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L’usage des médias sociaux dans l’éducation Symposium préparatoire aux états généraux du numérique éducatif Agence Universitaire de la Francophonie Alexandre Coutant, ELLIADD, OUN, Université de Franche-Comté / ISCC [email protected] @acoutant Diffusable sous licence Creative Commons – CC BY-SA 3.0 http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/

L'usage des médias sociaux dans l'éducation

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Intervention au Symposium préparatoire aux états généraux du numérique éducatif par l'Agence Universitaire de la Francophonie à Tunis le 1/11/2012

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L’usage des médias sociaux dans l’éducation

Symposium préparatoire aux états généraux du numérique éducatif

Agence Universitaire de la FrancophonieAlexandre Coutant, ELLIADD, OUN, Université de Franche-Comté /

[email protected]

@acoutant

Diffusable sous licence Creative Commons – CC BY-SA 3.0http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/

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Plan de l’intervention

• Jeunes et médias sociaux : pratiques et apprentissages

• Catégorisation des plateformes relevant des « médias sociaux »

• Expérimentations pédagogiques sur les médias sociaux

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Jeunes et médias sociaux : pratiques et apprentissages

« Phénomène » quantitatif • Chiffres 2012 :

– 2 ms de posts quotidiens dans la blogosphère– + de 800 000 vidéos uploadées / jour sur YouTube pour

deux millions de vues– 1md de profils actifs sur Facebook, 405 minutes de

consultation mensuelle, 500 000 commentaires / minute, – 175 ms de tweets quotidiens sur Twitter– 32 Ms de Blogs et 26 Ms de profils sur Skyrock, 100 000

images publiés / jour, 850 000 commentaires publiés / jour– 178 Ms de comptes dans 32 pays pour Habbo– Wikipedia : 7ème site le plus visité au monde

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Médias sociaux : intérêts et limites• Notion pléonastique et floue (Coutant, Stenger, 2012)

– Quasi-synonyme dans discours de : web/médias participatifs, web/médias communautaires, web/médias 2.0, réseaux sociaux, communautés en ligne ou virtuelles, crowdsourcing, folksonomy, bookmarking social

• Encourage à l’assimilation de plateformes hétéroclites– Peu efficace pour répondre aux questions des acteurs

sociaux :• Que se passe-t-il sur ces espaces ?• Dois-je laisser mon enfant se créer un compte? Puis-je le laisser

naviguer sans surveillance ? Doit-on former à l’usage de ces plateformes ?

• Puis-je employer les médias sociaux dans ma démarche pédagogique ? Dois-je y autoriser l’accès dans mon établissement ?

– Exemple : les « réseaux sociaux » Myspace, Facebook, Twitter, Linkedin, Wikipedia

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Principe central des médias sociauxLa participation

• UGC = User Generated Content– « Participation » : (relative) facilité

technique de la prise de parole sur les médias sociaux

– Espoir d’une autonomie renforcée de l’usager (empowerment)

• « Si, d’emblée, tout réseau (web) s’inscrit dans le registre du lien, le web social mettrait au premier plan la propriété de mise en relation des personnes » (Millerand, Rueff, Proulx, 2010)

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Jeunes et médias sociaux : pratiques et apprentissages

• Une grande partition des activités (Ito, 2008 ; Stenger, Coutant, 2011a) :– Participation centrée sur l’amitié

• Activité (très) majoritaire : conversations quotidiennes avec les pairs, menée au sein de sociabilités ancrées géographiquement (lycée, quartier, association sportive, etc.)

– Participation centrée sur un intérêt• Activité minoritaire : focalisation sur des centres d’intérêt précis ou

des activités moins populaires, regroupant les jeunes par affinités sans nécessaire connaissance mutuelle préalable

– Répartition de ces activités par plateformes, notamment :

» Réseaux socionumériques pour l’amitié

» Communautés en ligne pour les intérêts

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Jeunes et médias sociaux : pratiques et apprentissages

• Formes d’engagement dans les activités(Ito, 2008)– “Hanging out” (passer du bon temps ensemble),

en utilisant des outils comme la messagerie instantanée, Facebook ou MySpace pour retrouver et discuter avec ses amis

– “Messing out” (surfer, se frotter à l’extérieur), chercher de l’information, bricoler avec des moyens expérimentaux ou naviguer au hasard

– “Geeking out” (bidouiller), se plonger en profondeur dans un domaine d’intérêt ou de connaissance spécialisé

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Des apprentissages particuliers• Apprentissage entre pairs (Coutant, Stenger,

2010 ; Boyd dans Buckingham, 2007)– S’entraîner aux usages sociaux de sa génération

• Espace de ménagement mutuel• Invention (modérée) de soi tolérée• Apprentissage vicariant et espaces simplifiés

d’interactions

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Des apprentissages particuliers

• Osmose (Boyd, 2007)– « Il devient difficile d'ignorer certaines choses, mais il est de

plus en plus facile de n'avoir qu'une connaissance très superficielle d'un très grand nombre de sujets »

• Centres d'intérêts majeurs :– Soi : vie quotidienne, sujets "existentiels" comme quelles

études, ville postbac, souvent assez superficiellement– Badineries : humour, partage de contenus originaux,

commentaire de ceux-ci – Important : pas qu‘apprentissage informel, non institutionnel

• Médias sociaux clairement pensés comme alternative aux discours institutionnels (cf digital divide entre in-school et out-of-school, Buckingham, 2007)

• Socialisation, peu d’apprentissage fortuit et extrêmement peu d’auto-dirigé (Brougères, Ullman, 2009) = peu propice à l’engagement

– Quels espaces propices à l’éducation ?

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Catégorisation des plateformes relevant des « médias sociaux »

• 1er axe : activités : participation centrée sur un intérêt ou sur l’amitié

• 2e axe : visibilité : ce qui est partagé et rendu visible. Deux finalités : – une démarche de « présentation de soi »– une démarche de « publication de contenu »

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Stenger, Coutant, 2011b

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Potentiel éducatif : penser par contexte sociotechnique et non par outil

• Intérêt :– Propice aux apprentissages non institutionnels– Environnements aux cadres de fonctionnement plus

explicites pour les participants– Engagement des participants envisageable

• Potentiel d’éducation par les médias

• Amitié :– Éducateurs non attendus– Risque de concurrence d’activités (sociabilité)– Espaces cachés à de nombreuses audiences– Complexité d’appréhension des dispositifs par les

utilisateurs• Éducation aux médias

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Potentiel éducatif : penser par contexte sociotechnique et non par outil

• Contenu :– Propice à l’échange d’informations (si dans intérêt)– Nécessité de « style » (Kessous, Mellet, Zouinar, 2010)– Place de l’éducateur à négocier

• Soi :– Focalisation sur la personne, peu propice à l’engagement

dans d’autres sujets– Compréhension des enjeux des identités numériques et

apprentissage de leur gestion– Constitution de réseaux d’apprenants et d’éducateurs

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Expérimentations pédagogiques sur les médias sociaux

• Comptes-rendus d’expériences au Québec et en France (Deschesnes, 2011 ; Liquète, Delamotte, Chapron, 2012) :– Orientation naturelle vers espace intérêt/contenu

• Twitter / blogs / wikis / outils de partage de la veille– Intégrés à l’institution– Mobilisation de l’apprentissage par les pairs– Apprentissages aux différentes littéracies

» Prise de conscience de la construction de l’information (audiences, normes d’écriture, ligne éditoriale, impact du support) et du respect des sources

» Apprentissage au travail organisé» Préparation aux espaces aux cadres plus flous

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Expérimentations pédagogiques sur les médias sociaux

– Grilles d’évaluation et d’organisation de projets en cours de stabilisation : http://iteractive.ca/publications/MDeschenes_PREP.pdf, http://www.cndp.fr/savoirscdi/cdi-outil-pedagogique/reflexion.html

– Frilosité institutionnelle : confusion des plateformes / compréhension des éducateurs encore floue

• Import institutionnel des logiques participatives :– FAD : valorisation des espaces d’entraide, insertion au sein d’un

écosystème plus large

• Éducation aux médias dans les espaces « soi »– Institutionnel : PPP, APP, CDI– Hors institution : serious games, fiches pédagogiques

• Audiences, altérité, pérennité• Attention à ne pas confondre problématiques individuelles et

organisationnelles

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Conclusion• Médias sociaux hétéroclites

– Envisager chaque configuration sociotechnique en fonction de sa compatibilité avec une démarche pédagogique

• Médias sociaux essentiellement badins– Envisager ces espaces et la possibilité d’importer une logique

participative dans d’autres espaces plus propices à l’éducation• Participation reste fortement stratifiée (cf loi 1/9/90)

– Dépasser l’idée de familiarité avec le dispositif technique (digital natives ou petite poucette) pour en revenir aux compétences techniques, informationnelles et sociales nécessaires à l’exploitation de ressources dans des contextes sociotechniques particuliers

• Cultures numériques impliquent (Drot-Delange, Bruillard, dans Liquète, Delamotte, Chapron, 2012) :

– Pensée « informatique » : très peu maîtrisée, pas d’apprentissage par pairs– Maîtrise d’objets techniques : relative maîtrise, apprentissage par pairs– Maîtrise d’activités sociales : normes d’interaction maîtrisées, apprentissage

vicariant ; compréhension des contextes peu maîtrisée, pas d’apprentissage par pairs

• Innovateurs compétents, enjeux :– Généralisation de ces compétences à tous– Formation des institutions

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BibliographieBoyd Danah, Information Access in a Networked World, Talk given to Pearson Publishing,

novembre 2007, Palo Alto, CA, 2007, [ en ligne ] http://www.danah.org/papers/talks/Pearson2007.html

Brougères Gilles, Ulmann Anne-Lise, Apprendre de la vie quotidienne, Paris, PUF, 2009.Buckingham David, Youth, Identity, and Digital Media, Cambridge, MIT Press, 2007.Coutant Alexandre, Stenger Thomas, « Les médias sociaux : une histoire de participation », Le

Temps des médias, n° 18, 2012, pp. 76-86.Coutant Alexandre, Stenger Thomas, « Processus identitaire et ordre de l'interaction sur les

réseaux socionumériques  », Les Enjeux de l’Information et de la Communication, août 2010 [ en ligne ] http://w3.u-grenoble3.fr/les_enjeux/2010/Coutant-Stenger/index.html.

Ito M. (dir.) Living and learning with new media: summary of findings from the digital youth project, Berkeley, 2008. http://digitalyouth.ischool.berkeley.edu/files/report/digitalyouth-WhitePaper.pdf

Kessous Emmanuel, Mellet Kevin, Zouinar Moustafa, « L’Économie de l'attention : Entre protection des ressources cognitives et extraction de la valeur », Sociologie du travail, n° 3, 2010, pp. 359-373.

Liquète Vincent, Delamotte Éric, Chapron Françoise (dir.), « L’éducation à l’information, aux TIC et aux médias : le temps de la convergence ? », Études de communication, n° 38, juin 2012.

Merzeau Louise (dir.), »Présence numérique : de la gestion d’une identité à l’exercice d’une liberté », Revue DocSI, vol. 47, n°1, 2010.

Millerand Florence, Proulx Serge, Rueff Julien, Web social, Mutation de la communication, Québec, Presses de l’université du Québec, 2010. 

Stenger Thomas, Coutant Alexandre (dir.), « Ces réseaux numériques dits sociaux », Hermès, n° 59, avril 2011.

Stenger Thomas, Coutant Alexandre, « Web 2.0 et médias sociaux ». Dans : Stenger Thomas, Bourlatiaux-Lajoinie Stéphane. E-marketing et E-commerce. Concepts, Outils, Pratiques, Paris : Dunod, Collection Management Sup, 2011.