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Levi translation of Sthiramati

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LA TRENTAINE

II n'y a pas de Soi dans les Individus ni dans les Essences 1 ;

mais certaines gens n'en ant pas l'idee au ant des idees faussesace sujet. Pour les introduire a cette idee que les Individus et lesEssences sont sans Soi, Ie traiM intitule Triri1sika-vijnapLi estentrepris. Introduire a cette idee que les Individus et les Essencessonl sans Soi a pour objet d'eliminer les deux Obstructions: celle(qui consiste en) Passions, celIe (qui collsiste en) Connaissable.

En eifel, l'Attaehement et les autres Passions naissent de ladoctrine du Soi. La notion qu'il n'y a pas de Soi dans les Indi­vidus est antagoniste avec la doctrine qu'il y a un Ensemble deRealites'; ceUe notion, fonctionnant pour eliminer ceUe (doctrined'un Ensemble de RealitOs) elimine toutes les Passions.

D'autre part, Ie fait de savoir qu'il n'y a pas de Soi dans les

1. J'ai prMere au terme arbitraire (( Ideal» que j'avais cmploye dans MSAla traduction de dharma par « Essence» qui me parait moins s'ecarler dusens general. Le mot a ete I'objet, depuis Ie MSA, dc deux cssais speciauxauxquels il me suffira de renvoyer Ie Iecteur : Piili Dhamma, pal' Magdalenaet Wilhelm Geiger, Munich, 1921 (Abhandl. d. Bayer. Ak., XXXI, 1), et :The Central Conception of Buddhism and the meaning of the word Dharma,par Th. Stcherbalsky, Londres, '1923 (Roy. Asiatic Soc. Prize PublicationFund, vol. VII). On pourra aussi consulter utilcment la masse des textesrassembles dans Je Pali-English Dictionary de Mme Rhys Davids etW. Stede, s. v.

2. Sur ce terme dc satkiiyadr~ti qui a ete l'objet d'interpretations si nom­breuses, v. Kosa, V, 7 et Ia note de La Vallee-Poussin ad loc., p. 15-17. Sthi­ramali lui-meme Ie glose info 23, 12: llpadiinaskandhe~v atmeti darsanamatmadnti!}. satkiiyadntir ity artha!}., et 29, 21 : satkiiyadr~tir yat pancasupa­dlinaskandhe~v iitmiitmiyadarsanam. C'est presque exaclement Ia definiliondonnee par VasuLandhu dans son Kosa.

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Essences est antagoniste avec 1'0bstruction (qui consiste en)Connaissable ; on a donc elimine 1'0bstruction du (qui consisteen) Connaissable; avoir elimine les Obstructions (qui consistenten) Passions et (en) Connaissable permet d'atteindre la Deli­vrance et l'Omniscience.

En effet, les Passions sont, comme on l'a dit, l'Obstruction (quiempeche) d'atteindre la Delivrance; donc, si on a elimine les(Passions), on atteint la Delivrance. Et, d'autre part, l'Obstruc­tion (qui consiste en) Connaissable est l'ignorance sans lesPassions qui empeche Ie fonctionnement de la Connaissance surtout Ie Connaissable. Si on a elimine cette (Obstruction du (quiconsiste dans Ie) Connaissable), la Connaissance fonctionne sanssympathie ni antipathie sur tout Ie Connaissable sous tous sesMorphemes i ; ainsi donc on atteint l'Omniscience.

Ou bien encore: Ceux qui ont la superstition des Essences etde l'Individu ne connaissent pas Ie simple Esprit tel qu'il est;aussi (l'auteur) entreprend ce traile pour introduire graduelle­ment ala Simple Notification avec ses fruits, en montrant que lesEssences et les Individus n'ont pas de Soi.

Ou bien encore: Il y a des gens qui ont cette opinion, que,comme la Notation, Ie Notable aussi est une substance 2; - oubien cette opinibn, que, comme Ie Notable, la Notation n'a qu'uneexistence pratique, mais n'a pas d' existence au sens' ultime. C'estpour refuter ces deux theses exclusives que ce traite estcompose.

1-a-b. La MMaphore 3 des termes « Soi » et « Essence» qUifonctionne en tant de favons ...

L J'aiprefere traduire aMra par un mot inusite en philosophie:Morpheme (au lieu de la traduction ordinaire par Aspect); pour attenuerautant que possible l'idee d'une representation d'un objet cxterieur. Lecomment. du Kosa, VII. 13 definit iiMra par iilambanagraha7!aprakiira« la fa~on dont on prend l'Objectifn, Cf. Kosa, II, 34=La V., 177, n. 5;VI, 49 ; VII, 13.

2. dravya(ta1}), la substance, est distingue de vastu(talJ), la chose, inf, 16,-16; de jati la categorie, 17, 1-1; et de prajnapti, la denomination pra­tique, 31, 2.

3. Le mot upacara est susceptible de sens nombreux: outre ses autrescmplois, la philosophie et la poetique lui ont donne des valeurs techniques.Abhinavagupta, Locana, p. 5I Ie definit: upacaro gU7!a'Crttir lak~a7!a « L'upa­cara, c'est Ie sens indirect agissant par les caractercs secondaires n. Mallina­tha, Tarala, p. 70, dit: atattvasya tattvena vyapade8a upacara1} « L'upacara,c'est indiquer au moyen d'une realite ce qui n'est pas une realite n. Le

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LA TRENTAINE 63

(C'est-a.dire dans l'usage courant et dans les traites didactiques.)c. C'est sur la Transformation 1 de la Notation qu'elle (se

produit).Construisez: que cette Metaphore des termes Soi et Essence (se

produit). Le compose dtmadharmopacdra signifie que Ie terme« Soi » eL Ie terme « Essences » sont des Metaphores; c'est-a­dire la Notification de Soi et la Denomination pratique d'Essences.En tant de favons, c'est-a-dire de multiples manicres. On emploiepar metaphore Ie terme de Soi ou d'autres termes teis que « lavie », « la creature vivante », « l'homme », « l'humain », etc... ;et Ie terme d'Essences ou d'autres teis que « Masses », « Plans »,

« Lie'ux », « Forme», « Impression », « Connotation », « Ope­rants », « Notation », etc. Ces deux sortes de Metaphores sontappliquces aune Transformation de Ia Notation; eUes nedesignent

Sahityadm'palfa, II, 10 essaie d'etre precis: upaciiro hi niimiityantarh visakali­tayolJ, (sabdayoM siidrsyiitisayamahimnii bhedapratitisthaganamiitram « L'upa­cara consiste it dissimuler ce qui ferail entendl'e une difference de sens entredeux chases qui sont tout it fait distinctes I'une de I'autre, et cela grace it unsurplus de ressemblance qui les rapproche ll. Les exemples classiques sont ceuxque Sthiramati emploie ici : gaur biihikalJ, et agnir milT}avakalJ, : (( un Bilhlka,un (vrai) bceuf; un jeune etudiant, un (vrai) feu ll. (Les Bahlkas sont unepopulation du Penjab, autour de Sakala (Sialkot ?), leur capitale, que leursvoisins aryas consideraient comme une race degrarlee et vile; cf. particulie­ment Ie Maha Bharala, VIII, lectures 44 et 45). -- En philosophie, il suffirqde citeI' la definition par les Vaise§ikas: sakyarthatyiigena laksa(wyiinyiir­thabodhanam (( c'est, en abandonnant Ie sens naturel, faire entendre unautre sens au moyen de la designation indirecte ll; par ex. mancii!; krosanti(( les banquettes poussent des cris II ; dans ce cas l'impossibilite d'elablir unesuite logique fait germer I'upacara (atra anvayiinupapattir evopaciirabijam),cr. Nyaya Kosa de M. B. Jhalaklkal', s. v.

1. Le Diimaga de I?Indian Hist.-Quart. corrige ici pari(lame en pariT}timosans aucune explication. Le ms. des karikITs decouvert it Katmandou apresI'impression du texte lit cependant pariT}ame comme man ms. En outre Iedebut du comm. apres Ie 4< pada du vcrs 1 : (pariT}timal], sa ca tridha) yatp{f­tmildyupacaro dharmopacilras ca montre bien, par la reprise yatra, que Iemot pari1Jama est au locati f. D'ailleurs Ie sens meme suffiraiL it Ie garantir:La question est de savoir sur quai porte I'upacara de telle sorte qu'il soitlegitime, et la reponse est: «Sur Ie pariT}ilma ll. Enfin Ic comm. sur Ievel'S 16 (p. 35, I. 4) fournit unc preuve decisive. Sthiramati y ecrit en cffct:yatra vijiianapariT}ilme iitmadharmopaciiralJ, sa punas tridhety uddisyavistare'l}a trividho' pi nirdi$talJ,. La notion uu pari'l}ama est natur~llement

commune it toutes les ecoles, mais chacune y aUache une idee speciale. PourIe SaIillihya et Ie Yoga, il s'agit alors d'une substance (dravya) permanentequi change d'Essencc (dharma), l'une etant remplacec par I'autre: tel Ie laittransforrne en caille. Le Veuanta y voit un semblanl de Morpheme substituea une forme precedcnle : Ie lait dcvient un semblant de caille.

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pas une chose qui serait au propre 1 Ie Soi ou les Essences; caril n'y a pas d'Essences ni de Soi en dehors de la Transformationde la Notation.

Mais qu'est-ce done que la Transformation? C'est un change­ment. La Transformation,c'est l'entree en jeu du Produit simul­tanement avec Ie Barrage de I'instant du Producteur 2, et par sescaracteres, differenciee de l'instant du Producteur. Ace moment­Ht, Ie renforcement des Impregnations d'imaginations telles queIe Soi ... , et Ie renforcement des Impressions d'Imaginations tellesque Forme, etc. dans la Notation du TrMonds en fait sortir unsemblant de Soi et un semblant de Forme qui sont de pure ima­gination. Ce semblant de Soi et' ce semblant de. Forme sert,comme s'il existait rcellement en dehors de la Notation, de base aune MCiaphore du terme « Soi ); etc ... , et a une Metaphore duterme II Essence ») etc., [Metaphore] qui fonctionne de touteeternite, sans qu'il y ait ricn d'exterieur qui soit Ie Soi ou lesEssences. C'est Ie cas du malade atteint d'ophtalmie qui parle parMeLaphore de II cerdes de cheveux I), etc. Employer par Meta­phore un terme, cest l'employer pour une chose qui n'est pas,et la au elle n'est pas. C'est comme quand on dit: II Un bamf »

en pal'l ant d'un Bahika.Ainsi done, si on dit: II Puisqu'il n'y a pas en realite de Soi

ni d'Essence ni dans la Forme propre de la Notation, ni en dehors,Soi et Essence sont de pure imagination; ils n'existent pas ausens ultime; done Ie Notable est a traiLer comme la Notation» ;ceUe doctrine, ctant excessive, ne doit pas etre admise. Car iln'est pas possible qu'il yait une Metaphore de ferme sans qu'elleait une base; il faut done admettre necessairement que la Trans­formation de la Notation est une rcalite sur laquelle fonctionne laMetaphore de Soi et d'Essence.

1. Mukhya est, comme upacara, un termc de In poetiquc; il signifie« place en tete, principal ", et s'applique aliIllot qui cst employe dans sasignification naturellc, p. ex. si Ie mot gauly, « bU~llf» est employe pour desi­gner un breuf (et non pas un Bahlka, comme dans Ie cas de l'upacara).

2. Le.producteur, kara'IJa, c'est ce qui, par Ie fait de son existence it l'elnlintegral et pal' I'absence de lout ce qui serail conlradieloire avec lui, donnenaissance a une chose sans qu'elle naisse de rien d'aulre. Cf. info comm. surIe vel'S 17, p. 35, I. 17-18. Le kara/fa constitue une des six causes logiques,hetu: Kosa, II, 49 sqq. Sur la theorie bouddhique de la causalite, voir IeKosa, 11,49 - fin et les notes de La V. ad lac.

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LA TRENTAIN~ 65

Et d'autre paet il n'est pas plus raisonnable de dire: « La Nota­tion eUe aussi, est corIllIle le Notable; eUe.Jl:'a qu'une existencecontingente, eUe n'a pas d'existence au sens ultimo )) ; car vousn'expliqueeez pas alon; d'ou vient celto existence contingente;une existence contingentc sans aucune base cst deraisonnable.

Done ces deux theses, ctant excessives, sont a rejeter comrneillogiques ; voila ce que declare le Maitre.

Et ainsi tout le Notable, du fait qu'il a une nature imaginairo,n'a pas d'existence f(~eUo. Mais la Nolation, eUe, fait partie de laserio'des Prod uctions-par-causalite 1 ; il faut done admettre qu'ellea une existence suhstantielle. L'emploi rIu terme « Transforma­tion » montre justernent que la notation fait partie de la seriedes Productions-par-causali teo .

.Mais (dira-t-on) comment 6tablir que la Notation se produiseayant Morpheme d'un objet sans qu'il existe pourtant d'objetexterieur? (Voici la reponse:) C'est en tant que donnant nais­sance a une Notation ayant Morpheme de LeI ou tel objet qu'onadmet un Objet exterieur correspondant qui semit Facteur causal 2

1. On sait que Pexislenc., rill mal, autrement dit l'exislence personnelle,se ramene a une serie de douze faeteurs qui formenl une chaine continue;c'est Ie pralHyasamlllpada, la production pal' ellchainemenL Vijlii1na (Nota­tion) eslle troisieme des faeteurs a commencer par AVidya (I'Inscience), etpar Sru'nsl..iiras (les Operanls); il est immediaterncnt suivi par Namarupa(Nom-et-Forme). Cf. Ie comm. sur Ie vel'S '19 = p. 37, 17-38,12 du texte.

2. J'ai Iraduit ici pmtyaya par Facleur-eausal (au lieu du terrne « ren­eonlre » que j'avais employe dans Ie MSA.) parce que pratyaya esl Ie lermegenel'ique pour loutes les relations causales ; cf. p. ex. comm. du Kosa pal'Yasomitra, p. 18, I. 22: catuI'bhir eva hi pratyayair hetusamanantaralam­baniidhipatipratyayais cittaclIitta utpadyamanii utpadyante, te$am artyatara­'Vaikalye 'py anutpattiJ;, « II faul quatre1pralyayas, a savoir hetl/o, samanan­taraO, alambanao, adhipatio, pour faire naltre l'Esprit el les Mentaux quandils viennent it naitre; et si un des quatre manque, ils ne peuvent pasnaitre ». L'almnbana pratyaya esl dellni Kosa, II, 61 c: c'est l'ensembledes Essences en tant qu'Objeetif de la Notation. Le samartantara pratyayaest defini ib. 62 a-b : c'est exclusivement, enlre toules les Essences, l'Espl'itet les Menlaux, car eux seuls peuvent produire des Essences qui leur sontimmediatement identiques (sam) et immediatement conseculives (anantara);le~ Essenees d'ordre exira-mental sonI toujours immedialement suivies deplus ou de mains, p. ex. la graine et la plante, la paille et la eendre. Leprodueteur, kiira1}a, conslitue l'adhipatipmtyaya, Ie facleur-causal en lantque souverain, en raison du nombre d'Essences qui Ie forment, car louie'Essence a pour produeteur causJI toulcs les Essences, ,1 I'excepl.ion d'elle­meme (Kosa, ib. 62 d); son role de producteUl'. (kiiritra) consiste seulementen ceci, qu'jJ ne fait pas d'obstruction a l'Essence passee, presenle ou future.Le samanantaraO exerce son activite a l'egard d'une Essence au moment ou

t)

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en tant qu'Objectif pour cette notation; ce n'est pas simplementen qualite de Produeteur [pour eeUe Notation], car les diversFacteurs-callsaux (mItres que celui d'Objectif) comme lIe Facteurcausal de] Consccution identique etc., sont iei hoI'S de cause. Or,les Ohjeetifs des cinq gToupes de Notations (doivent eire) desEnsemhles, puisquc (ces cinq groupes de Notations) ont ceMorpheme. Mais un Ensemble n'cst rien d'autre que la Cohesiondes parties j; supprimez les parties, vous n'aurez pas de Notationqui ait Morph('mc d'un Ensemble. Done la Notation se produitayant Morphl·me d'un Ensemble sans qu'il y ait un Objetexte­rieur (qui puisse (·tre eet Ensemble).

Et (n'allez pas dire que) ce sont les Atomes ultimes a l'etatd'Ensembles qui sont l'Objectif de ccUe (notation), car les Atomesultimes n'ont pas ce .\Iorphcme d'EnsembIBs. Etquand ils passentde I'etat d'isolement a l'etat d'Ensembles, il ne se forme pas poureux un surplus de Soi. Done les Atomes ultimes aussi bien aI'etat d'Ensembles qu'a 1'etat d'isolement ne sont pas I'Objectif.

Mais un autre aura celie idCe-ci : Soit! les Atomos ultimes prisun it un, isoles 1'un de l'autre, sont imperceptibles; mais quandils sont nombreux, consideres les uns par rapport aux autres, ilsdevienncnt perceptibles.

(Reponse:) Mais ces atomes ultimes, en passant de l'etal d'iso­lement al'Mat de connexion mutuelle, ne prennent pas un sur­plus de Soi. Il n'y a de choix qu'entre deux termes exclusivement:ou ils sont perceptibles, ou ils sont imperceptihles. Et si lesAtomes ultimes, consideres les uns pal' rapport aux autres, sontIe domaine de la Notation, alm's les differences de Morpheme,dans la Notation, comme pot, mur, etc., ne pourront pas exister,car les Atomes ultimes n'ont pas ce Morphl~me (de pot, de mur,etc.). II est inadmissible qu'a une Notation d'apparcncc donneecorrespondc un domaine de Morpheme diflcrent ; il Y aurait fautede raisonnernent par depassernenl d'exlension. Et de plus les

cIle nail; I'lliambanapratyaya exerce son aelivite Ii l'egard d'une Essence entrain de peril" e'est-a-dirc presenle: Kosa, ib. 63 c-d. - L. '20 lire sama­nantarr7di'l'i,{e~llprasati,gat d'aeeord avec la trael. tihelaine de rna thag pa'irkyen La sags pa dali bye brag med par ... , elle commcntaire de YinHadeva :de'i ehe rgyu dan rIe rna thag pa dali bdag po'i Tkyen dar! bye bTag med pal' ...Les mols pratyaytldf sonl sans doute une glosc rnnrginale de sam'lnantarddiinJroduite dans Ie lexte.

1. Pour toute celie discussion, cf. Vilusika, v. H sqq.

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LA TRENTAINE 67

Atomes ultimes n'existent pas plus, au Sens ultime, que despiliers par exemple, s'ils ant (comme les piliers) un avant, unmilieu, un arriere.

Vous n'admettez pas l'(existence de ces parties)"? Alors lesdistinctions d'Est, de Sud, d'Ouest, de Nord, ete. (que vousreconnaissez dans Ie cas du pilier) n'existent pas pour l'Atomeultime. II s'ensuivrait alors que l'Atome ultime, tout comme laNotation, serait sans corps et sans localisation.

Ainsi, puisqu'il n'y a pas d'Objet exterieur qui puisse exister,c'est donc la Notation qui se produit ayant Morpheme d'objet;c'est comme la Notation dans Ie reve. II faut necessairementreconnaitre cela.

Et les Impressions, qu'elIes soient passees au futures, ne peuventpas donner naissance a une Notation qui aurait Morpheme d'(Ob­jet), car les unes ant deja cesse d'etre ~et les autres ne sont pasencore. Et l'Impression presente, elIe non plus, ne peut pas don­ner naissance a (une Notation) pl'esente, car au moment memeau elIe entre en existence, (la Notation) n'existe pas encore, etune fois qu'elle est entree en existence, la Notation n'aurait plusricn a faire puisqu'elle serait deja elIe-meme entree en existenceayant un Morpheme donne, et alors en ce cas 1a notation del'Esprit entrcrait en existence, eUe aussi, sans aucun Objectif.

Un autre! (adversaire) dit: S'il n'y a pas de Soi ni d'Essencesqui existent reelIement comme valeur propre de ces mots, vousne pouvez pas parler de MMaphore (it propos de ces mots). Car ilfaut trois (conditions) pour la Metaphore; si une des trois faitderaut, il n'y a pas de Metaphore possible ;c'est it savoir: iOunechose designee au propre par Ie mot; 2° un autre objet qui res­semble au premier; 3° 1a ressemblance entre les deux premiers.Ainsi, par exemple, Ie feu est la chose designee au propre par Iemot; Ie jeune hom me ressemble au feu; entin il y a entre euxune Essence commune: la couleur flamme ou bien l'ardeur; ondit alors par Metaphore que Ie jeune homme est du feu 2.

(Reponse:) Quand on dit: Le jeune homme est du feu, on

1. Slhil'amati para!l avoir iei en vue UddyolakiIl'a. Cf. Tattvasarhgraha,comm. p. 87, I. 23: yad uktam Uddyotakaret}a mukhyiisambhavad upaciirona yukta iti.

2. C'est lit I'exemple classique a travers louIe In littcralure, el deja chezPalaiijali (sur PUl).ini 8, 1, 102) ou il eSl, comme toujours, assode a l'aulreexernple, cite plus haul par Sthiramali : gaur bahikalJ,.

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LA TnBNTAtNB

fait une Metaphore au d'espece au de substance. Or dans les deuxcas il n'y a pas de Metaphore possible. La couleur flamme aul'ardeur ne sont pas un commun d'espece (entiere); et en casd'ahsence d'une Essence commune, vous ne pouvez pas faire uneMctaphore d'espece au jeune homme, cal' vous depasseriez (votrcdonIH\e).

(L'adversaire reprend: Soit!) L'cspece ne posse'de pas cetteEssence. Mais l'ardcur ct la couleur /lamme sont inseparables del'cspece; done ce sera une Mt\taphorc d'espece qu'on fait aujcune hommc.

(Reponse:) Si l'espece fait dMaut, vous n' avez pas Ie droit de par­ler d'inseparabilite parce que vous constatez chez Ie jeune hommel'ardeur et la couleur flam me. Et de plus, en cas d'inseparabiJite,il n'y a pas de Metaphore, puisque dans Ie jeune homme aussihien quc dans Ie feu meme l'cspece est rcellement presente. Doncla Metaphore d'Espece au jeune homme n'est pas possible.

Et la J\'1etaphore de Substance ne l.:onvient pas davantagc,faute d'une Essence commune. Carla qualite d'ardent ou dellambant qui est cellc du feu n'est pas la meme que celIe qui setrouve dans Ie jeune homme. Elle en est meme toute difIerente,car la quali£leation est respecti vement liee ason substl'1lt. Et sansune qualite appartenant au feu, la Metaphore du feu appliqut\eau jcune homme est inadmissible.

Mais, direz-vous, elle cst legitime en raison de la ressemblance(de la qualite du jeune homrne) avec celIe du feu. -- Fort bien;ceUe ressemblance vous autorisc en eifet a appliquer la Meta­phore de la qualite d'ardent au de flambant, qui est celIe du feua la qualite d'ardent au d~ flambant qui est celIe du jeunehomme, mais non pas u appliquer la Metaphore du feu au jeunehornme, car la ressemblance de qualite n'etablit pas un rapportlog-ique entre eux. Done la MMaphore de Substance, elle nonplus, ne convient pas.

En outre, il n'existe pas une chose qui soit designee au proprepar Ie mot; car la Forme-propre de la chose depasse Ie domainede loute connaissance et de toute expression.

En eifet, la connaissance et l'expression ne fonctionnent sur ladlOse-eorrespondant-a-la-valeur-propre-du-mot I que pal' let Forme

1. pradhrina, en tib. gco bo, est l'equh-alent de mukhya « Ie mot qui indique

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LA TREi\TAIi\E 69

de ses qualites, puisqu'elles n'ont pas de contact avec la Forme­propre de ccUe chose. S'il en Mait autrement, les qualitesn'auraient conscquemment plus aucune utilitc; car en dehorsde la connaissance et de l'expression, il n'y a pas un autremoyen de dMinir la Forme-propre d'une chose designee au proprepar un mot. Or, comme la Forme propre de la chose-correspon­dant-a -Ia-valeur-propre-du-mot n'cst pas du domaine de laconnaissance et de I'expression, il faut bien reconnaitre qu'il n'ya pas de chose designee au propre par Ie mot. Meme raisonne­ment a propos du Son; en ce qui Ie concerne, faute d'un lien(positi f) [en tre Ie Son et la chose-correspondant-a-Ia-valeurpropre], il n'y a pas de connaissance ni d'expression possible;ainsi, puisqu'il n'y a rien qui puisse etre exprime par unef'xpression, la chose designee au propre par Ie mot n'existe pas.Toutes les chases designees par des mots ne sont que de I'ordrede la quali Le; il n 'y a pas de chose qui soit designee au propre.Car on classe dans l'ordre de la qualite Lout ce qui fonctionnesur une chose au moyen d'une Forme qui ne s'y trouve pas. Ortout mot ne fonctiollne sur la chose-correspondanL-a-la-valeurpropre-du-mot qu'au moyen de la Forme de qualite q'ui ne s'ytrouve pas. Donc il n'y a pas de chose qui soit designee au proprepat' Ie mot. Ainsi donc, quand vous avez dit que j'avais tort depader de Meiaphore du Soi et des Essences s'il n'y a pas de Soiou d'Essences qui soient rcellement existants en tant quedesignes au propre par ces mots, - c'est vow; qui aviez tort.

La Transformation de la notation, combien y en a-t-il desortes? On ne Ie sait pas encore. Il va maintenant en montrerles divisions:

1 d. Et ceUe Transformation est de trois sortes.Cette Transformation ou se fait la MMaphore du Soi et la Meta­

phore du terme Essences.n faut distinguer la Transformation en tant que Cause ot la

Transformation en tant qu'Effet.

precisemenll'ohjet qu'il designe naturellement au moyen de sa significationessentielle ", comme Ie mot go applique au bamf. - 11 s'oppose a gauYJa(que je rends ici par: « de I'ordre de la qualile II pour souligner Ie rapport dederivation vis-it-vis de guUa « la qualile ll), lequel s'applique a un objetdesigne pal' voic indirecle; ainsi, dans l'exemple elassique; GailgiiyiHngho§a~ « une <Stable au Gange)) Ie nom du tleuve Ganga est appliquesecondairement il la rive lIu tleuve.

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70 LA TRENTAl:'iE

La Transformation en tant que Cause vient enrichir lesImpregnations de Concoction et de Coulee dans l'interieur de laNotation de Trefonds.

La Transformation en tant qu' Effet, c'est ceci :1° Les Impregnations de Concoction (anterieures) trouvant

une occasion d'activitc, quand hi Portee d'un Acte anterieur setrouve arrivee aI'Achevement, la Notation de TrCfonds s'actualisedans des varietes de l'Identite de groupe 1.

2° Les Impregnations de Coulee (anterieures) trouvant uneoccasion d'activitc, les Notations fonctionnelles (ceiles des cinqsens et de l'Esprit) et aussi Ie mental Passionne se degagent dela Notation du TrMonds pour s'actualiser.

La Notation fonctionnelle, qu'elle soit bonne ou qu'elle soitmauvaise, depose dans la Notation du TrCfonds une Impregnationde Concoction et une Impregnation de Coulee. Si elle est neutre,elIe ne depose qu'une Impregnation de Coulee; Ie mental Pas­sionne (ne depose aussi qu'une Impregnation de Coulee).

Les trois sortes de Transformations ont ete enoncees; maisqu' est-ce que la Transformation? Pour repondre acette questionil dit: .

2 abo Concoction, Mentation, et Notification de domaine;c'est 18. la tI'iple TransfoI'mation: une s'appelle Concoction; uneautre, Mentation; une autre, Notification de domaine. De ces(t rai s) termes, Ia Concoction desig'ne l'Actualisation de l'efretd'un acte bon ou mauvais, quaml l'Impregnation est arriveea maturite suivant sa fOI'ce de portee.

La ~Ientation2, c'est Ie Mental Passionne; on Ie designe ainsiparce qu'il consisle en Mentation constamment.

La Notification de domaine, c'est Ia sextuple Notation, de

1. Nikiiyasabhaga. Gest Ie caradere commun it tous les etres d'un genre,d'une espcce, d'une fam ille , etres vivants d'abord, )Jllis subsidiairementcaste, sexe, drgrc d'avanccmenl reI igieux, etc. La question de snvoir si Innikiiyasabh(lgatli constituait une substance ou non provoquait des contro­verses dans l'interieur IllCll1e du Bouddhisme. Cf. Kosa, 11, 4'1 = La V., I,191> sqq. - Les Impregnations de Concoction s'actualisent naturellementdans des (( varietcs )) puisque la Concoction implique que In cause ne se ropetepas idonliquement dans !'effet. Au contraire les Im)Jregnations de Coulee,aboutissant it reproduire identiquemenl 1a cause, sont l'origine des dnq sens,et de !'Esprit, el clu Menlal Passionne qui restent les memes sous les « varieles)).

2. Jlanana cst rendu en tib. par liar sems (( ponsee en manicre de Moi,pensee de Moi )).

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LA TRENTA[l'IE 71

vue, etc., paree qu'eUe eclaire respectivement les domaines de laForme, etc. -

Mais, si on n'enonce pas la Forme-propre de ces (Transfor­mations) on ne les comprend pas. n va done montrer queUe estla Forme-propre de chacune d'entre elles.

2 ed. Parmi elles, la Concoction, c'est la Notation appelee deTrMonds; eUe a toutes les semences.

Parmi elies, c'esUt-dire parmi les Trois sortes de Transfor­mations qui viennent d"etre enoncees. La Notation appcleel'Iolation du Trefonds, c'ost la Transformation en Concoction. 1,0

nom de Trefonds est employe ici parce que c'est l'emplacement(st/ulna) des sernences de toutes les Essences de Toute-Passion 1.

TrMonds (dlaya) et emplacement (sthdna) sont des synonymes.Le mol dlaya (Trefonds) a deux explications: 1° toutes lesEssenees y sont deposees (dlayO), y sont installees ; c'est Ie pointde vue passif; 2" il est depose (dlayO) , il est installe dans toutesles Essences; c'est Ie point de vue actit'. Le nom de la Notation:Vljrldna, vient du verhe Vljlld « connaitre distinctement ». C'estla Concoction paree que taus les Actes bans ct mauvais dans tausles Plans, Destinations, Matrices, Categories y sont digeres. C'estaussi la Sem(lnce Univers,elle parce que c'est Ie recipient dessemences'de toutes les Essences.

S'il existe une Notation de TrMonds a part des NotationsfoncLionnelles, il faut dire alars quel est son Ohjectif propre, sonMorpheme propre.

Fort bien; nous n'entendons pas non plus parler d'une Nota­tion videe d'Objectif et de Morpheme; mais son Objectif et sonObjet sont imprecis.

Pourquoi donc ?Parce que la Notation de TrMonds fondionne de deux ma­

nilwes: subjectivement, par suite de la Notification d' Appro­priation ; ohjectivement, par suite de la Notification du MondeInanime sous un Morpheme imprecis.

1,'Appropriation subjective consiste dans : 1° l'Impregnationde la Superstition de la Nature Imaginaire; 2° la Forme, (c'est-a-

1. Toute-Passion (sarhkle_~a). Cc tcrme dcsigne l'cnsemhle rles Passions(klesa) 8t des Sous-Passions (upaklef;a) dont lit lisle cst rlonnee info 11 d-12 aet 12 h-H rl. Lps trois categorics rie smiJlile(;a: klesiitmaka, karmatmaka)janmatmalra sonl r;nonc,·ps inf. 28,- '2:;.

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72 LA TREXTAIi'lE

dire) II's Organes des Sens avec leurs Localisations; 3° Ie Nom(c'est-a-dire les Mots).

Cet Objectif est extremement subtil ; par suite:3 abo Son Appropriation 1 ot sa Notification d'Emplacoment no

sont pas connus en pleine conscience.Le compose employe dans Ie vel'S : asariwiditalwpddistltdna­

v{j"naptikam, est a analyser' ainsi: aS1111widitaka upddir yasmin,asm1widitakdvastltdnavijnaptir yasrnin. Le mot « son» se rap­porte a la Notation de Trefonds.

L'Appropriation, c'est Ie fait de s'approprier. Elle consistedans: 10 l'Impregnation des Imag"inations de Soi, etc... , et20 l'Impregnation des Imaginations d'Essences teIles queForme, etc... Par suite de leur presence, la Notation de Trefondss'etant approprie comme un efTet l'Imagination de Soi, etc., etl'Imagination de Forme, etc., cetto Impregnation des Imagina­tions do Soi, etc., et des Imag-inations de Forme, etc., est co qu'onappelle l'Appropriation. Comme cette Appropriation n'est pasconnue en pleine conscience, comme eIle n'est pas connue a. la faliond'un Morpheme de connaissance detaiIlco en pleine conscience quis'exprime par les mots « Ceci est dans cela, Dans ceci it y acela ll; on dit que cette (Notation de Trefonds) a une Appro­priation qui n'est pas connue en pleine conscience. L'Appro­priation, c'est s'approprier Ie Recipient. Le Recipirnt, c'est laPersonne, (c'est-a.-dire) la Forme (qui consiste dans) Irs Organesdes Sens avec leurs Localisations, ct Ie Nom (c'est-a-dire lesMots). S'approprier cela, se l'attribuer comme uni dans unecommune securite [ou dans un risque commun], c'est Iii I'Appro­priation.

Dans Ie Plan du Desir el Ie Plan de la Forme, il y a une doubleAppropriation, celle de Nom et celle de Forme. Dans Ie Phm duSans-Forme, comme on a deja passe (Ie stage de) la Forme, laConcoction de Forme ne se manifeste plus, et il n'y a Appro­priation que du Nom. La Forme n'existe plus 111. qu'a l'elatd'Impregnation, eIle n'exisle pas a l'etat de Concoction. Commecette Appropriation ne peut pas Nrc connue en pLeine conscienceen temps qu'Ctant Ceci au CrIa respecti\'cment, on elit que l'Ap­propriation n'cn est pas connue en pleine conscience.

1. Upiidi. Ce mol manque it PW1 ct PW2.

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LA TRENTAINE 73

La Notification d'Emp1acement, c'est 1a Notification de dispo­sition du Monde Inanime. Cotte Notification aussi, on dit qu'eUen'est pas connue en pleine conscience, parce qu'eUe fonctionneavec un Objectif et un Morpheme imprecis.

Mais comment une Notification peut-eUe exister avec unOhjectif et un Morpheme imprccis? Ceux qui soutiennent 1a thesedes mItres Notations l'admeltent hien dans les etats te1s quela Mise-au-point de Barrage 1 ; car on ne saurait prMendre quedans les etats te1s que 1a Mise-an-point de Barrage 1a Notationn'existe ahsolument pas 2

• La raison s'y oppose, et aussi Jes Textessacres 3; car i1 y est parle d'une Notation appelCe de Trefonds.

1. J'ai prCfel'e ici, pour traduire samiipatti, ]e terme de Mise-au-point auterme Communion que j'avais adoptc dans ""ISA., p. 188, n. 1, pour mieuxinsister sur la valeur propre dn mot qui exprime bien l'idee de « se mettreau meme plan que I'objet » vise par l'exercice mystique. Cf. l'emploi du motsamapatti dans ViIhsikrr sur 4 il 011 Vasubandhu parle de l'emission seminaleen reve sans qu'il y ait deux pel'sonnes couchees ensemble « sans qu'il y aitsamapatti de couple)) (droyasamiipattim antaTe(w). Vasuhandhu lui-memedonne ainsi l'explication elymologique du mot, Kosa, II, H d = La V., 213 :« on l'appelle samapatti parce que les Grands Elements-materiels y arrivent(apad) it un elat d'egalite (s(/1/1a) eontraire. ilIa prodlict ion de l'EsprH ))(d. Mhvy. 11lO0: niTodhasamiipatti~. et HiOt : mahabhutl1samatiisiidhanam).C'est cette idee que rendent les traductions tibetaine .. l1oms pal' 'jug pa « s'ins-

taller en ega]ite)) et chinoise teng tche ~ ~ « arrivce it l'egalite )). Cf.La V. sur Kosa, VIII, 23 et aussi ib. 11, H sqq.

La detlnition que La V. donne de la nirorlhasamiipatti d'apres Ie Pra­karal~a de Vasubandhu (cf. Paiicaskandhaka, trad. Hillan tsang, TolL, XVIIl,9,99 h, col. 4, et comm. de Sthiramati, ill. XX, 10. (1!J h, col. 4) est: « IeBarrage de l'Esprit et des Essences de l'OI'dre de I Esprit qui a pour ante­cedent la Connotation de tranquillite et qui est ohtenu par un hornrne delivredes passions du Lieu du Zero (iikili1canyayatana) )). C'est exadl'ment Ie textcqui se lit dans Ie commentaire de Sthiramati sur TriIits., p. 34, I. 24 :niroclhasamapattiT iikirhcanyaya tanav/ta ra ga.'ya santat'iharasarhj 11 tipflrVI1­ke(w manasih'arery.a sasamprayogasya mal1ovijr/iinasya kli.~tasya co manaso yoniroclhalf. Dne fois de plus Sthirarnati it rcropie fidelement Ie Prakara'.la. cr.aussi info p. 8~, note sur bhavagra.

2. Dans cet l'tat de transe, seuls subsistent l'ldenti1 e de Genre (nikiiya­sabhaga), I'Organe de Vie (i/vitendriya) et les Essences dissociees de ]'Esprit.La rentree en aclivitc de l'Esprit, an sartiI' de lit tl'anse, provoquait done, aupoint de vue de l'Enrhainement des instanls, une grave diffirulle qui nsouleve bien des controverses. V. Kasa, II, 44 = La V., p. 211 sqq. ; et SiddhiLa V., I, 204 sqq.

3. Stbiramali n'a pas precise, (~t pelll-etre pOllr r-allse. II a sans doute envlle Ie passage de I'Ekottariigrllna tOlljollrs utilise dam la contl'overse surl'AlayavijiJilna et que j'rli cit(~ dans J\iISA., note '2 sur 1,18. cr. allssi SirldhiLa V., r, '178 sqq. avec les notes, et speciulemenl HiD ~ 4.

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74 LA TRENTAL\E

Or toute Notation est forccment associce avec les (Essences) derOrdre de l'Esprit. II faut donc dire avec queUes (Essences) deI'Ordre de I'Esprit et avec cornbicn d'cntre eUes (Ia ~otation deTrefonds) est toujours associee, et aussi si eUe est toujoursassociee avec eUes, ou non.

Ainsi donc, il dit;3 cd. EUe est toujours associee avec Ie Tact, l'Acte mental,

I'Irnpression, la Connotation, I'Esprit-en-Travail.Tant que la Notation de TrCfonds est, elle est accompagnee des

cinq Essences omnipresentes, a savoir Tad, Ade Mental,Impression, Connolation, Esprit-en-Travail. Le mot vid « sentiI' II

est ici l'equivalent de vedana, Impression.Le Tact 1 est une modification precise d'un org;ane quand une

triade se trouve rounie au complet; il a pour action propre deservir de base a une Jmpression. La triade, c' est l'organe, l'objetet la Notation; quand tous les trois existent ensern hIe en tantque Producteur et Produit, la tl'iadl' se trouve reunie au cornplet.Quand cette reunion se pro(luit, simultanement avec eUe l'organeeprouve une modification qui favorise l'Jmpression de plaisir,de douIeur, etc.; correspondant avec cette (modification) seproduit la precision de l'Objd en tant que susceptible d'Mreressenti COlllllle plaisir, etc. C'est lil Ie Tact. La modificationde l'organe, c'est la par'ticularite par laquelle l'organe se trouvedevenir une cause de plaisir, de douleur, etc. Le Tact est appeleainsi soit avec une valeur active: « II touche 1'0rgane en corres­pondance avec la modification de l'organe )l - soit avec unevaleur passive: « II est touche par l'organe en correspondanceavec la' modification de l'organe. » Ainsi donc, quoi qu'il consistecssentieUement dans une modification definie de l'objet, il estaussi une modification dt'finie de l'organe. Son action, c'est deservir de base a une Impression. Car it est dit dans Ie Slltra 2 :

Par enchainement-causal avec un Tact propre a donner uneImpI'ession de plaisir se produit un plaisir qu'on oprouve, etc.

1. Sthil'amati reproduil la definition donnee par Vasuhandhu lui-meme,Kosa, II, 24 comm. La V., I, 1;)4 § ;;; Ill, 30 h. = La V., p, 95 sqq. (ellesnotes). cr. aussi Sirldhi La V., I, p. -144 sqq.

'2. Le lexle correspond anI en pali se 11'OllVe dans Ie Sarhyutla, XXXV, 129(Ghosita) § 4 ct aussi XXXVI, 10, §;); - el dans Ie SariJyulda Agama chinois.TolL, XIII, 2, !JG b.

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LA TRE:STAINE 75

L'Acte Mental I est l'utilisation de l'Esprit-pratique 2. Le motabhoga « utilisation \) vient du verbe abhuJ « incliner vel'S soi ».

C'est lui qui met l'Esprit en face de son Objectif. Son action,c'est de maintenir l'Esprit sur son Objectif. Maintenir 1'Esprit,c'est 1'0rienter aplusieurs reprises sur Ie meme Objectif. Et cetteaction n'est indiquee <[u'a propos de l'Acte Mental special au Iememe Objeetif cst retenu devant une Serie-d'instants de l'Esprit;(cette action) n'est pas [indiquee a propos de l'Acte Mental quise produit] a chacun des moments de 1'Esprit; car cet (ActeMental) n'a qu'une activitc d'un moment et (qui ne se transmet)pas a un autre moment.

l/Impression consiste a eprouver quelque chose 3. EUe est detrois sortes, selon que l'objet qu'elle immediatise a un Morphemerafraichissant, au bnllant, au distinct de ces deux Morphemes.Elle est de plaisir, de douleur, ou sans plaisir ni douleur.

Mais d'autres pensent ainsi : Eprouver veut dire qu'on eprouvepar Ia un a un la Concoction des etIets des Actes hons et mauvais.f~prouver du plaisir, c'est la Concoction des Actes hons; de Iadouleur, c'est celle des Actcs mauvais; ni plaisir ni douleur, c'estcelle £Ie tous les deux. La Notation de TrMonds est la Concoctiondes efrets des Actes hons et mauvais. C'est done l'Apathie enAssociation avec ceLle (Notation de Trefonds) qui est au Sens

1. C'cst cxad~m~nt la. definition qui a ete J'('cucillic par ],Amarako~a, I,5, 11.: cittabho(Jo manaskara!J-. Le mot abho(Ja, donI. j'ai eu ]'occasion detraiter MSA., I, i, n. 7 et Hi, n. 1, n'a pas manque rl'embarrasscr lescommentateurs et interpretes. SarYananda. sur Amara, arl 1oc. dit: abhofJastatparllam et mcntionne une autrc explication: vyfipilra iti h'ccit, Loiselcurtraduit: « l'efJexion ou conside"ation (acte de I'esprit SUI' un sujel present fi.ses pensees, exercice du jugement, ou hien ac.lion d'explorer les p"cllvesd'une chose) )).

Sthiramati reproduit la definition ([llC Vasuhandhu a dejfi. dO'lllee dumanaskiira dans Kosa, 11,24, La V., p. t!l4 § 8 ct la note. cr. aussi SidrlhiLa V., I, p. I46. --:- Et pour les trois categories de manaskara, Ko~n, II, 7.2comm, La V., I, 325 § 4.

2. Le libetain et Ie chinois nc se sont pas preoccupes de differencier Iecitia et Ie cetas ; ils rendent de la mt\mc manicre les deux lermes. Pourtant,si citta peut toujours se substituer fi. cetas, I'inverse n'est pas exact. Lcsreferences aux passages de In Tririd. 0\·' Ie mol cetas est employe monlrentque ce mot nc designe jnmais I'Esprit en soi, pour ainsi dire, mnis ['Espritdans ses nctivites multiples. C'csl pourquoi j'ai traduit, ou glose cc lIIOt pal'« Espl'il-pratique )).

3. Merne definition dans Kasa, I, U c, La V., I, 27 (cr. SplllltTirlhIT, p. :~8,

l. 4 sqq.). Voir en outre Kosa, Il, 7, 8, ':!4; III, ;)2; el Siddhi La V.. 1, Hi.

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76 LA TREN'L\.IJ'iE

ultime la Concoction des effets des Actes bons el mauvais ; maison applique par m81aphore la designation de Concoetion auplaisir et ala douleur parce qu'ils naissent l'un ot 1'autro de laConcoction des Acles bons et mauvais.

On eprouve du plaisir quand on desire que l'acte present nes'interrompe pas et quand on desire, une fois qu'il a cesse, Ieretrouver encore.

On eprouve de la douleur quand on desire que 1'81al presents'inlerrompe et quand on desire, une fois qu'il a cesse, ne plus Ierctrollver.

On n'eprouve ni plaisir ni douleur quand la presence et la ces­sation de l'etat ne font naitre ni l'un ni l'autre.

La Connotation \ c'est abstraire Jes Signes des Objets. L'Ohjet,c'est l'Ohjectif. Le Signe, c'est sa particularite, ce qui fait quel'Objeclif est class() comme jaune, bleu, etc. Abslraire, c'estobserver que toIle chose est bleue ot qu'olle n'est pas jaune.

L'Esprit-en travail, c'est l'Opt'ration-d'adaptation 2 de 1'Esprit,c'est l'acLivite du Mental qui, du fail de son exishmce, met l'Esprit­pratique en mouvement vel'S 1'0bjectif, comme l'influence del"aimant met en mouvement Ie fer.

L'Impression e&t done de trois especes : de plaisi r, de clouleur,sans plaisir ni douleur. Les Essences sont de quatro sortes:bonnes, mauvaises, neulres sans Revctement, neutres avec Reve­tf'ment. Comme l'auteur a employe ici l'expression generale devid « Impression)) a propos de In notation de Trefonds, on ne

. sait pas distinctement quelle est celIe des trois Impressions(qu'il entenLl), ni si elle est bonne, au mauvaise, ou neutresans Revetement, au neutre avec Revetement. Gost pourquoiil di! :

4 abo L'Impression y est l'Apathie, et c'cst (Ia Notation de Tre­fonds est) une chose neutre sans Rev('tement 3.

1. Ici encore Slhiramati suit Vasubanrlllll, Kosa, I, 14 c-rl, La V., J, 28et n. ; cf. aussi ib., lJ, 24, La V., I, 11>4 § 3; 34 b et La V., J, 177 n.; et SiddhiLa V., I, 148 sqq.

2. Meme dPllnition dans Ie Kosa. J, 15, II, 24, La V., 1M § 2, et IV, 1 b sqq.Cf. aussi Sirldhi J.a V., I, 149. Je pl'crcre it Sur-Opcl'er, Sur-Operation quej'avais employes dans MSA. POUI' rendre abhismiIslwr et abhisaritskiira, ccltenouvelle {I'aduction qui, tout en conservant. Ie terme OpereI', Operant choisipour sari/.slwr, smTts/({f.ra, rend pIllS intelligible la valeur elu preverbe abhi.

3, Cf. la discussion de la Siddhi, La V., 1, '149-1;>3. Le membrc de phrase;

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LA TIIENT AINE 77

Le mot « y » represente la Notation de Trefonds, puisqu'ils'agit d'elle ici. l/Impression, dans la Notation de Tretonds,c'ost l' Apalhio ; elle n'est ni de plaisir ni de doulour, parce quel'un ot l'autre d'entre eux onl un Objeclif et un Morpheme precis,ot qu'ils ont l'un et l'autre des Residus provenanL del'Attractionet de la Haine.

Et 0'est une chose neutre sans Revetement. « C'est »; it s'agitde la Notation de TrCfonds qui est en question ici. Le torme« sans Revetcment » sert a exclure ce qui est aRevetement. Leterme ( neuLre » sert a exclure Ie bon et Ie mauvais.

«( Sans Revetement » parce qu'il n'esl pas renltu des Sous­Passions accidentelles qui sont du stage du Mental.

(( NeuLre » parce que, etant la Concoction, cUe n'est pas classcecom me bonne ou mauvaise au point de vue de 1a Concoction.

4 c. De meme Ie Tact, et<~.

De ml)me que la Notation de Trefonds est exelusivement laConcoction, qu'elle a un Objectif et un Morphl\me irnprecis,qu'elle est toujours escortce du Tact, etc., el que l'lrnpressiony est Apathie, et qu'elle est neutre sans Hev6lernent, dememe aussi Ie Tact et les (quatre) autrcs sont exclusivementConcoction, ont des Objeclifs et des Morphemes imprecis, sont- d<'~duction faite de chacun respectivoment ~ constammentescortes des qualre autres et de la Notation de Trefonds, etl'Impression y est Apathie, et ils sont neutres sans Revetement,tout comme la Notation do TrCfonds. Car, etant en Associationavec la Concoction, ils ne peuvent pas (ltre sans la Concoction;ayant un Objectif et un Morpheme impn)cis, ils ne peuvent avoirun Objectif et un Morpheme precis.

Le meme (developpemont se repete) pour (chacun' des quatre)autros.

Mais est-ce que la Notation de Trefonds so deroule tout Ie longde la Transmigration comrne une unite indivise, ou bien commeune Serie-d'instants '! Elle ne se deroule pas comme une uniteindivise, puisque tout est momentane. AlaI's

4 cd. Elle se deroule comme Ie courant d'un fleuve.Elle, c'ost la Notation de Trefonds dont il est question. Le

ri1gadVe~(lnusayitatvacca manque au texte tibetain, mais se rell'ollve dans Iecommenlairc de VinHadeva qui Ie glose.

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78 LA TRENTATNE

fIeuve, c'est Ie fonctionnement ininterrompu de Ia cause et del'effet. Le courant, c'est Ie nom qu'on donne a l'ecou/ement d'unemasse d'eau sans qu'on puisse separer des parties anterieures ouposterieures, Car, de meme qu'un courant va entrainant deI'herbe, du bois, de la house, etc., de meme la Notation de Tre­fonds, eIle aussi, fonctionne sans cesse, Lout Ie long de laTransmigration, escortee des Impregnations des Actes de merite,de Mmerite, ou sans-potentiels, entrainant dans son tleuve IeTact, l'Acte Mental, etc.

Mais si eUe s'ecoule ainsi ala maniere d'un fIeuve, aquel etatd'esprit se fait Ie Refoulement ?

5 a. Le Refoulement 1 se fait i't l'cStat d'Arhat.Qu'est-ce done que l' etat d'Arhat dont la possession fai t qu'on

cst appele un Arhat? Qu'est-ce done qu'on possede pour qu'on soitappeIe un Arhat? La connaissance ue ce qu'est Ia destruction[des Passions] ; Ia connaissance de ce qu'est la non-production[des Essences], les obtenir (c'ost devenir un Arhat)2. Car unefois acet etat, la Turbulence contenue dans la Notation de Tre­fonds est alors eIiminee. C'est la l'etat d'Arhat.

La Transformation en Concoction a ete cnoncee avec les Mtailsnecessaires. Maintcnant il passe a la seconde Transformation,qu'on nomme Mentation. L'explication commence par ces mots:« Logce en cUe, cIle fonctionne... ») Si I'mil, etc. est reconnucomme Ie Recipient des Notations d'rnil, etc. et que Ia Forme, etc.en sont reconnues comme l'ObjecLif, il n'en va pas de memepour Ie Mental-Passionne; on ne lui reconnait pas communementun Recipient ou un Objectif. Et il ne peut pas y avoir regu/ie­rement de Notation sans tenir compte de son Recipient et de

1. Vyavrtti n'est pas un simple synonyme de nivrtti designant l'arret. Letib. Ie rend (comme Mhvy. 4505) par ldog pa ou ldog pa sel ba, renvoyer,retourner, rejeter par relrovel'sion. Le courant n'est pas seulement arrete, ilest renverse.

2. La Vallee, Siddhi, I, p. 162, n. 1 a justement releve que Sthiramati« definit I'Arhat dans les termes du Kosa, VI, 50 a b (I'Arhat akopyadharman)par l'acquisition des deux connaissances, l'une qui detruit les Ecoulements,l'autre qui les empeche de se reproduire )). Et Ie Kosa - qui est elranger auMahayana -, ajoute VI, 67 a-b : La Connaissance de Destruction et la Connais­sance de Non-Production, c'est I'I1lumination (Bodhi) ... En effet par ces deuxConnaissances on abandonne completement louIe l'Inscicnce (ase§avidya­prahar,tat); l'expression, et la doctrine, sont ici transposees en lermcs duGrand Vehicule : alayavijnilnasritadau§thu1yaniravase§aprahiir,tat.

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LA TRENTAINTI: 79

son Ohjectif. Done, pour expliquer Ie Recipient et l'Ohjectif duMenial Passionne et pour en donner l'etymologie, il dit :

;) bed. Logee en eIle, fonetionne, avec clle eomIlle ohjeetif,laNotation appelee Ie Mental qui eonsish~ en Mentation.

En elle, c'est-a-dire dans la Notation de TrCfonds. Car c'est laNotation de Trefonds qui est Ie Recipient des Tmpn;gnations doce (Mental). Fonetionner signifie: se produire en serio continue.Uu hien encore: Quand la Notation de TeMonds est la Concoc­tion dans un certain Plan ou dans une eer'taino Terro, 10 MentalPassionm~ estdu meme Plan et de la meme Terre; comme I'acti­vite de rune est lice a l'autre, on dit : « logee en elle, ellafonctionne ».

« Avec elle comme Ohjectif)), c'est-a-diro : avec la Notationde TrMonds comme Objeelif. En s'associant avec la Croyance aun Ensemble de Realites, elle prond pour Objoetif la Notation deTrCfonds on disant : Mal, mion.

Mais comment se peut-il que Ie meme Esprit qui prodUlt 10(Montal) en devienne aussi I'Objectif? - Mais (memo) si onn'admet pas Ie (Mental-Passionne), c'est un fait que dans uncertain etat, Ie meme Esprit qui donne naissance a la Notationdu Mental en devient aussi l'Objectift. Le cas est Ie mhne.

I. Le commentaire rle VinItarleva sur ce passage est Ie meme que celui deHiuan tsang, Siddhi, La V., r, 2;;3 c. ji Itar kha cig de mi 'dod kyo Ii. ies bya ba10 sags po smras so. gali dag'lion mons pa can gyi yid mi 'dod pa dag gi giUJiitOI' na yai! I ji ltar 'go' iig 'gags rna lha9 tu rali gi sems la so SOl' rtog pa'idus na de rna thag pa'i rkyen du gyur pa'i serns gali las yid kyi rnam par sespa 'byun ba sems de liid drnigs pa yin iili I yid kyi rnam par ses pa de'byunste I ji ltar yid kyi rnam par ses pa de rali gi gnas La dmigs pa de biin duiion mOlis pa can gyi ymi ran gi gnas La dmigs par 'gyur 1'0.

« C'est eomme l'aUention (?) de eeux meme qui n'admettent pas ceMental Passionne, De meme que quelquefois, quand on veut examiner endetail une peusee de soi qui vient imm6t1iatement d'ell'e barree (samanarrtara­niruddha), la pensee ainsi devenue Fadeur causal de eonseeution idenlique(samanantarapratyaya) fait surgir une Notation du Mental (manovijiiJina), etpar lil eette pensee meme devient l'Objectif quand f;etle Notation tlu Mentalsurgit; de meme que cette Notation du Mental devient Ohjectif pour sonpropre Receptacle, de meme Ie Mental Passionne devient un Objcctif pour sonpropre Receptacle. ))

VinItadeva montre bien que Ie tad de la formule tad anicchaliim serappol'te au kli~~amanas.En oulre il confirme I'existence tlu mot kyan (api)que la traduction tibetainc de Sthiramati place apl'es « rni 'dod pa (aniccha­tam) )). II faut donc comprendre, et lire dans Ie sansCl'it: tad anicchalam api« memesi on n'admet pas cc .. ,)).

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80 LA TRENTAINE

La Notation appelee Ie Menlal, e'est-a-dire la Notation dontIe nom, Ia designation est: Ie Mental; logee clans Ia Notationde TrMonds, elle Ie prend comme Objectif; en disant qu'elle estappelee Ie Mental, ilIa separe de la Notation de Tn\fonds et dela Notation fonctionnelle. Mais quelle en est Ia nature propre?(( Elle eonsiste en Mentation». Puisqu' elle consiste en Mentation,on l'appelle Ie Mental; c'est Iii l'explication etymologique du nom.

Puisque sa Forme propre est Ia Notation, elle est de toutenecessite associee avec les (Essences) de l'ordre de l'Esprit. Maison ne sait pas avec lesquclles, avec combien d' entre elles, et pourcombien de temps elle leur est associee. ndit done:

6 ah. Elle est toujours en compagnie de quatm Passions aRevetement et neulres.

Les (Essences) de 1'0rdre de l'Esprit sont en cet effet de deuxsortes : les Passions, et Ie reste. II dit (( aecompagne cles Pas­sions » pour exclure Ie reste. Mais les Passions sont au nombrede six. Et elle n' est pas en compagnie de toutes; aussi il dit :( de quatre ». «( En compagnie ») veut dire: en Association.

Mais encore les Passions sont de deux especes: mauvaiscs, oua Revetement et neutres. n clit «( a RevMemenl et neutres ») pourles distinguer des mauvaises. Car une Notation a RevMement nepeut pas etre associce avec les mauvaises. « A Revctement »

parce qu'il y a de la Passion. (( Neutres ») parce qu'elles ne sont .classees ni comme,bonnes ni wmme mauvaisefi.

« Toujours » veut dire: en tout temps, Tant qu'elle existe,elle est associee avec ces (Passions).

Comme il a employe une designation generale, on ne lesconnait pas specifiquement. II specifie done ainsi :

6 cd. (Les Passions) nommees Vue du Soi, Erreur sur Ie Soi,Orgueil du Soi, Amour du Soi.

( Vue du Soi » c'est croire qu'il y a un Soi dans Ies Massesd'Apppropriation ; e' est croire qu'il y a un Ensemble de Realites.

L'Erreur sur Ie Soi, c'est I'ignorance a propos du Soi.L'Org'ueil du Soi, c'est l'Orgueil a propos du Soi; e'est 1'01'­

gueil (de dire): Je suis.L'Amour du Soi, c'est l'amour en fait de Soi. Quand on est

completement dans l'erreur sur Ia Forme propre de Ia Nota­tion de TrMonds, on produit cette dodrine qu'il y a un Soi, apropos de Ia Notation de Trefonds.

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LA l'RENTAINE 81

L'exaltation de l'Esprit qui vient de 1a doctrine qu'il y a unSoi, c'est l'Orgueil (de dire): Je suis.

Quand ces trois (Passions) existent, on s'attache ardemment ace qu'on prend pour Ie Soi; c'est l'Amour du Soi.

Et il di t (ailleurs) :Ignorance, Croyance au Soi, Orgueil du Je Suis, Soif; ces

quatre passionnent totalement Ie Mental caracLerise par la Men­tation. ·Le Mental Passionne est toujours Signa d'Idee-a­rebours; toujours il produit l'Ade du Moi dans l'Esprit han etneutre. '

Car ces« Passions: Erreur sur Ie Soi, etc. sont, eomme Ie Mental,

dans neuf (des dix) Terres. »)

Comme il a employe ici une expression generale, on ne saitpas si (Ie Mental) est associe exclusivement avec les (Passions) desa propre Terre au avec d'autres aussi. Done il dit:

7 a. Avec celles de la au elle (cette Transformation) nail.Quel que soit Ie Plan au la Terre au elle est nee, il est associe

avec les (Passions) de ce Plan et de cette Terre; il ne l'est pasavec celle des autres Plans au des autres Terres.

Mais n'est-elle associee seulement qu'avec ces quatre Passions?II repond: Non I

7 abo Aussi avec d'autres, Ie Tact, etc.Sous-entendu : elle est associee. Le mot « aussi ) a une

valeur de copule. Le « Tad etll. ), c'est-it-dire Tact, Acto Men­tal, Impression, Connotation, Esprit-en-Travail. Car ces cinqEssences sont omnipresentes et sont done associees avec toutesles Notations. Ces (cinq) imssi sont du meme Plan et de la memeTorre que Ie Plan et la Terre Otl (la Transformation) nait, et nesont pas d'un autre Plan ni d'une autre Terre. au bien encoreIe mot « autres » sert ales distinguer de ceux (les cinq) qui sontassocies a la Notation Radicale 1. Car dans la Notation-RadicaleIe Tact ct les (quatre) autres sont Sans-Revetement et neutres.Mais dans Ie Mental Passionne, ils sont, comme Ie Mental, aRevcternent et neutres.

L Le terme de millavijr11ina (( Notation Radicale ", applique ici al'(llayat'ijnana, avail ele anterieurement employe par les l\1ahaSiiJitghikaspour une conception analogue, mais res lee encore rude et vague. V. La V.Siddhi, I, '178.

6

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82 LA TRENTAINE

Mais si ee Mental Passionnefonctionne indistinctement dans lesetats bon, passionne, et ncutre, alors il n'y a pas d'arret pourlui. Et s'il ne s'arn)te pas, d' OU viendrait la Delivrance? Commentne s'ensuit·il pas qu'il n'y a pas dc Delivrance? Non, cela nes'ensuit-pas, car

7 b'ed. II (le Mental Passionne) n'existe pas chez I'Arhat, nidans la Mise-au-point de Barrage, ni dans Ie Chemin Supra­Mondain.

L'Arhat, puisqu'il a elimine entierement toutes les Passions,n'a pas de Mental Passionne. Tout comme les Passions quidoivent Mre eliminees par les Exerciees du Dernier Etage del'Existence 1; (Ie Men tal Passionne) est eli mine par la voied'Ahsence-d'ErnpE\chement a l'atteinte de l'etat d'Arhat. Done,tout comme les autres Passions, il n'existe plus quand on est it1'etat d'Arhat. Mais il est simplement barre (et Ilon supprime)chez eclui qui n'a plus a revenir (dans Ie Plan du Desir, l'Ana­gamin), liMn) qu'il est des Attractions (du degrc) du Lieu duZero, quand il obtient In Mise-au-point de Barrage (il n'est barreen ce cas que) pendnn l la durce de la Mise-au-point Q.c Barrage,comme c'cst par Ia force du Chemin que la Mise-au-point de Bar­rage lui a etc rendue accessible (Ie Mental Passionne n'est que tem­porairement barre, eomme Ie Chemin lui-mpme); mais une foisqu'il est ressorl.i de ce Barrage, son (Ylental Passionne) recom­mence a fonctionncr (en venant) de Ia Notation de TrCfonds.

« Ni dans Ie Chemin Supra-mondain. » Le mot Supra-mon­dain sert [1 exclure Ie MOlHlain, Car dans Ie Chemin Mondain.Ie Mental PnssioIlIlC fonctionne. Mais dans Ie Chernin Supra­mondain il ne peut pas fonctionner, car la doctrine qu'il n'y apas de Soi est Auxiliaire contre la doctrine qu'il y a un Soi.1.,'Auxiliaire et l' Antagoniste ne peuvent pas exister simulta-

1. Le dernier Elage (bhavligra, « te bout de I'existenee ») est une designa­tion abl'egee du Lieu Oll iI n'y a plus ni Connotation ni Absence de Connota­tion (naivaslJ1i1jnaniismnj/layatana) qui constitue Ie lerme ullime riu Plan Ieplus elevc, Ie Plan du Sans-Forme (aTupyadhatu). C'est Ii ce Plan et Ii cetElage qu'apparlient la Mise-au-point rle Barrage (nirodhasamlipatti; ef. sup.p. 7:1). Le Dernier Elage a, comme ehacun des paliers inl'erieurs dans]'Ascension ,i Ia Saintete, rles Exercices appropl'ies et aussi un douhlecommencement: un Chemin d' Absence d'Obstaele (anantaryamaTga) qui estl'Allxiliail'e pour I'Abandon (pmha(wpmtipah§a), el un ClJemin de Libe­ration (vimuktimarga) qui correspond it la Connaissance elle-meme. LesPassions eliminees au rlernier Elage sonI naturellement les plus suhlimees.

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LA TRENTA1NE 83

nement; done Ie (Mental Passionne) est barre dans Ie CheminSupra-Mondain. Mais aussitOt qu'on est sarti du (CheminSupra-Mondain), Ie (Mental Passionne) recommence it naitre de laNotation de TrMonds.

8 a. C'est la seconde Transformationqui a etc enoncee et exposee ; il conclut ainsi.l\'1ais aussitOt apres la seconde Transformation, il faut parler

de la troisieme. II dit :8 be. La troisieme, c'est la perception du sextuple domaine.

La troisiemc, c'cst-a-dire la troisieme Transformation de Ia Nala­tion. Le domaine sextuple, c'est Forme, son, odeur, saveur,touchable, Essence; voila les six sortes de domaines. La per­ception, c'est la prise, I'entree en jeu. Celle (perception) est-ellebonne, au mauvaise, au neutre? 11 repond ;

8 d. Bonne, mauvaise, ni l'une ni l'autre.Ni l'une ni l'autrc, c'est-a-dire neutre. Associee it la non­

convoitise, la non-haine, la non-erreur, cUe est bonne. Associeeala convoitisc, la haine, I'erreur, elIe est rnauvaise. Si elle n'estassociee ni avec les bonnes, ni avec les mauvaises, elle n'est njrun nj l'autre, ni bonne ni mauvaise.

1. La Mise-au-point de Rarl'age n'est accessible qu'aux Saints (arya), itceux qui suivent Ie Chemin Saint (arya marya) ou Supl'a-mondain (lolwttara);cL Kosa, II, 43 bod § 1) ; elle n'est pas accessible aux Profanes (Pfthagjana) ;eeux-ci ne peuvent aUeindre dans eet ordre que la Mise-au-point deSans-Connolation (asamjnisamapatti), etat d'ineonseience ou les Passionsdemeurent latentes. D'ailleurs « ce reeueillement ne peul etre produit quepar la force du Chemin» Kosa, ib., La V., p. :lO~ (c'esl exar:tement I'enoneede Sthiramati: margabalena nirodhasamapatter labhyatt'iit); il constitue IeNirvilJ}a des Ia vie presenle et exige done un etat de Conviction relalif auNirval}a (dr§tadharmanirvi'l(Ulsya tadadhimuktitas). L'Anrrgamin « celui quin'a plus it revenir )) ici-bas, dans Ie monde flu Desir el de la Forme, quandil a passe, dans son ascension vcrs la Sainlete, Ie Lieu du Zero (akilhcanyaya­tana) qui eonstitue Ia troisicme des Quatre Exlases (dhyiina) rill Plan duSans-Forme (arupya dhatu), n'a plus devant lui que Ie Lieu OU il n'y a plusni Connotation ni Absence de Connotation, aulrement <IiI Ie Dcrnier Etagc.nest Iibere des Attractions (Ntariiga) presque totalemcnt, a parI les Passionsles plus subtiles. Le Chemin lui auvl'e done I'acres de la Mise-au-poinl deBarrage; quand il est dans cet etat, Ie Chemin se tnJUvc suspcnrlu, « barre ",temporairement; it n'y a pas de mouvement de Pensee, pas de progreso II seretrouve done, au sortir de eet Clat, avec la mf)me part de Passion qu'al'enlree en transe, et son Mental Passionne fonetionne il nouveau.

Le Chemin Mondain (laukika marga) est, par definition, incapabled'aneantir Ie Mental Passionne; il ne peul eonduire flU'a Ia suppression desPassions de I'etage des Suhhakrtsnas; cf. Kosa, II, 4-1 el 42.

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LA TREI\'TAlN8

Mais quelles sont les (Essences) de l'Ordre de l'Esprit aveclesquellcs clIe est associee? Et combinn des (Essences) del'Ordre de l'Esprit lui sont associccs? II rcpond :

9. Elle est associee avec les (Essences) de l'Ordre de l'EspritOmniprcscntes, deterrninees specialement, bonnes, ot aussi avecles Passions, les Sous-Passions ; elle a trois Impressions.

Mais ce qu'il indique cornme les Omnipresenlcs, on ne saitpasco qu'clIes sont. Pour l'cxpliquer il dit:

10 a. Les premieres, c'est Ie Toucher, etc.Les premieres, c'est-a-dire celles qui sont enoncees d'abord,

les Ornnipresentes. En efret, illes a designees tout d'abord (3 cd)en disant : Toujours associee avec Tact, Acte Mental, Impres­sion, Connotation, Esprit-en-travail. Le Tact est nornme en tete;c'est pourquoi il dit: Ie Tact, etc. Ces cinq Essences, Tact, ActeMental, etc., accornpagnent l'Esprit integralement: elles sontdone Omnipresentes, car elles fonetionnent indistinctement dansla Notation de Trefonds, dans Ie Mental Passionne et dans lesNotations fonctionnelIes.

Pour eelles de Determination speciale, il dit:10 be. Elan, conviction, memoire, concentration, sapience

sont determinees.De determination speciale, c'est-a-dire de determination parti­

culiere; leur domaine est particulier, il n'est pas total 1. L'Elan,c'l'st une poussec vel's une chose qu'on a en vue. En employantces mots « une poussee vel's une chose qu'on a en vue » ilmontre que son domainc a une determination respectivemcntspeciale, car il n'y a pas d'~~lan vcrs une chose qu'on n'a pas envue. Une chose qu'on a en vue, c'est une chose qu'on visecomme domaine d'acLivite de la vue, de l'audition, etc. L'Elan,c'est demander it voir, it entendre, etc. Son action propre, c'estde donner une base 11 l'Initiative de Bonne Volonte.

La Conviction \ c'est afJirrner de tolle ou telIe maniere apropos d'une chose bien etablie. L'expression (( bien etablie ))ecarte tout ce qui n'est pas bien etabli. Une chose bien etablic,

1. La plupart des definitions qui suivent ant efe empruntecs pal' Slhi­ramali il des amvres de Vasubandhu. On les retrollve en general dans IeKosa [K.] et aussi dans Ie Pancaskandhaka [P.]. - Elan (chanda) = P. citeLa V., Kosa, II, 24, § 4, note.

2. Conviction (adhimok$a) = P. ib. § 9 n.

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LA TRENTAINE 85

c'est une chose qui ne laisse pas de place au doute, soit par Ieraisonnement, soit par l'enseignement de personnes competentes.Quaml la chose a etc bien ctablie sous tel ou tel Morpheme,p. ex. sous Ie Morpheme d'Impermanent, de Douloureux, etc., sil'Esprit-pratique est alors persuade qu'elle a exactement ce Mor­phi'me, affirrner d'eBe qu'eHe est ainsi et qu'eBe n'est pas autre­ment, c'est la Conviction. Son acte propre, e'est de donnerl'Inebranlabilite. Quand on a une solide Conviction, les adver­saires de la doctrine ne peuvent pas vous ebranler.

La Memoire \ c'est l'Esprit-pratique qui ne selaisse pas deroberune chose qui lui est familiere; c'est la repetition. One chosefamilicre est une chose deja eprouvee. Une fois que l'Objectif aetc pris, faire en sorte qu'il ne disparait pas, c'est lit ne pas selaisser deroher. La repetition, c'est se rappeler encore et encorel'Objeetif et Ie Morpheme. La repetition, c'est l'action de repeter.Son acte propre, c'est l'absence de distraction. Quand on se rap­pelle un Objectif, l'Esprit n'a pas de distraction it propos d'unautre Objectif ou d'un autre Morpheme, de la vient l'absence dedistraction.

La Concentration 2, e'est l'Attention de l'Esprit sur une chosequi est a examiner de pres. Une ehose est a examiner de prt'·s aupoint de vue des qualiles ou des defauts. L'attention, c'est n'avoirqu'un seul Objectif. Son acte propre, c'est de donner une baseau savoir; car un Esprit bien concentre reconnait les chosesteBes qu'e11es sont.

La Sapience 3, c'est une selection exercee sur une chose aexaminer de pres. CeLle selection est reguliere, ou irreguliere,ou autrement. La selection, c'est choisir; c'est savoir bien oumal discerner parmi les Essences qui semblent avoir pele-meledes caracteres propres et cornmuns. Heguliere, conforme a laregIe, c'est-a-dire a l'enseignement des personnes competentes,au raisonnement, et a l'evidence. Savoir regulierement, c'estsavoir par une de ces trois regles. En outre, ce savoir est faitd'Audition, fait de Reflexion, fait d'Exercice. Savoir par l'auto­rite de temoins competents, c'est Ie Savoir fait d'Audition.Savoir par une introspection reguliere, c'est Ie savoir fait de

1. Memoire (smrti) = P. ib. § 7 n.~. Concentration (samadhi) = P. ib. § -to n.3. Sapience (prajna) = P. ib. § 2 n.

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Sf) LA TRENTATNE

Reflexion. Savoir par la Concentration, c'est Ie Savoir faitd'Exercice. Irregulier, c'est l'enseignement de pcrsonnes incompe­tentcs, Ie semblant de raisonnement, et la Concentration malfixee. Le savoir irregulier est celui qui vient d'un de ces trois(facteurs). Le savoir qui tient a la naissance et Ie savoir'-faired'ordre mondain ne sont ni n~g'Uliers ni irreguliers. Et cette(Sapience) a pour acte propre de refouler Ie doute. Le doute cstrefoulC quand on selectionnc les Essences par la Sapience, caron arrive ainsi it une decision bien etablie.

Ces cinq Essences fonctionnent meme independarnment l'unede l'autre. Ainsi la ou est la Conviction. il n'est pas necessaireque lcs (quatre) autres y soient. La m(~me formule vaut pourchacune d'entre elles.

II a traite des (Essences de l'Ordrc de l'Esprit) qui sont deDetermination speciale. Les (Essences de l'Ordre (re l'Esprit) quisont bonnes sont 6numerces apres celles-ci; il faut done lesexpliquer maintenant.

10 d. Foi, Dignite, Honneur,1t abc. Non-convoitise avec deux autres, Bonne Volante,

Detente, la compagne de la Non-negligence, la Non-Violence,sont les bonnes .

. C'est-a-dire les ouze bonnes Essences.La Foi\ c'est it l'egard du Fruit des Actes,· des (Quatre)

verites, des (Trois) Joyaux, un mouvement direct et total, unelimpidite de l'Esprit-pratique, une aspiration. Car la Foi fonc­tionne de trois manieres. A propos d'une chose existante avecou sans qualites, elle a Ie Morpheme d'un ~~tat de croyance. A.propos d'une chose existante avec des qualites. cUe a Ie Mor­pheme de la Limpidite. A l' egaI'd d'une chose existante avec desqualites et qu'on peut obtenir au produire, elle a Ie Morphemed'une Aspiration. Limpidite de l'Esprit-pl'atique, car la Foi. estcontradictoire avec les Souillures de l'Esprit; done, en associationavec elle (la Foi), l'Esprit se trouve debarrasse des Passions,des Sous-Passions, des taches, des souillures; arrive Ii la Foi, ildevient limpide; c'est ce qu'on appelle Limpidite de l'Esprit-

1. Foi (sraddha) = P. et K., TI, 2;;, § L Vasuhandhu adople dans P. ladefinition qu'il avait rapportee comme « une autre opinion II et la comhineavec sa definition primitive. Le mot abhisampratyaya (mouvement direct ettotal = croyance) manque it P\V.

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LA TRENTAINE 87

pratique. L'acte propre de Ia (Foi), c'est de donner une base aI'Elan.

La dignite I, c'est Ia honte du peche par rapport a soi-nH~rne

ou ala Loi. Le peclHS, c'est Ie mal, parce qu'il est condarnne parJes honnetes gens et parce que la Concoction en est indesirabJe.La ([ignite, c'est la honte, l'humiliation de l'Esprit pour un pechecommis ou non conunis. Et son acto propre, e'est de donner unebase au refrimement de Ia mauvaise conduite.

L'honneur, c'est Ia honte du peche par rapport au monde. Onest honteux par crainte du qu'en dira-t-on : « Le moncle condamnecela; Ie monde me condarnnera quancI on saura que j'ai agiainsi. » Son acte propre, c'est de donner une base au refri~nement

lie Ia mauvaise conduite.L'absence de convoitise 2, c.'est I'Auxiliaire contre Ia convoi­

tise. La convoitise, c'est s'attadlCr a l'existence 01. aux acces­soires de l'existence, Ies rechercheI'. L'absence de convoitise,qui est I'Auxiliaire contre elle, c'est ne pas s'attacher a I'existenceet aux aecessoires de I'existence, et s'en detourner. Son actepropre, c'est de donner une base a l'absence de fonctionnernentde la Illauvaise conduite.

L'absence de haine, c'est l'Auxiliaire contre Ia Iwine, c.'est Iabienveillance. La haine, c'est Ia mal veillance it l'egaI'd descreatures en fait de douleur et d'Essences qui tiennent de Ia dou­leur. L'ahsence de [wine, puisqu'elle cst l'Auxiliaire c.ontre Iahaine, c'est I'absenc~e de malveillance a regard des etres en faitde douleur et d'Essences qui tiennent de Ia douleur. Et son aeiepropre, c'est aussi de donner une base al'absence de fonctionne­ment de Ia rnauvaise conduite.

L'ahsence d'erreur, c'est l'Auxiliaire contre l'erreur. L'erreur,c'est une representation inexacte, c'est I'ignorance en fait des

1. Dignite (hrt) et ensuite Ronneur (apatrapa) = P. Cf. Kosa, n, 3:2, OUI'on voil comhien la distinction enlre ces deux termes lres voisins, et genera­lement sOlIdes ensemhle, faisait de diffieultes. Sthiramati adopte I'opiniondes ('. aulres maitres» que Vasubandhu avait rapportee dans son commen­taire de K. eL Ii laquelle il s'etait rallie dans P. - Cf. inf. ahrikya etanap'atrapya, p. 97 sq.

2. Des trois absences (de Convoilise, alobha; de Raine, adve$a; d'Erreur,amoha), les deux premieres sonl simplemenL mentionnees dans K., II, 25,§ 7-8 comme deux racines de bien (kusalamitla), sans aulre definition. - Latroisieme, etant Sapience (praj1ia) de nature, se confond avec elle.

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88 LA TRENTAINE

fruits de l'acte, des (4) Veritcs, des (3) Joyaux. L'absenced'erreur, puisqu'elle est l'adversaire de l'er~eur, c'est se repre­senter les fruits de l'ade, les Verites, les Joyaux. Son actepropre, c'est aussi de donner une base it I'absence de fonctionne­ment de la mauvaise conduite.

La Bonne Volonte \ c'est I'Auxiliaire contre la MauvaiseVolante. C'est l'entrain de l'Esprit-pratique pour Ie bien, maisnon pour Ie passionne. L'entrain pour Ie passionnc, c'est chosebl/lmable (kuts) et e'est pourquoi on I'appelle mau\'aise volante(kausidya). Son acte praprc, c'est d'aider a parfaire Ie crJLedu bien.

La Detente" c'est I'Auxiliaire contre la Turbulence, c'est larnaniabilite du corps et de l'Esprit. La Turbulence, c'est l'ahsencede maniabilite du corps ot de l'Esprit, et (~'est aussi les germes(les Essences de Toute-Passion; quand cUe disparait, la Detenteso I'lJalise. La rnaniahilite du corps, c'est co qui fait que Ie corpsse met en train facilement pour ses fonctions propres. La mania­bilitt~ de l'Esprit, c'est quand l'Espril est associe avec un ActeMental de bon aIoi, toute autre Essence de l'ordre de l'Esprit­pratique qui esl Signe pour lui de fraicheur et de legerete est a ladisposition de l'Esprit, pour qu'il foncLionne sur son OhjecLif.Mais pour Ie corps, it faut savoir que Ia Detente du corps, c'estquand un Tangible parLiculier lui cst apporte par la Satisfaction;car Ie Sutra dit l

: Quand Ie Mental est satisfait, Ie corps se detend.

1. Bonne Volonle (t1zrya) = P. ib. § 10, qui complCte la definition donneepar K. Je crois que la traduction usuelle, pal' Energie, ne I'end pas exaete­men! la nuance du sens dans Ie domaine du bouddhisme. L. 1~kauszdya,

plulot que kauszrlya. L'explication par kutsita garanlit l'eeriture parJ's dental.

~. Detente (prasrabdhi) = P. ib. § 3. Vasubandhu dans Kosa, ib., a unelongue discussion sur la prasrabdhi: faut-il y comprendre la Detente ducorps'? Les Sautrantikas repondaient Oui; les Sarviistivadins, Non. Vasu­handhu avait laisse Ie corps en dehors (Ie sa definition; mais dans soncommentaire il se rangeait al'opinion des SautriIntikas. Dans Ie Paiicaskan­dhaka, Vasuhandhu inlroduit decidement Ie corps dans la definition de Iaprasrabdhi que Sthiramati rcproduit ici. - Cf. aussi K., VIII, 9 h.

Quant a dau§thulya qui en est l'oppose « la Turbulence )), Ia definitiondonnee par SthiramaH reproduit Ia definition du K. que j'avais dej,) citeedans rna nole sni Ie mot dau§thulya dans MSA., VI, ~, n. 3.

L. 17, svakarye§u. M. Wogihara corrige st'akiirthc§/l sur Ia foi de Mhvy.~438 (anupraptasvakarthal},) et ~438 (svaMrthayogam anuyulrtaM. Dans cesdeux lerITIes Ie lib. a don qui est I'equivalent conslant de artha.

3. Celle formule se retrouve dans tontes Ies parties du Canon, p. ex·

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LA TRENTAINE 89

Son acte propre, c'ost d'extirper radicalement l'Obstruction dePassion, du fait que, par son influence, il y a Revolution d'uRecipient.

La campagne de Ia Non-negligence, c'est-a-dire qu'elle existeavec la Non-negligence, qui est-ce? L'Apathic 1. Pourquoi cela?Parce qu'elle est exclusivement bonne, et que Ie sujet trait!' iciest 1'enumcration de toutes les bonnes (Essences); quoiqu'elle nene soit pas designt5c, expressement, comme la Foi, elc., puisqu'iln'ya pas d'autre bonne (Essence) qui sCl'ait differente de celle-oi,on reconnait clairement l' Apalhie. La Non-negligence 2, C'f~St

1'Auxiliaire contl'e Ia Negligence. Depuis Ia Non-Convoitisejusqu'h Ia Bonne Volonte, tout cela est Ia Non-Negligence.Appuye sur la Non-Convoitise, etc., on elimine les mauvaisesEssences et on exerce les Bonnes Essences flui sont des Auxi­liaires contre los (mauvaisos); tout cela, Non-Convoitise, etc.,c'est la l\'on-Negligence. Elle est done l'Auxiliaire contre laNegligence, puisque la Negligence en est juste 1'oppose. Sonacte propre, c'est de pal'Caire Ie SUCCl'S Mondain et Supra­Mondain.

L'Apathic, c'est I'Equilibre de l'Esprit, la Remission de1'Esprit, la Non-Utilisation de I'Esprit. Ces trois termes expliquentl'Apathie a l'etat initial, moyen ot final. La depression ouI'exaltation de l'Esprit-pratique, c'en est Ie dcsequilibre. Si (le dese­quilibre) est absent, d'abord il y aJ1~quilibre de I'Esprit. Ensuite,

D!gha, I (Samaiirlaphala), n, § 75; Majjhima, III (Anapana), 86 ; Saril.yutta V(Ananda), 33'2, § '25, etc., et dans les sutras eorrespondants des Agamassanscrits-chinois.

L Apathie (upeli~a)= K., n, '.m, § 4. Le mot prasathaUI employe dans [adefinition n'est enregistre par B6htlingk que dans les Nachtriige dc P\V2, avecreference il Mhvy., 109, 19. Bilhtlingk traduit l'adjecLif prasatha par « seh!'falsch, boshafl » ; c'est sans doute une interprelation etymologique = pra­satlta, satlta signit1ant. « faux, perfide ». Mais la t.rad. tib. de Mhvy. donne:rnal du 'bab bam 'dug pa « eire en repos, en quasi-somnolence », et la trad.

chin. est /if mf ~ « abaisser les caracteres ».II semble que prasatftrt soit nne forme rac!'itisee apparentee all

sanscrit prasratha (Pal,lini, VI, 4, 29; J\lahabha~ya Sllr I, 1, 4) « l'elachc­ment ". Cf. [e jaina pasa(lhila, explique par praSithila, praslatha, sithila­bandhana dans l'Ahhidha.na Rajenrlm, s. v.

2. Non-Negligence (apramada), une des vertus cardina[es du BOllddhisme.Kosa, II, 21\, § '2, la definit comme « l'exercice des Essences honnes » (kusa­lanam dharmarJtim bhavana); e'est la formule meme que Sthi!'amati reprend:liusalan dharman bhavayati « elle exel'ce les bonnes Essences»,

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90 LA TRENTA1NE

comme 1'Esprit-pratique est concentre sans aucune O~eration­

d'adaptation, sans aucun effort, qu'il est en etat d'EquilibrequeUe que soit son application, son fonctionnement cst alars laRemission de l'Esprit. Mais cet etat cst suivi de depression,d'exaltation, d'inquiMude parce qu'il ne doit pas durer longternps.Ensuite, quand on est arrive au, plus haut deg-ro des Exercices,et qu'on a eloigne tout ce qui en est l'Adversairc, on n'eprouveplus ceUe inquietude; on ne fait plus d'Utilisation en fait deSig'nes Auxiliaires contre la depression ou 1'exalLation; cet etatde Non-Utilisation, c'est la Non-Utilisation de l'Esprit. Son actepropre, c'est de d'onner une hase pour ne pas laisser de chance atoutes les Passions et Sous-Passions.

La Non-Violence 1 est 1'auxiliaire contre la Violence. La Non­Violence, c'est ne pas violenter les etres vivants par les sup­plices, par l'emprisonnement, etc. ; c'est la compassion a l'egaI'ddes etres. Le mot karu~ui (qui designe la compassion) vient dekam et runaddhi. Le mol ka cst un des mots qui signi[ient ( ]eplaisir »; Ie sens (de lwrur;,a) est done: (( Empt'cher Ie plaisir ».

En ellet Ie compatissant soutl're de la souffrance d'autrui. Et sonacte propre, c'est de ne pas faire violence.

On a cnumere les onze (Essences) bonnes; celles qui viennentensuite sont des Passions; il les enonce sous la rubrique :Passions.

11 cd; 12 a. Passions Attraction, Repulsion, Erreur,Orgueil, Vue, Scepticisme.

Les trois premiers termes sont reunis dans un compose gram­matical. L'Attraction 2, c'est un parti-pris d' existence et de jouis­sance et la recherche de l'une el I'autre. Son acte propre, c'estde lieI' a la douleur. Douleur iei signifie les (cinq) Masses d'Ap­propriation, leur Aetualisation sous l'influence de la Soif (rcspec­tivement), du (Plan du) Desir, du (Plan de) la Forme, du (Plande) Sans-Forme. Aussi l'union avec la douleur cst indiqueecomme 1'acte propre de l'Attraction.

1. Kon-violence (ahirnsa, at'ihimsa)...:...- P. et K., II, 25, § 9.2. Attraction (raga). Les deux termes reunis en dvandva dans l'explication

de ce terme: bhavabhogayor se rappol'tent aux deux divisions du raga dansKasa, V, 2, La V., p. 7-8: Ic bhavaraga designe l'Attraction vel'S Ie Plan deForme et Ie Plan de Sans-Forme; Ie kamarilga, vel'S Ie Plan du Desir. C'estce que noire Lexte exprime plus loin, 1. 15 par: kilmaruparupyatrff}il.

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LA TRENTAINE 91

La Repulsion, c'est 1a Malveillance 1 a 1'egard des etres, larudesse de l'Esprit a 1'egard des etres; quand on en est possCde,on pense a ce qui est Msavantageux pour les etres, supplice,emprisonnemenL etc. Son acte propre, c'est de donner une basea I','tat de malaise et aux mefaits. Dans aspar.§amltdra (( l'etatde malaise )), sparsa veut dire « aise )) ; spadavihdra est I'etatd'aise; aspadavihdra en est 1'oppose. C'e'st un etat douloureux.Qui a un Esprit de Malveillance a forcement l'Esprit tourmentepar suite du travail de sa mechancete. A 1a suite de 1'Esprit, Iecorps aussi est tourmente ; par suite, quelles que soient ses Atti­tudes, on a de la douleur, de la misere, on est en etat demalaise. Et quand on a l'Esprit hostile, il n'y a pas de mefaitqui soit bien loin; c'est pourquoi il est dit que la Repulsion apour acte propre de donner une base ala rnauvaise conduite et aI'Mat de malaise.

L'Erreur, c'est 1'ig;norance en ce qui concerne les MauvaisesVoies, la Bonne Voie, Ie Nirvaf.la, les raisons pour les etablir10giquemcnt, et Ie rapport exact entre la cause et 1'effet. Sonacte propre, c'est de donner une base aune production de Toute­Passion. La Toute-Passion est de trois sortes: Passion, Acte(karman), Naissance. Sa production, c'est la Pe,rsonnalisation dechaque Toute-Passion nouvelle, (Personnalisation) qui a pourSigne (d'origine) la Toute-Passion precedente. Son acte propre,c'est de donner une base a cette production. Car c'est seulementquand on est dans 1'Erreur que 1a fausse science, Ie doute,l'Attachement et toutes les autres Passions, Ie Karman et la Nais­sance dans des existences rcpetces fonctionnent; il n'en est pasainsi quand on n'est pas dans l'Erreur.

L'Org-ueil 2• L'Orgueil en eifet fonctionne integralcment sur la

base de la Croyance a un Ensemble de Realites. II a pour Signel'exaltation de l'Esprit. En eifet quand on a erronement projotcsur les (cinq) Masses 1'idce de Soi et de Sien, on dit : C'est moi;c'est a moi, on s'exalte de telou de tel avantage et on se croitsuperieur aux Imtres. Son acte propre, c'est de donner une base

1. Malveillance (aghtita). Le mot sanscrit n'a cette valeur que dans lalangue du bouddhisme. Le tib. Ie rend par kun nas mnar sems « pensera tourmenter totalement » ; ir!. Mhvy. 2104.

2. Orgueil (mana). Le Kosa, V, 10 connatt les memes sept divisions de1'(Jrgueil; Sthiramati lui reprend scs definitions pour les gloser. cr. aussiKosa, II, 33 b. .

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92 LA TRENTAINE

a la production de l'irrcspect et de la douleur. L'irrespect, c'estla raideur a l'egaI'd des gens respeetables et des personnes demerite; c'est Ie manque de tenue du corps et du langage. Laproduction de la douleur, c'est la production du relour a I'exis­tence.

Quoique l'orgueil ait toujours comme caractere propre I'exal­tation de I'Esprit, on Ie divise pourtant en sept classes d'apres lesSignes de l'exaltation de l'Esprit, a savoir: Orgueil, orgueild'exces, etc.

Si un homme vous est inferieur de naissance, de jugement, defortune, etc. et qu'on se dit : Jc VallX mieux que lui en fait denaissance, de jugement, de fortune, etc., ceUe exaltation deI'esprit est l'orgueil. De meme si un homme est votre egal denaissance, etc. et qu'on se dit : Je suis son egal, cetteexaltationde l'esprit est l'orgueil.

Un homme est votre egal cn naissance, en jugement, en for­tune, etc. et on se dit : Je vaux mieux que lui en liberalite, enmoralite, en energie, etc. Ou bien un homme vaut mieux quevous en fait de naissance, de savoir, etc" et on se dit : .le suisson egal en fait de jugement, de fortune, etc. C'est I'orgueild'exces.

Un homme vaut mieux que vous en fait de naissance, de juge­ment, etc., et on se dit : C'est moi qui vaux mieux que lui enfait de naissance, de jugement, etc.; cette exaltation de l'Esprit,c'cstI'orgueil au-dessus de l'orgueil.

On a cette superstition que dans les cinq Masses d'Appropria­tion ou il n'y a ni Soi ni Sien, il ya un 1\'1oi et un Mien; l'exal­talion d'Esprit qui en vient, c'est l'orgueil du (( .le suis )).

On n'a pas acquis de superiorite marquee, et on se dit pour­tant qu'on l'a acquise; cette exaltation de l'Esprit, c'est l'orgueilmanifeste.

Un homme vous est de beaucoup superieur en naissance, ensavoir, etc., et on se dit : Je ne suis qu'un peu au-dessous de luien naissance, en savoir, etc. ; cette exaltation de l'Esprit, c'cstl'orgueil de manque.

On se dit : Par rapport it un homme sans vertu, j'ai des ver­tus. Cette exaltation de l'Esprit, c'est l'orgueil it. faux. En e£fet,un homme qui a des vices c0l111ne l'immoralite, p. ex., estvicieux. Par rapport a lui, on se dit qu'on est vertueux, et ainsi,

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LA 'l'R~NTAINE 93

sans qu'on. ait copendant ni charite, ni moralite, etc., on sedonne do la vertu ; comme il n'y a aucun fondomenl en cola, onappelle cet orgueil « l'orgueil a faux )).

Vue i• Le mot employe est un torme general; mais comme il

s'agit ici des Passions, il se rapporte aux cinq Vues, Vue d'ullEnsemble de Realites, etc., qui sont de l'ordre des Passions.Mais il ne s'agit pas toutefois de la Vue exacte d'ordre Mondainni de celie qui est sans Ecoulement. Toutes ees Vues ont egale­ment Ie Morphi'~me de Dogmatisrne 2 Passionne; cependant cJlesse differencient entre elles par des Objectifs et des Morphemesdifferents.

10 La Vue d'un Ensemble de RealitOs, c'est voil' un Moi et unMien dans los cinq Masses d'Appropriation.

2° La Vue de Prise des ExlI'l~rnes, c'est voir du point de vuede la Coupure ou de la Perpetuite los einq Masses d'Appropriation,considerees cornrne ayant un Moi eL un Mien.

3° La Vue a faux, c'est celie qui fait qu'on nie ou la cause, ouI'effet, au l'acte, ou bien qu'on aneantit la realite qui existe. C'estla pire de toutes los Vues; c'est pourquoi on l'appelle la Vue 11faux

40 La Recapitulation 3 de Vue, c'est consideror les cinq Masses

1. Vue (d]',~ti). Sthiramati suit ici encore, mais moins Iitteralcmenl, IeKosa, V, 3 (enumeration), el 7 (definition et discussion). - Pour Ia distinc­Iion des bonnes Vucs (samyagd]'§tir laukikl et d]',~tir anasravil = prajMi) e1des mau \'aises Vues, v. Kosa, I, 41. - Pour Ie doule salulaire qui l'amime itIa sapience, cf. K., IV, 80 <;.

'2. Dogmatisllle (nitlral!a). Le mot n'est connude H6hllingk (PW2

Nachlrii.ge) que pal' une reference il Mhvy. 2·4:>, 1064= 7471; iJ Y est traduiten tib. par Ties par rtog pa « juger de fa('on certaine ", 01. phye ste rtog Pf/« juger en divisant". La trad. lib. de notre texte n'a ici que Ie simpleI'tog pa « juger ". 'l'II'll(1IL el ses derives: nitlral!a. saliltll'a~w sont d'un usageregulier dans Ia langue d u bouddhisme et s'appliquent aux operations de IaVue au sens philosophique (ef. p. ex. Kosa, I, 41 et comm.); c'est Ie carac­tere qui Ia distingue de Ia vue au sens materieL La Vyakhya sur I, 4'1explique Ie simple tlral!a du vel'S par saJittlraJ,w qu'il glose ainsi: sarittlra(wmpunaI' vi§ayopanidhyilnapurvakafn ni,~cayiikal'§(JI,wm « c'est entrainer unedecision it Ia suite d'une consideration prealahle". Cf. pali santlra(w queStede interprete: « investigation, decision; as 1. 1. denoting a slage in theact of sense-cognition, judging an impression ", et aussi Ie simple tlra(w« measurement, judgment, recognition; one of the 3 parifllliis >l.

3. Hecapitulation (pal'ilmarsa). La Vallee, V, 7, § 4, rend ce tenne pal'« estime (des mauvaises yues) ». Mais ptiramal'so signifie au propl'c « palper,froHer, polil' ,,; il est applique surtout it une operation particulierc del'esprit. D'apres Ia Mukta\'ali et Ia Tarkabha~a citees parle Nyayakosa, s. v.,

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94 LA l'RENTAINE

d'Appro priation en tant que capitales, que superieures, qu'excel­Ientes, que souveraines.

5° La Recapitulation de mceurs et d'observances, c'est conside­reI' les cinq Masses d'Appropriation en tant que pures, que liM­ratrices, que salvifiques.

Sccpticisme; c'est professer des opinions variables sur l'effetdes actes, les (quatre) Verites, les (trois) .Joyaux, dire: Peut-eireOui, peut-Nre Non. Ce scepticisme est une espece qui n'a riende cornmun avec la Sapience.

Les Passions ont ete enoncees; it faut maintenant enoncer lesome Sous-Passions qui les sui vent immediatement :

12 bcd. - Colf~re, Hancune, Dissimulation, Mordant, Jalou­sie, Avarice, avec la Duperie,

13. Hypocrisie, Enivrement, Violence, Indignitc, Impudence,Hebetement, Exaltation, Absence de Foi, Mauvaise Volonte,Negligence, Mt~moire deroMe,

14. Distraction, Incomprehension, Remords, Torpeur, Delibe­ration, Decision sont les Sous-Passions, deux couples de 'deuxfa~ons.

La Colere 1 pst la Malveillance de l'Esprit-pratique a proposd'un tort actuellement subi. En tant qu'elle a pour Forme-proprela Malveillance, elle no se distingue pas de la Repulsion; en faitcUe est portion de la Hcpulsion puisqu'elle est la Denomination­pratique d'un etat particulier de la Repulsion. La Malveillance del'Espl'it.-pratique it propos d'un tort actuellelllent subi, ayantpour domaine ce qui a vie et co qui n'a pas vie, ayant pourAction-propre de donner une base aux coups de bilton, etc. (cetteIllalveillance) a la Denomination-pratique de Colere.

La Hancune 2, c'est I'obstinat.ion dans 1'(nimitic. A la suit.e deIa colere, on se dit encore: II m'a fait tort; on n'evacue pas ceResidu d'Inimitie, on Ie laisse persister. C'esL 18. la Rancune. Sonaction propre, c'est. de donner une base it l'Irnpatience. L'Illlpa­tience, c'est de ne pas tolerer un tort subi, c'est Ie desir de ren-

si un homme qui a vu dans une cuisine du feu, signale par de la fumee, etqui voit ensuite de la fumee monter d'une montagne vel'S Ie riel en conclut ilI'existence d'un feu sur la montagn~, cdte inference est. precerlee par Ierappel du rapport entre Ie feu et la fumee, ee rappel est. Ie paramarsa.

1. Colere (krodha); en partie = K., V, 48", § 9. Cf. aussi ib. 49 b: IrrodhaproeerIe de pratigha.

:2. Haneune (llpanaha). Cr. K., V, 50. S5.

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LA TRENTAINE 95

dre Ie mal pour Ie mal. Tout comme Ia Colere, la (Rancune) estune Denomination Pratique pour un etat particulier de Pleine­Haine; eUe n'existe donc que comme Denomination-pratique, itfaut Ie savoir. .

La Dissimulation 1, c'est cacheI' ses propres fautes ; c'est mettrede cote son ~~Ian, sa Haine, sa Crainte, etc. pour Ie moment,quand un reprimandeur vient vous faire la le('on par desir devotre bien en vous disant: C'est vous qui agissez ainsi! oncache sa faute, ce qui est une portion de l'Erreur. C'estla Ia Dis­simulation. La Dissimulation esl une portion de l'Erreur parcequ'clle a pour Morpheme de cacheI'. Et son action propre, c'estde donner une base au Malaise du remords. En regie generale,quand on cache UIle faute, Ie remords s'ensuit. Et Ie remordsfail fatalement qu'on esL associe avec la Mauvaise Humeur, d'ouun eLat de Malaise.

Le .Mordant2, e'est mordre par des paroles blessantes. Uneparole blessante, c'cst une dmele qui penetre a fond en s'attaquantaux 'points sensibles. Lc moL dasin desig-nt> cclui qui a I'habitudede mordre (da.{:); daSita indique Ia maniere d'c\tre. Le sufJixe(ta) qui indique la maniere d'Hre ne change pas Ie sens(du verberacine); I'(abstrait) caJ.u!avaco-pradaSita a (done) Ie sens decal'f~lena vacasa prada.\:ati « mordre par des paroles blessantes )).Le (Mordant) a pour Nature propre la Malveillance de l'Esprit­pratique, et il suppose prealablement la Colero et la Hancune. IIest donc portion de la Repulsion, ot il ne s'en distingue passubstantiellement. Et son action propre, c'e'sl d'eng-end reI' lesmauvais ag-issements de la parole, et aussi I'ctat de Malaise. Unepcrsonne en pareil etat cst de compagnie dCsagI'eable.

La Jalousie \ c'est une fureur de l'Esprit-pratique a propos dllsucces d'un autre. C'est une fureur de l'Esprit-pratique faited'impatience et qui est portion de la Haine, quand on est a lapoursuite des profits et des honneurs et que l'on constaLe chez un

1. Dissimulation (mrak§Il). cr. K., v, §-IO; ib.49 b, discussion sur l'originedu mrak§a: iJ procede de t)'§(lii, d'avidya, ou des deux. cr. aussi La V., p. !H,n. 2. K., V, 1)8 a h, associe Ie rnrak§a it saurnanllst'a et dllunnanllsYIl ensemhle.

2. MOl'danl (pr-adasll) = P. Cf. K" V, 50 S4 (different); ib. 57 a c assodeilIa Mauvaise Humeur (dllurmanasya).

3. Jalousie (ir,~ya) = P. et K., V, 48' S3. I.e mol vyaro§a (( fureur J) n'esteonnu de PW1 el P\V2 que pal' la Mhvy. - Et cf. K., V, 57 a e = dllurmana­syasamprayoga.

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96 LA TREN1'ATNE

autre des superiorites telles que profits, honneurs, famille, ins­truction, etc. La fureur, c'est une irritation qui occupe tout sonRecipient. Comme elle est associee ala Mauvaise Humeur et quela Mauvaise Humeur amene un etat de malaise, on dit que sonaction propre, c'est l'etat de Malaise par Mauvaise Humeur.

L' Avarice \ c'est une emprise de l'Esprif.-pratique qui estcontradictoire avec la generosite. La gencrosite, c'est de donnerit qui demande ou qui ne demande pas, comme un hommage oucamIlle une faveur, les choses dont on dispose, que ce soit la Loiou los biens mondains ou Ie savoir-faire. Si l'avarice est la, lagcnerosite n'y est pas; on dit que l'une est contradictoire avecl'autre. L'avarice, c'est, chez celui qui est ala poursuite des pro­fits et des honneurs, une emprise de l'Esprit-pratique qui est por­tion de l'Attraction vcrs Ie .\Jlatericl de la vie; on ne veut pas s'enseparer. Et son Action propre, c'est de donner une base al'absence de moderation. L'absence de moderation se reconnaiL itl'accumulation du Materiel, mcme si on ne s'en sert pas, paresprit d'avarice.

La Duperie", c'est tromper les autres, en leur montrant ce quin'existe pas; c'est faire montre a faux de choses qui sont enrealite tout autrement, Moralite, etc, par intention de tramperautrui. On fait montre de qualites qu'on n'a pas par l'effet del' Auraction ef. de l'Erreur combinees. Comme la Colere, etc., ellen'a qu'une existence de Denomination-pratique, elle n'a pasd'existence substantielle. Son action propre, c'est de flonner unebase it des moyens de vivre malhonm\.tes.

L'Hypocrisie 3 est une fourberie de I'Esprit-pratique qUI seresume dans des rnoyens de cacheI' ses propres fautes.Le moyen

1. Avarice (matsarya) = P. et K., V, 48' § 4. - Pour sarhlekha qui manquea PW., cf. MSA., p. 107, n. 13. Lc mot cst traduit en tib. dans notre 1extecomme dans Mhvy. 7012 par yo byad bsJ1U1is pa ({ avoir des moyens e1roils».lIans la trad. chin. du commenlaire de Sthiramati sur Ie Paiicaskandhal;a,

asarhlekha est rend'u par ~ • JE ({ n'avoir' jamais assez ». - La defi­nition du Don (dana) reproduit exac1ement K., V, 114 (011 La V. lraduit,j'ignore pourquoi, yena dtyate par ({ ce qui donne »).

2. Duperie (maya)=K., Y, 4!J c § 1.3. Hypocrisie (si1thya) = K., Y, 49 c § 2. L'expression tib. gtam rlUli bskur

ba qui a ernbarrasse a'plusieurs reprises PalmyI' Cordieret La Vallee (cf. Kosa,La V., V, 49 c, p. 92, n. 1) est clairemenl expliquee par Vinfladeva gtam degian riu sgyur ba ({ changer un propos pour un autre»; gian riris nil giangyis Ian 'debs « iI. une question posee on I'(~pond par aulrechose n.

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LA TREl'iTAI;\r,; 97

de cacheI' ses propres fautes, c'est d'induire les autres en erreur.On embrouille en passant d'une chose a. une autre; au bien ons'explique sans darte. C'est prccisement par lil que l'Hypocrisiese distingue de la Dissimulation. La Dissimulation cache nette­ment sans artifice de voix. Dans Ie cas de I'Hypocrisie aussi, ils'agit eneore de poursuivre les profits et les honneurs au moyen del'Attraction et de I'Erreur com binees ; elle travaille a induire lesautres en erreur pour cacheI' ses propres fautes. Done ce n'estqu'une Denomination-pratique pour l'une et l'autre (Attraction etErreur) combinees. Son action propre, c'est de faire obstacle auprofit (a tirer) d'une Bonne Legan (proHt) qui est l'Action Men­tale a. fond. (L'Hypocrisie) y fait obstacle.

L'Enivrement \ c'est la perte des forces de l'Esprit-pratiquequand on est transporte de joie par son propre succes. Son pro­pre succes, c'est l'avantage de la naissance, de la sante, de lajeunesse, de la force, de la beaute, du pouvoir, de l'intelligence,de la tenue. Le transport de joie, c'est une espece d'excitationjoyeuse par laquelle I'Esprit perd la maiLrise de soi; possedequ'il est par ceLte (excitation joycuse), il perd ses forces; c'est cequ'on appelle la perte des forces de 1Esprit-pratique. Et son actionproprc, c'est de donner une base a toutes les Passions et les Sous­Passions.

La Violence " c'est faire !Iu mal aux etres vivants. La violence,c'est faire violence aux etre vivants par des procedes divers:supplice, prison, eo ups, menaees, etc. Faire du mal a taus lesetres vivants, c'est-a.-dire que tous leR Mres vivants en souffrentliu mal; Ie suppliee, la prison, etc., provoquent chez eux laDouleur et la Mauvaise Humeur. C'est une absence de pitie qui estportion de la Repulsion, c'est une duretc de l'Esprit; son actionpropre est de faire du mal aux etres vivants; et on l'appelle laViolence.

L'Indignitt\3, c'est n'avoir pas honte pour soi-meme de sespeches. On a beau penseI' qu'on n'a pas etc convenable dans tel

L Enivrement (mada)=K., II, 33cd. Sur Ie mol paryadana, d. La V.,ib., qui ll'aduil « abolition,,; mais pal'yadilna implique l'epuisement parun atfaiblissemcnt interne. I.e mot est exclusivcment bouddhique. Stelle, Diet.pali s. v. ll'aduit Ie pali cetaso pariyadtinam par « losing control over... ", cequi est bien Ie sens, mais ne rend pas la nuance.

2. Violence (vihi1"hsa). Cf. K., ;;0 as 6.3. Indignile (ahrlkya) = P. Cf. K., II, 32 a, plus developpe (cl V, 4H" §I).

7

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98 LA TRENTAINE

au td aete, on n'a pas honte d'avoir peche. C'est l'Indignite, quiest 1'adversaire de Ia Dignite.

L'Impudence 1, c'est n'avoir pas honte vis-it-vis des autres de sespeches. On a beau savoir qu'on a agi it l'encontre du Monde etdes Traitl!s d'enseignement, on n'a pas honte d'avoir commis unptkht\. C'est l'Impudence, qui est l'adversaire de l'Honneur.L'une et 1'autre (Indignite et Impudence) ant pour action proprela compagnie de toutes les Passions et Sous-Passions. CommeI'Attraction et la Haine n'existent pas simultanement, elles(1' fndignite et l'Impudence) ne sont que des DenominaLions-pra­tiques pour des varietes de l'Attraction, de Ia Haine, de l'Erreurqui sont Ies causes de I~origine de tous Ies mauvais Produits, mais(l'Indignitt5 et l'Impudence) n'ont pas d'existence par elles­memes.

I./Ht5Mtement 2, c'est I'absence de maniabilit(\ de 1'Esprit-pra­tique, sa raideur. Raideur veut dire 1'etat de raide, par 1'effet dequai l'Esprit est engourdi, est raidi, ne peut pas saisir un Objec­tif. Son action propre, c'ost de donner la compagnie de toutes lesPassions et Sous-Passions. C'est une Denomination-pratique pourune partie de l'Erreur, il est donc portion d'Erreur, il ne se ren­contre pas isolement.

L'Exaltation", c'est I'absence rl'apaiscment de I'Esprit. L'Apai­sement, c'est etre apaise; l'aJJsence d'apaisement en est Iecontraire. Elle cause 1'abscnce d'apaisement de l'Esprit-pratiqueet i1 se rememore ses actes anterieurs qui favorisent I'Attraction,rires, chants, jeux, etc. Son acte, c'est de faire obstacle h l'Apai­sement.

L'Absence de Foi ", c'est I'absence d'un etat de croyance it

1. Impudence (anapatriipya) = P. cr. K., II, 32 a b, definition differente(et V, ,.8a § 1).

On voit que dans l'intervalle entre K. et P, Vasubandhu s'est rallie, pourI'interpretation de c:es deux lermes d'une nuanc:e si delicate, ill'opinion des« autres maitres »qu'i! s'etaiL contente de rapporter subsidiairement dansson propre commentaire du Kosa (La V., II, 32 a b, p. 171 et n.

2. Hebetemenl (styiina) = Pet K., II, 26 S 1) et V, 48a § 7. Le styana availprovoque de graves discussions (Ians les ecoles ; cf. K., La V., p. 161-164.

3. Exaltation (auddhatya) = K., II, 26 § 6 et V, 48a § rs. Le mot uddhavaqui lui est substitue dans Ie sloka, est d'emploi particulierement houdrlhiquedans ceUe signification. - cr. aussi K., VII, 11 d, La V., p. 22 sq. « la penseeuddhata est celie ou I'auddhatya domine et ou Ie kauszdya est reduit ».

4. Absence de Foi (ii~raddhya) = P et cr. K., II, 26 § 4. cr. Foi (sraddhii),sup. p. 86.·

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LA TRENTAINE 99

regard du Fruit des Actes, des Verites, des Joyaux; c'estl' Adversaire de la Foi. La Foi est, en effet, a l'egard de l'exis­tence, de la possession de qualites, et de la possibilite, respective­ment, un Mouvement direct et total, une limpidite, une aspira­tion. L'Absence de Foi, tout au contraire, c'est a regard del'existence, de la possession de qualites, et de la possibilite respec­tivement, ['absence d'un mouvement direct et total, l'absence delimpidite et l'absence de Poussee. Son action propre est de don­ner une base ala Mauvaise Volonte. Puisque, sans la Foi, on n'apas d'Elan vel'S un but, son action est de donner une base a JaMauvaise Volonte.

La Mauvaise Volonte t, c'est l'absence d'Entrain de J'Esprit­pratiqua vers Ie bien; c'est l'adversaire de la Bonne Volonte.C'est l'absenee d'Entrain de l'Esprit-pratique vel'S les bonnesactions du corps, de la parole, de la pensee, a cause du plaisir dedormir, de coucher sur Ie flanc ; c'est une portion d'Erreur. Sonacte pro pre est de faire obstacle a l'emploi (des qualites) du bonc6te.

La Negligence 2, c'est la Convoitise, la Raine, l'Erreur, la Mau­vaise Volonte par l'effet desquelles on ne defend pas son Espritcontre la Passion: Attraction, Raine, Erreur, etc. et on n'exerce 'pas Ie Bien qui est l'Auxiliaire contre eUes. Co (g-roupo :) Convoi­tise, Haino, Erreur, Mauvaise-Volonte, rc\;oit la Denomination­pratique de Negligence. Son action propre, c'est de donner unebase a l'augmentation du Mal et ala diminution du Bien.

La Memoire-derobee:J, c'est Ja Mt;moire Passionnee. Passion­nee signifie : associee aux Passions. Son action propre, c'est dedonner une base a la Distraction.

La Distraction", c'est une diffusion de l'Esprit-pratique qui estune portion d'Attraction, de Haine et d'Erreur. L'Esprit y est tireon sensdivers; de la Ie nom de Distraction. Les (Passions):

1. Mauvaise Volante (kausldya) = K., II, 26 § 3. Cf. Bonne Volante(vlrya), sup. p. 88. .

2. Negligence (pramada) = K., If, 26 § 2, na rak§ati (on ne defend passon Esprit) rappelle directement la definition de I'apramada (par les Maha.­sarhghikas) telle que K. la rapporte II, 25, § 2: arak§a cittasya. - Cf. Non­Negligence (apramada), sup. p. 89.

3. Memoire-derobee (mu§ita smrti) = K., II, 26 a c § (II) 1. La V., p. 162.4. Distraction (vik§epa). Cf. K. II, 26 a c §(Il)\, p. 162 (difl'erent, defini

kli§ta sarnadhi).

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100 LA TRE:\TAI:\ P.

Attraction, Haine, Erreur, qui tirent I'Esprit en dehors de l'Objec­til' de Concentration regoivent, selon leur origine, la Denomina­tion-pratique de Distraction. Son action propre, c'est de faireobstacle au Detachement.

L'Incomprehension t, c'est la Sapience associee aux PassiOns,par l'eifet de laquelle Ie corps, la parole et l' esprit etan t incomple­tement reconnus, travaillent ;'t des trangressions. des progressions,etc., faute de eonnaitre ce qu'ils doivent faire et ce qu'ils ne doi­vent pas faire. Son action propre, c'est de donner une base auxInfractions.

Le Remords \ e'est un retour en arriere de l'Esprit-pratique.Le nom du remords, kauk~·tya, vient de kuk(,ta, dont le sens est:un acte blamable. lei, pnisque Ie sujet traite est I'Ordre deI'Esprit-pratique, Ie mot kauk~,tya designe une balafre de l'Espritpratique qui a pour do maine nne rnauvaise action. Son action,c'est de faire obstacle a la stabilite de l'Esprit.

La Torpeur 3, c'est la contracture de l'Esprit-pratiquc qui n'aplus la liberte de ses mouvements. Le mouvement, c'est fonc­tionner sur un Objectif. Ce qui produit ce manque de liberte ,del'Esprit-pratique, e'est la Torpeur, ou bien eneofC'c'cst ee manquede liberte qui eonsiste dans une aetivite de I'Esprit-pratiqueincapable de retenir Ie corps ou l'esprit. La contracture de l'Esprit­pratique, c'est quaml il ne fonetionnc plus par la voie des organes

L Incomprehension (asamprajanya) = K., II, 26 a c § (II) I ; La V., p. 162.2. Bemords (kaukrtya) = K., II, 28; v. aussi ih. 30 a h el V, 47 § 6. -­

vilekha qui serL i1 dcfinir Ie remords, n'a dans P\V que Ie sens de « eraflure,balafre )); mais les diet. palis cnl'egisl rent ce mol avec Ie sens de « per­pIexitc)). La Mhvy, donne Ies quatre mots: aleh'h(y)a. vilekh(y)a, vipratisara,Iwukrtya comme synonymes et Ies rend en tib. par 'gyod pa « remords,repentir )), ou gca!ls pu'i rnam gralis « rubrique imprimee, inerustee )). Latmd. tib. de notre texte rcnd assez faiblemenl ic.i cetaso vilekhalf par sems nima dga' ba ste « I'esprit est mcconlent »; elIe efface la metaphore energiquccontenue dans I'cxpression.

3. Torpem (middha) = K., V, 47 § 8; aussi II, 27, 30 cd; VII, 11 d, La V..p. 20 sq. « Ia pcnsec assoeicc il middha est sa1hk§ipta )). La V. traduit icisarhk§ipta par « concentl'ce », par opposition it vik~ipta « distrai I )); maisV,47 il lraduit abhisamk§epa par « compression)) qui se rapproche davan­tage du sens; abhisaThlr,~ep(f implique I'idee de se r(~duil'c, de se rapctisser parcontraction, « auf einem kleinen Raum zusallllllcndri'mgen; dcr sich zusam­mengezogen, sich klcin gemacht hat)), comme Ie renrl P\V sous Ies motsabhisalhk§ipo et abhisa1hk§ipta. PW die Ie Trikill}'}ase~a, III, 3, 220, quiexplique middha en reproduisant Ia definit ion don nee iei : cittabhisarhk§epalf(s. v, middha). Le lib. rend Ie mot par sdurl pa « resserrer, rcduil'C )).

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LA TRENTAINE 101

de la vue, etc. La Torpeur est la Denomination-pratique d'uneportion fle fErreur, elIe est done une portion d'Errcur. Sonaction propre, ~'est de donner une hase pour laisser passer 1'occa­sian d'agir.

La Deliberation J, c'est Ie Parler Men tal en etat de recherche;c'est unn Sapience et un Esprit-en-travail speciaux. En etat derecherche, veut dire: fonctionnant sous l'aspect d'une observa­tion (pour savoir): Qu'est-ce que cola? Le parler mental, c'est IeParler du Mental. Le parler veut dire: une sorte de parleI'.Parler, c'est exprimer un sens. Une Sapience ot un Esprit-en­travail speciaux; car l'Esprit-en-travail consiste dans les frMille­ments de 1'Esprit, et la Sapience ayant pour Morpheme Ie discer­nement dcs qualites el. des dMauts, l'Esprit fonctionne sousl'iniluence de ceLle (Sapience). Quelquefois la Deliberation estune Denomination-pratique de 1'Esprit et de l'Esprit-en-travail;parfois aussi de la Sapience et de 1'Esprit-pratique respectivementen elat de raisonnement ou de non-raisonnement. Mais la Deli­beration est (ici) une Denomination-prati(~uede l'Esprit-en-travailet de la Sapience parce que 1'Esprit fonctionne de cette fa~;on

sous l'influence de l'un et de l'autre. La Deliberation, c'est l'etatdense de l'Esprit; I'etat dense veut dire 1'etat epais, qui a pourMOI'phi'>me la recherche de la chose seulement.

Ii faut appliquer la meme methode it la Decision. En effet laDecision est, elle aussi, une Sapience et un Esprit-en-travail spe­ciaux. C'est Ie parler mental en etat de consideration detailleequi observe ce qui a etc prcalablement acquis en disant: C'estcela. On dit done qu'elle est 1'etat subtil de 1'Esprit.

Leur action propre it l'une et it l'autre, c'est de donner une basea l'etat d'Aise et de Malaise. L'une Otant classee comme dense etl'autre comme subtile, leur aetion propre est bien distincte.

Deux couples de deux fagons 2. Le mot dvaye (couples) est au

1. Deliberation (vital'ka) et Decision (vicum) = P. ciLe par Yasomilra,Vyakhya de K., I, 33 (p. 61, 1. 14-16) corr. dans la Vyakhya abhyuha,eomme porte ici notre texte, au lieu de Ia fausse lreture atyiilul. lei encoreIe Vasubllndhu de P. a change d'opinion depuis Ie K.; il a incorpore dans sadefinition celIe des « anciens maitres » qui nous est connue par Ie commen­tateU!' de K., II, 3a; La V" p. 113, n. 2.

2. Vasubandhu a dejil etabli cette double repartition des deux couplesdans Ies passages dll K. mentionnes ci-dessus pour chaeun des quatre tel'mesen question.

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102 LA TRENTAINE

duel. Ce sont Bernords et Torpeur, Deliberation et Decision. Cesquatre Essences sont de deux sortes, passionnees ou non. Si onse repent de n'avoir pas fait Ie mal et d'avoir fait Ie bien, IetiraiUement de I'Esprit-pratique est un Remords de Toute­Passion. Si on se repent de n'avoir pas fait Ie Bien, c'est IeRernords sans-Passion. Et la Torpeur aussi, si clle est penetreepar un Esprit Passionne, si eUe est associf\e avec un Esprit Pas­sionne, cUe est Passionnee. Si cUe est penetree par un Esprit sans­Passion, associee a un Esprit sans-Passion, eIle est sans-Passion.Les Deliberations sur Amour, lVIeurtrc, Violence, etc., son t Pas­sionnees. Les Deliberations sur l'Abandon (de Ja vic seculiere),etc., sont sans-Passion. Do memo la Decision sur les moyens defaire tort a autrui est PassionTlf\e; la Decision sur les moyens derendre service a autrui est sans-Passion. Entre ces quatre, IeHemords, la Torpeur, la Deliberation, la Decision qui sont Pas­sionnees sont seules des sOlis-Passions, los autres ne Ie sont pas.

Dans ces (etats de sous-Passions) la Perception des six especes:Forme, Son, etc., est, scIon son origine, associee avec toutl'ordre de I'Esprit- pratique, les (Essences) Omnipresentes, deDetermination speciale, bonnes, et aussi avec les Passions ot lesSous-Passions, et elle a les trois Impressions, c'est-a-dire qu'eUeest associee avec I'Impression de Plaisir, ou de Douleur, ou sansPlaisir ni Douleur. Si eUe se produit a I'occasion de Formes,etc., de l'ordre de la Bonne Humeur, ou de la lVIauvaise Humeur,ou de l'Apathie, I'(Impression) cst bonne, ou mauvaise, ou indif­ferente. lVIais la Notation de Trefonds, elle, est associee exclusi­vement avec les cinq Omniprescntes, et non pas avec les autres;en outre l'Impression est exclusivenent d'Apathie; entin cUe estsans-Revetement et indifferente. Le Mental Passionne, d'autrepart, est associe avec les cinq Omnipresentes, et aussi avec lesquatn~ Passions: Erreur sur Ie Soi, etc. (vel's 6 cd) ; l'Impressiony est d'Apathie, et il est a-Revetement et indifferent.

Et maintenant sepose cette question: Si les cinq Notations devue, etc., ont simultanement presents des Facteurs-causauxd'Objectifs, se produira-t-il de la Notation de Trefonds une seule(Notation), et non pas deux ni plus? C'est lit l'opinion de cer­taines personnnes: Ni deux, ni plusieurs Notations ne peuvent(disent-ils, se produire) simultanement; faute de plusieursFacteurs-causaux de Consecution-identiqne, il ne nait qu'une

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LA TRENTAINE 103

seule Notation; et il n'ost pas possible qu'une soule Notationpuisse servir de Facteur-causal de Consecution-identique a plu­sieurs Notations. Ou bien la regie n'est-ollo pas ahsolue? 8i enpresence d'un Facteur-causal d'une seule Notation, il ne s'enproduit qu'une seule; en presonce des Facteurs-causaux dedeux ou plusieurs, s'en produit-il (deux au plusieurs simuItane­ment) ? II repond :

15. Dans la NoLation- Radicale, la naissance des cinq Notations(£e produit) selon Ie Faeteur-causal, ensemble ou non, commepour les vagues dans l'eau.

Les cinq, ce sont les Notations de vue, etc., avec la Notationdu Mental qui les escorte. On donne Ie nom de NoLation-Radicalea la Notation du Trefonds parce qu'elle est Ie Recipient desSemences des cinq notations de vue, etc., puisquc e'est de Iilqu'rlles naissent et que vien! aussi l'Appropriation de naissaneedans los Destinations. La Naissance selon Ie Faeteur-causal,c'est-a-dire: QueUe que soit la notation qui a un Facteur-eausalpresent, cette notation prend neeessairemeni naissance, Person­nalisation. Ensemble ou non, e'est-a-dire sirnultanement ou unea une comme les vagurs dans l'eau. C'est un exemple pourmontrer la production, simultanement ou non, des Notationsfonetionnelles (venant) de la notation du Trefonds. Comme il estdit L: 6 Visalamati! C'est comme dans Ie cas d'un grand cours

1. CeU e citation esl tiI'ce du Sarhdhinirmocana sulra; elle se trouve a lafin du chapitre I. CC sOlra a cl~ traduit integralement deux fois en chi nois :par Bodhiruci, sous la dynastie Wei, entre 508 el 53;; (Nj. "Hfi), et par Hiuantsang en 6i5 (Nj. 24i). I.e passage se·trouvc dans l'ed. de Tokyo, IV, 8, ;;Oa(Hiuan tsang) ct 69b (Bodhiruci). La stance qui Ie termine ('st un locusclassicus frequemment utilise; on la retrouve p. ex. au debut meme duMahayanasamparigrahasuslra; Vasubandhu lui-meme la cite et la commenteel~core dans son Karmasiddhaprakal'luJa, trad. Vimuktisena Nj. 1222, ToiLXViII, n, 9ia et trad. Hiuan (sang, Nj. 122'1, ToiL, ib., 93b • I.e texte, ccritdans un sllnscrit pracrilisant, est altere; Ie mel re est I'indravajril, mais Ietroisieme pada esl faux. M. de La Vallee, Siddhi, 1,1 i3 propose de lire Mlanae§o mayi na prakasi, lecture qui s'accorde avec lc tib. e( Ie ch. ; toutefois, aulieu d'cxpliquer prakiisi comme prakasito (La V.), j'y reconnais une 3" per­sonne d'aorisle passif en °i sans augment. -- Au 4" pada, La V. corrige judi­eieusement mohaiva du ms. en rna haiva. - J'ajoute qu'au premier paila, ilfaut naturellement scparer alayavijrlana ct gabhirasuk§mo qui' ont elc soudcspal' erreur it I'impression.

Dans la partie en prose de la citation, j'ai substitue, p. 33, I. 29, alalecture samutthitir du ms. la correction samucchitti garantie par Ie tib.chad pa. - I.e mot paryupa?Joga (lui para It a la ligne suivante manque i.I

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104 LA TRENTAINE

d'eau. S'il y a present un Facteur-causal pour la productiond'une seule vague, une seule vague entre en fonction. S'il y apresent un Facteur-causal pour la production de deux, de trois,de plusieurs vagues, etc... , plusieurs vagues entrent en fonction.Et de ceUe masse d'eau qui s'ecoule en courant, il n'y a pasd'interruption, on n'en connait pas l'epuisement. Exactementainsi, 0 VisaIamati ! Si la Notation de Trefonds, qui a Ie memerole que Ie cours d'eau, donne une base, un point de depart alaproduction presente du Facteur-causal d'une seule Notation (deVue), une Notation de Vue (etc.) entre en fonction; si c'est a laproduction du Facteur-Causal de deux, de trois, de cinq Nota­tions, plusieurs etjusqll'a cinq Notations en trent en fonction alafois. Et Ie vers dit: « La Notation d' Attrihution-personnelle estprofonde et subtile; elle roule comme un courant avec toutes lessemences; je ne l'ai pas public pour les Puerils, car ils imagine­raiont par Erreur que c'est Ie Soi. ))

En eiret, la determination respectivement necessaire de chaqucNotation n'exige pas un Facteur-causal de Consccution-identiquecomme (elle exige) un Facteur-causal d'Ohjectif. En cas de pro­duction de toute Notation quelconque, toute Notation quelconquepeut en eire Ie Facteur-causal de Consecution-identique. Parconsequent, un seul et unique Facteur de Consecution-iden tiquen'exclut pas la naissance de deux ou plusieurs Notations, si IeFacteur-causal d'Objectif est present. Et qu'est-ce qui pourraitbien faire qu'une seule et unique Notation doive m\cessairementse produire, et non pas toutes les cinq, quand les Facteurs­eausaux d'Objeetif sont simuitalll~ment presents pour toutes Iescinq, puisqu'il n'y a pas de determination respeetivement mkes­saire quant au Facteur-causal de Consecution-identique?

Done, si Ies Objeetifs sont la, toutes les einq (Notations) seproduisent, il faut I'admettre.

Maintenant se pose une autre question: La Notation du Men­tal fontionne-t-elle avec les Notations de vue, etc., au hien sanselles, au non?

16. 11 Y a coexistence de la Notation du Mental toujours,

PW; mais Ie supplement de PW2 enregistre paryupayukta « verbraucht »

avec reference au Mahabhu§ya (vol. I, p. 6, I. 1, ed. Kielhorn). Le termcmanque au pali et au jaina.

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LA TRENTAINE 105

excepte Ie Sans-Connotation, les deux Mises-au-point, la Torpeuret l'Evanouissement ou I'esprit est absent.

Toujours, c.-it-d. en tout temps; c'est-it-dire avec les Notationsde Vue, etc., ou bien sans elles. II prend cette question pour laresoudre negativement, en disant: « Sauf Ie Sans-Connotation,Ies deux Mises-au-point, la Torpeur et l'Evanouissement oill'Esprit est absent )). Le Sans-Connotation designe Ie Barrage desEssences de l'Esprit et de l'Ordre de l'Esprit-pratique chez celuiqui est aUe renaitre parmi les Dieux qui ont une Existence deSans- Connotation 1.

Les Deux Mises-au-Point, c'est Ia Mise-au-point du Sans­Connotation et la Mise-au-point du Barrage. La Mise-au-pointdu Sans-Connotation designe ici Ie Barrage de Ia Notation duMental et des (Essences) de l'Ordre de l'Esprit qu( lui sontassociees, (Barrage opere) par un Acte Mental pn',cede d'uneConnotation de Sortie-en-dehors chez celui qui est Libere desAttractions par Ie fait de Ia Tl'oisieme Contemplation, mais quin'est pas encore au-dessus (de celle-oi), n'Mant pas encoreLibrredes Atlraetions (du stage superieur). - Le mot Barra!?;e a (unsens passif): etre barre par ceci ou cela. lei Ie Barra!?;e est IeBarrage du Tmvail de la Notation du Mental avec ses associes;c'est un etat tout particulier du Recipient. On l'appelle Mise-au­point parce que, aussitot apres l'Esprit de Mise-au-point, on a unRecipient qui est contraire a la production d'un autre Esprit.La Mise-au-point de Barrage, c'est Ie Barra!?;e de la Notation duMental avec ses associes et aussi du Mental~Passiorme, au moyend'un Acte-Mental precede d'une Connotation d'Apaisemen t, chezcelui qui cst Libel'e des Attractions par Ie fait du Lieu du Z{>ro.Comme dans Ie cas de Ia Mise-au-point du Sans-Connotation, con'est que la Denomination-pratique d'un etat particulier du

L' Les aSalhjiiisattva devas habitent une place sur,Hevec dans Ie ciel desBrhatphalas; K., II, 41 a. lis possedent un dhaema qui arrete l'Esprit pI,

l'OrrJre de l'Esprit; c'est I'asamjllin, autrement rlil l'inconscience; en fait laconscience n'est que sllspendue au cours rle leur longue vie; ils sontconscienls ,i la naissanee et it la mort; i1s doivent Ilecessairement relomhee,ala naissance suivante, dans le Plan du Desir.

L'etat qui Ies caracterise peut aussi etre altcint par les pratiques asce­liques, quand on est entre dans Ia qualrieme Conlerr:pIation (dhyiina) ; maisiI n'est que le suhstitut trompeur du veritable Barrage, la Nirodhasamapalli(v. sup. p. 73), puisque au lieu de pre parer un nouveau progres iI amenefatalement une rechute. C'est la Mise-au-point des Profanes, K., II, 42 d.

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f06 LA TRr;NTAINE

Recipient. - La Torpeur (1'011 l'Esprit est absent. En eifet, quantIon est tombe dans un etat de profonde Torpeur, Ie Recipient n'aplus, pendant tout ce temps-Ia, de fonctionnement de la Notationdu Mental. L'Evanollissement d'Oll l'Esprit est absent: c'est untrouble du Recipient, par I'effet d'un coup accidentcl ou parsuite d'un trouble des Vents, de la Bile, des Humeurs, troublequi est contraire au fonctionnement de la Notation du Mental; onapplique a cet etat Ie nom d'Evanouissement d'oll l'Esprit estabsent. En dehors de ces cinq etats, dans tous les autres etats,la- Notation du Mental fonctionne, il faut Ie savoir. Mais, 8i laNotation du Mental est banee dans Ie Sans-Connotation, unefois que 1'(etat de Sans-Connotation) est fini, d'ou (la Notation duMental) renaIt-elle pour qu'elle n'ait pas peri'? Elle renait de laNotation· du TrMonds, car la (Notation du TrCfonds) alesSemences de toutes les Notations; et c'est sur elleque lors de laTransformation de la Notation se fait la Metaphore de Soi etd'Essence. 11 a dit plus haut que la Transformation est de troissortes et il en a inclique tout au long les trois especes.

II a pose en principe que ce qui regoit la Denomination-pratiquede M8iaphore de Soi et d'Essences, c'est exclusivement uneTransformation de la Notation, et qu'en dehors de cette Trans­formation de la Notation il n'y a ni Soi ni Essences existants. nva maintenant Ie demontrer.

17. La Transformation de la Notation est (simple) lmagination;ce qui est imagine par elle n'a pas d'existence; donc tout estsimple Notification.

La triple Transformation de Ia Notation qui vient d'etJ.;eenoncee, eUe est (simple) Imagination. On appelle Imaginationl'Esprit et les Essences de l'Ordre de l'Esprit dans les TroisPlans, (Esprit et Essences) qui ont Ie Morpheme d'objet qui leurest superpose. Comme il est dit 1 :

« L'Imagination de ce qui n'existe pas, c'est l'Esprit et lesE ..sences de l'Ordre de l'Esprit dans les Trois Plans. »

CeUe Imagination, elle est de trois sortes; ene a pour Nature­propre la Notation du TrMonds, Ie Mental Passionne et les

1. C'est Ie premier \1emistiche de la kfirikii 9 du premier ehapitre duMadhyantavibhagasastra (ToiL, XVIII, 9, l' (karika), 4' (commentaire), trad.Hiuan tsang; 17' trad. Paramartha). I.e meme hemistiehe est encore cite infop. 39, I. 2;; du texte sanserit, sur Ie vel'S 21.

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LA TRENTAINE 107

Notations-fonctionnelles ; tout ce qu'elle imagine, elle avec sesassocies, asavoir Monde Inanime, Soi, Masses, Plans, Lieux,Forme, Son, etc., tout ccla n'a pas d'existence ; c'est pourquoi ilest dit que Ia Transformation de Ia Notation est Imagination, carelle n'a pas d'Objectif vrai.

Mais comment reconnait-on que l'Objectif n'est pas vrai? LeProducteur d'une chose, c'est ce qui, elant dans son integ-ralite eten l'absence d'un contraire, fait que la chose se produit, et qu'ellene se produit pas d'autre chose. Or la Notation nait de J'Illusion,du Mirage, du songe, de l'ophtalmie, alors que l'Objectif n'existepas. Si Ia production de Ia Notation Mait lice respectivement aunObjectif, dans ce cas-la, puisque dans l'Illusion l'objectif n'existepas, la Notation ne se produirnit pas. Done la Notation nait d'uneNotation de meme famille anterieure ot barr()e; et elIe ne naitpas d'un objet exMrieur, puisqn'elle existe quand celui -cin'existe pas. Et de plus on constale, IIH~me quand il s'agit dumemo objet, nne difference de perceptions chez les differentssujets percevants. Une seule chose ne peut pas Iogiquement pro­duire une multiplicite de (choses) contradictoircs entre elles.Done, l'Objectif de I'lmagination n'a pas d'existence, puisque laForme cst Surimposee ; on doit affirmer cela.

Maintenanl qu'il a ecarte la tht'se extreme de la Surimposition,il se met ii ecarter Ia these extreme de la Neg·ation. II dit:« Done, tout est simple Notification. »

Done, c.-ii-d. pour cette raison: puisque l'Imagination consistedans une simple Transformation, et puisque ce qu'elle imagine n'adone pas d' objet, puisqu'il n'y a pas de Domaine, tout n'est queNotification. Tout, c'est les Trois Plans et I'lnopere. Le mot« simple » (mdtra) est Iii pour exclure toute addition. Le !w demdtraka est Iii pour completer les syllabes du vel's.

Mais si tout n'est que Notification. s'il n'y a pas d'autre Agentni d'autre Instrument, comment est-ce que Ie fonctionnementdes Imaginations, en l'absence d'un Instrument, sort de Ia Nota­tion Radicale sans aucune intervention (ctrangere?) II rrpond:

18. La Notation est semenee universelle; Ia Transformationva de Iclle ou telle fagon, par influence reciproque, de sorte quetelle ou telle Imagination nail.

La Notation qui est semence universelle puisqu'elle possMe Iapuissance de procluire toutes Ies Essences, c'est Ia Notation du

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108 LA TRENTAINE

Trefonds. II precise : « qui est semence universelle », parcequ'en dehors de celIe qui est semence universelle, il y a eneoreNotation '. II precise: « la Notation» parce que d'autres (maitres)imag'inent comme semence universelle autre chose que la Nota­lion, pal' exempJe la Matiere, etc. Ou bien encore, au cas memeou il y amail une irregularite portant sm un seul mot (omis­sion du mot dlaya « TrMonds » devant Vljiuina « Notation »),ce n'est pas une faule, puisqu'iJ emploie Ie substantif (vijllana)avec un epithete qui Ie precise (sarvabiJa).

La Transformation va de telle ou telle fa~~on pal' influencerecipl'oque. La Transformation, c'est passer d'un etat anteriem a.une maniere d'ctre dift'erente. De te1le ou telle fa\;on, c'est a.-dil'eque (la Transformation) passe a. un etat susceptible de produireimmediatement telle ou tclle Notation. - Par influence reei·proque, c'est-a.-dire: la Notation de Vue, etc., quanti ell(~ est a.l'etat de complet renforcement, devient Ie Signe !I'une Transfor­mation de la Notation du TreJonds, douee d'une capacite spe­ciale, et d'autre parl ceUe Transformation de la Notalion de Tre­fonds devient Ie Signe d'une Notation de Vue, elc. II y a influencereciproque, puisque toutes les deux fonctionnent, el alars il naitde la Notation de Trefonds sans aucune intervention etrangeretelle ou teUe Imagination de multiples sortes.

II a montre clairement comment, dans I'existence presente lesNotations fonctionnelles proviennent de la Notation de Tret'onds.Maintenant i\ va montrercomment clans Ie (sysLeme) de la simpleNotification se fait Ie Passage de l'existence presente a. I'existencenouvelle (a. venir) quand la premil';re se trouve barI'l~e.

19. Les Impref!;nations de l'Acle avec 1'1mpregnation de ladouble Prise font naitre, quand la Concoction anterieure estepuisl'e, cctte meme (Notation de TrCfonds) ayant la Concoctiond'autre chose.

L'Acte, c'est l'Esprit-pratique de Merite, de Demerite et deSans-Potentiel". Cet Acte depose dans la Notation de Trefonds

1. II faul manifestement lire: asaTvabijam apy asti; Ie tib.: mam pal' sespa sa bon thams cad pa rna yin pa'ail yod pas sa bon thams cad pa zes bya basmos so autorise cette correction.

'2. Vasubandhu avait de/ini K., IV, 1 b Ie karma par: cetani! tatkrtarh ca.Les trois categories d'acles: pU(1ya, apu1Jya, anerVa (Ojya) sonL definies etetudiees ib. 45 c-d sqq. Sm' anenja, voir la note de La V. ib. p. 107. D'apresles textes cites ib. p. 106, n. 3, I'acte de Met'ile est l'acte bon du Platl du

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LA TRE:\TAINE 109

une energie apte a actualiser sa Personnallsation dans l'avenir;c'est la l'Impregnation d'Acte. La double Prise, c'est la Prise dePrenahle et la Prise de Preneur.

La Prise de Prenahle, c'est affirmer qu'il ya en dehors de laNotation une chose prenable qui est regie par sa propre Scrie­d'instants. - La Prise de Preneur, c'est l'assurance que ce (Pre­nahle) est ahorde, reconnu, pris par la Notation. - La Prise dePreneur et celie de Prenable, anterieurement produite. est, dansla suite du temps, Ie germe qui produit une Prise de Preneur etune Prise de Prenable du m{Jme genre: c'est lit l'Impregnationde la double Prise. - La diversite des Impregnations d'Actesaboutit ala diversite des Destinations qui elle-meme fait la diver­site des existences; c'est comme un germe different produit unepousse difIerente. II (l'auteur) aflirme que l'Impregnation desdeux Prises collabore causalernent avec toutes les Impregnationsd' Actes quand ces (Impregnations tl'Ades) fonctionnent chacunepour leur part propre en vue de produire a portee (de leur force)une Personnalisation. C'est comme l'eau, etc. dans Ie cas de lajeune pousse. II indique ainsi que les Impregnations d'Actestoutes seules ne produisen t pas la Concoction si elles ne sont passeconMes par l'Impregnation de Double Prise. C'est pourquoi ildit: « Avec l'Tmpregnation de Double Prise. » (I Quand laConcoction anterieure est epuisee, (elIes) font naitre la (Notationde Trefonds) ayant la Concoction d'autre chose. » Qaund s'estcpuisee la Concoction realisee en cette existence par Ie KarmanaccumulC {lans l'existence antericure, au temps qui en est Ialimite de portee, les. Impregnations d'Actes accompagnees desImpregnations des deux Prises font naitre, conformelllent it leurforce. la Notation de Trefonds ayant la Concoction d'autrechose; car il n'y a pas de Concoction en dehors de la Notation de'l'rMonds.

En disant: « Quand la Concoction anterieure est epuisce » ilecarte I'extreme de Perpetuite. En disant « clles Ie produisentayant une Concoction d'autre chose )), il ecartc l'extrerne de laCoupUI'e. 11 y a la Notation de TrCfonds qui est differente desNotations de Vue, etc. POUI'quoi cela? - En raison des textes

Desir; dans les deux Plans superieurs, de Forme et de Sans-forme, l'aetcbon est dit « Sans-Polentiel »; e'est done l'aete ou n'entre aucun element duDesir, l'aete accompli en etat de Conccntmtion ou d'Extase.

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110 LA TRENTAINE

sacnJs et de la logique. Car Bhagavat a dit dans l'Abhidhar­masutra 1 :

« II y a un Plan qui n'a pas commenc~ dans Ie Temps, qui estIe Receptacle commun de toutes les Essences, et du fait qu'ilest, il y a toutes les Destinations ou bien aussi 1'acccs duNirvana. »

Et de plus, sans la Notation de Trefonds, ni Ie fonctionnementde La Transmigration, ni sa Cessation ne peuvent se justifier. Lefonctionnement de la TransmigTation, c'esl l'Enchainement duPassage-d'Existence 2 dans des varitWis de l'Identite de groupe. LaCessation, c'esL Ie Plan du Nirvana, avec un reste de Condition­ilement et sans reste de Conditio~nernent.

3 Dans Ie (Passage d'Existence) aucune Notation autre que laNotation de Trefonds ne peut avoir pour Facteur-Causalles Ope­rants. Si on n'a pas une Notation qui ait pour Facteur-causallesOperants, on ne peut pas avoir Ie fonctionnement de la Transmi­f!;ration. Ceux qui n'admettent pas la Notation de TrCfonds sup-

1. Le meme vel'S est cite dans Ie ~Iahfiyfinasamparigraha sastra, ire partie.II y precede illlmcdiatement Ie vel'S du Sarildhinirmoeanasatra que notretexte a cite sur Ie vel'S 15 sup., p. 34, I. 3 et 4. La trad. du :Mhy. Sampari­graha par Paramartha (ToiL, XVIII, 9, 47 b) porte: « Le Bouddha Bhagavat

a rlit dans les karikfi.s *11 de I'abrege ::R. de I'Abhidharma... )). La Irad.par Buddhasanla (ib. 64b) porte: « Le Tathagata a dit dans Ie :Mahaya.na­Abhidharma satra ... )). Enfin la trad. par Hiuan tsang (ib. 30a) dit : « Dansla (lcs) galha riu (des) sutra rlu Grand Yehicule de l'Abhidharma, Bhagavatrlil. .. )).

2. Pratismhdhi, litt. « I'articulation respective» est la notion qui n'ponriIe mieux au sens du mot grec « metcmpsychose )).

3. Pour suivre cette discussion, il faut avoir presente a la mcmoire lafameuse sel'ie des 12 Facteurs-causaux dont I'enchainement conditionneet constitue l'existence, it savoir: 1° Avidya (Inscience); 20 Salhska­ra!}, (Operants); 3° Viir1ana (Notation); 40 Narnariipa (Nom et Forme);5° $ar!ayatana (SIX Lieux); 60 Sparsa (Tact); 7° Vedana (Impression) ;8° Tr$(!a (Soif) ; !lo Upadana (Appropriation) ; 10° Bhava (Existence); 11 ° Jtiti(Naissance); 12° Jartimara~w (Vieillesse et Mort). Ces termes forment uncercle continu ou chacun des termes amime necessairernent par consecutioncausale Ie terme suivant.

II est impossibled'entrer ici, au cours d'une note, dans Ie detail d'unequestion d'ordre technique qui est a la hase meme du bouddhisme. On peutse reporter it plusieul's travaux en langue fran('aise: Paul Oltramare, Laformule bouddhiq ue des douz!' causes, son sens originel et son interpretationtheologique, Geneve, 1909. - L. de La Vallce Poussin, Theorie des Douzecauses, Gand, 19'13. - P. Masson-Oursel, Essai d'interprctation de la thcoriebouddhique des douze conditions, Paris, 1915.

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LA TRENTAINE 111

posent ou bien une Notation de Passage d'Existence qui auraitpour Facteur-causal les Operants, au supposent que les sixEnsembles de Notations sont amenes it 1'existence par lesOperants.

Mais ces Operants que vous voulez reconnaitre comme Ie Fac­teur-causal de la Notation de Passage d'Existence, ils sont it eemoment-lil barres depuis longtemps; ce qui cst barre n'existepas; ee qui n'existe pas ne peut pas etre un Facteur-causal. Ainsi(votre) Notation de Passage-d'Existence qui aurait pour Faeteur­causalles Operants ne eonvient pas.

En outre, dans Ie Passage-d'Existenee, il n'y a pas que laNotation toute seule; il y a aussi Ie Nom-et-Forme. Or, c'est hiNotation qui a pour Faeteur-causalles Operants, et ee n'est pasIe Nom-et-Forme. QueUe est cette eombinaison ? Alors il faudraitdire que c'est Ie Nom-et-Forme qui a pour Facteur-causal lesOperants, au lieu de dire que c'cst la Notation (qui a commeFacteur-causal les Operants) '? Quel est alors 1'autre Nom-et­Forme 1 qui a pour Faeteur-causal la Notation, dans la serio desDouze Faeteul's-causaux? Si vous dites que celui-lil est Ie Nom­ot-Forme qui vient ensuite dans l'ordre du temps, quel est donel'excedent de Soi de ce (Nom-et-Forme) par rapport au Nom-et­Forme du Passage-d'Existence, (Exeedent de Soi) qui serait telqu'il aurait pour Facieur-eausal la Notation, et que l'autre nel'aurait pas (eomow Facteur-eausal) ? et que Ie premier (Nom-et­Forme) aurait pour Facteur-Causal les Operants, et que co nesemit pas Ie (Nom-et-Forme) suivant (qui aurait pour Faeteur­causal les Operants)? Alors dites que e'est Ie Nom-et-Forme quia pour Faeteur-causal les Operants, sans aller imaginer commeun autre tJIement (volre) Notation de Passage-d'Existence. Ainsidone all ne peut pas ~dmettre une Notation de Passage d'J1~xisteneequi aurait pour Faeteur-eausalles Operants.

Les six Ensembles de Notations afl'eetCs 2 par les Operants ne

1. II faut sans doute lire ici : katarnad anyad vijl1ilnapratyayam... (plutotqlle: anyilvijiiiina...). La trad. lib. laisse de cote Ie mot anya dans lesdivcrses editions que j'ai consultees (min daiL gzugs ies bya ba gan yin?« qucl est Ie Nom-et-Forme'1 ))); mais VinHadeva l'inlroduit dans sa glosc(min dan gzugs ies bya ba gian ga1i yin? « quel est I'autrc Nom-et-Forme? ))Le mot a pu etre introduit de la glose dans Ie lexle sanscrit.

2. I.e tcrme paribhavita, d'interpretation assez delicate en raison des sensvaril~s du mol, est rendu dans la trad. lib. pal' bsgos pa. C'est aussi pal' ce

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112 LA TRENTAINE

peuvent pas non plus eLre la Notation qui a pour Faeteur-causalles Operants. Pourquoi '? Parce que la Notation ne peut pas teniren depot dans elle- mcme I'Impregnation de Concoction au l'Im­pregnation de Coulee, car son existence actuelle est contradic­toire avec l'idCe de ce qu'elle aurait dt~.ia fait faire auparavanl.Elle ne peut pas non plus (Ie tenir en Mp6t) dans une (Notation)a venir, puisque cette (Notation) n'est pas encore produite, et cequi n'est pas encore produit n'a pas d'existence. Elle ne peut pasnon plus (Ia tenir en deptH) dans une (Notation) deja produite,car (la Notation) anlcrieure est (Ieja barree. Et de plus dans IesClats au 1'Esprit est absent, comme Ia Mise-au-point de Barrage,etc., puisqu'il n'ya plus de possibilite de naissance d'un Esprit i

afleettS par les Operants, il n'y aurait pas de Nom-et-Forme quiaurait pour Facteur-causal Ia Notation, il n'y aurait pas Ies SixLieux et ainsi do suite (pour Ia serio des Facteurs-causaux) jus­qu'a Vieillesse-Mort, qui a pour Facteur-causalia Naissance. Etpar suite il n'y aurait plus fonclionnement de Ia Transmigration.Done Jes Operan Ls ont pour Facteur-causal l'Inscience, et Ia1'Iotation de Trefonds affectce 2 par Ies (0 peran ts) est la Notationqui a pour Facteur-causalles Operants. Et quamion dit que c'estelle (Ia Notation de TrMonds) qui est Ie Faeteur-causal du N"om­et-Forme dans Ie Passag-c d'Existence, c'est un procede irrepro­chahle.

Et Ia Cessation de la Transmigration, elle aussi, ne se justifiepas s'il n'ya pas de Notation de Trefonds.

En eifet l'Agent producteur de Ia Transmigration, c'est l' ActeeL Ies Passions. Dc res deux, les Passions sont Ie principal. Eneffet, c'est par l'influence souveraine des Passions que l'Actedevient capable de projeter une nouvelle existence, et non pasautrerntmt. Et l'Acte meme qui possede une Projection de nou­velle existenee ne devient une nouvelle existence que parl'influence souveraine des Passions et non pas aulrement. Et

mot que la Mhvy. 67-14 et 93'12 rend paribhavita. Dans Ie premier cas, 67'14,eUe dunne en outre comme equivalents facultatifs sbags pa et bsgres pa . bS(Jos= « frotte de >J ; sbags pa « tache de»; bsgres = parivarta « changement >J.

L f"Esprit (citta) designe ici Ie manas = manovijiiiina comme il est rmclairement au v. '16 : les etats sans Esprit (acittaA-a) sonl eeux au la Notationdu Mental cst absente.

2. Arlhiviisi est rendu en tib., dans la trad. du texte et dans Ie comm. deVinHadcvu, parle mot bSlJos pa (lui a servi plus haut a tradllire paribhiivila.

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LA TRENT AINE 113

ainsi, Ies Passions sont Ia racine du fonctionnement de la Trans­migration, puisqu'elles sont Ie principal. Done c'est quand lesPassions sont eliminees que la Transmigration cesse, et non pasautrernen t. Et sans la Notation de TrCfonds il devient impossibll'de les eliminer. Pourquoi cela ?

La Passion cst eliminee, soit actuelle, soit a l'etat de germe.Si YOUS dites que c'est la Passion acLuelle qui cst eliminee, c'estchose inadmissible'. Ou bien c'est quand on est sur Ie Cheminde l'Elimination; mais, quoiqu'etant alars aI'etat de Ge['me, ellen'est cependant pas encore elimint'e. Or, a ce moment-la, endehors de l'Auxiliaire (contre Ia Passion) lui-meme, rien d'autrene se presente dans quai subsisterait Ie Germe de Passion quidoit Nre climine par l'Auxiliaire (en Iutte contre Ia Passion) aualars vous admettrez que, quand on a un Esprit Auxiliaire(contre la Passion), on garde encore coUes des Germes de Pas­sions. Mais ce qui garde encore calles des Germes de Passions nepeut pas devenir un Auxiliaire conLre elIes. Et tant qu'on n'a paseIimine Ies Germes des Passions, il n'est pas possible que laTransmigration cesse. Done il faut necessairement qu'il y ait uneNotation de TrMonds, dont l'existence cst exigce paries Passionset les Sous-Passions naturellement associ(:cs de naissance auxautres Notations, puisqup c'cst elle (Ia Notation de Trefonds)qui regoit limrs Germes en voie de developpement. Quant auxPassions et aux Sous-Passions qui se meUent a fonctionner enYenant de l'Esprit quand en vertu du Point-decisif de Transfor­mation de In. Serie, les Impregnations trouvent 1'0ccasion d'uneactivite cOf['espondant a leurs forces, Ie Germe de ces (Passionset Sous-Passions), lui aussi, dispose dans la Notation de Tre­fonds est enleve par Ie Chemin Auxiliaire contl'C Ies Passions,(chemin) qui est associe de naissance a ceUe (Notation de Tre­fonds). Etquand ce (Germe) a eteenleve, Ies Passions ne pellvent

1.. Ani$ti. - Le mot manque il PW. Le lib. traduit: ma' on ba « ccla neva pas >J. - Le mot tatra, au debut de la phrase suivante, semble etre reprispar erreur de la ligne prccedente; Ie lib. nc Ie traduil pas. Pour Ie motsuivant, on peut soit maintenir la correction pl'oposee, soit lui substituer :°mfirgasthliyi vii (klef;a~!), - ou encore lire °sthiiyinii al'instrumcntal, commeregime de prahiyate. Le lib. porte: de span ba'i Lam La gnas pa'i phyir sabon gyi ehe spOrt du yan mi rUr! ste « du fait qu'il est place sur Ie cheminde l'Elimination, Ie temps (avasthli) du germe ne convicnt pas pourl'Eliminalion ".

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114 LA TRENTAIKE

plus se reproduire par ce Hecipient, et alors on atteint Ie Plandu Nirvclna-avec un reste de conditionnemont. Et comme lesNaissances par Projection d'Actes anterieurs sont barrel'S, etcomme il n'y a plus Passage-d'Existence vel's une nouvelle nais­sance, [t partir rle, lit c'est Ie Plan du Nirv(l~la-sans reste deconditionnement. Car un Acto, memo existant, ne peut pas actua­liser une nouvelle cxistE'nce quand les Passions sont eliminees,car il n'a plus Ie Producteur en collaboration necessaire.

Ainsi, etant donlll~ la Notation de Trefonds, il y a fonetion­nement et cessation de la Transmigration et non pas autrement.II faut done qu'il y ait ulle Notation de Trefonds difl'erento desNotations de Vue, etc. Et c'cst ceHe :i'\otation de Trefonds qui ales Germes de toutes les Essences, et (:c n'est pas les Notationsde Vue, etc., il faut Ie reconnaitre. Pour In discussion detaillee, onse rCferera au traite du Pai'icaskandhaka 1.

Mais si I'uni vcrs n'cst que Simple Notiflcation, commentn'est-ce pas en contradiction avec los Sutras? Car les Sutrasparlent de trois Natures: Irnaginaire, Relative et Absolue.

Non, il n'y a pas de contradiction, car du moment qu'il y aSimple Notification, les trois Natures s'y classent.

Comment'cela? - n repond :20. QueUe que soit Ia chose qui est imaginee particulierement

par quelque Irnagination-particulil'I'e que Ce soit, c'est III uneNature llllaginaire, et ceLt n'existe pas.

I! montre l'infinite des ehoses d'Jmagination-particuIiere, das­sees en chases d'IllIagination-parti<:uIiere d'ordre interne etchases d'Imagination-partieulif)J'(: d'ordr~ ex/erne, en disant:Par queIque Imagination-particulierc que ee soit. Toute chosequelconque qui est imaginee, comIlle interne, comme externe, et

1. Nous avons deja. eu l'oceasion de voir quel usage Sthiramati a fait de eetraite compose par Vasubandlm pntre Ie Ko~a et la Trilh~iku. L'originalsanscrit n 'a pas ete rei rou ve, mais iI Sll hsiste une tmd. ehinoise faite parHiuan tsang pn 647, Ie Ta cheng wou yun louen Xj. 117G, ToiL, XVIII,9.SthiramaLi a donne une sorte d'edilion anllolee de pe texte dans Ie 'fa chengkoang wou yun louen Nj. 11715. Tok., XX, to (traduit par llivakara en 6815).Le 'fandjouL' a anssi UII(' lrad. <lu Pai'lcaskandhalm l\'Ido LVIII, i} au ce traitevient a la suite de la Tl'iril~ikii, de la Vilil~iJ(;I. el du Trisvabhuvanirdesa(traite dont j'ai retrouve Ie texte sanskril au -Xepal). En oulre Ie vol. LJX dllTandjour Milo est tout entier forme de eommentaires sur Ie Paiieaskandhaka:Ie premier: 1'0 vailJhIT~ya (hi it Sihiramali; Ie second: 1'0 vivaral).a, dll itGUl~aprabha; Ie troisieme : po hhii~ya, d\l it llhnmi (Prthivi)bandhu.

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LA TRENTAINE 115

ainsi de suite jusqu'aux Essences de Bouddha, lout cela n'estque Nature Imaginaire. II en dit Ie pourquoi : Et cela n'existepas. Toutc chose qui est domaine d'Imag'ination-particuliei'e n'apas de r6alite, done eHe n'existe pas, donc eUe n'est rien queNature Imaginairc. Sa nature n'est pas explicable parle jeu desCauses etdes Facteurs-eallsaux. On constate en eifel dans unechose, ot dans Ie non-eire de cette chose, un fonetionnementd'ImagiJlatio~s-parliculieres multiples qui sont contradictoiresentre eHes. Donc tout eet (Univers) n'est simplement qu'Imagi­nations-particulieres, puisque en tant qu'objet la forme en estimaginaire. De plus il est dit dans Ie SuLra I : « Non, non,Subhdti! les Essences ne sonL pas telles que les Puerils et IeProfane en ant la Superstition. »

AussiWt apres l'Imaginaire, il faut expliquer la Nature Rela­tive. II dit done:

21 abo La NaLure Relative est une Imagination-particuliere quinait des Facteurs-causaux.

lei Ie mot Imagihation-partieuliere denote la Nature Relative.En disant: « qui nait des FacLeurs-causaux », il indique Ie Signedu fonetionnement de cette denomination de Relative. [Ce qui aetC Msigne] ci-dessus (comme) l'Imagination [au vel'S 20 et dansIe vel'S cite sur vcrs 17], e'est l'Esprit et I'Ordre de l'Esprit dansles Trois Plans, (Esprit et Ordre de I'Esprit) distingues commebans, mauvuis et indifferents. Comme il est dit: « L'Imaginationde ce qui n'est pas, c'est I'Esprit et I'Ordre de I'Esprit des TroisPlans 2

• »

Paratantra (relatif), c'est: une chose q~i est regie (tantr-:yate) par d'autres (para) qui sont les Factcurs-causaux. C'estcomme si on disait que cctte chose ne poss(~dc une Personnaliteque par relation avec un terme different d'elle, a savoir lesCauses et les Facteurs-causaux.

II a expliqu6 la Nature Relative. Comment est la Nature Abso­lue '1 Ii repond :

21 cd. L'Absolue, c'est l'etal de la precCdentc quand elle esttoujours separee de la premiere.

Elle est absolue, parce qu'elle cst absolument sans change-

1. La citation est evidemment tiree de 1a Prajila ParamiUi, mais je n'aipas reussi it retrouver Ie passage correspondant Ii une lecture forcementrapide.

2. Meme citation que sup. sur Ie vel'S 17, q. V.

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116 LA TRENTAINE

ment. La precedente, c'est la Relative. La premiere, c'est l'Ima­ginaire ; dans ceUe Imagination-particuliere, l'etat de Prenable etde Prcneur est imagine. En eifet, Ie mot d' « Imaginaire » veutdire que, dans cette Imagination-particuIiere, on imagine un Pre­nable et un Preneur, qui cepcndant n'existent pas. Quand IaNature Relative est toujours, en tout temps, entierernent separeede ce (couple) PrenabIe et Preneur, c'est Ia Nature Absolue.

22 abo Par suite, eUe n'est exactement ni autre, ni non autreque la (Nature) Relative.

ElIc, c'est la (Nature) AbsoIue, c'est-a-dire l'etat de la(Nature)Relative separee toujours de Ia (Nature) Imaginaire. L'Ctat deseparation est une Essencite ; l'Essencite n'est ni autre ni nonautre que l'Essence. La (Nature) Absolue cst l'Essencite de la(Nature) Relative; elIe n'est done ni aulre oi non autre que la(Nature) Relative (qui cst l'Essence). Car, si l'AbsoIue Clait autreque la Relative, alors la Helalive ne serait pas vide de I'Imagi­naire; et si elle(l'Absolue) n'elait pas autre (que laRelative), elIen'aurait pas un Objectif de Toute-Purete, puisgu'elle consisterait,comme la Relative, en Toute-Passion : et de meme Ia Relative neconsisterait pas en Passion; n'ctant pas autre que I'AbsoIue, elIeserait comme l'Absolue.

22 c. II faut en traiter comme de l'Impermanence, etc.Sous-entendez : II faut en traiter comme n'etant ni autre ni

non autre. Car I'Impermanence, la DouleuI', Ie Sans-Soi ne sontpas aulres que les Operants, etc. Si l'Impermanence etait autreque les Operants, aIors les Op{\rants seraient permanents. Et sicUe n'tStait pas autre, les Operants auraient pour forme l'inexis­Lence par suite de destruction 1, comme I'Impermanent. Et il fauttraiter de meme la DouIeuI', etc.

Si la Relative cst separee de l'etat de Prenable et de Preneur,comment done est-cUe saisie ~ au, si eUe n'est pas saisie, commentconnait-on gu'elIe existe? II repond :

22 d. Tant que l'une n'a pas ete vue, l'autre n'est pas vue.

L M. Wogihara, l'edileur de la MahITvyutpatti, a rcconnu ici Ia correctionexacle qui est fournie par ~Ihv'y. 4589: pradhvamsiibhiiva(rapiil},), lecture quiau surplus se rapproche etroiterncnt du rns. L'expression pradhvalhsiibhiivaest traduite en lib. dans la Mhvy. par Zig nas med pa « non-existence parsuite de destruction )), et c'es! Ilien ainsi que Ie mot est rendu ici par Ie (rad.de la Trirhsika ('du byed rnams zig nas med de iiid du 'gyur te).

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LA TRENTAINE 117

Tant que rune n'a pas ete vue; l'une, c'est Ia Nature Absolue.L'autre n'est pas vue; l'autre c'est la Nature Relative. La NatureAbsolue n'cst visible que par la Connaissance Supramondainedegagee des Imaginations-particulicres; tant qu'elle (la NatureAbsolue) n'a pas ete vue, penetree, imrnediatisee, la NatureRelative ou on accede seulement par la Connaissance Mondainepurifiee posterieure a celIe (qui est Suprarnondaine) n'est saisiepar aueune autre Connaissance. Done, tant que l'Absolue n'a pasCte vue, la Relative n'est pas vue. Mais on ne peut pas direqu'elle n' est pas vue par la Connaissance obtenue posterieurementa la Connaissance Supramondaine. La Dhara'.li I d'Introductionau Sans-Imaginations-particulieres dit bien: (( Par la connais­sance posterieure a celIe-la, il reconnait que toutes les Essencessont faites comme la Magie, Ie Mirage, Ie Reve, l'Echo, Ia Lunedans l'eau. » Dans ce passage, les Essences mentionnees sontcelles qui se resument dans la (Nature) Relative. Et la (Nature)Absolue est comme l'Espacc, toute d'une seule saveur 2, et laeonnaissance est teUe qu'elle cst dMinie (dans ce passage): (( Parla Connaissance Mig'agee des Imaginations-particulieres, il voittoutes les Essences dans leurs resscmblanees avec l'Espace »),

car il ne voit plus alors que l'Ainsite des Essences de Ia (Nature)Relative.

l\fais si la (Nature) Relative est une substance, comment sefait-il que Ie sutra designe toutes les Essences comme (( sansNature-propre, sans Production" sans Barrage)}?

II n'y a pasla de contradiction, car23. Le Sans-Nature-Pl'Opre de toutes les Essences n'a etc

preche que par rapport au triple Sans-Nature-Propre de la tripleNature-Propre.

II indique Ie chifl'I'e pour faire savoir nettement qu'il y a troisNatures-Propres et qu'il TJ"y en a pas de quatrieme. Le tripleSans-'Nature-Propre veut dire que la chose est comme si elIeexistait du fait de son Caractere respectif; c'est Ie Sans-Nature-

1. La Nirvikalpapravesadhfira'.\I est conservee en trad. tib. dans Ie Kand­jour !\Ido XI ; Ie passage cite iei se lit en ciiet ilIa page 5, Iignes 6-8. Ii n'estpas sans interet de eonstater que, des I'epoque de Sthiramali, une dhfiraJ.lIest comptee parmi les autorites les plus respeetables.

2. II faul \'etablir dans Ie texte la lectul'e du ms. : ekarasaQ, (au lieu deekarasa1i1.) ; ef. p. 41, I. 21 sarvaikarasarthena.

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118 LA TRENTAINE

Propre de Caractere, Ie Sans-Nature-Propre de Production, IeSans-Nature-Propre de Sens-UlLime. Toutes les ESilencesconsistent e'n Imaginaire, Relative, et Absolue. 11 va montrermaintenant quel est Ie Sans-Nature-Propre respectif de chacundes Trois Sans-Nature-Prapre.

24-2!J abo La premiere est Sans-Nature-Propre du fait meme deson Caractere; la seconde est Sans-Nature-Propre du fait qu'ellen'existe pas par elle-meme ; la troisieme est Sans-Nature-Propredu fait qu'elle est Ie Sens Ultime des Essences et aussi leurAinsite.

La premiere, c'est Ia Nature Imaginaire; elle est Sans-Nature­Propre du fait que ses Caracteres propres n'ont qu'une designa­tion indirecte; ainsi la Forme a pour Caractere la Blessure I,

l'Impression a pour Caractere Ie fait d'eprouver, etc. Camme ellen'a pas de Forme-Propre, elle est dans Ie cas de la Fleurdans l'Espace ~ ; elle est Sans-Nature-Propre du fait de la Forme­Propre.

La seconde, c'est la Nature Relative. Elle n'existe pas par elle­m(nne, comme une Illusion; eUe ne se produit que par unFacteur-Causal different d'elle. Sa Production I1'est done pastelle qu'elle paralt; on dit done qu'elle a U;l Sans-Nature-Proprede Production.

Le Sens Ultime des Essences qui en cst aussi l'Ainsite 3. LeSens Ultime, c'cst l'Objet de la Connaissance Supramondainequi est la Connaissance Ultime, ear aucune ne la surpasse. Oubien encore la Nature Ahsolue cst appelce Ie Sens Ultime pareeque, tout eomm'e I'Espace, eIle est un Objet qui a partout lameme unique saveur, et aussi un Objet sans pollution et sansaltt;ration. Comme la Nature Absolue cst Ie Sens Ultime de toutesles Essences qui consistent dans la (Nature) Relative, elle en est,autrement dit, l'Essencite; par consequent la Nature Absolue est

1. La tradition scolastique raUache Ie terrne ri'ipa it la racine verbalerilpo signifiant « tourmenter, bIcsser >J. Cf. Ie commelltaire de Yasomitra surKosa, I, v, 13, p. 35 ct La V. I, p. '24.

'2. La fleur dans I'espace (khapu§pa) est comme les cornes du lievre undes types de Ia notion purement imuginaire.

3. J'ai substilue au terrr](~ Quiddite dont je m'etais servi dans rna traducliondu MSA. pour rendre Ie sanskrit tathatii, Ie mot Ainsite, exaclcmentfa~·.onnc sur l'original (tatM = ainsi + °lii = suff. Ie) et qui en rend plusexactemcnt Ie 5ens.

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LA TRENTAINE 119

Ie Saris-Nature-Propre du Sens Ultime, puisque Ia (Nature)Absolue a pour Nature-Propre l'incxistence.

Mais faut-il employer exclusivement l'exprcssion de « Sens­Ultime )) pour designer Ia (Nature) Absolue '! Non. Elle est aussiI'Ainsite. Le mot « aussi)) indique que ce n'est pas seulement1'expression d' « Ainsite )) qu'il faut employer pour la designer,mais qu' on peut aussi se servir pour la designer de taus II'S motsqui sont synonymes de Plan d..s Essences.

25 c. Parce qu'ellc est ainsi en tout temps.Elk, c'cst l'Ainsile ; carellI' est ainsi en tout temps, dans tous

II'S etats, qu'il s'agisse du (sujet) Profane, du (sujeL) a1'Entraine­ment ou du (sujet) hoI'S d'Entrainement; I'llI' est ainsi, et nonautremenL; c'est pourquoi on l'appelle I'Ainsite. Mais l'Ainsitecst-I'llI' la Simple-Notification dans Ia Nature-Absolue exclusive­ment? ou bien est-ce une autr.. Simple-Notification? II repond:

25 d. C'est clle exclusivemenL qui est Ia Simple-Notification.PareI' qu'elle rcconnait Ies Caraeteres a1'etat d'extrem .. puretc.

Comme il est dit :1 « Quand l'Esprit fait Halte dans Ie Nom, qu'il ne voit plus que

Ie (Nom) seuI, du fait de la HaitI' dans Ie Nom, on elimine alorsIa Perception dans la Notification; alors on Louche Ie Plan-sans­Perception. (et) ..n continuanL 1'exercice on obtient alors Ia Deli­vrance de toutes II'S Obstruetions, la l\Iaitrise. ))

Les mots « C'cst ellc qui cst Ia Simple-Notification )) exprimentl'lmmISdiatitl'. Mais si tout n'est que Simplc-~otification, commentse fait-II qu'on saisit Ia forme, Je son, I'odeur, la saveur, Iecontact par I'miI, I'oreille, Ie nez, Ie gotH, Ie toucher? Il repond:

26, Tant que Ia Notation ne demeure pas dans Ia Simple­Notification, Ies residus de Ia double Prise ne s'anNent pas toutce temps-lil.

Mais alaI'S, ces Imprt'gnations d' Acte et avec elles, ces Imprf!­gnations de la double Prise qui, chaque fois qu'une premiereConcoction cst epuisl'e fonL naitre la Concoction d'une autrechose, comme i l a 6t6 dit (v. 19) comment se fail-il qu'on IeseJimine au qu'on ne les t':li mi ne pas? n rtSpond : Tant que laNotation ne demeure pasaans la Simple-Notification, etc. Tantque]a Notat.ion ne demeure pas dans l'Essencite de l'Esprit qu'on

1. ,Ic n'ai pil rctJ'ou\'Cl' la sourcc rle ('CS rl"IlX \'crs.

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appelle Simple-Notification, tant qu' elle procMe dans la perceptionde Prenable et de Preneur - ce qui constitue les deux Prises,Prise de Prenable, Prise de Preneur, - alars Ie Residu de ces(deux Prises), c'est-a-dire Ie germe qu'elles ont depose dans IaNotation de Trefonds pour faire naitre une double Prise future,- tant que l'Esprit du Yogin n'est pas installe dans Ia Simple­Notification qui a pour Caraetere la non-dualite, - tout cetemps Ia Ie Residu de Prenable et de Preneur ne s'arrete pas,c'est-a-dire n'est pas elimine. La non-elimination des perceptionsexternes montre ici la non-elimination des perceptions d'ordreinterne. Et alars on dit : Je saisis Ia Forme, etc., par l'ceil, etc.

n faut maintenant expliquer pourquoi la Pereeption du SimpleEsprit depouille de tout objet ne suffit pas pour installer l'Essen­cite d'Esprit.

27. Meme du fait de cette perception: « Tout est Simple-Noti­fication », a quoi que ce soit qu'on fasse faire Halte devant soi,on n' est pas en etat de « Simplement cela » 1.

S'il y a un orgueilleux qui connait simplement par ouY-dire: Jesuis installe dans la Simple Notification, il (l'auteur,' Vasu­bandhu) dit pour refuter son erreur: Meme du fait de cotte per­ception: Tout est Simple-Notification, etc. Du fait qu'on pergoit,qu'on saisit, qu'on se figure ainsi: (( Tout ceei est Simple-Noti-

1. Les deux vel'S 27 et 28 sont cites, sans reference (tatha ea) dans un despetits traites d'Advayavajra publies par IIaraprasad Sastri (Advayavajra­sarilgraha; Gaekwad's Oriental series, nO XL): Ta!tvaratnalr, p. 19. Maisces deux vel'S y sont reproduits sous une forme trop corrompue pour etreintelligible:

v~ji!tinamatramevedam ity ayam hy upalambhatal!sthapayen na sa kirheit [tu] tanmiUre}.~avati§thate.

yada tv alambanaln jniinaln naivopalabhyate tadasthito vijr1aptimatratve grahyablulve tadagrahal.

ees vel'S sont suivis d'une obset'vation interessante: paramarthasannitya­sakaraV1jl1anasamiidhau bhagavatal! saJnsthitavedantavadimatanupravesal!. sahi paranulrthasan nityam svacidriipabrahmabhinnapari1famal'iipmn jagadieehati, L'elat cOl'1'ompu du texte ne pennet pas une traduction suivie ; maisil est clail' que l'alllellr elablil un lien entre la doctrine Vijiiaptimatra et IeVedunta « lequel considere Ie mondc comme une Transformation insepa­rable du Brahma ".

Au vcrs 28, pada a, au lieu de vijnanaJn, Ie temoignage de la trad. tib.,corroboree par deux copies des I,arik,ls retrouvecs delJUis au Nepal, donnejl1anam qui de plus etablit un pada regulier ilIa place d'un pada hypermetre.Et de meme il Ia ligne 13 Ie iib. a seulement ses pa qui exige Ia lecturejr1anam (au lieu de vijl1iinam).

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fication depouillee de tout objet, et il n'y a pas d'Objet exterieur. ))Devant soi, c'est-a-dire en face de soi. On fait faire HaItI', c'est­a-dire qu'on fait faire HaItI' par Ie Mental comme on I'a entendudire (sans l'avoir cornpris). Quoi que ce soit, car les Pratiquantsde l'Union-mystique (Yog'acara) ont une extreme variMe d'Objec­tifs, p. ex. ]e squeleLte, Ie blcu cadavl'rique, Ie pus, Ie grouilJe­ment des vel'S, la boursou£1ure, etc. On n'est pas en etat de« Simplement Cela )), puisqu'on n'a pas elimine la perception dela Notation.

Mais alars quand est-ce qu'on a elimine la Prise de ]a Nota­tion et qu'on a fait Halte duns la Simple Notation '1 n repond :

28. Mais quand la connaissance ne per~oit plus d'Objectif, elIefait HaItI' dans la Simple Notation, car il n'y a plus de Prisequand il n'y a pas de Prenablc.

Quand la Connaissance ne pcr\ioit plus en dehors de l'Esprit,ne voit pas, ne saisit pas, n'accepte pas superstitieusement unObjectif quelconque, que ce soit la Predication, la Le~on morale,ou un objectif vulgaire comme la forme, Ie son, etc., - si c'estpar l'effet d'une vision exacte, et s'il ne s'agit pas d'une cecite denaissance, p. ex., alors la Prise dela ~otation est eliminee et onfait HaItI' dans Ie Simple-Esprit. II dit Ie pourquoi: Car il n'y aplus de Prise quand il n'y a pas de Prenable. S'il y a un Prc­nable, il y a un Preneur, mais non pas en l'absence de Prenable.S'il n'y a pas de Prenable, l'absence de Preneur s'ensuit, et nonpas seulement l'absence de Prise. Et ainsi se pmduit uneConnaissance homogEmc, sans ObjccLivite ni Objeelivant, degageedes Imaginations-particulif~res, Supra-mondaine. Les Residus desSuperstitions de Prenable et de Preneur son Lelimines, et l'Espritcst fixe dans son Essencile d'Esprit.

Quand l'Esprit est instalJe dans la Simple-Notation, commentest-ce qu'on Ie dcsigne alors?

29. Sans-Esprit, Sans-Perception, Connaissance Supra-mon­daine, Revolution du Hecipient par l'elimination des deux sortesde Turbulence,

30. Plan Sans-Ecoulement, Inconcevable, Bon, Stable, Heu­reux, Ensemble de Lihl~raLions, et aussi (Ensemble) des Essencesdu Grand Sage.

Dans ces deux vel'S il fait comprendre la plenitude des fruits,par une gradation ascendante de qualificatifs a partir du Chemin

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de la Vue, pour Ie Yogin une fois entre dans la Simple-Noti­cation. Comme iI n'a plus un Esprit de Prenpur, ot qu'iI nepert;oit plus d'objet Prenable, il est Sans-Esprit, Sans~PerCf'ption.

C'est la Connaissanee Supramondaine, car elle n'est pas usuclIedans Ie monde, eIle n'y travaille pas, elle est degagee des Ima­ginations-particulieres, elle a passe en dehors du monde. Imme­diatement a la suite de colte Connaissance se produit la Revo­lution du Recipient; c'est pour Ie faire savoir qu'il dit: Revolu­tion du Recipient. Le Recipient, c'est la Notation du Trefondsqui a tous les germes. Sa Ht-volution, c'est celIe qui se produitdu fait qu'iI n'y a plus d'Impf('gnations soit de Turbulence, soitde Concoction, soit de Dualit(~, puisqu' elIes sont arretees, ot qu'il ya Maniabilite, Ensemble des Essences et Connaissance sans­dualite. Mais eette Revolution du Recipient, on y arrive par 1'eli­mination de quoi ? II repond: Par l'eIimination des deux sortesde Turbulence. Les deux sortes, c' est la Turbulence des Obstruc­tions qui consistent en Passions et la Turbulence de I'Obstructionqui consiste en Connaissable. La Turbulence, c' est Ie manque deManiabilite du Recipient, ot c'est elle qui est Ie germe des deuxObstructions, de Passion et de Connaissable. Cette Revolution duRecipient, On l'obtient par l'elimination de la Turbulence propreaux Auditeurs ; c'est ce qu'il designo comme « Ensemble desLiberations )), - et aussi par l' fJi ruination de la Turbulencepropre aux Bodhisattvas; c'est co qu'il designe comme « l'En­semble des Essences du Grand Sage )). II indique ainsi les deuxRevolutions du Rt5cipient, incomplete ou totale, selon la diffe­rence des Obstructions. Un vel's di t a ce sujet :

« II fauL savoir (Iue la Notation d'Attribution-personnelle estcaracthisee par une Obstruction de dualite, qu'elle est germeuniversel, germe de passion; 1'attaehement s'y fait deux pardeux. ))

Deux, e'est I' Auditeur et Ie Bodhisattva. Pour Ie premier, elleest gCI'me d'Obstruetion de· Dualite; en detruisant (l'une otl'autre) on arrive a I'Omniseience. C'ast done Ie Plan Sans­Ecoulernent. Sous forme de Revolution du Recipient, on l'ap.pelle Plan Sans-l~coulernent. Sans-!~coulcmcnt parce qu'il ostdegage de la Turbulonce; il est done sorli des~~coulernenIs. Lomot Plan (dhdtu) iei est employt\ paree qu'il est la Cause desEssencps Sainles. Le mot Plan a ici Ie sens de Cause. IncoJl(~e-

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vable, parce qu'il n'est pas a portee du raisonnement et parcequ'il [aut Ie conn nitre par soi-meme, et aussi qu'il n'y a pasd'exemple aen montrer. Bon, parce que rObjeetif en est~omple­

tement purilie, que la possession en est assuree, et paree qu'ilconsiste en Essences Sans-J~coulement. Stable, puisqu'il est per­manent, puisqu'il ne s'epuise pas. Heureux, puisqu'il est perma­nent. Ce qui est impermanent est doulcur, et iI est permanent,done il est heureux. Par suite de I'elimination de l'Obstructiondes Passions, il est, pour les Auditeurs, I'Ensemble des Libera­tions. Et en tant que caracterise par la Revolution du Recipient,on l'appelle aussi du nom des Essenees. Comme Ie Grand Sagea par l'exerciee des (dix) Terres, des Perfections, eLc., elimineles obstructions de Passion et de Connaissable, qu'il a accomplila Revolution du Hecipient, on dit que c'est ['Ensemble desEssences du Grand Sage l

. On l'appellc I'Ensemble des Essencesparce que, sans abandonner Ia Transmigration, on est desorrnaissans Passions et on possede par suite la maitrise de tou les IesEssences. Du Grand Sage. Par la possession de la Sagessesupreme, iI est Ie Bouddha, ]e Bhagavat, Ie Grand Sage.

1. Cctte fin est Ia partie In plus incerlaine rlp noIre lexle. Lc tib. correspon­dant a: 'khorba yoi!s 8U mi atmi iili. des lion moilS pa med pa dali rhos thamscad La dbal; 'byor ba thob pa'i phyir chos kyi sku ;es bya'o. « QuoicluC n'ayantpas abandonne la transmigration, il esl sans Passion et il possCdc la maitrisede toules les Essences; e'csi pourquoi on l'apl'ellc Ensemble des Essenecs )).11 faut done relablir Ia. le\;on saJilsariipaTitytlqtlt el peut-etre restaurer ensuifetadanu (= des du tib.) samklesa!Jhiiviit sarvadharmavibhutvalabhatas ca.