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L'OBSERVATION HISTORIQUE DU TRAVAIL ADMINISTRATIF
Franois Buton
Belin | Genses
2008/3 - n 72pages 2 3
ISSN 1155-3219
Article disponible en ligne
l'adresse:--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
http://www.cairn.info/revue-geneses-2008-3-page-2.htm--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Pour citer cet article
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Buton Franois, L'observation historique du travail administratif
, Genses, 2008/3 n 72, p. 2-3.
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Introduction2
Lobservation historique du travail administratif
Quelles sont les pratiques concrtes des administrations et
quellesconditions peut-on les observer ? Lambition des articles
prsents dansce dossier de Genses est la fois problmatique et
mthodologique :dune part prsenter les rsultats de recherches
rcentes sur le travail des agentsde ltat, dautre part tendre
lexigence de rflexivit dans lenqute. De nom-breux travaux de
sociologie politique, dhistoire ou de socio-histoire ont investices
dernires annes de nouveaux chantiers (par exemple, les
fonctionnaires auguichet ), en ont rinterrog dautres (par exemple,
les lites administratives etles experts). Mais peu ont prt
attention au travail concrtement ralis dansltat. Les articles de ce
dossier essaient de remdier ce manque en proposantune observation
intensive du travail des agents de ltat, ou plutt, des
diffrentsacteurs en position statutaire de reprsenter sinon ltat,
du moins une adminis-tration (centrale, locale, dconcentre), et
dagir en son nom, voire de la faireagir. Le travail administratif ,
cest ici un ensemble de tches : produire des cir-culaires,
inspecter des tablissements, constituer et traiter des dossiers,
surveillerdes rsidents, tenir une correspondance, etc. Or, ces
tches condition dtrerigoureusement mises en rapport avec leurs
auteurs, leurs contextes de produc-tion et de rception, et
lhistoricit de leur caractre (ncessairement) institu permettent
bien sr de mieux comprendre comment volue leur objet propre (les
politiques de ), mais surtout ouvrent le questionnement sur
ladministrationcomme institution vcue, sur ltendue de son primtre,
sur lentre-soi adminis-tratif et les rseaux de sociabilit de ses
acteurs, des reprsentants aux plus mi-nentes responsabilits jusquau
personnel ddi aux tches les plus obscures .Aprs que Marc Aymes nous
propose un dtour par les administrateurs des pro-vinces ottomanes
au XIXe sicle, trois textes interrogent la prise en charge
destrangers en France au XXe sicle diffrentes chelles : Sylvain
Laurens investitune direction dadministration centrale, Franoise de
Barros se penche sur lesservices municipaux, et Choukri Hmed tudie
les services spcialiss dans lelogement social.
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Genses 72, sept. 2008 3
Observation historique? Oxymore en apparence, lexpression pourra
faire sou-rire; on espre surtout quelle donnera penser. Il est vrai
que lide dobservationintensive suggre dabord le recours la mthode
ethnographique, dans laquellelimmersion de longue dure de lenquteur
dans un milieu constitue celui-ci enterrain, voire la connaissance
approfondie dun milieu social par lusage de lentre-tien
semi-directif auprs du plus grand nombre possible des acteurs censs
le peupler.Mais les articles de ce dossier soutiennent lide que
lexpression mrite aussi dtrerapporte la recherche historique, celle
qui pour lessentiel, mais pas exclusivement,doit se vouer
linterprtation des traces du pass. De fait, laccs des
documentsdarchives permet souvent de reconstituer des pratiques que
lanalyste de processusactuels ne peut pas observer faute dy avoir
accs. Le dossier interroge donc le rap-port de la recherche sur
ladministration ses sources dans la tradition des travaux
ensciences sociales et historiques pour lesquels il importe de
rflchir aux logiques deproduction des sources et aux modalits de
leur mobilisation, depuis leur transforma-tion en corpus et leur
mise en srie jusqu la mise en question des catgories dontelles sont
porteuses. Les articles invitent ici dmultiplier lexigence de
rflexivitmthodologique en la faisant porter sur ltude des documents
et de leur paratexte(les mots griffonns par les hauts
fonctionnaires que S. Laurens examine), sur lasituation
dinteraction entre lenquteur et ses enquts (lanalyse de C. Hmed
surle rapport ambivalent des directeurs de foyer son gard), sur
lexprience vcuepropre aux enquts que leurs logiques de raisonnement
signalent (lusage que fontde la comparaison ou du particularisme
local les gouverneurs tudis par M. Aymes),ou de la constitution des
sources en corpus interroger en tant que tel (le travail de
lacorrespondance du maire de Roubaix par F. de Barros).
Mais lhommage fait ici lexigence de rflexivit des sciences
sociales sexprimeaussi, peut-tre davantage quoique fort
discrtement, dans un style dcriture queles lecteurs de Genses
connaissent bien. Sans perdre de vue leurs objets, cest--diredes
institutions administratives avec leurs acteurs, leurs rles et
leurs manires defaire (gouverner des rgions, encadrer des
populations, traiter des cas, accorder desfaveurs, etc.), les
auteurs prennent le soin de prsenter leurs sources de manire
rai-sonne, saccordent le temps de dcrire les situations observes
avant de les inter-prter, et font leffort de dmonter les logiques
de leurs propositions conceptuellesplutt que den affirmer demble la
pertinence et la gnralit. Ils nous montrentainsi, entre autres
choses, quon ne peut comprendre laction des gouverneurs de laChypre
ottomane sans saisir les logiques darchivage de lEmpire ottoman(M.
Aymes), les dcisions des fonctionnaires de la Direction de la
population et desmigrations sans examiner les doutes dont ils se
font part les uns aux autres (S. Lau-rens), le traitement des
dossiers des trangers par les agents municipaux sans cernerleur
statut pistmologique dacteurs sans importance (F. de Barros), les
pratiquesdencadrement des travailleurs immigrs par les directeurs
de foyer sans interrogeraussi les dispositions rvles dans la
situation dentretien (C. Hmed).
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