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L’Inde dans la crise mondialeLe mouvement ouvrier indien

à un carrefour

Il y a encore quelques mois, bien descommentateurs, face à l’accélération et àl’approfondissement de la crise mondiale,ont cherché des motifs d’espoir en se tour-nant vers l’Asie. Ils cherchaient à se ras-surer en insistant sur le fait que la “crisefinancière” n’avait pas le même impactsur des pays où le facteur déterminant del’activité était la production de biens et deservices de toute façon indispensables, etqu’en conséquence ces économies dites“en voie de développement” fourniraientl’un des ressorts de la relance. Ainsi, l’undes analystes les plus connus de l’écono -mie mondiale, Martin Wolf, expliquaitdans le Financial Times (29 octobre 2008)“pourquoi l’Asie restait sereine”. Le ton est tout autre aujourd’hui. Les

faits ont tranché : l’Asie tout entière estfrappée de plein fouet par la crise mon -diale. L’hebdomadaire financier britan-nique The Economist titrait son numérodu 31 janvier 2009 : “Pourquoi c’est enAsie que la crise frappe le plus fort.” Ildétaillait les coups portés à l’économiechinoise et notait l’effondrement en coursau Japon avant d’aborder la situation dansd’autres pays d’Asie.Bien sûr, les formes dans lesquelles la

crise frappe chaque pays du continent sontdifférentes (1).En ce qui concerne ce qu’on appelle par -

fois l’Asie du Sud — ou plus précisémentle sous-continent indien —, les analysesfaites à ce sujet dans les diverses contribu-

tions publiées dans le précédent numéro deLa Vérité (celles de N. Vasu devan et deC.-K. Sanyal à propos de l’Inde, commecelle de Samia sur le Pakistan) ont été lar-gement vérifiées par les faits.Ainsi l’article du camarade Vasudevan

soulignait qu’au-delà de la “paniqueboursière”, le ralentissement économiqueavait déjà sérieusement affecté le marchéimmobilier et que, “selon les calculs lesplus optimistes, ce ralentissement serait àl’origine de la perte d’environ deux mil-lions d’emplois”. Depuis, un rapport duministère du Travail qui vient d’être pu -blié estime à 500 000 le nombre d’em -plois qui ont été supprimés entre octobreet décembre 2008 en Inde. Il prévoit que, dans le secteur de l’ex -

portation, 1,5 million d’emplois seraientperdus pour le mois de février. Ces pre-mières conséquences immédiates de lacrise frappent un pays où le chômage estdéjà endémique. Le camarade Sanyal fait

Par François Forgue

(1) Si l’on se place du point de vue de l’évolution del’Asie dans son ensemble, la crise renforce encore laplace que tient et tiendra dans cette évolution laclasse ouvrière chinoise (voir l’article de ChenChao-Lin paru dans La Vérité, n° 64) et donneencore plus d’importance pour le développement dela lutte de la classe ou vrière en Inde au fait que laconférence de Mumbai avait tenu à souligner laplace essentielle de la Chine : “Lors de la confé -rence, une grande atten tion a été prêtée aux déve -lop pements en cours en Chine et à leur significationpour le combat mondial de la classe ouvrière, etsurtout en Asie.”

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remarquer dans son article que le seul Etatdu Bengale-Occidental enregistre 7 mil-lions de chômeurs. Par ailleurs, la cama -rade Samia, dans son article sur le Pakis -tan, explique que “l’économie pakista -naise est maintenant en chute libre”.Depuis, l’effondrement précipité des ex -portations confirme ce jugement. Ces contributions s’inscrivaient dans

un ensemble paru comme tribune libredans le n° 64 nouvelle série (n° 670, dé -cembre 2008) de La Vérité, sous le titre“La classe ouvrière face à la désagréga-tion capitaliste”. Dans la présentation decet ensemble, il était souligné que c’étaiten relation avec la préparation du Sep -tième Congrès mondial de la IVe Interna -tionale que La Vérité avait invité

“14 militants de différents pays à livrerdes informations relatives aux formes etaux conséquences de la crise dans leurpays et aux problèmes auxquels le mou-vement ouvrier est confronté. Certainsmilitants appartiennent à la IVe Inter -nationale, d’autres sont des militantsouvriers avec qui nous coopérons sur leterrain de l’indépendance de classe, etdont le point de vue ne reflète pas néces-sairement les positions de la IVe In -ternationale. Ainsi se prépare le Sep -tième Congrès mondial, en relation avecl’ensemble des débats qui traversent lemouvement ouvrier à l’échelle inter -nationale, pour dégager les voies et lesmoyens d’une résistance efficace face àl’offensive destructrice sans précédent ducapital.”Le but de cet article est d’être un jalon

dans le développement de cette discus-sion. Il est précisément centré sur lesdéveloppements économiques, sociaux etpolitiques en Inde — même si ceux-cis’insèrent non seulement dans un proces-sus mondial, mais ne peuvent être séparésdes développements à l’échelle du sous-continent — et aux problèmes auxquelsdoit faire face le mouvement ouvrier.Aujourd’hui, la crise s’approfondit en

Inde — comme partout ailleurs dans lemonde — et ses conséquences mettent encause l’ensemble des équilibres sociaux etpolitiques qui avaient pu être préservésjusqu’à présent.Ces conséquences rendent encore plus

volatile la situation dans les pays quientourent l’Inde, comme le Pakistan et leBangladesh, et, au-delà, ce qui tend à

rendre encore plus profonde la crise enInde même. Comme l’expliquait uneétude sur l’économie indienne parue dansl’International Herald Tribune (samedi10 janvier 2009), le mythe que l’on cher-chait à entretenir était celui d’un “décou-plage” entre l’Inde et les Etats-Unis :

“Même si l’économie américaine en -trait dans une période difficile, l’Indepourrait tirer avantage de ses difficultéset vendre aux Etats-Unis plus de servicesdélocalisés.”C’est le contraire qui s’est produit. Les

firmes qui délocalisaient des servicesréduisent leurs activités et licencient. Enmême temps, le secteur exportateur voitson activité baisser rapidement. L’écono -mie indienne est, elle aussi, “en chutelibre”. Dans ces conditions, les conclu-sions qui avaient été tirées par des mili-tants ouvriers de l’Inde, du Pakistan et duBangladesh lors de la conférence de Mum-bai (février 2008) prennent une si gni -fication encore plus forte et une grandeurgence (2). Dans le cours de la préparation du Sep -

tième Congrès mondial de la IVe Interna -tionale, il s’agit là de questions qu’il estnécessaire de discuter parce qu’ellesconcernent l’avenir même des travailleurset des peuples de l’Asie.

LES ORIGINESDE LA CRISE ACTUELLEUn économiste indien, lié à l’un des

deux Partis communistes indiens, le Particommuniste de l’Inde, Prabbat Patnaik, arésumé la crise mondiale dans les termessuivants :

« Les explications communément don-nées sont que la crise résulterait “d’uneabsence de régulation gouvernementaledans le secteur financier”, “d’un manquede vigilance qui aurait permis aux institu-

(2) Les 19 et 20 janvier 2008, s’est tenue à Mumbaiune “Conférence Asie pour la défense de la paix, desdroits des nations et de l’indépendance du mou -vement ouvrier par rapport à la gouvernance mon -diale”. Plus de 80 délégués venus de l’Inde, duBangladesh, du Pakistan, de Chine, d’Australie etdes repré sentants de l’Entente internationale destravailleurs et des peuples y ont participé. Desmessages d’Af gha nistan, d’Iran, des Philippines etd’Australie sont parvenus à la conférence.

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tions financières d’octroyer des prêts defaçon téméraire”, bref d’une série d’er -reurs et d’aberrations qui ont contribué à“une faillite du système”, pour citerl’économiste distingué, lauréat du prixNobel, Joseph Stiglitz. Cependant, c’estle raisonnement tout entier qui est er -roné. La crise n’est pas une “faillite dusystème”, elle est au cœur du mode defonctionnement du système lui-même.Elle ne résulte pas d’“erreurs” oud’“aberra tions” ; elle est inhérente à lalogique du système.Si vraiment une régulation gouverne-mentale avait permis d’empêcher “les

institutions financières d’octroyer desprêts de façon téméraire” aux Etats-Unis,s’il n’y avait pas eu de “prêts hypothé-caires”, alors le boom dans l’immobilieraurait été interrompu beaucoup plus tôt.Le spectre du chômage de masse seraitapparu beaucoup plus vite, et même,l’économie mondiale se serait retrouvéebeaucoup plus tôt en récession. »

Voilà qui tranche agréablement avecles sottises répétées à souhait sur la sépa-ration entre “l’économie financière” et“l’économie réelle”, sur le fait que lacrise serait le produit d’“excès”, “d’unmanque de réglementation”. Mais quellesconclusions peut-on tirer de cette appré-ciation ? Pour sa part, P. Patnaik se réfèreà Keynes, dont il dit qu’il “militait nonseulement pour la régulation du capita -lisme, mais pour sa transformation d’unemanière qui assurerait le quasi-plein em -ploi et ainsi détruirait l’argument majeuren faveur du socialisme”.En même temps, il reconnaît que ce

n’est pas l’application des recettes deKeynes, mais la préparation de la guerrequi a sorti l’économie capitaliste de la dé -pression. Il assure cependant qu’aujour -d’hui, une solution à la crise peut êtreapportée par le recours à Keynes et quec’est le grand capital financier internatio-nal qui s’oppose à une solution de ce type,voulue notamment par les partis sociaux-démocrates. Si la crise est justement,comme l’expli que Patnaik, l’expression dufonctionnement même du “système” — ilfaudrait ajouter : du système capitaliste à unpoint avancé de sa décomposition —, il n’ya de solution réaliste qu’en s’attaquant ausystème, c’est-à-dire à la propriété privéedes moyens de production, et non en espé-rant que le salut vienne d’une reprise desméthodes de Keynes.

Aujourd’hui, partout dans le monde,qu’il s’agisse des économies impérialistesles plus développées ou de celles qu’ondésigne comme “émergentes”, qu’ils’agisse de gouvernements “de droite” ou“de gauche”, des plans similaires sont misen avant, plans visant non pas à sauver lestravailleurs du système, mais à sauver lesystème, ce qui ne peut se faire qu’en re -nonçant à défendre les intérêts des tra-vailleurs et des peuples.La crise d’effondrement de l’économie

capitaliste mondiale, produit du fonction-nement même de ce système, comme l’asouligné P. Patnaik, est une crise qui tou -che tous les aspects : économique, social,politique. Elle ne peut être séparée, dansses causes comme dans ses conséquences,de l’ensemble de la politique impérialistetelle qu’elle s’est développée ces dernièresannées, ni de la “guerre sans fin” préten-dument menée contre le terrorisme, ni dela volonté de disloquer les nations, de nierde plus en plus brutalement la souverai -neté et les libertés démocratiques.Cette politique s’applique dans des

conditions antérieurement forgées par lesdéveloppements de la lutte des classes.A propos des attentats survenus à

Mumbai le 26 novembre 2008, l’écrivainindien Arundhati Roy écrivait :

« Pour nous, dans ce sous-continentnucléarisé, le contexte, c’est la partition.La “ligne Radcliffe”, qui sépara l’Inde etle Pakistan en déchirant les Etats, les dis-tricts, les villages, les champs, les com-munautés, les systèmes d’alimenta tiond’eau, les foyers et les familles — et quifut tracée en une nuit —, entraîna le mas-sacre d’un million d’êtres humains et laplus gigantesque migration de l’his toirecontemporaine.Huit millions de personnes, des Hin -dous fuyant le Pakistan qui venait de secréer, des musulmans fuyant une Indenouvelle, abandonnèrent leur résidence,n’emportant que ce qu’ils avaient sur ledos (…). La partition a laissé derrièreelle le Cachemire, plongé dans un cau-chemar dont il n’émerge pas et qui a déjàentraîné plus de 60 000 morts. »

A. Roy rappelle ensuite la situation des150 millions de musulmans en Inde (lesmusulmans comptent parmi les couches lesplus défavorisées de l’Inde du point de vuede l’accès à un emploi stable et à une quali-fication) et évoque le massacre qui eut lieu

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au Gujarat en 2002, qui provoqua plus de2 000 morts musulmans. Elle ajoute :

“Là est le contexte historique du terro-risme dans le sous-continent et des atten-tats de Mumbai.”D’ailleurs, le Times of India a résumé

la situation en écrivant :“L’Inde est en guerre, et cela face àdes ennemis mortels en son sein.”

Cette affirmation, à un moment oùHillary Clinton prend ses fonctions desecrétaire d’Etat, ne peut que faire penserà l’affirmation du président Clinton selonlaquelle “l’Inde pourrait devenir la nou-velle Bosnie”.Le Times of India concluait en notant

que,“pour faire face à la terreur en Inde, ilest nécessaire de stabiliser le Pakistan etle Bangladesh. L’Inde doit rechercherune aide internationale pour améliorerses services de sécurité, mais aussi pourstabiliser toute la région qui va de l’Af -gha nistan au Bangladesh. Il n’y a pas detemps à perdre.”

Ces commentaires s’inscrivent dans unesituation où l’intervention américaine danstoute la région se fait de plus en plus direc-te et dangereuse. L’une des premières déci-sions du président Obama a été de renfor-cer le contingent américain en Af gha nistanet d’appeler à une plus grande présence desarmées de l’OTAN dans ce pays.

GUERRE CONTRE LES PEUPLESDU SOUS-CONTINENTSimultanément, la guerre d’Afghanis -

tan est de plus en plus devenue une guerremenée au Pakistan même, au point que lesmilitaires américains parlent maintenantde “l’AF-PAK” pour désigner à la foisl’Afghanistan et le Pakistan comme larégion prioritaire de leur interventionmilitaire. Il n’y a plus d’Etats, de peuples :il n’y a plus qu’un seul périmètre mili -taire, cible des bombardements et desattaques.Il est intéressant de souligner que la

politique poursuivie dans la région, au -jourd’hui par l’administration Obama, aété notamment présentée dans un articlede l’International Herald Tribune (6 oc -

tobre 2008), dont l’auteur est Robert D.Kaplan, l’un des “penseurs néo-conserva-teurs” qui faisaient partie de l’équipe desconseillers de Bush. Il écrit :

« Aujourd’hui, le Pakistan, avec ces165 millions d’habitants, est une You -goslavie disposant de l’arme nucléairequi est menacée d’être déchirée par larébellion taliban dans la North WesternFrontier Province (NWFP) et égalementpar les mouvements séparatistes grandis-sants au Baluchistan et au Sindh (…). Lefutur du Pakistan peut dépendre du degréauquel les forces américaines seront ca -pables de coopérer avec la hiérarchiemilitaire pakistanaise pour empêcher larébellion taliban de s’étendre non seule-ment en Afghanistan, mais aux villes duPakistan. Cela peut paraître un para-doxe, mais impliquera des accords aveccertains talibans contre d’autres (…). Unéchec en Afghanistan, qui déstabiliseraitle Pakistan, ne bénéficierait pas à l’Inde(…). Le plus grand problème de l’Indeest le fait qu’elle partage de longuesfrontières avec des Etats dysfonctionnelscomme le Pakistan, le Bangladesh et leNépal (…). Ce que le Pentagone appellela “longue guerre” est la question géo-politique majeure de notre temps etl’Afghanistan est en son cœur. Le sort del’Eurasie en dépend. » C’est-à-dire que la domination mon -

diale de l’impérialisme américain, qui im -plique sa prééminence en Asie et en Eu-rope, conduit à la mise en cause directe detous les équilibres existants dans le sous-continent indien.Le Pakistan est ainsi la cible d’une of -

fensive dont les conséquences ultimes nepeuvent être que sa destruction. Dans lemême temps, et après avoir brutalementdénié le droit au peuple du Bangladesh des’exprimer dans des élections, l’impéria -lisme américain est ouvertement intervenupour soutenir la mise en place d’un gou-vernement intérimaire, arbitraire et uni-quement appuyé sur l’autorité militairequi a placé le pays dans une situationd’extrême fragilité.L’Inde, aujourd’hui encore plus désé-

quilibrée que dans les dernières annéespar les conséquences de la crise, est aucœur de ces plans destructeurs de l’impé -ria lisme. Les masses ouvrières et paysannes de

l’Inde, qui s’appuient sur une riche tradi-tion de lutte contre le colonialisme, puis

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pour la défense de leurs droits dans lecadre de la République de l’Inde, ont uneimmense contribution à apporter auxluttes d’ensemble des travailleurs de toutle sous-continent. Réciproquement, ellesne peuvent mener la lutte pour la défensemême de leur existence en la séparant decelle des peuples avoisinants. C’est ce quereconnaissent, en quelque sorte “en néga-tif”, les porte-parole de l’impérialisme quifont du “rétablissement de l’ordre” auBangladesh, au Pakistan et au Sri Lankaune condition du maintien de “leur ordre”en Inde même.C’est ainsi que les problèmes nés de la

partition, organisée contre les droits despeuples et pour assurer le maintien sousde nouvelles formes de la domination im -périaliste, ressurgissent aujourd’hui dansle contexte de l’offensive d’ensem ble del’impérialisme contre les droits des peu -ples, l’unité et la souveraineté des nations.L’ensemble de ces développements

soulignent à quel point la déclarationcontresignée par 80 militants ou vriers etresponsables syndicaux de toute l’Indelors de la conférence de Mumbai, à la -quelle participaient également des délé-gués du Pakistan et du Bangladesh, estaujourd’hui directement reliée aux exi-gences de la lutte de la classe ouvrièredans chaque pays.La résolution finale de la conférence de

Mumbai déclarait :« Dans tous les pays, la guerre, l’oc -cupation, la présence militaire sont misesà profit pour aggraver les conditions dela classe ouvrière, attaquer ses droits, in -tensifier l’exploitation.Les travailleurs du Bangladesh, del’Inde, du Pakistan ont les mêmes inté-rêts. Ils combattent les mêmes ennemis etles mêmes maux. L’extension des zoneséconomiques spéciales est mise à profitpour détruire les droits ouvriers et atta-quer la souveraineté nationale des pays,c’est également un moyen d’arracherleurs terres aux paysans (…). La lutte contre la guerre n’est pas sé -pa rable de la lutte contre l’exploita tion.C’est un combat international. Afin demener ce combat, la classe ouvrière aplus que jamais besoin de son indépen-dance. Le mouvement ouvrier ne doit enaucune façon accepter de devenir unecom posante de ce que l’on appelle “lagouvernance mondiale”.

Cette gouvernance mondiale n’est riend’autre qu’un système dans lequel lesorganisations ouvrières ne seraient plusque des courroies de transmission de lavolonté et des exigences de la classe ca pi -taliste. Dans le respect des traditionsnationales de chaque pays, nous devonscombattre contre cette intégration de nosorganisations dans le cadre de la “gou-vernance mondiale” et nous devons déve-lopper une campagne permanente sur lesobjectifs de ce système et pour expliqueret dévoiler au grand jour les manœuvresemployées pour les dissi muler. »

COMMENT LA CRISEFRAPPE AUJOURD’HUI L’INDED’une manière immédiate, l’Inde fait

face à une échéance électorale. En avril etmai 2009 auront lieu des élections géné-rales qui renouvelleront l’Assemblée na -tionale. Le nouveau gouvernement dépen-dra de la majorité qu’il devra trouver ausein de cette Assemblée.Il est clair que, comme lors des précé-

dentes élections, aucun des deux grandspartis de la bourgeoisie indienne, le BJP (leparti hindouiste) et le Parti du Congrès,n’obtiendront à eux seuls une majorité. Ilsseront l’un et l’autre contraints de se placerà la tête d’une coalition, elle-même résul-tant d’une combinaison complexe de coali-tions à l’échelle des Etats ; les partis quel’on peut qualifier de régionalistes, quin’existent qu’au niveau d’un Etat, prennentde plus en plus d’importance.Cette fragmentation extrême, cette bal-

kanisation de la vie politique, le fait que leParti du Congrès, le parti de la bourgeoi-sie indienne qui, historiquement, a été leparti du combat pour l’indépendance, nepuisse plus tenir le rôle nationalementcentral et unificateur qui fut le sien sont lessymptômes d’une réalité plus profonde :le degré atteint par les contradictions quitendent à mettre en cause l’unité de l’Indeelle-même. Cette réalité ne peut qu’êtreaggravée par les conséquences de la crisemondiale.Revenons brièvement sur la manière

dont cette crise s’exprime.Le Financial Times (24 octobre 2008)

soulignait que

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“les investisseurs institutionnels étran-gers ont retiré pendant l’année des fondsde l’Inde : 11 milliards de dollars ont étéretirés des marchés financiers indiens,qui ont perdu 50 % de leur valeur dansla même période”.Le même journal, quelques mois plus

tard, le 13 février 2009, indiquait que“la crise financière mondiale a asséchéles liquidités dans les banques indiennes,ralenti les exportations et ôté son éclatmême au secteur des délocalisationsdans la haute technologie. Plus de500 000 emplois ont été perdus dans lessecteurs clés de l’exportation dans ledernier trimestre de l’année passée. Lesecteur délocalisé de la haute technolo-gie se tarit, ses clients étant à l’agonie oudéjà morts.”

N’oublions pas que les activités dépen-dant de l’impérialisme ne se limitent pas àces “secteurs de pointe” : les activitésliées à l’exportation sont l’une des plusgrandes sources d’emplois en Inde. Ellesemploient 150 millions de personnes danstout le pays, c’est-à-dire le plus grandnombre après l’agriculture.On comprend les conséquences catas-

trophiques que ces tout premiers résultatsde la crise ne peuvent qu’entraîner dans unpays où déjà plus de 40 % de la populationsurvivent, d’après les chiffres officiels,sous le seuil de pauvreté. 65 % de la popu-lation active sont encore engagés dansl’agriculture.Chaque année, 14 millions d’Indiens se

présentent sur le marché du travail. Larevue financière britannique TheEconomist écrivait en décembre 2008 :

“Si l’Inde ne peut trouver des emploispour ses nouveaux arrivants, la pauvreténe peut être réduite et l’Inde fera face àune sérieuse instabilité.”

QUELLE OPPOSITION ?Ce qui est frappant, c’est que dans cette

situation grave et à la veille d’élections gé -nérales, les partis politiques qui se ré cla -ment de la classe ouvrière, en particulier lesdeux PC, restent d’une extrême discrétionet semblent se préparer à n’être qu’uneforce d’appoint, se refusant à poser claire-ment les questions majeures que le dévelop-pement de la situation met au premier plan.

C’est en ce sens que N. Vasudevanpeut écrire dans son article de La Vérité :“Il n’y a pas d’opposition.” C.-K. Sanyal,pour sa part, constate que les dirigeants duBJP, du Parti du Congrès et du Parti com-muniste (marxiste) de l’Inde ont en com-mun de prôner le “développement ducapitalisme”. Ce qui est incontestable.Mais les dirigeants du Parti du Congrès etdu BJP se sont toujours réclamés de ladéfense du système fondé sur la propriétéprivée des moyens de production. Despartis comme le Parti communiste (mar -xiste) de l’Inde et le Parti communiste del’Inde ont des origines de classe diffé-rentes : ils se sont constitués en relationavec la lutte de la classe ouvrière indiennepour son émancipation nationale et so -ciale. De ce fait, des sections de la classeouvrière se tournent nécessairement versces partis pour trouver une solution sur leplan politique.Tous les développements qui s’accumu -

lent aujourd’hui en Inde et qui conduisentà des explosions sans précédent posent laquestion de la politique suivie par ces par-tis. Ou une politique de soutien au systèmefondé sur la propriété privée des moyensde production, ou une politique indépen-dante qui ouvre la voie à la mobilisationdes masses ouvrières et paysannes, pourleur défense.Dans cette situation, ce n’est pas seule-

ment au sein des partis politiques, maisdans les différentes composantes du mou-vement syndical qu’est portée une appré-ciation des développements en cours, quesont avancées des propositions et mis enavant des mots d’ordre.Ainsi, en décembre 2008, la All India

Trade Union Congress (AITUC) a adoptédans un congrès une série de résolutions,dont l’une porte sur l’augmentation duprix du riz et revient sur la nécessité demettre en place un système public de dis-tribution du riz, institution qui avait étédémantelée alors que le gouvernement duBJP était au pouvoir, politique qui avaitété poursuivie sous le gouvernement decoalition conduit par le Congrès et sou -tenu par les deux PC.Une autre résolution s’oppose précisé-

ment à l’une des récentes décisions dugouvernement de coalition en matièreéconomique : celle de faire passer de 26 à

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49 % la part que des investissementsétran gers peuvent occuper dans le secteurdes assurances.Pour sa part, la Confédération of Indian

Trade Unions (CITU), à l’occasion d’unrassemblement organisé le 20 janvier, amis notamment en avant les mots d’ordresuivants :— halte aux licenciements et réduc-

tions de salaires effectuées sous le pré -texte de la crise ;— hausse du salaire minimum des tra-

vailleurs urbains comme des travailleursagricoles et stricte application des lois dutravail ;— une législation d’ensemble sur les

conditions de travail et la protection so -ciale des travailleurs du secteur inorganiséet des travailleurs agricoles ;— protection de l’industrie nationale

par l’augmentation des droits : l’Inde de -vrait s’opposer à toute nouvelle baisse desdroits.Ainsi, les deux confédérations syndi-

cales, liées aux deux PC, introduisentdans leur plate-forme revendicative unesérie de mots d’ordre autour desquelsl’unité peut se réaliser. Mais une première question se pose : la

défense effective de ces mots d’ordre peut-elle s’accommoder d’une politique dite“d’ouverture”, celle qui a été pratiquéepar les gouvernements successifs depuisprès de 20 ans, y compris par le gouverne-ment actuel ?L’application stricte des lois du travail

sur tout le territoire national est-elle com-patible avec l’existence — et encore plusavec la promotion, la généralisation — de“zones économiques spéciales”, conçuespour que rien ne limite les profits desmultinationales ?Toutes les mesures qui correspondent

aux intérêts de la classe ouvrière, des tra-vailleurs des villes et des campagnes, lerefus des licenciements, l’augmentationdes salaires, les subventions aux agio-teurs, l’annulation des dettes, sont contra-dictoires avec tout ce qui va dans le sensdu “bon fonctionnement” du systèmecapitaliste : elles s’opposent en particulierà une politique commandée par la volonté“d’attirer les capitaux étrangers”. N’est-cepas cette politique qui a été suivie dans les

Etats de l’Inde où le Parti communiste(marxiste) gouverne, comme au Bengale-Occidental, dont le gouvernement a été àl’avant-garde de la mise en place de“zones économiques spéciales” ?Pour paraphraser Prabbat Patnaik, les

licenciements, les paysans chassés deleurs terres, les salaires les plus bas pos-sibles, le démantèlement de toute législa-tion entravant la volonté de profit ne sontpas des “accidents” ou “des excès du sys-tème”, ils sont le fonctionnement mêmedu système.Que dit pour sa part le NTUI (3) ? Il constate que “quinze ans de change-ments induits par la mondialisation impé-rialiste” ont abouti au“chômage et à une faible croissance del’emploi, aux fermetures d’entreprises,aux restructurations, aux licenciements(...), aux privatisations, à l’industrialisa -tion au travers de zones économiquesspéciales, où le capital étranger et natio-nal dispose d’avantages particuliers, dedérogations fiscales, et où les lois du tra-vail ne sont pas respectées”.

Ce même document, adopté en dé -cembre 2008, constate que le gouverne-ment conduit par le Parti du Congrès asuivi, fondamentalement, le même coursque celui du BJP, que le BJP et le Congrès“partagent un large consensus néo-libé-ral et pro-impérialiste”.Sans aucun doute, ce sont là des

constatations qui peuvent être un pointd’appui pour rompre avec la politique desoutien au gouvernement de coalition.Mais quelles conclusions le NTUI tire-t-ilde ce constat ?Il reconnaît que ce qu’il appelle la “fai-blesse de la gauche parlementaire” a été

accentuée par les “oscillations de celle-ciet sa duplicité lorsqu’elle était au pou-voir”, mais se contente d’en tirer commeconclusion qu’il faut espérer que, dans lesconditions qui résulteront des élections,un “nouveau programme commun” émerge,à partir de la nécessité de faire face à lacrise.

(3) La New Trade Union Initiative est plus unecoordination d’organisations syndicales indé -pendantes (c’est-à-dire non affiliées à une desconfédérations existantes) qu’une centrale syn dicale.Des courants politiques divers s’y expriment.

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Ainsi, après avoir critiqué à juste titrela politique d’appui au gouvernement duCongrès, ce document aboutit en fait à enproposer la reprise. Dans la discussion, d’autres aspects de

ce document seront nécessairement pré-sents. Il a, par exemple, la particularité dene pas présenter, comme on pourraitl’attendre d’une organisation syndicale,un ensemble de revendications précises,mais au contraire esquisse une plate-forme de gouvernement qui se situe dansle cadre du système capitaliste et à laquelleles syndicats devraient être associés.Le point de départ de toute réflexion

sérieuse sur les mesures à prendre face àla crise, c’est comment protéger la classeouvrière des conséquences de cette crise :c’est-à-dire la mise en avant de motsd’ordre correspondant aux besoins vitauxde la classe ouvrière. Si la mise en œuvre de mesures corres-

pondant aux besoins vitaux de la classeouvrière se heurte au fonctionnement dusystème capitaliste — ce qui exprimel’antagonisme entre les classes —, c’est lesystème d’exploitation fondé sur la pro-priété privée des moyens de productionqu’il faut mettre en cause. Ce n’est quedans ce cadre que le vœu formulé par leNTUI dans cette résolution peut prendretout son sens :

“Face à la crise économique, le NTUIappelle à l’unité du mouvement syndicalpour qu’il forge un programme d’actioncommun et lutte de façon unifiée.”

ORGANISER LA DISCUSSIONAUTOUR DES QUESTIONS VITALESTous les travailleurs de l’Inde, à quel -

que organisation syndicale qu’ils appar-tiennent, ressentent certainement un pro-fond besoin d’unité. Mais la base de cetteunité ne peut être donnée que par lesrevendications procédant des intérêts de laclasse ouvrière, et donc exige l’indépen -dance de ses organisations à l’égard dusystème capitaliste, de l’impérialisme etde l’Etat.Les travailleurs de l’Inde ont besoin de

l’unité de leurs organisations autour deleurs revendications. Pour œuvrer à cette

unité, il est aussi nécessaire que se consti-tue une force politique à même de l’ex -primer au plan politique. Ce n’est qu’ainsi que “l’on peut souderde plus en plus fermement et de plus enplus largement les ouvriers et les paysansen une force unie”, comme l’écrit un mili-

tant indien. Ce n’est qu’ainsi que l’onpeut commencer à répondre au problèmesoulevé par le camarade C.-K. Sanyaldans son article :

“Il n’existe pas en Inde de parti ou -vrier qui puisse mettre en avant uneautre orientation, celle du marxisme.”C’est à partir de là qu’on peut saisir ce

qu’indique le camarade Vasudevan quandil écrit “qu’il n’y a pas de mouvementorganisé s’opposant aux suppressionsd’emplois et aux réductions de salaires”.Cette affirmation a peut-être paru exagé-rée à certains lecteurs de La Vérité, quiconstatent que la classe ouvrière indiennea multiplié des actions organisées àl’échelle nationale à l’appel de ses organi-sations syndicales, que des combats déter-minés ont eu lieu à l’échelle des diversEtats ou de tel ou tel secteur : mines, sec-teur bancaire, entreprises manufacturières,etc. Pourtant, et c’est précisément le fond

de la question, ces mouvements n’ont pastrouvé de débouché politique.La IVe Internationale, dans le cours

même de la préparation de son congrèsmondial, à travers l’association de mili-tants à la discussion préparatoire à cecongrès, entend aider à poser ce pro -blème : sur quelles bases regrouper uneforce politique, assurer les conditions d’undébat organisé, construire une tribune oùpuissent s’exprimer et agir ensemble ceuxqui se situent sur le terrain de l’intérêt del’indépendance de la classe ouvrière ?Cette discussion se recoupe avec ce qui

est au centre même de la préparation ducongrès mondial :

“La question centrale est donc le rap-port entre la classe ouvrière et ses orga-nisations. Celles-ci, menacées par l’of -fensive des appareils au service de l’im-périalisme, restent cependant l’outil quela classe cherche à saisir comme instru-ment de sa lutte de classe.”Cela est aujourd’hui posé en Inde dans

des conditions qui procèdent de la crise

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qui secoue le monde et dans les conditionsparticulières créées par le fait que l’on setrouve à la veille d’élections.Comme l’écrit le camarade Vasudevan,“face à la crise économique, les partis aupouvoir et ceux de l’opposition restentmuets”. C’est pourquoi, comme nous

l’avons noté plus haut, Vasudevan conclut :“Il n’y a pas, en réalité, d’oppo si tion.”Mais il y a par centaines de milliers destravailleurs des villes et des campagnes,des ouvriers menacés de perdre leuremploi ou déjà chassés hors de la produc-tion. Ils combattent, ils résistent, commeen ont témoigné les soulèvements paysansau Bengale-Occidental comme en Orissa,comme au Maharastra, comme en onttémoigné et en témoignent quotidienne-ment les grèves qui ont soulevé des sec-teurs essentiels du prolétariat indien. Les mouvements qui ont rassemblé les

travailleurs à l’échelle de toute l’Inde leprouvent. Dans ce combat, ils cherchent às’appuyer sur les organisations que les tra-vailleurs ont construites. Certes, dans lesproclamations des dirigeants des grandescentrales appelant à faire grève, à mani-fester contre la politique anti-ouvrièred’un gouvernement que les partis qui lescontrôlent soutiennent, il y a cet élémentde “duplicité”, il y a aussi que ces organi-sations ne peuvent — au risque d’exploser—s’opposer frontalement à cette volontédes masses. Là est le point de départ.En 2005, la loi sur les SEZ a été votée

à l’unanimité. N’est-il pas temps de diremaintenant, exprimant l’exigence desmasses travailleuses : cette loi doit êtreabrogée ? Plus d’expropriations pour leprofit des multinationales ! Pas de privi-lèges contraires à la démocratie, à la sou-veraineté nationale et aux libertés syndi-cales pour assurer le profit du capitalétranger ou national ! Pas un pouce de ter-ritoire où l’on puisse invoquer des lois etdes règlements datant de la dominationcoloniale pour justifier l’expropriation despaysans ! Pas un pouce de territoire où laloi du travail ne s’applique pas stricte -ment ! Abrogation de la loi de 2005 surles zones économiques spéciales !N’est-il pas temps qu’une telle exi -

gence, qui recoupe les revendications lesplus essentielles des travailleurs des villeset des paysans pauvres, soit adressée, si

l’on veut faire face à la crise, à tous lespartis qui briguent les suffrages des ou -vriers et des paysans au nom du “socia -lisme” ? Engagez-vous à abroger la loi surles zones économiques spéciales !N’est-il pas temps que ceux qui ressen-

tent cette nécessité se regroupent, fassentconnaître leurs positions, introduisent cedébat dans le mouvement ouvrier indien ? Cela vaut pour d’autres questions qui

sont centrales pour la lutte des massesouvrières et paysannes de l’Inde.Chacun reconnaît — même si ce dé -

man tèlement a été freiné précisément parla résistance de la classe ouvrière — queles lois qui réglementent les licenciementsont été démantelées pendant la périodedite de la “nouvelle économie”, tout au -tant sous la coalition conduite par le Partidu Congrès que par celle dirigée par leBJP.Le rétablissement immédiat de ces lois

n’est-il pas une revendication à mêmed’unir les travailleurs et leurs organisa -tions ? Ne constitue-t-il pas l’un desmoyens de s’opposer à la déferlante deslicenciements que l’on justifiera par la“crise” ?D’autres questions sont posées par le

développement même de la situation : aumoment où le chômage s’aggrave quoti-diennement, où la misère s’accroît dansles régions rurales, est-il tolérable, commele rappelle le camarade Sanyal dans sonarticle, que les deux tiers du revenu des im-pôts soient consacrés au service de la dette,dette qui est le produit de la spéculationinternationale et du pillage impérialiste ?Comme le rappelait la résolution finale

de la conférence de Mumbai,“aujourd’hui, l’impérialisme suscite par-tout les conflits sur des bases prétendu-ment ethniques ou religieuses. Mais lestravailleurs sont unis dans la lutte declasse. Ceux qui, à l’époque de l’indé -pen dance, ont organisé la partition pouraffaiblir le peuple sont ceux-là mêmesqui aujourd’hui veulent aggraver lechaos et la division. A toutes leurs tenta-tives, nous devons opposer l’alliance fra-ternelle des peuples et des organisationsde l’Inde, du Bangladesh, du Pakistan,du Népal et du Sri Lanka, pour la paix etl’unité du peuple.”

La discussion préparatoire au SeptièmeCongrès mondial de la IVe Internationale

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LA VÉRITÉ84

ne se sépare pas d’une action organiséepour que ces questions soient débattuesdans l’ensemble du mouvement ouvrier

indien, pour aider à la réalisation del’unité.

François Forgue