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L'esprit de résistance (1)---~---------~~-~_._-----

Serge Ravanel (39)

Le Seuil- 1995

"L'histoire immédiate", tel est letitre de la collection dans laquelle a éteédité cet ouvrage, écrit avec la collabo­ration de Jean-Claude Raspiengeas. Si

l'épithète "immédiate" ne s'appliqueque de manière relative à des souvenirsde plus de cinquante ans, c'est biend'histoire qu'il s'agit dans ce livre de445 pages de Serge Ravanel. Et en effetles historiens, de plus en plus nom­breux, qui analysent cette époque ettendent à succéder à la mémoire, yvoient un témoignage très important. Lelecteur pourra y percevoir les évolu­tions concordantes des événements de

la guerre de 1941 à 1944, du poids del'occupation, du développement de laRésistance et de ses risques, atténuéspar la sympathie d'une partie croissante

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de la population. Il percevra dans cerécit une fougue et une ardeur que lerecul du temps n'a pas atténuées.

Si "l'esprit de résistance" del'auteur était présent lorsqu'il retrouveen novembre 1940 l'École polytech­nique à Lyon, où elle avait rouvert sesportes, après sa vaine formation d'offi­cier d'artillerie, c'est progressivementqu'il se manifeste dans un crescendod'actions clandestines.

Au début, en complément aux coursde l'X, Ravanel (qui ne porte pas enco­re ce nom choisi dans la clandestinité,et inspiré par son goût de la montagne)participe à des réunions de salond'opposants à Vichy, où l'a introduit legénéral Cochet, et il distribue des jour­naux de résistance qui lui sont remispar le groupe clandestin que StanislasFumet a constitué autour des rédacteurs

de la revue catholique Temps nouveau

qui vient d'être interdite par le régimede Vichy.

Après un passage à l'École descaa=,s d'Uâd1!,C, tl/a surtît: àe CX, c"estdans le mouvement Libération qu'il meten œuvre cet esprit de résistance et yfait, positivement, ses premières armes,à partir de septembre 1942. Puis on voitse dérouler en quelques mois ce qu'end'autres circonstances on appelleraitune carrière fulgurante, qui le voitnommé, sans qu'il le demande, succes­siyement chef des groupes francs deLibération, puis des Mouvements unisde résistance (MUR, puis MLN) et, à lasuite d'un regroupement avec l'AS(Armée secrète), chef des "Corps francsde la Libération" (CFL) et enfin, aprèsla constitution des FFI, où figurent lesFrP et l'ORA, chef, en mai 1944, desFFI de la région Sud-Ouest, constituéede dix départements autour deToulouse. C'est ce rôle de chef régionalqui lui permettra, automatiquement,d'être nommé colonel à 24 ans, nomina­

tion notifiée par un télégramme recu le8 juin 1944, et provenant du généralKœnig, commandant national des FFI.

Dans ce parcours de courses d' obs­tacles, franchis sans hésitation et avecl'aide de la chance, d'actions relatéesavec une grande simplicité, comme sielles étaient naturelles, alors quel'ennemi les traitait de crimes de

"bandes terroristes", se détaehent des

épisodes où Ravanel, arrêté, s'évade,

Livres

mais de plus en plus difficilement : en1942, à Marseille, c'est en profitant del'inadvertance de policiers français; enmars 1943, à Lyon, il sera interné à laprison Saint-Paul par la police françai­se. Mais la Gestapo, tenue au courant,l'interrogera ainsi que plusieurs de sescamarades. Heureusement, s'étant fait

hospitaliser à l'hôpital de l'Antiquaillesous le prétexte d'une fausse maladie, ily sera enlevé par de faux gestapistesparmi lesquels il reconnaîtra RaymondAubrac, un dirigeant important deLibération et de l'Armée secrète ... ;enfin, en novembre 1943, cerné et bles­

sé par des SS, il échappe à leurs balleset grenades et au flair de leurs chiens.

Quelques jours avant, avait eu lieula libération d'Aubrac qui, arrêté àCaluire avec Jean Moulin, a échappé àses gardiens allemands attaqués, pen­dant son transfert dans les rues de

Lyon, par un des groupes francs deRavanel. On sait que cette actiond'éclat, devenue légendaire et qualifiéealors par la radio anglaise de " grandeopération", avait été organisée par lafemme d'Aubrac, Lucie; et on perçoit,dans ces libérations réciproques, la soli­darité active des résistants, qui s'estprolongée au-delà de la guerre.

Il faut noter ici que, si l' environne-. ment de l'X ne lui avait pas paru offrir

la sécurité nécessaire à des actions clan­

destines, Ravanel souligne le rôle jouédans la Résistance par de nombreuxpolytechniciens, et au détour de sonrécit apparaissent des X. Non seulementil se trouve que le mystérieux monsieurJacques, qui l'introduit à Libération,était Brunschwig-Bordier (24), maisRavanel embauche Biesel (40) qui faitéquipe avec son camarade Vigneron(40); tous deux seront arrêtés et dépor­tés, et seul Biesel reviendra.

S'il rej oint Libération, c'estpeut-être par suite d'un rendez-vousmanqué avec Jean-Guy Bernard (38)qui lui proposait de travailler avec lui àCombat dont il était un des dirigeants.Mais le rapprochement de ces mouve­ments leur a donné des occasions de se

revoir, avant l'arrestation de Bernard

qui disparaîtra à Auschwitz.Plus tard, lorsqu'il prend son com­

mandement régional à Toulouse, c'esten liaison avec le capitaine d'aviationRobert Rossi (35), son homologue dans

LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN/JUILLET 1996

le Sud-Est, qui sera fusillé à Marseillele 18 juillet 1944.

Serge Ravanel rappelle la mémoirede son camarade Gilbert Bloch (39)qui, tué au combat le 8 août 1944, fai­sait partie du groupe des éclaireursisraélites de France, inséré dans le

maquis de Vabre, dans le Tarn, doncsous ses ordres. Par ailleurs, il soulignele rôle important joué par MauriceBourgès-Maunoury (35) en sa qualitéde délégué militaire du général deGaulle pour le sud de la France.

Mais l'on ne peut citer tous lesacteurs de la Résistance rencontrés dans

ces pages, avec leurs solides amitiés etaussi leurs débats. Des" gaullistes"comme Ravanel qui, alors que ses60 000 FFI comptent leurs prisonniersdans le Sud-Ouest et s'apprêtent àrepartir au combat, assure le "chef dugouvernement provisoire" de son"dévouement absolu" dans une lettre

du 7 septembre 1944 et qui, dans celivre. atteste cie III [lf'rm"npn"p LI•• son"admiration profonde" pour le généralde Gaulle. Aussi, on comprend ladéception des chefs locaux de laRésistance, qui participent à un pouvoirrégulièrement mis en place, lorsque legénéral de Gaulle, venu le 16 sep­tembre à Toulouse, libérée depuis le20 août, les traite avec froideur, sinon

avec ironie. Déception d'autant plusprofonde pour Serge Ravanel que, pourlui, la Résistance et son esprit ne s'étei­gnent pas en 1944 avec les défilés desFFI dans les rues de Toulouse, et qui,en 1995, se demande, et c'est la derniè­re phrase de ce livre, si "le momentn'est pas venu de faire revivre l'espritde résistance".

En tout cas, il est intéressant de

connaître ce qui est la vérité du colonelRavanel sur les combats et les suites de

la libération du Sud-Ouest, avec sesenthousiasmes et ses excès, même et

surtout pour ceux qui n'ont entenduparler que d'une" République rouge"qui aurait été dirigée à Toulouse par desrépublicains espagnols.

Bernard LÉVI (41)

(1) Cet ouvrage peut être commandé à

Promo-Livre, 6, place Maurice de

Fontenay, 75012 Paris. Tél. : (1)43.47.51.01.