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Libre accès aux médicaments, qu’en pensent les pharmaciens ?

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Page 1: Libre accès aux médicaments, qu’en pensent les pharmaciens ?

5 actualités

Actualités pharmaceutiques • n° 473 • Avril 2008

D eux cent un pharmaciens, repré-

sentatifs de la profession, ont été

interrogés, courant février 2008,

sur la mesure de mise en libre accès en

pharmacie de certains médicaments pou-

vant être obtenus sans prescription.

Les principaux enseignements de cette

enquête sont qu’une majorité des phar-

maciens ne soutient pas cette mesure.

Ainsi, 84 % des interviewés considèrent,

qu’elle est « mauvaise », voire, pour 55 %

d’entre eux, « très mauvaise ». Par ailleurs,

71 % pensent qu’elle n’induira pas une

baisse des prix des médicaments et 89 %

qu’elle ne parviendra pas à responsabili-

ser le patient quant à sa consommation

de médicaments. Ils sont 74 % à être

« inquiets » et 30 % « très inquiets » face

à cette évolution vers le libre accès, 68 %

pensant que les médicaments concernés

pourraient être vendus très prochainement

en grande surface.

Pourtant, malgré ce désaccord massif, peu

de pharmaciens disent refuser d’aménager

une zone de libre accès dans leur officine.

Seulement 25 % d’entre eux affirment qu’ils

le refuseront alors que 44 % vont faire réa-

liser des travaux d’aménagement très vite

(21 %) ou à moyen terme (23 %). Les phar-

maciens réticents invoquent, pour 52 %

d’entre eux, la peur de voir les patients

adopter un comportement dangereux vis-

à-vis de ces médicaments. Ils mettent en

tout cas en avant qu’il serait « normal » de

continuer à conseiller le patient, même

dans cette zone en libre accès (84 %), bien

que 41 % pensent que cet accompagne-

ment y sera « compliqué ».

Élisa Derrien

Enquête

Libre accès aux médicaments, qu’en pensent

les pharmaciens ?

© S

ipa/A

RP

/Rackam

d’autres, avec le GIP-DMP (Grou-pement d’intérêt public-dossier médical personnel) à la mise en place du DMP. La date de sa sor-tie n’est cependant pas prévue dans un avenir très proche.

AP : Selon un sondage récent

(voir ci-dessous), la profession

se montre relativement réser-

vée face au passage des spé-

cialités à prescription médicale

facultative devant le comptoir.

La ministre de la Santé soutient

pourtant que cela va conforter

le monopole pharmaceutique,

qu’en pensez-vous ?

IA : Je comprends que les phar-maciens soient réticents face à ce projet imposé. Aucun phar-macien ne demandait d’aller dans ce sens. De plus, si l’on peut entendre que certains patients veulent avoir un accès plus facilité, reste que les pro-duits de santé comme le médi-cament ne sont pas des pro-

duits de consommation comme les autres et ne doivent pas être banalisés. Cet accès libre devra être accompagné de mesures particulières. En tout état de cause, le DP concerne aussi les médicaments sans prescrip-tion, ce qui permettra de sécu-riser toutes les dispensations officinales. En revanche, je ne vois pas en quoi ce passage devant le comptoir renforce le monopole pharmaceutique, bien au contraire. Notre minis-tre s’est néanmoins exprimée fermement en faveur du main-tien de cette exclusivité de la dispensation par le pharmacien dans nos pharmacies françai-ses de proximité. Certains pays très libéraux font d’ailleurs des retours en arrière spectaculaires sur certaines molécules. �

Propos recueillis par

Sébastien Faure

[email protected]

Haut commissaire aux solidarités actives au

sein du gouvernement, Martin Hirsch a, dès

le début, clairement manifesté son opposition

aux franchises médicales, dispositif mettant à

mal le principe de solidarité cher à celui qui a

été le président d’Emmaüs après l’Abbé Pierre.

À l’époque, Martin Hirsch avait préféré défendre

la mise en place d’un bouclier sanitaire consistant à plafonner les dépenses de

santé non remboursées en fonction des revenus. Dans l’entretien qu’il a donné

le 14 mars dernier à l’hebdomadaire Le Généraliste, il défend de nouveau

cette solution mais propose surtout une vision très différente des patients

bénéficiant de la couverture médicale universelle (CMU) par rapport à celle

qui prévaut aujourd’hui dans les médias et les couloirs ministériels. C’est ainsi

qu’interrogé sur la nécessité de « renforcer la lutte contre les abus » en

matière d’attribution de la CMU, objectif récemment défendu par le ministre

du Budget Éric Woerth, Martin Hirsch souligne : « Quand on regarde les chiffres,

la consommation des patients sous CMU n’est pas supérieure à la moyenne.

Donc, il n’y a pas d’abus, pas de surprotection aboutissant à la surconsomma-

tion. » Martin Hirsh a, en outre, estimé qu’à son sens la « fraude n’était pas spé-

cifique à la CMU » et a rappelé que dans certains départements, « 20 %, 30 %,

voire 40 % des bénéficiaires potentiels de la CMU ne l’ont pas ». �

Aurélie Haroche © jim.fr.

Un autre regard sur les bénéficiaires de la CMUUn autre regard sur les bénéficiaires de la CMU

Source Sondage Ipsos/Pharmagora-Wolters Kluwer

“Les pharmaciens, l’automédication et le libre accès

aux médicaments”, mars 2008.

© B

SIP

/Chagnon