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L'USAGE PROFESSIONNEL DES RELATIONS D'AUTORITÉ EN TRAVAIL SOCIAL: Une évolution au Québec Author(s): Pierre Racine Source: Canadian Social Work Review / Revue canadienne de service social, Vol. 4 (1986), pp. 100-118 Published by: Canadian Association for Social Work Education (CASWE) Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41669211 . Accessed: 14/06/2014 03:28 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Canadian Association for Social Work Education (CASWE) is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Canadian Social Work Review / Revue canadienne de service social. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.34.79.223 on Sat, 14 Jun 2014 03:28:38 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

L'USAGE PROFESSIONNEL DES RELATIONS D'AUTORITÉ EN TRAVAIL SOCIAL: Une évolution au Québec

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L'USAGE PROFESSIONNEL DES RELATIONS D'AUTORITÉ EN TRAVAIL SOCIAL: Une évolution auQuébecAuthor(s): Pierre RacineSource: Canadian Social Work Review / Revue canadienne de service social, Vol. 4 (1986), pp.100-118Published by: Canadian Association for Social Work Education (CASWE)Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41669211 .

Accessed: 14/06/2014 03:28

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I/USAGE PROFESSIONNEL DES

RELATIONS D'AUTORITÉ EN

TRAVAIL SOCIAL

Une évolution au Québec

Pierre Racine

CETTE ÉTUDE PORTE sur les changements que les travailleuses sociales du Québec ont pu faire dans l'usage professionnel de leurs relations d'autorité d'une part avec leurs clients et, d'autre part, avec leurs supérieurs. Ces changements sont analysés comme con- séquence de l'évolution dans les rapports entre l'État et les travail- leuses sociales et des transformations qui ont marqué le champ des services sociaux dans la période allant de 1973 à 19841.

Questions de départ L'intérêt d'une telle recherche fut suscité par des questions de plus en plus fréquentes issues de ma pratique de l'enseignement en travail social. Les préoccupations de mes étudiantes touchaient de plus en plus à la problématique de l'usage de la relation professionnelle en travail social. Peut-être était-ce là un signe des temps et le reflet des transformations qui marquaient le champ des services sociaux dans cette période? Comparativement aux préoccupations étudiantes du début des années 1970, celles de la fin de cette décade et du début des années 1980 me sont apparues de plus en plus pertinentes. Les étudiantes, conscientes et préoccupées par les questions de pouvoir, de contrôle et d'égalité dans la relation d'intervention, me semblaient

Abstract The purpose of this article is to shed some light on the evolution of power relation- ships in social work in Quebec. The author explains how legislation affects the daily practice of female social workers, why they tend to resist managers and their technocratic vision of practice, and how they should exercise their professional authority with clients in such a context. Must female social workers bend to the politicization of power relationships? Must they redefine the meaning of compe- tence? Must we speak in terms of the evolution of social work or of the resistance of social work? These, in brief, are the points addressed in this article.

Pierre Racine est professeur au Département de travail social de l'Université du Québec à Montréal.

Canadian Social Work Review '86 / Revue canadienne de service social '86 Printed in Canada / Imprimé au Canada

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parfois confinées à l'obsession. Il s'agissait de questions telles que: - « La relation travailleuse sociale-cliente est-elle une relation de

pouvoir? » - « Est-on engagée dans des activités de contrôle social en travail

social? » - « Pourquoi le contrôle social au lieu d'aider les clients? » - « Un rapport de contrôle est-il un rapport de domination? » - « Puisque nos clients sont à bien des égards déjà victimes du

contrôle social, comment le contrôle social issu du travail social peut-il être une bonne chose pour les clientes? » Le malaise croissant exprimé par des praticiennes appartenant à

divers réseaux de pratique était sans doute aussi relié aux change- ments importants dans les conditions de pratique au Québec et se ramenait souvent à des questions de contrôle social et de l'usage professionnel de l'autorité en travail social.

Bien qu'au moment de l'apparition de la Loi 24 sur la protection de la jeunesse la question du contrôle social se soit posée avec plus d'acuité avec les soi-disant clients « non-volontaires », il m'est ap- paru rapidement que la question de l'usage des relations d'autorité en travail social était loin d'être limitée à ce type de clientèle. De plus en plus, le terme de « client volontaire » semblait un euphémisme et prêtait à confusion par rapport à la problématique des relations d'autorité. Était-ce parce que la relation en travail social vise à en être une « d'aide » que la relation travailleuse sociale-cliente ne pouvait partager les problèmes généralement reliés à l'usage du pouvoir qui sont caractéristiques de toute relation sociale? Et, en premier lieu, qu'est-ce qu'un « client volontaire »? S'agit-il là d'une définition technique faisant partie du jargon de la pratique, ou y a-t-il des clients vraiment « volontaires »?

Nos questions d'origine se sont donc opérationnalisées de la façon suivante : Quelle adaptation les travailleuses sociales font-elles aux changements administratifs qui ont résulté principalement du cha- pitre 48 de la Loi 65 sur les services sociaux et de santé, de la Loi 24 sur la protection de la jeunesse et de la Loi C-26 qui encadre les professions durant cette période? Dans quelle mesure les principes de pratique professionnelle en travail social sont-ils applicables dans un contexte de règles technocratiques complexes? Comment les relations d'autorité sont-elles affectées lorsque le processus d'inter- vention est modulé par une division des tâches où les catégories de problèmes et de services sont, de façon croissante, prédéterminées par des politiques sociales et des politiques d'agence? Comment les praticiennes concilient-elles leurs principes de pratique profession- nelle avec le nombre croissant de clients « non-volontaires »?

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Cadre théorique Pour tenter de répondre à ces questions et comprendre l'impact de ces lois sur l'usage des relations d'autorité, un paradigme a été développé. Ce paradigme repose sur certains présupposés. Parmi ces présupposés, il y a les suivants : - Toutes les relations en travail social sont des relations d'autorité. - La relation d'aide, au delà de son principe de respect de la per-

sonne, entraîne nécessairement la problématique du contrôle so- cial.

- Les relations d'autorité ne sont pas fixes ou statiques mais chan- geantes et de type dynamique. Elles sont négociables et le do- maine des services sociaux et de santé est dans une telle phase de négociation.

- La transformation des relations d'autorité réfère à un processus de type conflictuel.

- Les relations d'autorité sont des relations de pouvoir. En faisant usage d'un paradigme développé pour comprendre les

effets de trois pièces de législation sur les relations d'autorité, deux conceptions de la pratique du travail social ont été identifiées. Ces conceptions de la pratique réfèrent à deux méta-modèles soit le professionnel et le technocratique.

Nous référons à ces conceptions comme étant des méta-modèles dans le sens qu'il s'agit là de conceptions globales de la pratique qui transcendent, recouvrent, ou plus précisément, « traversent » un ensemble diversifié de modèles d'intervention directe. Par exemple, il est possible de retrouver dans la pratique des intervenants se référant à des modèles d'intervention planifiée à court terme, d'inter- vention en situation de crise ou adoptant une approche socio- béhavioriste comme modèle d'intervention directe tout en étant plus ou moins influencé, suivant les contextes, par des rationnels relevant soit de l'idéologie professionnelle ou technocratique.

Quand nous parlons de méta-modèles professionnels et techno- cratiques, il s'agit ici, bien sûr, de types idéaux qui nous permettent de décrire et regrouper les caractéristiques théoriques de chaque con- ception. Il va sans dire qu'aucun de ces méta-modèles ne se retrouve à l'état pur ou dans l'ensemble absolu de ses caractéristiques chez une praticienne ou chez un gestionnaire. Il est bon de garder à l'esprit que, dans la pratique, ce que l'on risque de retrouver le plus souvent, ce sont des modèles composites, c'est-à-dire des praticiennes ou des gestionnaires tiraillés par des rationnels relevant plus ou moins de ces deux idéologies conflictuelles.

Dans ce paradigme, les conceptions professionnelles et technocra- tiques de l'intervention sont postulées comme non-équivalentes.

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Une distinction importante est aussi faite entre deux phénomènes d'ordre différent: 1) les changements réels au niveau de la société québécoise et dans

le champ des services sociaux; 2) les attitudes des travailleuses sociales face à ces changements. Ceci nous amène à faire la distinction au niveau de notre paradigme entre un processus de changement social objectif et un processus d'adaptation basé sur les réactions subjectives des travailleuses so- ciales au processus précédent.

En d'autres mots, au niveau de notre paradigme, nous con- sidérons que les changements sociaux qui ont pu se produire sur un plan formel au Québec durant cette période ne correspondent pas nécessairement à ce qui a pu se produire comme mouvement chez les travailleuses sociales. Ceci nous conduit à distinguer dans notre analyse les plans formels et subjectifs de la situation pertinente au problème des relations d'autorité au Québec.

Lorsqu'on les analyse, les politiques sociales gouvernementales et les politiques d'agence correspondent à un modèle de conduite des pratiques qui exprime une « représentation sociale » de la pratique du travail social. La notion de « représentation sociale », importante pour cette recherche qui analyse de façon comparative les « représentations sociales » de l'État et celles des travailleuses so- ciales concernant la pratique et l'usage des relations d'autorité, peut être retracée, quant à ses origines théoriques, à partir du concept Durkheimien de « représentation collective ». Tel que noté par R. Zuniga2, bien que le courant Watsonien de la psychologie ait contribué grandement à l'étude du comportement, son emphase sur le côté manifeste ou explicite des comportements a laissé dans l'ombre le côté implicite ou latent dans la connaissance des réponses behaviorales. Le concept de représentation sociale est pertinent pour l'identification des « construits sociaux » et pour la compréhension des comportements dans leur aspect dynamique. Nous distinguons donc entre la conception étatique de la pratique du travail social comme construit social et par conséquent virtuel et la pratique quoti- dienne actuelle.

De façon similaire, la logique professionnelle générée par la forma- tion en travail social et une certaine littérature en travail social, par la Corporation professionnelle des travailleurs sociaux, correspond à un modèle idéal de la pratique du travail social qui ne trouve pas son application dans la pratique quotidienne du travail social. Bien que cette logique professionnelle-traditionnelle semble déterminer beau- coup moins la pratique que par le passé, comme par exemple au cours des années 1960 et 1970, elle semble néanmoins avoir suf- fisamment d'existence dans la réalité quotidienne des travailleuses

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sociales pour créer un malaise dans son rapport avec les politiques d'agence quant à l'usage des relations d'autorité.

Un paradigme qui nous semble rendre compte de la réalité des rapports sociaux et des relations d'autorité dans la pratique du travail social au Québec est le paradigme dans la figure 1 qui est de type conflictuel. Dans ce modèle, la logique formelle de l'État quant aux services sociaux (position 1) ne correspond pas à la conception pro- fessionnelle de la pratique du travail social (position 2). Il en résulte donc que des contradictions sont vécues sur le plan subjectif par les praticiennes qui se trouvent dans un rapport conflictuel avec les gestionnaires (rapport 4- »1). La logique professionnelle (position 2) demeure très vivante dans la pratique des travailleuses sociales et explique en bonne part leurs réactions subjectives de résistance.

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Toutefois, comme elles subissent de la part des gestionnaires des pressions pour adopter des modes de pratique différents prescrits par l'État (rapport 1^4), la distance entre la pratique professionnelle effective (position 4) et la conception professionnelle idéale aug- mente, et la position 2 devient, pour les travailleuses sociales, de plus en plus virtuelle.

Comme les travailleuses sociales opposent une résistance aux politiques sociales de l'État, le modèle idéal de la travailleuse sociale technocrate-type que l'on peut dériver de la conception de l'État des services sociaux (position 3) n'est pas, non plus réalisé, demeure également virtuel et par conséquent ne se retrouve pas comme tel dans la pratique. Ce qui se passe dans la pratique se situe plus au niveau du rapport 1- >4, rapport social et rapport de pouvoir parce que rapport d'imposition. Les positions 2 et 3 réfèrent aux niveaux subjectifs du conflit et, dans ce sens, correspondent aux aspects idéologiques de la pratique du travail social. La position 3, dans notre paradigme, correspond à la résistance subjective que les praticiennes en travail social opposent au modèle technocratique idéal que l'État veut appliquer. Nous pensons que c'est dans la dialectique de la relation entre ces deux conceptions conflictuelles de la pratique que l'analyse de la réaction de chaque acteur peut nous aider à com- prendre les changements que les travailleuses sociales font dans l'usage de leur autorité professionnelle.

Hypothèses De ce paradigme, plusieurs hypothèses peuvent être dérivées. Pour les fins de notre recherche, nous en avons retenues quatre: 1) Pour leur usage de l'autorité dans la relation d'intervention, les

praticiennes en travail social au Québec font face à un choix conflictuel de deux conceptions de la pratique qui s'opposent: professionnel * technocratique (1 * 2).

2) Parce que la logique professionnelle qui sous-tend la conception du travail social au Québec est inadéquate et insuffisante du point de vue de l'État, celui-ci impose sa conception (1 - >4).

3) Les travailleuses sociales opposent une résistance au modèle technocratique idéal que les gestionnaires des agences de service social cherchent à appliquer au Québec (3-» «-1).

4) En dépit de cette résistance, les travailleuses sociales évoluent de plus en plus vers un usage technocratique de leur autorité profes- sionnelle avec leurs clients (->4).

Objectifs Ce qui nous intéresse, c'est d'identifier la rationalité qui sous-tend la compréhension et les choix dans les décisions d'autorité. Quelles

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sont les attitudes et les réactions des praticiennes quant aux change- ments dans les rapports d'autorité? Voient-elles des alternatives, et quels choix font-elles par rapport à ces alternatives? Comment ces choix se traduisent-ils dans la pratique?

Pour les besoins de cette réflexion, deux définitions simples des deux idéologies qui s'affrontent sont proposées ici:

Professionnel : réfère à un processus par lequel des producteurs de services spécifiques cherchent à structurer et à contrôler un marché à partir de leur expertise3.

Technocratique: un système politique dans lequel les techniciens ont un pouvoir prédominant.

Méthode Pour tester nos hypothèses, cette recherche s'est appuyée sur des données empiriques de deux types : des données de type documen- taire et des données statistiques recueillies à partir d'un sondage par questionnaire. Pour les deux types de données, la source tenait compte de l'aspect conflictuel de notre paradigme, c'est-à-dire que nous avons recueilli des données provenant d'une part de docu- ments de l'État et, d'autre part, de documents produits par des travailleuses sociales ou organismes professionnels en travail social. De même, pour la partie sondage de la collecte des données, deux questionnaires ont été appliqués: le premier visait un échantillon aléatoire de praticiennes et le second, des gestionnaires en rapport de responsabilité directe aux praticiennes. Les questionnaires compor- taient des questions fermées et ouvertes dans lesquelles les répon- dants pouvaient inscrire le rationel justifiant leur position.

Chacune des quatre hypothèses a donc été testée deux fois, c'est-à-dire selon la méthode d'analyse quantitative des données statistiques et selon la méthode d'analyse qualitative4 des contenus pour la génération de théories. À cause des limites d'espace, cette réflexion s'appuie principalement sur les données de l'analyse quan- titative.

Conceptions technocratique et professionnelle de l'intervention L'analyse des données statistiques et celle des réponses des prati- ciennes et des gestionnaires aux questions ouvertes concernant la première hypothèse permet de cerner certaines caractéristiques des conceptions professionnelle et technocratique de l'intervention en travail social.

D'une part, on pourrait dire, en synthèse, que le modèle virtuel de l'intervenant technocratique type (position 3 dans notre paradigme) qui n'existe probablement pas comme tel dans la pratique, dans la

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mesure où il s'agit d'un modèle idéal souhaité par l'État, pourrait ressembler à ceci: c'est une praticienne qui connaîtrait bien les législations, les politiques sociales et d'agence, règles de régie interne pertinentes et les ressources qui y correspondent. Elle fonctionne bien, dans un modèle de consommation de services, est familière avec les règles bureaucratiques, se retrouve bien dans les nombreux formulaires, peut donner aux usagers accès aux ressources et ser- vices dont ils ont besoin. Elle coopère bien avec les professionnels d'autres disciplines et ses évaluations de situation sont bien étayées sur des faits. Elle n'est pas trop décontenancée par les procédures à la cour, est au clair quant aux possibilités et limites de son autorité professionnelle et sait se présenter devant le juge. Elle fait confiance au travail de ses collègues professionnels et peut construire son intervention à partir de leur évaluation. Consciente de sa position dans la hiérarchie, elle fait dans son intervention un usage constructif de l'autorité dont elle est investie. Elle sait que la base de son autorité n'est pas personnelle mais institutionnelle. Parce qu'elle est cons- ciente de son autorité, elle est relativement à l'aise pour travailler en contexte d'autorité avec des clients non motivés. Elle a une discipline personnelle, un bon jugement, est efficace et productive et présente de bonnes capacités décisionnelles. Plus pratique que verbale, elle est plus préoccupée de donner des services concrets que d'analyser les significations.

D'autre part, la conclusion de nos données concernant les réponses des praticiennes pour cette première hypothèse montre qu'une majorité d'intervenantes considère que leur pratique du tra- vail social est affectée par le chapitre 48 de la Loi 65. Près de la totalité des répondantes estime que l'État intervient beaucoup trop dans la définition de leur pratique. Concernant la définition que l'État fait de leur pratique, presque toutes croient que le modèle de pra- tique sous-jacent à la Loi 65 ne correspond pas à leur propre concep- tion de la pratique du travail social.

En général, les praticiennes comprennent le modèle implicite au chapitre 48 de la Loi 65 comme un modèle centralisateur. Elles voient que cette centralisation des décisions d'autorité a des con- séquences sur l'efficacité de leur pratique. Elles considèrent que ces conséquences sur leur efficacité vont dans le sens d'une moins grande efficacité selon leurs propres standards professionnels. En dépit des investissements majeurs de l'État dans le domaine des services sociaux suite à la Loi 65, les intervenantes demeurent très critiques du niveau d'investissement de l'État dans ce domaine. Elles considèrent que l'État devrait investir encore davantage. Elles sont très critiques de la façon dont les budgets sont gérés. La plupart sont d'avis que ces budgets sont assez « mal gérés » lorsqu'ils ne sont pas « très mal gérés », désapprouvant ainsi la façon dont les fonds sont

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répartis. Sur la question d'une relation entre le coût des services et leur propre efficacité au travail, les répondantes sont divisées, cer- taines pensant que cela peut être un facteur qui peut jouer alors que les autres pensent que ça n'est pas un facteur. La division des tâches qui a résulté du chapitre 48 de la Loi 65 est évaluée par les prati- ciennes comme « correspondant peu » ou « pas du tout » à leur conception professionnelle de l'intervention.

En ce qui a trait à la Loi 24, une majorité d'intervenantes croit que la définition que cette loi fait d'un « client volontaire » ne correspond pas à leur propre définition. La majorité considère que cette loi affecte aussi leur autonomie professionnelle et que l'effet va dans le sens d'une restriction de leur autonomie. Elles considèrent égale- ment que cette centralisation affecte leur autonomie professionnelle. Pour elles, il est clair que les conséquences de cette centralisation vont dans le sens d'une réduction de leur autonomie professionnelle. Elles sont encore plus en désaccord avec la répartition des tâches qui a pu résulter de la Loi 24; la plupart la considèrent « assez ina- déquate » ou « très inadéquate ». Concernant l'adéquacité des res- sources institutionnelles disponibles dans le cadre de la Loi 24, la majorité considère qu'elle est « inadéquate » et une forte proportion considère qu'elle est « très inadéquate » pour rencontrer les exi- gences de cette loi.

De ces quelques données de même que du contenu des réponses à nos questions ouvertes, il ressort que nous sommes en présence de deux conceptions différentes de la pratique du travail social et que ces modèles de référence entrent en conflit dans la pratique des interve- nantes. Le modèle technocratique visiblement n'est pas celui dans lequel elles considèrent qu'elles ont été principalement formées du- rant leurs études et n'est pas non plus celui qu'elles veulent appliquer dans leur pratique. Le modèle technocratique les plonge dans un état de dissonnance cognitive et même si leur choix leur apparaît limité dans la pratique, elles sont divisées quant aux possibilités d'appliquer leur rationalité professionnelle dans la pratique. Parce qu'elles vivent le modèle technocratique comme « déshumanisant », elles ont ten- dance à se percevoir comme des « bureaucrates impersonnels » qui remplissent une fonction « d'agents de contrôle ». Le modèle technocratique véhicule, à leurs yeux, une idéologie qui va à l'en- contre de la conception personnaliste, centrée sur la personne du client, inter-personnelle et inter-subjective, dérivée de l'idéologie de la non-directivité qui traverse la conception professionnelle de l'intervention au Québec. Nous avons tenté, à partir de certaines des variables des données recueillies, une classification comparative des caractéristiques propres aux deux méta-modèles qui traversent la pratique. Le Tableau 1 regroupe une partie des variables du Ta- bleau 17 de l'ouvrage original.

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La relation d'imposition Comme première conclusion sur les résultats des variables utilisées pour vérifier la seconde hypothèse, on peut voir que les administra- teurs qui sont en position de responsabilité directe par rapport aux praticiennes accordent généralement plus d'importance que les praticiennes elles-mêmes n'en accordent aux conséquences du cha- pitre 48 de la Loi 65 et de la Loi 24 sur la pratique des intervenantes. Sur 10 des 12 variables utilisées pour vérifier cette hypothèse, les gestionnaires ont des résultats identiques ou plus élevés que les intervenantes quant à leur position sur les conséquences de ces lois sur la pratique des intervenantes.

Étant parti du présupposé théorique que les gestionnaires s'identi- fieraient plus à la position de l'État, nous nous attendions à ce que les gestionnaires tendent à minimiser les effets négatifs de ces lois sur la pratique et soulignent au contraire leurs aspects positifs pour la pratique. Même sur les deux variables où les gestionnaires ont des pourcentages plus bas que les intervenantes, leurs pourcentages sont, là aussi, suffisamment élevés pour pouvoir être interprétés comme supportant les conclusions des intervenantes quant aux effets négatifs de ces lois sur leur pratique. Pratiquement, cela veut dire qu'une forte majorité de gestionnaires pense que la centralisation des décisions d'autorité qui résulte de la Loi 65 a finalement fait des praticiennes moins efficaces. Il est aussi très clair pour eux que la bureaucratie qui a découlé de cette loi est un facteur important dans la détérioration de leur efficacité dans la pratique.

De même en ce qui a trait aux variables concernant la Loi 24, les gestionnaires produisent des pourcentages plus élevés que les prati- ciennes, indiquant par là que le sens des effets de cette loi sur l'autorité et l'autonomie professionnelle de leurs intervenantes leur serait plus évidente.

La relation de résistance Pour notre troisième hypothèse, l'analyse des données concernant le chapitre 48 montre une résistance importante des intervenantes aux règles et normes d'uniformisation de la pratique ainsi qu'aux tâches bureaucratiques qui découlent de la gestion de cette loi.

Quant au processus bureaucratique, une majorité d'intervenantes considère qu'il a une incidence sur leur pratique. Leurs réactions dans le cadre de nos questions ouvertes indiquent de façon frappante que, pour elles, pratique et bureaucratique sont deux choses dif- férentes. Non seulement les tâches bureaucratiques ne semblent pas faire partie de leur représentation de la pratique, mais elles sont perçues en opposition et comme « impertinentes » à la pratique professionnelle du travail social. Elles considèrent les tâches bureau-

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cratiques comme « lourdes », « inutiles » et « impertinentes » à la pratique professionnelle du travail social. Une majorité de répon- dantes considère qu'elles ont pour conséquence principale de « res- treindre » leur pratique. La résistance des intervenantes à ces aspects du chapitre 48 se trouve largement confirmée par les données provenant de leurs supérieurs.

Les données de l'enquête provenant des praticiennes montrent aussi que leur résistance à la Loi 24 est très élevée. Une majorité d'intervenantes considère que le type de rapport d'autorité qui se développe dans le cadre de cette loi affecte de façon « adverse » leur rapport au client en « diminuant » la qualité du service. Dans leurs réponses aux questions ouvertes, les réactions des intervenantes montrent qu'au lieu de considérer l'autorité dont elles sont investies dans ce cadre comme un outil positif pour leur travail, elles le vivent comme biaisant leur rapport aux clients.

Les données de l'enquête provenant des gestionnaires confirment largement la résistance des intervenantes à fonctionner dans le cadre de la Loi 24. Au moment de l'enquête, une majorité de gestionnaires pense qu'en général les intervenantes ne parviennent pas à s'adapter aux changements administratifs reliés à la Loi 24. Les manifestations de cette résistance apparaissent dans la pratique sous forme de délais dans la livraison des services, délais dans les rapports de révision, le refus de prendre des cas délégués par le directeur de la protection de la jeunesse ou, lorsqu'elles sont responsables de tels dossiers, éviter d'aller à la cour lorsque c'est nécessaire.

Pour ce qui est de l'aspect organisationnel de leur résistance à ces lois, les intervenantes sont partagées entre les trois organisations considérées pour les fins de cette étude. L'analyse globale de leurs réponses montre qu'elles sont généralement insatisfaites des services de ces trois organisations. Les données montrent toutefois que la majorité des intervenantes pense que leur syndicat est l'organisation qui est la plus appropriée pour les aider parce que c'est celle des trois qui a le plus de pouvoir réel. Cependant, même si elles reconnaissent généralement que le syndicat a plus de pouvoir, elles voient dans l'ensemble cet organisme comme plus préoccupé de questions sala- riales et clauses normatives que de principes de pratique.

Le CCPC est perçu par les intervenantes comme plus accessible et plus près de leurs préoccupations professionnelles. Par contre, tant pour le CCPC que pour la CPTSQ, les intervenantes sont critiques quant au manque de pouvoir de ces organismes et sceptiques quant aux possibilités qu'elles offrent de les soutenir dans leur cause.

La résistance dans son aspect organisationnel que les interve- nantes offrent au modèle technocratique de l'État apparaît remar- quablement faible par rapport à la résistance vécue sur le plan

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subjectif et exprimée individuellement dans leur pratique. Par exem- ple, l'appartenance et la participation des intervenantes à ces associa- tions est relativement basse. Même si l'appartenance à leur associa- tion professionnelle a augmenté dans les dernières années, les inter- venantes ne semblent pas militer pour une augmentation de l'ap- partenance et de la participation à la CPTSQ. Ces données nous portent à conclure à une pratique de résistance importante de la part des intervenantes au modèle technocratique de l'État mais qui est beaucoup vécue sur le plan subjectif, drainant visiblement une con- sommation importante d'énergie au niveau psychique.

La pratique technocratique Notre quatrième hypothèse énonce que, malgré toute leur résistance au modèle technocratique de l'État, les intervenantes sont en train d'évoluer vers un usage de plus en plus technocratique de leur autorité professionnelle. La vérification de cette hypothèse peut se faire par une démonstration de type légal. C'est-à-dire que, dans la mesure où il est démontré que les Lois 65 et 24 sont de forts véhicules de la rationalité technocratique de l'État, que ces législations ont force de loi, que ces lois se traduisent par des contraintes pratiques au niveau des politiques d'agence, les intervenantes, sur un plan formel, n'ont pas beaucoup de choix quant aux paramètres de leur pratique. Comme nous espérons l'avoir démontré, là où se situe et s'exprime beaucoup plus leur choix et par conséquent leur résistance, c'est sur le plan subjectif et individuel.

Il est possible, lorsqu'on analyse les données du sondage à partir d'une autre perspective, d'avoir des indicateurs de l'évolution que les intervenantes font dans l'usage de leur autorité. Clairement, ces indicateurs pointent dans le sens d'un usage de plus en plus techno- cratique de leur autorité. Par exemple, lorsqu'elles sont analysées du point de vue de leur reconnaissance implicite ou explicite à des références de la part des praticiennes aux rationalités de type techno- cratique, les données indiquant la résistance des intervenantes au modèle technocratique illustrent bien une évolution dans ce sens. Lorsque presque toutes les intervenantes reconnaissent que la stan- dardisation des normes de pratique résultant du chapitre 48 a, de leur point de vue professionnel, un impact négatif sur la qualité de leur pratique, elles admettent en fait que leur pratique se trouve mainte- nant standardisée selon les normes du chapitre 48.

Lorsque, dans leurs réponses aux questions ouvertes, elles justi- fient leur position en invoquant que la standardisation les empêche de développer de nouvelles ressources, de nouvelles formes de pratique, les force à travailler sur une base de cas par cas et à agir comme des fonctionnaires, ne reconnaissent-elles pas, à leur corps défendant, qu'elles font un usage technocratique de leur autorité?

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Même si subjectivement 42.2 pour cent des intervenantes ne voient pas l'activité bureaucratique comme faisant partie de leur conception de l'intervention, objectivement 55.2 pour cent des inter- venantes conçoivent maintenant ces activités comme faisant partie intégrale de leur pratique. Lorsque dans leurs réponses aux questions ouvertes à propos de l'activité bureaucratique, comme variable du modèle technocratique, elles disent que 70 pour cent de leur temps est consacré à de telles tâches, elles se trouvent à reconnaître une structuration importante de leur pratique professionnelle selon les lignes de la rationalité technocratique.

D'un autre point de vue, la presque totalité des gestionnaires reconnaît ce fait. Un gestionnaire le formule ainsi : « les règles bureaucratiques leur sont imposées, et finalement, elles s'y habi- tuent ». Ces quelques indicateurs illustrent, à notre sens, le fait que, malgré une résistance importante au niveau subjectif, les interve- nantes sont déjà en train d'évoluer vers un usage technocratique de leur autorité professionnelle.

Réflexions Quelles réflexions peut-on dégager de ces conclusions en vue d'une meilleure compréhension de l'évolution dans l'usage des relations d'autorité en travail social au Québec?

D'une part, nous avons argumenté, à partir de l'analyse des don- nées testant notre quatrième hypothèse, que les intervenantes présentaient les signes d'une évolution vers un usage de plus en plus technocratique de leur autorité professionnelle. D'autre part, le vo- lume des données illustrant dans notre troisième hypothèse la résis- tance des intervenantes aux changements est impressionnant. Si l'on devait tirer une conclusion globale sur la seule base quantitative des données, ne serait-il pas plus logique d'en arriver à une conclusion de résistance ou au moins de match nul entre les intervenantes et l'État qu'à une conclusion d'évolution pour les intervenantes? Les interve- nantes sont-elles en train de résister plus qu'elles n'évoluent? Pour- quoi même une conclusion d'évolution plutôt qu'une conclusion de désintégration de la pratique des intervenantes?

Nous pensons que tant le volume que le contenu de nos données concernant la troisième hypothèse sur la résistance des intervenantes reflète bien le discours couramment entendu dans les milieux de pratique et la difficulté de la situation vécue par les intervenantes. La frustration des intervenantes est réelle et l'incidence de la situation sur les réactions de « burn out » professionnel n'apparait pas exagérée.

Le travail que les intervenantes font n'est pas facile. Il ne l'a jamais été. Un aspect de leur frustration n'est précisément pas étranger au fait que leur tâche, telle que souvent définie, risque de les ramener plus au niveau d'un travail que d'une pratique. Ce n'est pas parce

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que nous avons analysé la résistance des intervenantes que l'on doit inférer qu'il s'agit là d'un phénomène nouveau. Les intervenantes ont opposé de la résistance à appliquer des politiques sociales et des formes de pratique non seulement au cours de la période de la réforme mais aussi dans la période qui l'a précédée6. Il en a aussi été de même pour les travailleuses sociales d'autres pays et ceci depuis l'origine de la profession comme en fait foi le vaste corpus de littéra- ture critique sur le sujet. Catalysée par la prise de position de l'État, la résistance des intervenantes du Québec prend cette fois les formes spécifiques que nous avons décrites pour remettre en question des orientations et des formes discutables de services aux usagers.

Les données concernant la quatrième hypothèse montrent par ailleurs que l'intégration de la rationalité technocratique par les inter- venantes représente l'acquisition d'une nouvelle technologie. L'ac- quisition de cette nouvelle instrumentation semble agir comme de nouveaux standards de remplacement dans la pratique profession- nelle. Ces nouveaux standards agissent comme une nouvelle défini- tion de la compétence. Alors qu'une partie des professionnels s'ac- croche à la logique professionnelle-traditionnelle de la défense de leur autonomie personnelle comme professionnels et la défense de leur relation aux clientes et nient leur enracinement organisationnel, d'autres comme l'on montré Zuniga et Rinfret7 et comme le montrent aussi nos données utilisent précisément cet enracinement organisa- tionnel comme base de leur redéfinition professionnelle qui devient alors plutôt basée sur la défense de la relation au bien-être publique et aux politiques, du projet politique collectif et d'un modèle de pratique comme service publique. Tous ces aspects, toutefois, ne devraient pas empêcher notre interrogation sur les contradictions « internes » au pôle intervenantes du rapport de pouvoir et sur les facteurs qui pourraient expliquer pourquoi le modèle technocratique est si mal vécu par l'ensemble des praticiennes.

Il ne s'agit pas de faire ici l'apologie du modèle technocratique de l'État. Ce modèle comporte ses forces, ses faiblesses et ses propres contradictions. Même si le rationnel technocratique de l'État se re- tranche derrière l'aura de la crédibilité scientifique pour justifier ses politiques, plusieurs de ces rationnels ne sont pas au-dessus de toute critique et il y a lieu de montrer le côté parfois plus « scientiste » que scientifique de ces rationnels. Ceci pose, bien sûr, la question des frontières entre la vérité dans son aspect « scientifique » et la « vérité du plus fort ».

La métaphore professionnelle qui alimente la conception idéale à laquelle les intervenantes se réfèrent et pour leur rationnel de pra- tique et pour résister et critiquer le modèle technocratique de l'État ne résiste pas à l'analyse empirique de leurs conditions de pratique pour leur usage professionnel des relations d'autorité. Dans le contexte

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actuel, peut-être aurions-nous intérêt à réexaminer notre com- préhension de certaines idéologies et à remettre en question la pertinence de certains principes de la conception professionnelle- traditionnelle de la pratique. Parmi les composantes de la conception professionnelle-traditionnelle de la pratique qui nous semblent faire problème, on peut mentionner: - la conception interpersonnelle et inter-subjective de la relation

d'aide; - la conception de l'autorité et du pouvoir comme autorité et

pouvoir personnel; - la conception personnelle de l'autonomie professionnelle dont les

présupposés, comme l'ont souligné Zuniga et Rinfret8, sont ancrés dans l'idéologie bourgeoise qui veut que l'individu soit essen- tiellement le propriétaire de sa propre personne et de ses capacités pour lesquelles il ne doit rien à la société et qui sont sa propriété personnelle;

- et son corrollaire: la négation de notre enracinement organisa- tional comme base institutionnelle de notre pouvoir et de notre autorité;

- l'importance centrale accordée à la personnalité du praticien, sa motivation et ses habiletés personnelles;

- une essence de la profession qui est placée dans la spécificité de l'expertise de la praticienne au delà de toute détermination histo- rique des relations sociales de pouvoir;

- les limites des idéologies de la non-directivité et des techniques qui découlent de ces approches pour l'usage de l'autorité;

- les conceptions naïvement égalitariennes de la relation d'aide; - la compréhension non-dialectique des pédagogies de la libération.

Nous ne croyons pas que le soi-disant manque de pouvoir des intervenantes soit dû, comme l'ont suggéré certaines analyses fonc- tionnalistes9, essentiellement au statut de semi-profession de la pro- fession de travail social. L'évolution des relations d'autorité peut, à notre sens, être mieux comprise comme un phénomène de politisa- tion des relations d'autorité. Une réflexion semble avoir été amorcée sur cet aspect par différents milieux de la pratique. Nous avons intérêt à la poursuivre.

Si la politisation des relations d'autorité présente une condition intéressante pour questionner la rationalité de type technocratique, on peut penser d'une part que, passées les réactions de frustration, la méconnaissance par les praticiennes de cette rationalité, de ses

forces, de ses contradictions n'est peut-être pas la forme la plus efficace de la résistance, que nous avons intérêt à mieux la com-

prendre plutôt que simplement la dénoncer, que d'autre part, cette démarche ne devrait pas nous détourner d'une remise en question des principes de la pratique professionnelle qui font problème.

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Peut-être devrions-nous davantage en tenir compte dans les pro- grammes de formation.

RÉFÉRENCES

1 Cette réflexion s'appuie sur certaines des données d'une étude qui a eu lieu dans le cadre d'une recherche doctorale en travail social défendue à Columbia Univer- sity à New York en mai 1984.

2 Ricardo B. Zuniga, Vers un psycho-sociologie de l'intervention (Montréal: Univer- sité de Montréal, 1978), p. 12.

3 Ricardo B. Zuniga et Maryse Rinfret-Raynor, « Le stage en service social: l'ex- périence d'une cohorte », rapport de recherche, Université de Montréal, mai 1982, p. 14; M. S. Larson, The Rise of Professionalism: A Sociological Analysis (Berkeley, Calif. : University of California Press, 1977).

4 Barney G. Glasser and Anselm L. Strauss, The Discovery of Grounded Theory : Strategies for Qualitative Research (Chicago: Aldine Publication Co., 1973).

5 Extrait de Pierre Racine, « The Evolution of Authority Relationships in Social Work in Quebec » (thèse de doctorat, Columbia University, New York, 1984), pp. 186-190.

6 Cf. Yves Vaillancourt, Les politiques sociales au Québec et au Canada de 1940- 1960 (Montréal: Université du Québec à Montréal, 1983).

7 Zuniga et Rinfret-Raynor, « Le stage en service social », p. 17-18. 8 Ibid. 9 Nina Toren, Social Work: The Case of a Semi-Profession (Beverly Hills, Calif.:

Sage, 1972).

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