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L " wsophago-gastro-duodenoscopie d'urgence duns les hdmorr gies aigub's du tractus digestif supdrieur CREMER (M.), GULBIS (A.), PEETERS (J.-P.) D~partement de Gastro-Ent~rologie H6pital Universitaire Brugmann, Bruxelles INTRODUCTION Voiei bient6t vingt ans que Pahner, aux Etats-Unis, et Desneux en Europe, dSmon- traient l'utilit~ de l'endoseopie dans le diag- nostic de la cause des h6morragies diges- tives hautes. Le dernier Congr6s de Pragu'e traitant de l'endoscopie d'urgenee a eonsacr~ l'idde que toute h~morragie digestive impliquait une investigation endoseopique avant toute autre manoeuvre diagnostique. METHODE Depuis 1952, ehaque malade amen~ /t I'Hg- pital Brugmann pour h~mat&n~se ou mfil~na est soumis h l'endoscopie d~s que la correction vol6miqne est obtenue, et sur- tout avant toute intnbation digestive. 1.305 cas d'h6naat~m~se ou m61fina en vingt ans ont subi une ou plusieurs investiga- tions endoscopiques. L'analyse de trois p6riodes fondamentales dans la technique des endoseopes nous permet d'appr6cier le progr~s r6alis6 : A, La premiere pdriode est celle du gastro- scope semi-rigide : ]e type utilisb 6tait le gastroflex OPL, De 1952 h 1966, 736 eas, soit 50 cas par an d'hSmorragies digestives hautes ont dt~ investigu6s, le plus souvent sous nareose. B. La deuxi~me p&'iode est eelle des fibro- scopes fi rue latdrale puis axiale : les types utilis6s le plus souvent 61aient l'Olympus GTFA, GFP, EF et GFPK. La narcose n'fitait utilis~e qu'en eas d'h~mat(hnbse fou- droyante, pour 6viter l'inondation des voies respiratoires. De 1967 'h 1970, 440 eas, soit 1t0 eas par an ont &t(} exptords. C. La troisi~me p~riode est celle oil appa- rait le duod6noseope ~t vision lat~rale et quatre orientations comme appoint des fibroseopes /i vision axiale et latfirale : le type utilis6 est l'Olympns jF. De d6eembre 1970 /i aofit 1971, soit en neuf roots, 129 eas, soit 170 cas par an d'h~mat6m~se et m~16na ont ~t~ examines. RESULTATS La pr6cision du diagnostic nous est apparue d'autant plus grande que l'endoseopie 6tait plus pr6coce par rapport aux premiers sympt6mes d'h6morragie. La pr6sence de sang duns l'estomac est le fait d'une h6mor- ragie active et est observ~e dans 40 % des cas 6tudi~s. Lorsqu'on endoscope le malade apr~s plus de sept heures apr+s l'h6mat& m6se, le nombre de cas de pathologic ind& termin6e est nettement plus 61ev~. Lors- qu'on compare le pourcentage de diagnos- tics endoscopiques dans les h6morragies aigu~s off dn sang est observ~ lots de l'exa- men endoscopique et duns les examens endoscopiqnes diffSrOs oh plus aueune trace de sang n'est visible, on observe que le diagnostic endoscopiqne tombe de 86,6 % ~t 44,5 %. Ponr l'ensemble de 1.305 eas 6tudi6s en vingt arts, un diagnostic pre- cis n'est donn6 que dans 55,6 % des eas. Si l'on se limite h 6tudier le diagnostic endoseopique dans les h6morragies aigu6s, e'est-/a-dire dans les eas off nous observons dn sang duns l'estomae, nous renaarquons qu'un progr6s sensible est survenu grfiee /~ l'4volution m~me des endoseopes. Durant la pfriode d'ntilisation du gastro- flex, dans 324 eas d'hdmorragies aetives, nous trouvons qu'un malade sur trois pr& Acta Endoscopica et Radiocinematographica Tome II - N ~ 5 - Octobre-Novembre 1972 102

L'œsophago-gastro-duodenoscopie d'urgence dans les hémorragies aiguës du tractus digestif supérieur

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L " wsophago-gas tro-duodenoscopie d 'urgence

duns les hdmorr gies aigub's du t rac tus

d iges t i f supdr ieur

CREMER (M.), GULBIS (A.), P E E T E R S (J.-P.) D ~ p a r t e m e n t de Gas t ro-Ent~ro logie

H6pi ta l Univers i ta i re B r u g m a n n , Bruxel les

I N T R O D U C T I O N

Voiei b ient6t vingt ans que Pahner , aux Eta ts -Unis , et Desneux en Europe, dSmon- t r a i en t l 'utilit~ de l ' endoseopie dans le diag- nost ic de la cause des h6mor rag i e s diges- t ives hau tes .

Le de rn ie r Congr6s de Pragu 'e t r a i t an t de l ' endoscopie d 'u rgenee a eonsacr~ l'idde que toute h~morrag ie digest ive imp l iqua i t une inves t iga t ion endoseopique avant toute au t re manoeuvre d iagnost ique .

M E T H O D E

Depuis 1952, ehaque m a l a d e amen~ /t I 'Hg- pi tal B r u g m a n n pour h~mat&n~se ou mfil~na est soumis h l ' endoscopie d~s que la co r rec t ion vol6miqne est obtenue, et sur- tout avan t toute in tnba t ion digestive.

1.305 cas d 'h6naat~m~se ou m61fina en vingt ans ont subi une ou p lus ieu r s invest iga- t ions endoscopiques . L ' a n a l y s e de t rois p6r iodes fondamen t a l e s dans la technique des endoseopes nous p e r m e t d ' appr6c ie r le progr~s r6alis6 :

A, La p r emie r e pdriode est celle du gast ro- scope semi-r igide : ]e type utilisb 6tait le gas t ro f l ex OPL, De 1952 h 1966, 736 eas, soit 50 cas pa r an d ' hS m or rag i e s digestives hau tes ont dt~ invest igu6s, le plus souvent sous nareose .

B. La deuxi~me p&'iode est eelle des f ibro- scopes fi r u e latdrale puis axiale : les types utilis6s le plus souvent 61aient l ' O l y m p u s GTFA, GFP, EF et GFPK. La narcose n'fi tait utilis~e qu ' en eas d 'h~mat(hnbse fou- d royan te , pour 6viter l ' i nonda t ion des voies resp i ra to i res . De 1967 'h 1970, 440 eas, soit 1t0 eas pa r an ont &t(} exptords.

C. L a troisi~me p~riode est celle oil appa - ra i t le duod6noseope ~t vision lat~rale et q ua t r e or ien ta t ions c o m m e appoin t des f ibroseopes /i vision axiale et latfirale : le type utilis6 est l ' O l y m p n s jF. D e d6eembre 1970 /i aofit 1971, soit en neuf roots, 129 eas, soit 170 cas pa r an d 'h~mat6m~se et m~16na ont ~t~ examines .

R E S U L T A T S

La pr6cision du diagnost ic nous est a p p a r u e d ' a u t a n t p lus grande que l ' endoseopie 6tait p lus pr6coce par r a p p o r t aux p r e m i e r s s y m p t 6 m e s d 'h6mor rag ie . La pr6sence de sang duns l ' e s tomac est le fai t d 'une h6mor - ragie active et est observ~e dans 40 % des cas 6tudi~s. L o r s q u ' o n endoscope le ma lade apr~s plus de sept heu re s apr+s l ' h6mat& m6se, le n o m b r e de cas de pathologic ind& te rmin6e est n e t t e m e n t plus 61ev~. Lors- q u ' o n compare le pou rcen t age de diagnos- tics endoscopiques dans les h6mor rag ies aigu~s off dn sang est observ~ lots de l 'exa- m e n endoscopique et duns les examens endoscopiqnes diffSrOs oh plus aueune t race de sang n 'es t visible, on observe que le d iagnost ic endoscopiqne tombe de 86,6 % ~t 44,5 %. P o n r l ' ensemble de 1.305 eas 6tudi6s en vingt arts, un d iagnost ic pre- cis n ' es t donn6 que d a n s 55,6 % des eas.

Si l 'on se l imite h 6tudier le diagnost ic endoseopique dans les h6mor rag ie s aigu6s, e'est-/a-dire dans les eas off nous observons dn sang duns l ' es tomae, nous renaarquons q u ' u n progr6s sensible est su rvenu grfiee /~ l '4volut ion m~me des endoseopes .

D u r a n t la p f r iode d 'n t i l i sa t ion du gas t ro- flex, dans 324 eas d ' h d m o r r a g i e s aetives, nous t rouvons q u ' u n m a l a d e sur t rois p r &

A c t a E n d o s c o p i c a e t R a d i o c i n e m a t o g r a p h i c a T o m e I I - N ~ 5 - O c t o b r e - N o v e m b r e 1972 1 0 2

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sente un ule~re gastr ique, qu 'un malade sur einq pr6sente une gas t r i t e? ros ive h~morra- gique. Les variees cesophagiennes sont moins fr6- quen tes qu 'en F rance : nous observons un ma lade sur dix at te int de r u p t u r e de variees cesophagiennes, le synd rome de Mallory W y e t h est encore real r eeonnu et nous t rou- vons 3,4 % seulement de cancer hdmorra- gique. Le diagnost ic d 'cesophagite hdmorragique est r a re et le diagnost ic d'uleOre duodenal ne se fera qu'~ l ' in te rvent ion ou h l ' examen radiologique. N6anmoins, les rfisultats sont boas, puis- qu 'on obtient 74,4 % de diagnostics pr6eis et auc un diagnostic n 'es t donn~ seulement dans 15,4 % des eas. D u r a n t la p6rit~de d 'u t i l i sa t ion des fibro- scopes, p~riode oh l 'oesopago-gastroscope h vision axiale n ' appa ra i t r a qu 'en 1959, on observe un progrbs ma rqu5 des diagnostics dbpendan t de l 'ut i l isat ion m~me de cet appare i l ~ savoir les lacdrat ions du cardia eo r r c s ponda n t au synd rome de Mallory Wye t h , et les a, sophagi tes h~morragiques .

L.e pourcen tage de gastr i tes firosives reste le retiree, cependant que re la t ivement on observe une d iminu t ion du pourcentage d 'nlcbre gastr ique. Ces apparei ls ne permet - tent tou jours pas le diagnost ic de l 'ulc6re duodfinal, mais r e m a r q u o n s qu'i l n 'y a plus q u ' u n cas sur dix dans lequel on ne pent donne r aucune indica t ion diagnost ique au ehirurgien. L ' appa r i t i on du duod6noscope est tardive en Europe ; comme c'est le cas pour t o u s l e s appare i ls j a p o n a i s ; de dScembre 1970 aofit 1971, nous avons observ~ 83 eas d'hfi- mor rag ie aigu~ du t r ac tus digestif supfi- r ieur , examines en u rgence : le diagnostic d 'u lc6re duod+nal sera pos6 dans 15,7 % des cas avec une corrSlat ion excellente avec les observat ions chirurgieales et radiologi- ques, cependant que cer ta ins ulcbres duod~- naux ne seront pas re t rouv~s ou n '~taient pas vus ~ l ' examen radiologique.

L 'ulc~re gastr ique reste un taux de 28 %. Le no mbre d'c~'sophagites h5morrag iques est impor tan t , p robab lemen t en raison de l'~ge de la popula t ion examinee et de la f rSquence des insuff i sances r~nales, insuffi- sances cardiaques et insuf f i sanees respira- toires ehroniques observdes ehez ces malades .

Le t aux de gastr i tes drosives hf imorragiques a diminu~ re la t ivement , mais il faut confir-

m e r iei que l 'associat ion d 'un ulc~re d u o d ~ nal et d 'une gastr i te ~rosive n'fitait pas rare . Le syndrome de Mallory W y e t h est p o u r nous quelque chose de banal, puisque nous le t rouverons dans p r a t i q u em en t 1 cas su r 5.

La conclusion est s~duisante, pu i squ 'un diagnost ic pr6eis est ma in t enan t donnd dans 94 % des eas et qu il n 'y a plus qu 'un eas sur vingt off le eh i rurg ien n ' au ra pas de rense ignements diagnostics.

E N C O N C L U S I O N

L'endoscopie d 'urgence dans les h~morra- gies digestives a pe rmis de reconnai t re les l~sions qui ne sout pas chirurgicales, eomme le syndrome de Mallory Wyeth , la gastr i te ~rosive h6morragique , les cesopha- gites h~morragiques .

En ee qui coneerne les ule~,res gastro- duod4naux, si la loeal isat ion d'ulc~re est tr&s impor tan te /t no t re avis comme indica- t ion ~t donner avant l ' in tervent ion, on a le sen t iment que 1 endoscopic pe rmet t l a , dan.. l 'avenir , de reeonna i t re les ule~res imph-

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du t r a i t emen t m~dieal.

La prdeision du diagnost ic endoseopique dans les h~morragies digestives hautes, ddj~t exeellente avee les f ibroseopes ~ ru e axiale, est passde ~ 94 %. dans not re s~rie depuis l 'emploi du duod6noseope h ru e lat6rale. Cette dvolution a 6td favorisde par u n hombre aeeru d 'endoseopies prbeoees. E n eons6quenee, nous prdeonisons de prat i - que r l 'endoseopie dans les v ingt -quat re heures de l 'h6morragie digestive, la com- pensa t ion voldmique pouvan t 6tre obtenue dans ees d61ais. Pa r ail leurs, nous eonseil- lons l 'ut i l isat ion en p remie r lieu d 'un fibro- scope h vision axiale, en deuxibme lieu, et sys tdmat iquement , d 'un duod6noseope h vision lat6rale. En eas de suspicion de ldsion de la poehe ~ air, nous ut i l isons un troisi6me apparei l qui est le gastroseope h vision lat6rale.

L 'endoseopie d 'urgenee, ac tue l lement reeon- nue pa r tou t eomme l ' invest igat ion diagnos- t ique la plus rentable darts les h6morragies digestives hautes, est l ' about issement des id les d6fendues depuis longlemps par Des- neux, ee qui explique le nombre croissant des eas investigu6s au eours de ees der- n i t r e s ann~es.

(Congr~s de la S.M.I,E.R., Liege, septembre 1971 .)

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