Linguistique Analyse Du Discours Et Interdisciplinarite

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    REVUE ELECTRONIQUE INTERNATIONALE DE SCIENCES DU LANGAGE

    SUDLANGUES

    N 8 - 2007

    http://www.sudlangues.sn/ ISSN:08517215 BP: 5005 Dakar-Fann (Sngal)

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    Tel : 00221548 87 99

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    LINGUISTIQUE, ANALYSE DU DISCOURS ET

    INTERDISCIPLINARITE

    Momar CISSE et Mamadou DIAKITE

    Universit Cheikh Anta Diop ( Sngal)[email protected]

    Rsum

    La linguistique a permis des progrs importants dans l tude du langage. Mais l approcheimmanente a conduit la recherche dans une impasse. La dcouverte de la subjectivit dans lelangage a puissamment contribu l abandon de la perspective immanente au profit d une

    conception qui considre le langage comme un systme dtermin par ses conditions de production.Cette hypothse, qui implique une approche interdisciplinaire, est devenue le moteur de la mutationdes sciences du langage. On lui doit, entre autres, la naissance de l analyse du discours ainsi que lesrecherches pour une linguistique du discours.

    Mots clefs : Analyse du discours, condition de production, discours, interdisciplinarit, linguistique,subjectivit.

    Summary

    the linguistics permitted important progress in the study of the language. But the immanentapproach led the research in an impasse. The discovery of the subjectivity in the language

    contributed powerfully to the abandonment of the immanent perspective for the benefit of aconception which considers the language as a system determined by its conditions of production.This hypothesis, which implies an interdisciplinary approach, became the engine of the mutation ofthe sciences language. One has to it, among others, the birth of the analysis of speech as well as theresearches for linguistics of speech.

    Keywords: Analysis of speech, condition of production, speech, interdisciplinarity, linguistics,subjectivity.

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    INTRODUCTION

    La linguistique a longtemps t considre comme la science du langage. Aujourd hui, on ne parlepresque plus que de sciences du langage, le concept dichotomique linguistique/extralinguistiqueayant perdu beaucoup de sa nettet. Le pluriel de sciences est sans doute la manifestation de la

    recomposition du champ de l tude du langage, dont la linguistique n est dsormais plus qu undomaine parmi d autres. Comment cette volution s est-elle effectue et quels rles y a jou larflexion sur le discours ? C est cette question que tente de rpondre le prsent article. Il s agit demontrer que cette mutation tait en latence dans la linguistique et que l exclusion du discours taitdue moins des questions de principe qu l insuffisance du niveau d laboration des outilsd investigation. Cet objectif procde de l ide que l approfondissement des connaissances tend,d une manire gnrale, la mise jour de relations entre des champs disciplinaires qui ontlongtemps t considrs comme spars par des cloisons tanches. Aprs une prsentationsuccincte dela linguistique, nous aborderons ses relations avec la problmatique du discours.

    I - LA LINGUISTIQUE STRUCTURALE

    Saussure est souvent prsent comme le pre de la linguistique structurale, tant son Cours delinguistique gnrale (1972, dsormais CLG) aura marqu l volution des tudes de la langue et dulangage.

    1.1 De l importance du Cours de linguistique gnrale

    Pour mesurer l importance du CLG, la porte de sa dmarche et l originalit des ides qui y sontdveloppes, il est ncessaire, croyons-nous, de comprendre le contexte qui l a vu natre. A cepropos, il est important de souligner que les travaux linguistiques de cette poque avaient tengags en priorit dans le domaine de la grammaire. Deux objectifs principaux taient viss :

    expliquer les uvres littraires prestigieuses de l Antiquit d une part, construire des catgorieslinguistiques relies des structures cognitives, d autre part. On peut ds lors comprendre que larflexion linguistique, de l Antiquit au XVIIIe sicle, ait pu avoir une vocation philologique etspculative.

    L Antiquit est surtout marque par ce souci constant de rendre plus comprhensible les uvreslittraires prestigieuses. On le constate aisment dans la culture occidentale, notamment chez lesGrecs qui ont tent d tudier leur langue hors de tout cadre mythique ou religieux, et galementchez les grammairiens indiens qui ont analys le sanskrit pour assurer la stabilit des textes sacrs

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    du Vda. Cette vocation tait d ailleurs insparable d une autre, qui est pdagogique.En effet, il a toujours t question, pendant cette poque, de renseigner sur les rgles qui rgissentl usage de la langue et de mettre en garde contre les abus et maladresses. Comme on peut leconstater, il s agissait d une approche qui voyait dans le langage un moyen d action sur autrui. Bienque cette vocation paraisse tre la plus connue, il nous semble qu une vocation spculative, plurielledans l expression, s est dveloppe dans son ombre. Aussi surprenante que cela puisse paratre, lavocation spculative est omniprsente dans la rflexion linguistique d alors qui a contribu de

    manire dcisive la constitution de la thorie des parties du discours (article, nom, pronom, verbe,participe, adverbe, prposition, conjonction). En effet, ladite thorie est manifestement insparabledes recherches philologiques qui, de la persuasion politique des sophistes la rhtorique d Aristote,ont tent d articuler langage et vrit. Cette vocation spculative marquera galement la grammairede Port Royal (XVIIe sicle) et la linguistique diachronique du XIXe sicle.

    La premire, sous l influence de la logique philosophique dfendait l existence d un isomorphismeentre structures de la langue et structures des propositions assimiles des lois de la pense parlesquelles l esprit nonce des jugements sur le monde. Pour tre prcis, les grammairiens de PortRoyal conoivent le langage comme le reflet d une pense prexistante. Ainsi, pour eux, tous leshommes pensent de la mme manire. Les diffrences que constituent les langues prouvent ensomme l existence de deux systmes : un systme de base inn, celui de la pense qui tend s actualiser dans le langage, et un systme linguistique particulier un groupe humain. Les effets decette conception logico-grammaticale du langage se font encore sentir dans nos classes del lmentaire et du collge, notamment dans la fameuse analyse logique des phrases. Quant lalinguistique diachronique, elle voit le jour principalement avec les recherches effectues pourreconstituer l indo-europen grce au comparatisme. Elle postule l existence d une langue de base,l indo-europen, d o driveraient les langues de l Inde, de la Perse et de la plus grande partie del Europe. On voit ainsi qu elles sont fortement marques par la vocation spculative des premiresrecherches sur le langage. Les recherches des no-grammairiens qui mettent en vidence les loisphontiques de l volution des langues ont galement subi l influence de cette vocation spculative,malgr la rigueur incontestable de leur dmarche.

    Face ces diffrents courants de la linguistique gnrale, le CLG s impose par le caractre novateurde sa dmarche. Comme le reconnaissent Fuchs et Le Goffic, Saussure a inaugur un importantrenouvellement de la recherche linguistique en se livrant une rflexion thorique sur la nature del objet que constitue le langage et la mthode par laquelle il est possible de l tudier. Au lieu de secontenter, comme ses prdcesseurs, de collecter des faits, il labore un point de vue sur l objet, uncadre gnral o thoriser ces faits (1985 : 10). Cette dmarche lui a permis d tablir une sorte decoupure entre un tat prlinguistique de la recherche sur le langage, et un tat linguistique, dont lamthode structurale est la matrialisation premire. Saussure a ainsi mis au point un principed unification dans la description des faits de langue.

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    Il reprochait principalement la linguistique historique son atomisme, cette absence deprincipe d unification, d des tudes fragmentaires donc ignorant le systme de la langue. Dans laconception saussurienne, il n y a que des diffrences dans la langue. Ce qui veut dire que la langueest un systme dans lequel seule la forme des phnomnes peut tre un objet d tude. Cetteapproche l amne, au-del d une critique de la linguistique diachronique, renouveler les tudeslinguistiques partir d une perspective synchronique : la langue doit tre tudie un momentdonn, en somme pendant une priode trs courte o aucune volution diachronique importante ne

    pourrait tre enregistre. C est ainsi que certains voient en lui le fondateur du structuralisme enlinguistique. Ce qui est sr, c est que sa thorie du signe linguistique, ses dfinitions, ses principeset mthodes d approche de l objet de la linguistique constituent, de toute vidence, la propdeutiquedu structuralisme.

    1.2 Cadre thorique du structuralisme linguistique

    Le structuralisme linguistique est constitu de plusieurs courants dont le principe unificateur est,dans une large mesure, le cadre de rflexion labor par Saussure.

    1.2.1 Le signe linguistique

    La notion de signe linguistique est diversement apprcie dans la linguistique structuraled inspiration saussurienne. Chez Saussure, le signe linguistique est une entit psychique qui unitnon une chose et un nom, mais un concept (ou signifi) et une image acoustique (ou signifiant).C est un rapport arbitraire entre un signifiant et un signifi. Comme on le constate, il fait abstractiondu fait que le signe renvoie ncessairement une chose, une personne, une ide, bref unrfrent. Ce qui l intresse, c est la langue et son ordre propre, car les signes ne peuvent tre dfiniset dlimits que par leurs relations mutuelles l intrieur du systme. Ce systme repose sur lanotion de valeur considre comme la troisime dimension du signe : le mot possde non seulementune signification, mais aussi et surtout une valeur. La conception purement diffrentielle de lalangue dcoule de ce concept.

    1.2.2 La dichotomie langue / langage

    Avant Saussure, les mots langage et langue taient souvent employs l un pour l autre. Il y a mmedes linguistes contemporains de Saussure qui n oprent pas la distinction. En dfinissant le langagecomme la facult d mettre des signes vocaux articuls qui permettent la communication, Saussurel isole de la langue conue comme le produit social de cette facult, c est--dire l ensemble desconventions adoptes par les membres d une communaut. Cette dmarcation a le mrite despcifier le champ scientifique de la linguistique par rapport d une part aux rflexionsgrammaticales et philologiques d alors, et d autre part aux disciplines connexes (physiologie,psychologie, sociologie ). Dans la conception saussurienne, le langage, facult de communication,se rvle travers les langues dont l acquisition est strictement culturelle. Il y a ainsi un langage et

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    des langues, produits socioculturels de l activit langagire. Une langue est assimilable uncode, un systme virtuel de signes-types (morphmes, mots) dont chacun associe un son particulier un sens particulier. L pithte virtuel est d une importance capitale dans la dmarchethorique de Saussure. Pour lui, la langue, en tant qu objet de la linguistique, est une constructionde l tat des connaissances un moment dtermin. Elle n est pas un objet rel. Son tude seconfond avec la description formelle des relations d opposition et de distribution au niveaurespectivement de l axe paradigmatique et de l axe syntagmatique. Il faut cependant relever que la

    manire dont le saussurianisme conoit la langue est incompatible avec la conception de lagrammaire gnrative. Chomsky et les gnrativistes, confronts la difficult de faire abstractiondu sujet-nonciateur, parleront de locuteur idal.

    1.2.3 La dichotomielangue/parole

    Cette opposition a permis Saussure de circonscrire le vritable objet de la linguistique, la langue.Chez lui, la langue est la fois un produit social de la facult du langage et un ensemble deconventions ncessaires, adoptes par le corps social pour permettre l exercice de cette facult chezles individus (p. 25). Pour tout locuteur, cette langue, objet abstrait, incarne les pressions dugroupe dont elle est la cristallisation des expriences : le je retrouve travers les signes et lesstructures de la langue qu il utilise, des motions, des ides, des habitudes qu il partage avec le

    groupe qui surveille sa libert de parole. La construction de cet objet abstrait qu est la langue a ainsipermis Saussure et au structuralisme linguistique de rendre compte du fait social de lacommunication interpersonnelle.

    La parole est l utilisation, la mise en uvre par un sujet parlant du rpertoire de signes et de rglesque constitue la langue : c est elle qui s offre l observation du linguiste. Ce dernier a le choix, parrapport la masse des faits qui s offrent son observation, entre les faits de parole, qui concernel usage individuel de la langue, et les faits de langue, qui intressent le systme commun tous leslocuteurs. Dans la conception saussurienne, la parole, en tant que facult du langage, est le sige dela crativit, c est--dire du choix et de l organisation des signes en phrases. L oppositionlangue/parole est reformule en termes de comptence/performance par Chomsky. La comptenceest dfinie comme un systme de rgles qui, reliant les messages acoustiques leur interprtation

    smantique, permet un sujet parlant idal de produire et d interprter un nombre infini de phrases.La performance est la manire dont le locuteur utilise les rgles, c est--dire la mise en uvre de lacomptence.

    1.2.4 La dichotomie : synchronie/diachronie

    Pour l tude d un fait de langue, Saussure et les siens proposent deux dmarches selon que le faitest envisag comme relevant d un systme tabli et tudi dans ses rapports avec d autres faits dumme systme, ou comme faisant partie d un systme en volution et tudi dans cette perspectived volution. Ces deux dmarches correspondent respectivement l opposition dj prsente dans

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    les travaux antrieurs entre tude synchronique et tude diachronique. Cependant, en la posantcomme ncessit mthodologique et en affirmant la primaut du point de vue synchronique, lestructuralisme saussurien rompt avec la tradition historique de la linguistique du XIXe s. quipolarisait la recherche sur une lointaine et hypothtique filiation linguistique des langues. L tudediachronique n est pourtant pas exclue de la perspective saussurienne : elle est seulement convertieen une tude du passage d un systme synchronique un autre.

    Au total, la linguistique structurale a beaucoup contribu au dveloppement desconnaissances sur les langues et le langage. Il a prpar et mme nourri, par ses hsitations aumoins, un pan entier de la problmatique actuelle du discours et plus gnralement des sciences dulangage.

    II - LA PROBLEMATIQUE DU DISCOURS

    2-1 Discours et linguistique

    2-1-1 Essai de dfinition du terme discours

    Le terme discours s applique couramment toutes sortes de production langagire. Dans cetteperspective, on peut l opposer l action - sans cependant oublier que le discours, performatifnotamment, est aussi action - au fait, la preuve matrielle. Mais suivre cette voie, il y a risquede s carter trop longtemps du sujet. Aussi, nous contenterons-nous des emplois les plus courantsdu mot en sciences du langage. Maingueneau (1976 : 11 sq.) en propose six parmi les pluscourants :

    1) Discours: synonyme de la parole saussurienne, surtout en linguistique structurale.

    2) Discours: unit linguistique transphrastique indpendante du sujet.

    3) Au sens harrissien, discours dsigne des suites de phrases considres du point des rgles deleur enchanement. Il s agit donc de l intgration de discours 2 l analyse linguistique.

    4) Discours, suite de phrases rapporte ses conditions de production, se dfinit par opposition nonc, qui exclut de telles conditions. Cette acception est la plus courante en analyse dudiscours, spcialement dans l approche franaise.

    5) Dans la thorie de l nonciation (Benveniste: 1966), discours rfre la mise enfonctionnement de la langue et est donc insparable de l instance d nonciation (tout ce quirfre au je-tu, ici, maintenant du locuteur). Dans cette approche, discours s oppose rcit (histoire), qui se caractrise par l absence de marque de subjectivit.

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    6) Enfin on trouve souvent l opposition langue/discours. Benveniste (1966 : 129-130) la pose en ces termes : avec la phrase on quitte le domaine de la langue comme systmede signes, et l on entre dans un autre univers, celui de la langue comme instrument decommunication, dont l expression est le discours.

    De toute vidence, en 2), 3) et 6), discours s inscrit dans une approche immanente ; nous n y

    insisterons pas en consquence. 1) est trop rducteur, et partage avec 5) une conception individuellede la notion de discours. Le sens de 4), parce qu il implique la situation de communication de faongnrale, correspond notre comprhension de discours, ceci prs que les conditions dont il estquestion ne nous semblent pas ncessairement soumises une exigence de quantit ( suite dephrases ).

    Par suite, nous dfinirons ainsi le terme discours : tout nonc, mot ou plus, d une languenaturelle, choisi en fonction de ses conditions de production et d change. Le mot est l unitminimale du discours.

    Ainsi conu, le discours n est pas un objet empirique mais une construction de l analyste. Maisquelle que soit la conception du terme discours, il reste que Toute tentative d isoler l tude de la

    langue de celle du discours se rvle, tt ou tard, nfaste pour l une et l autre. En les rapprochant,nous ne faisons d ailleurs que renouer avec une longue tradition, celle de la philologie, qui neconcevait pas la description d une langue sans une description des uvres. (Ducrot et Todorov1972: 8).

    2-1-2 Hsitations et tentatives de l approche immanente

    Mais les difficults de cette approche ont amen la linguistique abstraire le discours de l entierdu langage, comme on l a vu supra. A ce propos, Hjelmslev (1971 : 31) oppose la linguistiquebiologique, psychologique, physiologique, sociologique d une part, d autre part la linguistiquelinguistique, ou linguistique immanente. Une position aussi tranche peut raisonnablement treinfre de la dfinition de l objet de la linguistique comme la langue envisage en elle-mme et

    pour elle-mme (Saussure, op. cit.: 317). Mais la linguistique dite immanente l est-elle vraiment ?

    Certaines hsitations autorisent cette question.

    Selon Saussure lui-mme en effet, la linguistique est une partie de la psychologie sociale et parconsquent de la psychologie gnrale (p. 33) ; quelques dizaines de pages plus loin, l auteurajoute que la nature sociale de la langue est un de ces caractres internes (112). Or le fait est quela langue tient sa nature sociale de ses utilisateurs, la communaut linguistique, par l intermdiairede ses utilisations, le discours. Mais Saussure affirme dans le mme temps (p. 38) l impossibilit de runir sous un mme point de vue la langue et la parole , aprs avoir pos une page plus ttl interdpendance de la langue et de la parole . Saussure explicite cette ide en ajoutant que

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    dans le domaine du syntagme il n y a pas de limite tranche entre le fait de langue, marquede l usage collectif, et le fait de parole, qui dpend de la libert individuelle (p. 173). Si le statutdu syntagme est aussi instable, que faut-il penser de ce qui est devenu la plus grande unit de lalinguistique, la phrase ? Celle-ci est rsolument rejete dans le domaine de la parole ( CLG, 148 et172). Benveniste (1966: 129-130) galement est formelle: avec la phrase on quitte le domaine dela langue [ ] et l on entre dans celui du discours.

    Mais Tulio de Mauro (CLG, p. 420, note 65) souligne le caractre dialectique de l oppositionentre les deux entits, avant de regretter (p. 422), l interprtation de cette dichotomie comme ladistinction entre deux ralits spares et opposes, deux choses diffrentes. Ds lors, poursuit-il, il ne restait plus qu reprocher Saussure d tre coupable [ ] de cette sparation. Si l on encroit donc Tulio de Mauro, on fait dire Saussure ce qu il n a pas dit. Le terme dichotomiquelangue/parole serait plutt conu comme un concept mthodologique dynamique, l antipode del enferment dans la langue rduite l arbitraire de ces units et de ces rgles formelles. L pithte dialectique autorise une telle interprtation, ce terme rfrant l insparabilit descontradictoires (thse et antithse) que l on peut unir dans une catgorie suprieure ou synthse.

    Le premier enseignement que l on peut tirer de ces hsitations est que le CLG n est pas l exposdogmatique d une thse. (Eluerd 1985 : 10). Les hypothses et les analyses du CLG contiennent

    les premiers lments de problmatiques actuelles dont le point focal est le discours. La distinctionlangue/parole est mthodologique et n exclut nullement la possibilit d une rflexion cohrente surl entier du langage, y compris dans une approche immanente.

    Ainsi, en Amrique, s inspirant de Bloomfield, des linguistes vont dvelopper ledistributionnalisme. Harris, dans une procdure appele analyse du discours1 , tendra ledomaine de la linguistique l au-del de la phrase ; mais l analyse reste purement formelle : envertu du principe de l immanence, les rgles de la langues sont tudies sans rfrence au sens, aulocuteur ou la situation. Il s agit tout simplement de relever l interdpendance syntagmatique desunits partir d un corpus considr comme reprsentatif de la langue. Cette approche seradveloppe dans une autre direction par Chomsky qui, se dmarquant de Saussure, va affirmer lasuprmatie de la syntaxe. La langue n est plus conue comme un systme de signes mais comme unensemble de phrases. La grammaire gnrative est un mcanisme, un ensemble de rgles abstraitespermettant la production de toutes les phrases grammaticales d une langue par le sujet parlant. Cesystme de rgles ou comptence ignore aussi bien la situation d nonciation que le sujet parlant, ce

    1 Le terme mme d analyse du discours est issu d un article de Harris (1952), qui entendait par l l extension desprocdures distributionnelles des units transphrastiques. (Charaudeau et Maingueneau 2002: 41).

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    dernier tant conu comme le locuteur- auditeur idal , donc en ralit fictif, puisqu untel locuteur n existe pas. On comprend dans ces conditions que la thorie de la comptence nepuisse pas rendre compte du discours, un processus smantique articul une situation.

    Structuralisme, distributionnalisme, et grammaire gnrative sont des linguistiques immanentesdonc incapables d apprhender le discours. Mais ils ont accumul, en plus d un demi sicle, assezd hypothses et d analyses qui ont beaucoup contribu l largissement de l horizon de l tude du

    lange.

    2-2Linguistique, analyse du discours et interdisciplinarit

    Un facteur dcisif de cette ouverture a t l abandon progressifde la perspective immanente auprofit d une conception fonde sur la dualit constitutive du langage, une ralit la fois langagireet sociale. Cette hypothse, largement partage de nos jours, est le rsultat d un long processus qui aabouti la naissance de l analyse du discours et la recherche d une troisime voie - aprs Saussureet Chomsky - en linguistique.

    Dans les annes 1920, un groupe pluridisciplinaire de linguistes, de critiques littraires et defolkloristes, les formalistes russes, entreprend d appliquer le modle de l analyse linguistique auconte (voir Propp 19702) et au pome avec l ide que le sens d un texte est un systme original decorrlations indpendant du contexte. L analyse structurale permet ainsi de dpasser la limite de laphrase mais sans atteindre le discours qui, par dfinition, est un lieu d inscription des enjeuxsociaux et subjectifs.

    En 1958, Benveniste publie De la subjectivit dans le langage (Journal de psychologie), articlerepris dans Benveniste (1966) auquel nous nous rfrons dans le cadre de ce travail. Aprs avoirrejet la notion de langue-instrument et insist sur l identit de l homme et du langage, l auteur crit(p. 259) : C est dans et par le langage que l homme se constitue comme sujet. Il y parvient aumoyen de formes linguistiques appropries, dont notamment le pronom je . Par la suite,Benveniste (1974 : 79-88) largira l inventaire de ces formes sous le nom gnrique d appareil

    formel de l nonciation comprenant, en plus des pronoms de pronoms de premire et deuximepersonnes, les dictiques, les temps verbaux, dont notamment le prsent, les modes et lesmodalisateurs, mais aussi l interrogation, l assertion, etc.

    2 La premire dition date de 1928.

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    Cette (re)dcouverte de la subjectivit dans la langue marque un tournant important : elle vaintroduire dans la linguistique ce qui, jusque l, tait rejet dans l extralinguistique. Ainsi, lescritres de dlimitation de l objet d une discipline sont relatifs au degr d laboration desinstruments analytiques : la dfinition du domaine ne peut se faire priori, indpendamment del dification des procdures descriptives Kerbrat-Orecchioni (op. cit. : 241). Ce point de vue estlargement illustr par le passage de la linguistique du mot (Saussure) la linguistique de la phrase(Chomsky) ; et plus encore par ces mots de Blecke (2004 : 5) propos de TAM (temps, aspect,

    mode). L auteur reproche la conception immanentiste de faire l tude de TAM surtout sous laforme d une analyse du systme des conjugaisons, qui en tant que sous-systme smiotique de lalangue , est indpendant du discours et de la situation ; alors qu en revanche, un examen de TAM

    dans le cadre de la smantique et de la pragmatique pose la question fondamentale du cadredescriptif adquat . Comment, en effet, l analyse immanente de la langue peut-elle expliquerl opposition de modes dans le couple de phrases suivant : Je cherche un chemin qui conduit lavrit / Je cherche un chemin qui conduise la vrit?

    Il n est donc pas surprenant que, depuis une trentaine d annes au moins, la problmatique dudiscours soit au centre de la rflexion sur le langage. C est dans ce processus qu il faut inscrire nonseulement l existence de l analyse du discours, mais galement les recherches pour une linguistiquede troisime gnration, aprs celle du mot et celle de la phrase.

    Ainsi, poursuivant les travaux de Benveniste, Kerbrat-Orecchioni publie, en 1980 (nous travaillonsavec l dition de 2002), L nonciation. De la subjectivit dans le langage, livre que l auteurconsidre comme une manire de charte (p. 11) de la linguistique du discours (dsormais LD).L auteur y largit considrablement l inventaire des marques de subjectivit ou subjectivmes,conus comme un sous-ensemble des nonciatmes (marques de traits nonciatifs). L ouvrageconnat quatre ditions en vingt ans, soit une moyenne d une dition tous les cinq ans. Ce succsd dition mrite d tre not parce qu il constitue un indicateur de l intrt grandissant pour laredfinition de l objet de la linguistique. Cette volution tait d autant plus ncessaire que laperspective immanente conduit une impasse ; aussi tait-il devenu ncessaire d abandonner l asctisme hroque au profit d une ouverture aux disciplines apparentes (Kerbrat-Orecchioni op. cit. : 2002: 11)

    L auteur pose ainsi la problmatique l interdisciplinarit comme condition de possibilit de lamutation de la linguistique. Elle convoque cette fin les rflexions comme celles de Foucault, dumarxisme et du freudisme (p.7). Le fondement thorique ainsi propos n est pas nouveau. Il s agitde l adaptation du cadre pistmologique de l analyse du discours dfini comme suit par Pcheux etFuchs (1975: 8) :

    1. Le matrialisme dialectique comme thorie des formations sociales et de leurstransformations, y compris la thorie des idologies ;

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    2. La linguistique comme thorie la fois des mcanismes syntaxiques etdes processus d nonciation ;

    3. La thorie du discours comme thorie de la dtermination historique des processussmantiques.

    Les auteurs prcisent que ces trois rgions sont d une certaines manire traverses et articules

    par la rfrence qu il conviendra d expliciter une thorie de la subjectivit (de naturepsychanalytique) .

    Si donc la LD et l AD ont un cadre pistmologique commun, il se pose la question de la frontireentre les deux disciplines. L htrognit du discours en fait un lieu interdisciplinaire parexcellence, mais une interdisciplinarit focalise (Charaudeau 1997 : 13) car autant l ostracismedisciplinaire au nom d une douteuse scientificit est devenu une position intenable, autant l absencede rfrence disciplinaire au nom de la complexit empche toute dmarche cohrente. Entre cesdeux extrmes, l AD et la LD ont choisi des voies moyennes diffrentes mais complmentaires.

    La LD a pour objet la description, aussi prcise et aussi exhaustive que possible, des mcanismessyntaxiques et des processus d nonciation non plus en langue, mais en situation (cotexte et

    contexte), ce qui implique ncessairement une prise en charge pluridisciplinaire parce que lediscours en tant que processus smantique inscrit aussi bien le social que le pragmatique, lepsychologique, etc.

    L approche de l AD dont nous parlons a t consacre comme champ disciplinaire en 1969 parLangages n13. Dans cette perspective, l AD n est pas nous l avons dj dit - un domaineempirique, celui des units transphrastiques, mais un mode spcifique d apprhension du langageconsidr comme l activit de sujets en relation d interaction dans des situations socio-historiquesdtermines. Il s ensuit que l AD a pour objet non pas le mode d organisation textuelle ou lasituation de communication, mais la relation entre ces deux objets, c est--dire l articulation entreorganisation langagire et conditions sociales d utilisation du langage. Cette conception de l AD serclame d un lieu disciplinaire, la linguistique, et d une interdisciplinarit avec la thorie des

    formations sociales et des idologies, la thorie de l nonciation, la pragmatique, entre autres.

    Dans le domaine de l tude du langage, cette interdisciplinarit ne lie pas seulement l AD et la LD,mme si certains, comme Moeschler et Auchlin (2000), qui arrtent le domaine de la linguistique la smantique (p.7), le constatent pour le dplorer :

    Le malheur, pour la linguistique aujourd hui, crivent-ils, est qu elle n est plus la seule discipline quiait quelque chose dire sur le langage naturel. En 1997, la psychologie, la philosophie, l informatique,l intelligence artificielle, les neurosciences, etc. ont toutes dvelopp des hypothses et des thoriessur le langage, qu elles aient trait l apprentissage, l acquisition, la signification, la rfrence, au

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    traitement de la parole, au dialogue homme-machine, la traduction automatique ou encore la communication pathologique. La situation de monopole dont jouissait la linguistique il y a trenteans relativement ces diffrentes problmatiques a maintenant disparu. Cela explique que l on parleplus volontiers actuellement de sciences du langage que de linguistique. (p. 6).

    Si la collaboration faisait le malheur d une discipline, l cologie, la science des rapports des tresvivants entre eux et avec le monde extrieur, serait un paria. Ce domaine aussi vaste que complexes appuie en effet sur des disciplines nombreuses et varies, dont notamment la climatologie,l'hydrologie, l'ocanographie, la chimie, la gologie, la pdologie (ou science du sol) ainsi que lesmathmatiques, la physiologie, la gntique et l'thologie (tude du comportement des animaux).

    D ailleurs la collaboration entre disciplines n est pas spcifique aux sciences du langage. Il s agitd une donne constitutive de tous les domaines de connaissance. Touteclassification des sciencestant arbitraire, l ensemble des champs de connaissance tendent former un rseau inextricable decorrlations. De ces relations interdisciplinaires sont nes de nombreuses disciplines auxappellations hybrides. Citons, sans prtendre l exhaustivit, la biochimie, la biophysique, labiomathmatique ou la neurophysiologie, la biothique. Dans certains cas, le nom d une seulediscipline apparat dans la dnomination commune. Ainsi de tlchirurgie , une technique ne dela collaboration de l informatique, de la robotique et de la chirurgie.

    Allons plus loin. La tendance la synthse dpasse le cas particulier des domaines de connaissanceparce qu elle procde, semble-t-il, d une volution dans la manire de se penser et de penser lemonde, volution qui se traduit par la neutralisation d oppositions que l on croyait dfinitivementtablies : distinction entre l homme et la nature, entre l homme et l animal ; les distinctions desexes, de races. La marche vers la LD s inscrit donc dans un mouvement gnral. De ce point devue, l AD n est pas une priphrie molle opposable un noyau dur qui serait la linguistique. Ils agit de deux approches diffrentes du langage entretenant des relations d interaction, comme nouspensons l avoir montr en parlant de cadre pistmologique et de l objet de chacune des disciplines.On reproche aussi l AD son extrme diversit. Mais ce phnomne n est pas nouveau en sciencesdu langage. En 1962 dj, Benveniste (repris dans 1966: 97) notait propos du structuralisme:

    Aujourd hui le dveloppement mme des tudes linguistiques tend scinder le structuralisme eninterprtations si diverses qu un de ceux qui se rclament de cette doctrine ne craint pas d crire que sous

    l tiquette commune et trompeuse de structuralisme se retrouvent des coles d inspiration et de tendances

    fort divergentes L emploi assez gnral de certains termes comme phonme et mme structure contribue

    souvent camoufler des diffrences profondes .

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    CONCLUSION

    La conception structurale conoit la langue comme un systme qui doit tre tudi en lui-mme etpour lui-mme. Malgr ses limites dues - au moins en partie - l tat des outils d investigationd une certaine poque, cette approche a contribuau renouvellement de la rflexion sur le langage,renouvellement dont le point focal est le discours. Cet objet trs complexe est difficile apprhender de manire satisfaisante par une seule discipline. C est pourquoi la linguistique a

    pendant longtemps tent de circonscrire son objet la langue sans parvenir exclure le discours desa rflexion, crant une sorte de blocage. La dcouverte de la subjectivit dans le langage va ouvrirde nouvelles perspectives. S appuyant sur les acquis de la linguistique, l analyse du discours seconstitue en discipline en faisant appel d autres domaines. S inspirant de la mme dmarche, lalinguistique tente sa mutation en intgrant des lments qu elle excluait de son objet.L interdisciplinarit apparat ainsi comme un facteur essentiel du renouvellement de l tude dulangage.

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