une politique

volontariste des pouvoirs publics, on admet du même coup que l’entreprise a une

mise à niveau à entreprendre. Mise à niveau qui, d’ailleurs, semble accompagner

intimement ces technologies avec un rythme beaucoup plus accéléré que celui

qu’imposaient aux médias les générations des technologies précédentes

(comme le passage de l’impression à chaud à l’impression à froid), quel que soit

le pays ou le contexte du champ en question.

Dans le cas de la Tunisie, cette mise à niveau touche bien entendu, tout d’abord,

à l’équipement.

Au niveau de la presse écrite, de manière dominante, le taux d’équipement en

TIC est moyen et parfois même à la limite du minimum requis, une fois qu’on

dépasse le stade de saisie de textes. Comme c’est souvent le cas dans les pays

de la région, la structuration des tâches de travail reste conforme à la chaîne de

fabrication de l’ère technologique précédente quand la saisie définitive des textes

et la mise en forme de leurs contenus étaient assurées par un personnel de

saisie et de mise en page, souvent moins avisé que les linotypistes d’antan

(secrétaires, dactylos reconverties au clavier électronique sans bagage en règles

typographiques, ni en ponctuation, ni en grammaire…). De sorte que l’outil

informatique, aux mains du journaliste, quand il peut en disposer, sert de simple

« stylo » pour jet de manuscrit …

Dans certaines rédactions – et non des moindres – cette situation confine même

le journaliste, par « culture d’entreprise » ou par tradition de génération, loin de

l’outil informatique, le maintenant dans la traditionnelle tâche de rédiger au stylo

le manuscrit classique, sans aucune familiarisation avec l’outil de saisie ou de

mise en forme.

Seule l’agence TAP, institution pionnière dans l’informatisation de ses

équipements et outils de production, a dépassé ce stade devenu anachronique

Page 43: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

43

au niveau de la saisie de la copie, désormais totalement confiée aux journalistes

rédacteurs de l’agence. Souvent, la gestion et l’organisation du travail sont

décalées, d’une génération technologique, par rapport aux TIC qui peuvent

pourtant, et assez souvent, être présentes dans l’entreprise.

Il en résulte aussi que l’entreprise se retrouve plus encombrée qu’équipée, par

deux ou trois générations de matériels, dépensant plus d’efforts dans des

formules transitoires, hybrides, ou de transferts d’une machine à une autre

(d’une génération à une autre), qu’à exploiter au maximum ses équipements

pour la meilleure production possible… (19)

A ce titre, le service « TAP info » de l’agence TAP reste quand même éloquent,

dans la mesure où, en l’absence d’un site Web, avec Extranet et Intranet, ce

procédé ne fait que reproduire le service télex, sans grands changements pour la

clientèle si ce n’est le fait de recevoir le « fil » sur écran sans les contraintes du

télex (papier, maintenance…)

Cette juxtaposition de générations technologiques, fort handicapante en soi et

sérieux obstacle à un développement conséquent des TIC dans les médias, est

un problème majeur dans le cas de la presse audiovisuelle. Les transferts d’un

matériel à un autre, l’arrêt de production de pièces de rechange d’un matériel

dépassé, la dispersion et l’éclatement d’un volumineux patrimoine sur différents

supports, de différentes générations technologiques, pas toujours compatibles,

posent d’énormes problèmes d’ordre technique, financier et au plan de la

formation des personnels et de leur recyclage. L’heure étant, dans ce secteur de

la radio et de la télévision, au passage systématique au numérique, une mise à

niveau, sur tous ces volets, est un des défis les plus difficiles à relever pour le

pays.

La mise à niveau de l’entreprise médiatique tunisienne, en relation avec les TIC,

est également impérative au plan de la gestion des ressources humaines, de

l’organisation du travail et de la fabrication du produit.

19 Ainsi en est-il d’un grand groupe de presse populaire exploitant un parc informatique où un Pentium « fait bon ménage » avec l’ancêtre Apple IIC…

Page 44: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

44

Au plan des ressources humaines, le constat principal qu’on peut faire est qu’en

moyenne, les rédactions sont d’un effectif réduit, voire même très réduit. Certains

journaux fonctionnent avec trois ou quatre journalistes permanents aidés, à

l’occasion, par des collaborateurs externes plus ou moins bénévoles. (20)

Dans le cas de la presse régionale, l’un des plus anciens groupes de cette

presse, n’emploie aucun journaliste permanent (excepté le fils du fondateur

propriétaire de cette entreprise familiale). (21)

Si de manière générale, les rédactions sont majoritairement dominées par des

diplômés de l’IPSI, force est de constater que la présence féminine y est encore

faible. (22) Ce qui, évidemment, ne milite pas en faveur d’une plus grande

diversification des contenus produits par les médias.

Cette diversification est également handicapée dans le cas de la presse écrite

par la faiblesse – parfois l’absence – de correspondants régionaux et locaux, les

structures moyennes étant principalement des rédactions nationales basées au

siège du journal, dans la capitale Tunis.

A cet égard, l’agence TAP, qui a un réseau étoffé de bureaux et correspondants

régionaux est certainement handicapée dans la diversification de ses contenus

du fait qu’elle n’a pas de correspondants à l’étranger qui alimenteraient sa

production sur l’actualité internationale avec un « regard tunisien », c’est-à-dire,

un traitement à même d’être en phase avec les attentes et les centres d’intérêt

des médias et des publics tunisiens.

Sur le plan de l’organisation du travail, le constat saillant dans la majorité des

médias est l’extrême centralisation de la décision aux mains du premier décideur

qui, engagé personnellement, aux yeux de la loi (responsable de publication),

comme au plan économique (crédit bancaire), estime, sans doute par prudence,

20 Dans le cas du groupe Tunis Hebdo, les journalistes sont appelés à alimenter, en même temps, toutes les publications du groupe dont deux hebdomadaires, des spéciaux dominicaux, en plus de l’édition électronique du groupe. 21 Groupe La Gazette du Sud et Chams Al Janoub, fondé par M. Ali Baklouti et dont le fils, diplômé de l’IPSI, assure la direction du rédactionnel qu’alimentent certaines collaborations externes. 22 Selon une étude publiée par le CREDIF, les professionnelles dans le champ de la presse et de la communication représentaient, en 1998/99 autour de 26%, avec des taux de : 22% dans la presse écrite, de 30% à la TAP et de 40% à l’ERTT.

Page 45: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

45

qu’il doit déléguer le moins possible des responsabilités incombant aux multiples

tâches de l’entreprise. Ce qui réduit considérablement la responsabilisation des

personnels, les journalistes d’abord, artisans des contenus et récipiendaires, en

principe, des TIC et de leurs potentialités. Un centralisme et une

déresponsabilisation qui n’encouragent ni la création ni la recherche, mais, au

contraire, renforcent le conformisme et la reproduction du traditionnel et de tout

ce qui ne heurte ou ne menace ni les désirs ni les intérêts du patron.

Sur le plan de la qualité du produit, alors que les TIC recèlent des chances

formidables d’enrichissement et de diversification, cette organisation

« victorienne », n’encourage ni le journalisme d’investigation, ni l’exploitation des

apports cachés des nouveaux outils (la recherche documentaire sur Internet, par

exemple, ou la confection d’un support électronique… )

En bout de ligne, cette atmosphère n’est fondamentalement pas propice au

développement moderne de l’entreprise et de sa production au moyen des TIC.

On peut comprendre, à partir de ce constat, les réticences à l’investissement, à

la systématisation de la formation continue, à l’augmentation des effectifs, à

l’aventure du multimédia ou l’édition électronique, au Web… « La recette

habituelle » est le maître mot qui détermine, dans ce schéma, la confection du

produit, quitte à faire plier à cette recette et à ses limites conventionnelles un

outil aussi performant que l’ordinateur ou une source d’enrichissement aussi

vaste que le cyberespace.

On peut trouver une explication à cette « culture d’entreprise », encore en retrait

par rapport aux TIC, dans le fait que, de manière générale, la décision et

l’encadrement sont dominés par une génération de professionnels qui se sont

forgés professionnellement bien avant l’ère de l’apparition de ces outils dans les

médias (quadragénaires et quinquagénaires).

Mais quoiqu’il en soit, la mise à niveau globale de l’entreprise ne peut ignorer

l’entrepreneurship, visiblement en manque d’une profonde mise à niveau de sa

capacité décisionnelle dans le recours aux TIC et dans l’élaboration et la

conduite d’une stratégie d’entreprise qui soit adaptée à ces technologies et à

leurs promesses d’avenir.

Page 46: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

46

En conséquence et de manière globale, un impératif de formation de

l’entrepreneur se pose.

Formation au plan du management en général (aspect économie de

l’information) et formation ciblée sur le levier économique que constituent, pour

l’entreprise, les TIC (équipements, gestion, maintenance, encadrement,

renouvellement, investissement). Et enfin formation/initiation à l’utilisation

personnelle – familiarisée et intelligente – des TIC (ordinateur pour gérer,

communiquer, prospecter, s’informer, consulter, se réunir, prendre une décision,

commercer…).

Il y a là un véritable besoin structurel de formation continue chez les

entrepreneurs, patrons, gestionnaires et directeurs de presse visant à sortir

l’entreprise, par la volonté – éclairée et conseillée- de ses décideurs de l’état

actuel dans lequel dominent un sous-équipement critique en TIC et un usage de

ces outils si limité qu’il n’a aucune influence durable et structurelle sur les

pratiques des professionnels, sur la culture de l’entreprise, sur les chaînes de

fabrication, sur les contenus et les produits (dans la presse écrite comme dans la

presse audiovisuelle).

Au préalable, il a y nécessairement une action d’information et de sensibilisation

à conduire pour initier les entrepreneurs, cibles-clés dans la décision, à la

« culture des TIC » et les recruter pour d’éventuels programmes de formation et

d’initiation.

Page 47: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

47

7ème constat : La documentation, élément de contenu marginalisé

Nombreux sont ceux, parmi les décideurs des médias, qui admettent le constat

selon lequel les contenus sont généralement pauvres et peu diversifiés.

Sans oublier d’incriminer les compétences en langues et la formation technique

acquises par le journaliste lors de sa formation universitaire, ils identifient comme

problème majeur et commun à tous dans cette question de contenus, la

dimension des sources en général et celle des sources documentaires en

particulier.

Il est néanmoins symptomatique de relever que souvent les médias regrettent les

faibles contenus que leur offre l’agence nationale d’information et dont tout le

monde suit avec impatience le projet actuel d’informatisation de sa

documentation.

Mais force est de constater que cette sensibilité à l’aspect documentaire, qu’on

peut exprimer ainsi à l’endroit du « grossiste » national, l’agence TAP, ne se

traduit pas, dans la plupart des médias, par l’existence d’une documentation

(physique) propre à l’entreprise, une documentation qui soit riche, organisée et

surtout exploitée, de manière systématique et efficace, par les professionnels

dans la fabrication de leurs contenus.

La même remarque est à faire concernant l’attitude des médias et des

journalistes à l’égard du Centre de documentation nationale (CDN), puisque ce

type de clientèle est celle qui fréquente le moins les services de ce centre et

celle qui fait rarement appel à ses fonds pour « étoffer » ou enrichir les contenus

(attitude habituelle, remarque-t-on au CDN : quand un journaliste consulte, il

précise qu’il le fait à titre personnel, pour les besoins d’un travail universitaire,

par exemple).

Au regard de l’état actuel du CDN (en attente d’un projet d’informatisation de ses

fonds pour qu’ils deviennent consultables à distance et qu’ils soient mieux

encadrés par du personnel nombreux et qualifié en TIC), de la situation du

service de documentation à l’agence (bien que sur le point d’être concrétisé,

Page 48: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

48

avec un récent projet d’informatisation conclu avec l’UNESCO), de la situation

également de ce secteur à l’ERTT (établissement confronté à la complexe et

coûteuse tâche de numériser et de standardiser différentes générations

technologiques de documents et de supports), et enfin, au vu des pratiques de

mise en général parmi les journalistes, et dans la majorité des médias, l’on est

amené à conclure à la nécessité de conduire une mise à niveau générale de la

donne documentaire, dans l’ensemble du champ.

Des partenaires internationaux, comme l’UNESCO, semblent fort disponibles

pour aider à cette mise à niveau, c’est-à-dire, à engager des actions de

promotion d’une « culture de la documentation » parmi les journalistes et

communicateurs, qui romprait avec cette vision dominante qui ne voit d’utilité

dans le recours à une documentation qu’en cas de travail sur le passé et non pas

comme source pour éclairer et crédibiliser une lecture du présent ou une

prospection de l’avenir, ce qui est le propre d’un produit médiatique.

Il s’agit donc d’une perception « culturelle » qui empêche, jusqu’à présent et en

général, les auteurs et décideurs des contenus médiatiques de gérer le

document, le fonds documentaire, les sources documentaires, proches et

lointaines, physiques et cybernétiques, comme formant une composante

indispensable et constitutive du discours médiatique.

Certains entrepreneurs vont jusqu’à demander au monde de la formation de leur

offrir des « journalistes/ documentalistes » ou « documentalistes/journalistes »,

par souci de sortir la documentation de la marginalité dans laquelle les réflexes

et les pratiques de tous les jours la confinent. « S’occuper de la documentation

dans les médias est perçu comme une punition, comme une sanction frappant

les journalistes non performants ». Perception que partagent aussi bien les

dirigeants dans les médias que leurs personnels journalistiques.

Outre ce travail « culturel » et de changement à initier dans les mentalités, à

l’endroit de l’aspect documentaire, on lie souvent cette marginalisation aux

traditions professionnelles du journaliste tunisien qui font peu de place au

journalisme de proximité et au journalisme d’investigation. Là, le débat est nourri

de part et d’autre, entre le monde de l’entreprise et le monde de la formation,

Page 49: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

49

chacun reprochant à l’autre de négliger dans son mandat de tous les jours de

favoriser ces deux genres de journalisme qui sont inconcevables sans

multiplication et sans diversification des sources. Un problème qui interpelle donc

tant les cursus des formations spécialisées que les politiques rédactionnelles des

entreprises.

Il y a, certes, lieu de ne point négliger l’incidence d’autres données et

paramètres de contexte sur la tenue des contenus, de ce point de vue, comme

l’accès, légal, libre et pratique, aux sources, aux documents, à l’information en

général… Mais il y a aussi une sous-exploitation de ce qui est disponible et

accessible et qui, parfois, peut contenir une richesse infinie. Ce qu’offrent, en

l’occurrence, les TIC et l’exploitation d’Internet.

Le recours timide, voire marginal, à de telles opportunités d’enrichissement des

contenus, via le Net, est reconnu par la quasi-majorité des décideurs et

professionnels des médias. Ce qui signifie qu’il y a une disponibilité chez les

acteurs à s’engager volontiers dans une mise à niveau profonde de cet aspect si

spécifique, en termes de diagnostic comme en termes de perceptions et de

pratiques.

Du fait de cette unanimité et de la portée décisive de la donne documentaire sur

l’avenir des contenus et de leur perméabilité aux TIC, les médias tunisiens ont

besoin d’intégrer cet aspect comme un élément d’environnement général. Un

élément développé et entretenu dans l’ensemble du champ, de manière

transversale, érigé en chantier quotidien dans toutes les médias et institutions

partenaires, dans le monde de la formation comme dans celui des institutions

spécialisées (CDN ou autres centres sectoriels) et où le travail documentaire est

essentiel.

Ceci n’exclut pas des mises à niveau verticales, à l’échelle de chaque acteur du

champ. Mais pour que la promotion de la documentation soit conséquente et

bien soutenue dans chacune des entreprises et institutions, il est indispensable

de conduire une action nationale qui encadrerait tous les efforts individuels, afin

de garantir la cohérence, la synergie, l’économie d’échelle dans les équipements

et les coûts de réseautage (procédure fondamentale dans le travail

Page 50: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

50

documentaire) et ancrerait progressivement dans la culture de l’entreprise

médiatique et chez les professionnels l’importance du recours à la

documentation et de son traitement par le biais de ses acquis les plus

modernes : les TIC.

Page 51: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

51

8ème constat : La publicité, un levier à redresser

Levier incontournable dans le développement de tout champ de la

communication qui veut être ouvert, libre et compétitif, la « manne » publicitaire,

dans le cas de la Tunisie, est à la fois un secteur relativement aménagé et un

secteur structurellement désorganisé, à l’instar, d’ailleurs, de ce qu’il en est dans

les pays de la région, notamment au Maroc.

Le secteur est relativement aménagé du fait du rôle que s’y est donné l’État, au

moyen de l’ATCE, agent public d’intervention et de régulation, qui, de l’avis des

entrepreneurs de presse, influe considérablement sur l’économie de l’information

du pays et même sur le processus de développement des TIC en Tunisie.

Gérant de manière exclusive la publicité institutionnelle (les insertions accordées

par les ministères, établissements publics et assimilés), l’ATCE focalise de

manière quelque peu démesurée les attentes des médias privés. Tant les

publications nationales, régionales et locales, se tournent vers cet organisme

pour augmenter leurs recettes publicitaires, alors que - premier paradoxe- la

publicité institutionnelle distribuée par l’ATCE « ne représente à peine que 20%

du marché », selon son DG.

Le deuxième paradoxe est que des titres régionaux s’adressent à l’ATCE qui, de

par son mandat, ne peut faire insérer que des contenus à caractère national

alors que la presse régionale est supposée avoir un impact local, ce qui suppose

qu’elle a tout le loisir de prospecter le marché publicitaire régional et local.

En fait, ce genre de paradoxes inhérents à la place que détient l’ATCE (chargée

surtout de la communication et l’image du pays à l’extérieur), révèle la réalité

profonde du marché publicitaire national (généré à 80 % par des annonceurs

privés) et le type de positionnement qu’y adoptent les entreprises médiatiques

privées.

La réalité du secteur en général est une réalité qui suscite nombre

d’insatisfactions parmi les médias écrits et électroniques surtout. Insatisfactions

Page 52: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

52

qui, in fine, sont traduites en demandes aux pouvoirs publics de procéder à des

actions d’organisation, d’encadrement, de réglementation…

Autrement dit, l’hypothèse d’une autorégulation ou auto organisation de ce

secteur par lui-même ou en collaboration avec les opérateurs médias n’est

nullement en vogue. (23)

Certains appellent à une organisation, voire à un assainissement, du marché

publicitaire privé, de ses pratiques et mécanismes, avec le souci d’assurer une

concurrence loyale, une certaine équité (entre supports écrits et supports

audiovisuels, principalement, mais aussi appuyant quelque peu la presse

régionale et la presse populaire à mieux y accéder).

D’autre part, si, globalement, les titres à faible tirage louent les pratiques de

mise, sous l’égide de l’ATCE, de la publicité institutionnelle ou officielle, on ne

manque pas dans ce secteur de souhaiter une plus large distribution qui

profiterait davantage aux périodiques, à la presse populaire et même aux titres

régionaux. Là, il y a un souhait de dialogue avec l’ATCE, c’est-à-dire avec les

pouvoirs publics, ce qui est à retenir dans le cadre de la concertation globale que

les opérateurs et supports souhaitent conduire avec les pouvoirs publics sur

l’ensemble du marché publicitaire national, afin de le réorganiser et d’y

promouvoir des pratiques et des mécanismes plus profitables à tous, dans la

transparence et la prise en compte des faiblesses spécifiques à telle ou telle

famille de supports (presse écrite, par rapport à la presse audiovisuelle, presse

périodique spécialisée, presse régionale…).

D’un autre côté, l’ATCE a conquis une place et une visibilité de premier plan

dans le secteur de la presse électronique, ayant été à l’origine, par l’aide,

l’expertise ou l’hébergement sur son site Web, des premières éditions de cette

presse dans le pays ( comme le périodique « Réalités »). Une action conduite

sous un mandat d’intérêt public, limité dans le temps, le temps de lancer le

mouvement du passage à l’édition électronique parmi les médias classiques.

Mais ce rôle d’aiguillon lui vaut d’être perçue encore aujourd’hui comme une

23 Ce qui est, comparativement, le cas au Maroc, par exemple.

Page 53: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

53

autorité capable de recevoir et de résoudre les doléances spécifiques à ces

nouveaux médias.

Ceux qui ont déjà lancé des éditions électroniques de leurs journaux ou des

portails d’information, appréhendent avec inquiétude la situation, par exemple,

de « vide juridique » qui affecte encore le secteur de l’insertion publicitaire sur

support électronique. Ce domaine, qui en est à ses premiers balbutiements, est

pour l’instant exploré par quelques acteurs (notamment la presse spécialisée et

certains quotidiens) à titre symbolique, offrant généralement leurs espaces

électroniques gratuitement à quelques annonceurs initiés, dans un but purement

d’image de l’entreprise. Une pratique promotionnelle qui, pour certains, est un

pari sur l’avenir, dans le sens où elle est susceptible d’aider à l’émergence d’une

véritable clientèle d’annonceurs « électroniques », au-delà de la poignée de

précurseurs qui s’y adonnent pour l’instant, sans doute encouragés par la

gratuité de l’offre.

Pour certains jeunes promoteurs de multimédia et START UP, la loi sur le

commerce électronique contient implicitement des règles de conduite et des

normes. Pour d’autres, l’ATCE pourrait donner le modèle à suivre, en distribuant

de la publicité électronique officielle et en décidant des règles et conditions de

ces insertions.

En tout cas, pour la majorité des grands opérateurs médias (quotidiens,

périodiques), le fait que ce type de publicité ne soit pas encore encadré d’un

point de vue réglementaire spécifique et détaillée (tarification, droits et

obligations…), peut nourrir indéfiniment l’hésitation, voire la réticence, dans le

milieu des annonceurs et donc freiner le développement de ce type de

publications et supports dans le pays. Ce qui, par conséquent, rejaillirait sur l’état

global des utilisations et des usages des TIC.

Certes, la Tunisie n’est pas le seul pays (dans sa région, du moins) qui soit dans

une telle situation concernant ce type de publicité, mais il est admis par nombre

d’opérateurs qu’une clarification des règles du jeu dans ce domaine ne pourrait

que profiter à une plus grande dissémination de la « culture électronique » dans

le secteur, particulièrement dans les milieux des annonceurs et des

Page 54: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

54

entrepreneurs de médias, et à une plus grande familiarisation avec les TIC,

parmi l’ensemble des acteurs du champ de la communication nationale.

Mais, tout compte fait, le constat de tels dysfonctionnements et des attitudes

diverses, et parfois contradictoires, qu’elles suscitent chez les différents acteurs,

n’empêchent pas de relever qu’à la base, il y a un problème de vision et de

stratégie d’action chez le décideur média face à ce problème de publicité, entre

autres problèmes.

Apparemment, il y a absence d’une vision qui admettrait que ce problème est

avant tout un problème commercial, relevant de la stratégie d’entreprise, qu’elle

soit écrite, audiovisuelle ou électronique. Ce que soutient fortement l’ATCE.(24)

En effet, si on peut admettre qu’il y a un minimum de réglementation,

d’encadrement et d’organisation que les pouvoirs publics pourraient ou devraient

assurer, on ne peut ignorer que c’est un secteur de conquête de marchés, de

compétition, de prospection, d’investissement, de gestion (de services

commerciaux), de formation (démarcheurs), etc. Car, seule une stratégie

commerciale animée par une telle vision pourrait faire reculer les appels à

l’assistance systématique dans lesquels semblent se confiner les médias en

demandant à l’État (l’ATCE, le plus souvent) de conduire ces stratégies à leur

place comme autorité et comme arbitre dans un secteur naturellement

dépendant de la loi de l’offre et de la demande.

C’est d’ailleurs ce blocage qui semble faire perdurer la stagnation du secteur et

la faiblesse de ses retombées sur les médias, en tant que source importante,

sinon capitale, pour permettre les investissements nécessaires à la

modernisation des entreprises par les équipements en TIC, par le recrutement

de nouvelles compétences, par la diversification des productions, par la

formation et le recyclage des personnels, par la conquête de marchés extérieurs

à la Tunisie.

24 In entretien avec M. Oussama ROMDHANI, DG de l’ATCE.

Page 55: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

55

9ème constat : Une coopération régionale et internationale à recadrer

Le besoin de « recadrer » les opportunités offertes ou potentiellement offertes

par la coopération, ou le partenariat, avec l’étranger, se fait sentir chez les

opérateurs tunisiens à cause principalement des velléités du pays à l’exportation

et de ses potentialités avérées à exporter les produits générés par les TIC et

l’intelligence humaine qu’elle requiert. La structure de l’économie du pays y est

favorable (les exportations interviennent pour 47,6% dans le PIB). (25)

La place du pays dans l’exportation du soft à l’échelle du continent africain et au

niveau du monde arabe, ainsi que l’important effectif de jeunes professionnels en

TIC employés en Europe (France, Belgique, Grande Bretagne, Moyen Orient..),

sont également des éléments favorables à cet égard. Sans oublier la stratégie

globale du développement du pays qui vient s’inscrire dans tous les flux qui

irriguent la mondialisation, de manière multisectorielle et à toutes les échelles.

Le « prolongement naturel » du Maghreb

La première échelle qui intéresse tout naturellement les opérateurs tunisiens est

bien entendu l’échelle maghrébine. Dimension qu’ils invoquent comme

profondeur stratégique de laquelle dépendrait, sur plusieurs registres des

industries de la communication, une viabilité conséquente du marché national et

son réel développement.

Perspective dépendante de la sphère politique (qui encadre cet espace de par le

traité de l’Union maghrébine – UMA – et de par les relations bilatérales du pays),

elle interpelle nécessairement le décideur politique, comme préalable à tout

projet qui émanerait directement du monde des médias et de la communication

tunisiens. Il y a nécessairement un préalable d’aménagement politique à l’échelle

des gouvernements de ces pays, avec ce que cela suppose comme

négociations, mécanismes, cadres formels de coopération, objectifs concertés,

25 Confère annexe 1 et annexe 2 sur données économiques et données du champ médiatique du pays.

Page 56: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

56

mécanismes d’accompagnement, de régulation, sinon de contrôle, de l’initiative

privée, par les gouvernements etc.

Aussi relève-t-on que les opérateurs médias tunisiens, dans leur majorité, se

tournent essentiellement vers le décideur politique afin de lui demander son

appui et son soutien pour que, dans le secteur des médias, les relations

politiques et économiques entre les gouvernements (prioritairement entre la

Tunisie, l’Algérie et le Maroc), facilitent les partenariats, les échanges, la

circulation des produits et des professionnels, les joint-ventures, les dispositifs de

distribution, de formation, de commercialisation … entre les entreprises

médiatiques dans la région.

Tant au niveau des tirages des journaux, de la viabilité des stratégies

commerciales et publicitaires, de la viabilité économique des investissements (en

machinerie, en construction et création de systèmes d’application et

d’exploitation des TIC), que de la formation des ressources humaines et même

de l’enrichissement des contenus, nombreux sont les entrepreneurs et

opérateurs tunisiens qui parient sur l’espace des trois pays. Pari jugé

indispensable pour atteindre les niveaux de compétitivité et de qualité qui

consolideraient le développement de leurs médias, leur passage à l’ère

électronique et numérique et leurs ambitions en matière d’emploi au plan

national et de rayonnement au plan international (dans leurs environnements

« naturels » : l’Afrique, le monde arabe et les pays de la Méditerranée, ces

derniers présentant, entre autres, des potentialités de clientèles importantes

grâce à la diaspora tunisienne, maghrébine et arabe).

Ce raisonnement semble pertinent, quand on examine la stature moyenne de

l’entreprise médiatique tunisienne, (comme l’algérienne et la marocaine). Mais

surtout quand on prend en compte la logique première des nouveaux médias,

fondée sur l’utilisation des TIC : logique d’espace de diffusion et même de

fabrication complètement ouvert sur le monde, sans frontières infranchissables…

L’invite donc est pour le déploiement d’une démarche d’ordre politique qui,

prenant en considération la spécificité du secteur et les perspectives de

développement de l’entreprise nationale, surtout à l’aune des TIC, chercherait à

Page 57: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

57

aménager ou à dégager, avec les deux autres partenaires maghrébins (ou dans

le cadre de l’UMA – notamment lors des rencontres périodiques entre les

ministres de la communication -) plus d’opportunités d’échanges, de coopération

et de partenariats entre les entreprises et institutions médiatiques.

Les rares percées qu’enregistrent jusqu’à présent, dans ce sens, les opérateurs

tunisiens, ont été le fait d’initiatives individuelles (le cas de rencontres de

réflexion entre périodiques économiques, à l’initiative de l’hebdomadaire

« l’Économiste », par exemple, sans appui ou encouragement conséquent de la

part des autorités politiques et gouvernementales des trois pays invoqués). Il est

même symptomatique de constater que quand de telles

initiatives« maghrébines » sont initiées, elles sont réalisées grâce à des appuis

de coopération venues de l’extérieur de la région (organisme européen,

fondation de telle ou telle institution politique européenne…).

C’est dire combien les pratiques entrepreneuriales des médias maghrébins

semblent sous-exploiter et même ignorer le « prolongement naturel » que

constitue, plus que jamais avec les TIC, l’espace de la région, pour leur activité.

Le recours à cette dimension n’est encore qu’épisodique, intervenant à

l’occasion de rares rendez-vous qui célèbrent plus une symbolique de

coopération qu’une réelle et progressive stratégie de déploiement et d’interaction

conséquente et synergique impliquant tous les acteurs de « l’économie de

l’information » dans ces pays.

Le partenariat international

Le pari, légitime et réaliste, sur le Maghreb ne procède nullement, dans l’esprit

de ses défenseurs, d’une vision régionaliste étroite, bien que cette région

présente pour la Tunisie et ses potentialités avérées en le domaine des TIC, des

opportunités variées pour lui servir de tremplin pour rayonner (notamment par

ses exportations) sur le monde arabe et le continent africain, voire sur le pourtour

Page 58: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

58

méditerranéen. L’objectif maghrébin de la « Tunisie numérique » s’inscrit dans

une optique plus large d’ouverture sur le monde. (26)

Sauf que ce souci d’ouverture sur l’extérieur, à des fins de développement des

capacités et des ambitions de l’entreprise médiatique tunisienne, soulève

quelques difficultés rencontrées dans le recours à une coopération étrangère ou

internationale.

D’abord, en règle générale, les opérateurs tunisiens ne sont pas particulièrement

préoccupés par le recours à ce type de coopération, dans leur planification

d’avenir ou de développement. Privilégiant davantage une attitude confiante en

les forces endogènes du pays, et, dans certaines limites, en les promesses de

l’espace maghrébin, ils ont, en général, des doutes sérieux sur l’efficience d’un

tel recours.

Ces doutes procèdent en fait de l’évaluation faite d’expériences de coopération

vécues par certains médias emblématiques (comme l’agence TAP) ou par le

secteur tunisien dans son ensemble. Des expériences qui, quand elles n’ont pas

abouti à des impasses ou à des choix peu judicieux (notamment en matière

d’équipements en TIC – applications, logiciels …), ont souvent pêché de par la

vision qui présidait à leur finalité chez le partenaire étranger :

Une vision « instrumentaliste » qui réduit tout son apport à l’octroi de matériels et de machineries

Une vision « sélective » qui détermine les apports de coopération selon des critères élaborés en dehors des données et objectifs propres au secteur de la communication, au profit d’autres domaines d’évaluation, notamment d’ordre politique.

Néanmoins, sous réserve d’une concordance entre les visions et les choix

partagés quant à la nature, à l’ampleur, à la qualité, à la pertinence et à la durée

d’une intervention de partenariat, les opérateurs médiatiques nationaux seraient

preneurs d’une coopération, de préférence multilatérale (organismes

internationaux – onusiens en tête – ou régionaux, comme l’Union européenne ou

l’Organisation Internationale de la Francophonie) qui leur semble fort 26 « …les projets d’intégration maghrébins et panarabes ont connu récemment une certaine impulsion. Il n’en demeure pas moins nécessaire pour la Tunisie de réfléchir dès à présent sur les stratégies d’intégration régionale à long terme, réflexion à laquelle le système des Nations Unies devrait utilement contribuer ». In « Plan cadre des Nations Unies » op.cit (page 23).

Page 59: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

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souhaitable, voire nécessaire pour renforcer leurs capacités d’utilisation, d’usage

et d’exploitation des TIC. Avec, comme recommandation d’accompagnement, de

privilégier les actions bénéfiques et promotionnelles pour l’entreprise en matière

de ressources humaines (formation), d’expertise technique (audits, diagnostics,

aides à la décision de choix d’investissement et d’acquisition de matériels…), de

soutien à l’ouverture sur la région maghrébine : appui à l’échange d’expertises

dans la région, à l’installation de mécanismes de partenariats entre les

opérateurs des pays de la région, à la promotion d’un marché maghrébin de

supports, de produits, de contenus et de services en matière de TIC (logiciels,

solutions d’application, réseautage, publicité…).

Pour autant, les entrepreneurs et décideurs tunisiens sont conscients qu’une

telle démarche de coopération internationale ne pourrait être efficiente et d’un

impact réel et durable que si, du côté tunisien, le nécessaire est fait pour réduire

fondamentalement une série de blocages d’ordre administratif et procédural. Là,

l’appel est, encore une fois, à une prise en considération, par les autorités

publiques et les rouages décisionnels des administrations (notamment dans les

médias publics), de la spécificité du secteur pour alléger les démarches et

assouplir les règlements. Surtout, en raison des TIC qui nécessitent des délais

fort réduits entre la prise de décision et la mise en œuvre sur le terrain, qui

imposent aussi des changements de cap opportuns (parfois brusques, coûteux

et radicaux), pour qu’on ne soit pas dépassé technologiquement, pour qu’on

reste compétitif ou pour que l’entreprise ne s’enlise pas dans l’entretien d’options

dépassées par le cyberespace (matériels, applications, profils de ressources

humaines, phases intermédiaires dans la chaîne de fabrication…).

En fait, les desiderata des acteurs du champ médiatique tunisien, opérateurs

publics, opérateurs privés, regroupements de professionnels (comme l’ATIM ou

l’AJT), institutions spécialisées de recherche (comme le CREDIF), de

documentation (CDN) ou autres, rejoignent l’objectif global du système onusien

tel que recadré par le PNUD dans l’accord de partenariat conclu avec le

gouvernement tunisien au titre du Xème Plan de développement du pays : «Il ne

s’agit donc plus aujourd’hui pour le PNUD d’apporter à la Tunisie une assistance

Page 60: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

60

technique classique. L’objectif est plutôt, dans un contexte de mondialisation et

de transitions multiples, d’aider le pays à maîtriser son avenir grâce à une

meilleure appréhension d’un environnement international en mutation accélérée

et une assimilation des compétences et du savoir nécessaires à son

développement.».(27)

Un tel objectif appelle néanmoins l’adoption d’une démarche fondée sur une

large concertation et d’une planification où le long terme détermine et inspire le

court terme qui, pour l’instant, semble focaliser démesurément les projets des

uns et des autres, au point de réduire et de déformer la vision de l’avenir de la

« Tunisie numérique ».

27 In Document DP/CCF/TUN2. CA. PNUD/FNUAP.op.cit. (p.8).

Page 61: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

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10ème constat : Démarche de concertation et planification à long

terme

Au plan de la coopération aussi bien avec l’extérieur qu’à l’intérieur du champ

national des communications, un constat global s’impose pour révéler un certain

manque de concertation large et profonde et une indéniable déficience de la

planification à long terme qui, si elle semble guider les interventions des pouvoirs

publics, est généralement faible ou même absente au niveau de chacun des

autres acteurs impliqués dans le champ.

Particulièrement dans le monde de l’entreprise où le court terme prédomine dans

la gestion de l’entreprise et toute incitation ou mesure étatique s’y soumettent et

sont perçues et exploitées en fonction. Il est sûr que cela rejoint le déficit

indéniable des entrepreneurs en matière de management et de gestion

économique de l’entreprise, que celle-ci relève du secteur public ou du secteur

privé. Mais on peut dire que, la volonté politique étant pressante, aiguillonnant

sans cesse les secteurs du champ et les acteurs, le réflexe du court terme

motive davantage qu’il n’en faut les réactions, les perceptions, les projets et les

actions. D’ailleurs, cette prédominance du court terme n’est pas sans relation

quasi dialectique avec le cloisonnement, sans impact synergique, qui affecte, in

fine, l’ensemble de la stratégie d’intervention des pouvoirs publics dans le

champ.

En fait, ce constat revient à une problématique de démarche ou d’approche, du

moment qu’une planification stratégique, appliquée à différents acteurs, à

différents niveaux et avec, en plus, un souci d’harmonisation, voire de

mobilisation collective, exige de la concertation, le dialogue et la négociation.

C’est dans ces termes qu’on peut conclure à un problème d’approche. Par leurs

comportements, dominés par les objectifs à court terme, et par leurs discours,

trop sectoriels, étroitement collés à la réalité singulière de leur propre entreprise,

les acteurs et opérateurs ne sont manifestement pas habitués à dialoguer entre

eux, à se concerter, à échanger leurs informations et leurs expériences … Le

Page 62: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

62

même déficit semble marquer assez profondément les rapports qu’établissent

avec l’État et les pouvoirs publics, chacun des acteurs, chacune des catégories

d’acteurs ou l’ensemble des médias et institutions impliqués dans le champ.

Il y a donc une dynamisation du dialogue et de la concertation à mener tous

azimuts, car le pays dispose d’un certain nombre de mécanismes et d’instances

qui ont, en principe, ce type de mandat : le Conseil Supérieur de la

Communication, la Direction générale de l’information au Premier Ministère, les

sièges réservés au monde de l’entreprise dans les instances décisionnelles du

monde de la formation (IPSI, CAPJC)… (28)

L’omniprésence de l’État et de ses interventions volontaristes, les différents

mécanismes et courroies de transmission installés entre les diverses parties du

champ, devraient profiter à une systématisation du dialogue, à des tables de

concertation et de négociation qui sont indispensables pour pouvoir orchestrer

tous les objectifs du pays en le domaine, pour animer, avec l’efficience et les

équilibres requis, une stratégie nationale globale, tout en apportant soutien,

correction et expertise, aux stratégies individuelles et catégorielles des uns et

des autres. Le but ultime étant d’aboutir à une planification à long terme qui soit

concertée, claire et source d’inspiration pour tout acteur.

De par leurs enjeux économiques et socioculturels, leur rythme de mutation

technologique, et les impacts de leurs utilisations et usages sur les structures du

champ global de la communication et sur les produits et contenus, les TIC

nécessitent impérativement cette démarche continue de concertation et de

coordination qui garantit, entre autres mesures de sécurité et de réussite, la

flexibilité dans les ajustements, le décloisonnement entre les stratégies

sectorielles, et l’optimisation des moyens et ressources du pays, selon une

logique d’économie d’échelle et à l’abri d’impasses coûteuses (choix

d’équipements erronés, par exemple) ou d’objectifs irréalistes.

28 Pour simple éclairage, on peut évoquer le cas du Maroc où, sur dix ans, cette démarche de large concertation a été fortement installée, par deux grands Etats Généraux (1993 et 2003), mais avec des résultats concrets fort limités de l’avis de la quasi majorité des acteurs (gouvernement compris), la preuve étant le fait qu’une stratégie nationale globale et concertée reste toujours un objectif à atteindre, objet de débats depuis une décennie.

Page 63: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

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Blocs d’activités pour une stratégie nationale

du développement des TIC

dans le monde des médias

Plan d’action

Page 64: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

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A partir du diagnostic de la situation du champ des médias et des TIC, limité à

dix constats majeurs, on peut déduire des éléments constitutifs d’une stratégie

nationale, intégrée et ré articulée en fonction d’une nouvelle « priorisation » des

problèmes et des solutions qu’ils appellent et tenant compte de la phase assez

délicate par laquelle passe actuellement la « Tunisie numérique ».

Cette stratégie, que structure un plan d’action, doit être guidée par sept objectifs

globaux dont l’ensemble doit s’inscrire dans un long terme comme référentiel et

comme guide d’inspiration pour toute activité inscrite dans cette stratégie et pour

tout acteur du champ ou partenaire associé à la mise en œuvre.

A. Objectifs globaux de la stratégie

1. Renforcer, momentanément, le rôle pivot rempli jusqu’à présent par

l’État en veillant à ce qu’il s’ouvre progressivement sur des partenariats

nationaux, par l’association à ses décisions, planifications et

interventions, des autres acteurs, notamment du secteur privé.

En développant les impulsions de l’État dans cette perspective, on doit en

promouvoir le rôle de manière sélective, c’est-à-dire en fonction du

problème posé ou de l’aspect abordé, et selon que son intervention est

souhaitée comme acteur incitateur, défricheur, coordonnateur, facilitateur ou

catalyseur.

L’input ultime recherché, à travers cet objectif, est de faire durer le rôle de

locomotive joué par l’État dans l’émergence de la « Tunisie numérique », le

temps que tous les acteurs procèdent à leur mise à niveau et deviennent des

sources d’initiatives relayant l’État et capitalisant au mieux la synergie

recherchée à travers la mise en œuvre d’une stratégie nationale intégrée et

concertée.

Pour que cette mutation soit menée à bon port, il revient à l’État, en cette

phase, d’arrimer, de la manière la plus complète, les médias publics

Page 65: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

65

dont il a la charge totale, à l’ère des TIC dans toutes leurs dimensions

(équipements, accès Internet, utilisation, applications, usages, contenus,

formation, création, documentation, réseautage, rayonnement et

exportation…).

2. Renforcer la culture et les rouages de dialogue et de concertation entre

tous les acteurs du champ, et, tout particulièrement, entre les pouvoirs

publics et le reste des acteurs. Une concertation qui doit animer le champ

en amont comme en aval des décisions prises par les institutions

constitutionnelles (Présidence, Gouvernement, Parlement). User, en

conséquence, de toutes les formes porteuses de débats, de consultation,

de concertation et de négociation dans le but de construire des

partenariats, des contrats programmes, des conventions collectives ou

toutes formes d’engagements partagés : séminaires, journées d’études,

tables de concertation, audiences publiques ou ciblées, groupes de travail

multipartites, de conseil et d’expertise, etc. La démarche systématique doit

être une démarche multi-sectorielle, cherchant toujours à élargir la

concertation et l’implication de toute partie concernée directement ou

indirectement, par la question examinée.

3. Promouvoir et diffuser, au sein du monde de l’entreprise, une « culture

numérique » adaptée aux spécificités du monde des médias et des TIC

en développant, au sein de l’entreprise, la planification stratégique et la

programmation à long terme, l’évaluation, la formation, la responsabilisation,

la concertation, la recherche et l’innovation, les techniques commerciales, les

techniques avancées de fabrication de contenus, en exploitant au

maximum les possibilités offertes par les TIC comme la documentation, la

numérisation, la mise en réseau…

4. Pousser à nouer plus de liens organiques entre le monde de l’entreprise

et le monde de la formation (initiale et continue), en encourageant les

accords et conventions, en associant chaque partie à certaines des

activités et planifications de l’autre, en outillant les deux d’instruments de

Page 66: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

66

mesure, d’évaluation, de veille et d’ajustement pour suivre les mutations

technologiques, les fluctuations du marché de l’emploi, l’adéquation des

formations avec les emplois et les nouveaux métiers, les nouveautés en

matière d’apprentissage et de pédagogie et pour aplanir au maximum

toutes les cloisons d’ordre administratif et procédural (notamment au

niveau du recrutement des professionnels par l’Université). Sachant que

ces cloisons séparent les deux mondes et les empêchent d’échanger

expériences et ressources humaines.

5. Ériger la question des ressources humaines en priorité constante chez

tout acteur du champ en veillant à ce que ces ressources soient toujours

au cœur des plans d’action et des projets de développement des TIC et

des entreprises médiatiques et assimilées; en faisant bénéficier ces

ressources de toute mesure et mode d’organisation qui favoriseraient

davantage de participation aux décisions de l’entreprise, une plus

équitable présence de la femme, une plus large responsabilisation, une

plus régulière formation et une plus grande liberté pour l’initiative et la

création.

6. Aménager et irriguer un environnement favorable au développement

des TIC dans le monde des médias, en développant de manière

transversale et à l’intérieur de chaque secteur professionnel, notamment au

moyen des TIC et du cyberespace :

♦ La recherche, l’archivage et la documentation active

♦ La créativité et la prospective

♦ L’information, le réseautage et la sensibilisation de l’ensemble des

professions.

7. Dégager pour la « Tunisie numérique » des opportunités de

développement et de rayonnement dans ses environnements

régionaux : le Maghreb, l’Afrique, le Monde Arabe et l’espace méditerranéen,

en favorisant et en soutenant les partenariats, les joint-ventures, la circulation

des cadres et experts, la « délocalisation » d’activités au profit de pays

Page 67: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

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partenaires dans ces espaces, l’implication des compétences tunisiennes

expatriées, l’émulation des créateurs nationaux et le recentrage de la

coopération internationale sur ces ambitions régionales et

continentales de la Tunisie.

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B. Blocs d’activités

Par référence aux sept objectifs ainsi dégagés, et tenant compte des dix

constats majeurs retenus dans le diagnostic de la situation des TIC dans les

médias, on peut désigner comme blocs d’activités, qui sont autant d’objectifs

spécifiques de la stratégie proposée, une vingtaine au total.

1. Confier au Conseil Supérieur de la Communication, dans son nouveau

rôle d’observatoire des médias, et en concertation avec les départements

concernés (Ministère des Technologies de la Communication et des

Transports notamment), le mandat d’héberger et d’animer une Commission

ad hoc, à large participation, chargée de concevoir une stratégie

nationale de développement des TIC dans le monde des médias, de

planifier sa mise en œuvre, de la budgétiser, d’en suivre les étapes et

l’évaluation et de susciter autour d’elle la mobilisation et la synergie des

efforts de tous les acteurs et parties concernées par l’évolution des TIC et

des médias en Tunisie.

Cette instance ad hoc veillera, en tout cas, à ce qu’elle représente tous

les acteurs et secteurs concernés, à évaluer son propre travail

régulièrement (tous les six mois, au maximum) et à faire mettre l’accent sur

la formation des ressources humaines.

Cette sorte de « comité stratégique » pourra générer des stratégies,

coordonner les interventions des pouvoirs publics, prospecter, informer,

accompagner les opérateurs par l’expertise et le conseil, proposer au

politique les réformes et les ajustements et impulser les rayonnements et les

exportations tunisiennes en matière de médias et de TIC, à l’extérieur du

pays. Y attribuer aussi le mandat d’un « guichet unique » pour

l’investissement, le crédit (avec l’API), la commercialisation et

l’exportation (avec le Cepex).

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69

2. Confier à un groupe d’experts juridiques, d’opérateurs représentatifs et

de spécialistes du champ de la communication, la tâche de procéder à une

revue systématique de tous les textes législatifs et réglementaires

régissant les activités du champ, avec l’objectif d’harmoniser ces textes, de

les mettre à jour et de proposer de nouveaux encadrements adaptés aux

nouveautés des TIC et à leurs prévisibles transformations en termes de

droits et obligations, de formes de supports et de contenus, de métiers… A

cet effet, ce groupe aura à examiner à très court terme et dans la

concertation la plus large avec toutes les parties :

La révision de certaines dispositions du code de la presse, dont

celles relatives au droit de parution pour une personne morale et

non physique (avec, bien entendu, une obligation légale

d’existence d’un « directeur responsable de la publication ») ;

La définition d’une nomenclature des métiers des médias et des

TIC qui pourra être adoptée par les employeurs et les professionnels

du champ.

Le balisage du secteur de la publicité et son adaptation aux TIC.

3. Doter l’ensemble des intervenants dans le champ de la communication d’un

support d’information qui consigne, dans le détail, toutes les mesures,

textes législatifs et réglementaires de référence ainsi que les

mécanismes générés par les pouvoirs publics en appui au

développement des médias et des TIC. Ce support peut se présenter sous

forme de kit constitué d’un Précis imprimé et d’un CD (en arabe et en

français), en plus d’un hébergement électronique, consultable à distance,

auprès d’une instance gouvernementale de coordination, comme la Direction

Générale de l’Information auprès du Premier Mministre qui, de par son

mandat, consigne ce type d’informations et en assure l’explication et la

diffusion. Dans ce support, on inclura un traitement explicatif, insistant sur

les complémentarités et les synergies possibles entre les différentes

mesures étatiques.

Page 70: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

70

4. Élaborer et conduire une stratégie nationale grand public d’information,

de vulgarisation et de sensibilisation visant à populariser le recours aux

TIC et à donner plus de visibilité à certains des dispositifs clés mis à la

disposition de certaines catégories par les pouvoirs publics, notamment

les jeunes, comme les fonds d’aide à l’investissement, à la formation et à la

création de PME (Fonds « 21/21 », « 26/26 ») ou comme les technopôles, les

clubs ou foires Internet, les espaces multimédia pour enfants…

5. Au niveau de la formation de base, après la nouvelle réforme de l’IPSI et

en partant des nouvelles grilles de formation, il serait judicieux, à très court

terme, de charger un groupe de travail de mettre à plat les programmes

détaillés dispensés au niveau de chaque cours ou TD, de les passer en

revue afin de déceler les lacunes, éviter les doublons et mieux assurer

l’adéquation entre formation et emploi et l’intégration des TIC dans le

monde du journalisme et de la communication.

Ce groupe, conformément à une démarche de large concertation, devra

être représentatif, avec l’expertise requise, des personnels de l’IPSI, de

l’université, des médias écrits, audiovisuels et électroniques, des sociétés

de publicité, des professionnels des contenus virtuels, du CAPJC et des

principales corporations du champ (journalistes, éditeurs, promoteurs de

supports multimédia). Le groupe aura à réexaminer :

Les modalités et conditions d’accès à l’IPSI en relation avec

l’impératif d’une capacité d’accueil et d’encadrement

pédagogique de qualité (seuil viable des inscriptions, pré-requis

exigés, accès sur concours ou non…)

Les contenus détaillés de la formation et les méthodes

pédagogiques, en étroite relation avec les opportunités et les

nouveautés qu’apportent les TIC, ainsi qu’avec les demandes du

marché de l’emploi.

Élargir davantage, dans le cursus de formation au journalisme, les

options de spécialisation pour promouvoir notamment, le

journalisme de “ localier ”, le journalisme d’investigation, le

Page 71: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

71

journalisme scientifique, le journalisme électronique et les

techniques de rédaction, de recherche (documentaire et de terrain) et

de mise en forme que chacun de ces types de journalisme exige.

Réadapter les contenus et les méthodes d’apprentissage dispensés

dans les modules relatifs à la maîtrise des langues, en fondant ces

enseignements sur l’utilisation des TIC pour en exploiter, au

maximum, les possibilités d’interactivité, de recherche, et

d’apprentissage à distance qu’elles permettent.

Préparer un projet d’accord-cadre entre l’IPSI et le monde des

médias nationaux et régionaux portant sur les stages des

étudiants en cours de formation et sur les stages pré emploi, en

intégrant la période de stage au système d’évaluation de l’étudiant à

l’IPSI et en attribuant à l’entreprise des prérogatives d’ordre

pédagogique et d’évaluation à cet effet.

Promouvoir une plus large implication des professionnels et du

monde de l’entreprise dans la vie de l’IPSI, aux plans des contenus

de formation, de l’encadrement pédagogique, de l’élaboration de

projets d’avenir et de stratégies, de l’accès des lauréats au marché de

l’emploi, en réaménageant et assouplissant, dans ce but, les

procédures et les modes de recrutement et de rémunération des

professionnels du secteur.

Ouvrir les horizons du monde de travail aux diplômés de l’IPSI (et de

l’enseignement supérieur en général) par l’organisation de cycles de

formation spécialisés (DESS), en partenariat avec la profession, et

dont les contenus, les méthodes d’apprentissage et les audiences

sont choisis sur la base du recours le plus large possible aux TIC

et avec le souci d’adapter les profils, formés à ces technologies et

aux métiers qu’elles génèrent (secrétariat de rédaction, mise en

page et édition électronique, Web master, designer, infographe,

compograveur, communicateur publicitaire, relationniste, attaché de

presse, spécialiste de médias scolaires, de médias locaux, spécialiste

Page 72: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

72

des techniques de traitement et de recherche documentaire,

notamment sur le Net…).

Développer un enseignement à distance, via le Net, qui soit ciblé

sur différentes clientèles (y compris les professionnels ), à

l’intérieur comme à l’extérieur de la Tunisie. Interactif et payant, cet

enseignement pourra générer des ressources pour l’IPSI et constituer

un support de liaison, d’échange et de veille pour que l’institut et

ses cadres restent en contact permanent avec leurs clientèles

potentielles, avec les milieux professionnels et avec les

nouveautés des TIC. Cet enseignement, intégré aux activités

pédagogiques quotidiennes de l’institut, peut être aussi le meilleur

espace pour entretenir la culture des TIC au sein de l’IPSI et en

amplifier l’intérêt aux yeux de tous les personnels de l’établissement.

Dégager au sein des structures et des activités de l’IPSI, une unité de

recherche qui, comme laboratoire d’essai et de création,

s’occuperait d’améliorer continuellement les contenus, les

pédagogies, les usages et applications des TIC à l’apprentissage

et aux productions des médias, dans le but d’en faire profiter l’IPSI

mais aussi d’en tirer des produits à commercialiser dans le monde

de la formation et de la formation continue comme dans le monde

des médias (logiciels, solutions d’applications, kits de modules ciblés

pour recyclage en entreprise, etc. …).

6. Au niveau de la formation permanente, sensibiliser, de manière générale,

l’entreprise médiatique à se doter, dans son organisation interne, d’une

structure permanente chargée de la formation (département, service…)

avec une planification annuelle des besoins de formation permanente de

toutes les catégories de personnels et une meilleure rentabilisation des

ressources offertes par le système de la Taxe à la Formation

Professionnelle; favoriser la conclusion d’un accord-cadre entre le monde

de l’entreprise et la principale institution de formation continue du pays,

le CAPJC, afin, d’une part, d’assurer une plus grande régularité du recours

Page 73: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

73

des entreprises à la formation permanente et au perfectionnement, et d’autre

part, afin de consolider le CAPJC dans la régularité de ses ressources

propres, d’élargir ses capacités d’intervention et d’encadrement et de

renforcer, enfin, son rayonnement, à l’échelle régionale, notamment

maghrébine où, déjà, il peut prétendre, de par ses acquis, à devenir un

centre maghrébin de perfectionnement en matière de médias.

7. Réviser les conventions collectives du secteur en vue de rendre

obligatoire la formation permanente d’au moins 25% des personnels de

l’entreprise et de la valider pour l’introduire, en plus de l’ancienneté, parmi

les critères de promotion afin de motiver les personnels ;

8. Monter et déployer, avec l’appui de la coopération bilatérale et

multilatérale, un programme de mise à niveau de la formation et des

connaissances des patrons de presse et entrepreneurs médias, sur tous

les registres des activités de l’entreprise et tout particulièrement sur :

Les stratégies d’investissement et de financement

Les choix et stratégies d’équipements, notamment en TIC

Les stratégies commerciales pour tous les types de supports et de

produits (produits électroniques compris)

La gestion des ressources humaines et les plans de formation

continue

La gestion et l’exploitation des sources documentaires dont les

sources du cyberspace

L’informatisation de toutes les relations à l’intérieur de l’entreprise

(mise en réseau, Intranet, courrier électronique…)

Ce programme doit combiner des rendez-vous d’information et de

formation (séminaires, journées d’études, conférences, ateliers de

démonstration) mais également des visites guidées dans des entreprises

performantes, sur un ou plusieurs de ces registres, notamment en Europe,

au Maghreb et ailleurs selon les possibilités offertes par la coopération

bilatérale ou internationale.

Page 74: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

74

9. Monter, dans le cadre du CAPJC, et en partenariat avec les entreprises de

presse (Association des Directeurs de Journaux, ERTT, TAP…) et

l’Association des journalistes tunisiens (AJT) un programme pluriannuel de

formation des journalistes à l’Internet (consultation, recherche, traitement,

connaissance de la “ topologie ” du cyberespace), avec des modules

spécifiques consacrés à la recherche et l’exploitation des sources

documentaires via le Net.

10. Au niveau de la documentation écrite : à travers une large concertation et

sous la tutelle des pouvoirs publics, construire et mettre en œuvre un

schéma directeur national en matière de documentation de presse

consultable et exploitable en ligne par les médias.

Dans ce schéma, le CDN (Centre de Documentation Nationale), couplé avec

la documentation de l’Agence TAP, pourra constituer le cœur d’un système

national d’archivage et de documentation exploitable via le Net.

Ce schéma devra également comporter, au niveau de chaque entreprise

média, un volet sensibilisation des opérateurs afin que chacun se dote

d’une documentation propre, de préférence électronique et ouverte sur toutes

les sources physiques et virtuelles.

11. Comme première étape de ce programme de travail, inviter les autorités de

tutelle et le partenaire international (l’UNESCO) à accélérer

l’informatisation de la documentation de l’agence TAP, en confiant à un

comité ad hoc de suivi cette mise en œuvre, avec l’impératif d’accélérer

aussi les programmes de formation des journalistes et des

documentalistes qui accompagnent ce projet dans le but de faire bénéficier

au plus vite les contenus de la production des richesses de la

documentation via le Net. Ce qui nécessite aussi d’assurer un accès large

et continu à l’Internet pour tous les journalistes et documentalistes de

l’agence.

12. A des fins d’émulation et d’encouragement, lancer un concours national

parmi les créateurs de logiciels et de solutions informatiques, au moyen

d’un partenariat entre les opérateurs nationaux et la coopération

Page 75: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

75

internationale (UNESCO notamment) dans le but d’outiller les médias et les

TIC de logiciels spécifiques à la gestion, la formation, l’exploitation et le

traitement (notamment des contenus et des sources documentaires,

internes à l’entreprise et externes). Envisager l’exportation des créations

performantes dans les pays de la région (Maghreb et Afrique francophone,

notamment).

13. Au niveau de la documentation audiovisuelle, relancer et réaliser d’une

manière urgente le projet d’Institut National des Archives Audiovisuelles

(radio, télé et cinéma) afin de sauvegarder, numériser et traiter la

mémoire audiovisuelle et cinématographique du pays menacée par la

déperdition et par le changement de normes techniques et moyens de

lecture; veiller à former, dans ce cadre, les ressources humaines

compétentes à même de sauvegarder, d’exploiter et de traiter cette

documentation et de la rendre disponible aux producteurs et aux chercheurs.

14. À partir de l’expérience pilote de la phonothèque de la radio régionale

de Sfax ou celle de radio Monastir, appuyer l’ERTT, par un partenariat

impliquant des expertises internationales, dans un projet de création d’un

logiciel adapté à l’ensemble du réseau radio du pays pour archiver et

exploiter électroniquement les différents documents sonores disponibles

dans les chaînes nationales et dans les chaînes régionales.

15. Procéder d’urgence à une mise à niveau des ressources humaines et

outils informatiques du CREDIF, par le moyen d’un montage de partenariat

(impliquant l’UNESCO, partenaire traditionnel du Centre) afin de :

Étoffer et moderniser le parc informatique du Centre

Soutenir le recrutement de profils permanents en documentation, en

études et recherches, en communication et journalisme

Désenclaver le Centre par sa mise en réseau avec les médias et

centres similaires (ou travaillant sur le Genre)

Aider le Centre à promouvoir la présence, le travail et la promotion de

la femme dans les médias, et à remplir au mieux son mandat

Page 76: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

76

d’observatoire de la condition de la femme, notamment dans le large

champ des communications

Régénérer le site Web du Centre pour le rendre interactif, pour en

enrichir et élargir les contenus et pour le doter au moins d’un (e) Web

master permanent (e)

Rechercher un sponsoring permanent, acceptable pour le Centre en

terme d’image et de crédibilité, pour prendre en charge les frais de

fabrication des supports du Centre et d’organisation de certaines de

ses activités de sensibilisation et d’information : revue, études, plaquettes,

ateliers de formation, visites, conférences, séminaires, site Web…

16. Inscrire auprès du PNUD et de l’UNESCO, avec un partenariat national,

comme suite à la présente étude, une étude systématique sur les CAP et

attentes de tous les journalistes et communicateurs tunisiens à l’endroit

des TIC. Cette étude peut prendre la forme d’une enquête utilisant différents

instruments méthodologiques : mailing, entretien par questionnaire,

dynamique de groupe… Elle visera à identifier tous les blocages qui

expliquent le faible usage actuel des TIC par les journalistes et

communicateurs.

17. Avec la participation du monde de la formation (IPSI et CAPJC), du monde

des médias écrits et de l’édition électronique, des instances publiques

spécialisées (Conseil supérieur de la communication, Direction générale de

l’information au Premier ministère notamment) et des corporations (AJT,

Associations des Directeurs de journaux, ATIM) organiser des journées

d’études nationales consacrées aux problèmes et perspectives de la

presse régionale (contenus de proximité, publicité locale, marketing,

recrutement et formation continue). Une rencontre à laquelle on peut associer

d’autres acteurs importants pour la promotion de cette presse, comme les

secteurs de la publicité, des annonceurs (annonceurs privés et ATCE), de la

banque et du crédit… Le but étant d’aboutir à un agenda concerté

comprenant les mesures et actions à déployer par chaque partie

Page 77: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

77

impliquée pour développer davantage cette presse, et son pendant, la

presse locale.

18. Avec l’appui et le parrainage du gouvernement, du PNUD et de l’UNESCO,

organiser des journées d’information, de sensibilisation et de débats à

l’adresse du secteur privé de la banque et du crédit, dans le but de

promouvoir son apport au développement des investissements dans le

champ des médias et des TIC. Ces journées peuvent générer un accord

cadre par lequel ce secteur s’engage à donner plus de flexibilité et

d’adaptation à ses politiques au profit tout particulièrement des jeunes

promoteurs dans le domaine du multimédia et de l’édition électronique.

19. Organiser, avec l’appui des agences onusiennes (et, si possible, l’Union du

Maghreb arabe) des missions d’information et de prospective dans les

pays du Maghreb, au profit des opérateurs médias tunisiens (notion

d’“ Équipe Tunisie numérique ”), en vue de monter des partenariats et des

échanges permanents, et en vue aussi de constituer avec les partenaires

maghrébins des pôles d’activités communes susceptibles de rayonner

(par l’exportation) sur les champs communicationnels environnants

(Afrique, Monde arabe, Méditerranée).

20. Lancer, à court terme, un portail destiné, par ses contenus et ses

services, à mettre en contact les opérateurs et les professionnels des

médias et des TIC dans les pays du Maghreb. Le concevoir comme un

espace pour la circulation de l’information entre les champs des

communications de ces pays, pour donner de la visibilité aux contenus

des médias maghrébins, pour organiser des forums thématiques entre

décideurs de médias, entre professionnels et journalistes, entre formateurs…

Pour élargir les marchés nationaux (distribution de presse, publicité…).

Avec l’appui de l’UNESCO, cet outil d’intégration régionale, fera appel, pour sa

conception et son lancement, à une équipe de spécialistes des pays de la

région qui peut, dans un premier temps, être limitée à de l’expertise de deux ou

trois pays.

Page 78: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

78

C. Récapitulatif du Plan d’Action – Tableaux synoptiques

Les vingt axes d’action retenus sont liés aux sept objectifs globaux, ou

stratégiques, désignés au sortir des dix constats majeurs du diagnostic, et

peuvent être récapitulés comme ci-après.

Page 79: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

79

1. Activités par objectif stratégique

Axes d’action :

Une commission ad hoc de suivi stratégique des TIC ou « comité stratégique » (auprès du Conseil supérieur de la Communication)

Révision/harmonisation/adaptation des textes législatifs et réglementaires

Dispositif (kit) de supports d’information/vulgarisation des mesures incitatives de l’État

Campagne nationale de sensibilisation aux usages des TIC

Axes d’action :

Programme d’information et de formation de l’entrepreneur

Schéma directeur national de la documentation médias et pour les médias

Mise en œuvre accélérée de l’informatisation de la documentation de la TAP avec programmes de formation

Programme de formation des journalistes sur Internet et sur la documentation via le Net

Concours national de création de logiciels spécifiques aux médias et aux TIC

Logiciel d’application de gestion et d’exploitation de la documentation sonore des chaînes radio

Relance du projet de l’Institut National de l’Audio-visuel

Mise à niveau des ressources et outils du CREDIF

Journées d’études sur la presse régionale

2ème objectif

Culture d’entreprise arrimée aux TIC

1er objectif

Rôle de l’État, moteur, coordinateur ouvert et catalyseur

DIALOGUE

-

CONCERTATION

-

NÉGOCIATION

Page 80: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

80

Journées d’études sur l’investissement et le crédit bancaire et accord-cadre avec les médias

Portail maghrébin pour réseautage des opérateurs et professionnels.

Axes d’action :

Revue des programmes de l’IPSI (accord cadre avec les médias sur les stages / cycles DESS / laboratoire de recherche)

Structure permanente de la formation continue au sein de l’entreprise et accord cadre avec le CAPJC

Formation continue obligatoire dans les conventions collectives et critère de promotion des personnels

Axes d’action :

Structure permanente de la formation continue au sein de l’entreprise et accord cadre avec le CAPJC

Formation continue obligatoire dans les conventions collectives et critère de promotion des personnels

Programme de formation des journalistes sur l’Internet et sur la documentation informatisée

Étude CAP sur les journalistes et communicateurs : blocages et attentes face aux TIC

4ème objectif

Priorité des ressources humaines (participation,

responsabilisation, motivation)

3ème objectif

Liens organiques entre le monde de la formation et le monde de

l’entreprise

DIALOGUE

-

CONCERTATION

-

NÉGOCIATION

Page 81: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

81

Axes d’action :

Schéma directeur national de la documentation médias et pour les médias

Mise en œuvre accélérée de l’informatisation de la documentation de la TAP avec programmes de formation

Programme de formation des journalistes sur Internet et sur la documentation via le Net

Concours national de création de logiciels spécifiques aux médias et aux TIC

Logiciel d’application de gestion et d’exploitation de la documentation sonore des chaînes radio

Relance du projet de l’Institut National de l’Audio-visuel

Mise à niveau des ressources et outils du CREDIF

Étude CAP sur les journalistes et communicateurs : blocages et attentes face aux TIC

Journées d’études sur la presse régionale

Journées d’études sur l’investissement et le crédit bancaire et accord-cadre avec les médias

Axes d’action :

Missions d’information et de prospective des entrepreneurs dans les pays du Maghreb

Portail maghrébin pour réseautage des opérateurs et professionnels.

6ème objectif

Promotion de la « Tunisie numérique » à l’extérieur

5ème objectif

Un environnement favorable : recherche, documentation,

création, prospection, réseautage, sensibilisation, solidarité

intersectorielle

DIALOGUE

-

CONCERTATION

-

NÉGOCIATION

Page 82: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

82

Comme on le voit, l’objectif – transversal – de « dialogue, concertation,

négociation », est un objectif permanent, poursuivi dans tous les axes

d’action, c’est-à-dire, en combinaison avec chacun des six autres objectifs

stratégiques.

D’un autre côté, certains des blocs d’activité peuvent concerner plus d’un objectif

stratégique, ce qui explique l’apparition, ici, de certains axes dans deux objectifs

ou plus. Idem dans l’examen, ci-après, des axes d’action selon les constats du

diagnostic.

Page 83: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

83

2. Activités par constat de diagnostic

Face aux dix constats majeurs de diagnostic retenus, les vingt blocs d’activités

proposés peuvent être ordonnés comme ci-après.

1er Constat : Mesures cloisonnées et peu publicisées

Axes d’action :

1) Une commission ad hoc de suivi stratégique des TIC ou « comité stratégique » (auprès du Conseil supérieur de la Communication)

2) Révision/harmonisation/adaptation des textes législatifs et réglementaires

3) Dispositif (kit) de supports d’information/vulgarisation des mesures incitatives de l’État

4) Campagne nationale de sensibilisation aux usages des TIC

5) Programme d’information et de formation de l’entrepreneur

6) Journées d’études sur la presse régionale

7) Journées d’études sur l’investissement et le crédit bancaire et accord-cadre avec les médias

8) Missions d’information et de prospective des entrepreneurs dans les pays du Maghreb

9) Portail maghrébin pour réseautage des opérateurs et professionnels.

2ème Constat : Spécificités du champ pas assez prises en compte.

Axes d’action :

1) Une commission ad hoc de suivi stratégique des TIC ou « comité stratégique » (auprès du Conseil supérieur de la Communication)

2) Révision/harmonisation/adaptation des textes législatifs et réglementaires

3) Revue des programmes de l’IPSI (accord cadre avec les médias sur les stages / cycles DESS / laboratoire de recherche)

4) Structure permanente de la formation continue au sein de l’entreprise et accord cadre avec le CAPJC

Page 84: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

84

5) Formation continue obligatoire dans les conventions collectives et critère de promotion des personnels

6) Programme d’information et de formation de l’entrepreneur

7) Schéma directeur national de la documentation médias et pour les médias

8) Étude CAP sur les journalistes et communicateurs : blocages et attentes face aux TIC

9) Journées d’études sur la presse régionale

10) Journées d’études sur l’investissement et le crédit bancaire et accord-cadre avec les médias

11) Missions d’information et de prospective des entrepreneurs dans les pays du Maghreb.

3ème Constat : L’obstacle du statut légal de l’entreprise

Axes d’action :

1) Une commission ad hoc de suivi stratégique des TIC ou « comité stratégique » (auprès du Conseil supérieur de la Communication)

2) Révision/harmonisation/adaptation des textes législatifs et réglementaires

3) Journées d’études sur la presse régionale

4) Journées d’études sur l’investissement et le crédit bancaire et accord-cadre avec les médias

4ème Constat : Le retrait du crédit bancaire privé

Axes d’action :

1) Une commission ad hoc de suivi stratégique des TIC ou « comité stratégique » (auprès du Conseil supérieur de la Communication)

2) Révision/harmonisation/adaptation des textes législatifs et réglementaires

3) Dispositif (kit) de supports d’information/vulgarisation des mesures incitatives de l’État

4) Campagne nationale de sensibilisation aux usages des TIC

5) Journées d’études sur la presse régionale

6) Journées d’études sur l’investissement et le crédit bancaire et accord-cadre avec les médias

Page 85: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

85

5ème Constat : Fossé entre le monde de la formation et l’entreprise

Axes d’action :

1) Une commission ad hoc de suivi stratégique des TIC ou « comité stratégique » (auprès du Conseil supérieur de la Communication)

2) Révision/harmonisation/adaptation des textes législatifs et réglementaires

3) Dispositif (kit) de supports d’information/vulgarisation des mesures incitatives de l’État

4) Campagne nationale de sensibilisation aux usages des TIC

5) Revue des programmes de l’IPSI (accord cadre avec les médias sur les stages / cycles DESS / laboratoire de recherche)

6) Structure permanente de la formation continue au sein de l’entreprise et accord cadre avec le CAPJC

7) Formation continue obligatoire dans les conventions collectives et critère de promotion des personnels

8) Programme d’information et de formation de l’entrepreneur

9) Étude CAP sur les journalistes et communicateurs : blocages et attentes face aux TIC

10) Journées d’études sur la presse régionale

11) Portail maghrébin pour réseautage des opérateurs et professionnels.

6ème Constat : Mise à niveau de l’entreprise et de l’entrepreneurship

Axes d’action :

1) Une commission ad hoc de suivi stratégique des TIC ou « comité stratégique » (auprès du Conseil supérieur de la Communication)

2) Dispositif (kit) de supports d’information/vulgarisation des mesures incitatives de l’État

3) Programme d’information et de formation de l’entrepreneur

4) Structure permanente de la formation continue au sein de l’entreprise et accord cadre avec le CAPJC

Page 86: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

86

5) Formation continue obligatoire dans les conventions collectives et critère de promotion des personnels

6) Schéma directeur national de la documentation médias et pour les médias

7) Concours national de création de logiciels spécifiques aux médias et aux TIC

8) Logiciel d’application de gestion et d’exploitation de la documentation sonore des chaînes radio

9) Relance du projet de l’Institut National de l’Audio-visuel

10) Mise à niveau des ressources et outils du CREDIF

11) Étude CAP sur les journalistes et communicateurs : blocages et attentes face aux TIC

12) Journées d’études sur la presse régionale

13) Journées d’études sur l’investissement et le crédit bancaire et accord-cadre avec les médias

14) Missions d’information et de prospective des entrepreneurs dans les pays du Maghreb

15) Portail maghrébin pour réseautage des opérateurs et professionnels.

7ème Constat : La documentation, élément de contenu marginalisé

Axes d’action :

1) Une commission ad hoc de suivi stratégique des TIC ou « comité stratégique » (auprès du Conseil supérieur de la Communication)

2) Dispositif (kit) de supports d’information/vulgarisation des mesures incitatives de l’État

3) Campagne nationale de sensibilisation aux usages des TIC

4) Revue des programmes de l’IPSI (accord cadre avec les médias sur les stages / cycles DESS / laboratoire de recherche)

5) Structure permanente de la formation continue au sein de l’entreprise et accord cadre avec le CAPJC

6) Formation continue obligatoire dans les conventions collectives et critère de promotion des personnels

7) Programme d’information et de formation de l’entrepreneur

8) Schéma directeur national de la documentation médias et pour les médias

9) Mise en œuvre accélérée de l’informatisation de la documentation de l’agence TAP avec programmes de formation

Page 87: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

87

10) Programme de formation des journalistes sur Internet et sur la documentation via le Net

11) Concours national de création de logiciels spécifiques aux médias et aux TIC

12) Logiciel d’application de gestion et d’exploitation de la documentation sonore des chaînes radio

13) Relance du projet de l’Institut National de l’Audio-visuel

14) Mise à niveau des ressources et outils du CREDIF

15) Étude CAP sur les journalistes et communicateurs : blocages et attentes

16) Journées d’études sur la presse régionale

17) Portail maghrébin pour réseautage des opérateurs et professionnels.

8ème Constat : La publicité, un levier à redresser

Axes d’action :

1) Une commission ad hoc de suivi stratégique des TIC ou « comité stratégique » (auprès du Conseil supérieur de la Communication)

2) Révision/harmonisation/adaptation des textes législatifs et réglementaires

3) Dispositif (kit) de supports d’information/vulgarisation des mesures incitatives de l’État

4) Campagne nationale de sensibilisation aux usages des TIC

5) Revue des programmes de l’IPSI (accord cadre avec les médias sur les stages / cycles DESS / laboratoire de recherche)

6) Structure permanente de la formation continue au sein de l’entreprise et accord cadre avec le CAPJC

7) Formation continue obligatoire dans les conventions collectives et critère de promotion des personnels

8) Programme d’information et de formation de l’entrepreneur

9) Journées d’études sur la presse régionale

10) Journées d’études sur l’investissement et le crédit bancaire

11) Missions d’information et de prospective des entrepreneurs dans les pays du Maghreb

12) Portail maghrébin pour réseautage des opérateurs et professionnels.

Page 88: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

88

9ème Constat : Une coopération régionale et internationale à recadrer

Axes d’action :

1) Une commission ad hoc de suivi stratégique des TIC ou « comité stratégique » (auprès du Conseil supérieur de la Communication)

2) Révision/harmonisation/adaptation des textes législatifs et réglementaires

3) Campagne nationale de sensibilisation aux usages des TIC

4) Revue des programmes de l’IPSI (accord cadre avec les médias sur les stages / cycles DESS / laboratoire de recherche)

5) Structure permanente de la formation continue au sein de l’entreprise et accord cadre avec le CAPJC

6) Formation continue obligatoire dans les conventions collectives et critère de promotion des personnels

7) Programme d’information et de formation de l’entrepreneur

8) Schéma directeur national de la documentation médias et pour les médias

9) Mise en œuvre accélérée de l’informatisation de la documentation de l’agence TAP avec programmes de formation

10) Programme de formation des journalistes sur Internet et sur la documentation via le Net

11) Concours national de création de logiciels spécifiques aux médias et aux TIC

12) Logiciel d’application de gestion et d’exploitation de la documentation sonore des chaînes radio

13) Relance du projet de l’Institut National de l’Audio-visuel

14) Mise à niveau des ressources et outils du CREDIF

15) Étude CAP sur les journalistes et communicateurs : blocages et attentes face aux TIC

16) Missions d’information et de prospective des entrepreneurs dans les pays du Maghreb

17) Portail maghrébin pour réseautage des opérateurs et professionnels.

Page 89: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

89

10ème Constat : Démarche de concertation et de planification à long terme

Chacun des vingt blocs d’action est à déployer selon cette démarche

recommandée qui doit consacrer le dialogue, la concertation, la négociation et la

planification selon cette vision qui intègre la portée stratégique du long terme.

Page 90: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

90

3. Échéancier et Partenariat

Il est entendu qu’il reviendra aux instances publiques qui encadrent la stratégie

globale de développement du champ des médias et des TIC, de décider

précisément et de l’échéancier et des formes de partenariat à déployer pour la

mise en œuvre. Cela pourrait intervenir après validation et recommandation du

« Comité Stratégique » proposé, sur la base, par exemple, des suggestions ci-

après.

Échéancier.

L’échéancier qu’on pourrait retenir pour le lancement de ces vingt activités, et

pour leur mise en œuvre, serait lié, à la fois à la nature de ces activités et leurs

différentes pertinences sur la réalisation de l’ensemble de la stratégie, et, dans

une certaine mesure, au terme de l’actuel Xème plan de développement

économique du pays (2002-2006) et dans la perspective du XIème plan.

En prenant le terme de 2006 pour une échéance de mi-parcours, c’est-à-dire un

moyen terme, on peut retenir une période de 18 à 24 mois comme court terme

pour achever celles de ces actions dont la mise en œuvre peut être aisément

enclenchée, parce qu’il y a déjà sur le terrain un processus en cours (cas de

l’informatisation de la documentation de l’agence TAP, par exemple) ou parce

qu’elles sont déterminantes pour la suite du plan d’action et pour la mise en

œuvre d’autres activités plus lourdes (cas du « comité stratégique » pour la

validation et le suivi de cette stratégie, ou cas de l’action de sensibilisation et

d’implication du secteur bancaire et du crédit). En conséquence, ce court terme

aurait comme échéance entre décembre 2004 et juin 2005, car il est souhaitable

que le virage de cette stratégie soit pris et visible avant le rendez-vous mondial

de novembre 2005 en Tunisie.

Pour le long terme, il doit concerner des actions qui, soit exigent une lourde

technicité à réunir (comme la révision des textes législatifs et réglementaires ou

le schéma directeur national de la documentation médias), soit nécessitent de

longs processus de concertation et de négociation (comme l’intégration, de façon

Page 91: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

91

permanente, de la formation continue dans les structures de l’entreprise), ou

encore parce qu’elles doivent durer dans le temps pour atteindre une

accumulation efficiente (cas de la mise à niveau de la formation des

entrepreneurs ou de la campagne nationale de sensibilisation aux usages des

TIC).

Court terme (échéance décembre 2004/juin 2005 : 15 à 24 mois)

Une commission ad hoc de suivi stratégique des TIC (auprès du Conseil supérieur de la Communication)

Dispositif (kit) de supports d’information/vulgarisation des mesures incitatives de l’État

Étude CAP sur les journalistes et communicateurs : blocages et attentes face aux TIC

Journées d’études sur la presse régionale

Journées d’études sur l’investissement et le crédit bancaire et accord-cadre avec les médias

Mise en œuvre accélérée de l’informatisation de la documentation de l’agence TAP avec programmes de formation

Mise à niveau des ressources et outils du CREDIF

Moyen terme (échéancier fin 2006 : 36 à 40 mois)

Revue des programmes de l’IPSI (accord cadre avec les médias sur les stages / cycles DESS / laboratoires de recherche)

Programme de formation des journalistes sur Internet et sur la documentation via le Net

Concours national de création de logiciels spécifiques aux médias et aux TIC

Logiciel d’application de gestion et d’exploitation de la documentation sonore des chaînes radio

Relance du projet de l’Institut National de l’Audio-visuel

Portail maghrébin pour réseautage des opérateurs et professionnels.

Missions d’information et de prospective des entrepreneurs dans les pays du Maghreb

Page 92: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

92

Long terme, échéancier : depuis octobre 2003, 40 mois et plus – Xème et

XIème plan de développement (2006-2010)

Révision/harmonisation/adaptation des textes législatifs et réglementaires

Campagne nationale de sensibilisation aux usages des TIC

Programme d’information et de formation de l’entrepreneur

Structure permanente de la formation continue au sein de l’entreprise et accord cadre avec le CAPJC

Formation continue obligatoire dans les conventions collectives et critère de promotion des personnels

Schéma directeur national de la documentation médias et pour les médias

Page 93: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

93

Programmation des activités

Activités

Court terme

Déc.2004 Juin.2005

Moyen terme

Fin 2006

Long terme

Xème/XIème

Plan

1) Comité stratégique

2) Kit de sensibilisation

3) Étude CAP sur les journalistes

4) Journées presse régionale

5) Journées banque / accord cadre avec médias

6) Documentation TAP

7) Ressources CREDIF

8) Revue programme IPSI / accord-cadre stages / DESS / laboratoire

9) Formation sur Internet

10) Concours N. Logiciels médias/TIC

11) Logiciel doc. radios

12) Relance projet Institut Nat. AV

13) Portail maghrébin

14) Missions Maghreb

15) Révision juridique

16) Campagne nationale usages TIC

17) Formation de l’entrepreneur

18) Structure formation continue

19) Formation continue obligatoire

20) Schéma directeur documentation

Page 94: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

94

Partenariats

Au plan de la détermination des acteurs qui auront la charge de réaliser chacune

des vingt activités, la recommandation pourrait être de privilégier au maximum le

montage de partenariats, sachant que, forcément, pour chaque type d’activité il y

aura un intervenant maître d’œuvre (premier habilité et/ou premier concerné),

des intervenants clés (de l’apport desquels dépend fondamentalement la

réalisation) et des intervenants associés ou à associer (ayant une part d’intérêt

dans la réalisation d’un objectif ou dont l’apport soutiendrait un élément favorable

d’environnement à l’objectif visé). Cette catégorisation ou différenciation des

niveaux d’intervention et de responsabilité (aux plans financier, technique ou

d’encadrement et d’accompagnement) doit répondre à la nécessité de parier sur

les partenariats, les solutions concertées, les efforts partagés (au plan national et

entre le national et l’étranger), afin de soutenir la stratégie par une large

mobilisation et une constante synergie à l’échelle de tout le champ des

communications tunisien.

Cette approche permettrait aussi de rencontrer l’objectif de coopération tel que

recadré par le système onusien (PNUD) et le gouvernement tunisien : un

accompagnement et un appui au plan des stratégies et non une classique

assistance technique. (29)

Ceci étant, tant le dialogue que le plan d’action, reflétant tous les deux les

déclarations des 41 décideurs interrogés, dégagent une prééminence indéniable

de la place et du rôle que devront jouer trois acteurs dans les mutations

actuelles, et à venir, des médias et des TIC, et de la relation entre les deux, à

savoir :

L’État

Le monde de l’entreprise

Le monde de la formation

29 Confère CA. PNUD/FNUAP. Doc/CCF/op,cit

Page 95: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

95

Ces trois acteurs, appelés à dialoguer, à se concerter, au maximum, et à

multiplier les partenariats entre eux, ont trois contenus déterminants pour la

réussite de leurs propres objectifs et pour bien implanter l’échafaudage de

l’ensemble de la stratégie, à savoir :

La formation

La documentation

Le choix des solutions concertées et ouvertes sur le reste des acteurs

Veillant à privilégier dans leurs efforts coordonnés ce triptyque, au plan qualitatif,

les trois principaux acteurs s’appuieront sur l’allié premier de la stratégie, le

système onusien (PNUD et UNESCO en tête), mais aussi sur d’autres

partenaires, à l’échelle du bilatéral, du régional ou de l’international, soit des

partenaires ayant une tradition de coopération avec la Tunisie des médias et des

TIC, soit de nouveaux alliés à conquérir.

Quant aux acteurs nationaux, il s’agira d’en faire, dès le départ, des alliés

fortement impliqués, par le moyen d’une sensibilisation tous azimuts, et surtout

grâce à la démarche d’ouverture et de concertation recommandée.

Page 96: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

96

Blocs d’activités par partenariat

: Maître d’œuvre – : Partenaire clé – : Partenaire associé

Axes d’activité

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ser*

1) Comité stratégique

2) Kit de sensibilisation

3) Étude CAP sur les journalistes

4) Journées presse régionale

5) Journées banque / accord-cadre avec médias

6) Documentation TAP

7) Ressources CREDIF

8) Revue programmes IPSI / Accord Stages / DESS / Laboratoire

9) Formation sur Internet

10) Concours Logiciels médias/TIC

11) Logiciel doc. Radios

12) Relance projet Institut Nat. AV

13) Portail maghrébin

14) Missions Maghreb

15) Révision juridique

16) Campagne nationale

17) Formation de l’entrepreneur

18) Structure formation continue / accord cadre avec CAPJC

19) Formation continue obligatoire

20) Schéma directeur doc.

* : On peut citer au plan multilatéral : l’UMA, la Banque Mondiale, l’Union Européenne, l’Union Africaine, l’Organisation Internationale de la Francophonie, l’ALESCO, l’ISESCO, l’UER, l’ASBU; au plan bilatéral, les pays du Maghreb, les pays de la méditerranée, plus l’Allemagne et la Belgique, les Medias, les écoles et instituts spécialisés, les regroupements professionnels (éditeurs, imprimeurs, journalistes…)

Page 97: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

97

Annexes

A. Fiche monographique

B. Fiche sur le champ des communications

C. Liste des décideurs interviewés

D. Bibliographie & Webographie

Page 98: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

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A. Fiche monographique

Indicateurs de contexte national (30)

Surface : 162 155 km2

Population : 9,673 millions

Femmes : 49,6%

Croissance démographique : 1,14%

Espérance de vie : 72,9 ans

Taux d’analphabétisme : 24,7% (pour les 10 ans et plus)

Population scolarisée : 2 548 448

Monde urbain : 62%

PIB : près de 30 milliards de DT (1 DT = 0,9$ US)

Part des exportations dans le PIB : 47,6%

PNB : près de 29 milliards de DT

PNB/habitant : 2847 DT

Taux de pauvreté : 4,2%

SMIG : 200,5 DT.

30 Sources : Publications et site de l’ ATCE (www. tunisie.com); site de l’Institut National de la Statistique (www.ins.nat.tn). Données de 2001.

Page 99: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

99

B. Fiche sur le champ des communications

Indicateurs du champ global des communications (31)

1. Médias

a) Presse écrite

♦ Titres nationaux : 244 (2002, 91 en 1987)

♦ Titres étrangers : 858 (415 en 1987)

♦ Agence TAP :

16 bureaux régionaux

fil sur ordinateur (TAP info)

informatisation des rédactions

satellite pour réception et diffusion

b) Audiovisuel

♦ TV : 2 chaînes nationales publiques :

« Canal 7 » (généraliste) : - sur satellite européen depuis

novembre 92

- 100 heures de diffusion/semaine dont 65% de production

nationale

Canal 21 : chaîne « jeunes » (depuis 1994), 90% de

production nationale

Centre de production TV à Sfax et unités mobiles dans

certaines radios régionales : à Monastir, Kef, Gafsa,

Tataouine (informations et petites productions pour

alimenter la chaîne nationale)

31 Sources : DGI au 1er ministère; Agence tunisienne de l’Internet www.ati.tn; www.ministères.tn; www.infocom.tn; Agence de promotion de l’industrie (API) : www.tunisieindustrie.net.tn

Page 100: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

100

♦ Radio

Chaîne publique nationale en langue arabe : 24h/24

Chaîne publique internationale : diffusion 18H/24, 7 jours/7

en 4 langues (français, allemand, italien et anglais)

Chaîne radio pour jeunes (depuis 1995). Diffusion 18H/24

Cinq radios régionales : Sfax, Monastir, Gafsa, Le Kef et

Tataouine

c) Corps des professionnels

♦ Journalistes détenteurs de la carte professionnelle : 951 (2002; 671

en 1992)

♦ Association des journalistes tunisiens (AJT) : 820 adhérents

♦ Association des éditeurs de presse

♦ Association tunisienne de l’Internet et du multimédia (ATIM)

2. Publicité

♦ Enveloppe globale (2002) : 50 millions de DT

♦ Part de la publicité officielle gérée par l’ATCE : 20%

3. Multimédia et Internet

a) Dates

♦ 1989, un nœud EARN/BITNET a été installé en utilisant une liaison X.25.

♦ 1991, la Tunisie a été le premier pays arabe et Africain connecté à Internet à travers l'Institut régional des sciences informatiques et des télécommunications (SOTETEL-IT) avec une connexion IP sur une ligne X. 25avec l'Institut nationale pour la recherche en informatique appliquée (INRIA) en France.

♦ 1993, le réseau national de recherche et de technologie (RNRT) a été créé pour connecter les centres de recherche Tunisiens.

♦ Jusqu'à 1995, l'utilisation de l'Internet était restée dans un environnement académique. Quelques centres de recherches et universités avaient une connexion IP.

♦ En mars 1996, l'Agence tunisienne d'Internet (ATI) a été créée pour promouvoir les services Internet et la technologie réseau en

Page 101: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

101

Tunisie et servir d'opérateur. Des institutions tunisiennes ont commencé à lancer des sites Web d'information générale sur la Tunisie. Deux journaux lancent des versions électroniques de leurs livraisons quotidiennes.

♦ Août 2001 Inauguration d'une boucle destiné à accroître la capacité d'accès à Internet via des câbles sous-marins en fibres optiques et accroissement de la bande passante internationale à75 ,5 Kbps.

♦ Le Réseau national universitaire (RNU) qui connecte 87 universités dont 21 connectées par LS et qui est géré par le Centre de Calcul Khawarizmi

♦ Le réseau EDUNET, qui connecte les 337 lycées secondaires (100% des lycées) et40 % des collèges préparatoires est géré par l'INBMI. Avant la fin de l'an 2000, le réseau permettra de connecter les collèges restants et 550 des4441 écoles primaires réparties sur tout le territoire tunisien. On projette de connecter toutes les écoles primaires vers la fin de2002

♦ Le Réseau national de recherche et de technologie (RNRT) a été créé en 1993 et il connecte aujourd'hui les 22 Centres de recherche scientifique. Ce réseau est administré par SOTETEL-IT.

b) Équipements et utilisation

F.S.I. Type de liaison Nombre de contrats

Comptes emails

Nombre des utilisateurs(*)

RTC monoposte 18.554 38.860 76.500 RTC multipostes - - - X25 - - - ADSL 40 175 600 RNIS 184 580 3.300

FSI privés

Lignes spécialisées 406 3.025 12.000

F.S.I. Type de liaison Nombre de contrats

Comptes emails

Nombre des utilisateurs(*)

RTC monoposte 1.250 2.050 4.000 RTC multipostes 52 117 250 X25 2 10 100 ADSL 2 11 50 RNIS 11 34 100

Agence Tunisienne d'Internet

Lignes spécialisées 106 1.800 3.500 (*) Nombre estimé

Page 102: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

102

Tableau récapitulatif

Nombre de contrats 22.168

Nombre des comptes emails 82.208

Nombre des utilisateurs 534.900

Nombre des publinets 281

♦ 281 Publinets : 30 000 utilisateurs

♦ 17,5 ordinateurs/100 habitants (décembre 2002) contre 4,6 en 1992

♦ 66 352 « ordinateurs familiaux » acquis dont 15 190 subventionnés

par la banque tunisienne de solidarité

4. Téléphonie

♦ Lignes fixes : 16,6/100 habitants (septembre 2002) contre 4,6 en

1992

♦ GSM : Tunisie Télécom : 900 000

♦ 2ème opérateur GSM (privé) : Tunisiana, depuis décembre 2002

(objectif de 500 000 pour 2003).

Page 103: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

103

C. Liste des décideurs interviewés

Liste des 41 décideurs et cadres interviewés dans 21 institutions

(Chronologie du 27 janvier au 9 février et du 7 au 16 Avril)

1. L’Agence TAP: M. Mohamed Benazzedine. PDG

2. Le groupe La Gazette du Sud (Sfax) :

♦ Ali Baklouti. Directeur fondateur

♦ M. Anis BAKLOUTI , Rédacteur en Chef, Directeur de

« Symphony » (Design& Communication).

3. Direction Générale de l’Information (1er Ministère) : M. Mohamed Zine

Amara. Directeur Général

4. Conseil Supérieur de la Communication : M. Mustapha Hassan. Président

5. L’Association des journalistes tunisiens (AJT) : M. Mohamed Bensaleh.

Président

6. Commission nationale de l’UNESCO :

♦ Mme Fatma Tarhouni. SG

♦ M. Ahmed Benabdallah. Chef du Service Unesco

7. L’Institut de Presse et des Sciences de l’Information (IPSI) :

♦ M. Mohamed Hamdane. Directeur

♦ M. Ahmed Lamine Aoussa. Directeur des Études

♦ M. Ahmed Al Hajji. Secrétaire général

8. L’Association des Directeurs de journaux : M. Tijani Haddad. Président.

(Président de la Commission des affaires politiques et des relations

extérieures à l’Assemblée nationale).

9. Établissement de Radiodiffusion télévision tunisienne (ERTT) :

♦ M. Mohamed Gontara. DG des chaînes de télévision

♦ M. Rachid Mabrouk. Coordinateur des informations à la radio-

télévision

Page 104: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

104

♦ M. Mohsen Dahmouni. Directeur des équipements techniques de la

TV

♦ Mme Inas Gdoura. Responsable du plan informatique de l’ERTT.

♦ M. Naji Chaari. Ex Directeur du Centre de Formation Continue

(CFC) de l’ERTT.

♦ Mme Ilhem Chaari. Directrice du CFC/ERTT

10. Groupe Dar Assabah :

♦ M. Raouf Cheikhrouhou. DG

♦ Mme Fatma Cheikhrouhou. Directrice des relations extérieures.

11. Groupe La Presse / Assahafa : M. Moncef Gouja. PDG (un premier

entretien en cette qualité avant qu’il ne soit désigné, un mois après, à la

tête du quotidien Al Horria)

12. Centre de la documentation nationale (CDN) :

♦ M. Mohamed Mahfoud. DG

♦ Mme Raja Hajji. Chef du département de la communication

♦ M. Obba Nejib, M. Belhassen Hassan et Mme Dridi Kaaouther.

Cadres.

13. Groupe Réalités :

♦ M. Taïb Zahar. PDG

♦ M. Zyed Krichen. SG de la Rédacteur

14. Groupe L’Économiste maghrébin & Le Manager : M. Hedi Mechri.

Directeur fondateur

15. Groupe Tunis Hebdo & Al Akhbar : M. Walid Ben Youssef. Coordinateur

exécutif, fils du directeur fondateur.

16. Le Centre Africain de Perfectionnement des Journalistes et

Communicateurs : M. Ridha NAJAR. DG.

17. Entreprise multimédia « Web Design ». M.Nader YAMOUN. DG.

18. Entreprise multimedia « MRS ».M. Moez SOUABNI, DG, Président de

l’Association Tunisienne de l’Internet et du Multimédia (ATIM).

19. L’Agence Tunisienne de Communication Extérieure (ATCE) :

♦ M. Oussama ROMDHANI, DG.

Page 105: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

105

♦ M. Salem Saada,Directeur de la Coopération

20. Radio régionale de Sfax :

♦ M. Abdelkader AGUIR. Directeur.

♦ Mme Nda Chaari, Responsable de la formation continue

♦ Le responsable de la cellule Informatique et Internet

♦ Le responsable de la phonothèque

21. Centre de Recherches, d’Etude, de Documentation et d’Information sur la

Femme (CREDIF) :

♦ Mme Bouthaïna GRIBAA, Directrice Générale

♦ Mme Emna SOULA, Directrice de la Communication.

Page 106: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

106

D. Bibliographie & Webographie

1- Ouvrages et rapports institutionnels « Plan Cadre des Nations Unies pour l’aide au développement, Tunisie 2002-2006 ». Publication Nations Unies. Bureau de coordination résident en Tunisie. UNDP

Document DP/CCF/TUN2. Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour le développement et du Fonds des Nations Unies pour la population. « Deuxième cadre de coopération avec la Tunisie ». Nations Unies. 12 novembre 2001.

« Projet de recommandation sur la promotion et l’usage du multilinguisme et l’accès universel au cyberespace et rapport au Directeur Général ». Document Unesco (31C/25. 27 Juillet 2001- Conférence Générale, 31ème session, Paris 2001). « Les connexions du savoir en communication : pour combler l’écart entre la formation et l’emploi en communication » Avril 99. Etude mondiale réalisée en 1999 par le Réseau ORBICOM, en collaboration avec l’Unesco, l’ACDI et Global Knowledge Parternership, à l’occasion d’une conférence internationale organisée à Montréal sur « L’écart entre formation et emploi en communications. Montréal. 1999. « Information Societies: Crises in the making? Diagnostic and strategies for intervention in seven world regions » et « Les nouveaux partenariats de la communication à l’aube du 21ème siècle, stratégies de gouvernance, de technologie, d’emploi et d’apprentissage à long terme ». Publications Orbicom. Montréal. 1999. Code de la presse. Publications du Secrétariat d’Etat à l’information. Tunis. 1994 (Arabe et Français). « Introduction au droit de l’information et de la communication en Tunisie », par Mohamed Hamdane. Publications IPSI. Tunis.1996 (en Arabe; 500 pages). « Le droit de l’information en Tunisie », par Mohamed Hamdane. Publications CNUDST. Tunis. 1989 (en français, 413 pages). « Presse, radio et télévision en Tunisie », par Fethi Houidi et Ridha Najar. Maison Tunisienne de l’Edition. Tunis. 1983 (331 pages). « Economie de l’information en Tunisie », par Mustapha Masmoudi. Publications Dar Essabah. Tunis.1975 (210 pages). « Les paradoxes des technologies de l’information, productivité, emploi, formation », par Hadj Benyahia. Publications Orbicom/Unesco. Montréal. 2000 (120 pages).

Page 107: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

107

Publications du CAPJC à l’occasion de son 20ème anniversaire (Février 2003). Plaquettes et CD. Tunis.2003. « La formation permanente des journalistes : note de la Direction Générale ». Document CAPJC. Tunis. Octobre 2001(15 pages). « L’utilisation d’Internet dans les radios et télévisions arabes », par Dr. Ridha Najar. Publications de l’ASBU. Tunis. 2002 (en Arabe; 100 pages). « Francophonie et enjeux des Inforoutes, le cas du Maghreb », par Ridha Najar. Publications de l’ACCT (OIF). Paris. 1996.

2- Documents internes aux Institutions « Réalisations du secteur de l’Information » (1987-2002). Document interne. DG – 1er Ministère (avril 2003, en arabe). « A propos des mesures incitatives aux institutions publiques du secteur des technologies de l’information et de la communication ». Document interne. Ministère des Technologies, de la Communication et du Transport (mars 2003). « Note sur le projet du Plan d’action de l’observatoire national de la communication ». Document interne. Conseil Supérieur de la Communication (juillet 2002, en arabe). « Bilan de la formation de l’ERTT, saison 1999-2000 ». Document du Département de la formation de l’ERTT. « Projets de formation ERTT, années 2002, 2003, 2004 ». Document du Département de la formation de l’ERTT. « 20 ans de formation radio et télévision à Damas ». Document du Centre de formation de l’ASBU, par Dr. Haidar Yazidi (Directeur du Centre). Février 2003. « Nomenclature des métiers télécommunication, multimédia et Internet ». Étude d’opportunité par CCM Consulting Group. Septembre 2001.

3- Journal Officiel de la République Tunisienne (JORT) du :

♦ 2 juin 1988 : Loi 88-61 portant code de la TVA. ♦ 7 août 1990 : Loi 90-76 portant création de l’ATCE. ♦ 15 décembre 92 : Loi 92-117 relative à la protection du consommateur. ♦ 19 février 93 : Loi 93-10 portant loi d’orientation de la formation professionnelle. ♦ 6 août 93 : loi organique 93-85 portant amendement du « Code de la Presse ». ♦ 27 décembre 93 : Loi 93-120 portant code d’incitation à l’investissement. ♦ 25 novembre 94 : Décret 94-2372 fixant le barème d’octroi des ristournes sur la taxe de

formation professionnelle. ♦ 11 juin 96 : - Décret 96-1046 portant création du Conseil supérieur de l’informatique et des

télécommunications - Décret 96-1047 fixant les attributions du Secrétariat d’État auprès du Premier Ministre chargé de l’informatique.

Page 108: Les TIC: une nouvelle opportunité pour le développement des

108

♦ 2 juillet 96 : Décret 96-1137 portant modification du décret relatif à la création du prix « Hédi Laâbidi » pour la meilleure production journalistique.

♦ 1er mai 98 : Arrêté du Ministre des Communications du 23 Avril fixant les tarifs des services de base dans le domaine de connexion au réseau Internet.

♦ 5 mai 98 : Décret 98-953 modifiant la loi d’orientation de la formation professionnelle. ♦ 26 juin 98 : - Arrêté du Ministre de la Culture du 2 juin 98 portant approbation du guide des

investisseurs et des promoteurs privés dans le secteur de la culture - Décret 98-1305 portant création de l’Office National des Postes.

♦ 13 avril 99 : Décret 99-762 fixant le montant, les modalités des encouragements financiers aux auteurs d’ouvrages, aux créateurs et aux inventeurs au titre de leurs publications, créations et inventions.

♦ 25 mai 99 : Décret 99-1037 relatif au prix Hédi Laâbidi pour la meilleure production journalistique et au prix Tahar Haddad pour la meilleure œuvre médiatique reflétant une image équilibrée de la femme.

♦ 11 juin 99 : Décret 99-1236 portant organisation de l’Établissement de la Radiodiffusion Télévision Tunisienne

♦ 11 juillet 2000 : Décret portant rattachement du Conseil supérieur de la Communication au Premier Ministère.

♦ 11 août 2000 : Loi 2000-83 relative aux échanges et au commerce électroniques ♦ 25 août 2000 : Loi 2000-84 relative aux brevets d’invention. ♦ 16 janvier 2001 : Loi 2001-1 portant promulgation du Code des télécommunications. ♦ 4 Mai 2001 : Loi organique 2001-43 du 3 Mai 2001 portant amendement du Code de la

presse. ♦ 9 avril 2002 : Décret 2002-632 fixant les missions du Centre Africain de Perfectionnement

des Journalistes et Communicateurs, son organisation administrative et financière et les modalités de son fonctionnement.

♦ 7 mai 2002 : Décret 2002-999 complétant le décret 89-238 portant création du Conseil Supérieur de la Communication.

♦ 7 mars 2003 : Arrêté du Premier Ministre du 26 février 2003 portant nominations au Conseil scientifique du Centre Africain de Perfectionnement des Journalistes et Communicateurs (CAPJC).

4- Publications spécialisées « L’image de la femme dans la société tunisienne ». Publication de l’Union Nationale de la Femme Tunisienne (UNFT). Août 1995. « Tunisie 2003 ». Publication ATCE. Novembre 2002. « Tunisie : principaux indicateurs économiques et sociaux ». ATCE (1987-2002). « Les femmes en Tunisie 2000 ». (Étude du CREDIF. Tunis 2002. 400 pages). « Femmes et Hommes en Tunisie en chiffres ». (Publication CREDIF. Tunis 2002. 100 pages). « L’image de la femme dans la presse tunisienne ». Publication CREDIF. Tunis. fév. 1999. (80 pages). « Plaquette Radio Sfax » « Programmation Radio Sfax ». (Grille printemps 2003)

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5- Presse (Collections ou spécimens) « La Presse » « As-Sahafa » « Le Temps » « As Sabah » « Le Renouveau » « Le Quotidien » « Réalités » « Femmes et Réalités » « L’Economiste Maghrébin » « Le Manager » « Al Akhbar » « Tunis Hebdo » « Gazette du Sud » « Chams El Janoub » « L’Observateur » (« Al Moulahedh »). « Tunisie Médias » (revue de l’ATCE) « Femme » (revue de l’UNFT) « Info CREDIF » (revue du CREDIF). « Nuance »

6- Webographie www.infocom.tn www.tunisietelecom.tn www.poste.tn www.e-dinar.poste.tn www.supcom.mincom.tn www.isetcom.mincom.tn www.ati.tn www.Sotetel.tn www.emaktaba.tn www.appeldoffres.mincom.tn www.pcfamilial.tn www.internetbus.tn www.internet-en-fete.tn www.snt.com.tn www.atim.org.tn www.realites.com.tn www.tunishebdo.com.tn www.webdesign.com.tn www.leconomiste.com.tn www.tunisieindustrie.nat.tn www.ministeres.tn www.tunisie.com (ATCE) www.emploi.nat.tn www.tunisie-competences.nat.tn www.26-26.org www.ati.tn

www.bibliotheque.nat.tn www.culture.tn www.edunet.tn www.universites.tn www.cnipe.nat.tn www.jeunesse.tn www.capjc.nat.tn www.credif.org.tn www.tunisieinfo.com www.infotunisie.com (Français) www.akhbar.tn (Arabe) www.tunisiaonline.com (Anglais) www.lapresse.tn www.tunisieinfo.com/LeRenouveau/ www.tunisieinfo.com/alhorria www.radiotunis.com www.tunisiatv.com www.afkaronline.org www.cepex.nat.tn www.ins.nat.tn www.investintunisie.com www.sicad.gov.tn (prestations administratives

à distance) www.tunisiens.tn (Tunisiens à l’étranger). www.orbicom.uqam.ca