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Editions La Decouverte
L'image expression et moteur des Mouvements sociauxAuthor(s): G. BourginSource: L'Actualité de l'histoire, No. 5 (Oct., 1953), pp. 1-3Published by: Editions La Decouverte on behalf of Association Le Mouvement SocialStable URL: http://www.jstor.org/stable/3776889 .
Accessed: 14/06/2014 11:51
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Editorial
L'IMAGE
EXPRESSION ET MOTEUR
DES MOUVEMENTS SOCIAUX
Dans
l'histoire des revolutions, les documents ecrits et impri- mes ont une importance essentielle. Proclamations, sen- tences judiciaires, fragments doctrinaux, declarations de
guerre ? sociale ? correspondances tel est le materiel dans lequel nous puisons pour expliquer les origines et le deueloppement d'un mouvement.
Mais ce n'est pas la seule categorie de documents d laquelle nous devons recourir. Dans mon cours sur les sciences auxiliaires et Vhistoire d la Sorbonne, je ne cesse de souligner que les tableaux et les sculptures, ? pour ne designer que les categories eminentes des images, ? presentent un sens individuel ou collectif pour Vexplication d'une psychologie, d'un milieu, d'une epoque, et voici
que deux expositions recentes ont renforce mon sentiment
A la Bibliotheque Nationale a ete organisee une exposition des ceuvres de Theophile-Alexandre Steinlen. Steinlen qui a vecu de 1859 a 1923 a apporte de Suisse oii il etait ne la fraicheur d'une vision qui se traduit dans ses dessins, ses illustrations, ses affiches. Sur la rue parisienne, sur les types de ses faubourgs, sur ses midi- nettes, Vceuvre de Steinlen apporte des documents precieux. Le Ghambard socialiste, la Feuille fournissent des documents de pre- mier ordre qui resument toute une vie ouvriere, preparent en meme
temps des heures de bonheur. Ces trottins, ces blanchisseuses, ces ouvriers sur leurs echafaudages encadrent les souvenirs de la Commune, le 18 mars ou le 24 mai 1871. Une chanson de Maurice
Boukay inseree dans le Monde nouveau en 1896 est illustree par Steinlen dans une composition emouvante. A la Feuille de Zo d'Axa, distribuee comme prime de FAurore, figurent, en 1897, des bour*
geois apeures, des Juifs qui ueulent bien aider leur capitaine Drey- fus mais qui ne songent pas aux ? braves gens ? du proletariat.
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Aux Temps Nouveaux de 1903 une Republique liberatrice s'inspire de la Marseillaise de Rude. Tout cela est prenant, entrainant, enthou- siasmant, tout cela vaut une chanson de J.-B Clement, une page du Manifeste Communiste ou de I'Adresse de la Commune.
Au Petit Palais, une exposition consacree a ? Un siecle d'art francais 1850-1950 ? <1> groupe un certain nombre de tableaux de Courbet. Parmi ceux-ci, il y a cette vaste scene admirablement traitee, en verite et en couleurs, P.-J. Proudhon et ses enfants. Mais, non loin, quelques dessins de Daumier expriment la vieille inimitie de VartiSte pour les gens de justice. Et j'aime aussi ces Esquisses pour le Monument aux Travailleurs qu'a dessinees Jules Dalou, un autre partisan de la Commune comme Courbet, et, d cette intersec- tion de Vhistoire sociale et des arts plastiques, Vhistorien des mouve- ments sociaux ne peut que jouir de toutes ces formes oii s'inscrit la sympathie des peintres et des sculpteurs pour les travailleurs de Vusine et de la terre.
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LA NECESSITE DES INSTITUTS D'HISTOIRE SOCIALE
Tant que les hommes recourront d la force, ? la dictature d Vinterieur, la guerre d Vexterieur, ? pour resoudre les problemes qui peuvent les separer, les valeurs humaines, creees avec tant de mai, seront en peril. Pour eviter leur destruction totale et certaine il est necessaire de penser d les preserver des violences eventuelles, et c'est Vceuvre des Instituts d'histoire sociale de mettre d I'abri le
plus de richesses intellectuelles possibles : archives, journaux, livres. brochures.
Un exemple de destruction nous est donne par la Republique Argentine. Le Populaire du 6 mars 1953 a publie, en effet, Vinfor- mation suivante ;
? On a recu a Londres, le rapport suivant de la part des socia- listes argentins sur la destruction du siege de leur parti et de leur
bibliotheque, la plus importante de Buenos-Aires. ? Les recents incidents de Buenos-Aires sont le resultat des
evenements survenus pendant le discours du general Peron d la Plaza Nayo. La destruction complete de la ? Casa del Pueblo ? (la Maison du Peuple) n'a ete que le point culminant d'une cam-
pagne contre le parti socialiste qui a dure dix jours. ? La Casa del Pueblo est situee dans la Calle Rivadovia 2150,
d trois cents metres du Congres et d neuf cents metres de la Brigade des Pompiers et du siege principal de la police. Elle fut bdtie en
(1) Je recommande les catalogues consacres a ces deux expositions; les planches qui les ornent sont des documents precieux.
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1927, grace d des contributions volontaires et les membres er amis du parti socialiste continuaient a apporter leur aide financiere pour son entretien.
? Cetait un grand bdtiment a trois etages aux fondations soli- des. Au premier, se trouvaient la bibliotheque, Vadministration et la redaction de ? La Vanguardia ?. On trouvait dans ses archives la collection complete de ce journal, fonde par Juan B. Justo, le 7 avril 1894. Elles contenaient aussi un riche materiel concernant le mouvement fasciste depuis ses debuts en 1943.
? Dans son vestibule spacieux se trouvait une toile bien connue de Vartiste argentin Quinquela Martin et les bustes de Juan B. Justo et Giacomo Matteotti.
? La bibliotheque ? Juan B. Justo ?, fondee en 1897, ne rece- vait pas de la part du gouvernement Peron, la subvention accordee d d'autres institutions d'education publique similaires. C'etait une des plus importantes bibliotheques du pays ; elle comprenait 60.000 volumes, y compris les bibliotheques personnelles de Juan B. Justo, Alejandro Castineiras, Silvio L. Buggieri, Senillosa, Zam- boni et autres et de nombreux livres epuises. Les etudiants de toute
VArgentine recouraient d la bibliotheque ? Juan B. Justo ? pour leurs etudes sociales et politiques depuis plus de 50 ans.
? Par la destruction sauvage de cette precieuse bibliotheque, trois collections completes de ? La Vanguardia ? ? contenant les recits de plus d'un demi-siecle de l'histoire sociale de VArgentine ?
ont ete perdues. La seule edition qui existait de V? El Artesano ?,
fonde par un disciple de Fourier, a egalement ete detruite, de meme
que les fameuses collections de journaux tels que ? Nosostros ?, ? Caras y Caretas ?, ? P.B.F. ?, ? El Monitor de la Educacion Comun ? (fonde par Sarmiento)f ainsi que des periodiques etran-
gers comme la ? Bevista de Occidente ? et ? Critica Sociale ? et les comptes rendus officiels complets des deux Chambres depuis le debut du Parlement.
? Les pieces occupees par le Comite Executif du Parti socia? liste au second etage, ses archives, sa cartotheque, par les bureaux des Femmes socialistes, des Jeunesses socialistes et du Comite Natio? nal des Syndicats ont ete egalement detruites.
? La Vanguardia a ete obligee pendant ses 59 annees d'exis- tence d'interrompre sa publication d de nombreuses occasions, mais a chaque fois, elle a recommence. Sous la dictature de Peron elle a souffert les pcrsecutions les plus cruelles et a ete finalement reduite a cesser sa publication le 21 avril 1947. ?
Souhaitons que les Instituts existants arrivent d se federer : Vunion fait la force. La Federation que nous nous efforgons de
creer, et dont nos amis italiens soutiennent en particulier Videe, sera un des moyens d'action souhaitable, car elle pourra organiser une heureuse propagande aupres des organismes mondiaux, ? et
d'abord de VU.N.E.S.CO.
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