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Brèves www.caue-docouest.com, ouverture le 2 janvier 2013… Formation des élus, programme 2013 P. 3 Opération Quartier Chantemerle à Bagneux P. 10 N°59 Janvier 2013 La publication trimestrielle du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Maine-et-Loire (CAUE) et de la Maison de l’Architecture, des Territoires et du Paysage (MATP) Logement social : pour en finir avec les idées reçues

Logement social : pour en finir avec les idées reçues

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Imago n°59 - Janvier 2013

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Page 1: Logement social : pour en finir avec les idées reçues

Brèveswww.caue-docouest.com, ouverture le 2 janvier 2013…

Formation des élus, programme 2013P. 3

OpérationQuartier Chantemerle

à BagneuxP. 10

N°59Janvier2013

La publication trimestrielle du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Maine-et-Loire (CAUE) et de la Maison de l’Architecture, des Territoires et du Paysage (MATP)

Logement social :pour en finiravec les idées reçues

Page 2: Logement social : pour en finir avec les idées reçues

LUIS BARRAGÁN,OU L’ARCHITECTURE ÉMOTIONNELLE

Au-delà des diverses influences de Barragán, l’exposition pro-pose une lecture thématique de son œuvre autour de trois axes majeurs : le rapport à la nature, le traitement de l’ombre et de la lumière et les fonctions de la couleur tant dans l’espace urbain que dans les intérieurs.Jusqu’au 6 janvier 2013

LOGEMENT SOCIAL,STOP ! AUX IDÉES REÇUES

Cette exposition produite par arc-en-rêve interroge la repré-sentation collective du logement social avec ses multiples ques-tions sur quelques idées reçues, démenties par des exemples de programmes sociaux réalisés en France ces vingt dernières an-nées.Le CAUE de Maine-et-Loire, le Conseil général de Maine-et-Loi-re et les promoteurs de l’habitat social s’associent pour compléter l’exposition initiale par des pro-jets du département et montrer ainsi la diversité des réponses proposées en Maine-et-Loire. Cette version départementale de l’exposition sera ensuite propo-sée à l’itinérance.du 17 janvier au 10 mars 2013

ARCHITECTURE,URBANISME ET VÉGÉTAL

Première édition de la manifes-tation régionale, “le Printemps

312 avenue René Gasnier - 49100 ANGERStél. 02.41.22.99.99 / courriel : [email protected]

Lieu d’exposition ouvert du lundi au vendredi de 9 h à 12 h 30et de 14 h à 18 h, le dimanche de 14 h à 18 h.

AGENDA

Il y a tout juste un siècle, Laurent Bonnevay, ministre centriste de la Troisième république, confortait le concept de logement social dont la promotion accompagne la révolution industrielle depuis le xixe siècle. Sa loi du 23 décembre 1912 créait en ef-fet les Offices publics d’HBM (habitat à bon marché), financés

par les municipalités et nouvelle étape d’une histoire singulière-ment française, celle de la construction publique d’un habitat dédié aux plus démunis, promue par l’État et portée par les territoires.Cette histoire accompagne aussi celle de l’architecture et les im-meubles issus de la loi Bonnevay comme ceux inspirés dans l’im-médiate après-guerre par le ministre Claudius-Petit et son ami Le Corbusier, sont autant de marqueurs de l’évolution de la produc-tion architecturale et urbaine.Après avoir été injustement décriés en ce qu’ils avaient assuré l’extraordinaire défi du logement des flux migratoires, du “boum démographique” et de l’exode rural des années soixante (avec la rationalité industrialisée induite), les promoteurs du logement so-cial, aujourd’hui compris comme Mouvement, sont le plus souvent à la pointe de l’innovation et de la recherche architecturale dans les domaines de l’habitat.Libérés de la pression qui, dans l’écho des appels de l’Abbé Pier-re, obligeait à construire trop vite et pas assez cher, la maîtrise d’ouvrage sociale s’est, dès les années 1980, totalement investie dans une politique de qualité des constructions puis de recomposi-tion de quartiers trop exclusivement attachés au seul locatif social. Mixité urbaine et qualité d’usage du logement accompagneront ainsi les politiques de la ville.Puis vint le temps de la contribution du logement social au débat environnemental et à la nécessaire maîtrise des consommations énergétiques. Là encore, le logement social a su faire preuve d’in-novation soit dans l’anticipation des réglementations thermiques soit dans l’utilisation de matériaux nouveaux plaçant ses construc-tions aux antipodes des poncifs collant à la peau du logement so-cial : laisse béton…En ce début d’année 2013, alors que la crise souligne encore les efforts nécessaires à faire dans les domaines de l’habitat des plus démunis, le CAUE a pris l’initiative d’une focalisation sur le loge-ment social, vecteur de qualité architecturale et urbaine. Il le fait avec l’ensemble des bailleurs sociaux du département, partenaires actifs des expositions, débats, publications et table-ronde qui vont, je l’espère, inciter le public à “en finir avec les idées reçues !”

ProGrAmmE mATP

LES RENCONTRESDU VÉGÉTAL (7e édition)Santé, bien-être et environne-ment, des défis pour la recher-che et l’expérimentationAgrocampus Ouest à Angershttp://rencontres-du-vegetal.agrocampus-ouest.fr14-15 janvier 2013

SALON DU VÉGÉTAL 2013Le grand rassemblement pro-fessionnel de la filière horticole en France.www.salonduvegetal.com19, 20 et 21 février 2013

ARCHITECTURESDE PAPIERDélicat, aérien et pourtant si so-lide, le papier est un matériau noble pour nombre d’artistes à travers le monde. Habillées de lumière ces petites archi-tectures prennent vie et nous racontent des histoires extraor-dinaires.Exposition à la Cité de l’archi-tecture et du patrimoine, palais de Chaillotwww..citechaillot.frJusqu’au 17 mars 2013

Gilles LEROYConseiller général de BeaupréauPrésident du CAUE de Maine-et-Loire

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ÉDIToA

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EXPOSITION

COURS d’ARChITECTUREà l’Institut municipal à Angers

Page 3: Logement social : pour en finir avec les idées reçues

LUIS BARRAGÁN,OU L’ARCHITECTURE ÉMOTIONNELLE

Au-delà des diverses influences de Barragán, l’exposition pro-pose une lecture thématique de son œuvre autour de trois axes majeurs : le rapport à la nature, le traitement de l’ombre et de la lumière et les fonctions de la couleur tant dans l’espace urbain que dans les intérieurs.Jusqu’au 6 janvier 2013

LOGEMENT SOCIAL,STOP ! AUX IDÉES REÇUES

Cette exposition produite par arc-en-rêve interroge la repré-sentation collective du logement social avec ses multiples ques-tions sur quelques idées reçues, démenties par des exemples de programmes sociaux réalisés en France ces vingt dernières an-nées.Le CAUE de Maine-et-Loire, le Conseil général de Maine-et-Loi-re et les promoteurs de l’habitat social s’associent pour compléter l’exposition initiale par des pro-jets du département et montrer ainsi la diversité des réponses proposées en Maine-et-Loire. Cette version départementale de l’exposition sera ensuite propo-sée à l’itinérance.du 17 janvier au 10 mars 2013

ARCHITECTURE,URBANISME ET VÉGÉTAL

Première édition de la manifes-tation régionale, “le Printemps

de l’architecture” pour laquelle sera présentée une exposition sur le thème générique de l’as-semblage qui se décline autour de la densité végétale et de la densité urbaine et s’appuie tout naturellement sur les différents partenaires du pôle national de compétitivité du végétal.Du 21 mars au 2 juin 2013

RENZO PIANO

Le célèbre architecte italien, co-auteur du centre Pompidou à Pa-ris avec Richard Rogers.Maria SALERNO, architecteJeudi 10 janvier 2013 à 18h30

PETER ZUMTHOR

Peter Zumthor, architecte suisse, a longtemps construit dans un périmètre très restreint. Sa noto-riété, depuis l’attribution du Pritz-ker Price en 2009, l’entraine dé-sormais en Angleterre, Hollande ainsi qu’au Qatar et au Chili.Céline DROZD, architecte et docteur en Sciences pour l’Ingé-nieurJeudi 14 mars 2013 à 18h30

L’HÔPITAL : UNE ARCHITECTURE DANS LA VILLE

Séquence 1 - le CHU d’Angers Hubert METZGER, architecte du CHU et Eric SAILLARD, architecte de l’agence Rocheteau-Saillard Un représentant de l’agence GPPA (sous réserve)Jeudi 21 fév. 2013 à 18h30

VISITE D’UNE VILLA ET PARCOURS URBAINS DANS LES YVELINES

Visite de la Fondation Marta Pan et André Wogenscky à Saint-Ré-my-lès-Chevreuse et Parcours, l’art dans l’espace public à Saint-Quentin-en-YvelinesVendredi 15 mars 2013

312 avenue René Gasnier - 49100 ANGERStél. 02.41.22.99.99 / courriel : [email protected]

Lieu d’exposition ouvert du lundi au vendredi de 9 h à 12 h 30et de 14 h à 18 h, le dimanche de 14 h à 18 h.

ProGrAmmE mATPP3

BrèvEs

www.caue-docouest.comOUVERTURE LE 2 JANVIER 2013…

Ouverture du portail des centres de documentation des C.A.U.E. des Pays de la Loire et des Côtes d’Armor (22, 44, 49, 72, 85).Les cinq centres de documentation se sont associés pour mettre en place un

portail documentaire collectif permettant l’accès aux catalogues de chaque centre de documentation et faciliter ainsi l’accès à l’information de nos utilisateurs.Le catalogue collectif permet de prendre connaissance des différentes collections consultables via internet et offre un accès à plusieurs types de documents : ouvrages, articles de revue, bulletins, DVD/CD-Rom.Les domaines suivants : architecture, urba-nisme, aménagement, paysage, environne-ment, patrimoine, pédagogie, sensibilisation à l’architecture et à l’espace public y sont représentés.La constitution des fonds vise à suivre l’ac-tualité de ces différents domaines.

Pour tous renseignements : [email protected]

JOURNÉES D’ÉTUDES“DROITS ET GOUVERNANCEDU PATRIMOINE ARCHITECTURALET PAYSAGER” - 7 & 8 fÉVRIER 2013Pour la deuxième année l’Université d’Angers organise les 7 et 8 février 2013 un col-loque sur le droit du patrimoine. Après deux belles journées consacrées l’an dernier à la naissance des AVAP (Aire de valorisation de l’architecture et du patrimoine), les journées 2013 seront consacrées au centenaire de la loi relative aux monuments historiques et à la protection de leurs abords.

fORMATION DES ÉLUSPROGRAMME 2013Pour la 8e année, l’Association des maires de Maine-et-Loire et le CAUE proposent un cycle semestriel de formations aux élus. La complexité de la vie municipale (et intercommunale) nécessite échanges et formations. Les formations proposées portent sur les différentes compétences et missions des élus. Elles sont autant d’occasion de rencontres et d’approfrondis-sement des connaissances. Dès janvier, en mairie, le pro-gramme 2013 des formations !

Contact : Véronique Lebouvier ([email protected])

«POR UN MUNDO MELHOR»L’architecte brésilien Oscar Niemeyer est mort le 5 décembre dernier à l’âge de 104 ans. Avec sa disparition s’éteint une formidable production où l’architecture était d’abord une invention. Il nous reste le témoignage de ses œuvres universelles, depuis l’église Saint-François (en 1940) jusqu’au siège du gouvernement de Minas Gerais (en 2010) de Belo Horizonte en passant par le Volcan du Havre, le siège du Parti communiste à Paris ou la bourse du travail de Bobigny conçus et construits durant son exil français. Mais le plus grand témoignage reste Brasilia et ses équipements publics qui sont autant de ponctuations sculpturales, une poésie dédiée à la courbe dans l’élégance et l’équilibre des formes. BL

INTERNET

fORMATION

Renseignements :Monique BERNIERTél. : 02 41 96 21 45/17Service rechercheFaculté de droit, d’économieet gestion - Université d’Angers13, allée François MitterrandBP 1363349036 ANGERS cedex 01

Pour vous inscrire en ligne :www.univ-angers.fr/droitRubrique “Actualités”Inscriptions ouvertesjusqu’au 30 janvier 2013Tarifs : 65 € dans la limite des 170 places disponibles.

VISITES

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COURS d’ARChITECTUREà l’Institut municipal à Angers

RENCONTRESActualités départementales

Daimler Building, Berlin / Renzo Piano, architecte

Maison de la Culture du Havre

Page 4: Logement social : pour en finir avec les idées reçues

Résidence Pont aux filles à Écouflant / Groupe Podeliha (le Val de Loire) / Pierre-Yves Lacroix et Daniel Mignot, architectes

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L’innovation dans le logement social par-ticipe de différents critères. Elle touche la dimension sociale à partir d’une nouvelle ap-proche citoyenne et participative du logement. Elle touche la dimension constructive par une modularité et l’adaptabilité du logement. En-fin, elle touche les dimensions du sensible et du confort à travers l’expérimentation, l’utili-sation de nouveaux matériaux ou la recherche de technologies adaptées à notre environne-ment.

Construire pour l’habitant

Le bon mot d’un critique d’architecture supposait que “longtemps l’habitat est resté habité par l’habitude”. L’histoire du logement contredit cette boutade en ce qu’elle atteste du laboratoire architectural que constitue la-production de l’habitat social durant tout le xxe siècle.

Une première innovation dans le logement social tient à la prise en compte des habitants. Quels sont les modes de participation des ha-bitants en logement social ? En quoi l’habitat participatif peut-il être considéré comme in-novant ? Comment le vécu des habitants est-il pris en compte ? Quels sont les apports possi-bles à l’innovation ?

Pour tenter de répondre à l’ensemble de ces questions, il nous semble que deux approches peuvent être évoquées : celle de la construc-tion du logement social et celle de sa réhabi-litation.

La fabrication du logement social ne se pense pas indépendamment des dynamiques participatives suscitant actuellement un véri-table engouement. des groupes d’habitants se constituent pour concevoir et gérer collective-ment un immeuble ou un ensemble d’habita-tions dans lesquelles ils partageront certains espaces. La thématique participative contri-bue à modifier la donne des modes de penser le projet. Et contrairement aux idées reçues, la démarche de participation n’est pas nouvelle, elle a revêtu différentes formes depuis la fin du xixe siècle, avec trois périodes :

- La première apparaît avec la mise en place d’une politique d’aide à la construction du lo-gement populaire. L’ancêtre des coopératives d’habitation a été créée sous Napoléon III en 1867, avec la “société coopérative immobi-lière des ouvriers de Paris”, cité ouvrière dans le 12e arrondissement. La création de sociétés coopératives de construction avec la loi Sie-gfried sur les hBM (habitat à Bon Marché) en 1894 et la loi Strauss de 1906 facilitent la construction de logements populaires à l’aide de dispositifs financiers ;

- La seconde participe des approches coo-pératives portées par les travailleurs de la pé-riode de l’entre-deux guerres et s’étend jusqu’à la fin des Trente Glorieuses, avec l’apparition de la participation des salariés notamment par la gestion du 1% logement. Les coopératives d’hLM vont devenir les spécialistes de l’ac-cession sociale à la propriété. C’est à la même période que se forme le mouvement des Cas-

tors, avec une reconnaissance du principe ap-port-travail en 1949 par décision interminis-térielle permettant la réalisation de logements en auto-construction.

- La troisième est celle des années 1970 marquées par des projets d’habitat alterna-tif en contestation des modes de production industrialisée et standardisée. Les coopéra-tives d’hLM transformées progressivement en société coopérative de production (SCP) orientées dans la prestation de services seront porteuses de ce mouvement. Ainsi l’activé locative leur est interdite et la vente directe très encadrée. de nombreuses coopératives se transforment en SA ou sont promises à une disparition si elles n’adaptent pas leurs struc-tures.

Aujourd’hui, des expériences d’habitat “alternatif” réaparaissent et engagent une nouvelle configuration des rapports entre le citoyen et les pouvoirs publics.

DossIEr

Le logement social,acteur de l’innovation de l’habitat d’hier et d’aujourd’hui

u’est-ce que l’innovation dans le logement so-cial ? L’innovation, c’est prendre en compte l’at-tente des habitants et anticiper les évolutions sociètales. L’innovation c’est intégrer la cause environnementale et climatique comme un éle-

ment fondateur du projet. L’innovation, c’est promouvoir l’utilisation de techniques constructives et de matériaux nouveaux. L’innovation, c’est sortir des sentiers battus de la conception architecturale. L’innovation, c’est assurer la découverte, la surprise, la poésie du lieu. C’est ce que dit Le Corbusier au jeune Oscar Niemeyer en 1936 : « l’archi-tecture, c’est de l’invention ».

Page 5: Logement social : pour en finir avec les idées reçues

Résidence Pont aux filles à Écouflant / Groupe Podeliha (le Val de Loire) / Pierre-Yves Lacroix et Daniel Mignot, architectes

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Entre différents acteurs, des nouveaux par-tenariats sont mis en place (usagers, habitants, bailleur social, responsables politiques, tech-niciens, concepteurs…).

Enfin, aux anciennes démarches et préoc-cupations de modes de production de logement abordable s’ajoute la thématique nouvelle du développement durable.

Pourtant, la participation des habitants se heurte toujours à un vide juridique situant mal la relation entre ceux-ci et le bailleur social. Les débats des dernières élections nationales ont avancé l’idée de “tester de nouveaux mo-des d’habitat participatif avec l’instauration d’un statut juridique de coopératives d’habi-tants”. L’Union sociale pour l’habitat, par le biais de la fédération nationale des sociétés coopératives d’hLM, a présenté en mars 2011 un guide intitulé “Accompagner les projets d’habitat coopératif et participatif” transmis à l’ensemble des organismes hLM.

Quel est l’intérêt de la démarche hormis ce-lui de la production différente du logement ? L’argumentaire développé par les habitants concernés est celui des relations de voisinage à l’échelle du quartier ou de l’immeuble. Il s’agit avant tout de renouer, de réintroduire du lien social, des solidarités et d’enrayer d’éven-tuels conflits. Le partage d’espace prend tout son sens (salle commune, chambre d’amis, buanderie, atelier…), en permettant de réduire la surface logement et le coût induit. La réduc-tion des charges pourrait être proposée par les bailleurs sociaux lorsque les aménagements sont pris en charge par l’habitant (les aména-gements extérieurs, les petits travaux…). de plus, une meilleure appropriation du logement et des espaces est indéniable, puisque le pro-gramme a été défini collectivement. Enfin, les habitants se sentent de plus en plus investis par des modes de vie respectueux de l’envi-ronnement, ce qui valorise d’autant plus la dé-marche et le bailleur associé.

La réhabilitation du logement social participe du “mieux vivre” des habitants en prenant en considération l’adaptation du logement aux besoins et moyens des habitants. dans ce contexte, la démarche participative prend une autre forme : l’habitant n’est pas acteur pour créer un nouveau quartier mais est perçu comme un témoin du savoir-vivre, voire du savoir-faire, et peut participer au renouvellement du logement. Cette autre forme de participation des habitants peut revêtir différents aspects. Il s’agira avant tout de définir les différents degrés d’implication

« L’architecture, c’est de l’invention !

»Le Corbusier

Le logement social,acteur de l’innovation de l’habitat d’hier et d’aujourd’hui

Page 6: Logement social : pour en finir avec les idées reçues

P6 DossIEr : LE LoGEmENT socIAL, AcTEur DE L’INNovATIoN DE L’hABITAT D’hIEr ET D’AuJourD’huI

des habitants dans les prises de décisions. En effet, la participation peut s’effectuer à l’aide d’entretiens individuels à domicile, de parcours commentés croisant le regard de différents acteurs dans le quartier, d’ateliers de travail avec les habitants… La participation peut être mise en place à l’aide de différentes méthodologies, à différentes échelles de l’habitation jusqu’au quartier et de proposer la combinaison la plus adaptée au contexte et aux attendus des opérateurs. C’est dans ce sens qu’au cours d’opérations de renouvellement urbain sont proposées des rencontres avec les habitants afin d’avoir une connaissance plus fine de leur logement, de leurs besoins, de leurs relations de voisinage, de découvrir leurs savoir-faire et de vérifier l’adéquation entre la taille du logement et les moyens financiers de l’habitant. En effet, certains habitants s’organisent, font preuve d’inventivité afin de réaliser des économies d’eau, de chauffage, de mettre en place une solidarité… dans ce contexte, peuvent être proposés de nouveaux logements, comme par exemple des petites maisons, permettant de reloger sur place des

habitants désireux de conserver leur vie dans le quartier, leur histoire, leurs souvenirs tout en ayant une taille de logements adaptée à l’échelle de la famille et aux revenus. d’autres exemples portent sur certaines réhabilitations de tours qui vont jusqu’à proposer des espaces supplémentaires de vie aux locataires dans le prolongement de leur logement en aménageant de grandes terrasses pouvant être closes. L’innovation est ici une démarche qui nécessite forcément du temps et de l’écoute mais qui prend en considération “l’habitant du lieu” dans la perspective d’un “mieux vivre”.

L’innovation dans la dimension sociale im-plique une participation collective des habi-tants et favorise la création et/ou le maintien de liens sociaux, base de ce qu’il est convenu aujourd’hui d’appeler “la qualité du vivre en-semble”.

La conception architecturale

Au-delà de l’innovation que constitue la participation des habitants, la conception ar-

chitecturale elle-même est un vecteur d’inno-vation du logement social.

La production “en masse” caractérise tra-ditionnellement les opérations de logements sociaux même si, aujourd’hui et déjà depuis longtemps, certains bailleurs s’attachent à l’insertion d’immeubles de petite échelle dans les quartiers anciens ou déploient l’offre loca-tive de maisons individuelles en milieu rural ou péri-urbain.

Si les opérations de logements sociaux sup-posent de construire en quantité pour répon-dre au nécessaire besoin de loger le plus grand nombre, l’innovation du logement social porte sur l’échelle de l’opération. Construire du logement social pose alors la question de l’échelle de l’ensemble bâti dans sa relation avec la ville. Au-delà de la réponse et de la prise en compte de l’évolution des besoins des habitants et du “mieux vivre”, le logement so-cial par son échelle participe à la construction de formes urbaines parfois peu soucieuses de la continuité urbaine.

Ainsi, pour atteindre ces objectifs dans un contexte économique généralement contraint ou de crise et d’urgence, la construction même de ces logements a développé une stratégie de répétition puis de standardisation. L’organisa-tion des logements par la création notamment de la “cellule” ou des “types” définis, ainsi que les systèmes constructifs pré-industria-lisés ou industrialisés dictent l’aspect archi-tectural de ces bâtiments. Rappelons-nous que les premiers logements à loyers modérés proposaient des surfaces adaptées à la taille de la famille. C’est alors la construction d’un “foyer” ou d’une “échelle domestique” com-posée d’espaces de nuit (chambres), d’une cui-sine et d’espaces dédiés à l’hygiène des corps (toilettes et salle de bains), le tout organisé autour d’une pièce à vivre. Les innovations de confort qu’apporte le logement social sont alors manifestes, avec notamment l’accès à l’électricité, à l’eau courante et au chauffage pour tous. Les surfaces, l’organisation des lo-gements, le nombre de pièces et leurs ca-

« L’homme habite et ainsi il prend place parmi les humains. Pour cela, il lui faut un lieu où

inscrire son corps, sa subjectivité, son histoire, sa citoyenneté. Habiter, c’est mettre de soi en un lieu,

ce qui est fort différent d’être logé. S’il ne peut habiter, l’homme ne peut prendre place et cela

s’appelle aujourd’hui l’exclusion. L’aider à habiter, cela s’appelle lutter contre l’exclusion. »Jean Furtos, psychiatre

Résidences Botticeli à Angers / SOCLOVA / Jean Ginsberg & associés, architectes

LA CASE à CAZALS

Page 7: Logement social : pour en finir avec les idées reçues

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ractéristiques spatiales (volumes, lumière, fonction…) participent également de cette dynamique qualitative.

Ces innovations peuvent être d’ailleurs considérées comme des révolutions sur le lo-gement puisqu’elles constituent aujourd’hui le minimum pour considérer le bâtiment comme salubre ou pour définir les caractéristiques normatives du logement.

Si les innovations architecturales dans le logement social constituent un apport considérable pour l’ensemble de la production de logements, notamment en termes d’usage, elles ont pour conséquence de former une écriture standardisée aujourd’hui remise en cause. En effet, répondre aux besoins du plus grand nombre en matière de logement nécessite des constructions de formes simples, modestes, dépourvues d’ornementation. Ces ensembles de logements pâtissent alors d’une image négative par le plus grand nombre, de part sa dimension collective ne s’adressant qu’à une seule catégorie sociale. Cette considération est amplifiée par la dégradation socio-économique de ses habitants, le logement social rimant alors avec logements collectifs et difficultés sociales.

Ainsi stigmatisé, le logement social a connu une crise identitaire que les bailleurs sociaux ont rapidement compris et corrigé. L’innovation programmatique et architecturale fut l’outil nécessaire pour reconstruire et

revaloriser cette image. On observe ainsi l’émergence d’une écriture architecturale moins standardisée (diversité des vêtures, jeu de volumes..). Le fonctionnement des logements reste directement hérité des

DossIEr : LE LoGEmENT socIAL, AcTEur DE L’INNovATIoN DE L’hABITAT D’hIEr ET D’AuJourD’huI

Imago : Historiquement, le logement so-cial a été un formidable terrain d’innova-tion architecturale, est-ce toujours vrai aujourd’hui ?

PDC : Notre agence a acquis une solide expérience dans le domaine de l’habitat social, avec des programmes importants ou plus modestes. L’architecte se trouve face à des intervenants militants qui im-pliquent un certain respect. A l’examen de l’histoire du logement social, on a l’impres-sion que tout a déjà été fait. L’évolution des réglementations liées à l’évolution socio-économique nous oblige aujourd’hui à re-mettre en cause des acquis. A fonctionna-lité équivalente, avec les nouvelles régle-mentations, il nous faudrait augmenter les surfaces, or pour des raison économiques, on les diminue. Il faut donc faire preuve d’ingéniosité et de savoir-faire. Les cellules ont ainsi gagné en fluidité ce qu’elles ont perdu en surface. L’innovation reste toujours plus facile dans le logement social car l’habitant n’a pas la même attitude à l’égard de la nouveauté quand il loue ou quand il achète. Le concep-teur se permet davantage de choses dans le logement social que dans la promotion privée, c’est évident. Certaines prestations sont difficiles à vendre dans l’accession mais sont reçues sans problème dans le logement social.Le logement constitue la principale matière urbaine. Mais tout projet d’habitat ne né-cessite pas une image forte. Tout dépend du contexte, urbain continu ou discontinu, périphérie etc. On constate bien souvent que la revalorisation d’un quartier passe par les programmes sociaux avant d’attirer les autres. Notre démarche de projet est différente. On intègre ainsi très tôt les approches éner-gétiques. On travaille sur la compacité du bâti, l’optimisation solaire. Dans le cadre des impératifs de rationalisation, on propo-se des solutions techniques de répétitivité, notamment autour du noyau de la salle de bain. Et on prend évidemment en compte la qualité de la vie des futures habitants.

I : Constatez-vous une évolution de la demande ?

PDC : Les gens ne sont plus en attente d’un logement, mais d’une qualité d’habitat. Ils sont par conséquent plus exigeants. Les personnes s’identifient davantage à leur lo-gement. Il est aujourd’hui inconcevable de concevoir des appartements plein nord. A contrario, on propose de grands dévelop-pements extérieurs. Le programme utilise une formulation quantitative mais notre traduction doit être qualitative. Ainsi un balcon de 180 cm de large traduit une volonté d’offrir un espace extérieur généreux. L’architecte doit conce-voir des espaces de qualité.

I : Comment conciliez-vous qualité ar-chitecturale et contraintes réglementai-res ? PDC : L’arsenal réglementaire constitue un véritable rubiscube. C’est un exercice qui nécessite une logique constructive et une compréhension sociale. La réglementation a nécessairement des conséquences sur la conception. On assiste à un surenché-rissement des coûts du logement et à une diminution de la solvabilité des person-nes. Il faut absolument optimiser le coût des opérations tout en intégrant le coût de gestion. De plus en plus, des voix s’élèvent pour alléger cet arsenal. La qualité d’usage, les vues, l’ensoleille-ment sont privilégiés pour habiter mieux.

I : La création d’éco-quartier génère-t-elle de nouvelles formules ?

PDC : L’urbanisme évolue, notamment de-puis la loi SRU, bien comprise par nombre d’acteurs. Le thème de la densification a fait évoluer la sensibilité du public, des donneurs d’ordre mais aussi des résidents potentiels. Les professionnels ont dévelop-pé de nouvelles approches. On conçoit des logements intermédiaires dont les apparte-ments s’apparentent à des maisons et of-frent une belle qualité d’espace. De même, les espaces extérieurs sont également trai-tés avec soin. Malgré toutes les contrain-tes, la qualité des logements sociaux s’est améliorée depuis 15 ans.

Pierre de Coquereaumont, architecte asso-cié de l’agence angevine de Coquereaumont-Lebreton, fait le constat d’une évolution qualitative de l’habitat social depuis les années 2000 malgré les multiples contraintes, foncières, écono-miques, réglementaires ou environnementales.

Résidences Botticeli à Angers / SOCLOVA / Jean Ginsberg & associés, architectes

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P8 DossIEr : LE LoGEmENT socIAL, AcTEur DE L’INNovATIoN DE L’hABITAT D’hIEr ET D’AuJourD’huI

expérimentations du xxe siècle mais les enjeux portent sur l’introduction de mixité sociale dans ces quartiers et sur la diversité des typologies d’habitat (maisons de villes, logements intermédiaires, logements collectifs) pour répondre aux modes d’habiter de chacun. Le logement social n’est plus l’expression d’une production en masse de logements mais celui d’un “vivre ensemble” protéiforme, partie prenante de la construction harmonieuse de la ville.

L’innovation environnementale

L’innovation environnementale est le troi-sième pilier de la contribution du logement social à l’amélioration du cadre de vie et de sa gestion. Elle s’inscrit dans l’ébullition so-ciétale que suscite le constat de l’évolution climatique autant que le renchérissement du coût de l’énergie. Elle est parfaitement dans l’air du temps.

L’implication des bailleurs sociaux dans les programmes “habiter autrement, pour un urbanisme durable” mis en place par 51 com-munes du département sous l’impulsion du Conseil général de Maine-et-Loire et de son Plan départemental de l’habitat, montre as-sez la convergence entre l’attente des élus et le souhait d’une mixité sociale respectueuse de l’environnement et innovante en matière d’énergies renouvelables, de la lutte contre l’étalement urbain, de la gestion de l’eau, de déplacements doux, etc. L’innovation envi-ronnementale des programmes d’habitat so-cial s’inscrit ainsi dans un contexte culturel favorable, dans la continuité des Grenelles.

La maîtrise énergétique, le respect de l’en-vironnement et de la biodiversité sont autant d’objectifs que se sont donnés depuis plus de 10 ans les maîtres d’ouvrage sociaux. L’enjeu est de taille concernant le logement social, souvent composé de logements collectifs. La question environnementale se pose alors dans un contexte collectif comme individuel. Elle participe d’une utilité publique à laquelle les bailleurs sociaux sont évidemment attachés et s’inscrit aujourd’hui dans la réglementation, notamment thermique.

La question de la maîtrise énergétique est ainsi au cœur de tous les programmes de lo-gements sociaux et prend parfois des formes inattendues. Si l’isolation performante, l’étan-chéité des enveloppes, la compacité ou bien encore l’orientation des bâtiments… sont des principes qui se généralisent, certains projets proposent des conceptions bioclimatiques au-delà des exigences réglementaires. des principes bioclimatiques existent expérimen-talement depuis la fin des années 70 et se sont développés dans le logement individuel dans les années 80, ils sont aujourd’hui réintégrés dans une démarche environnementale com-plète impactant les programmes d’habitat col-lectif. Ainsi, plusieurs opérations proposent des dispositifs dits “passifs” tel que des ser-res-jardins pour chaque logement permettant de préchauffer l’air impulsé par une VMC et ainsi de réaliser des économies de chauf-fage en hiver. L’innovation environnementale se porte également sur la mise en œuvre de “ventilation naturelle” basée sur les principes physiques du tirage thermique. d’autres opé-

rations développent une sensibilité toute par-ticulière avec l’environnement du bâtiment et proposent une gestion des eaux pluviales en toiture ou la mise en place de bassins tampons aménagés sur la parcelle. L’eau et sa gestion prennent alors une dimension symbolique par un parcours ludique et sensible (écoulement, clapotis…) mis en avant et visible par tous les usagers. L’innovation environnementale se conjugue alors avec le sensible.

Un risque existe toutefois de voir cet enga-gement de la maîtrise d’ouvrage sociale sur le chemin des innovations participatives, archi-tecturales et environnementales contrarié par la crise économique et sociale. La conjonc-ture très difficile peut réveiller des habitu-des anciennes assimilant la demande sociale au seul mode d’habiter que représenterait la maison individuelle en accession sociale à la propriété et en laissant de côté l’innovation architecturale attachée aux autres typologies dont l’offre ne serait plus adaptée. Il est donc plus que jamais nécessaire de poursuivre

RÉfÉRENCES

Les Aubrières à Saint-Hilaire-Saint-florent / Saumur Habitat / Patrick fiolleau (agence Atome), architecte

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Square des Treilles à Saint-Sylvain-d’Anjou, 2011Maine-et-Loire HabitatPierre-Yves Lacroix et Daniel Mignot, architectes

Le Grand Servial, Angers, ZAC Mollière, 2006Podeliha (Val de Loire)Jean-François Enet & Iga Dolowy, architectes

Les Chalets, Angers, les Capucins, 2011Angers Loire HabitatBik architecture

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Mireille Évenot, directrice de l’Union Sociale pour l’habitat Pays de la Loire, dresse un état des lieux de la construc-tion du logement social suite aux exigences du Grenelle et dans un contexte socio-économique difficile.

DossIEr : LE LoGEmENT socIAL, AcTEur DE L’INNovATIoN DE L’hABITAT D’hIEr ET D’AuJourD’huI

I : Le logement social est-il toujours un laboratoire d’expérimentation archi-tecturale et de promotion de la qualité architecturale ? Quelles sont les der-nières innovations ?

ME : La notion d’expérimentation s’est construite autour du fil conducteur de la rationalisation, notamment sous l’impul-sion du Grenelle. La préfabrication et la construction bois ont constitué des ter-rains d’exploration avec l’objectif d’une meilleure optimisation des coûts et des délais de mise en œuvre. Les organismes font des essais sur les formes urbaines et la densité avec le concours des archi-tectes.L’autre critère est celui de la quittance, soit le prix de revient du logement pour le locataire qui s’articule autour de trois points. Le premier ce sont les charges, le logement doit permettre de diminuer la consommation énergétique. Le deuxiè-me est l’optimisation des surfaces. Un m2 coûte de l’argent, tout m2 produit doit avoir une valeur d’usage, dans la location comme dans l’accession. Dans ce cas, le logement social se distingue vraiment de la promotion. Nous devons proposer le bon loyer pour la bonne surface. Le troi-sième point concerne le stationnement. On peut rendre indépendant le parking du logement de manière à ne pas obli-ger un ménage à louer, en plus, un lieu de stationnement. Il faut donc évaluer au plus juste les surfaces de stationne-ment. Ce point renvoie par ailleurs à tout ce qui concerne la mobilité (local vélo…). Aujourd’hui ces éléments de programme sont mûrement réfléchis selon la double exigence économique et de l’usage. Ces aspects occasionnent parfois de longues discussions avec les collectivités et les aménageurs qui ne sont pas en lien direct avec le client final.Le prolongement du logement est un autre élément important du programme qui ne dépend plus de la volonté de l’ar-chitecte. Il s’agit véritablement d’un choix de la maîtrise d’ouvrage de promouvoir des espaces extérieurs d’autant que le Grenelle et la construction BBC militent pour des volumes compacts. L’innovation consiste aussi à pousser plus loin la densité, le développement des intermédiaires.Il faut cependant être vigilant sur les so-lutions techniques proposées et évaluer leurs implications d’usage à l’aune de l’expérience acquise par les organismes.

On constate ainsi que la pré-fabrication intègre de nouveau des coursives alors qu’on les avait supprimées pour régler des problèmes de vie collective. Il faut aussi avoir conscience qu’en Pays de la Loire, les demandeurs, exigeants, peuvent refuser une, deux ou trois fois le logement proposé.

I : Comment la maîtrise d’ouvrage in-tègre- t-elle les ambitions qualitatives de l’habitat social et les contraintes ré-glementaires (RT, accessibilité, éner-gétique...)

ME : Le mouvement HLM a anticipé sur la RT, tous les logements construits aujourd’hui sont extrêmement perfor-mants. En Pays de la Loire en 2012, 80% des constructions sont BBC. Les loge-ments construits sont de qualité et dotés des équipements les plus optimisés.

I : La création des éco-quartiers gé-nèrent de nouvelles formes d’habitat, quelles sont les réponses spécifiques données dans le domaine de l’habitat social ?

ME : Les premiers retours d’expérien-ces liées au Grenelle arrivent. Ils attirent l’attention sur la nécessité de mesurer l’impact que génèrent certains choix sur le coût, les matériaux, les contraintes de chantier etc. Lorsqu’un maître d’ouvrage a toutes les cartes en main, il peut pren-dre les décisions les plus adaptées au contexte. Dans le cadre d’un cahier des charges d’éco-quartier très exigeant, le maître d’ouvrage n’est plus en mesure d’arbitrer, la prescription lui échappe. On assiste parfois à des partis pris incohé-rents. Nous sommes aujourd’hui dans une phase de développement des éco-quartiers, il est maintenant nécessaire de prendre le temps d’une évaluation parta-gée réunissant collectivités, aménageurs, bailleurs sociaux et promoteurs. De nom-breux points restent en suspens, comme la gestion des espaces ou la communica-tion auprès des habitants.Il faut par ailleurs noter que les PLH* et PDH** sont très développés en Pays de la Loire, le logement social doit s’inscrire dans cette politique publique. On consta-te ainsi le développement du logement social dans les secteurs urbains et péri-urbains.

* Plan Local de l’Habitat** Plan Départemental de l’Habitat

une pédagogie de la qualité architecturale et urbaine supposant, sans aucun ostracisme, que la ville est une affaire de diversité, de mixité et de continuité. La rupture engagée depuis quelques années avec les pratiques d’étalement urbain et la démonstration que la qualité du “vivre ensemble” peut rimer avec la densité urbaine des nouveaux quartiers est un enjeu fondamental auquel les promoteurs du logement social sont associés de premier rang.

KH / VLN

Les Aubrières à Saint-Hilaire-Saint-florent / Saumur Habitat / Patrick fiolleau (agence Atome), architecte

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Les Turbaudières, Cholet, 2011/2012Sèvre Loire HabitatAgence Triade, architectes

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oPÉrATIoN / équipement public

LIEU BagneuxMAITRE D’OUVRAGE Saumur Habitat

MAITRE D’ŒUVRE studio d’architecture Bruno Huet

PROGRAMME - Démarche bioclimatique, intégration du programme dans l’environnement

- 25 logements : 9 T3, 12 T4, 4 T5

CALENDRIER Livraison : octobre 2011

COÛT - Coût de 3 843 000 € TTC soit 153 700 € par logement

- Loyers : de 345 € à 395 € pour un T3, de 363 à 386 € pour un T4, 411 € pour un T, 5, 10 € ou 15 € pour le jardin

- Charge mensuelle de chauffage prévisionnelle pour un logement BBC : environ 30 €

L’urbanisme et le paysage

Dans le but de respecter l’environnement semi-rural, la topogra-phie du terrain, et d’optimiser les avantages naturels du cadre de vie, plusieurs dispositions et choix ont été effectués dès la phase de conception du programme.

Les bâtiments ont été conçus pour respecter les courbes de terrain et favoriser la vue sur la vallée du Thouet et le château de Saumur.Les surfaces imperméables aux eaux de pluie ont été minimi-sées pour limiter la saturation des réseaux.Les eaux pluviales déversées sur les bâtiments sont absorbées par les plantes des toitures végétalisées. Les eaux tombant sur le sol sont dirigées vers des fossés drainants et un bassin tam-pon en cas de forte précipitation avant de réintégrer les sous-sols.Les aménagements paysagés ont été choisis pour respecter le cadre champêtre : - chaussées étroites pour limiter la vitesse, - revêtement des sols clairs, - talus enrochés, - fossés en remplacement des traditionnels caniveaux, - choix des plantes pour limiter l’entretien.

La conception des logements

Pour concevoir les pavillons, les contraintes environnementales (courbes du terrain, ensoleillement…) ont été mises à profit pour limiter les consommations énergétiques.En rez-de-jardin (parties semi-enterrées) : le béton a été choisi pour répondre à des besoins de solidité et d’imperméabilité et permettre une très bonne inertie du bâtiment (régulation natu-relle de température = moins de chaleur l’été).En rez-de-chaussée : le bois est privilégié pour sa durabilité, son esthétisme, son intégration dans l’environnement.

Plan masse

QUARTIER CHANTEMERLEimpact positif

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0 10 m

QUARTIER CHANTEMERLEimpact positif

Intimité des espaces privatifsLa plantation des haies permet de gérer les vis-à-vis depuis les points de vue nord jusqu’aux espaces de vie exposés au sud.Depuis la rue, l’intimité des jardins et des pièces de vie est préservée par la haie associée à une strate arbustive basse. Les espaces de nuit au nord sont préservés des regards par le talus en enrochement et la distance maintenue entre la route et le bâtiment.

Minimiser l’impact des véhicules sur l’îlotAfin de minimiser l’impact des véhicules sur le site, plusieurs dispositifs ont été proposés :- Deux places de stationnement sont aménagées devant chaque maison.- La chaussée étroite (3,5 mètres) est à circulation alternée. Des espaces refuges

maintenus au droit des parkings privés permettent à deux véhicules de se croiser.- Le stationnement sauvage sur la chaussée est rendu impossible au sud par une noue

plantée, au nord par un enrochement. Les véhicules sont obligés de stationner sur les espaces prévus à cet effet.

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DÉcouvErTE

Après avoir quitté Copenhague et longé l’Oresund, bras de mer séparant le danemark et la Suède, et distingué les

voiles gonflées des régates dans la brume ma-tinale, le musée Louisana apparaît au premier abord comme une grosse maison bourgeoise construite au xixe siècle dans l’environnement exceptionnel de ce littoral nordique, entre mer et forêt. Le musée, inauguré en 1959, est une extension de cette demeure et, surtout, une mise en relation sensible avec le paysage qui s’apprécie, dans la tradition du mouvement moderne, sur les trois plans de l’immédiate proximité (le jardin et ses collections de sculptures), du bras de mer en contre-bas et de l’horizon d’un rivage suédois d’où émerge la silhouette urbaine des faubourgs de Malmoe. Conçue par les architectes Wilhelm Wohlert et Jørgen Bo, de 1958 à 1991 par extensions suc-cessives, l’architecture du musée caractérise la performance muséale en conjugant harmo-nieusement les espaces intérieurs et extérieurs

pour n’en faire qu’un lieu cohérent, du plus pe-tit détail constructif à l’infiniment grand d’un paysage ouvert. L’organisation des espaces intérieurs est assurée par de vastes coursives dont les parois de verre invitent à la décou-verte du parc attenant et de ses collections. Les salles d’exposition elles-mêmes (comme la cafétéria) participent de cette constante intention. Le visiteur découvre la conjugai-son de ces différentes échelles en y puisant une émotion cosmique comme l’exprime par exemple, l’Homme qui marche de Giacometti installé comme une interrogation mystérieuse adressée au grand paysage. Cette harmonie est exceptionnelle et peut être vécue comme une sorte de quintessence en ce qu’elle compose dans un environnement unique l’ambiance chaude et presque “douillette” des salles ou des galeries et l’athmosphère tourmentée, gri-se et presque brutale du paysage maritime. Le parc assure la transition sublimant d’autant la monumentalité des œuvres de henry Moore, la

volupté des sculptures de Jean Arp ou la flui-dité des mobiles de Calder. Cette composition offre à chaque visiteur une sérénité et ce sen-timent prime finalement à l’issue de la visite. Une rencontre un peu particulière, comme si l’art, l’architecture et le paysage puisaient ici une capacité à construire un univers associant l’intime et la perspective. Au-delà de l’excep-tionnelle richesse de ses collections plastiques et de son site magique, le musée Louisiana est aussi une leçon d’architecture contempo-raine, toute empreinte d’une sensibilité scan-dinave traduite par l’ouverture à la nature et la relation à l’environnement. Un assez petit bâtiment résonnant comme une grande œuvre dans un paysage d’exception.

Directeur de la publication : Bruno Letellier - Rédaction : Clarisse Bodinier, Karine Houdemont, Valérie Le Nicol, Bruno Letellier. Entretiens : Sandrine Prouteau - Maquette : Mickaël Bouglé - Crédit photos : CAUE de Maine-et-Loire, sauf mention contraire - Photo de Une : Résidence les Agapanthes / Saint-Barthélémy-d’Anjou / Groupe Podeliha (Le Val de Loire) / SAS Logerais et associés, architectes - Papier recyclé : Symbol freelife, 130 g/m2 - Dépôt légal : janvier 2013 - Impression : ABELIA Imprimerie. N° ISSN : 1282-5204

IMAGO n°59 - janvier 2013 - Publication trimestrielle du CAUEde Maine- et-Loire et de la Maison de l’Architecture,des Territoires et du Paysage312 avenue René Gasnier - 49 100 ANGERSTél : 02 41 22 99 99 / Fax : 02 41 22 99 90Courriel : [email protected] Internet : www.caue49.com

Musée Louisianaart, architecture et paysage

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L’organisation des espaces intérieurs est assurée par de vastes coursives dont les parois de verre invitent à la découverte du parc attenant et de ses collections

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